Archives mensuelles : juillet 2019

Six-Fours-Six N’Etoiles : Les 3 vies du Chevalier

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François Jean Lefebvre de la Barre était un chevalier issu d’une noblesse désargentée, né en 1745 du côté d’Abbeville.
A 18 ans , il était insouciant, épris de liberté comme nombre de jeunes gens de son âge et il serait passé inaperçu si une succession d’événements paraissant sans importance, ne l’avaient mené au bûcher : libre penseur, il omit de saluer un cortège religieux, ce qui à l’époque était un blasphème, une insulte face à Dieu et puis, il avait l’outrecuidance de posséder le dictionnaire philosophique de Voltaire, ce qui valait déjà à cet auteur d’être menacé des pires maux. Mais comme on ne pouvait toucher à cet homme « impie », l’Eglise, aidée de la Royauté (C’est Louis XV adolescent qui règne alors), firent un exemple avec ce jeune homme qui n’avait peut-être jamais lu ce livre trouvé dans sa chambre, mêlé à des ouvrages pornographiques.
Faute de pouvoir brûler Voltaire, on supplicia le jeune homme avant de le décapiter et de le brûler en place publique avec le fameux dictionnaire de Voltaire.

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Félicien Delon – Dominique Dattola

En fait, alors que c’était pour donner l’exemple et montrer qu’alors l’Eglise était toute puissant, de ce jeune garçon insignifiant, l’on en fit un héros, un martyr, un symbole de la liberté de penser que Voltaire et Victor Hugo défendirent pour le réhabiliter, Hugo parlant à son sujet de « meurtre légal ». Mais il fallut attendre la Convention pour que cela se fit. Et une statue fut érigée sur la place même où il fut brûlé. Avec la guerre, la statue en bronze disparut pour être transformée en canon, comme beaucoup d’autres et il fallut 60 ans de combat pour qu’une nouvelle statue soit érigée dans un petit square de la Butte Montmartre.
Ce film documentaire « Les trois vies du chevalier », est signé Dominique Dattola et retrace les pérégrinations de ce jeune homme, de sa jeune vie et de sa mort prématurée jusqu’à nos jours car depuis des décennies, devenu un symbole de la liberté et de la laïcité, il représente les rapports ambigus entre l’Eglise et la justice civile.
C’est un documentaire remarquable qui mêle habilement l’histoire elle-même, où l’on rencontre le fantôme du Chevalier interprété par Félicien Delon tout au long de ce long périple, ponctué d’une splendide musique de Franck Agier et Gérard Cohen-Tannugi, interprétée par l’orchestre de Picardie dirigé par Olivier Holt. On retrouve également les voix off de comédiens disant des phrases de Louis XV, Jean Jaurès, Hugo, Voltaire… De nombreux intervenants, historiens (comme Franck Ferrand que l’on retrouve chaque dimanche chez Drucker), sociologues, libres penseurs, journalistes, philosophes et bien entendu des membres du Clergé qui, chacun, apportent leurs pierres contradictoires à cette histoire.

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Tout au long du film, porté par la voix du narrateur qui n’est autre que Dominique Dattola, on voit renaître la statue du Chevalier jusqu’à ce qu’elle retrouve son socle d’origine, la statue étant très différente de la première qui était le corps du chevalier en train de brûler avec le fameux dictionnaire de Voltaire. Celle-ci est tout autre, représentant un jeune gaillard souriant et insouciant, tricorne au vent prêt à croquer la vie du haut de ses 18 ans, donnant un souffle d’espoir à la liberté d’expression, à la tolérance universelle. Ce jeune homme qui ne demandait qu’à vivre est devenu un martyre de la laïcité, persécuté par des gens dont les pensées n’étaient pas les mêmes et qui voulaient édicter leurs lois.
« Une justice impartiale exige avant tout que les pouvoirs spirituels et temporels soient strictement séparés pour garantir à chacun la liberté d’opinion. C’est l’idée que défend mon film », nous dit le réalisateur. Film qui est d’une brûlante actualité malgré l’ancienneté de l’histoire. « C’est un film artisanal, un film de bâtisseurs, un film symphonique », précis-t-il encore.

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Roland Munter – Jean-Dominique Giacometti – Pierre Legal

Ce film, nous l’avons donc découvert au Six N’Etoiles, présenté par Pierre Legal président du Cercle du Chevalier de la Barre, libre penseur oh combien, accompagné du comédien Roland Munter, dont on entend la voix dans le film (il incarne Jean Jaurès) et Jean-Dominique Giacometti, directeur en Pays d’Aix Association et délégué RNMA.
Un grand absent : Dominique Dattola et pour cause : quelques jours auparavant il a été victime d’un grave accident de moto. Absence qui fit hélas dévier le débat au demeurant fort intéressant malgré sa longueur, sur l’Eglise, la Politique, la Liberté, des sujets forts qui sont la trame du film mais hélas qui occultèrent totalement celui-ci, ce qui est fort dommage, tant il y avait à en dire. Il est évident que parler d’un film sans son réalisateur est toujours délicat, d’autant qu’à part Roland Munter qui y a un peu participé, les deux autres intervenants ne pouvaient pas en dire grand chose.
L’on partit alors dans de grands monologues sociaux-politiques, sur la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’Etat, que peu de spectateurs avaient l’air de connaître. C’est ainsi que l’on passa à côté du sujet principal : le film.

