Archives mensuelles : avril 2019

Opéra de Toulon : « Un Américain à Paris

samedi 4 mai 20h
En partenariat avec le Festival de Musique de Toulon et sa Région
Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon dirigé par Jan Latham-Koenig
Karen Gomyo violon

Jan Latham-Koenig est né au Royaume-Uni.
Depuis 2011, il est directeur musical de l’Opéra Novaya de Moscou et, depuis 2012, directeur artistique de l’Orquesta Filarmónica de la UNAM à Mexico.
Son vaste répertoire d’opéras comprend Thaïs (Massenet), Il viaggio a Reims (Rossini), I Puritani (Verdi), Lohengrin, Tristan et Isolde (Wagner), Aïda, Macbeth (Verdi), La Bohème, Turandot (Puccini), Peter Grimes (Britten), Carmen (Bizet), Pelléas et Mélisande (Debussy), Jenufa (Janacek), Dialogues des Carmélites (Poulenc) et bien d’autres.
l dirige dans de nombreux opéras internationaux de premier plan, dont le Staatsoper de Vienne, l’Opéra National de Finlande, le Théâtre National de Prague, l’Opéra de Toronto, l’Opéra de Gênes, l’Opéra National de Paris, l’Opéra de Copenhague, le Teatro Massimo de Palerme, le Théâtre Municipal de Santiago du Chili, le Teatro Colon de Buenos Aires.
Jan Latham-Koenig dirige des orchestres symphoniques dans le monde entier et a été directeur musical de l’Orchestre de Porto, du Teatro Massimo de Palerme, de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg et de l’Opéra national du Rhin. À l’Opéra d’Israël, il a dirigé Il Barbiere di Siviglia (Rossini).

Jan Latham-Koenig, Karen Gomyo

Karen Gomyo est née en 1982 à Tokyo au Japon et a grandi à Montréal où elle étudie dès son plus jeune âge le violon. Elle part ensuite à New York pour étudier à la Juilliard School à l’invitation de Dorothy DeLay.
À 15 ans, elle remporte les auditions internationales de Young Concert Artists.
En tant que soliste, elle a joué avec les principaux orchestres américains, y compris le New York Philharmonic, le LA Philharmonic, le San Francisco Symphony, le Philadelphia Orchestra et le Cleveland Orchestra. En Europe, elle a joué avec le Danish National Symphony,
le Royal Liverpool Philharmonic, le Scottish Chamber Orchestra, le City of Birmingham Symphony Orchestra, le Radio-Sinfonieorchester Stuttgart, le Bamberger Symphoniker, le Mozarteum Orchester de Salzbourg, le Wiener Kammerorchester, le Tokyo Symphony,
l’Orchestre Philharmonique de Hong Kong, l’Orchestre Symphonique de Taipei et le National Taiwan Symphony Orchestra. Elle fait également des apparitions régulières en Australie avec leurs principaux orchestres.
En 2014, un film documentaire sur Stradivarius intitulé «Les Mystères du violon suprême», dans lequel elle est violoniste et narratrice, a été diffusé dans le monde entier sur NHK World .
En 2015, Karen Gomyo a interprété la première américaine du Concerto pour violon «Mar’eh» de Matthias Pintscher avec la National Symphony de Washington DC et la direction du compositeur, au Kennedy Center.
Karen Gomyo est également acclamée pour son interprétation de la musique Nuevo Tango et joue avec Pablo Ziegler, pianiste de longue date d’Astor Piazzolla.
Karen Gomyo joue le Stradivarius «Ex Foulis» de 1703 prêté par un donateur privé.

Macha MERIL… La force et l’énergie

F

C’est toujours avec un extrême plaisir que j’entends la voix de mon amie Macha Méril.
Cette fois ce fut un peu plus long qu’à l’habitude à cause du décès de son époux Michel Legrand. Mais je la retrouve, certes triste, mais comme à l’accoutumée avec une énergie folle. Elle en a toujours eu beaucoup mais elle est encore plus forte qu’avant. Elle me l’explique
« C’est vrai, tout le monde me dit : « Ah la la, que vous devez avoir de chagrin ! ». C’est vrai que j’ai un chagrin immense et qu’il me suffit d’un souvenir, d’un bout de chanson, d’une évocation pour que je tombe en larmes. Mais je me suis découvert une force que je n’avais jamais eue.
C’est à dire ?
Tu sais, les deux dernières années, Michel était très fatigué. Malgré cela, il avait toujours plein de projets mais il n’avait plus d’énergie pour les réaliser. Alors aujourd’hui, je suis obligée d’avoir cette énergie pour lui.
Je suis entourée de gentillesse, de compassion car tout le monde aimait Michel, chacun a une chanson, une musique de film qui se rattache à un souvenir. Il avait une grande force et cette force, il me l’a communiquée car il n’avait pas seulement du talent, du génie, il avait le don de ne pas se faire bouffer par les autres, ce qui m’a toujours manqué. Cette espèce d’autorité qui nous manque souvent, à nous les femmes, il me l’a passée.
« Sois libre, prends tes responsabilités sans t’appuyer sur quelqu’un. Si tu fais des erreurs, tu ne t’en prendras qu’à toi », me disait-il.
Et cette force tu l’as acquise ?
Oui, même si j’étais sous sa protection, je l’ai acquise. Il m’a imprimé quelque chose qui fait que je ne suis plus vraiment la même. Pour moi, il est toujours là, je l’entends me dire « Fais ci, ne fais pas ça… ». Et il m’a laissé une grande responsabilité, un projet que nous avions ensemble et que je veux, je dois mener à bien.
Ce projet, quel est-il ?
Un truc colossal : créer une fondation, un festival de musique de films, auquel j’ajouterai un prix Michel Legrand.
Il ne voulait pas d’un musée, il trouvait ça plutôt barbant, il n’a jamais voulu faire de master class alors qu’on le lui demandait tout le temps car il pensait que ceux qui le faisaient, c’était plus pour parler d’eux que pour enseigner. Alors que la fondation, c’était pour aider les artistes, les faire progresser et les faire connaître.

A B

Cette fondation devrait naître où et quand ?
Au départ il voulait que ce soit à Monaco où il vivait mais il n’a pas trouvé d’adhésion. On aurait pu la faire aux Etats-Unis car nous avons eu et j’ai encore nombre de propositions. Mais Michel fait partie du patrimoine musical français et il doit rester en France.
Lors du merveilleux office orthodoxe qui s’est déroulé à sa disparition, Brigitte Macron m’a dit : « Qu-est-ce que je peux faire pour vous ? ». C’était à la fois inattendu et inespéré !
Nous avons alors trouvé un chateau à Montargis où l’on va créer la fondation et le festival qui aura lieu en juillet 2020. C’est un château dans les vignes où seront disséminées des salles, des résidences, des lieux d’enregistrement, de répétitions, de rencontres. Bien sûr, ça se fera petit à petit mais ce sera une sorte de petite villa Médicis pour les musiciens. Toutes les musiques se côtoieront, et il y aura des échanges, des créations… Chacun pourra travailler ensemble et bien sûr, l’œuvre de Michel sera omniprésente.
Justement, en dehors de tout ce qu’on connaît, a-t-il laissé des oeuvres inachevées, non enregistrées ?
J’ai découvert la caverne d’Ali-Baba ! Des centaines de partitions inédites, de musiques de films, d’opéras, d’œuvres diverses, quelque 350 chansons, tout cela sur de grandes feuilles écrites avec ses pattes de mouche. C’est magnifique. Le ministre de la Culture m’a proposé de tout numériser afin que cette oeuvre soit abordable par tous. Et j’ai pour but de proposer chaque année une création. Il était tellement prolixe, tellement imaginatif !
Michel avait des enfant. Comment ça se passe avec eux ?
Très bien. D’abord Michel ma confié la gestion de son oeuvre et m’a nommé sa légataire universelle. Les enfants sont très contents car ils me font confiance, ils savent que j’en suis capable. Lorsque nous nous sommes connus, voici 50 ans au Brésil, c’est la musique de jazz qui nous a rapprochés. Evidemment, les droits seront partagés.Tout ça va avoir un coût !
Bien sûr et je suis à la chasse aux milliardaires, aux sponsors, beaucoup aiment la musique de Michel et je vais tenter de lancer un appel à subvention.
Je veux être digne de la confiance que Michel a mise en moi et de la mission dont il m’a chargée. C’est un vrai bonheur et c’est passionnant. Et j’ai confiance, les bonnes causes ne sont pas si nombreuses !
Je me dis que si cette fondation peut aider de beaux talents, de beaux musiciens qui ont des difficultés à se faire connaître, à travailler, car les maisons de disques aujourd’hui travaillent de plus en plus avec des machines, le pari sera gagné.Bon, mais avec tout ça, vas-tu continuer à « faire l’actrice » ?Bien sûr et plus que jamais. Déjà, je termine un livre, je vais passer dans un télé-film sur France 2 le 8 mai et je joue dans une pièce de théâtre cet été dans quelques festivals.
On commence par quoi ?
Le livre, qui sortira en septembre. C’est un roman russe qui s’intitule « Na zdarovie », ce qui veut dire « Santé, bonne chance ». Ca parle de l’émigration des Russes en France que j’ai pu observer et connaître à travers ma famille (elle est née princesse Maria-Magdanena Vladimirovna Gagarine), je parle de tous les problèmes qu’ils ont rencontrés. Je viens d’ailleurs d’être invitée au festival de cinéma de Moscou pour un hommage à Michel Deville avec qui j’ai tourné « Adorable menteuse ». Il a 94 ans et il a été un peu oublié et maltraité en France. Et c’est la Russie qui lui rend hommage ! J’ai demandé à la Cinémathèque d’en faire autant

