Archives mensuelles : novembre 2018

Judith SIBONY
premier roman, premier essai réussi !

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Comme bon nombre de pièces de théâtre, il y a le mari, la femme, la maîtresse.
Oui mais là, d’abord c’est un roman, signé Judith Sibony : « La femme de Dieu » (Ed Stock) dont le décor principal est une scène de théâtre. Et le Dieu en question est Robert, un auteur et metteur en scène à succès, qui, malgré celui-ci, en est quelque peu revenu. Succès qu’il trouve facile, même s’il continue à en écrire, donnant à chaque fois le rôle principal à son épouse, Elizabeth.
Elizabeth qui est donc une comédienne, connue et reconnue, belle, hiératique, amoureuse et admirative de ce mari volage dont on ne sait pas si elle sait ou feint d’ignorer ses aventures.
Et puis il y a « l’autre », Natacha, jeune femme naïve et désœuvrée et que Robert a croisée dans la rue, à qui il a proposé un rôle alors qu’elle n’est pas comédienne et qui deviendra très vite sa maîtresse.
Il ira même jusqu’à la faire jouer face à Elizabeth.
Situation dont tout le monde a l’air de s’accommoder jusqu’à ce que Natacha avoue à Robert qu’elle veut un enfant de lui.
A propos d’enfant, il y a Julie, fille de Robert et Elizabeth, admirative et amoureuse du couple « exemplaire » que forment ses parents. Elle, se retrouve enceinte à 20 ans alors qu’elle n’a pas envie de rentrer de ce cliché « mari-enfant ».
Tout pourrait aller au mieux dans le meilleur des mondes… possibles mais au fil du temps, il y aura quelques ratées et peu à peu on va découvrir les secrets, les non-dits, les mensonges de chacun.
De découvertes en « coups de théâtre », Judith Sibony, dont c’est le premier roman, nous invite dans ce monde factice du théâtre qu’elle connaît bien en tant que journaliste spécialisée, avec une écriture belle, élégante, dans une atmosphère feutrée, à la fois légère et profonde, émouvante et drôle, dans un univers fait de faux-semblants, de vérités qui n’en sont souvent pas et où l’illusion prend le pas sur la réalité.
De plus, elle nous tient en haleine jusqu’au dénouement dans une histoire qui pourrait être banale mais dont elle sait à chaque chapitre (à chaque acte ?) nous réserver des surprises. Car tous ses personnages vivent entre ombre et lumière et quelquefois les secrets sortent de l’ombre.
De très beaux portraits de femmes dont on pourrait croire qu’elle sont assujetties à ce « Dieu » tout puissant… en fait pas si puissant que ça et a lui aussi ses ambiguïtés et ses failles.
On ne peut en dévoiler plus car au fil du récit se découvrent les personnages et leurs secrets qui fait qu’on a des difficultés à lâcher ce premier roman superbement maîtrisé et original car chacun des personnages prend la parole à son tour pour nous dévoiler sa vérité en un jeu de piste passionnant.

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Judith Sibony est journaliste spécialisée dans le théâtre – et ça se sent ! – critique à la revue « Théâtre(s) mais aussi réalisatrice de portraits de comédiens dans l’émission « Parlez-moi d’amour » sur France 2. Ses derniers portraits : Cristiana Réali, Jean-Pierre Darroussin, Charles Berling…
Elle a réalisé entre autres un documentaire « comme des bêtes » où se mêlent danseuses et animaux et produit des émissions pour France Culture.
J’ai eu le plaisir de rencontrer cette femme enjouée et drôle, au charme fou et à la personnalité bien affirmée, à la Fête du Livre de Toulon où l’entretien s’est réalisé, entre deux apartés avec des gens qui passaient et à qui elle proposait son livre ! Mais on y est arrivé !
Judith, comment la journaliste est-elle passée à l’écriture romanesque ?
Il se peut que l’écriture journalistique ait été pour moi une sorte d’entraînement, d’échauffement, pour écrire enfin de la littérature.
J’ai laissé mûrir ce projet de roman pendant longtemps, comme une sorte d’horizon. Et je me suis rendu compte que mon expérience de critique de théâtre nourrissait mon imaginaire, et peut-être aussi mon rapport à l’écriture.
D’où le décor de ce premier roman ?
J’aime le théâtre. J’ai la chance, grâce à mon métier, d’en connaître aussi bien les créations sur scène que le travail en coulisses. Mais attention : je n’ai jamais été actrice, et de ce point de vue, l’histoire que je raconte dans La Femme de Dieu n’est en rien mon histoire, même si elle est nourrie de sensations ou de pressentiments très intimes. J’avais envie d’écrire des portraits de femmes dans un dispositif où elles auraient l’air de tourner autour d’un homme. Mais ce qui m’intéressait, c’est d’abord cette question du décalage entre ce dont on a l’air et ce qu’on est. Le théâtre était donc le cadre idéal pour camper cette fiction dédiée au paraître.
Pourquoi ce titre « La femme de Dieu » qui peut prêter à confusion ?
Je voulais mettre en lumière la femme d’un dieu qui, en fait, n’en est pas un. Même s’il a l’ait tout puissant, ce créateur de spectacles « vivants » (c’est ainsi qu’on appelle le théâtre) a un problème avec ce qui est vivant, justement. Il agit comme s’il avait peur de la vie, et sa tentation de faire le démiurge à travers ses mises en scène n’est qu’une vaine tentative de pallier ses manques. A travers cet anti-dieu, je voulais déconstruire une machine à illusion particulièrement bien rodée.
Sous couvert de vaudeville, le sujet de mon livre, c’est tout simplement la vie et les représentations qu’on en fait : les histoires qu’on se raconte, les efforts qu’on fait pour sauver les apparences, les spectacles qu’on crée pour se sentir plus vivant…

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Jacques Brachet

Charles BERLING… Il écrit aussi !

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On connaît le comédien de théâtre et de cinéma, le metteur en scène, le chanteur, le directeur de deux théâtres aujourd’hui, le Liberté, Chateauvallon… On connaît moins l’écrivain même s’il nous a déjà offert deux livres : « Les joueurs » (Grasset) et « Aujourd’hui, maman est morte » (L’ai Lu/Librio).
Le voici avec un troisième livre, qu’il dédicacera vendredi et samedi sur la Fête du Livre de Toulon : « Un homme sans identité ». (Ed Le Passeur)
Difficile de définir ce livre qui est en partie auto-biographie et essai, mais aussi fait de réflexions sur le monde d’aujourd’hui et sur son métier – ses métiers – d’artiste. Il le dit lui-même, c’est un livre quelque peu incohérent, sans début ni fin, c’est le cheminement de son esprit qui lui fait prendre, au cours de l’écriture, des chemins de traverse.
C’est pourtant un livre magnifiquement écrit, pensé, quelquefois émouvant, parfois plein d’humour. Un livre vrai où il se… livre sans flagornerie, sans être un donneur de leçons, quelque peu égocentrique parfois mais ça, c’est le lot de tout comédien, et surtout terriblement sincère et vrai.
Derrière cet homme, cet artiste toujours en mouvement, se retrouvant toujours où on ne l’attend pas, il y a un être profond, un homme tout simplement, que, même si je le côtoie très souvent depuis son retour à Toulon, je découvre à chaque rencontre et surtout cette dernière, pour parler de ce livre.