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Un film qui est pourtant important et d’une grande pédagogie, que nombre de lycéens ont déjà vus, Dominique ayant fait quelques projections-débats passionnantes et passionnées car c’est un grand moment d’Histoire et de citoyenneté qui nous est conté avec efficacité, de belles images, un montage original et surtout un film qui reste un sujet brûlant d’actualité, « la bataille pour la laïcité n’est toujours pas gagnée » déplore le réalisateur.

Jacques Brachet

Jazz à Toulon du 19 au 28 juillet
30 ans de concerts gratuits à travers la ville

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Manu di Bango

Jazz à Toulon fête cette année ses 30 ans. Dire que tout est parti d’un pari. Fin des années 80 le maire de Toulon était monsieur François Trucy. Il cherchait un moyen d’apporter de l’animation en même temps que de la culture dans les quartiers de la ville. Il faut dire qu’à l’époque l’offre culturelle était assez pauvre, contrairement à aujourd’hui où l’on n’a que l’embarras du choix. Son Chef de cabinet, Jean-Pierre Colin, amateur de jazz, qui venait de faire son service militaire à Boston où il avait fréquenté les jazzmen de la Berklee, lui proposa des concerts de jazz gratuits en itinérance dans différents quartiers de la ville. Le maire dit banco. Jean-Pierre Colin passa le bébé à Daniel Michel, alors directeur du COFS, musicien et jazzfan lui-même, qui mit la chose sur pied. Le festival s’appela d’abord « Jazz is Toulon », pour devenir plus modestement depuis quelques années « Jazz à Toulon ». Il y a 30 ans donc, en 1989, ce fut le départ, avec un invité de choix, Michel Petrucciani. C’est pourquoi cette année le festival rendra hommage au grand pianiste trop tôt disparu, en présence de ses deux frères : Louis, le contrebassiste, et Philippe, le guitariste, qui ouvriront le concert en duo, suivis par un groupe de musiciens qui ont participé au cours des ans aux fameux Worshops du festival qui propulsèrent tant de musiciens, amateurs ou professionnels. Ce seront Stéphane Bernard (p), Sylvain Rifflet (s), Olivier Miconi (tp), Mathias Allamane (b) et Sylvain Ghio (dm). Gageons que les frères Petrucciani se joindront à eux pour un bœuf mémorable.
Jazz à Toulon poursuit sa route, avec des concerts gratuits qui sillonnent la ville, sous la houlette de sa Présidente, madame Bernadette Guelfucci, et sa vaillante équipe. Rappelons qu’au cours de ces 30 ans c’est environ 2000 musiciens qui s’y sont fait entendre, parmi lesquels on peut compter quelques dizaines des plus grands.

BC
Ricardo del Fra – Agathe Iracema

Petite revue de détails pour cet été :

Pour les grands concerts du soir, quelques pointures :
Manu Dibango avec son  African Soul Safari ; Randolph Matthews et son Afro Blues Project : Manu Guerrero Quintet ; la chanteuse brésilienne Agathe Iracema ; Théo Ceccaldi Trio ; un événement avec le quintette de Ricardo del Fra pour un hommage à Chet Baker. Ricardo del Fra a accompagné Chet Baker pendant 9 ans. Il lui avait rendu hommage en 1989 (date du premier festival Jazz is Toulon) avec un album « A Sip of your Touch », puis il a renouvelé l’hommage 25 ans plus tard sous le titre « My Chet My Song » avec le Deutsches Filmorchester Babelberg. (Les deux œuvres ont paru en un coffret de 10 mai dernier). A Toulon ce sera en direct avec l’orchestre de l’Opéra, donc une nouvelle création ; Tony Allen avec The Source ; Kenny Garrett et son quintette, certainement le concert le plus purement jazz.

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Theo Ceccaldi – Manu Guerrero – Kenny Garrett

Pour les concerts apéros :
Caravancello, deux violoncelles et des percussions ; The Po’Boys, menés par Poupa et Didou qu’on ne présente plus ici ; Sonia Winterstein dans son répertoire manouche ; Spirale Trio, de la fusion ; Ananda Revival avec de nouveaux musiciens pour un autre genre de fusion ; et le trio de l’excellent pianiste Alexis Tcholakian.
A noter une nouveauté, «Jazz Ambiance », une déambulation dès 10h du matin, le 19 juillet au centre ville avec Swing Pocket Manouche, et le 24 juillet du Pont du Las au Mourillon avec les Angels City Players qui jouent différents styles de jazz.
Oyez ! Oyez ! Voilà de quoi occuper ses journées et ses soirées, si on aime le jazz, bien sûr i

Serge Baudot
Renseignements : www.jazzatoulon.comwww.cofstoulon.fr – 04 94 09 71 00
Brochure dans lieux habituels.