Archives mensuelles : octobre 2016

Art Orchestra à Ste Anne du Castellet

castellet2

Art Orchestra est un orchestre né voici cinq à à la Bouilladisse, sur une idée d’Alexandre Bonjean,qui dirige l’école de musique, entouré de trois musicien et professeurs de musique. Formation qui quelque vingt jeunes musiciens en devenir dont le but est de les habituer à jouer devant un public autre que parents et amis, à gérer leur trac, à créer un projet collectif, à partager et découvrir différentes musiques. Depuis cette année, ils vont donc jouer dans villes et villages, offrant leur prestation dans de vraies conditions de concerts.
Parmi les professeurs, la violoniste Claire Lemoine qui nous explique : « Notre but est aussi de créer une formation durable » et nos prestations sont gratuites. afin de pouvoir faire tourner l’association, nous nous produisons dans des maisons de retraites, organisons des expositions photos et proposons des produits régionaux
Le 28 Octobre prochain, la commune du Castellet accueillera Art’Orchestra dans le cadre d’un échange avec l’association des Amis de San Benedoto Po, autour du thème des musiques de film.

dom2

Le concert, sera donné au sein de l’église de Saint Anne du Castellet, et à l’issu de la représentation un cocktail sera offert autour d’une exposition photo de l’orchestre.
Cette manifestation sera également l’occasion de présenter les actions à venir de l’association des Amis de San Benedetto Po.
Et pourquoi pas envisager un partenariat musical dans la durée ?
L’on retrouvera l’orchestre le dimanche 11 décembre à 11h sur la place de la mairie du Castellet pour un grand spectacle de Noël où se produiront divers groupes et artistes.

JB

 

La Rochelle – Festival TV
Aliocha ITOVICH-Julia DORVAL, entre théâtre et télé

a

Ils sont tous deux beaux comme des dieux. Aliocha Itovich et Julia Dorval sont comédiens et se sont rencontrés sur une pièce de théâtre, voici trois ans. De ce jour, ils ne se sont plus quittés.
Julia était partie pour faire des études de sciences économiques mais très vite, la passion du théâtre l’en a fait se détourner. Elle suit les cours Florent, parle plusieurs langues et tout aussi vite, se retrouve… dans un programme court pour TF1 : « Code barge », suivi de « Scènes de ménages » où elle est Ludivine, la sœur de Fabien.
Aliocha, a débuté à… 10 ans. Il faut dire qu’avec un père éclairagiste et une mère danseuse, sans oublier un oncle qui était tout simplement Jorge Donn, (le fameux danseur étoile du non moins fameux Boléro de Ravel du film de Lelouch « Les uns et les autres), il aurait pu aller vers la danse mais c’est la comédie qui l’a emporté.
Il a commencé dans une troupe de rues, la Cie les Espiègles qu’on a pu voir plusieurs années au festival d’Avignon, puis dans quelques pièces de théâtre à Paris. Mais il a des velléités de réalisateur et se lance alors dans le court métrage. Il en tournera quatre qu’on a pu voir dans de nombreux festivals.
Didier Caron, co-directeur du Théâtre Michel l’appelle alors pour une pièce avec une comédienne qui, ne faisant pas l’affaire, est remplacée par Julia. Et là commence leur histoire.
Ils décident de monter des projets en commun tout en continuant leur métier chacun de leur côté. Naîtra alors « A.J Prod »… devinez pourquoi !
C’est en retrouvant trois autres blondes dans un cours d’Anglais que Julia a l’idée de les réunir pour un programme court.
« Ce n’est pas parce qu’on est quatre comédiennes blondes – assure Julia – qu’on a la même personnalité et pourtant on s’est souvent retrouvées sur un casting pour un même rôle. Du coup, avec Aliocha, on a décidé cette série de sketches très courts sous le titre de « E.L.L.E.S », qui parle de la vie des femmes d’aujourd’hui avec leurs problèmes, leurs joies, les tabous, les réflexions sur la vie, abordant des sujets drôles ou graves avec légèreté… »
Bien évidemment c’est le couple qui écrit les dialogues, qui en est producteur, le tout réalisé par Luc David, le réalisateur de « Scènes de ménages ». Tout est dans la boîte, ils sont en attente d’un distributeur, d’où leur venue au festival TV de la Rochelle.