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« Charles, un homme sans identité… ou qui en a trop ?
Trop ? pourquoi ? Non, je dirais plutôt, un homme aux multiples identités et affinités, ce qui est le lot de tout comédien. De tout homme je crois.
Pourquoi ce livre ?
Ce livre est pour moi avant tout un plaisir littéraire. J’ai ce goût d’écrire, l’envie de parler de choses qui me tiennent à cœur. Je n’ai pas voulu parler que de moi mais de ce qui se passe autour de moi, des choses de la vie. J’ai préféré ça plutôt que de proposer une autobiographie classique.
Tu mêles ta vie, tes expériences, tes pensées, ton métier, ton intimité…
Oui, c’est tout cela que j’ai voulu raconter, avec beaucoup d’humilité et d’émotion parfois. Ce livre correspond à ce que je ressens en tant que personne et que veux faire ressentir. Au dessus de tout ça, il y a l’impersonnel, Simone Veil l’explique très bien en une phrase et c’est pourquoi j’ai voulu la mettre en exergue :
« Ce qui est sacré, bien loin que ce soit la personne, c’est ce qui, dans un être humain, est impersonnel. Tout ce qui est impersonnel dans l’homme est sacré, et cela seul »
Tout est lié à l’universalisme. Je travaille à considérer celui-ci et à cette mission de liberté que je me suis donnée avec, justement, le Liberté et Chateauvallon.

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Tu dis toi-même que ce livre est incohérent…
Dans la forme, j’ai cherché à faire un livre fragmenté, comme un kaléidoscope. J’ai aimé l’écrire comme j’aurais écrit un roman. En même temps, paradoxalement, ce livre m’a amené à réfléchir sur mes implications dans le monde socioculturel de cette région, qui est la mienne et me tient beaucoup à cœur. Et cette réflexion m’a aussi amené à considérer mes responsabilités, les valeurs que je défends. Aujourd’hui, le monde est malmené, fragilisé et j’ai voulu trouver dans mes propos un lien, le plus universel possible.
Tu dis encore « Depuis que je joue, je peux être moi-même ». Paradoxal, non alors que lorsque tu joues tu n’est pas toi-même !
Pas tant que ça ! Je me suis posé la question que tout le monde se pose : qu’est-ce qu’être soi-même ? J’ai choisi un métier ludique puisque « je joue » et en jouant, je suis le personnage que j’incarne mais pourtant ça me ramène à moi : comment, à quel endroit suis-je impliqué dans le rôle que j’ai choisi ? Lorsque je joue, je ne cherche pas à séduire, je ne veux pas me mettre de limite intellectuelle. En tant qu’acteur, je veux être le plus honnête possible. C’est quelquefois difficile de s’affronter soi-même par le biais d’un rôle.
Je te cite encore : « Chaque rôle est un ami qui part » Restes-tu vraiment orphelin de tes rôles ?
Aujourd’hui, ayant perdu mes parent, je suis un orphelin. C’est toujours difficile d’affronter la disparition des êtres chers, avec qui on a vécu. Ca n’empêche qu’ils sont toujours là. Pour un rôle, c’est un peu pareil. On s’en imprègne, on s’y attache et un jour, il faut s’en séparer. Mais il reste toujours là, quelque part. C’es à chaque fois un petit deuil qu’on vit.
Tu ne restes jamais sans un projet, tu les enchaînes… En fait, qu’est-ce qui fait courir Berling ?
La curiosité, la passion, le partage et surtout pas la consommation ! J’ai envie de vivre à fond avec mes congénères. Et tous ces chemins de traverse que je prends, toutes ces tentions, me fabriquent au moment présent. Je suis toujours en mouvement mais nous sommes un mouvement perpétuel, l’émotion c’est le mouvement, c’est l’art de l’acteur qui est toujours en questionnement.

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Tu écris encore que l’art dramatique est la préfiguration de la mort… C’est violent quand même ?
Mais non, c’est la nature ! L’art dramatique a un rapport très intéressant avec la mort. C’est le purgatoire qui amène une grande conscience entre la vie et la mort. Je trouve ça très intéressant et même joyeux. Lorsqu’on tourne, on n’est plus dans la vraie vie, il y a un décor qui n’est pas un vrai décor avec des personnages qui ne sont pas des vrais personnages. On se retrouve entre deux mondes. C’est ça que je veux dire.
Ton livre est illustré de tes propres dessins… que je trouve quelque peu torturés !
A bon, tu trouves ? Moi je trouve qu’ils ressemblent à la vie, quelquefois joyeux, quelquefois tristes, voire dramatiques. C’est aussi ma vie et lorsque je dessine ou peins, je suis dans une certaine humeur, que ce soient des moments sombres ou joyeux. Je ne crois pas que ce soit l’expression d’une torture ! Ca vient comme ça, par pulsion et je ne veux pas me censurer. L’art c’est être honnête par rapport à soi et aux autres. Tout n’est jamais tout rose ou tout noir, c’est un miroir de ma vie, et c’est là toute la complexité. Regarde le tableau de Picasso « Guernica » : il y raconte le monde dans toute sa complexité.
Ces dessins, je pense, correspondent parfaitement au sujet du livre »

Propos recueillis par Jacques Brachet

Six-Fours – Six N’Etoiles
Barbara TISSIER, lumineuse femme de l’ombre

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D’après vous, quel rapport y a-t-il entre Anastasie, la méchante belle-sœur de » Cendrillon », la princesse Fiona de « Shreck », Lady Pénélope de « Thunderbirds », la princesse Leïla de « Stars War », Cameron Diaz ou encore la mémé de Titi, l’ennemi de Grosminet ?
Eh bien il y a… une voix ! Et c’est celle de Barbara Tissier.
Comédienne, directrice artistique spécialisée dans les doublages, elle fait partie de ces artistes de l’ombre dans le cinéma. Ceux qu’on ne voit pas, qui travaillent « off » écran et sans qui un film n’existerait pas.
Barbara est une femme belle, lumineuse, souriante, volubile et la rencontrer est un véritable plaisir tant elle est avenante et passionnée par son métier… Ses métiers devrais-je dire car évidement, elle est dans l’ombre lorsqu’elle double ou lorsqu’elle est elle-même directrice artistique mais elle sort de l’ombre lorsqu’elle devient comédienne au théâtre.
« Mais – nous confie-t-elle tout de go -pour faire du doublage, il est essentiel d’être comédienne car, même si l’on ne nous voit pas, la gestuelle est importante pour nous et pour incarner un personnage. Il faut savoir s’approprier, sinon la voix, du moins la personnalité du comédien dans le rôle qu’il joue dans le film. Et puis, lorsque l’on n’est pas « une star », il faut avoir plusieurs cordes à son art. Ce que je fais.
Comment, de comédienne, es-tu venue au doublage ?
Par hasard, grâce à un chercheur de voix de chez Disney. Il m’a vue et donc entendue jouer au théâtre, ma voix l’a intéressé et il m’a pistée un temps avant de me proposer de doubler la série « Felicity ». Puis il y a eu « Tarzan » et bien d’autres. Disney est une maison fidèle !
Quelles qualités faut-il pour faire ce métier très particulier de directrice artistique ?
Il faut savoir écouter les voix des comédiens, donc aller les voir jouer afin d’avoir en tête un panel de voix et repérer la voix qui va s’adapter à l’acteur qui va être doublé. Qu’elle s’approche bien sûr de sa voix mais aussi de sa personnalité, de son comportement, de l’âge du comédien. Bien sût il ne faut pas s’arrêter au physique car bien souvent il n’y a rien de commun physiquement entre les deux. Mais il faut qu’il soit crédible et qu’il se rapproche du personnage. C’est pour cela qu’il est important qu’il soit comédien. Et surtout, qu’il doive accepter d’être guidé car d’abord, pour cause de confidentialité, il ne peut pas voir le film avant donc il a peu de temps pour incarner la voix du personnage, il faut lui expliquer ce qu’on attend de lui. Je suis donc là pour lui expliquer l’enjeu de la scène qu’il doit doubler.

