C’est toujours avec plaisir que je retrouve Olivier Marchal avec lequel j’ai quelques souvenirs sympathiques au festival TV de la Rochelle… autour d’un… ou plusieurs verres, sans parler du tournage de « On ne se quitte plus », à Sanary, avec Ingrid Chauvin.
Donc plaisir de le retrouver au Liberté où il jouait les deux dernières représentations en tournée de « Nenesse », d’Aziz Chouaki, mise en scène de Jean-Louis Martinelli, avec Christine Citti, Hammou Graïa et Geoffroy Thiebaut.
Un sombre drame, plus noir que noir, fait de bruit et de fureur, de colère et de violence.
Nenesse a tout les défauts, toutes les tares de la terre. Cet ancien rocker et ancien légionnaire qui, suite à un AVC, se retrouve au chômage, en fauteuil roulant (pas toujours !) en veut au monde entier. Il es homophobe, raciste, islamophobe, antisémite, caractériel et « réactionnaire radical » comme il aime se définir..
Ce qui ne l’empêche pas de louer un boui boui au noir et à un prix exorbitant, à Goran un ancien boxeur slave qui a entraîné Daesh et Aurélien homme cultivé qui a travaillé au Sénat, d’origine russe mais qui, suite à la perte de ses papiers est devenu… un sans papier.
En colère vingt-quatre heures sur vingt-quatre heure, il hurle, vocifère, insulte tout le monde, sa femme inclus, crache sur tout et tous, vitupérant sur les étrangers de quelque couleur que ce soit, sur les homos… sur le monde entier.
Que dire sinon que c’est une pièce forte, dure, très dérangeante, surtout que tous les sujets épineux d’aujourd’hui sont évoqués et qu’on est quelquefois mal à l’aise par la brutalité des situations et des dialogues qui ne sont pas issus de chez Molière ou Musset.
C’est une pièce contemporaine, politique, psychologique et Olivier Marchal y campe un mec abominable avec une maestria qui est une vraie grande performance.
A la fin de la pièce, il est crevé, exsangue et c’est pour cela qu’il a préféré qu’on se voit avant la pièce, d’autant qu’il avait un peu de vague à l’âme de devoir ce soir-là quitter son rôle, la pièce et ses camarades de jeu, superbes aussi.
Olivier, comment es-tu entré en contact avec cet odieux personnage ?!
C’est Jean Martinelli qui m’a appelé. Il y a trois ans, j’avais dû refuser une proposition qu’il m’avait faite car je n’étais pas libre. Mais j’avais très envie de travailler avec lui et cette fois j’étais libre !
Et tu as dit oui tout de suite ?
Je t’avoue que j’ai un peu hésité car la pièce est très corrosive, très osée, les dialogues sont costauds et violents. C’est un théâtre très dérangeant mais j’ai trouvé le rôle formidable. C’est vrai que le public est très partagé : certains adorent, certains détestent..
Dur d’entrer dans un tel personnage ?
(Il sourit) Ce n’est pas plus dur que de prendre une permanence de flic !
Mais ça me change des personnages de flic qu’on me propose souvent
C’est vrai que ça n’était pas évident pour moi, étant donné le vocabulaire qu’il emploie et ce qu’il dit. C’est un personnage très antipathique, c’est le moins qu’on puisse dire, il a tous les défauts du monde, il n’y a rien de bon chez lui. J’ai quand même essayé de lui trouver quelque chose de sympathique.
Comment ?
Déjà, en ne pas trop analyser ce que je dis, prendre un certain recul. Et puis je me suis dit que c’était un mec qui dégueulait sur sa propre vie ratée. C’est en cela qu’il peut devenir touchant.
C’est rare qu’on te propose de tels rôles !
D’autant plus rare au cinéma ou à la télévision. Autre que rare ! On te catalogue par rapport à ton physique, à ce que tu as fait, et difficile de sortir de là. Il n’y a qu’au théâtre que je puisse jouer de si beaux rôles et comme j’adore être sur scène, j’essaie d’en faire le plus possible.
Être une heure et demi sur scène, sans filet, c’est jouissif.
Tu arrêtes donc la pièce… pour te plonger dans quoi ?
Je vais tourner deux films en espérant les enchaîner l’un après l’autre.
Le premier est un polar intitulé « Bronx » que je réaliserai et jouerai à Lyon et sur la Côte d’Azur, qui tourne autour de l’affaire Michel Neyret.
Le second sera tourné en Belgique, réalisé par Yves Rénier, autour de l’affaire Jacqueline Sauvage. C’est Muriel Robin qui l’incarne et j’y jouerai son mari.
Et côté prod ?
La production pour moi, c’est terminé. C’est trop d’emmerdes. J’ai fermé ma maison de production. Aujourd’hui je ne veux plus que me faire plaisir !
Propos recueillis par Jacques Brachet