Archives mensuelles : octobre 2019

Marseille – Théâtre Toursky
Richard MARTIN : 50 ans d’aventures

RICHARD MARTINC’est un homme on ne peut plus chaleureux, sympathique et passionné. Une grande gueule au cœur tendre.
Richard Martin, comédien et directeur du théâtre Toursky est un homme volubile, plein d’humanité dont la passion pour la culture, le théâtre et les gens est sans bornes. Il a passé sa vie à se battre pour eux et entre autres pour ce théâtre qu’il a créé voici cinquante ans, il n’a jamais baissé les bras, il a su élever la voix malgré les coups bas, les baisses de subventions quand ce n’était pas leur suppression pures et simples pour des excuses fallacieuses.
Bref, Richard a toujours été un battant jusqu’à faire des grèves de la faim pour sauver ce superbe espace de culture et de convivialité qui possède trois salles de spectacles et des tas de petits lieux intimes où l’on peut se rencontrer, discuter, boire un coup ou manger. Un vrai lieu de vie qui est à son image.
Son histoire est une véritable épopée qu’il raconte avec humour, tendresse, amour et émotion… Et surtout une volubilité qu’on a du mal à endiguer !

RICHARD MARTIN 3

«C’est vrai – me dit-il dans un de ces petits coins de prédilection en toute intimité – que c’est une longue histoire qui commence à Nice où je suis né, qui continue à Paris pour aboutir à Marseille que je n’ai plus quittée, qui est devenue ma ville, mon pays.
Au départ, mon destin était d’être peintre. A 15 ans je voulais peindre comme à 80 ans mais au vu des résultats, j’ai très vite compris qu’il fallait prendre un autre chemin. Etant un homme très excessif, j’ai tout laissé tomber et j’ai donc décidé de faire du théâtre. Et comme j’étais un jeune con, (Heureusement la pierre s’est taillée depuis !) je décidai qu’il n’y avait qu’à Paris qu’on pouvait faire le saltimbanque.
Mon père avait fini par dire oui alors que j’avais 18 ans et que la majorité était à 21. Il pensait qu’en étant d’accord, je reviendrais vite au bercail ! Mais j’ai résisté, physiquement et moralement, j’ai commencé par être cascadeur. Le train, les voitures, les chevaux, les ailes d’un moulin, les sauts du haut d’une tour, j’ai été raseteur… J’ai tout fait, j’étais fou. Puis j’ai rencontré Robert Lamoureux, Robert Murzeau, alors de grands comédiens. Murzeau était un vrai humaniste qui m’a beaucoup aidé.
J’ai très vite travaillé dans le théâtre de boulevard. Sans être célèbre je gagnais bien ma vie, surtout que je n’avais pas fait de conservatoire. Mais j’ai très vite compris que c’était une situation de facilité car ce n’était pas le théâtre «sensible» que j’avais envie de faire.
Je l’ai donc quitté pour passer sur la rive gauche où j’ai découvert ce théâtre, même s’il était loin d’être aussi populaire et s’il fallait ramer pour travailler. J’ai même couché sous les ponts !
C’était à quelle époque ?
On n’était pas loin de mai 68 et bien évidemment j’y ai participé. On a occupé l’Odéon où comme les autres, j’ai fait de la résistance «poétique», où j’ai découvert la fraternité… Mais aussi bon nombre de comédiens qui prônaient des convictions qui n’étaient pas les leurs… et qu’ils ont vite abandonnées dès les événements passés !
Mais j’ai compris qu’il fallait que je me batte pour que le théâtre soit pour tout le monde et non pas, comme je le voyais, simplement pour «des privilégiés». Mots que j’ai d’ailleurs retrouvés à Marseille plus tard.

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Marseille, justement…
Je suis d’abord parti en Corse comme décorateur mais là encore ce n’était pas ça. J’ai alors débarqué à Marseille et là, ça a été un coup de foudre. J’y ai posé mes valises en sachant que j’étais arrivé chez moi.
J’ai travaillé à l’Alcazar qui n’allait pas tarder à baisser le rideau. Puis, par l’intermédiaire de ma femme, Tania, je découvre la salle Massalia qui donnait tous les dimanches une représentation pour les personnes âgées. Je propose au directeur d’animer les autres jours. Durant un an je jouerai «Le journal d’un fou» de Gogol, souvent devant dix, une ou zéro personne ! C’est une jeune lycéenne qui, m’ayant vu et apprécié, est revenue avec des élèves du lycée Marie Curie. Peu à peu ça s’est su et la salle a commencé à se remplir.
Et le Toursky alors ?
Un jour, dans le quartier de la Belle de Mai, je découvre une sorte de hangar désaffecté et j’ai tout de suite vu ce que je pouvais en faire. Je suis allé voir Gaston Defferre alors maire de Marseille, qui a accepté de me le confier. Il y avait du travail et j’investissais tout ce que je gagnais comme comédien dans ce lieu que j’avais fait insonoriser avec 5000 boîtes d’œufs !
Le jour de l’inauguration un grand poète est mort  Alexandre Toursky. Le soir même j’apposais son nom sur le théâtre.
Savais-tu alors ce que tu voulais en faire ?
Oui. Je voulais travailler avec tous les pays de Méditerranée, proposer du vrai théâtre, de la vraie poésie, de la vraie chanson française. Un copain m’a alors présenté Léo Ferré. De ce jour on ne s’est plus quitté, il a été en quelque sorte le parrain du théâtre où il est venu souvent et où nous avons créé «L’opéra des rats». Sont alors venus Nougaro, Moustaki, Barbara et quelques autres.
Mon objectif aussi était de faire un haut lieu de la culture dans le quartier le plus misérable de Marseille et lui redonner une virginité.
Ça ne s’est pas fait sans mal mais ça va faire 50 ans l’an prochain que ça existe et que ça perdure. C’est devenu un lieu populaire, une belle aventure humaine, théâtrale, citoyenne, un lieu ouvert à tous à qui on propose des spectacles, de la danse, du théâtre, de la musique, des expos, des ateliers, des conférences, des rencontre et même un festival russe qui fête ses 25 ans et est devenu le plus important d’Europe. Nous travaillons avec tous les pays de Méditerranée et le Toursky rayonne partout à travers cette aventure. Nous réunissons quelque 70.000 spectateurs par an.
Mais ça n’a pas été un long fleuve tranquille…
Jamais, même aujourd’hui où je viens de faire une grève de la faim pour que la ville me redonne notre subvention. Tout le temps tout est remis en question parce que je gêne certainement quelques personnes. Mais c’est un lieu de culture et de fraternité qui a vu passer tous les artistes du monde. Mon travail est de rester un donneur d’alarme.»

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Ce soir-là je retrouvais mon complice et ami Francis Huster qui venait, accompagné de Fanny Cottençon et Louis le Barazer jouer «Pourvu qu’il soit heureux» de Laurent Ruquier. Une pièce aux dialogues étincelants, à la fois drôle et émouvante. C’est l’histoire d’un couple qui découvre l’homosexualité de leur fils par magazine people interposé, sujet on ne peut plus d’actualité qui prône les valeurs de l’amour, de la compréhension, de la tolérance, situation pas toujours faciles pour des parents.
Fanny y est délicieuse d’humour et de naïveté mais justement de tolérance, Huster magistral dans son incompréhension pour «la maladie» de son fils et Louis magnifique dans son premier grand rôle. Des situations cocasses, un dialogue sur le fil et un grand moment d’humour et d’émotion.
Ce fut, comme vous pouvez l’imaginer, une journée riche, chaleureuse, «pleine d’usages et raison» et d’enseignements.

8 POURVU QU'IL SOIT HEUREUX.

Nous nous sommes quittés en nous claquant trois bises et lorsque je lui demande pourquoi trois bises, comme chez moi en Ardèche, il me répond : «Liberté, égalité, fraternité». Et de la fraternité, il y en a eu en cette belle journée.

Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Toulon – Galerie FlorDavelia
Daniel GIACCHI : Une explosion de joie et de couleurs

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Depuis quatre ans, la galerie FiorDavelia, tenue par David Mac Millan reçoit des artistes contemporains, des artistes de Provence, souligne-t-il avec un très bel accent british, dans une atmosphère conviviale, sur des murs cramoisis, ce qui est une originalité en soi pour une galerie.
Et sur ces cimaises, jusqu’au 3 novembre, c’est Daniel Giacchi qui s’y colle pour présenter une rétrospective de ses œuvres sur dix ans.
Peinture essentiellement au couteau qui nous montre une évolution certaine de son travail et toutes les passions qu’il y a peintes, du jazz au golf en passant par la musique classique, la mer, les bateaux… dans une symphonie de couleurs qu’il sait harmoniser avec de grands aplats, d’infimes détails que l’on découvre en s’approchant de la toile, une toile toujours en mouvement, les sujets choisis, hormis les paysages, s’y prêtant et étant totalement maîtrisés.
C’est de la belle ouvrage pour cet artiste qui, passionné de jazz et étant lui-même batteur, a commencé par croquer des musiciens avec des pastels, pour, me dit-il, pour s’amuser car il ne s’était pas encore pris au jeu de cet art. La musique l’inspirant il s’amusait dont à peintre des musiciens, qu’ils soient classiques ou jazz, jusqu’au jour où un certain Daniel Michel, bien connu des Toulonnais « jazzophones » puisque notre « Nanou » National présidait alors au Festival de jazz de Toulon, lui demanda à deux reprises de créer l’affiche de ce festival, en 2000 et 2001.
A partir de là, il a commencé à être approché par des galeristes et, son « vrai » métier d’infirmier le menant à la retraite, il s’est totalement investi dans sa passion, peignant ses passions comme la musique, la voile ou le golf.

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Ainsi, me dit-il en riant, au fil des jours il est passé dans la deuxième dimension, ses passions alimentant sa peinture mais devenant plus abstraites, plus imaginaires, plus spirituelles.
«Mon travail est semi figuratif mais j’aime par moments me rapprocher de l’abstrait.
Ce qui m’excite c’est la liberté et l’aventure. La liberté car je suis totalement libre de m’exprimer à ma guise sans contraintes et l’aventure car devant une toile vierge l’aventure commence. J’ai une idée en me couchant, je la mets sur la toile le lendemain, sans croquis car je ne sais pas vraiment dessiner mais aussitôt avec mon couteau et mes couleurs que j’aime assembler. J’essaie à chaque fois une nouvelle approche. Devant ma toile mes possibilités de créations sont sans fin. J’aime la couleur et le mouvement, j’essaie de tout donner car je ne me contente pas de l’à peu près et j’essaie à chaque fois de voir les choses autrement ».
Ainsi s’est-il essayé à toutes les techniques, du pastel aux collages en passant par les techniques mixtes.
Ces dix ans de travail exposés montrent à la fois une évolution et une cohérence dans son œuvre qui a atteint une maturité mais aussi une sérénité qu’on retrouve dans chacune de ses époques, les couleurs explosant sur des tableaux pleins de vie et de joie que l’on ressent dans chacune de ses œuvres.
Aujourd’hui il est invité dans de nombreuses galeries, dans des salons comme le Luxembourg ou la Belgique, l’aventure continue de plus belle et c’est pour lui une joie tous les jours recommencée à l’idée d’une nouvelle œuvre à naître.

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Jacques Brachet
Galerie FlorDavelia – 21, rue Peiresc – Toulon  www.flordavelia.com – 04 94 62 74 11

Festival de Musique Toulon & sa région
Présentation du programme 19/20

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Le président Claude–Henri Bonnet ouvrit la séance du 14 octobre par des souhaits de bienvenue et laissa la scène à Didier Patoux, vice président chargé du développement, pour présenter les lignes directrices de cette saison et remercier les différents sponsors et l’association des Amis du Festival qui ont une grande part à la bonne marche et à la réussite des événements. Puis ce fut au tour de Monique Dautemer, musicologue et pilier du festival, en compagnie de Patrick Jago, trésorier, de présenter et expliciter le programme. Sous le regard attentif de Claude Pinet, président d’honneur.
En fin de séance Catherine Triscornia annonça une exposition d’instruments de musique au Musée d’Histoire de Toulon dans lequel une vitrine présentera des objets de son père, Henri Triscornia, le fondateur du Festival.
La saison musicale se déroulera du 14 octobre 2019 au 6 avril 2020 avec sept grands concerts, des conférences, des actions auprès des jeunes avec le concours de diverses institutions, des concerts pédagogiques avec l’orchestre de l’Opéra de Toulon, et une master class.
Les grands concerts prendront place dans les lieux habituels : églises Saint Louis, Saint Paul, Palais Neptune, Foyer Campra Opéra de Toulon, Auditorium du Conservatoire, Lycée Dumont d’Urville.
On y entendra :
L’Ensemble à cordes Nico, « New Ideas Chamber Orchestra » pour une réinterprétation appropriation de grands classiques.
L’Ensemble vocal Calmus pour des chants de Noël a cappella, issus de diverses cultures.
« Tous les matins du monde » sur la musique du film d’Alain Corneau (1991) avec La Chapelle Harmonique.
Le concert des élèves du conservatoire.
La Nuit du piano 5 : Beethoven & Co avec les pianistes Tanguy de Williencourt, Igor Tchetuev, Florian Noack, Olga Bodarénko, plus Fanny Clamagirand au violon et le trio Gabbiano.
« Grand piano » avec le pianiste Nelson Goerner.
Les conférences
Les Préludes de Debussy (12 sur les 24 qu’il a écrits) : concert-conférence avec les pianistes Frantz Baronti,  Bertrand Massei, et la conférencière Coline Miallier qui seront en résidence au Lycée Dumont d’Urville pour des rencontres avec les élèves.
La « Conférence des Amis du Festival », Beethoven & Co, animée par Monique Dautemer, Dominique Dragacci-Libbra et Ingrid Tedeschi
La master Class avec le jeune pianiste Florian Noack et les élèves du Conservatoire TPM.
S’ajouteront à ces prometteuses manifestations les sept concerts symphoniques à l’Opéra de Toulon avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon et divers invités. Nous y reviendrons.
Le traditionnel pot de l’association des Amis du Festival, présidée par Colette Gluck, devait clore cette présentation, suivie du concert « Nico » à l’église Saint Louis.

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Ensemble à cordes NICO – Eglise Saint Louis
En ce lundi 14 octobre 2019 l’Ensemble à cordes NICO « New Ideas Chamber Orchestra » donnait un concert en l’église Saint Louis de Toulon, austère nef à l’acoustique exemplaire : l’idéal pour de la musique de chambre sans micros.
L’ensemble Nico ce sont six musiciens, trois femmes, trois hommes, dans la beauté de leur jeunesse, se présentant avec une élégance raffinée. Ils viennent de Lituanie.
Ce sont Augusta Jusionyte, Dalia Simashka, Julija Ivanovaite (violon, alto), Deividas Dumčius (violoncelle), Vincas Bačius (contrebasse), Gediminas Gelgotas (direction, clavier et chant).
Premier étonnement, les six musiciens jouent sans partition, on imagine le travail de mémorisation. Deuxième étonnement, ils ont chorégraphié leur performance, prenant des attitudes, se déplaçant, même dans la nef centrale, en un somptueux ballet qui ajoute le plaisir des yeux au plaisir de l’oreille. Troisième étonnement, et c’est le plus fort : ils s’emparent de transcriptions de grands classiques utilisant avec brio toutes les possibilités des instruments, ôtant ou ajoutant des notes aux œuvres, y mêlant d’autres éléments, les découpant différemment, changeant les tempos, utilisant des motifs en forme de refrain comme dans cet époustouflant « Hiver » de Vivaldi pris à la vitesse de la lumière dans un emportement à la tzigane.

