Alors que je quittais ma région varoise sous des trombes d’eau, je découvrais un merveilleux soleil à mon arrivée à la Rochelle. Soleil et chaleur qui ne nous quitteront pas durant ces trois jours de fête, de projections, de rencontres, d’interviewes que vous allez découvrir durant ces prochaines semaines.
Ce festival qui, parti de St Tropez, vient de fêter l’ancienne majorité, est en train de devenir un grand festival qui attire de plus en plus de monde, de plus en plus de professionnels, de plus en plus de presse. Surtout depuis qu’il s’est ouvert à l’Europe. Et si c’est la rançon de la gloire il faudrait que les organisateurs restent vigilants car il y a à la fois du bien et du mal. Voir ce qu’est devenu Cannes et sa foire d’empoigne, il serait dommage que la Rochelle perde son identité, son atmosphère bon enfant, sa chaleur humaine et surtout les conditions de travail que nous avons eues jusqu’à maintenant.
Je prends pour exemple «Plus belle la vie» qui fêtait ses 15 ans, qui a été prise d’assaut par une presse qui ne s’en était jamais inquiétée (Nous étions, les autres années, une poignée d’assidus en conférences de presse) au détriment de ceux qui faisaient chaque année un papier. Nous avons été cette année mis sur le carreau faute de temps par une attachée de presse qui n’a pas fait de différence ni de quartier et c’est dommage.
Sans compter le public qui, certes, entre gratuitement à toutes les projections et dont des dizaines, cette année n’ont pu assister aux projections faute de place. Il va donc falloir que l’organisation soit vigilante à ce qui arrive à toute manifestation qui prend trop d’ampleur.
Malgré tout, nous avons pu travailler d’arrache-pied sous un soleil de plomb et nous avons ramené une moisson de reportages, nous avons vu de très belles œuvres que vous pourrez découvrir tout au long des mois à venir.
Elodie Frenck, François Tron Isabelle Czajka, Valérie Karsenti, Marie Roussin, Alex Beaupain, Sydney Gallonde
Les temps forts
Plus de 60 œuvres françaises et internationales ont été projetées lors de cette 21ème édition, parmi lesquelles, 43 films en compétitions : 26 œuvres françaises inédites, 12 séries et films européens, et 5 séries francophones étrangères.
Une journée politique le vendredi 13 septembre avec le Grand Débat, sous le signe de La nouvelle loi audiovisuelle, quels bénéfices en attendre pour la création ?», en présence de Monsieur le ministre de la culture, Franck Riester, et de nombreux professionnels.
Suivi du Débat francophone la même journée, ayant pour thème «Production, diffusion, distribution : «Comment promouvoir la francophonie à l’international ?»
Un Atelier de la fiction Européenne le jeudi 12 septembre avec comme invité exceptionnel Dominic Savage, auteur, réalisateur et producteur de la collection «I’m…» pour Channel 4, en compétition dans la catégorie Fictions Européennes. Avec la trilogie «I’m..», qui raconte trois histoires de femmes, l’auteur-réalisateur a partagé la plume avec trois immenses comédiennes que sont Samantha Morton, Gemma Chan et Leanne Best pour conter des moments-clés dans la vie de leurs personnages. Il est venu nous raconter notamment cette expérience et son parcours.
Le Festival s’est engagé également pour la seconde année avec l’association PFDM Pour les femmes dans les médias» qui défend depuis 5 ans des valeurs fondamentales autour de l’engagement, del’entreprenariat, de l’égalité et de la parité entre hommes et femmes dans l’industrie audiovisuelle. A cetteoccasion, deux tables rondes ont été organisées jeudi 12 et vendredi 13 septembre, afin de confronter lestémoignages de professionnelles (scénaristes et comédiennes) de plusieurs générations.
Une table ronde CNC sur le thème «Séries et fictions, place au genre» le jeudi 12 septembre autour de la représentation des LGBT+ dans les séries, et savoir notamment où la France en est-t-elle de la représentation des identités de genre sur les écrans.
Enfin, suite au succès de l’an dernier, le mercredi 11 septembre après-midi, et le jeudi 12 septembre en matinée, le Festival de la Fiction a organisé la deuxième édition des «Rendez-vous de la création francophone», entre des professionnels internationaux invités à La Rochelle (producteurs, distributeurs ou diffuseurs) et producteurs francophones porteurs de projets de séries TV en langue française au potentiel international.
La première rencontre du festival est toujours celle avec son président, Stéphane Strano, qui nous accueille avec son habituelle gentillesse pour faire le point, justement sur le festival et sur la fiction française et européenne.
Stéphane STRANO : la rançon du succès
« C’est vrai, à notre grande surprise, ce festival a démarré sur les chapeaux de roues avec une bonne demi-journée d’avance. Il y a de plus en plus de monde, de plus en plus de professionnels.
Je suis très heureux de cette situation évidemment et lors de la venue du Ministre de la Culture, il va falloir lui faire comprendre ce qu’est et va être la télévision.
Notre mission est d’être au cœur de la création française et européenne. C’est aujourd’hui une magnifique vitrine qui revêt une grande importance et un véritable enjeu pour la circulation des œuvres européennes et francophones. Pas moins de 18 investisseurs s’intéressent cette année aux œuvres françaises.
Avez-vous des thèmes que vous désirez développer ?
Bien sûr, le premier étant la parité, la femme est, cette année, placée au cœur du débat et les chiffres ne sont pas très bons et il faut objectivement s’en préoccuper.