e d

D’autant qu’ils ont écrit entre temps une autre série de six fois 52 minutes « Saucios ».
« C’est – nous dit Aliocha en riant – une comédie dramatique à suspense, quelque peu amorale, trash et glauque. L’histoire de deux types sans un sou, Marc et Alex, qui décident d’ouvrir une pizzeria sur la Côte d’Azur. Ils sont tellement maladroits, inconscients et barges, qu’ils vont semer des cadavres sur leur chemin, cadavres qu’ils vont faire disparaître de façon très inattendue. Je serai Marc, aux côtés d’Alex alias Guillaume Ducreux et il se pourrait qu’il y ait une grosse surprise dans le rôle de l’inspecteur… Mais il n’a pas encore signé, donc… motus ! »
Ce sera tournéà Nice avec l’aide de la Commission du Film des Alpes Maritimes.
En attendant, Julia revient régulièrement dans « Scènes de ménages » et jouera à partir de la rentrée la pièce « Abracadabrunch » d’Alil Vardar, à la Grande Comédie à Paris., pièce qui sera captée pour la chaîne C8.
Aliocha, lui, sera au Théâtre Michel dans une pièce de Stefan Sweig qu’il a jouée à Avignon : « La peur », adaptée et mise en scène par Elodie Menant. Puis il partira en tournée avec une autre pièce jouée à Avignon et avec laquelle il a aussi tourné dans une bonne partie du monde : « Tant qu’il y aura les mains des hommes », sur des textes de Tahar Ben Jelloun, Romain Gary, Nancy Huston, Amin Maalouf, Pablo Neruda et quelques autres écrivains, adaptés et mis en scène par Violaine Arsac.
Entre théâtre et télévision notre jeune couple a du travail sur… les planches et devant les caméras !

les3Trois « E.L.LE.S » réunies à la Rochelle : Julia Dorval, Nina la nympho – Eléa Clair, Roxane la psycho – Diane Dassigny, Guillemette la décalée. Manque Perrine Gilbert, Iris la desperate housewife.

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

 

Bernard SAUVAT…
Il existe encore des poètes

a

S’il se fait discret, Bernard Sauvat est l’un des fleurons de notre chanson française, au même titre que Chelon, Danel, Ferré, Barbara.
Il aurait mérité d’être plus dans la lumière tant il écrit et chante de magnifiques chansons autres que les plus connues comme « Le professeur est un rêveur » ou le fameux hymne de la première Star Ac’ « L’amitié »
Retrouvé sur les tournées Age Tendre puis à Pertuis l’été dernier, où il est venu épauler Michèle Torr pour son gala annuel en faveur de son association « Sclérose en plaques en pays d’Aix », il nous avait promis un nouvel album.
Il a tenu sa promesse et l’a justement intitulé « La poésie à fleur de mots », titre totalement en fusion avec ces seize chansons qu’il nous propose, concoctées seul ou avec de belle pointures comme Alain Turban, Pierre Groz, Frank Thomas, orchestrées pour certaines par Guy Mattéoni.
C’est un vrai florilège de poésie mêlée de nostalgie, peut-être un peu trop de cette dernière, sauf à la fin où il nous entraîne sur le chemin des « Petits ânes de la terre » ou des « Poètes de Barbizon ». L’on retrouve cette voix fêlée chargée d’émotion qui fait passer des frissons.
« Marie », « Je me rapproche de Dieu » sont aussi chargées d’amour.
« J’écris ce que je vis », nous chante-t-il dans « Tu me manques », chanson des années 70 tout comme « Quand maman dort » qu’il a eu raison de reprendre tant elles sont belles.
Il dit encore qu’il n’est pas un grand poète et avoue « Vrai qu’j’aurais aimé écrire tout ça » en évoquant les plus grand de la chanson française. Ne sait-il pas qu’il en fait partie et qu’il n’a pas à rougir de ses oeuvres qui s’en rapprochent ?
Certaines chansons sont enregistrées en studio, d’autres en public mais toutes touchent au cœur.
Et ultime clin d’œil : il ferme ce CD avec « Le professeur est un rêveur ».
Beau rêveur que Bernard Sauvat.
Et belle rencontre avec cet homme comblé puisque sa fille, Marie, vient de le faire grand-père.
C’est donc entre deux biberons qu’on se retrouve pour parler de ce bel album.