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La mise en place, la précision, le dynamisme, l’engagement sont tout simplement dignes d’éloges. Et le tout avec une apparente facilité, qui vous propulse dans un tableau de Botticelli. Sont interprétées ainsi des œuvres de Bach, Mozart, Vivaldi, Richter, Nymann, Gelgotas, qui est le chef d’orchestre, également pianiste sur un Yamaha électrique, qui peut donner le son d’un clavecin, il est aussi chanteur sur certaines œuvres.
Nico, c’est une façon révolutionnaire d’aborder la musique de chambre. Certes un puriste pourrait s’offusquer du fait qu’on ose toucher à une grande œuvre classique. On peut lui répondre que cela s’est toujours fait dans la musique, Liszt s’empare de Chopin, la liste est longue, sans parler de l’improvisation. Souvent aussi ces grands compositeurs du passé laissaient une grande liberté d’interprétation. Certes on a le droit de refuser la chose. En tout cas à en juger par la chaleur, la longueur et la force des applaudissements, NICO avait réussi son pari.
On est pris dans un tourbillon. C’est virtuose, c’est brillant, époustouflant, beau comme un envol de flamants roses. Mais quand même un petit regret, cela manque un peu d’émotion, de sentiment, tel le « duende » du flamenco.

Serge Baudot
Renseignements : www.festivaldemusiquetoulon.com  – festival.billetterie@orange-business.fr  tel : 04 94 93 55 45

 

Toulon – Le Liberté, Scène Nationale
« Tu te souviendras de moi »

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On dit qu’en 2020 trois millions de personnes seront victimes de la maladie d’Alzheimer. On sait que cette maladie commence par une perte de mémoire progressive jusqu’à l’amnésie totale ; alors le malade ne reconnaît plus personne, n’est plus quelqu’un. Le dramaturge canadien François Archambault a eu le coup de génie d’écrire une pièce à propos de cette maladie, sans jamais la nommer ; il en montre l’évolution, le caractère dramatique, comment elle peut être cause de la destruction du couple ou/et de la structure familiale, mais avec un humour, voire un comique, décapant tout en respectant l’humanité des protagonistes. Il est vrai que lorsqu’on se trouve face à un de ces malades, avant que la perte de mémoire ne soit trop grave, moult situations, réparties à côté de la plaque, prêtent à rire, même si on s’en veut ensuite. Comme pour quelqu’un qui glisse, ou se prend un poteau dans la rue.
Dans « Tu te souviendras de moi », en ce mois d’octobre 2019, on a donc affaire à un professeur d’université, François Archambault, sublime Patrick Chesnais, aussi à l’aise dans ce rôle que dans un vieux chandail ; il est ce vieux professeur, physiquement, moralement, humainement. Il envahit la scène.
Première scène : un enregistrement pour une émission télé avec le professeur et sa femme, (Nathalie Roussel). Le professeur se vante de sa prodigieuse mémoire, sa femme le ramène à la réalité en aparté ; effets comiques bienvenus. Le sujet est posé.
Ensuite nous serons dans la maison du couple. Scénographie simple de Jean-Pierre Laporte, qui laisse toute la place aux comédiens, une sorte de cheminée côté cour, une méridienne côté jardin, et deux petits fauteuils au milieu. En arrière plan, le jardin, la nature, figurés par une haie de bambous. Chaque scène étant séparée par de judicieuses vidéos de Paulo Correia.
La pièce passe essentiellement par la parole, car c’est par la parole que se manifeste Alzheimer, quand le discours se met à dérailler.
On verra l’évolution de la maladie par les rapports du professeur avec sa femme, sa fille et son petit ami, puis plus tard avec une gamine qui va prendre toute la place.
Sa femme ,(délicieuse Nathalie Roussel), doit prendre un week-end de vacances afin de souffler un peu. Sa fille (également dans la vie, coruscante Emilie Chesnais), ne peut rester auprès de son père, elle est une journaliste qui doit partir en reportage. Son compagnon, (Frédéric de Goldfiem), chômeur, en retrait au début, va prendre petit à petit une place majeure dans cette famille, Il assurera la garde du vieux professeur; il faut dire qu’il vient après un autre amour, Michel ; d’où les confusions du père entre les personnages.

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Tout n’est pas si rose, en fait la mère est partie passer son week-end avec un amant rencontré sur internet. Elle finira par quitter son mari ; elle n’en peut plus. Elle veut vivre.
Patrick au départ, n’est pas très heureux de ce rôle. Happé par son virus du poker il confie la garde, moyennant salaire, à sa fille Nathalie, ‘éblouissante Mélissa Prat). Au départ elle se fiche de ce vieillard, ne le regarde même pas, toujours penchée sur son smartphone. Par les discours du professeur, ses questions, ses réflexions, un rapport affectueux va s’établir entre eux. Il va lui confier que son autre fille, Bérénice, s’est suicidée à 19 ans. Il va finir par prendre Nathalie pour Bérénice, celle-ci entre dans le jeu, et sera Nathalie-Bérénice, mais au fond le professeur n’est pas dupe. En définitive c’est l’amour des uns pour les autres qui les sauvent. On est emporté par l’émotion, par l’humanité des scènes.
La deuxième grande force de la pièce c’est qu’en dépit de ses « absences » le professeur va faire le bilan, lucide et très pessimiste, de notre époque : le trop d’information qui tue l’information, la folie des réseaux sociaux, la dictature du présent, sans le sens du passé par d’avenir, la disparition des espèces végétales et animales, l’état  de la planète, etc… Et puis la grande question qui nous taraude tous, ou presque, comment se conduire lorsqu’on devient conscient qu’on est atteint par cette maladie, et surtout va-t-on demander de nous faire disparaître quand toute mémoire sera éteinte ; le professeur est pour, mais dans une lueur de présent il avoue qu’au fond il aimerait rester encore.
Il faut saluer la mise en scène de Daniel Benoin, simple et d’une efficacité remarquable ; il nous fait entrer dans cette famille comme si nous en faisions partie.
Le public, dans sa majorité, était d’un âge plus que certain (dont moi-même), donc des gens forcément préoccupés par cette terrible maladie du nom d’Aloïs Alzheimer. Je n’ai pas souvenir qu’une troupe de comédiens ait recueilli au Liberté une telle longueur et une telle intensité d’applaudissements.
Hautement mérités.

Serge Baudot

La Rochelle – Festival TV
Grégoire MONTANA & Sami OUTALBALI
«Les Grands» ont bien grandi !

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Cela fait trois saisons que l’on retrouve à la Rochelle toute l’équipe de jeunes adolescents de la série OSC Signature, réalisée par Vianney Lebasque : «Les grands».
C’est la vie de jeunes adolescents en terminale, une chronique dans laquelle, comme dans tous les lycées, les amitiés et les amours vont et viennent, les problèmes, les joies, les peines, les déceptions.
Nous allons découvrir, dès le 31 octobre la dernière saison qui sera vraiment la dernière puisque ces ados, devenus hommes et femmes vont quitter l’école et partir vers d’autres destinées.
Tous ces jeunes comédiens sont magnifiques et au fil des saisons nous nous y sommes attachées.
En particulier à deux jeunes garçons charismatiques, tout à fait opposés physiquement et moralement, malgré tout amis dans la vie. On a pu les voir tous les deux à la Rochelles, jamais l’un sans l’autre.
Il y a le longiligne Grégoire Montana,  qu’on a connu avec une énorme touffe de cheveux aujourd’hui plus disciplinés, discret, gentil, décontracté, le visage sérieux dès qu’on fait des photos,  et Sami Outalbali, costaud  au regard pétillant et souriant toujours.
Je les ai vus grandir et je retrouve toujours avec plaisir ces «petits» devenus… grands et qui, certainement, grandiront encore car l’avenir s’ouvre à eux.
La Rochelle était la dernière fois qu’ils allaient tous se retrouver puisque la série s’arrête. C’est à la fois émouvant et plein d’espoir puisque chacun, comme dans la série va prendre une autre route, retrouver d’autres rôles, d’autres équipes de tournage.