C

Passons à la télévision !
Tu découvriras, mercredi 8 mai sur France 2 « L’enfant que je n’attendais pas » réalisé par Bruno Garcia, avec Alix Poisson et Bruno Solo.
Johanna (Alix Poisson) a fait un déni de grossesse et se débarrasse du nouveau né. Jugée et rejetée par tous, elle va devoir répondre de son acte et entamer un parcours de résilience et de reconstruction, qui passe par la découverte du lien maternel avec cet enfant inattendu.
Il y a longtemps que je n’avais pas tourné, d’abord parce que ma vie avec Michel était bien remplie sans compter que les rôles qu’on me proposait ne me convenaient pas.
Là, j’ai accepté car j’ai autant aimé le sujet que le rôle. C’est un scénario courageux qui parle d’un sujet encore tabou : le déni de grossesse et devant ce fait, la justice est aussi démunie que la mère. Le sujet est fort. En plus, j’aime beaucoup Bruno Solo et j’étais ravie de tourner avec lui. Quant à Alix Poisson, je l’ai découverte et c’est une excellente comédienne.
Et puis, j’aime beaucoup mon rôle qui n’est pas une mère et grand mère traditionnelle. j’en ai marre de ces clichés de « mamies » de mon âge car aujourd’hui, elles s’assument vivent le temps présent, ont des activités, une belle vitalité, sortent, voyagent… J’ai voulu montrer tout ça, y introduire ma personnalité et je l’ai proposé au réalisateur qui a été OK.
Tu verras, tu vas découvrir un joli film.
Enfin, le théâtre !
C’est « La légende d’une vie », la seule pièce écrite par Stefan Zweig, pièce extraordinaire et inédite car elle a une histoire originale et maudite, qui l’a incité à ne plus en écrire.Raconte
D’abord, il pensait ne pas être un bon dramaturge. Elle se joue à Hambourg en 1910 sans succès sans compter qu’un des acteurs meurt après avoir reçu un projecteur sur la tête et un autre tombe dans la fosse d’orchestre. Du coup elle disparaît et lui aussi part avec sa seconde femme au Brésil où il se suicidera. Sa première femme s’empresse de faire disparaître la pièce car elle se calque un peu trop sur leur propre vie. Elle reparaît voici trois, quatre ans et Patrick Poivre d’Arvor en fait une adaptation peu convaincante. C’est Christophe Lidon qui prend le relais, l’adapte en la raccourcissant et la met au goût du jour. Le texte et le sujet sont formidables : l’histoire d’un jeune auteur (Gaël Girodeau) qui vit dans l’ombre de son père, poète connu internationalement et sa mère (Natalie Dessay) qui tourne autour du culte de son mari quant arrive une femme (moi) qui apporte une nouvelle qui va perturber l’ordre familial.

E D

C’est toi qui y a entraîné Natalie Dessay ?
Oui, elle avait enregistré un magnifique disque avec Michel mais elle avait envie de faire du théâtre. Elle hésitait car elle avait peur de ne pas être capable d’apprendre un texte long, de jouer tous les soirs alors que ce n’est pas le cas à l’Opéra. J’ai su la persuader car je savait qu’elle avait un immense talent, l’habitude de la scène et qu’elle est une immense travailleuse. Elle y est magnifique.
Tu pourras le découvrir puisque nous jouerons la pièce le dimanche 4 août au festival de Ramatuelle. Il y aura aussi quelques autres festivals (Fréjus, Gordes, Sisteron, Carcassonne…)
Et puis nous partirons en tournée pour trente dates. »

Comme on le voit, Macha a de la ressource et de l’énergie à revendre et l’on va suivre avec attention tous ses formidables projets qui vont lui permettre de Garder le cap et de penser à l’avenir.

Propos recueillis par Jacques Brachet

Toulon – Le Liberté
« Le jeu de l’amour et du hasard » : un spectacle fastueux

A

En cette soirée de mai 2019 Le Liberté, scène nationale, avait revêtu des habits comédie Française, pour accueillir la célèbre pièce de Marivaux «Le jeux de l’amour et du hasard» mis en scène avec maestria par Catherine Hiegel, qui fut entre autres emplois, sociétaire et «doyenne» de la Comédie Française. Elle a elle-même joué cette pièce dans la mise en scène de Maurice Escande en 1969.
Un décor, somptueux, classique : un magnifique jardin à la française devant une imposante maison de maître XVIII° siècle. On se trouve ainsi dans un lieu qui présente tous les détails de la réalité, ce qui est devenu rare au théâtre, et qui ma fois procure beaucoup de plaisir et de dépaysement, même si c’est le texte qui prime, et quel texte ! Une langue qu’il faudrait faire apprendre à tous les enfants de France. On évite ainsi les habillages pseudo contemporains trop employés ces dernières années. On est au théâtre, pour être transporté ailleurs : ce qui n’empêche pas de penser.
On connaît l’intrigue : Silvia et Dorante vont être mariés par leur père respectif. Mais Silvia veut un mari qui lui convienne. Pour l’observer elle décide, avec la complicité de son père que cela amuse, de se faire passer pour sa servante Lisette. Pour les mêmes raisons Dorante se fait passer pour son valet Arlequin. Ce changement d’identité et surtout de classe sociale permet à Marivaux de mettre à jour les préjugés, de bousculer les conventions, l’ordre social, les rapports maîtres et servants, tout en disséquant la naissance de l’amour, exaltant sa force qui emporte tout finalement, sans tenir compte des classes sociales. Chacun des maîtres amoureux se trouve confronté au dilemme : abandonner l’être aimé, ou passer par-dessus les conventions, ce qu’ils choisissent. Tout est bien qui finit bien, nous sommes dans la comédie, mais Marivaux nous aura fait nous poser de très graves questions tout en nous amusant. Ces difficultés de vivre son amour sans entraves sont toujours d’actualité, dans certains pays plus que d’autres, auxquelles s’ajoutent les questions de couleurs de peau et de religion. Jeux de l’amour certes, mais hasards provoqués quand même.

H G I
Vincent Dedienne avecLaure Calamy et Cyrille Thouvenin

D’une fenêtre d’un étage supérieur on voit et entend une violoncelliste qui ouvre le spectacle et qui ponctuera les changements d’acte.
La pièce est menée tambour battant par d’excellents acteurs qui jouent à fond. La direction d’acteur est irréprochable, et les trouvailles de mise en scène époustouflantes ; du grand art car tout coule de source et paraît évident. C’est un tourbillon qui vous emporte, avec un parti pris de comique irrésistible, semé de gags sobres et d’une terrible efficacité, surtout pour le duo Lisette-Arlequin. Laure Calamy (Lisette-Sylvia) joue avec un charme délicieux et une fougue dévastatrice (C’est Calamity Jane, dit mon amie). Comme on dit au cinéma, elle prend la lumière ; dès qu’elle apparaît la scène est envahie de sa présence. Vincent Dedienne (Dorante-Arlequin) est d’une truculence à toute épreuve ; grandiose d’humour dans ses poses qu’il croit être celles d’un maître, burlesquement physique, et ses sauts au final, quand il a obtenu l’accord de celle qu’il aime, sont dignes d’un danseur classique.
Je n’émettrai qu’un petit bémol : nous sommes en présence d’une langue de haute tenue qui demande la même hauteur de ton. Ce à quoi s’astreignent avec brio les comédiens. Cependant il arrive assez souvent à Clotilde Hesme d’avoir une intonation, une façon de parler des filles d’aujourd’hui qui nuit quelque peu au personnage. Par contre ses véhémences sont monumentales.
Les autres comédiens sont Alain Pralon (le père) heureux de s’amuser à sa farce, et Cyrille Thouvenin (Dorante), plus en retenue que les autres, Emmanuel Noblet (le frère).
Il faut noter les décors de Goury, les costumes de Renato Blanchi : belle interprétations des costumes XVIII° siècle, et les lumières de Dominique Borrini ; tous contribuent à la beauté et à la réussite de cette mise en scène.
Spectacle fastueux qui fut applaudi par de nombreux rappels y compris par les lycéennes et lycéens. Il est capital de les mettre en présence de ce grand théâtre du répertoire, surtout quand il est présenté avec une telle approche et de tels talents.

Serge Baudot

B

Vincent DEDIENNE, curieux et gourmand
Marivaux, Ovide, Nietzsche, Ella Fitzgerald, la télé, le cinéma, l’écriture, la radio, la scène seul ou accompagné… Vous avez dit boulimique ?
Dix ans de carrière à peine et Vincent Dedienne a déjà touché à tout. Et touché avec talent car il est un artiste complet et surdoué.
Il me reçoit dans sa loge du Liberté avec un grand sourire et j’ai beaucoup de chance car, m’avoue-t-il, en tournée il accueille peu de journalistes. Alors, pourquoi moi ?

« Parce que vous avez un nom qui me plaît et un beau cahier pour prendre des notes », me dit-il en riant. Je me contenterai de cette joyeuse réponse.
Nous parlons d’abord de cet éblouissant Marivaux qui de sa part, mais comme il le fait souvent, nous surprend car il n’est jamais là où on l’attend. Il rit de cet aparté. D’ailleurs il rira souvent durant notre trop court entretien car il est à quelques minutes de passer son habit d’Arlequin déguisé en bourgeois.
Comment êtes-vous venu à jouer ce classique des classiques, Vincent ?
Grâce à Catherine Hiegel et au hasard. Nous ne nous connaissions pas et nous sommes croisés dans la rue. Elle connaissait mon spectacle et très vite elle m’a dit qu’elle me verrait bien dans le rôle d’Arlequin. Nous avons déjeuné ensemble, nous avons parlé de Goldoni, de Marivaux et très vite on s’est mis d’accord sur « Le jeu de l’amour et du hasard ». C’est allé très vite puisque notre rencontre a eu lieu en mai et l’adaptation était prête en décembre.
Nous avons joué cent représentations à Paris puis la tournée. Nous en sommes à quatre spectacles de la fin et nous aurons donné trente-quatre représentations en Province.
En 2018, vous avez joué trois pièces ; « Le jeu de l’amour et du hasard », « Callisto et Arcas » d’Ovide, « Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche » d’Hervé Blutsh.. Presque en même temps… Comment faite-vous ?
Il part d’un grand rire : C’est vrai que je jouais quelquefois en même temps, un autre jour, dans un autre lieu ! Comment je fais ? dans ces cas-là, je fais confiance à la SNCF !