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Ça ne doit pas toujours être facile à manager ?
Si le comédien joue le jeu et qu’il est un bon comédien, il est très vite au fait de ce qu’il doit faire. Car lorsqu’il double, il est seul. Lorsque vous voyez deux comédiens côte à côte dans des reportages, c’est de la triche, car dans le film, ils ne sont pas côte à côte, les voix ne viennent pas du même endroit, elles sont donc chacune enregistrées à part. Puis il faut prendre en compte les bruitages, la musique qui vont venir s’intégrer, d’où un travail incroyable pour l’ingénieur du son et le directeur artistique.
S’ajoute aussi une autre difficulté lorsque c’est un film d’animation : la voix du personnage créée, il faut que le comédien la garde d’un bout à l’autre du film.
Y a-t-il des comédiens qui n’y arrivent pas ?
Ca arrive, surtout chez des gens qui ont été choisis pour mille raisons et qui ne sont pas de vrais comédiens. Certains n’arrivent pas à être naturels pour dire un texte qui n’est pas le leur. Alors là, ça devient une grand art pour le mixeur de voix.
Les langues étant différentes, il doit y avoir un sacré travail de traduction ?
Je n’emploierais pas ce mot de traduction mais d’adaptation. Car c’est en fait un vrai travail d’auteur. Il faut que l’idée, le sujet restent les mêmes mais que l’adaptation soit crédible et en même temps que les mots se rapprochent le plus possible du mouvement des lèvres du comédien sur l’écran. Du coup le mot important de la phrase n’est souvent pas au même endroit. Il faut être très vigilant , ce qui fait que ce n’est pas un simple travail de traduction.
Comment devient-on la voix officielle de Cameron Diaz ?
(Elle rit) On ne l’est vraiment jamais. J’ai eu la chance de pouvoir la doubler plusieurs fois, depuis dix ans, mais il suffit que le producteur ou même le réalisateur ou encore le distributeurs aient une autre voix en tête et vous êtes remplacée. Tout cela est très éphémère. C’est pour ça aussi qu’il ne faut pas s’arrêter sur un seul objectif.
Est-ce qu’en faisant ce métier, il n’empiète pas sur ton métier de comédienne ?
J’essaie à ce que cela ne se produise pas. D’abord, lorsqu’on n’est pas une star, il faut pouvoir vivre de ce métier donc il vaut mieux avoir une corde à son arc. Dans mon cas, je ne cherche pas à être « célèbre » ou « star », je veux surtout pouvoir vivre de ces différents métiers, qui sont de vraies passions. C’est pour ça que je fais aussi bien du théâtre que de la danse et du chant. J’ai beaucoup appris en pratiquant tous ces arts.

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Tu as commencé jeune, je crois ?
Oui, j’avais 10/12 ans. Je prenais des cours de danse salle Pleyel lorsque Jean-Luc Godard m’a remarquée et m’a engagée sur son film « Passion ». Trois mois de tournage pour dix minutes à l’image ! Mais je me suis aussi post-synchronisée et du coup, la passion est né pour les deux métiers ! Alors que je m’égarais dans des études scientifiques, je rêvais de théâtre. J’ai donc lâché ces études pour faire une maîtrise de théâtre. J’ai eu la chance d’être encouragée par mes parents.
Tu fais du doublage et tu diriges aussi des doublages… être juge et parti ne te donne pas des velléités de t’offrir un rôle dans un doublage de film ?
Jamais ! Je n’ai jamais mélangé les deux. Ou je suis prise pour un doublage et je ne m’occupe pas du casting, ou je suis directrice artistique et là, je ne me donne jamais un rôle. D’abord, c’est une question d’éthique et puis, je ne pourrais pas être juge de mon propre travail.
Aujourd’hui, beaucoup de comédiens connus font du doublage. C’est du travail en moins pour des gens comme toi ?
Pas tant que ça car il y a du travail pour tout le monde et puis, travailler avec de grands comédiens est très enrichissant. Il y a de belles rencontres, comme Charles Aznavour, José Garcia, Romain Duris… Il y a des rencontres surprenantes comme Isabelle Adjani. Mais tous sont de grands professionnels et nombre d’entre eux font ça épisodiquement et se rendent compte avec humilité que c’est un vrai travail, pas si facile que ça ! D’ailleurs, il faut être psychologue, leur donner confiance en ce métier que, pour certains, ils maîtrisent peu.
Avant, on n’osait pas dire qu’on faisait du doublage car ça voulait dire que le comédie qui était derrière faisait ça parce qu’on ne lui proposait rien d’autre. Aujourd’hui, grâce à eux, ce métier, que certains font à temps plein, a pris ses lettres de noblesse et est considéré comme un vrai métier.
Théâtre, doublage… Où va ta préférence ?
Je te répondrai que les deux me sont nécessaires, que j’aime faire les deux car j’aime varier les plaisirs. C’est vrai que la scène est importante pour moi mais les deux boulots nourrissent (intellectuellement s’entend !) la comédienne que je suis.
Si tu es là aujourd’hui, au Six N’Etoiles, c’est que tu viens présenter deux films sur lesquels tu as été directrice artistique…
Oui, il s’agit de « Les animaux fantastiques et « Les crimes de Grindelwald » écrits et produits par JK Rowling, l’auteure de « Harry Potter », réalisés par David Yates, dont je me suis occupée du doublage, sauf des quatre comédiens principaux choisis par la production. J ‘ai beaucoup planché, fait beaucoup d’essais. Après un premier choix, je suis allée voir jouer les comédiens pour voir s’ils correspondaient bien à ce que je cherchais, leur personnalité, ce qu’ils dégageaient. Après cela, nous avons travaillé à plusieurs car il ne faut pas oublier que c’est un travail d’équipe.
Mais encore ?
D’abord, il faut être passionnée, avoir beaucoup d’énergie et d’enthousiasme, aimer les comédiens car le facteur humain est important, savoir s’adapter à toutes situations, être sincère, savoir se réinventer. C’est beaucoup d’investissement. »

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Barbara Tissier, Jerôme Quaretti, Noémie Dumas, directeurs du Six N’étoiles

Et elle a tout ça, Barbara. D’ailleurs lorsqu’elle en parle, elle a les yeux qui pétillent, elle est intarissable et l’on pourrait y passer la nuit à l’écouter. On n’a d’ailleurs pas vu passer le temps car 1h1/2 d’interview, vitre transformée en conversation amicale où le tutoiement s’est aussitôt imposé, c’est devenu rare de nos jours !
Ce fut un grand moment de plaisir, une rencontre chaleureuse qui nous a appris beaucoup de choses sur les coulisses de ce métier dont on ne parle pas assez. Et il est bon, de temps en temps, de mettre des gens aussi talentueux et passionnés en lumière.
Dont acte

Jacques Brachet

Offrez un cadeau inédit pour Noël
Le patrimoine à la carte par Patrivia
soutenu par Stéphane Bern