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« Quatre ans de vie commune, une aventure qui se termine. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Sami : On a grandi, bien sûr, à tous les niveaux. C’est la fin d’une belle histoire et évidemment nous sommes tous un peu tristes, d’autant que la Rochelle est la dernière fois où nous nous retrouvons tous ensemble. A partir d’aujourd’hui le bébé ne nous appartient plus. Je pense au jour où tout a commencé et où nous ne savions pas trop où nous allions.
Grégoire : Nous avons aimé cette aventure et nous ne l’oublierons jamais car nous sommes potes pour la vie. Depuis l’arrêt de la série, nous n’arrêtons pas de nous appeler, de nous retrouver. Nous sommes même tous partis en vacances ensemble ! Je suis triste de laisser partir mon personnage car je l’aimais bien. Mais bon, il y en aura d’autres et avec eux, d’autres aventures, d’autres rencontres.
Vous avez tous les deux commencé jeunes vos vies d’artistes !
Sami : Moi, à six ans dans la série «Il faut sauver Saïd». J’ai enchaîné sur des séries comme «Famille d’accueil», «Vive la colo», «Fiertés», j’ai tourné dans «Les tuche», «Illégitime», «Sam» avec Fred Testot, l’an dernier dans «Lola vers la mer» d’André Bonhomme  qui a été présenté au festival de Rome et là je viens d’enchaîner deux trois trucs très cool et je vais tourner un nouveau film.
Grégoire : J’ai commencé plus tard, à 16 ans. J’ai fait quelques pubs comme Carrefour ou Kinder Bueno puis à la télé j’ai fait «Pep’s», «Scènes de ménages», «La vie à l’envers», j’ai tourné pour le cinéma «L’avenir» avec Isabelle Huppert, «La dernière leçon» avec Sandrine Bonnaire… Ca fait sept ans que je bosse et je cherche à me diversifier afin qu’on ne me mette pas dans la case d’éternel adolescent. J’ai mûri, changé de look et je suis prêt à toute rencontre à condition que ce ne soit pas quelque chose de cadré. Avec «Les grands» j’ai trouvé un vrai engagement artistique.

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Que va-t-il rester de ce tournage ?
Sami : Nous avons formé une vraie famille durant ces quatre ans à tel point que cette troisième saison est très inspirée de notre vécu ensemble.
Grégoire : Nous avons engrangé des souvenirs ensemble que nous n’oublierons jamais. Des histoires, des blagues quelquefois pourries mais que souvent Vianney a utilisées dans le scénario. C’est pour ça que cette série nous ressemble vraiment.
Sami : Cette série a vraiment changé notre vision de ce métier, ça a changé nos envies et confirmé qu’il fallait qu’on soir exigeant pour nos choix futurs.
Aujourd’hui, que recherchez-vous ?
Grégoire : Il faut avant tout croire en nous, à nos projets futurs, ne pas avoir peur d’y aller, de prendre des risques.
Sami : Nous continuons à faire des castings pour montrer que nous ne sommes plus les mêmes, que nous avons grandi, changé, mûri, qu’on s’est affirmé et qu’on peut changer de rôles.
Et «Scènes de ménages», Grégoire ?
Je continue et toujours avec le même plaisir car on s’éclate vraiment avec Amélie Etasse et Grégoire Bonnet qui joue mon père. Le jeu est important et je trouve que les personnages évoluent bien. C’est aussi une belle aventure que je continue avec plaisir.

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Vous verrez dons à partir du 31 octobre sur OCS la suite et la fin de l’histoire de ces jeunes lycéens  dont nos deux comparses, Sami, qui Joue Ilyès qui va être à fond dans la fête et expérimenter tous les excès et Grégoire, qui joue Quentin, dit «Boogie» dont la copine, Kenza veut continuer ses études à Paris au grand dam de celui-ci qui se voit mal quitter sa ville natale
A noter que la série qui avait déjà obtenu un prix à la Rochelle, a reçu cette année le prix des collégiens de la région Charente Maritime et  le prix de la meilleure musique, signée Bastien Berger et Audrey Ismaël, qui fut juré voici deux ans au festival.
On souhaite bon vent à tous ces jeunes comédiens en espérant les retrouver sur d’autres aventures.

Jacques Brachet

La Rochelle – Festival TV
Arnaud DUCRET, «Un homme ordinaire»

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A quelques semaines de son passage sur M6, le film de  Pierre Aknine «Un homme ordinaire» prend une tournure inattendue par cette nouvelle extraordinaire : huit ans après sa disparition, Xavier Dupont de Ligonnès aurait arrêté à Glasgow, en Ecosse, où il se cachait. En fait, nouveau rebondissement, ce n’est pas lui !
On se souvient de cette abominable histoire de cet homme qui, avant de disparaître, a tué sa femme, ses quatre enfants et ses chiens, les a enterrés et s’est enfui.
Anne Badel et Pierre Aknine, ont décidé d’en faire une série de quatre épisodes de 45’ qui a été présenté en ouverture du Festival de la Fiction TV à la Rochelle.
Déjà, avant sa projection, des rumeurs assez négatives circulaient sur cette série : Pourquoi faire un film de ce crime sordide, de cette tuerie abominable ? Pourquoi Arnaud Ducret pour jouer le rôle de cet homme alors qu’il représente le papa  sympa de la série «Parents mode d’emploi» ou le mec déjanté de ses one man show ?
Le soir de la représentation, après que Madénian, le présentateur de la soirée, l’ai chambré en disant que la série aurait s’intituler «Une famille formidable», une chape de plomb est tombée sur la dernière image, les applaudissements ont été très brefs et tout le monde est parti se précipiter sur le repas d’ouverture.
Il est vrai que ces deux épisodes ont mis le public très mal à l’aise, même si Arnaud Ducret en contre-emploi, y est sidérant. Mais l’événement était encore trop frais et l’enquête pas close peut-être pour en faire un film, qui plus est une série et le scénario pêche par des scènes invraisemblables, entre autre la pauvre Emilie Dequenne qui a un rôle de hackeuse qui arrive à entrer dans les arcanes des réseaux de la police et, plus forte qu’elle, fait des découvertes.
Beaucoup de choses inventées pour la circonstance, tant l’histoire est ténébreuse, mystérieuse et cet homme étant terriblement complexe.
Arnaud Ducret, alias Christophe de Salin, y est époustouflant de froideur, d’ambiguïté, jouant le feu et la glace, mais voilà, la sauce ne prend pas, d’abord parce que le film est très lent et peut-être qu’un unitaire aurait mieux servi le scénario qui est quelquefois à la limite de la caricature.
Nous avons rencontré l’équipe à la Rochelle le lendemain de la projection, déçue par l’accueil mitigé de la veille mais Ducret, fidèle à lui-même, marrant, sympa, comme on a aimé à le retrouver, a joué le jeu, aux côtés d’une Emilie Dequenne quelque peu éteinte.

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Pourquoi avoir choisi ce rôle, Arnaud et comment entre-t-on dans un tel personnage ?
Parce que, tout d’abord, c’était en contre-emploi total avec ce que je fais habituellement.
J’ai donc abordé ce rôle en lisant beaucoup d’articles et de bouquins sur l’affaire… et j’avais le choix ! J’ai surtout voulu faire exister le personnage en gommant tout ce qui pouvait ressembler à «du Ducret», car le personnage est très, très loin de ce que je fais habituellement.
En dehors du fait que je peux lui ressembler physiquement, j’y ai ajouté les lunettes, j’ai modifié ma voix. Il a fallu faire avec un personnage qui a existé et même si ça reste une fiction, la base est une histoire vraie. Il fallait que je sois sans arrêt dans la sobriété et la retenue. Mais c’est ça la vraie fonction d’un comédien, que de changer de personnalité.
Pourquoi, Pierre Aknine, avoir l’idée de cette série ?
J’ai travaillé avec Anne Badel sur ce fait divers qui a aujourd’hui huit ans et qui n’est pas terminé et mon but était d’essayer de comprendre un tel personnage qui, dans la vie, semblait être une personne ordinaire et qui, tout à coup, va passer à un tel acte. Que pouvait-on en faire ?
– Anne Badel : C’est vrai que, psychologiquement, il est difficile à comprendre et ce qui nous intéressait c’était d’essayer – je dis bien essayer – de comprendre comment un homme «normal» peut arriver à commettre un acte aussi barbare.
Arnaud, comment ressort-on d’un tel rôle ?
D’abord il existe et jusqu’à nouvel ordre on ne sait toujours pas s’il est mort ou vivant. Il faut donc faire avec les éléments que l’on a à notre disposition. Mais je l’ai abordé comme n’importe quel rôle même si c’est un personnage complexe et que moi, père, je me suis posé beaucoup de questions dont comment peut-on arriver à tuer ses propres enfants. Ça semble impensable et indéfendable, d’où l’ambigüité du personnage. Peut-on lui trouver des excuses ?
Indépendamment de tout ça, il ne faut pas oublier que c’est un rôle et que, heureusement pour moi, j’en sors indemne sinon il serait difficile de jouer des méchants, des tueurs, des fous… La seule scène qui m’a mis très mal, à l’aise c’est lorsque je tue mon fils. Ça a été un moment difficile car je me suis vu avec mon fils. Heureusement, sur un plateau, on a le rire pour exutoire et on a beaucoup ri sur le plateau. Il fallait ça pour désamorcer le stress, cette ambiance parfois glauque. On n’aurait pas pu tourner autrement.
Mais il m’a fallu beaucoup de concentration. J’ai d’ailleurs travaillé mon rôle avec une coach remarquable, Patricia Palin, qui m’a beaucoup aidé.