« Tu sais, on est toujours un peu malheureux lorsqu’on fait un disque que les gens n’écoutent pas, non pas qu’il ne soit pas bon mais aujourd’hui, il faut se battre pour se faire entendre. Heureusement qu’il y a encore quelques professionnels fidèles comme Drucker, Sébastien… ou toi, qui ne nous oublient pas. Ca réchauffe le cœur.
Mais si radio et télé oublient « les anciens », tu es toujours là !
(Il rit), oui, parce que, chanter reste mon métier, la chanson, c’est ma vie, la poésie, c’est ma passion et que je n’ai jamais arrêté de les pratiquer.
Mes 50 ans de chansons, je les ai fêtés à Beyrouth devant près de 2000 personnes de tous âges, qui connaissaient mes chansons. Je n’aurais pas pu le faire en France. Ici, la jeunesse doit se souvenir de « Le professeur est un rêveur » et « L’amitié », à qui la Star Ac’ a donné une deuxième vie..
Je viens d’aller chanter à la Sorbonne devant des classes de seconde qui m’ont découvert et qui ne comprennent pas qu’on m’entende si peu. Le jeunisme des radios et des télés est fatigant et sclérosant.. J’ai quand même écrit quelque 250 chansons… Combien sont-elles connues ?

b

Parlons de ce nouveau disque
Je suis heureux car autour de lui il y a un engouement sympathique et sincère. Je le crois lourd, consistant car, pour beaucoup, autobiographique lorsque je parle de Casablanca, de ma fille, de l’absence de ma mère, de Dieu et même des petits ânes ou de Barbizon où, de 1980 à 2000, j’avais un cabaret, « Le bistrot du Musée » où passaient tous mes amis chanteurs, de Croisille à Escudero en passant par Didier Lockwood…
C’est, je pense, de la poésie mais qui prend ses racines dans la vraie vie. On est tous poète à sa façon.
C’est un disque très nostalgique…
Oui, ce ne peut que l’être lorsqu’on parle de sa vie et de plus, d’une vie heureuse. Car j’ai eu une belle enfance, j’ai un passé heureux et il est normal que je parle de mon bonheur avec nostalgie, avec des univers assez lyriques puisque c’est moi qui habille mes chansons et j’aime lorsque ça s’envole !
Le futur ne m’intéresse pas, d’autant qu’il s’assombrit de jour en jour. Je vis au présent sans oublier le passé.
Tes chansons sont à la fois simples et poétiques !
Elles sont surtout intemporelles. Elles n’ont jamais été à la mode et ne le seront jamais, mais on peut toujours les chanter et on pourra les chanter encore, en changeant le rythme, les orchestrations… Je crois qu’elles tiendront toujours la route.
Par exemple « Sous un ciel de velours tendre », je l’ai écrite pour Betty Mars en 73, tout comme j’ai chanté dans les années 70, « Tu me manques », « Quand maman dort », que je reprends avec de nouvelles orchestration et qui semblent avoir été écrites aujourd’hui.
Il ne faut jamais jeter les chansons, les oublier. Il faut les faire vivre et revivre.
Comme les chanteurs ?
Exactement ! Mais en France, passé un certain âge, on est considéré comme has been ou ringard. Mais nous sommes toujours là, nous les plus vieux, alors que beaucoup de jeunes disparaîtront avant nous ! Et puis… Est-ce qu’on vieillit encore quand on est vieux ?!
Tu es quand même revenu sur le devant de la scène grâce à la Star ac’ et aux tournées Âge Tendre…
Oui, pour la Star Ac’, ça a été incroyable qu’un ado comme Jeremy Chatelain connaisse et aime « L’amitié » qui est un peu devenue leur hymne. Quant à Âge Tendre, ça n’était pas spécialement bien car, si l’on chantait devant des milliers de gens, on n’avait que deux ou trois chansons à chanter et surtout pas les nouvelles… C’est pour cela que j’ai écrit « Le professeur ne rêve plus » !

c

Une scène, une tournée sont-elles prévues ?
Les scènes, j’en fait toujours, là où on me demande. Je tourne souvent avec mon ami Herbert Léonard. Quant à une scène parisienne, pourquoi pas, si je trouve une petite salle. L’Olympia, il faut le remplir et puis, ça ne veut plus rien dire. Avant c’était une consécration de le faire. Aujourd’hui, si tu as les moyens de le louer, il est à toi
Je préfère de petites salles intimes où les gens viennent pour t’écouter, où l’écoute est sensible. »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