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Alors que l’Année européenne du patrimoine culturel touche à sa fin, Patrivia, première billetterie en ligne au service du patrimoine, ne compte pas en rester là. Dans la continuité de la mise en valeur du patrimoine dynamisée par cette année, dans celle du loto du patrimoine et à l’approche des fêtes de fin d’année, la jeune start-up créée en 2016 lance des bons d’achat pour le patrimoine culturel
La plateforme unique et incontournable de réservation culturelle
Patrivia est un service de promotion et de billetterie en ligne dédié au patrimoine, qui met en relation les gestionnaires de lieux avec les visiteurs, permettant l’achat de billets pour des visites de châteaux, musées, monuments et jardins. Ce système différent, innovant et unique, répond à la problématique de la digitalisation du patrimoine en apportant une solution.
En effet, aucun système de billetterie centralisée n’existe en France, alors que le pays a un incroyable patrimoine qui attire des millions de touristes chaque année. 99% des châteaux en France n’ont pas de système de paiement en ligne pour les visites alors que 30% des achats européens se réalisent aujourd’hui par Internet.
Patrivia a créé un outil unique, proposant un catalogue unique. En effet, 95% des monuments, lieux incontournables ou confidentiels, sont des exclusivités Patrivia. 300 châteaux, parcs, jardins, vignobles, musées, églises et autres monuments historiques en France et en Belgique sont accessibles via le site Internet de Patrivia. La géolocalisation permet de déterminer quels sont les monuments les plus proches, vérifier s’ils sont ouverts, et réserver son billet en ligne, pour une accessibilité au patrimoine d’une simplicité maximale.
Des bons d’achats pour tous au service du patrimoine
Dorénavant, ces 300 sites seront accessibles aux détenteurs des bons d’achats de Patrivia. Ces bons sont des cadeaux doublement efficaces. Ils permettent d’une part une grande souplesse et praticité dans son utilisation, puisque le détenteur n’est pas lié à un endroit particulier, et peut réserver où qu’il soit pour n’importe quel lieu historique. D’autre part
c’est aussi une contribution à la sauvegarde patrimoine. En effet, l’essentiel du prix de chaque place réservée revient directement au propriétaire du lieu pour la préservation de celui-ci, ce qui en fait le meilleur moyen d’aider le patrimoine aujourd’hui.
« Nous avons la possibilité de proposer 300 lieux à visiter au choix entre la France et la Belgique dans un seul et même cadeau » confie Christian Clarke de Dromantin, DG de Patrivia.
Avec des prix destinés à toutes les bourses, ces bons d’achats de 30, 50 et 75€ offrent à leur détenteur durant un an un accès au catalogue unique de Patrivia, et lui permettent de découvrir le patrimoine du territoire dans lequel il se trouve en toute simplicité, dans la limite de la valeur du bon. Ainsi, avec un bon de 30€, une famille de 2 adultes et 3 enfants peut s’offrir la visite d’un monument du patrimoine français ou belge.

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L’achat du bon se fait en ligne, et, outre la version numérique, il est également possible de le recevoir en format papier sous enveloppe. Ainsi, le détenteur du bon a un code lié à son nom sur Patrivia, utilisable pour la réservation d’une visite du patrimoine culturel partout en France et en Belgique, dès qu’il le souhaite, jusqu’à épuisement de la somme liée au bon. L’offre sera disponible à l’achat et à l’utilisation dès la refonte du site Patrivia, courant novembre. Noël peut ainsi devenir l’occasion idéale de tester cette nouveauté.
Grâce à ces bons, Patrivia veut rendre le patrimoine encore plus accessible et dynamique pour le plus grand nombre. Le patrimoine est une cause nationale, et le souhait de Patrivia est d’encourager le public à participer à sa sauvegarde en venant le redécouvrir à travers des visites et des activités.
À PROPOS DE PATRIVIA
Fondée en 2016 par deux passionnés du patrimoine, Patrivia est une entreprise sociale et solidaire qui propose un service de promotion et de billetterie en ligne dédiée au patrimoine français et belge, regroupant en quasi-exclusivité plus de 300 lieux. Propulsée par une levée de fonds de 235.000€ en love money en décembre 2017, cette plateforme unique facilite l’accès à la culture pour tous, tout en aidant à la nécessaire transition numérique du secteur du patrimoine. Les 8 membres de l’équipe ont à cœur de donner du sens à leur travail en le mettant au service tant du patrimoine que des visiteurs. Patrivia a remporté le prix de start-up billet

Sanary – Théâtre Galli
Christophe WILLEM… « La vie est belle » !

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Plus gentil que Christophe Willem, difficile à trouver, alors que très souvent aujourd’hui il faut se farcir le parcours du combattant pour rencontrer un artiste !
Lui, c’est en toute simplicité, en toute gentillesse qu’il accepte une rencontre amicale et à chacune de nos rencontres je le retrouve inchangé, souriant, chaleureux.
Il est en pleine répétition au Théâtre Galli de Sanary, à la fois concentré et d’une belle humeur avec ses musiciens. On a rendez-vous à 18h15. A l’heure dite il arrête la répétition et vient me rejoindre, aussi heureux que moi de nos retrouvailles.

« Alors Christophe, cette tournée ?
Nous l’avons démarrée en mars et allons la continuer jusqu’en mars 2019. Je suis heureux d’être sur scène, le public est au rendez-vous, alors tout va bien !
Un an de tournée, ce n’est pas long, fatigant ?
Pas pour moi. Je suis heureux de retrouver un public fidèle et mon vrai métier c’est vraiment sur scène qu’il se passe. Il y a les enregistrement, c’est une chose qui me plait aussi, il y a les promos, la télé qui sont des choses nécessaires. Mais c’est sur scène que je me sens le mieux.
Déjà des projets, un prochain disque en préparation ?
(Il rit), il n’en est pas encore question car je ne sais pas faire deux choses à la fois, aussi, je suis uniquement concentré sur la tournée. Jusqu’au mois d’avril je ne pense à rien d’autre même si j’ai toujours quelques idées qui trottent dans ma tête. Mais je ne sais pas du tout ce que sera le prochain disque. Tout vient à point… La seule chose que je sais, c’est qu’il sera complètement différent. J’ai rejoint Pascal Nègre sur son nouveau label, où je retrouve Carla Bruni et Zazie entre autres. Je suis heureux de pouvoir retravailler avec lui.
J’ai l’impression que pour cette tournée vous avez opté pour des salles plus petites ?
Je dois avouer que je suis plus à l’aise dans ce genre de salles que dans des Zénith où l’on est loin du public. Des salles comme Galli sont à la fois spacieuses et intimes. Le public me voit bien, dans de bonnes conditions, et moi aussi je le vois mieux. Je peux mieux communiquer.

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Entre la fin de la tournée et le prochain disque, replongerez-vous à l’Eurovision ?
Si la production le désire, je suis partant. J’ai été heureux de vivre ce moment avec une belle équipe, même si c’est une grosse responsabilité de décider qui va représenter la France. Par contre, je me suis beaucoup amusé à commenter le concours…
Avec pas mal de surprises et d’improbabilités, non ?
Il faut avouer qu’on voit quelquefois de drôles de choses. Mais ça a toujours été le cas et c’est le côté amusant. Mais on a pu se rendre compte que, même si la mode de la pop est partout, certains pays gardent leur langue, leur culture, leur spécificité.
Par conte, je n’ai pas voulu faire l’Eurovision junior…
Pourquoi ?
Je n’aime pas ce genre de concours où l’on pousse des enfants, des ados sur scène, où certains ne veulent pas être chanteurs mais seulement connus… Être connu n’est pas un métier.
C’est pareil chez les adultes, non ?
Peut-être mais là, on expose des jeunes à quelque chose qui me dérange, qui peut être très violent. Lorsque je vois la pression que nous avons, adultes, alors qu’on peut relativiser les choses, faire vivre ça à des enfants, leur donner souvent de faux espoirs qui risquent de n’aboutir à rien, ça me gène et ça me fait peur ».