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Pierre Aknine, pourquoi ce choix d’Arnaud Ducret qui est à l’opposé du personnage ?
D’abord parce que je trouve qu’il lui ressemble physiquement et ça m’a beaucoup aidé à construire le personnage. Une fois les lunettes mises, j’ai su que c’était lui.  Et justement, parce qu’il en était à l’opposé et je dois dire qu’il n’a pas «joué» mais «incarné»
Arnaud : J’avoue que j’ai d’abord été surpris de son choix mais je me suis très vite dit que c’était un rôle pour moi et… que ça allait être chaud ! C’est quand même excitant de jouer un personnage si complexe. C’est plus agréable que de jouer un professeur de Karaté ! Ce qu’il a fait est détestable mais il a ses raisons, que l’on ne connaît pas. De plus, dans la vie, il était peut-être un homme très sympathique Il a plusieurs couleurs… Il a fait quelque chose d’inimaginable, d’autant qu’il aimait ses enfants. Ça dépasse la raison.
Anne Badel, vous êtes psy, est-il possible de s’attacher à un tel personnage ?
Non, on ne peut ni l’aimer ni l’excuser, c’est certain. On peut juste essayer de le comprendre et savoir ce qui peut amener à un tel geste. Ce qu’il fait est horrible mais a ses raisons. Il y a le poids de la mère, de la religion, d’une vie ratée, d’humiliations… Ce qui n’empêche que ça dépasse la raison.
Emilie Dequenne, vous avez un rôle un peu en retrait mais très important puisque vous faites des découvertes qui vont servir à la police. Parlez-nous de ce rôle ?
Je joue une hackeuse qui a permis de découvrir des choses. Au départ, dans la vraie histoire, c’est un hackeur et on n’en sait pas beaucoup sur lui. Et puis, la rencontre avec le personnage est inventée, suite à un accrochage de voitures qui aurait pu être sans importance. Mais, découvrant le drame, elle reconnait cet homme et décide d’en savoir plus. Et ça va devenir obsessionnel.
J’ai été confrontée à un exercice, disons technique et original puisque mon partenaire principal était… un ordinateur !
C’était un challenge et c’est ce qui m’a plu sans compter qu’elle a l’obsession de comprendre, de découvrir qui est cet homme. J’ai dû construire un personnage solitaire qui a une énergie farouche. C’était à la fois très amusant et très fatigant !»

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Antoine Dulery félicite Arnaud Ducret après la projection

Voilà. Aujourd’hui bien sûr, beaucoup de questions se posent encore, que «le héros» a failli refaire surface. On peut imaginer la réaction des scénaristes. Comme l’a également dit Madénian, peut-être ce soir est-il dans la salle pour se découvrir sur l’écran ! L’histoire n’est donc pas terminée et, n’ayant vu qu’un épisodeà la Rochelle, on est curieux de savoir ce que nos deux scénaristes ont écrit pour la suite.  L’avenir nous le dira.

Propos recueillis par Jacques Brachet

Toulon : Théâtre équestre Zingaro « Ex anima »

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Le Liberté et Châteauvallon, scènes nationales, invitent le théâtre équestre Zingaro pour le spectacle «Ex Anima» de Bartabas, à Toulon sur les plages du Mourillon, de novembre à décembre 2019.
On connaît son amour et sa passion pour les chevaux ; il est plus que « l’homme qui parle à l’oreille des chevaux », il est en empathie totale avec le noble animal, plus même, il le devine, le comprend, partage sa vie avec lui. Nul mieux que lui sait parler du cheval.

Rencontre avec Bartabas :
«J’ai pour habitude de revenir dans les villes qui m’ont accueilli dès le début, donc il est rare que j’investisse une nouvelle ville. Nous n’étions jamais venu à Toulon mais cela va se faire suite à une rencontre amicale un soir à Zingaro. Toulon est donc l’une des cinq villes de la tournée.
Zingaro c’est une très grosse structure, un véritable village, avec 19 remorques, une structure qu’on ne déplace pas facilement. C’est plus de quarante personnes qui vivent en caravanes; il faut être présent jour et nuit. Il n’y a pas de différence entre l’artistique et le quotidien. Nous avons un rapport au cheval proche de celui du paysan du passé ; il faut s’en occuper, le soigner, le nourrir.
Nous avons aussi la volonté de célébrer l’apport du cheval à l’humanité. Il avait jadis trois fonctions principales : aider l’homme dans son travail, à la guerre (un million de chevaux tués dans la guerre de 14/18), et aussi dans certaines circonstances le nourrir.
Zingaro c’est 35 années de travail avec des chevaux qui sont les acteurs principaux. Dans ce spectacle c’est nous qui allons servir les chevaux, les célébrer ; ils seront les seuls acteurs. Les artistes ne sont là que pour les assister.
Les tableaux sont basés sur le dressage, les figures sont proposées par les chevaux, ensuite il faut leur faire comprendre qu’ils doivent refaire la même chose chaque soir. Cela ne fait que s’améliorer soir après soir ; on sent que les chevaux ont du plaisir à le refaire ; ils finissent par jouer leur rôle, comme des comédiens. C’est un acte théâtral. L’homme leur montre le chemin, c’est un partage d’humanité.

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Dans «Ex Anima» il n’y a pas de texte. Ce sont des images qui prennent aux tripes, avec un côté rituel, et qui amènent chaque individu à interpréter les choses comme il les ressent.
« Ex Anim »a c’est à la fois le souffle et l’âme. La musique qui s’imposait part du souffle. J’ai donc choisi des flûtes (la flûte est certainement le premier instrument de musique de l’humanité) : chinoise, irlandaise, indienne et japonaise. La musique est universelle, pas besoin de traducteur. Elle est composée par François Marillier, Véronique Piron, Jean-Luc Thomas et Wang Li.
Zingaro ne vit que sur ses recettes, c’est une course sans fin pour continuer. C’est six mois de répétitions, puis six mois sur la route. On ne peut jamais s’arrêter afin de gagner de quoi continuer.
Nous donnerons 20 représentations d’environ une heure et demie pour 1300 spectateurs à chaque fois, avec 36 chevaux qui portent des noms de matadors, de peintres, de danseurs, etc… assistés par une vingtaine de personnes».
La conception, la scénographie et la mise en scène sont l’œuvre de Bartabas lui-même. Ce spectacle est pour lui un achèvement, peut-être l’ultime spectacle.
C’est une chance inouïe de voir ce spectacle merveilleux, hors de tout ce qu’on peut imaginer, dans la beauté, l’émotion, et qui touche au plus profond du partage entre l’humain et l’animal. «C’est une ode à la gloire du cheval, sans cavaliers ni voltigeurs».