E Emilie Incerti Formentini et Vincent Dedienne
« Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche » – « Callisto et Arcas« 

Qu’est-ce qui vous fait courir ainsi ?
Ce qui me fait courir c’est la curiosité la gourmandise et le hasard des propositions. Rassurez-vous, je ne suis pas schizophrène ! Mais je me dis qu’en ce moment tout va bien, on me propose plein de choses et dans ce métier on ne sait jamais si ça va s’arrêter. Alors j’en profite au maximum.
Comment passe-t-on de la Comédie de St Etienne où vous avez étudié et joué les classiques, au one man show ?
C’est le contraire qui s’est passé ! Tout jeune, j’ai un jour découvert Muriel Robin. J’ai été ébloui et je me suis dit : « C’est ça que je veux faire ! ». Et je l’ai fait. La Comédie de St Etienne est venue après. Le hasard encore. C’est un ami qui passait un concours et qui m’a demandé de lui donner la réplique. J’ai alors découvert qu’il existait autre chose que l’humour, de belles pièces, de beaux textes. C’est ce qui m’a amené au théâtre.
Vous voilà encore à la radio, France Inter, « Les grosses têtes » sur RTL, puis à la télé dans « Quotidien » de Yann Barthès sur TMC entre autres, « Burger Quiz » encore…
« Burger Quiz », c’était juste parce qu’Alain Chabat m’a demandé de le remplacer deux ou trois jours. Quant aux autres, c’est toujours le hasard, les propositions, la curiosité. Et ça me plaît de varier les plaisirs.

D C
« Premières vacances » avec Dominique Valadié – « La fête des mères » avec Nicole Garcia

Il y a encore le cinéma et là, ça commence à prendre de l’ampleur avec des films qui se suivent et ne se ressemblent pas…
Oui, en 2018 j’ai tourné « La fête des mères » de Marie-Castille Mention-Schaar avec plein de belles comédiennes, en particulier Nicole Garcia dont je jouais le fils. Puis il y a eu « Premières vacances » de Patrick Cassir avec les deux Camille, Cottin et Chamoux et Dominique Valadié. J’ai enchaîné avec « L’étreinte » réalisé par Ludovic Bergery, avec Emmanuelle Béart et le vais partir pour deux mois à la Réunion pour tourner dans la jungle une comédie, un film d’aventure justement nommé « Terrible jungle », d’Hugo Banamozig et David Caviglioli avec… Catherine Deneuve !
Ca va pour vous ?! Beau cadeau d’anniversaire pour vos dix ans de carrière !
(Il marque un temps, surpris) Mais c’est vrai ! Je n’avais pas réalisé que j’ai débuté à ma sortie d’école, en 2009. Tout s’est en fait enchaîné et je n’ai pas vu le temps passer !

Propos recueillis par Jacques Brachet

Six-Fours prépare la fête des voisins

B

20 ans.
Vingt ans déjà que chaque année, Six-Fours organise la Fête des Voisins qui, partie de Paris, a conquis toute la France pour célébrer cette fête quasi nationale.
Elle aura lieu cette année le vendredi 7 juin et le principe en est simple : chaque quartier s’associe pour une rencontre festive à laquelle chacun apporte qui un plat salé ou sucré, qui des boissons, pour partager une soirée de rencontres.
Rencontres très importantes pour connaître les voisins qui vivent autour de nous, certains âgés, certains solitaires, afin de faire connaissance et passer une soirée de convivialité qui débouche souvent par des relations amicales et qui resserrent les gens d’un quartier, un lotissement, un immeuble.

A
Le maire et ses « trois grâces »

Chaque année le nombre de points de rencontres s’amplifie. 69 l’an dernier, qui ont réuni quelque 3000 personnes. Le record sera-t-il battu cette année ?
Le lancement de cette jolie manifestation a donc été faite cette année ce samedi 20 avril, en présence du maire de Six-Fours, Jean-Sébastien Vialatte et, comme il les appelle, « ses trois grâces » qui ne sont autres que les trois adjointes de quartiers : Delphine Quin, adjointe du quartier Cap Sicié/Cap Nègre, Nadine Espinasse, adjointe du quartier Tante Victoire, Christiane Giordano, adjointe du quartier du Fort.
Chaque responsable doit donc inscrire son quartier à partir du 23 avril à la Mairie qui offrira, à partir du 30 avril, sur demande, son aide en mettant à disposition tables, chaises, nappes, ballons, affiches et tee shirts au logo de la Fête des Voisins. Nos trois adjointes seront là pour aider les six-fournais et proposera des passages de musiciens et danseurs dans chaque lieu qui sera investi par la fête, sans compter des animations qui seront proposées au centre-ville. Cette année les animations auront pour thème le Mexique et rien ne vous empêche de devenir pour un soir des mexicains !
Cette année aussi, reconduction du concours photo chacun usant de ses dons artistiques et créatifs pour réaliser des photos originales à envoyer à l’adresse suivante : maphotofetedesvoisinssixfours@gmail.com en précisant bien l’organisateur et l’adresse où le cliché a été pris. Les meilleures photos seront publiées sur le profil facebook de la ville et le bulletin municipal de l’été.
Enfin pour prolonger ce moment de convivialité, la mairie propose de fêter l’été, le 21 juin à partir de 16 heures, autour d’un grand pique-nique dans le parc Jean robert. Il vous suffit d’apporter votre pique-nique, d’emmener vos voisins et amis, tables et chaises seront installées, un apéritif sera offert par la mairie, le tout accompagné d’un concert de jazz. D’ailleurs tous les artistes y seront les bienvenus. Les enfants ne seront pas oubliés puisque des animations diverses leur seront proposées.

C D E
Delphine Quin, Nadine Espinasse, Christiane Giordano

Lors de cette réunion, Le maire en a profité pour parler de l’incendie de Notre-Dame de Paris, ajoutant que les dons étant faramineux, il a préféré garder ceux de la ville pour la rénovation des divers monuments de la ville et a engagé les six-fournais à en faire autant. Certains bâtiments ont aussi besoin de soutiens, dans tout le sens du terme !
La fête s’annonce encore une fois festive, d’autant qu’on n’a pas tous les jours 20 ans.
Pour tous renseignements, l’on vous conseille de vous adresser au coordinateur de l’événement, Gérald Lerda, au 04 94 34 93 69 ou au 06 76 72 38 14
Nous souhaitons à tous une bonne fête.

Jacques Brachet

Toulon – événement
BARTABAS dans nos murs avec son théâtre équestre Zingaro

C
Hubert Falco, président de la Métropole TPM, Bartabas, Pascale Boeglin Rodier, co-directrice de la scène nationale Le Liberté-Châteauvallon, et Robert Beneventi, maire d’Ollioules, conseiller régional et vice-président de TPM.

C’est un magnifique événement qui va se dérouler à Toulon du 19 novembre au 15 décembre grâce à la scène nationale Le Liberté-Chateauvallon : la venue de Bartabas et de son spectacle équestre Zingaro.
Il nous proposera son ultime spectacle « Ex Anima » sous chapiteau, sur les plages du Mourillon pour 20 représentations, les mardis, vendredis et samedis à 20h30 et les mercredis et dimanches à 18h30
« Comme un souffle de l’âme, un cheval hennit quelque part jusqu’à la fin du monde ». S’inspirant de cette phrase de Joseph Delteil, Bartabas crée une ode à la gloire du cheval sans cavaliers ni voltigeurs.
Quand les chevaux deviennent les acteurs de leur propre spectacle, c’est tout à coup une magie nouvelle, imprévue, qui surgit. Pour « Ex Anima » qu’il présente comme son « ultime spectacle », Bartabas laisse tout l’espace à l’animal qui prend, seul, la lumière. Il en résulte des scènes à la beauté soufflante, telles ces colombes qui se posent, une à une, sur le dos d’un irish cob. Jamais, peut-être, l’artiste n’avait atteint un tel sens de l’épure. Sur une musique puissamment animiste, il célèbre les chevaux avec une tendresse infinie et en révèle la beauté sous mille facettes. Auréolé de son mystère, le cheval apparaît sous un jour à la fois poétique et à certains égards, proche de l’humain auquel il tend un déroutant miroir.
« J’ai vu parfois dans le regard du cheval, la beauté inhumaine d’un monde d’avant le passage des hommes » nous dit-il.
Pour cet extraordinaire événement qu’on attendait depuis longtemps, Bartabas était l’invité d’Hubert Falco, président de la Métropole TPM, Pascale Boeglin Rodier, co-directrice de la scène nationale Le Liberté-Châteauvallon, et Robert Beneventi, maire d’Ollioules, conseiller régional et vice-président de TPM.