Le second thème est l’écologie. En cela, la ville de la Rochelle nous accompagne car elle a une réelle identité et ce partenariat est important pour nous.
L’Europe est aujourd’hui au cœur du festival…
Oui, et ce, depuis trois ans. Les propositions qui nous sont arrivées cette année ont doublé depuis l’an dernier. Nous en avons reçu 90. C’est une marque de confiance et d’intérêt importante pour nous, d’autant que les européens nous présentent des œuvres d’une qualité exceptionnelle. Les sélections espagnole et anglaise sont particulièrement formidables et l’extrême occident, comme les tchèques, les ukrainiens, les russes, se développe. La Russie a toujours été un pays qui apprécie la langue française. Tout cela dépasse le côté politique.
Pensez-vous que vous aurez les moyens de faire encore grandir ce festival ?
Il est vrai que le succès de cette année a fait que beaucoup de public n’a pu entrer aux séances, au profit des professionnels eux aussi de plus en plus nombreux. Il y a cette année 2300 accrédités ! Cela nous a surpris mais en dehors de cet enthousiasme immédiat, il va falloir en tenir compte. La ville nous offre déjà une nouvelle salle de cinéma et nous allons essayer de continuer dans ce sens.
Stéphane Strano et Pauline Heurtait directrice du festival
L’an dernier, l’on pouvait se rendre compte qu’il y avait beaucoup de polars.
C’est un thème qui plait au public mais d’autres thèmes se développent aujourd’hui : les faits divers, les faits de société entre autres. Les Français aiment les fictions, les audiences sont en hausse, les unitaires sont plus nombreux et les séries plaisent particulièrement aux téléspectateurs. Elles développent les faits de société. Les deux catégories de fiction cohabitent avec bonheur et engagent les citoyens sur des sujets graves traités de diverses manières. Ce sont des moyens de faire passer des messages.
Le public jeune délaisse beaucoup la télé au profit des plateformes…
Ayant six enfants, je n’ai pas encore compris ce qu’ils y regardent ! C’est pour moi une véritable interrogation.
Il faut donc travailler dans ce sens et que les diffuseurs se posent aussi la question. Le replay est une force d’accès pour les jeunes. La moyenne d’accès est de 25 ans. Il faut donc se pencher sur ce problème.
Le jury
Valérie Karsenti – Présidente du jury – Comédienne – Alex Beaupain – Compositeur – Elodie Frenck – Comédienne – Marie Roussin – Scénariste – Sydney Gallonde – Producteur – Isabelle Czajka – Réalisatrice – François Tron – Directeur général des contenus RTBF
Parmi les 43 œuvres en compétition officielle dont 26 œuvres françaises (7 Téléfilms unitaires, 7 séries 52’ et 90’, 4 Séries 26’, 3 programmes courts, 5 fictions web et digitales), 5 Fictions francophones étrangères, et 12 Fictions européennes), le jury a remis 15 prix.A ces 15 prix s’ajoutent deux prix remis par la région, et un prix remis par le partenaire Télé Star/Télé Poche suite au jeu concours par vote des internautes.
L’équipe de « Temps de chien »
Le palmarès
Meilleur téléfilm : «Temps de chien», réalisé par Edouard Deluc (Arte France)
Meilleure série 52’/90′ : «Une belle histoir », réalisée par Nadège Loiseau (France 2)
Meilleure série 26′ : «Mental», réalisée par Slimane-Baptiste Berhoun (France.tv Slash)
Meilleure série web et digitale : «Lost in Traplanta», réalisée par Mathieu Rochet (Arte)
Meilleure fiction européenne : «Arde Madrid», réalisée par Paco León (Movistar+, Espagne)
Prix spécial du Jury fiction européenne : «Invisible heroes», réalisé par Mika Kurvinen et Alicia Scherson (Finlande)
Meilleure fiction francophone étrangère : «Helvetica», réalisée par Romain Graf (RTS Radio Télévision Suisse)
Meilleure réalisation : Simon Bouisson pour «Stalk» (France.tv Slash)
Meilleur scénario : «L’agent Immobilier », réalisé par Etgar Keret et Shira Geffen (Arte France)
Meilleur programme court : «Merci», créé par Vincent Toujas
Meilleure musique : «Les Grands», d’Audrey Ismaël et Bastien Burger (OCS)
Luna Carpiaux, Yanninick Choirat, Cécile Rebboah
Meilleure interprétation féminine (Ex aequo) : Luna Carpiaux «Connexion Intime» – France 2) et Cécile Rebboah «Itinéraire d’une maman braqueuse» (TF1)
Meilleure interprétation masculine : Yannick Choirat «Un homme abîmé» (France 2 et TV5Monde)
Jeune espoir féminin ADAMI : Tiphaine Daviot «Une belle histoire» (France 2)
Jeune espoir masculin ADAMI : Théo Fernandez «Stalk» (France.TV/ Slash)
Prix Nouvelle-Aquitaine des lecteurs de Sud-Ouest : «Si tu vois ma mère», réalisé par Nathanaël Guedj (Arte France)
Prix des collégiens de la Charente-Maritime : «Les Grands» (OCS)
Meilleure séries de ces 5 dernières années – Prix Télé Poche / Télé Star (vote des internautes) : Les bracelets rouges (TF1)
Théo Fernandez, la présidente du jury Valérie Karsenti, Tiphaine Daviot
Jacques Brachet