Serge Baudot
Spectacles (à partir de 7 ans) du 19 novembre au 15 décembre 2019, les mardis, vendredis et samedis à 20h30. Les mercredis et dimanches à 18h30 Durée : 1h30
Le liberté : 04 98 00 56 76 – www.theatre-liberte.fr – Châteauvallon :  04 94 22 02 02

Max BOUBLIL – Anthony MARCIANO… Retour à l’adolescence

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Je garde un souvenir impérissable de ma première rencontre avec Max Boublil, qui fut la dernière du Festival TV de la Rochelle 2018, alors que le festival était terminé et que nous étions tous sur le départ, le dimanche matin.
Nous avions rendez-vous vers 10 heures à son hôtel mais un malentendu avec l’attachée de presse faisait que la rencontre avait été annulée alors que je n’avais pas été prévenu. J’eus la chance de l’attraper au vol dans le hall de l’hôtel. D’abord surpris, comme c’est un garçon charmant et conciliant, il me dit tout de go : «On va petit-déjeuner sur le port». Et voilà que le réalisateur Frédéric Hazan vient nous rejoindre. J’en aurai donc deux pour le prix d’un !
Ce que je n’avais pas prévu c’est que d’abord, l’interview tournerait à la franche rigolade et qu’en plus elle durerait jusqu’en début d’après-midi ! Ce fut l’interview la plus longue, la plus sympathique et la plus déjantée que je fis en 50 ans de carrière.
Alors, lorsque j’apprends qu’il vient au Pathé la Valette présenter son dernier film «Play» avec son complice et coréalisateur Anthony Marciano, je me demande s’il se souviendra de cette folle rencontre rochelaise… Et il s’en souvient jusqu’à la raconter aux journalistes présents à cette nouvelle rencontre !
Voilà pour l’anecdote. Passons donc à ce film que nous avons vu en avant-première et qui ne sortira que le 1er janvier.

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Max et ses potes – Avec les deux femmes de savie : Alice Isaaz & Camille Lou

Depuis l’âge de 13 ans, alors que ses parents lui offrent une caméra, Max ne cessera de filmer tout et n’importe quoi, inventant des histoires, racontant ses copains, ses amours, ses emmerdes. Bref, tous les événements que vivent tous les ados, tranches de vie toujours nouvelles comme les manifs, le bac, les boums, les vacances, les succès, les échecs, les histoires d’amour qui finissent bien ou mal.
C’est en fait une chronique au jour le jour d’un groupe de potes potaches et ça va durer 25 ans !
Cela donne un film tendre et fou, drôle et émouvant, à l’image de nos deux complices où le fil conducteur est en fait leur histoire de France dans les années 90/2000. L’originalité vient du fait que le tiers du film est tourné comme les films d’amateur de l’époque jusqu’à devenir plus professionnels au fur et à mesure qu’on avance dans le temps avec en voix off celle du «filmeur» qui s’appelle comme par hasard Max.
Max, le vrai, et Anthony qui ont mêlé leurs souvenirs, leurs problèmes, leurs préoccupations et en fait on se rend compte que de décennie en décennie, les sujets préoccupant les ados sont éternels et universels. En guest stars, on retrouve  de beaux comédiens comme Alain Chabat et Noémie Lvovsky qui jouent les parents de Max.

Le grand Max et le petit Anthony en sont à leur troisième collaboration, après «Les gamins» et «Robin des Bois, la véritable histoire»
«Ça fait longtemps que vous vous connaissez tous les deux ?
Anthony : Ça fait 15 ans
Max : Ca fait trop longtemps ! Je l’ai connu en même temps que ma compagne. D’ailleurs, à force, je finis par les confondre !
Bon, ça part bien mais essayons de rester sérieux (grands rires !) d’où vous vient l’idée de ce film qui est un peu un OVNI ?
Anthony : Nous avions besoin de revivre notre jeunesse avec une certaine nostalgie, de faire une forme immersible, comme pour la revivre de l’intérieur et la rendre la plus réaliste possible.
Notre but était d’en faire l’objet d’une vraie vidéo sur la vie d’un petit groupe où tout le monde peut s’y retrouver avec émotion.
Max : On a fait le film qu’on avait en tête et finalement, toutes les générations s’y retrouvent, même ceux qui sont plus vieux ou plus jeunes que nous. D’ailleurs, aux projections, les spectateurs de tout âge viennent nous dire : «Ca nous parle parce qu’on a tous vécu, les problèmes d’ados, la famille, les relations amoureuses, l’école… ». En fait, nous passons tous par là.

MAX BOUBLIL 3

A votre âge, c’est drôle que vous soyez si nostalgiques !
Max : Pas besoin d’avoir vécu la même époque et d’être âgé pour l’être. Qui n’est pas nostalgique de ses 18 ans ? C’est un sentiment qui parle à tout le monde. On évoque une vie qui parle à toutes les vies…. Ah, j’aime cette phrase, il faut que je la retienne !
Comment avez-vous travaillé sur le scénario ?
Max : Nous avons chacun écrit notre histoire et nous nous sommes rendu compte que nous avions le même âge, que nous avions donc vécu la même époque et surtout vécu les mêmes choses. Du coup, tout ce qu’on raconte est vrai, même si c’est un peu romancé.
Anthony : A un moment, nous avions tellement de choses que nous avons dû faire un tri, en couper beaucoup dont des séquences d’ados ou des choses plus graves comme les événements de Charlie ou du Bataclan. Nous avons pensé que c’était un peu indécent d’en parler dans une comédie et ça alourdissait le propos du film.
Vous avez quand même gardé la séquence où l’on voit Notre Dame…
Max : Nous nous sommes posé la question mais nous nous sommes dit qu’elle serait reconstruite, qu’elle y était avant nous et qu’elle y serait après.
Max, comment as-tu fait pour trouver un ado qui te ressemble à tel point ?
Lorsqu’Anthony m’a présenté Alexandre Desrousseaux, je n’y ai pas cru une seconde : il était blond aux yeux bleus ! Mais une fois avec la perruque et les lentilles, j’ai été bluffé. Il a même ma démarche et ma voix… car je ne le double pas ! C’était hallucinant.
Anthony : Le casting a été difficile. Il a duré six mois
Les deux filles qui jouent celle qui est amoureuse de Max (Alice Isaaz) et sa femme (Camille Lou), se ressemblent… à tel point qu’à certains moments on peut les confondre. Est-ce que c’est intentionnel ?
Anthony : Vous trouvez ? Au départ je voulais qu’il y ait une brune et une blonde et j’aurais dû garder cette idée car ce que vous dites ne m’arrange pas !
Max : Finalement ce n’est pas grave, ça prouve que Max est attiré par le même type de fille.
Y aura-t-il une suite et toi, Max, pourrais-tu la réaliser ?
Anthony : Il lui faudra mon autorisation !!! Ceci dit, je pense qu’il serait un bon directeur d’acteur mais il faudrait qu’il s’organise dans sa tête car il aurait du mal à gérer une équipe de techniciens !

MAX BOUBLIL

(Max opine et rit) : J’aimerais bien mais je ne me sens pas encore prêt
Dans le film, qui tourne les premières séquences ?
Max : En dehors d’Anthony qui est le réalisateur, c’est le chef opérateur, qui a fait les images du début, ce n’est pas moi, il n’y a que la voix off qui est la mienne.
Ce doit être difficile pour un professionnel de tourner des scènes… mal tournées !
Anthony : Oui, c’est très difficile de tourner contre nature. Il a eu beaucoup de mal mail il a fait un travail extraordinaire.
Pourquoi avoir appelé le film «Play» ?
Parce que c’est le bouton qui démarre la caméra. Le but était de pouvoir appuyer sur «play» pour pouvoir revoir les images autant de fois qu’on le voulait.
Avez-vous toujours envie de travailler ensemble ?
Max : Oui, nous faisons chacun des choses à côté mais nous nous retrouvons toujours pour des projets en commun. Nous avons toujours travaillé ensemble. La preuve : nous sommes déjà sur un autre projet.
Anthony : On aime travailler ensemble, on se connaît bien et on se comprend très vite. Beaucoup de choses nous rapprochent et il nous semble logique de travailler ensemble.
Le film sort le 1er janvier. Pourquoi en faire la promo si tôt ?
Anthony : Nous voulons montrer le film le plus possible car le sujet est très particulier et nous aimerions qu’il trouve son public et que celui-ci comprenne et aime notre démarche.
Max : c’est pour cela que nous nous y prenons à l’avance, pour que les gens en parlent, nous sommes ravis des premières réactions et même surpris car nous n’avons jamais connu une telle chaleur. Le public est remué, ému car tous ont vécu un ou plusieurs moments du film.
Et en fait, c’est ce que nous espérions».