D E

Chacun de vos spectacles semble trouver sa genèse dans le spectacle précédent. Qu’y avait-il dans « On achève bien les anges » qui vous a conduit à créer Ex Anima ?
Avec le temps, ma relation avec les chevaux évolue. Elle s’approfondit. Je travaille avec eux, je les regarde vivre, je comprends chaque jour un peu plus, spectacle après spectacle, ce qu’ils m’apportent. C’est comme cela qu’aujourd’hui il m’a semblé qu’il était temps pour moi de leur rendre un hommage à la hauteur de ce qu’ils m’ont donné, de les célébrer comme les acteurs véritables de notre Théâtre équestre. Voilà presque trente ans qu’au coeur de l’aventure de Zingaro les chevaux vivent et travaillent à nos côtés (certains sont là depuis vingt ans). Ils sont les inspirateurs de nos créations, notre moteur de désir. Nous nous sommes servis d’eux depuis tant d’années, à notre tour de les servir. Je parle aussi bien de Zingaro que de l’humanité en général, les chevaux ont payé un lourd tribut à l’humanité dans les siècles passés.
La phrase de Joseph Delteil « Comme un souffle de l’âme, un cheval hennit quelque part, jusqu’à la fin du monde » pourrait être l’argument poétique de ce spectacle…
Oui, et j’ai fait le pari que non seulement une telle « démonstration » pourrait constituer un spectacle entier mais que ce spectacle-là saurait emmener les spectateurs au plus près des chevaux, de ce qu’ils sont vraiment quand ils ne sont pas eux-mêmes en représentation, pour qu’ils découvrent d’autres beautés, pour qu’ils leur apprennent à s’ensauvager.
Des chevaux et des hommes. Sur la piste, pas de cavaliers, pas de voltigeurs, pas d’exploits. Des femmes et des hommes, à pied, dans l’ombre, et des chevaux dans la lumière...
Les interprètes de la compagnie seront là, mais différemment, en effet ils ne seront pas des cavaliers, il seront des ombres, vêtus d’habits sombres, à la façon des « acteurs » visibles/invisibles du bunraku, au service des chevaux. Il faudra qu’ils se dépouillent de leur égo, de leur corps individuel au profit d’un corps partagé. Il ne s’agit plus alors de proposer au public d’apprécier une technique, une virtuosité, mais bien d’accepter humblement de recevoir les leçons que les chevaux nous donnent, de comprendre qu’ils sont « une partie mémorielle de nous-mêmes » comme l’écrit Michel Onfray.
Peut-on dire que vous prenez là un risque majeur avec un tel spectacle ?
Il y a bien sûr un risque énorme à construire un spectacle de la sorte, unique je crois, où le metteur en scène n’a plus aucune prise sur l’impondérable. Jamais je n’ai été dans un tel état d’incertitude. Les chevaux referont chaque soir ce qu’ils ont à faire seulement s’ils le veulent bien. Il n’y a pas de garde-fou, ni de cavalier pour les guider. En même temps, la beauté du spectacle tiendra à ça, à la façon dont chaque cheval se saisira de sa liberté. Ce ne sera pas pour autant un spectacle « désordonné », les séquences sont construites, fortes de l’apprentissage quotidien, de toute la connaissance que nous avons de nos chevaux, de la confiance que nous leur faisons. Nos chevaux « comprennent » ce qu’ils ont à faire. Mais il faut accepter qu’ils le fassent à leur manière, et cette manière on ne pourra évidemment pas la contrôler de façon précise.

B

Le titre « Ex Anima » évoque à la fois l’âme et le souffle ; ceux du cheval, ceux de la musique ?
S’il est un thème dans ce spectacle, c’est en effet le souffle, le souffle puissant et sonore des chevaux, et en même temps le souffle comme principe vital et spirituel qui anime les corps. La musique originale du spectacle ne pouvait être alors que celle qui naît d’instruments « à souffle ». La flûte a des origines immémoriales, comme le cheval elle nous transmet quelque chose de l’histoire profonde des hommes. Dans Ex Anima, on entendra des Hulusi (flûtes de Chine), des Tin-Whistles (flûtes d’Irlande), des Bansuri (flûtes d’Inde du Nord), des Shakuhachi, des Ryuteki, des Nokan (flûtes du Japon).
Pourrez-vous jamais atteindre un degré supplémentaire dans votre relation au cheval ? À propos d’ »Ex Anima », vous parlez d’ultime création…
Si le spectacle fonctionne comme je l’espère, que puis-je faire après ? Je vois bien, sans le vouloir vraiment, que c’est là un achèvement. Je fais un rêve depuis quelques temps, je vole. Je vole comme s’il était normal de voler. Cela vient je crois de ces moments, dans le Centaure et l’Animal, où, sur mon cheval Soutine, bras écartés, j’avais réellement l’impression de voler. Alors, après ce spectacle, entreprendre un voyage extatique avec lui, façon Pégase ? Est-il bien certain que ce jour-là je pourrai emmener le public avec moi ?

Photos Marion Tubiana

35ème édition du Festival de Ramatuelle
Michel Boujenah avare et directeur artistique !

A

Le restaurant les Jumeaux ayant vécu, c’est un autre lieu qui devient le quartier général du Festival de Ramatuelle : la Séréna, sur la plage de Pampelone, chaleureusement accueillis par son directeur Térence Turchi-Fridrici et bien évidemment la présidente du Festival, Jacqueline Franjou, Michel Boujenah, son directeur artistique et toute leur équipe.
Avant d’attaquer le programme de la 35ème mouture du festival, Michel nous parle de son projet immédiat qui démarrera mardi prochain pour dix-huit représentations, au théâtre Athéna d’Antibes : « L’avare » de Molière.
Invité par son directeur Daniel Benoin, c’est une création qui prend en ce moment toute la tête et tout le temps de notre ami qui y est en pleine répétitions.
« En ce moment, je vis avec Harpagon, il m’a envahi, il me prend la tête, le corps, le cœur et du coup, passer une journée à Ramatuelle me fait le plus grand bien.
Mais bon, j’ai accepté, alors que je devais être en vacances et que j’ai encore quelques dates de mon one man show. Mais je ne pouvais pas rater un tel rôle car je crois que je vais jouer le personnage le plus riche que j’aie eu à interpréter. C’est Daniel Benoin qui me l’a proposé, qui en a fait les décors qui sont somptueux. L’équilibre décor/jeu est à tomber par terre.
Harpagon est un personnage incroyable à jouer car en fait ce n’est pas un radin mais un homme malheureux. C’est un personnage que j’aime, même s’il est détestable. Il est ambigu et difficile à cerner. Michel Bouquet qui l’a beaucoup interprété m’a dit qu’il avait mis quinze ans à le comprendre ! « .

D E

On sent tout à la fois la passion, l’exaltation et… le stress que Michel a à entreprendre cette belle aventure.
Mais revenons au Festival de Ramatuelle qui se déroulera donc du 1er au 11 août, avec, pour entrée en matière, les Nuits Classiques qui se dérouleront juste avant, les 27, 28 et 30 juillet, dont on reparlera avec Jacqueline Franjou.

« Pour débuter, le 1er août, nous avons choisi un chanteur au charme certain, à la voix de velours, aux yeux revolver : Marc Lavoine. C’est un artiste à la fois affirmé et atypique, chanteur et comédien attachant, élégant, discret, qui a su mener une carrière sans faille et a su traverser les décennies. J’adorerais le diriger dans un film. Son seul défaut : il est plus beau que moi et ça m’énerve ! Mais il va bien dans le cadre de Ramatuelle.
Le 2 août, nous recevrons ceux qui sont devenus les pensionnaires de festival : Philippe Lellouche, Christian Vadim, David Brécourt pour la pièce de et mise en scène par Philippe : « Le temps qui reste ». Ils sont beaux (encore !), talentueux et les recevoir c’est un peu comme une série dont on suivrait chaque épisode. Quant à la petite nouvelle, Mélanie Page, elle est belle et joue magnifiquement.

C

Et voilà que le 3 août revient Virginie Hocq. Elle était venue pur la soirée de l’humour et avait, la pauvre, dû patient jusqu’à minuit pour entrer sur scène. Cette fois elle vient pour la pièce d’Emmanuel Robert-Espalieu « C’était quand, la dernière fois ? » avec Zinedine Soualem. Virginie est l’une des comédiennes les plus douées de sa génération. On va la découvrir sous une autre facette.
Le dimanche 4 août, nous recevrons « La légende d’une vie », une superbe pièce de Stephan Zweig, avec deux remarquables comédiennes : Macha Méril et Natalie Dessay. Avec aussi Bernard Alane, Gaël Girodeau et Valentine Galey. C’est une grande pièce à la fois exigeante et populaire, comme quoi les deux peuvent aller ensemble. J’ai vu la pièce alors que Michel Legrand, le mari de Macha, était encore là. Il venait de faire un disque et un spectacle avec Natalie Dessay et les retrouver toutes les deux est très émouvant. Je suis très heureux d’accueillir cette pièce.
Sans le faire exprès nous avons cette année nombre de spectacles qui ont reçu un Molière, alors qu’on les a signés avant, ce qui nous fait très plaisir et prouve que Jacqueline et moi avons bon goût et qu’on a du flair ! Nous essayons de donner du plaisir aux spectateurs sans tomber dans la facilité, en étant exigeants et en offrant la qualité. Et si « La machine de Turing » de Benoît Solès n’a pas encore eu de prix, ça ne saurait tarder. C’est pourquoi nous la présenterons le lundi 5 août. J’espère que le public nous fera confiance et viendra la découvrir.
Que dire de Zazie, qui viendra le mardi 6 août, sinon que, comme Marc Lavoine, je la voulais depuis longtemps. Elle vient de sortir un magnifique album et nous prouve à chaque fois qu’elle est une grande artiste.
Le mercredi 7 août, nous aurons la pièce de François Bégaudeau « Le lien » avec Pierre Palmade et Catherine Hiegel. Duo inattendu et surtout grand risque pour Pierre qui sort des personnage que l’on connaît, auprès d’une comédienne hors pair qui est, mieux qu’une Rolls, une Bentley ! Elle est incroyable et vient à Ramatuelle pour la première fois. C’est une histoire de famille, sujet que j’aime particulièrement avec une confrontation frontale incroyable. C’et à la fois drôle et émouvant. La pièce se passant dans un appartement avec un décor important, du coup je le fais jouer dans un jardin !
Alors qu’à Paris, il y a 150 humoristes qui jouent chaque soir, ceux qui ont du talent sont quelquefois noyés dans la masse. Caroline Vigneaux, qui viendra présenter son one woman show « Croque la pomme » le jeudi 8 août, est un vrai talent. Elle est drôle, intelligente, gonflée sans jamais être vulgaire et en plus, elle est belle. Elle porte la parole des femmes et ça ne rigole pas, elle y va… et on rigole ! Elle viendra accompagnée en première partie d’Elodie Pou dont on commence à beaucoup parler.
Vendredi 9 août, un habitué, Nicolas Briançon, revient vendredi 9 août en compagnie d’Anne Charrier, François Vincentelli et Sophie Artur avec une pièce increvable qu’il met aussi en scène : « Le canard à l’orange » . Ils y sont magnifiques et drôles et on sent leur complicité et leur plaisir à la jouer.