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On arrête l’entretien car ses musiciens l’appellent.
Il revient et tout en s’excusant, il m’explique :
« Il y aura une captation du spectacle pour la télé le dimanche 2 décembre à 15h, salle Pleyel. Je dois ajouter quelques chansons que je ne chante pas sur cette tournée. Aussi, je profite des répétitions pour les mettre en place, les peaufiner.
Le choix est difficile ?
Un peu car je ne peux pas tout chanter, il faut à chaque fois faire un choix, enlever des chansons au profit d’autres. Donc je réfléchis à ce que sera ce concert particulier. »

Nous devons nous quitter car il est pour lui l’heure de s’enfermer dans la loge pour se concentrer et pour manger le plat de pâtes traditionnel qui lui apporte les sucres lents pour tenir sur scène. Après le spectacle, il partira sagement rejoindre l’hôtel pour se reposer et être en forme pour le prochain concert. Car en tournée, Christophe mène une vie, sinon d’ascète, du moins d’artiste responsable et consciencieux pour pouvoir donner au public le meilleur.
Comme il l’a fait ce soir-là au théâtre Galli où il a soulevé une salle comble composée d’un public très mélangé qui l’a suivi comme un seul homme, chantant, dansant avec lui.
Sur scène Christophe est une véritable pile électrique. Il ne reste pas en place, parle, chante, danse, saute, totalement complice avec ses quatre musiciens, tout aussi complice avec son public et, moment de délire, lorsqu’il descend dans la salle, chantant au milieu d’un public aussi déchaîné et survolté que lui , tout cela dans une ambiance de fête à son comble.
Sa voix est un véritable instrument de musique et il nous offre entre autre une version de « Sunny » totalement personnelle, inspirée et folle.
Il nous explique aussi son émotion de se retrouver au théâtre Galli qui fut, voici trois ans la scène de son retour sur scène après les attentats : « J’avais alors un peu peur de la réaction du public après ce drame et d’arriver là juste pour distraire. Mais j’ai compris que distraire était en fait un moment important de la vie de tous. Il faut se dire que la vie est belle et qu’il faut la vivre à fond ».

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Cette phrase sera d’ailleurs son leitmotiv durant tout le spectacle et au moment des au-revoir.
Avant d’arriver sur scène, Christophe nous avait fait un cadeau : la venue d’un jeune chanteur qui fut de l’émission « The Voice 6 » : Marvin Dupré pour lequel les quatre coaches s’étaient retournés sur sa version de « Let me love » de Justin Bieber. Éliminé en quart de finale, il a malgré tout pu sortir son premier album « Au plus près » dont il nous a offert quelques titres très poétiques d’une voix chaude.
C’est vrai qu’avec Christophe Willem… la vie est belle !

Jacques Brachet

Un futur supermarché coopératif à Toulon !

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Encore un supermarché, direz-vous ? Oui, pour très bientôt mais pas un supermarché comme les autres puisqu’il sera coopératif, ce qui veut dire en gros que, si vous le voulez, vous aurez votre mot à dire !
Aujourd’hui l’on se rend compte tous les jours des difficultés à se nourrir aussi bien économiquement que sainement. On ne connaît souvent pas la provenance de ce qu’on achète ni ce qu’il y a dedans quant aux bons produits, ou dits tels, ils sont de plus en plus chers.
Alors que faire ?
Ce qu’a fait le Park Slope Food de Brooklin en 1973, suivi en 2017 par le supermarché de la Louve en France, à Paris exactement, dans le XVIIIème arrondissement.
Sous forme associative elle a déjà fait des petits puisqu’on en dénombre déjà 35 nés en France et que bientôt Toulon se dotera d’un supermarché pas comme les autres puisqu’il a pour but de fournir à des consommateurs qui ont adhéré au projet, de pouvoir acheter des produits sains et de qualité à prix réduit puisque venant directement du producteur.
Ce 10 novembre, Alain, Muriel et Jérôme, qui forment le groupe recrutement, sont venus nous exposer ce projet et nous parler de leur première épicerie la Coop sur mer, ouverte depuis quelques mois à Toulon, 21 traverse des Capucins dans le centre-ville et dont une deuxième devrait voir le jour rue du noyer au mois de décembre, en attendant que puisse se créer un supermarché de 1000 à 1500 m2
Mais pour cela et pour rentabiliser le projet, il faut un minimum de 1500 adhérents,, ce qui est encore loin du compte car aujourd’hui, l’association a compris qu’il fallait communique pour se faire connaître du plus grand nombre, en organisant des rencontres, des réunions, des événements, des « apéros coop », des participations à divers salons comme le salon du bien être qui se déroulera du 16 au 18 novembre au Zénith de Toulon.

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Votre participation peut être diverse : vous pouvez prendre une cotisation qui fera de vous un coopérateur et vous pourrez ainsi bénéficier de l’achat de produits proposés. Vous pouvez aussi vous investir dans un groupe de travail en donnant de votre temps et en proposant vos compétences dans divers domaines : la communication, l’organisation, le recrutement, le financement, la comptabilité, le juridique, l’informatique, la vente, la tenue du magasin et la présence dans les salons… Et l’association est là pour former ceux qui ont des velléités d’adhérer à ce projet.
La tache est énorme car il faut gérer tous ces problèmes mais aussi trouver les producteurs qui voudront jouer le jeu et hélas dans la région il y en a de moins en moins. Il faut donc avoir le temps de les trouver puisque ce sont eux le nerf de la guerre.
Le but est de rendre accessible au plus grand nombre les bons produits régionaux, leur apprendre à bien ou mieux manger sans vraiment dépenser des fortunes, à maîtriser leur consommation, à connaître la provenance des produits et créer une charte des valeurs.
L’adhésion est de 25€ par an et de 5€ pour les chômeurs et les minima sociaux.
Par ailleurs, lorsque le supermarché sera effectif, chaque adhérent pourra acheter des parts sociales.
Ces coop doivent également devenir des lieux de vie et de partage en faisant sortir les gens de leur isolement, en organisant des rencontres, des ateliers divers, en donnant des cours de diététique, en créant des cours de cuisine, en proposant des garderies pour les mamans qui veulent s’investir. Et vous pouvez aussi contribuer au choix des fournisseurs et à la sélection des produits mis en rayon.
Afin de participer au fonctionnement il est demandé aux adhérents de donner trois heures par mois de son temps libre… et plus si affinités, évidemment !

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Le but aussi est de travailler en collaboration, en partenariat avec d’autres associations. A Toulon, déjà des liens se sont créées avec le CCAS, le Lycée Hôtelier, le Cinéma Royal qui prête une salle pour des projections, des débats, des rencontres, le foyer des jeunes travailleurs.
Aujourd’hui, malgré le peu de communication qui a été faite autour de la minuscule épicerie du 21 traverse des Capucins, ce sont quelque 700 adhérents qui se retrouvent trois fois par semaine* pour découvrir ces produits proposés.
En fait chaque adhérent devient acteur et plus il y en aura plus vite le supermarché pourra voir le jour.
C’est un beau projet collectif qui mérite qu’on s’y intéresse, qui permet de rassembler des énergies, de prôner le mieux vivre et le mieux manger. Aujourd’hui l’association a besoin de volontaires et ce peut être l’un d’entre vous car c’est à la portée de tous et c’est un projet excitant qui mérite qu’on l’aide à s’épanouir.