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Françoise FABIAN, entre musique et cinéma

FRANCOISE FABIAN

Lorsqu’on évoque le nom de Françoise Fabian, on évoque tout un pan du cinéma français, de «Ma nuit chez Maud» à «La bonne année», en passant par «Raphaël ou le débauché», «Le prénom», «Partir… revenir» ou encore «Trois places pour le 26» où la comédienne devenait aussi chanteuse.
C’est aussi des rôles marquants à la télévision : «Les dames de la côte», «La femme coquelicot», «Les petits meurtres d’Agatha Christie», «Dix pour cent», sans parler d’une carrière théâtrale exemplaire.
Elle jouait ? Eh bien aujourd’hui elle chante !
Depuis le conservatoire d’Alger où elle est née, elle n’a jamais cessé de chanter pour le plaisir et toujours l’envie d’aller plus loin. Ce qu’elle fit à quelques occasions mais son métier de comédienne a pris le dessus et après quelques projets avortés voici qu’aujourd’hui elle s’est dit «C’est maintenant ou jamais» et sa rencontre avec ce beau musicien, compositeur et chanteur qu’est Alex Beaupain fera que, voici quelques mois, Françoise Fabian sort son premier album, aidée en cela par Charles Aznavour, Julien Clerc, Jean-Claude Carrière, la Grande Sophie, Vincent Delerme, Dominique A, le tout orchestré par Alex.

FRANCOISE FABIANFRANCOISE FABIAN

Et du coup, la voilà sur les routes de France pour partager ses chansons avec le public qui la découvre chanteuse.
C’est ce qui s’est passé au Théâtre du Jeu de Paume à Aix-en-Provence où, accompagnée de Victor Paimblanc à la guitare, Valentine Duteil au violoncelle et Antoine Tiburce au piano (Il n’y avait pas Alex mais faute de Beaupain nous eûmes du Paimblanc ! et c’est lui qui le remplaça pour chanter en duo avec elle) elle nous offre une heure dix de ses chansons, autour desquelles elle raconte des anecdotes, immisce un très beau moment avec «Un jour tu verras» de Mouloudji, ou encore «J’attendrai», version Rina Ketty sa créatrice puis version inattendue, celle disco de Dalida !
Elle nous parle d’Aznavour, le chante et nous lit la dernière chanson que celui-ci lui a écrite. Elle nous offre une chanson inédite qu’elle avait interprétée à la télévision pour une émission de Jean-Christophe Averty, plus, bien sûr, les chansons de son album.
Chansons poétiques, souvent nostalgiques qu’elle dit plus qu’elle ne chante car, elle en est consciente, elle n’est pas la Callas mais elle a une voix reconnaissable entre toutes, douce, sensuelle qu’elle nous inocule par petits morceaux poétiques qui nous enveloppent. D’ailleurs elle nous raconte une anecdote à propos de Gainsbourg avec qui elle a failli travailler et qui lui avait dit : « Ne prend pas de cours de chant, garde ta voix»… «Je l’ai gardée – nous dit-elle en riant – et ça s’entend !»
Plus qu’une chanteuse, c’est une diseuse, une vraie comédienne à la façon de Gréco, Barbara, Marie-Paule Belle et le public est sous le charme.

FRANCOISE FABIAN

Après la séquence chanson, retour au cinéma le lendemain à l’Eden de la Ciotat, le plus ancien cinéma di monde où son président, Michel Cornille, la recevait pour lui rendre hommage. C’est à la Ciotat que, voici quelques années, je l’avais invitée au Festival du Premier Film dont je m’occupais alors. Je l’avais rencontrée au Festival de la Fiction TV alors à St Tropez où mon ami Jean-Pierre Cassel me l’avait présentée. Ils jouaient danst un très beau film «La femme coquelicot» que je leur avais proposé de présenter à la Ciotat. Héla, Françoise y vint seule, Jean-Pierre nous quittant quelques jours avant. Mais j’eus la joie et l’honneur de lui remettre le Lumière d’Honneur.
La revoici dons à l’Eden où nous avons rendez-vous entre deux films que notre Maître Cornille proposait un public : «Je n’ai rien oublié» de Bruno Chiche et «L’arbre et la forêt» d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau.
Toujours ce beau regard Méditerranée, cette classe, cette beauté hiératique et ce sourire renversant.

FRANCOISE FABIAN

C’est devant un sympathique petit en-cas chinois que nous nous retrouvons avec Michel Cornille, l’ami Jean-Louis Tixier, adjoint à la Culture de la Ciotat et la sœur de Françoise au même regard bleu et nous découvrons avec surprise que nous sommes voisins à Six-Fours !
Françoise a déjà présenté le premier film «Je n’ai rien oublié» de Bruno Chiche dans lequel elle est entourée de Gérard Depardieu, Nathalie Baye et Niels Arestrup. Après le repas, elle présentera «L’arbre et la Forêt» d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau avec pour partenaire Guy Marchand.
«Est-ce vous, Françoise, qui avez choisi ces deux film ?
Tout à fait car d’abord, j’ai tellement présenté le mythique «Ma nuit chez Maud» depuis des années que j’ai eu envie que le public découvre ces deux films que j’aime beaucoup et qui, faute de communication, n’ont pas beaucoup été vus. De plus, je ne les ai moi-même jamais revus depuis leur sortie en 2010 et ça donne deux aspects de la comédienne que je suis, l’un étant un drame, l’autre, une comédie.
Avant de revenir au cinéma, parlons donc de ce disque et de ces concerts, chose nouvelle pour vous.
Pas tant que ça en fait car à Alger, j’ai mené à la fois des études de piano (J’ai joué l’Appassionata de Beethoven !), de chant et d’art dramatique. J’aurais donc pu choisir entre ces trois arts. Il se trouve que mon professeur d’art dramatique m’a fait interpréter un poème de Baudelaire et que l’amour du théâtre m’a alors envahie. Et je suis partie pour Paris avec le consentement de mon père. J’ai fait le conservatoire où j’avais comme copains Girardot, Rochefort, Belmondo, Rich et quelques autres.
Le théâtre m’a donc prise, le cinéma a suivi.
Et la chanson ?
J’ai souvent chanté à la télévision, dans des films, j’ai toujours aimé ça mais le temps passant, je jouais beaucoup au théâtre, je tournais beaucoup et pas seulement en France et du coup, la chanson est un peu restée en suspens avec quelques projets avortés avec Gainsbourg, Béart, Sagan, Dabadie….
Il a fallu ma rencontre avec Alex Baupain pour qu’enfin ça se concrétise… Il était temps !
Parlez-moi de votre rencontre
Alex m’a un jour appelée pour interpréter deux chansons dans un projet qui s’intitulait «Des gens dans l’enveloppe». Il a aimé ma voix et travailler avec moi et m’a alors demandé si je n’avais pas envie de faire un album avec lui. Pourquoi pas ? Me suis-je dit, depuis que l’idée était dans l’air.
Tous ces gens qui sont sur l’album, auteurs, compositeurs, comment sont-ils venus à vous….
C’est Alex qui leur a demandé s’ils voulaient bien m’écrire des chansons et ils ont dit oui. Entre autres Aznavour qui ne voulait me donner qu’une chanson et qui m’a envoyé plus tard, alors que le disque était enregistré, le texte que l’ai lu dans mon spectacle.
Il y manque Bruel avec qui vous avez travaillé sur le film «Le prénom» !
Oui mais ça viendra, il m’écrira une chanson !
Car vous comptez continuer ?
Et comment ! Tant que de beaux artistes voudront bien m’écrire des chansons !