B
Michel, Jacqueline, Terence (foulard) et les autres, sponsors et équipe du festival

Samedi 10 août, c’est Richard Berry qui viendra, seul en scène présenter « Paidoiries – Je vous demande l’impossible ». C’est Matthieu Aaron qui a rassemblées des plaidoiries, choses qu’on ne peut jamais lire. Il a choisi cinq affaires judiciaires signées entre autres Gisèle Halimi, Paul Lombard, Jean-Pierre Mignard… Certains avocats sont de véritables comédiens, Richard Berry incarne un excellent avocat.
Enfin, le dimanche 11 août, la clôture sera étincelante et c’est la surprise que je vous réservais puisque Gérard Depardieu en personne viendra chanter Barbara. Je l’ai beaucoup supplié car au départ il voulait arrêter de jour ce spectacle. Il ne pensait pas qu’il aurait un tel succès. Je l’avais rencontré sur un tournage et durant celui-ci, ma mère lui avait confectionné un couscous dont il se souvient encore ! Ce fut une soirée mémorable et ça a dû aider à le décider. Quant à Barbara, j’avais été voir son spectacle et elle m’avait subjugué. Allant la voir en coulisses pour lui dire : « Laissez-moi vous aimer », je n’en eus pas eu le temps. Elle m’a pris dans ses bras et m’a dit : Alors, où tu en es ? ». Ce fut un grand moment.
Grand moment aussi, comme à chaque fois, que de retrouver l’ami Boujenah, si volubile, si sincère, si sensible, si passionné, si fidèle aussi.
Tout à sa pièce et son festival, il en a retardé, au grand dam de ses producteurs, le film dont il a terminé le scénario « Frères » et qu’il devrait tourner… Dès que possible. Seule certitude. S’il démarre à Paris, il se terminera dans la région. Nous y serons… dès que possible !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

AIX en PROVENCE : FESTIVAL DU TAMBOURIN

Final_Festamb_AFFICHE_WEB

La Ville d’Aix-en-Provence et l’association culturelle provençale « Li Venturié » s’apprêtent à fêter la 33ème année d’existence du Festival du Tambourin.
Ce festival met en avant le Galoubet et le Tambourin, instruments provençaux par excellence. Rassemblement, concerts, balèti, conférence et forum réunissant facteurs d’instruments et exposants sont au programme. Un événement annuel à ne pas rater pour tous les tambourinaires et les curieux.
Une scène ouverte permettra à des ensembles musicaux, confirmés ou nouvellement créés, de se produire devant des spectateurs à travers des morceaux de musique, traditionnels ou actuels. Simultanément, dans le hall du conservatoire, des stands de facteurs d’instruments, d’éditeurs de musique pour tambourin ; d’associations spécialisées ou de discographies proposeront au public la large gamme de production.
Cette manifestation originale contribue à la connaissance et à la reconnaissance du galoubet-tambourin, instrument emblématique de Provence, en mettant en exergue tant son aspect traditionnel que contemporain.

Download

Mercredi 24  avril , de 19h00 à 20h30 à  l’Oustau de Prouvènço
Conférence de Sylvain Brétéché : «L’exotisme provençal dans la musique savante»
20h30 Un concert gratuit  avec le groupe «Lei Veirèn Bèn » (Entrée gratuite)
Jeudi 25 avril
20h30  salle des Arcades, 6 Place Barthélémy Niollon
Concert des « Cigales Engatsées »
Samedi 27 avril 14h 00 place des Martyrs de la Résistance (vers le cours Mirabeau) près de 200 tambourinaires joueront ensemble. Les participants arrivent de tout l’espace géographique où se pratique actuellement le tambourin : Provence-Alpes-Côte d’Azur, Drôme, Gard, Hérault. Ce rassemblement est tout à la fois un instant privilégié de rencontre, de partage entre musiciens et un enchantement pour le public toujours fidèle au rendez-vous
16h00, Conservatoire : Forum du Tambourin  (Entrée libre).
Programme complet sur : liventurie.org ou aixenprovence.fr

Collectif Manifeste Rien : une vocation jamais démentie,
actualité brûlante de l’éducation populaire…

Communiqué MR Théâtre populaire 3 exils d'Algérie

Tout en préparant sa prochaine création « Homo ça coince ! » dont la première sera donnée les 23 et 24 mai prochains Scène Nationale Le Liberté à Toulon, le Collectif Manifeste Rien n’en poursuit pas moins sa mission au plus près d’un large public en se produisant dans les théâtres de quartier, dans les centres d’animation et centres sociaux, dans les établissements scolaires et pénitentiaires. Les pièces présentées hors les murs ne sont jamais livrées brutes, elles sont accompagnées en amont d’ateliers de médiation et sciences humaines et en aval de débats constructifs.
En ce mois d’avril 2019, le Collectif a présenté « Rappel à l’ordre ! » à la prison de Salon-de-Provence et il sera bientôt à la Maison pour tous La Maurelle à Marseille et au lycée Pasquet à Arles avec « Les 3 exils d’Algérie »…
Deux spectacles qui déconstruisent le temps et nous permettent ainsi d’éclairer le présent par le passé : « Rappel à l’Ordre ! », en lien avec les luttes sociales et violences judiciaires d’hier et d’aujourd’hui, » Les 3 exils d’Algérie » revenant sur la pluralité de l’Algérie alors que le peuple se défait d’un pouvoir unique.

thumbnail_3 exils d'Algérie panorama- Manifeste Rien

Les 3 exils d’Algérie :
Un voyage qui nous mène des débuts de la colonisation française à l’indépendance algérienne entre mémoire et histoire, entre quête personnelle et enquête historique…
La comédienne Virginie Aimone donne vie à des photos de famille qui révèlent d’arbitraires ruptures qui marqueront plusieurs générations. Créant les lieux d’échanges et de batailles, elle interprète les personnages de différentes époques : des leaders algériens, de grands rabbins, un enfant et sa mère débarquant dans cet autre pays qu’est la France…
Cette adaptation du livre de Benjamin Stora nous fait découvrir la richesse et la complexité des relations entre juifs et musulmans en reconstituant les trois exils des juifs d’Algérie qui sont sortis par trois fois de ce qui était leur univers familier : ils sont passés de l’indigénat à la citoyenneté française avec le décret Crémieux en 1871 puis ont été rejetés hors de cette citoyenneté en 1940 avec les lois de Vichy.
À Salon-de Provence, à Arles comme à Marseille, les représentations sont précédées par des ateliers de médiation et sciences humaines avec Marie Beschon, anthropologue, chercheuse associée au Collectif Manifeste Rien, s’appuyant sur des matériaux hétérogènes
Après les représentations, un débat en présence de l’auteur – metteur en scène Jérémy Beschon permet aux participants de partager leur analyse critique et d’approfondir les réflexions suscitées par la pièce sur le déracinement, les traces laissées par l’histoire, l’histoire qui éclaire le présent…

couv-stora Communiqué MR Théâtre populaire 3 exils d'Algérie

Maison pour tous La Maurelle à Marseille (13013) le 25 avril à 18h
Lycée Pasquet à Arles le 29 avril à 14h
Ateliers à Marseille les 19 et 23 avril, à Arles le 29 avril.
Débats suite aux spectacles les 25 et 29 avril.
http://manifesterien.over-blog.com – https://www.facebook.com/events/2313247368919059/