Jacques Brachet

* Jeudi, 17h/19h – Vendredi 15h/19h – samedi 9h30/12h et 14h30/17h
www.lacoopsurmer.fr – bonjour@lacoopsurmer.fr – 06 47 08 98 31

Chateauvallon
Lancement du 17ème festival « Portraits de Femmes »

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Charles Berling et Loucha Dassa

France, Iran, Pologne, Belgique, Colombie, Maroc, Autriche, Liban, Islande, Etats-Unis, Allemagne…
Qui, hormis Loucha Dassa, peut se targuer de réunir autant de pays autour du cinéma, à part le Festival de Cannes ?
C’est, comme toujours dans une grande fraternité, que « ce petit brin de femme », comme l’a, affectueusement surnommée Chantal Molinès, déléguée départementale aux droits de la femme et à l’égalité, est venue nous présenter à Chateauvallon, accueillie par son directeur Charles Berling, la 17ème mouture de son festival cinématographique « Portraits de Femmes ».
Egalité et parité en cette soirée de présentation, puisque, hormis Chantal Molinès, Loucha était entourée de Geneviève Levy, députée du Var, Eric Marro, adjoint à la Culture de la Seyne sur Mer, Stéphane de Belleval, directeur de la communication de Chateauvallon et Luc Patintreger, fidèle parmi les fidèles et bras droit de Loucha. Une belle parité donc pour cette soirée d’ouverture dont les trois coups furent frappés par Charles Berling qui devait très vite quitter la scène, un spectacle au Liberté demandant sa présence.
Outre tous ces pays réunis, Loucha arrive chaque année à fédérer nombre de lieux pour présenter les films qu’elle a minutieusement choisis durant toute une année, allant de festival en festival pour nous offrir des pépites.
Ainsi ce festival éclate sur sept salles, à Toulon, le Liberté, l’Espace Comédia, le cinéma Royal, à Six-Fours le Six N’Etoiles, à la Seyne sur mer le Casino Joa et le Centre Social Nelson Mandela et Bien sûr à Ollioules, à Chateauvallon où ont été frappés les trois coups.
Chateauvallon, comme l’a rappelé Stéphane de Belleval, où tout a commencé puisque la toute première projection de ce festival y a été donnée, voici 17 ans et qu’il le voyait donc revenir avec émotion, longtemps éloigné de cette scène.
Luc Patintreger devait confirmer sa joie de ce retour aux origines et se souvient de ce premier film « Tango » qui reliait le cinéma à la danse, danse qui a fait le succès de Chateauvallon qui a reçu durant des décennies, les plus grandes compagnies et les plus grands chorégraphes du monde.
Eric Marro devait dire sa fierté de soutenir ce festival dont une première mouture avait justement été créée par Loucha à la Seyne sur Mer, pour affirmer le droit et l’égalité des femmes, combat particulièrement sensible encore aujourd’hui. et, devait-il ajouter en citant le poète Fernando Pesoa, « Loucha représente le rêve du monde du partage, de la liberté, d’un monde simplement humain. Et tant que ce rêve existe, il y aura toujours des cinéastes pour parler de tous ces problèmes des hommes et des femmes ».

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Loucha Dassa – Luc Patintreger – Chantal Molinès
Geneviève Levy – Stéphane de Belleval -Eric Marro

Geneviève Levy devait affirmer son soutien à cette cause immense et juste qui mérite ce combat jamais fini et dont le cinéma joue un véritable rôle : « Nous poursuivons ce combat perpétuel avec vous car la vigilance est de mise et nous devons le continuer ensemble ».
Chantal Molinès devait affirmer son plaisir de retrouver cette grande famille formée autour de Loucha depuis 17 ans (Loucha précisant que depuis 17 ans personne n’avait jamais donné sa démission !). « Loucha a toujours été une lutteuse et elle force notre respect et je suis toujours épatée de voir que ce petit brin de femme peut soulever comme montagnes ! »
Devant cette cascade de compliments et de signes d’amitié, Loucha eut un moment d’émotion, précisant que sa force venait de ce public généreux qui la suit depuis tant d’années. « Merci de votre fidélité, de votre gentillesse qui me donnent envie de continuer ».
Cette année, nous a-t-elle expliqué, le thème « Les unes et les autres » leur est venu spontanément, représentant des femmes de tous les milieux qui luttent pour leur égalité faces aux hommes, ces « autres » qui ont aussi leurs difficultés, comme le montre le film de Gilles Lellouche « Le grand bain » qui est un film d’hommes en difficulté qu’elle a sélectionné.
Bien évidemment, tous ces films au programme qu’elle a choisis lui tiennent particulièrement à cœur et elle les défend, chacun pour des raisons diverses en espérant que le public les aimera, qu’ils les feront réfléchir, que ces femmes soient artistes, résistantes, ouvrières, militantes… Que ce soit vous ou nous en fait.
Luc Patintreger devait aussi nous annoncer une soirée « hors les murs » organisée par cinq artistes femmes autour de la réalité virtuelle et présenter un film dans lequel témoignent 50 femmes. Cette soirée aura lieu le samedi 1er décembre dans la salle de concert l’Impasse à la Seyne.
A noter encore que, comme chaque année, Loucha et son équipe mettent en lumière une femme peintre. Cette année il s’agit de Jacqueline Sudrie, peintre et coloriste dont vous pouvez dès à présent admirer les oeuvres au Casino Joa de la Seyne sur Mer et ce, jusqu’au 1er décembre. Vernissage le 19 novembre.
Suite à cette présentation, l’on a pu découvrir le film de Tom Wolf « Maria by Callas », un film profondément émouvant sur la diva qu’était cette magnifique cantatrice, dont le talent était reconnu mondialement, qui n’eut pas une vie facile, qui, malgré les embûches, à su atteindre des sommets de perfection et est devenue une légende alors qu’elle nous quittait à 53 ans. Des documents rares et émouvants nous ont permis de retrouver cette voix exceptionnelle mais aussi de découvrir une femme d’une grande humanité, une femme solitaire et blessée qui a toujours vécu pour sa passion.
Un film bouleversant.
Et comme l’association les Chantiers du Cinéma ne fait pas les choses à moitié, suite à cette projection, l’on se retrouvait sur la terrasse du théâtre pour apprécier un buffet grec fin et délicieux dans une douceur automnale exceptionnelle en ce 10 novembre.

Jacques Brachet
Renseignements : 04 94 09 05 31 – 04 94 91 69 66
www.portraitsdefemmes.frleschantiersducinema@wanadoo.fr

Toulon – Création au Liberté
La ballata di Johnny e Gil

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Si le sujet de ce spectacle est un sujet brûlant d’aujourd’hui, son auteur et metteur en scène Fausto Paravidino nous montre que le phénomène migratoire est également un sujet universel qui a existé de tous les temps plus près de nous, l’arrivée des Italiens durant la guerre de 14, émigrant en France et aux Etats-Unis, et encore plus près ce que nous vivons aujourd’hui avec d’autres pays de Méditerranée.
De tous temps les peuples, souffrant de famine, de pauvreté, de menaces de mort, de problèmes religieux, ont voulu rejoindre l’Eldorado, trouver la terre promise où ils pourraient poser leurs maigres bagages et redémarrer une vie sans problèmes.
Utopie évidemment car, nombre d’entre eux sont morts en chemin ou, arrivés au bout de leur route, n’ont pas trouvé l »Eden qu’ils cherchaient, même en Amérique où en fait, les premiers américains sont des émigrés venus du monde entier.
C’est un peu tout cela que notre auteur raconte en s’appuyant sur la Bible, la Genèse, le mythe de la Tour de Babel, l’histoire d’Abraham, comme quoi, l’Histoire est un éternel recommencement.
Par contre, avec Iris Fusetti, ils ont conçu un spectacle fort original, à la fois drôle et émouvant, où tous les arts jouent un rôle, dans un décor on ne peut plus dépouillé mais où s’introduit le théâtre, la danse, la musique, la Commedia del’Arte, les masques, la technologie, le décor étant souvent une image projetée, et le mélange des langues, même si l’Italien est prépondérant.
On suit donc l’histoire d’un couple italien décidé à rejoindre l’Amérique, avec tous les aléas que comportent ce voyage : ils vont avoir affaire à des passeurs sans scrupules, à des marches interminables sous le soleil du désert, aux tempêtes sur la mer, aux agressions de toutes sortes pour pouvoir atteindre leur but.