FRANCOISE FABIAN FRANCOISE FABIAN

Et la scène ?
C’est venu tout naturellement. Je ne vous dirai pas que je n’ai pas hésité mais je me suis lancée et je dirais que c’est… un délice épouvantable ! Délicieux car j’avais envie de monter sur scène pour défendre ces chansons et en même temps j’avais très peur de la réaction du public. Et ça a l’air de marcher. Mais c’est très intimidant de chanter devant une salle comme hier soir. Je dois dire que le public a toujours été adorable avec moi.
J’ai trouvé très dôle et très culottée votre version de «J’attendrai», version classique et version disco à la Dalida !
Mais figurez-vous que je ne savais pas alors que Dalida avait fait cette version. C’est amusant.
Figurez-vous que j’avais 6 ans lorsque j’ai chanté cette chanson et à l’époque, lors d’une fête à Argelès-Gazost où l’on passait les vacances, c’était osé de chanter ça pour une petite fille !
Alors un prochain disque de vieilles chansons peut-être ?
Alors là, pas du tout ! J’en mets deux ou trois dans mon tour mais je préfère chanter des chansons écrites pour moi. J’ai déjà celle d’Aznavour mais aussi de Georges Delerue, de François Maurel et bien sûr d’Alex.
Avez-vous ‘autress concerts ?
Oui, une tournée même. Je sais que je vais chanter à Béziers, à Sète, à Nice, j’ai une trentaine de dates dont une chez Laurent Gerra qui veut à tout prix que j’aille chanter chez lui.
Télé, chanson, cinéma, théâtre… Où vous sentez-vous le mieux ?
Ce sera toujours le théâtre, d’abord parce que j’aime la scène, j’aime les textes, j’aime raconter une histoire, j’ai toujours aimé raconter des histoires, même petite, au grand dam de ma sœur qui, quelquefois, en avait assez ! J’aime être proche de mes partenaires, j’aime avoir une idée et aller jusqu’au bout.
Le cinéma, c’est différent car on tourne rarement des scènes dans l’ordre, on doit être patient. Je ne dénigre ni la télé ni le cinéma qui m’ont apporté tellement de beaux moments mais le théâtre et la chanson, c’est du direct, le spectateur est face à vous et il faut lui donner ce qu’il attend.
De beaux réalisateurs vous ont offert de beaux rôles : Lelouch, Bunuel, Rhomer, Thompson, Rivette, Malle, Companeez, Demy… Êtes-vous passée à côté de certains ?
Oui, souvent et par ma faute. Est-ce timidité ou orgueil mais je n’ai jamais su aller vers eux et demander un rôle. Je ne l’ai fait que pour Bunuel, au début de ma carrière. Mais bon, je n’ai pas vraiment de regrets, c’est comme ça et j’ai été gâtée.
Aujourd’hui, quels sont vos projets ?
Ils sont toujours multiples car si je ne travaille pas je m’ennuie. Ou alors je voyage et je fais beaucoup de photos. Entre autres d’animaux sauvages. Ce que j’adore. Mais pour l’instant, j’ai en projets deux pièces de théâtre, un film et certainement un second disque. Rien n’est signé donc je n’en parle pas !»

FRANCOISE FABIAN
Françoise Fabian entourée de Jean-Louis Tixier et de Michel Cornille

Comment ne pas être sous le charme de ce beau regard qui vous scrute, de cette voix qui vous happe et de cette simplicité alors qu’elle est l’un de nos derniers monstres sacrés que nous ayons en France.
La retrouver là où je l’avais quittée a été un joli moment inoubliable.

Jacques brachet
Photos Patrick Carpentier

La Rochelle – Festival TV
W9. Le Commissariat Central reprend du service

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Rencontre avec deux anciennes connaissances et deux gais lurons que j’ai déjà rencontrés, Tano, lui, grâce à ses one man shows présentés entre Toulon et Six-Fours et Guy Lecluyse lorsqu’il est venu tourner à Sanary «On se quitte plus» avec deux autres amis : Ingrid Chauvin et Olivier Marchal.
Ce sont des souvenirs de fous rires et de bonne humeur et je suis heureux de les retrouver à la Rochelle où ils sont venus présenter la suite de cette série qui a cartonné sur W9 : «Commissariat Central». Toujours le même système : un programme court de 4’ avec des sketches, des situations cocasses où l’on rit beaucoup et où la saison 2 promet beaucoup.

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Alors, heureux de retrouver vos rôles ?
Guy : Ça fait trois ans que ça dure, notre producteur Thalie Images (Scènes de ménages, Famille) garde le même principe avec un vieux commissaire – moi, donc ! – autour duquel travaillent de jeunes binômes tout frais émoulus qui vont lui en faire voir.
C’est une mise en abîme de la police de papa confrontée  aux jeunes nouveaux venus et ça fait évidemment des étincelles. Je suis entouré de jeunes comédiens, presque tous des humoristes venus du one man show.
Tano : je fais donc parti de ces jeunes « onemanshowistes » (je l’ai inventé !) dont la plupart sortent de chez Jamel et c’est l’occasion de montrer qu’on peut faire autre chose que du seul en scène.
Guy : J’ajoute qu’ils ont tous beaucoup de talent sans compter que le jeune public les connait tous pour la plupart et aime les retrouver.
Ne te sens-tu pas un peu largué au milieu d’eux ?
Non, c’est rigolo d’être pour une fois «le vieux comédien de service». Quant aux jeunes, j’y ai déjà été confronté dans la série «Soda». Donc je ne suis pas dépaysé. Ça me rappelle ma tendre jeunesse, le café-théâtre. Il n’y a en fait pas de barrière de génération. J’aime ce concept de mélange des genres, des artistes qui ont différentes origines. C’est aussi le reflet de la police de province à qui, d’ailleurs, la série a beaucoup plu. C’est très familial et ça n’a rien d’anxiogène !
Tano, c’est ton premier rôle à la télé ?
Mon premier rôle tout court car je n’avais fait jusque-là que du one man show. C’est formidable pour moi de montrer autre chose que «moi» et c’est très jouissif et enrichissant de partager des scènes avec d’autres.
Qu’est-ce qui t’a fait sauter le pas ?
Le hasard. La prod a vu le clip que j’ai fait sur Internet «Les flics de la BAC montent le son»
et qui a fait 18 millions de vues…
– Presque plus que nous avec «Les Cht’is» ! Coupe Guy
– Et moi j’étais seul ! Du coup on m’a proposé ce rôle. J’en ai été très heureux et aujourd’hui j’ai envie de continuer «grave» tout en continuant de faire du seul en scène. Le personnage reste quand même proche de ce que je suis, un déconneur un peu bouffon qui se retrouve dans de petites magouilles au grand dam du vieux syndicaliste !

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Quoi de neuf sur la saison 2 ?
Guy : On a particulièrement développé chaque personnage car au début, on ne savait pas trop où on allait. On a développé aussi le côté caricatural mais toujours bon enfant car notre premier souci est toujours de faire rire sans moquerie… La morale est sauve ! C’est un peu dans l’esprit – toutes proportions gardées – du «Gendarme de St Tropez»
Est-ce que vous intervenez dans l’écriture ?
Tano : Tous les quinze jours durant quatre mois nous faisons de grosses lectures. J’ai ainsi pu écrire quelques sketches pour des gens que je connais bien et que, donc, je pouvais mieux cerner car les histoires s’adaptent à la personnalité de chacun. On nous laisse cet esprit créatif et pendant les répétitions il y a beaucoup d’impros !
Guy : Mais ça s’arrête là car, à partir du moment où on tourne, on joue vraiment ce qui est écrit, il n’y a plus de place à l’impro. On ne change rien sinon quelques mimiques qui nous viennent tout naturellement.
En fait, on joue comme des enfants aux gendarmes et aux voleurs. Il n’y a pas de sang, pas de violence et on joue beaucoup sur le visuel. »
Rendez-vous donc le dimanche 6 octobre 17h50 sur W9… La saison commence !
Dans la distribution, on retrouve Vinnie Dargaud (Scènes de ménages), Nadia Roze (Marrakech du rire), Waly Dia (On ne demande qu’en rire), Julie Schotsmans (Un si grand soleil – Scènes de ménages)

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Jacques Brachet et Marie-Aurore Smadja
A noter que Tano est en tournée avec son spectacle «Idiot Sapiens», avec arrêt à l’Européen à Paris le 15 octobre