NOTES de LECTURES

Izaguirre vuillardVincent

Marian IZAGUIRRE : D’Elisabeth à Térésa (Ed Les Escales -379 pages)
Traduit de l’espagnol par Hélène Melo
Ecrivain vivant à Madrid, auteur d’une dizaine de romans, Marian Izaguirre publie en français un deuxième livre, après « La vie quand elle était à nous ».
C’est l’histoire de deux femmes ayant vécu à cent ans d’intervalles dans le même lieu sur la Costa Brava.
Le récit est raconté par une personne déclarant qu’elle connaît Térésa Mendieta depuis qu’elle est enfant. On apprendra plus tard qu’il s’agit de Philippe son maître d’armes qui est parti à la recherche de Térésa, brusquement disparue.
Nous sommes le 4 octobre 2009. Térésa est en train de fermer l’hôtel qu’elle tient avec quelques employés et qui est près de la faillite. A l’origine c’était une maison avec une tour carrée flanquée de quatre horloges, magnifiquement située sur une falaise en bord de mer, qui a été agrandie pour devenir un hôtel. Cette maison a été léguée à la famille de Térésa par Elisabeth Babel, femme sourde et muette qui s’écrivait à elle-même des lettres que Térésa a trouvées dans une boite en fer.
Le roman va alterner les épisodes de la vie de Térésa avec les lettres d’Elisabeth, datées de 1915 à 1931, qui sont comme un journal intime.
Le lecteur va ainsi découvrir parallèlement la vie de ces deux femmes qui malgré le siècle qui les sépare présente des goûts, des apprentissages, des expériences, des joies et des souffrances assez identiques au point d’en être troublantes dans leurs similitudes.
Un long roman dans lequel la vie des deux héroïnes en Catalogne émeut et interroge sur la place de la femme, sur la difficulté à trouver le bonheur et l’équilibre quand on ne trouve pas l’amour.
L’écriture en chapitres alternatifs au gré des personnages et des narrateurs rend le suivi de l’histoire parfois complexe.
Éric VUILLARD: La guerre des pauvres ( Ed Actes sud – 68 pages)
C’est le récit flamboyant d’un homme qui, meurtri dans son cœur et dans son âme lorsqu’il assiste à douze ans à la pendaison de son père, va se battre par la parole. La parole dans les églises, la parole sur les places de village, la parole qui réclame réparation pour les pauvres laïcs et paysans.
Thomas Müntzer, né en Bohême au XVIème siècle, n’est pas le premier à se révolter. D’autres en Angleterre comme John Bull, Wat Tyler, Jack Cade ont fait trembler la royauté et l’église. Et désormais avec l’invention de l’imprimerie, la Bible est accessible, le quotidien des pauvres ne correspond pas à la promesse du Christ, un Christ crucifié entre deux voleurs.
«Pourquoi le Dieu des pauvres est-il si bizarrement du côté des riches, avec les riches ?»
La Bible est maintenant traduite en allemand, la messe doit être dite en allemand pour que tout le peuple entendre la sainte parole. Et Müntzer, prédicateur à Zwickau, puis en Bohême s’enflamme, écrit, s’adresse aux princes, une colère gronde en lui, elle s’exprime et le peuple des paysans munis de fourches ira se battre contre les puissants. La violence, la folie de Müntzer deviennent du délire. Mais face à l’armée de l’Empire, c’est le chaos, une troupe de vagabonds contre des princes armés, c’est le massacre, le pillage et le triomphe du prince. Des milliers de morts semble le prix à payer quand on est pauvre. La guerre des pauvres connaîtra-t-elle une issue ?
Éric Vuillard, récompensé par le prix Goncourt pour «L’ordre du jour» en 2017, écrit ici avec force la révolte, le combat des petits, l’illumination de certains qui «gueulent leur foi, rameutent la misère, la rage, le désespoir et l’espoir».
L’auteur n’a que les mots, mais les mots d’Éric Vuillard résonnent très fort aujourd’hui au XXIème siècle, des mots qu’on entend sur nos ronds-points. Des mots à transmettre car jusqu’à présent les révoltes au nom de Dieu, de l’injustice, de la violation des droits n’ont jamais transformé la réalité.
Et de cela, chacun doit être conscient et responsable.
Gilles VINCENT : Peine maximum (Edi Cairn – 214 pages)
Février 1947, un petit garçon assiste à la pendaison de son père, «chasseur de Juifs». Soixante ans plus tard Marseille découvre, chaque jour le corps supplicié d’un vieillard. L’enquête va révéler l’origine juive des victimes.
Un ex-flic et une jeune psychanalyste vont se lancer dans une course folle contre l’Histoire refoulée de la Libération. Ils ont six jours pour trouver le coupable. La barbarie des meurtres monte en puissance.
Sur fond d’holocauste, ce roman noir, sur la mémoire du passé et sur l’héritage que l’on transmet à ses descendants, est bouleversant.
Le tueur n’avait jamais eu peur de la mort. Ce n’est pas elle qu’il fuyait depuis des années, mais sa propre histoire.

Barry2 ventrelli Robert gwenaëlle

Rodolphe BARRY : Honorer la fureur.(Ed. Finitude- 280 pages)
Sans doute fasciné par l’environnement de quelques écrivains américains, Rodolphe Barry nous livre après son «Devenir Carver» un deuxième roman biographique autour de James Agee cette fois.
Il s’agit de suivre le cursus de cet auteur sans concession, anarchiste, alcoolique et révolté du capitalisme américain, décédé en 1955 à New York.
Les premières pages du roman s’ouvrent sur le bureau de James Agee alors que celui-ci en équilibre sur la margelle de sa fenêtre considère la ville du haut de l’immense Chrysler Building en plein centre de Manhattan.
Engagé comme journaliste à «Forme épanouie du mensonge» par le magasine  » Fortune », l’écrivain, poète non identifié, davantage reporter engagé que rapporteur d’idéaux d’une société libérale, végète dans une attitude résignée, persuadé qu’il est de l’inutilité de son travail.
L’espoir survient lorsque son rédacteur en chef l’envoie dans le sud des États Unis faire une enquête sur la vie des métayers dans l’Oklahoma. Il sera accompagné de Walter Evans photographe.
Un road movie au départ de New York, dans les années 30, en pleine Grande Dépression!
S’ils paraissent dissemblables physiquement, les deux engagés travailleront dans une parfaite communion avec le souci de rendre le plus fidèlement possible la pénibilité des conditions de travail, la pauvreté des foyers, la docilité et l’endurance des ouvriers agricoles. D’abord accueillis avec réserve par les populations, ils s’attacheront à ces familles de fermiers. De belles rencontres, les photos comme les textes dénonceront le modèle libéral américain «une abjection» aux yeux de James Agee. Ces cris de colère ne satisferont pas le magasine
Le lecteur en revanche sera séduit par l‘exactitude et la véracité des scènes racontées. L’écriture de Rodolphe Barry, rapide, efficace, entrecoupée de mini-dialogues, empreinte parfois de termes volontairement surannés, prête aux descriptions un exotisme attachant.
Si pour « Fortune » l’exercice n’est pas réussi, le nom du journaliste, se met à circuler et attise la curiosité de l’intelligentsia américaine. La personnalité de l’écrivain séduit jusqu’à la côte ouest. On aime ses indignations, sa sensibilité, ses engagements et même ses addictions.
Il pourra alors se proposer entre autres, à la rédaction du scénario de « La nuit du Chasseur », de Charles Laughton, de se lier d’amitié avec Charlie Chaplin qui partage ses idées, de faire vivre sa famille, de subvenir à ses mariages successifs et d’honorer son addiction au whisky… jusqu’à la dernière cuite.
Bien documentée grâce à l’échange épistolaire retrouvé avec le révérend Flye, cette vie retracée, cette belle épopée, est celle d’un homme derrière une œuvre.
Quand un écrivain raconte un autre écrivain… à découvrir !
Rosa VENTRELLA : Une famille comme il faut (Ed :Les escales – 282 pages)
Traduit de l’italien par Anaïs Bouteille-Bokobza
Pas facile d’être la fille de Tony Curtis dans cette petite ville des Pouilles dans le sud de l’Italie, d’être un être rebelle, aux jambes fluettes, au torse creux,aux oreilles proéminentes, aux mèches folles et au teint si mat qu’on l’a surnommée Malacarne. Pas forcément un modèle de douceur cette petite fille, surtout avec un père pêcheur, beau comme Tony Curtis, qui souvent règne chez lui par les accès de violence, une mère soumise et deux frères aînés ayant des comportements complètement opposés. Dans le village, tout se sait, chacun a un surnom, on parle le dialecte, très peu l’italien. Le maître d’école décèle en Malacarne une enfant très douée, réceptive, qui comprend vite que pour sortir de l’ornière familiale elle devra travailler dur et viser haut.
L’auteur décrit subtilement les villageois en traits parfois caricaturaux mais savoureux, les amitiés, les méchancetés, les amours, la délinquance et la misère d’une population sans espérance. Une amitié lie Maria Malacarne à Michele, garçon obèse, aux yeux si doux mais qui a le malheur d’être rendu responsable de la mort du jeune frère de Malacarne. Cette amitié ne se démentira jamais, au contraire, elle grandira jusqu’à devenir un amour profond bien qu’interdit par le dictat d’un père aigri qui ne se fait entendre qu’en cognant, cassant et hurlant.
Cette famille comme il faut rappelle la saga de Helena Ferrante, la lecture est fluide, c’est une analyse juste de cette société encore très féodale qui règne dans cette Italie du sud.
Gwenaële ROBERT : Le dernier bain (Ed Robert Laffont – 235 pages)
Attiré par une couverture reproduisant le célèbre tableau de David «La Mort de Marat», dans la collection Les Passe-Murailles, publiée aux éditions Laffont, le lecteur ne sait pas encore qu’il va vivre intensément et en direct, les trois derniers jours de la vie de Marat.
Nous sommes le 11 Juillet 1793, en pleine Terreur, alors que se préparent à Paris, les festivités commémorant la prise de la Bastille.
La République a été proclamée, le roi mort, les couvents vidés, Marie-Antoinette emprisonnée avec sa sœur et le jeune Louis Capet. La révolution se crispe cependant car le peuple aspire maintenant au bonheur qu’on lui a promis.
Il fait très chaud en cet été de l’An II, nous parcourons avec l’auteure les rues de la capitale. Il y règne une totale liberté mêlée d’un sentiment d’impunité. Tous sont citoyens, et devenues citoyennes, les femmes ont aussi le droit d’agir à leur guise.
Forte d’une écriture quasi cinématographique Gwenaële Robert reconstitue un Paris de figures anonymes toutes portées par un même élan, le même vent de l’Histoire. La tension est extrême parfois, le Comité de salut public inquiète, la peur se lit sur certains visages ; peur des dénonciations, peur des massacres, de la guillotine.
Dans la rue des Cordeliers, non loin du numéro 30, habitée par le Député de la Montagne, plusieurs personnages se croisent et nous deviennent familiers. Gros plan sur leurs préoccupations. Il est vrai qu’ici Marat a «érigé la délation en vertu patriotique»…
Alors Jane, Marthe, Théodore, Charlotte interviennent. Il ou elles veulent, soit venger leur père, donner un nom à un enfant, revivre leur foi ou retrouver la pureté de l’élan révolutionnaire… et la baignoire entre dans l’Histoire !
Le tableau de David, peintre officiel de la jeune République, nous semble alors avoir été idéalisé. Marat ami du peintre, n’est en fait qu’un effrayant personnage, rongé par la maladie, trempant dans un bain de soufre censé amoindrir ses douleurs, partisan actif de la purge républicaine jusqu’au coup de poignard mortel.
Magnifiquement documenté et écrit, très visuel ce roman qui mêle fiction et réalité est une réussite.
Curieusement, il arrive aussi au moment où dans Paris, les  Gilets Jaunes»rêvent également d’une révolution.
A méditer !

