En septembre dernier, Romy Schneider aurait fêté ses 80 ans.
Difficile à imaginer tant on garde dans la tête et dans le cœur, le souvenir d’une des plus grandes comédiennes qu’on ait connue et d’une femme belle, sublime, lumineuse, malgré ses parts d’ombre comme tout un chacun.
Et pour ce triste anniversaire, le journaliste Jean-Pierre Lavoignat, ami de Sarah Biasini, la fille de l’actrice, elle-même actrice, ont décidé de lui offrir une exposition à Paris et de ressortir un livre que Jean-Pierre lui avait déjà consacré, revu et corrigé.
Splendide album où l’on découvre les plus belles photos de la vie de femme, de mère, d’actrice de cette sublime icône qu’est Romy Schneider, des fameux « Sissi » à « La passante du Sans Souci », agrémenté d’une biographie et d’une interview exclusive de Sarah, qui a bien voulu se confier à Jean-Pierre, chose rare pour cette fille de star dont la lumière n’a pas toujours été facile à soutenir.
Jean-Pierre, avec lequel nous nous nous sommes croisés mille fois au Festival de Cannes et qui est venu passer un moment à Toulon, à la librairie « Le carré des mots », pour signer ce magnifique album.
Jean-Pierre, pourquoi Romy ?
Comme beaucoup de gens, j’adorais l’actrice mais en tant qu journaliste, je n’ai jamais eu l’occasion de l’interviewer. Alors que je travaillais au magazine « Première », c’était Marc Esposito qui s’en chargeait. Bien sûr, je l’ai quelquefois croisée et même rencontrée pour la première du film de Claude Sautet « Une histoire simple ». Mais c’était toujours en simple témoin.
Par contre, je suis ami avec sa fille Sarah Biasini depuis longtemps. Et lorsqu’il a été question d’organiser cette exposition à Paris en 2011/2012, elle m’a demandé d’en être le commissaire, chose que je n’avais jamais faite auparavant. Au départ il était question que ce soit Henry-Jean Servat, qui avait monté au même endroit l’exposition de Brigitte Bardot. Mais Sarah s’est sentie plus sécurisée avec moi : « Tu me protègera et je te fais une confiance totale » m’a-t-elle dit.
J’étais très ému et… comment refuser ?
Comment monte-t-on une telle exposition ?
D’abord, je me suis plongé dans la vie et la carrière de Romy. Et puis, il a fallu chercher objets et documents, ce qui a été à la fois difficile, excitant et émouvant.
Je suis d’abord allé à la cinémathèque de Berlin qui nous a prêté beaucoup de choses de sa carrière allemande. Mais ils ont presque occulté sa carrière française ! Je me suis donc penché sur cette dernière et en premier lieu, je suis allé voir le fils de Claude Sautet qui nous a beaucoup aidés. Il avait plaisir à parler de son père, il a tout gardé de lui et il nous a prêté des choses magnifiques, des scénarios, des lettres émouvantes de Romy à son père dont une particulièrement, presque prémonitoire où elle écrivait qu’elle ne vivrait pas vieille.
Je suppose que vous avez rencontré Alain Delon ?
Oui, même s’il a mis beaucoup de temps à me répondre. Mais il a fini par nous recevoir et nous a prêté plein des photos, très peu de photos inconnues ou rares mais ce qui était émouvant, c’est qu’elles étaient toutes encadrées de la même manière.
Et Sarah ?
En fait, elle a très peu de choses car Laurent Pétin, le dernier compagnon de Romy, a quasiment tout gardé, Sarah possède une bague en ébène incrustée d’une pierre, offerte à Romy par Luchino Visconti, qu’elle a porté dans de nombreux films et quelques bijoux dont un un médaillon avec une photo de Romy jeune que Magda Schneider, sa grand mère, lui avait donné et les deux César que Romy a obtenus pour « L’important c’est d’aimer » et « Une histoire simple » Michèle de Broca, épouse du réalisateur Philippe de Broca, productrice et marraine de Sarah, lui a prêté la robe de mariée que portait Romy dans le film dans « César et Rosalie ». Mais c’est vrai qu’à l’occasion de cette exposition, Srah a découvert beaucoup de choses.
Le livre est donc né de cette exposition ?
oui, tout à fait, et il a été réédité à l’occasion des 80 ans de Romy, dans un autre format, avec les mêmes photos et l’entretien que j’ai eu avec Sarah, ce qui est une chose rare car, lorsqu’on a une telle mère et qu’en plus on est comédienne, ce n’est pas facile tous les jours.
Aujourd’hui, avec le temps et le recul elle le prend mieux et comprend combien sa mère a compté pour des milliers de gens. Elle s’y est faite car de toutes façons elle n’y peut rien changer.
Quand avez-vous rencontré Romy pour la dernière fois ?
Pour l’avant-première de « La passante du Sans soucis » où, malgré tout, elle était lumineuse de beauté. Il y a eu entre autre cette scène extraordinaire : le face à face de Romy avec François Mitterrand qui était présent. Je me souviendrai toujours de ce regard admiratif qu’il avait et du Regard de Romy se rendant compte de cela avec un sourire qui en disait long. On aurait dit qu’un rayon laser réunissait leurs deux regards ! C’est pour moi un souvenir fantastique.
Elle devait disparaître quelques temps après.
Jean-Pierre, comment êtes-vous devenu journaliste ?
J’ai d’abord débuté à la locale du Provençal à Avignon puis je suis « monté » à Paris pour suivre les cours du Centre de Formation des Journalistes (CFJ) puis je suis rentré à l’AFP avant de rejoindre Marc Esposito à Première puis de créer Studio Magazine avec lui en 1987, journal que j’ai quitté en 2006. Après ça il y a eu la radio, la télé, quelques livres…
Et aujourd’hui ?
Je prépare un livre pour célébrer les cent ans de Gérard Oury. En ce moment, je passe beaucoup de temps avec sa fille, Danièle Thompson, que j’avais connue grâce à son fils Christopher qui m’avait demandé de réaliser un film sur son grand-père, trois ans avant son décès. Avec Danièle, nous nous voyons très souvent et par contre elle, elle a une foule de documents formidables sur son père car la mère de celui-ci collectionnait tout ce qui sortait sur Gérard dans des classeurs. C’est une mine d’or !
Et puis, je travaille pour Canal et OSC sur des portraits d’artistes. En ce moment passent trois reportages sur trois des plus grands réalisateurs mexicains : Guillermo del Toro, Alexandro Gonzales Inarritu et Alfonso Cuaron, qui sont amis et ne se sont jamais éloignés les uns des autres.
Mais je suis heureux que ce livre sur Romy ressorte car, c’est vrai, il y a eu un grand nombre de livres sur elle mais je crois, en toute modestie que nous avons le best of des plus belles photos d’elle.
C’est un bel hommage.
Propos recueillis par Jacques Brachet