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Mais après ça ?
Car l’histoire est loin d’être finie. Il faut alors s’adapter au pays, à sa langue et à toutes les embûches dont ils seront victimes, eux, les étrangers dont ne veulent pas les bons Américains, presque tous issus de pays étrangers, si l’on remonte un tant soit peu à l’origine de leur famille.
Ainsi suit-on l’épopée de ce couple comme il y en a tant eu, comme il y en a toujours beaucoup et comme il y en aura encore car l’immigration, la barrière des langues, les problèmes religieux, le racisme sont des sujets de tous les temps et n’ont pas fini de sévir de par le monde.
C’est un spectacle qui vous prend d’un bout à l’autre car, malgré sa longueur (3 heures) il nous raconte une vie d’errance d’une manière à la fois drôle, dramatique, singulière, soutenu par une musique signée Enrico Melozzi et des comédiens magistraux qui nous font passer du rire aux larmes.
Ce spectacle est né à New York, peaufiné en France où il est présenté en avant-première au Liberté qui est coproducteur et a été répété à Chateauvallon.
C’est de la belle ouvrage que vous pouvez encore découvrir ce vendredi 9 et samedi 10 novembre à 20h30 au Liberté.

Jacques Brachet

NOTES de LECTURES

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Rabih ALAMEDDINE : L’ange de l’histoire. (Ed. Les Escales – 387 pages)
Jacob le poète repense aux moments de son existence qui l’ont envoyé aux urgences-Psy et nous fait partager ses souvenirs.
Né des amours ancillaires d’une jeune servante qui se fait jeter à la rue par ses patrons qui la découvrent enceinte de leur fils, celui-ci se retrouve dans un bordel égyptien où il a vu le jour. Élevé par une mère distante et ses nombreuses «taties» qui le choient, il est alors récupéré par son père qui le ramène au Liban où il sera placé chez des religieuses puis se retrouvera à San Francisco après un passage par Helsinki dans une communauté gay.
C’est ainsi qu’il est amené à nous faire partager sa vie faite de quelques souvenirs tendres et joyeux mais aussi de souffrances et d’horreurs. La mort rôde partout sous les traits du Sida et il verra partir ses compagnons et son grand amour.
Un texte original certes mais très spécial, pas du tout simple à accrocher et à suivre à cause des constants retours en arrière et la présence hallucinatoire de la Mort, de Satan, de l’Ange avec lesquels il s’entretient. Malgré l’humour, parfois la tendresse, nous nageons souvent dans la noirceur et la douleur.
Mélange des genres donc mais émaillé de réflexions philosophiques et fantastiques qui rendent la lecture ardue et plombent encore plus la noirceur du sujet.
Belle écriture, érudite mais vraiment difficile à lire.
Helen FIELDS : la perfection du crime (Ed Marabout- 364 pages)
Dès les premières lignes du roman, on découvre un meurtrier, qui célèbre une sorte de cérémonial avant de mettre le feu au cadavre qu’il a installé «avec des précautions dignes de celles d’un père» (sic).  Ainsi le lecteur connaît-il le meurtrier à la différence du commandant Luc Callanach qui lui, vient d’entrer en fonction. La jeune femme est identifiée grâce aux dents qui n’ont pas brûlé : il s’agit d’une avocate du nom d’Elaine Buxton
Jusque là rien de bien nouveau. Les meurtriers commettent des erreurs, qui font qu’on finit par les arrêter. Soudain tout bascule, on retrouve le meurtrier dans une pièce totalement insonorisée et, attachée sur un lit, Elaine Burton qui hurle de terreur et de douleur.
Le meurtrier va se révéler d’une intelligence machiavélique et poursuivre son œuvre macabre en enlevant une autre jeune femme puis la coéquipière de Luc, et peu à peu on découvre les motivations de son esprit malade
Ce roman n’est pas un simple thriller car les personnages se révèlent sous nos yeux et prennent une certaine épaisseur qui ne laisse pas indifférent. De plus, on découvre peu à peu les blessures de Luc qui, nul ne sait pourquoi, a été muté d’Interpol France en Écosse, et est peu apprécié par sa nouvelle équipe.
On peut toutefois regretter l’importance donnée aux scènes de torture, à la violence un peu répétitive, de même, on ne voit pas pourquoi une autre enquête sur la mort de bébés abandonnés et morts de froid vient court-circuiter l’intrigue principale.
Malgré tout, un roman qui fait frissonner et qu’on ne lâche pas avant la dernière page, on espère d’ailleurs suivre d’autres enquêtes de l’inspecteur Callanach

Delome @ Le Dilettante de kerangal

Didier DELOME : Jours de dèche (Ed le dilettante) – 254 pages)
Quel lecteur ne serait pas séduit par ce premier roman de Didier Delome ?
Un format agréable, une couverture éclatante de couleurs empruntées au plumage d’un perroquet et dès la première ligne, le sentiment que le sujet sort du commun.
« J’ai toujours mené la grande vie, puis me suis retrouvé à la rue, sans rien, démuni, ayant tout perdu » ce sont les premiers mots de l’auteur et le lecteur ne lâchera plus ce livre qui se lit comme un polar. C’est un récit autobiographique passionnant.
A Paris, un galeriste mondain prépare son suicide avec sang froid alors qu’il attend l’arrivée de la police et de l’huissier de justice venus l’expulser. C’est la chute vertigineuse de cet homme qui, sans colère ni amertume raconte son errance, la recherche d’un toit, l’assistanat, les affres des entretiens d’embauche, mais son fatalisme, sa dérision et son désir de reconquérir une dignité le sauveront de la déchéance. N’oublions pas Madame M des services sociaux, sa bonne fée.
Rien n’est nostalgique dans ce roman, une nouvelle vie commence sans fards, indépendante et libre. Quoi de mieux alors que de se mettre à l’écriture puisqu’il a «des tas de romans en tête qui ne demandent qu’à éclore sur le papie »
Un premier roman prometteur.
Maylis de KERANGAL : Un monde à portée de main (Ed Verticales – 285 pages)
Dans ce dernier roman, repéré dès sa sortie en septembre dernier, Maylis de Kerangal nous propose une incursion dans le monde des peintres copistes avec une volonté affichée de pénétrer leur univers.
Nous sommes à Paris, en compagnie de trois jeunes gens tout juste sortis d’une année de formation à l’Institut de Peinture de Bruxelles.
Peintres en décor et autrefois colocataires, ils se retrouvent après leurs premières expériences professionnelles. Chacun nous est présenté dans sa spécificité. Paula, spécialisée dans le règne animal, a produit un panneau en écaille de tortue. Kate, séduite par le minéral a réalisé de faux marbres et Jonas attiré par le végétal, a élaboré une fresque tropicale
Le lecteur, s’il est vite séduit par la dynamique des personnages, hésite devant un tel déploiement de termes techniques, qualifiant chaque objet, chaque ingrédient, chaque geste, chaque attitude, propres à chaque univers. La lecture en est parfois fastidieuse lorsqu’il s’agit, comme dans une revue spécialisée, de côtoyer le jargon technique spécifique au trompe-l’œil, et de s’initier à l’art de l’illusion.
Le texte avance cependant même si l’ampleur des phrases de l’auteur, ses juxtapositions constantes, bousculent le lecteur. Par bonheur, les discours et les réflexions des jeunes artistes, rapportés et intégrés à la narration amusent avec subtilité.
Et les chantiers et les lieux défilent. Nous passons du décor d’Anna Karénine dans un théâtre de Moscou, à un trompe l’œil du Grand Canal de Venise, aux studios de Cinecittà à Rome,  pour finir non loin de Montignac, dans un fac-similé de la grotte de Lascaux.
Nos jeunes artistes, travailleurs itinérants, n’ont pas la vie facile mais la passion qui les anime la rend possible et le lecteur se prend lui aussi à s’enthousiasmer pour cette réalité copiée plus vraie que nature.
Ainsi, croit-on comprendre, le faussaire aura figé le réel. Il l’aura rendu accessible en focalisant sur l’aspect statique de la nature reproduite.
L’art de la réplique pour expliquer ce «monde à portée de main».