dazy PARIS Actu Ben Jelloun 2019.indd

Sylvie DAZY : L’embâcle (Ed Le Diletante – 253 pages)
C’est un roman choral où se côtoient Paul, Louise, Malick, Théo , dans cette ville qui a connu une période industrielle florissante. Aujourd’hui ellevégète mais pourrait bien retrouver une seconde vie en attirant les jeunes ménages avec enfants qui ont un désir de verdure et de fraîcheur au bord de l’eau. Car en effet, cette ville se situe entre deux fleuves. Il y a bien eu, au siècle dernier, de graves inondations mais qui s’en souvient ?
La jeunesse n’en a cure, encore moins les promoteurs immobiliers qui rassurent et endorment le client avec des propos bien rodés.
C’est, chapitre après chapitre, la vie de cette ville proche de la capitale et donc attrayante qui voit l’évolution de l’habitat où l’on pousse les personnes âgées vers des résidences de plain-pied plus confortables, où le propriétaire du bar voit sa clientèle déserter. Adieu les petits cafés du matin et le débriefing joyeux des amis du quartier, où la jeune assistante sociale essaie en vain de convaincre son voisin reclus dans sa grande maison de bien vouloir bloquer ce fichu volet qui claque jour et nuit au premier souffle d’air, où l’agent immobilier toque aux portes pour satisfaire un patron aux ambitions démesurées car ce pourrait être son dernier grand coup dans sa carrière. Il y a entre autres cet homme enfermé dans sa maison, atteint du syndrome de Diogène, roi du pliage, dont il veut qu’il lui cède absolument un vieux local immense, inutilisé mais au potentiel immobilier phénoménal !
Tout ce petit monde se croise. Sseul Paul résiste à toute invasion chez lui, il sait être dans son droit. Rien ne l’oblige à ouvrir sa porte, malheur à celui qui voudrait l’importuner. Et c’est pourtant, malgré tous les beaux projets, la ville qui surprend et rappelle la mémoire du passé : cette grande inondation du siècle qui a tout englouti sur son passage. Les plans Orsec n’y feront rien, les réunions au plus haut niveau de l’Etat non plus. C’est l’embâcle, l’accumulation d’objets emportés par les eaux lors d’une crue puis bloqués dans le lit de la rivière qui donne fort justement le titre de ce roman de Sylvie Dazy.
Un roman où l’auteur rend les personnages bien réels. Mais c’est aussi une critique virulente sur la promotion immobilière, le non-respect de la nature et l’oubli de la mémoire de la ville.
Un roman qui laisse à réfléchir.
Gilles PARIS – AlineZALKO : Inventer les couleurs (Ed Gallimard Jeunesse – 51 pages)
Je connaissais l’attaché de presse efficace qu’est Gilles Paris. Je connaissais le romancier talentueux qu’il est aussi. Je connaissais moins son talent d’écriture pour les enfants, hormis ce livre devenu un immense succès césarisé au cinéma : « Ma vie de courgette ».
Gilles a toujours été très proche de l’enfance, son dernier roman, recueil de nouvelles intitulées « La lumière est à moi » paru chez Gallimard en atteste, histoires simples, poétiques, touchantes où l’on sent toute la nostalgie de sa propre enfance.
Cette fois, c’est une très jolie histoire qu’il nous propose à quatre mains, lui écrivant, Aline Zalko l’illustrant, y ajoutant son talent poétique.
Hyppolite vit en province avec son père qui l’élève seul depuis que sa maman est partie avec le voisin. Un papa formidable et aimant malgré un travail épuisant en usine. Un papa pas très conventionnel qui picole à la bière, fume comme un pompier, pète, rote, se cure le nez… Et portant ça n’empêche pas un amour fusionnel entre les deux.
Hyppolite adore dessiner et invente son monde avec ses propres couleurs, nous racontant sa vie à la maison où il retrouve son père qui l’aime et qu’il aime, à l’école avec ses copains Gégé, Antar, Fatou, Firmin et les autres. Son imagination est débordante et il vite sa vie autant qu’il la rêve.
Jusqu’au jour où toute la classe se rebelle contre le professeur de mathématique. Rébellion sans suite où tout se termine comme par enchantement. Lorsqu’il raconte l’histoire à son père, celui-ci lui conseille de se remettre à ses dessins et à ses couleurs. Ce qu’il fera.
C’est drôle, plein de cette nostalgie qui fait partie intégrante de l’auteur, rehaussé de dessins pleins de couleur d’Aline Zalko qui a su capter la poésie de l’auteur.
Ce livre serait-il les réminiscences de la propre enfance de Gilles Paris ?
Tahar BEN JELLOUN : L’insomnie (Ed.Gallimard – 260 pages)
Un scénariste tangérois ne supporte plus de ne pas dormir : c’est un grand insomniaque.
Il veille sa vieille mère qui a déjà un pied  dans la tombe. Devant ses souffrances morales et physiques, avec délicatesse, sans violence, il l’étouffe avec un oreiller….et le soir même il fait une nuit complète
Il en déduit que pour bien dormir, la seule solution est de tuer quelqu’un mais en phase terminale. Un ami lui sert de rabatteur. Ses victimes sont des crapules, des corrompus, des tortionnaires. Plus sa victime est importante, plus il dort. Il s’adjuge un système de récompenses sous forme de crédit points sommeil (C.P.S). plus ou moins nombreux en fonction de la personne qu’il tuera. C’est un « hâteur de mort » qui fait du bien puisqu’il abrège leur souffrance.
Mais c’est l’escalade…. et une erreur peut tout  faire basculer .
Entre fable et thriller malicieux, d’une plume légère, l’auteur aborde des sujets sensibles : l’euthanasie, la corruption et autres problèmes sombres de la société marocaine.
Cet académicien semble s’être bien amusé à écrire ce roman.
Il a réussi à faire sourire plus d’une fois son lecteur.

Aznavour Actu Schlink 2019.indd Trouchaud

Jacques PESSIS : Charles Aznavour, dialogue inachevé (Ed Tohu Bohu – 206 pages)
On le croyait immortel. Grâce à son oeuvre, il le sera comme le sont Brel, Brassens, Bécaud et quelques autres, tant ils ont marqué à tout jamais la chanson française.
Nombre de livres lui ont, depuis pas mal de temps, rendu hommage et ce n’est certainement pas fini.
Mais ses dernières confidences, il les aura faites à son ami et voisin de Mouriès, dans le Lubéron : Jacques Pessis, grand amoureux de la chanson française et de ses interprètes.
Avec lui, il avait commencé un dialogue lorsque l’artiste super-actif, se posait à Mouriès. Dialogue interrompu par sa disparition puisque Jacques avait encore quelques confidences à entendre et surtoutà choisir avec lui les photos qui devaient illustrer le livre.. Cela n’a pu se faire et du coup le dialogue reste inachevé et l’auteur nous raconte simplement la vie de l’artiste à travers ce qu’il a bien voulu lui confier.
Peu de choses en fait qui ne soient déjà connues tant en sept décennies, Charles a maintes fois raconté sa vie. Les pages les plus intéressantes sont celles où l’auteur nous raconte l’enfance et l’adolescence de l’artiste qu’il fut très jeune et dans laquelle on entre de plain pied.
Après, ce sont plus des souvenirs communs de leurs nombreuses rencontres de voisinage ou ailleurs, seuls ou accompagnés d’autres personnes comme Davoust, Trenet, Piaf, Coquatrix, Leeb… de ses concerts à l’Olympia ou à l’autre bout du monde. Et Jacques Pessis se souvient : de son élégance, de sa simplicité, de sa complicité avec les habitants de Mouriès, de déjeuners dans les restaurants et bistrots du voisinage, de cette piscine de 17 mètres dans laquelle Charles y plongeait à l’aube, de ses anniversaires, de leurs premières rencontres, des histoires juives qu’il aimait raconter… Tous ces détails qui font apparaître l’homme sous la star qu’il était.
Jacques Pessis écrit comme il raconte, avec volubilité, avec talent et surtout avec l’immense admiration qu’il portait à son voisin. Un très joli livre.
Bernhard SCHLINK : Olga (Ed Gallimard – 270 pages)
Traduit de l’allemand par Bernard Lortholary
De milieu modeste, orpheline, Olga vit chez sa grand’mère qui ne l’aime pas, dans un village de Poméranie, loin de toute modernité.
Fillette, observatrice singulière, elle cultive la solitude et ne rêve que de poursuivre ses études pour enseigner et transmettre le savoir.
Herbert, son meilleur ami, son amoureux, est le fils du riche industriel qui habite la maison de maître. Les barrières sociales font obstacle à leur amour. Il refuse la voie toute tracée de l’héritier; il est obsédé par les immensités et ne pense qu’à devenir explorateur.
Or nous sommes à la fin du XIXème siècle dans l’Allemagne du « funeste Bismarck « qui, dans son désir de grandeur, rêve de civiliser l’Afrique et de conquérir l’archipel du Spitzberg.
Herbert adhérera  aux deux expéditions dont l’une lui sera fatale car mal préparée ; il n’en reviendra pas. Il s’est perdu dans la fuite et n’a pas su voir que le bonheur était proche de lui et non dans les aventures fortes.
Dans la première partie du livre c’est la voix du narrateur qui décrit la vie d’Olga jusqu’à cinquante ans et sa passion pour Herbert. Puis dans la deuxième partie c’est la voix d’un jeune ami d’Olga à qui elle se confie.  Et enfin la troisième partie : les lettres d’Olga à son grand amour qui lui a échappé et qui à ses yeux n’est pas mort. Olga a fait de ce bonheur chaotique un réel Bonheur.
Roman superbe et profond. C’est le portrait émouvant et subtil d’une femme humble et déterminée qui, solitaire, a brisé les contraintes de son temps dans une société patriarcale qui ne lui apporte nul crédit, enfermée dans un pays obsédé par la folie nationaliste.
Marie-Jeanne TROUCHAUD : Donnez confiance à votre enfant (Ed Plon)
Marie-Jeanne Trouchaud fut enseignante avant d’être formatrice en relations humaines.
Ayant rencontré le philosophe Frédéric Lenoir, elle s’engagea dans son association « SEVE (Savoir Etre et Vivre Ensemble) afin d’animer des ateliers dont celui de la relation bienveillante de l’enfant, de l’adolescent, qui sont tous en fait des « ex-adultes ». Elle en a rencontré beaucoup et ce livre en est le résultat. Ce qui a tout déclenché, c’est cette petite phrase dite par une femme : « Les enfants ne peuvent pas se syndiquer ».
Et c’est la réalité car un enfant qui souffre est souvent très seul et a du mal à trouver quelqu’un pour s’épancher.
Chaque enfant, nous dit-elle, a un vécu, une personnalité qui lui viennent de la naissance, une naissance qui peut avoir été normale, bousculée, violente… Et elle est convaincue qu’une éducation doit être adaptée à l’enfant dans la réalité de son développement.
Pour cela, il faudra passer par de nombreuses et différentes phases adaptées à un vécu qui peut l’avoir fragilisé, l’avoir rendu vulnérable suite à des mensonges, des brutalités, de l’indifférence ou le désintérêt de sa famille, une mauvaise éducation, une injustice, une trop forte autorité…
Que faut-il à un enfant ? D’abord de l’amour, bien sûr et de l’intérêt du père comme de la mère, de la bienveillance, de la confiance, de l’écoute, du respect.
Tout cela elle nous l’explique, exemples à l’appui, dans ce livre dédié aussi bien à la mère qu’au père d’un enfant afin qu’il grandisse dans les meilleures conditions.
Françoise Dolto nous a quittés, voilà Marie-Jeanne Trouchard qui continue sa croisade pour le bonheur et l’épanouissement de l’enfant et pour mettre les parents devant leurs responsabilités.
Très instructif