La belle « Histoire de l’Amour » par Ruda MIHAILEANU

a

Il était une fois Léo, juif polonais qui, dans les années 30,amoureux d’Alma, jeune juive également, lui promet, contre vents et marées, de l’aimer toujours alors qu’elle part se réfugier à New-York et que, sans argent, il la rejoindra dès que possible.
Entre temps, il écrit un roman pour cette jeune fille « L’Histoire de l’Amour », pour la femme, dit-il, la plus aimée du monde. Roman qu’il confiera à un ami au cas où il lui arriverait malheur.
L’histoire se poursuivra donc en Amérique mais pas comme il l’avait imaginé, retrouvant Alma mariée avec deux enfants, dont l’aîné est le sien, et son livre disparaîtra avant de reparaître signé de son ami.
C’est une sorte de saga entre deux pays, mais loin d’être linéaire, elle entremêle présent et passé avec nombre de flash-back, jusqu’à la rencontre finale.
Le vieux Léo est magistralement interprété par Sir Dereck Jcobi, à la fois drôle, attendrissant, fataliste, amoureux fou, pouvant devenir méchant et sarcastique, aux côtés d’un truculent Eliott Gould. Mais c’est un personnage oh combien attachant et le film est bouleversant, jouant à la fois sur l’humour yiddish, la dérision, l’émotion. Superbement maîtrisé par Radu Mihaileanu, qui nous a déjà offert de magnifiques moments de cinéma avec « Le concert », « La source des femmes », « Vas, vis et deviens »… et qui est bardé de prix et de récompenses, dont trois Césars.
C’est un beau cadeau que nous ont fait Noémie Dumas et Jérôme Quaretti, gérants du Sx N’Etoiles de Si-Fours, en invitant ce grand réalisateur, aussi simple et volubile, qui a un parcours hors normes, de sa naissance en Roumanie à son arrivée en France en passant par Israël.

« Au début du film, l’on est un peu dans le flou artistique, entre tous ces personnages et les flash back, on a du mal à s’y retrouver !
(Il rit) C’est fait exprès et encore, j’ai simplifié l’histoire du livre qui était encore plus compliquée ! Je l’ai reconstruite à ma manière et dans un ordre différent. Je me suis occupé des effets avant de m’occuper des causes. Je voulais que le spectateur se pose des questions pour avoir ensuite la satisfaction de s’y retrouver. Le montage a aussi été conçu par blocs, des blocs qu’on ne pouvait pas séparer. J’ai imbriqué toutes les histoires, mélangeant passé et présent car elles sont toutes mystérieusement liées.
Adapter le roman de Nicole Krauss n’a pas dû être facile…
Effectivement l’écriture a été difficile car le livre est formidablement complexe et chargé de symboles. J’ai dû en simplifier la structure et j’ai voulu monter mon film comme une série télévisée d’aujourd’hui.
Pourquoi ?
Aujourd’hui, le public est habitué à ces séries TV qui ont le temps d’installer l’histoire, de développer les personnages. Ils ont appris à être patients afin de connaître la fin de l’histoire. J’ai été conquis par cette modernité.
Alors que votre film est une production française, les comédiens sont tous anglo-américains. Pourquoi ?
Pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’histoire se passe en grande partie à New-York et que les personnages sont américains ou le deviennent. Et puis, parce que j’aurais eu plus de mal à trouver des comédiens français avec l’accent yiddish. Déjà que ça a été difficile de les trouver pour la version française !

069190-jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx 068878-jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx

Tous les comédiens sont remarquables.
J’ai eu la chance que Sir Dereck Jacobi accepte le rôle. C’est un immense comédien de théâtre shakespearien qui a très souvent refusé des rôles au cinéma, passionné qu’il est par le théâtre.
Ma première conversation avec Elliot Gould a été tellement chaleureuse… Que j’ai pensé que c’était trop beau pour être vrai et qu’il refuserait en se rendant compte qu’il n’avait pas le rôle principal ! Il a été superbe de simplicité. Sophie Nélisse, qui joue la jeune Alma n’avait que 16 ans lors du tournage. Elle a une finesse, une intelligence qui me fait penser à Meryl Streep. Je pense qu’elle fera une grande carrière. Elle joue merveilleusement cette adolescente qui a besoin d’amour tout en en ayant peur. Cette situation ambiguë est très caractéristique de la jeunesse d’aujourd’hui »

Ce film pourrait se sous-titrer : sacrifice et pardon car en fait, Léo s’est sacrifié toute sa vie, bravant les dangers pour retrouver celle qu’il aime et qu’il retrouve mariée avec deux enfants dont un de lui qu’elle lui demande de ne jamais approcher. Bafoué aussi par son ami qui lui a volé son livre et en a fait un succès. Mais en fin de compte, il finit par être fataliste, par pardonner et à croire en la vie qui lui reste à vivre, la rencontre avec la jeune Alma lui redonnant espoir.
C’est en cela que le film est bouleversant et que Sir Dereck Jacobi y est absolument magistral.