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Nancy HUSTON : Lèvres de pierre. (Ed. Actes Sud – 240 pages)
Les lèvres de pierre ce sont celles des statues cambodgiennes à l’entrée des temples, impersonnelles, impénétrables, closes comme sont closes les paupières souvent d’avoir trop vu et incapables de communiquer.
Derrière ces lèvres de pierre se retrouvent en parallèle deux personnages. D’une part Saloth-Sar le jeune élève peu doué mais effacé, devenu moine bouddhiste, qui va s’exiler et s’éveiller à la connaissance à travers le Paris révolutionnaire qui l’entrainera vers le communisme, la folie du pouvoir et la destruction, pour devenir ce tyran de Pol-Pot, exterminateur et dément
Dans cette première partie Nancy Huston s’adresse à lui qu’elle nomme » l’homme nuit », se met dans sa peau et épouse son détachement envers son corps et le corps des autres. Puis le ton change. La voilà revenue dans le corps de Doritt la jeune rebelle de «Bad Girl» »,la jeune canadienne qui arborera aussi les lèvres de pierre pour cacher sa soumission aux autres, aux hommes qui l’exploitent, l’humilient , la soumettent, y compris ses proches : père, amants, amis, entrainée dans le grand existentialisme qu’elle traverse dans un Paris de révolte, dans l’anorexie, le marxisme.
Entrant doucement dans ce texte sans comprendre le but recherché par l’auteur on se retrouve peu à peu emballé dans un tourbillon qui disperse tout sur son passage. Si on n’a pas lu la quatrième de couverture on ne se doute pas de qui est ce jeune moinillon souriant et ce qu’il est devenu et qu’y –a-t-il de commun entre ces deux personnages.
L’opposition totale due à la même enfance castratrice pour les deux, les mènera vers une vie de militantisme radical et mortifère pour l’un et libératrice pour l’autre
L’écriture est somptueuse, la construction époustouflante, embarquant du plat néant à la spirale folle qui retombera après la tempête.
Mais que d’émotions !
Nicolas MATHIEU : Leurs enfants après eux ( Ed Actes Sud – 425 pages)
Prix Goncourt 2018
Heilange, commune de la Moselle où la métallurgie a pendant un siècle drainé «tout ce que la région comptait d’existence, happant d’un même mouvement les êtres, les heures, les matières premières».
Anthony a quatorze ans en 1992, il fait partie d’une bande de jeunes faisant l’apprentissage de la vie. C’est l’été, il fait chaud, on s’ennuie vite à Heilange, alors on boit, on regarde les filles, on rigole, on écoute sans fin les groupes rock, on frime en empruntant la moto mythique du père et, patatras, on se la fait voler par un arabe, dealer à la petite semaine. Les parents s’ennuient aussi, le chômage fait des dégâts, on fait au mieux, mais les disputes, les divorces détruisent le tissu social.
La trame est sombre mais le roman ne l’est pas, porté par l’énergie de ces adolescents dans la lumière de l’été, la rage de vivre et de s’en sortir. Radiographie fidèle, documentée, vivante d’une époque racontée avec brio, tragédie jubilatoire, un peu comme la finale de la coupe du monde de football où jeunes et vieux vont s’enthousiasmer.
Mais après ?
Magnifique second roman d’une force et d’une tendresse hors du commun.

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Alice  PICIOCCHI et  Andrea ANGELI.  Kiribati – chroniques illustrées d’un archipel perdu. (Ed du Rouergue – 144 pages). Traduit  de l’italien par Jérôme Nicolas. 
L’archipel de Kiribati, situé au milieu du Pacifique, est composé de trente deux atolls dont une île devenue célèbre en raison du destin tragique qui l’attend : premier pays du monde à disparaître littéralement à cause du changement climatique (dans 20-30-50-100 ans en fonction des hypothèses).
Leur président en 2015 a imaginé un plan B pour survivre : une migration de masse sur une parcelle de terre achetée à l’église anglicane, aux îles Fidji située à trois milles kilomètres de là.
Ce récit de voyage, composé d’atlas et de chroniques illustrées, fait découvrir aux lecteurs de quoi sont faites les vies des insulaires. Trois grands thèmes qui s’entremêlent : culture, société et environnement.  Grâce à une réserve marine qui est une des plus complexes et des plus riches du monde (cinq cents espèces de poissons) ils survivent avec des noix de coco, quelques cochons, des taros et de l’arbre à pain, d’où leur embonpoint. Les femmes, hormis les travaux domestiques et l’éducation des enfants, se distraient en jouant au « bingo ». Elles essaient de mettre sur pied une petite entreprise artisanale et collectent des fonds pour l’église…
N’ayant qu’une tradition orale, les deux auteurs font une sorte d’inventaire des modes de vie et des mœurs de ces iliens tout à fait comparables à Tahiti, aux îles du Pacifique en général.
Ils restent sereins devant l’adversité et le futur.
C’est un beau livre facile à lire, magnifiquement illustré, qui rend hommage aux vivants et qui peut faire réfléchir certains.

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Jacques F. THOMAZI : La force X à Alexandrie (1940-1943)
Disponible sur Internet : Thebookedition.com
Toulon : Librairie Charlemagne, ISBN: 979-10-93050-08-9
De 1940 à 1943, une partie de la Flotte française de la Méditerranée orientale, commandée par le vice-amiral Godfroy fut bloquée par les forces anglaises placées sous le commandement de l’amiral Cunnigham.
Ce récit est le témoignage posthume d’un médecin embarqué, témoin de la vie quotidienne de cette force.
Pendant la seconde guerre mondiale une partie de la flotte de la Marine française a été capturée par l’opération Catapult, une partie a été canonnée à Mers el Kebir, une partie s’est sabordée à Toulon et une partie de l’escadre de Méditerranée orientale, commandée par l’amiral Godfroy, a été bloquée à Alexandrie par les forces anglaises commandées par l’amiral Cunningham.
La flotte française, la Force X, était composée d’un cuirassier : la Lorraine, de quatre croiseurs : le Duquesne (navire amiral), du Suffren, du Tourville et du Duguay-Trouin, de deux torpilleurs, le Basque et le Forbin, et d’un sous-marin au funeste sort, le Protée.
L’auteur, Jacques Thomazi, était un tout jeune médecin à peine sorti de santé Navale lorsqu’il s’est retrouvé embarqué d’abord sur le Forbin, puis sur le Tourville enfin sur le Duquesne. Il a écrit ce récit-journal et il a rédigé pour la flotte l’Hebdo-Force X.
Il a essayé de traduire l’état d’esprit des marins pendant ces trois longues années d’immobilité. Témoignage posthume
Il n’y a peu de texte sur ce sujet en dehors de l’aventure de la Force X écrit par l’amiral Godfroy Plon 1953 qui relate ce moment.