Lesbre de la genardière chauffier

Michèle LESBRE : Rendez-vous à Parme ( Ed  Sabine Wespieser – 99 pages)
Comment résister à cette demande, non à cette prière de son ami Léo qui lui a laissé à sa mort des cartons de livres et dans ces livres « La Chartreuse de Parme », livre dont il se souviendra au paradis.
Une première lecture de ce roman a eu lieu sur une plage de Normandie, un livre au programme de troisième sans doute, une lecture dictée par le travail scolaire qui ennuie plus qu’il ne séduit mais qu’un homme a voulu lui lire à haute voix comme s’il s’adressait aussi à sa fille disparue et qu’il a priée de venir relire sur place à Parme. Et bien sûr, la jeune femme va partir à Parme pour sceller une amitié indéfectible avec Léo nouée dans ses jeunes années dans ses cours de théâtre amateur, Léo qui lui a révélé la magie du théâtre, magie qu’elle n’aura de cesse de chercher et trouver chez les plus grands metteurs en scène Chéreau, Vaclav Havel, Kantor, Peter Brook, Ariane Mnouchkine. Mais Parme ne répond pas ou plus à la jeune femme, d’autres villes d’Italie seront sans doute un écho à sa quête dès lors qu’elle aura retrouvé un amant parisien délaissé mais pugnace. C’est alors un partage mais un profond respect de la liberté de l’autre dans le couple. Déambuler dans les rues de Bologne la rouge, se laisser porter par les souvenirs, admettre que le temps passe vite et qu’il ne faut surtout pas laisser glisser les années sans dire adieu à cet homme qui dans ses jeunes années lui a confié avec pudeur sa peine.
Michèle Lesbre nous entraîne dans son amour pour le théâtre,pour des beaux textes, des créations, c’est profond et léger à la fois, un véritable plaisir de lecture.
Philippe de la GENARDIERE : Mare Nostrum (Ed Actes Sud – 260 pages)
Une tornade vient bouleverser la vie bien rangée d’Adelphe employé, dans une grande maison d’édition, à transformer des manuscrits à l’état de livres. Adelphe qui le soir joue du clavecin ou lit de la poésie, Adelphe élevé sévèrement dans un château austère de Bourgogne, seul avec une mère exigeante, Adelphe que la peau noire de Maïsha va séduire, captiver, obséder. Une rencontre de deux mondes si différents, deux peaux si contrastées, l’une blanche, l’autre noire ébène, si jeune, si lisse, la peau de Maïsha qui n’a jamais connu l’Afrique et qu’Adelphe contemple à en devenir fou.
Car la folie est là, elle le mène même en hôpital psychiatrique après une crise de délire mystique, où la vue de la Méditerranée, mare nostrum, la douceur des vers du poète lisboète Passoa rêvant comme lui «de départs définitifs vers le large, mais demeurant immobile sur son malheureux quai» n’apaiseront en rien une rupture butant sur une explosion de violence. Car si Adelphe vit enfin, à soixante ans, en se noyant dans la beauté de la peau noire de Maïsha, il fait remonter à la surface la douleur infinie de l’enfant d’esclaves, ces noirs violentés, vendus, soumis au bon vouloir du blanc.
Maïsha voudra revoir Adelphe qu,i rentré chez lui, apaisé, joue toujours son répertoire baroque au clavecin dans le château familial. Elle veut sceller la paix entre eux, le remercier de lui avoir ouvert les yeux sur son peuple et donc sur elle-même.
Ce roman truffé de références psychanalytiques est dérangeant par la brutalité des deux amants. L’auteur, par des phrases alambiquées et beaucoup trop longues se complaît à décrire la destruction d’un couple, un couple qui s’automutile, phénomène d’attraction, répulsion bien connu.
Roman pessimiste, dégageant un malaise permanent tant dans l’atmosphère que dans l’écriture.
Gilles MARTIN-CHAUFFIER  : L’ère des suspects (Ed.Grasset – 286 pages)
Un jeune flic d’un commissariat des banlieues nord de Paris, accompagné de sa jeune stagiaire «bobo» parisienne titulaire d’un master de droit, font une tournée de quartier. Accrochés par deux jeunes branchés s’ensuit interpellation, vérifications de papiers algarades et geste incivique qui entrainent une course poursuite dans la ville pour récupérer un portable volé compromettant. Course qui s’achève par la chute du jeune homme que l’on retrouve mort au bas d’un talus. Pour tout le monde le jeune flic est le coupable. Ce sera le point de départ de cet accident vu et revu de toute la société française, chacun donnant son point de vue, sa version des faits, avec chacun son langage et ses codes : avocats, juge, journalistes, famille, amis, entourage. Chaque communauté va reprendre l’enquête en utilisant son langage, ses valeurs, ses vérités et ses mensonges ou ses non-dits. En fait chacun est suspect par l’interprétation qu’il en fait afin d’illustrer sa version
Cette histoire mouvementée autour d’un incident au départ mineur rend ce roman vif et très actuel et démontre l’art de faire du «buz» autour d’un fait mineur, qui devient une affaire et qui passe du local à Paris.
Un bien écrit, bien étudié et très actuel.


 

Six-Fours – Batterie du Cap Nègre
Tony FUSCO, un grand maître

A

Tony Fusco est de la génération des Baboulène, Etienne, Anfonso, Tamari…
Cet Italien né en 1934 est venu s’installer en France, plus particulièrement à Toulon où, comme Baboulène, il fut décorateur de théâtre, particulièrement à l’Opéra.
Il fréquenta l’École des Beaux-Arts de Toulon et à partir de là, passionné et curieux, il va, de décennie en décennie, s’essayer à toutes les tendances, du figuratif à l’abstrait, du presque impressionnisme au contemporain . Et là où certains échouent, lui, traverse, les époques et les courants avec un égal bonheur, montrant, suggérant, jouant avec les couleurs car il est aussi un magnifique coloriste et un dessinateur hors pair. A admirer ses croquis qui, en quelques traits, nous offre un personnage, un paysage.

H I G

On peut s’en apercevoir dans cette magnifique exposition de la Batterie du Cap Nègre à Six-Fours où toutes ses palettes (et même la vraie !) nous sont présentées pour montrer 50 ans d’un travail superbe, quelque époque que ce soit.
Il joue avec les harmonies, les couleurs et quel que soit le style et l’époque, il y a toujours une grande émotion qui s’en dégage. Emotion qui, me confie-t-il est nécessaire, même indispensable à cet artiste inspiré.
Selon la toile il se dégage du lyrisme, de l’intime, de la réflexion, de l’intuition, grâce à cette « quête de la petite lumière au bout du tunnel » nous dit-il encore.
Il travaille à l’inspiration du moment sans autre but que de créer, de jeter sur la toile ses impressions, ses coups de cœur, cette recherche d’univers différents afin de ne pas prendre racine dans un genre, un style et l’on suit son parcours, de toile en toile, de période en période, ni tout à fait un autre, ni tout à fait le même mais toujours avec la même sincérité, la même passion, la même maîtrise.

F D C

En plus de 50 ans de travail (qui pour lui, n’est pas un travail), on découvre une œuvre véritable.
Quant à l’homme, il est d’une grande simplicité, et le rencontrer ajoute au plaisir de découvrir son œuvre. Vous pourrez vous en rendre compte si vous venez à sa rencontre le 4 mais prochain pour un « Art-Thé » où vous pourrez échanger en toute convivialité

Jacques Brachet
Exposition jusqu’au 26 mai à la Batterie du Cap Nègre.

B