004

Portrait de Radu Mihaileanu
« Né en Roumanie, j’étais passionné par le théâtre et je n’avais jamais pensé au cinéma. J’écrivais des pièces et nous les jouions avec la compagnie que j’avais créée. Je vivais dans une atmosphère française, mon père étant entre autre ami de Malraux. Et je lisais « Pif le chien », seul journal français autorisé parce que communiste !
C’est pour cela que je voulais venir en France lorsque mon père s’est rendu compte que derrière les rois et les reines que je créais il y avait en filigrane le couple Ceausescu. Il savait qu’un jour ça tournerait mal pour moi. Comme je n’aurais jamais été autorisé à partir en France, je suis parti en Israël pour aller voir un grand père qui y vivait. De là… je me suis trompé d’avion et je me suis retrouvé en France !!!
J’ai été accueilli et protégé par le patron du Monde, qui était aussi un ami de mon père, et là, il fallait faire des études et je suis rentré pour trois ans à l’IDHEC (aujourd’hui la Fémis). C’est là que j’ai découvert le cinéma qui est devenu une passion »
Aujourd’hui mondialement reconnu, nombre de pays lui ont rendu hommage et lui ont remis prix et récompense. Ce nouveau et magnifique film ne devrait pas être en reste de récompenses !

Jacques Brachet

 

Le Festival de Musique de Toulon et sa Région
Saison 2016-2017

b

Cette année petit changement pour la présentation de la saison 2016-2017 du Festival de Musique de Toulon et sa Région, car le festival fête son 20ième anniversaire depuis la reprise. Le Festival avait connu une première mouture depuis 1951 sous différents présidents. Mais c’est sous la houlette de Henri Tiscornia et de sa femme que le Festival prit son véritable essor. Pour sa relance en 1996 le Festival recruta un nouveau directeur artistique, Claude-Henri Bonnet, qui donna une impulsion majeure à ce festival, qui s’appela alors « Les concerts classiques », suivi quelques années plus tard avec les mêmes objectifs par Daniel Bizien sous la dénomination « Les classiques du Festival », appellation toujours en vigueur, maintenant sous la présidence de Claude Pinet, avec le retour de Claude-Henri Bonnet, directeur de l’Opéra de Toulon, à la direction artistique.
Cette année un grand pas est fait vers les enfants avec la présentation de « Pierre et le Loup » et « La chèvre de Monsieur Seguin » à l’opéra ; ainsi qu’avec les « Sonates Éclatantes » dans le cadre d’une résidence au Lycée Dumont d’Urville. Reprise de la nuit du piano qui connut un succès éclatant, avec une heure en plus, donc de 18h à minuit, avec les « Pianos sauvages » dans le centre de Toulon. A noter la fête du quatuor avec le double quatuor : Talich et Akilone réunis en Octuor.
Reprises des concerts symphoniques, au nombre de sept, avec l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon et divers invités. Sans oublier les conférences et les voyages autour de la musique.
Les concerts se dérouleront à l’Opéra de Toulon, au Palais Neptune, à l’Eglise Saint Paul, au Lycée Dumont d’Urville, jusqu’au 12 mai 2017.
Après Les remerciements d’usage le Président Claude Pinet offrit le micro à Claude-Henri Bonnet pour une courte description de la genèse du Festival. Celui-ci le fit avec la décontraction et la joie communicative qu’on lui connaît : «  En 1995 il y eut cinq concerts en été dont un au Musée de la Marine qui obtint un franc succès. Sous l’action de madame Marie-Jo de la Serraz, avec l’aide de la conservatrice du musée, il fut décidé de reprendre l’expérience l’hiver suivant, en réussissant à placer 250 chaises dans le Musée de la Marine. Parallèlement il y eut « Les mardis musicaux du Musée ». Ainsi Toulon reprenait date avec des concerts classiques professionnels qui avaient disparu depuis 1900. Lors d’une réunion chez Marie-Jo de la Serraz, et par l’action de Colette Glück, Conseiillère municipale, présidente des Amis du Festival, il fut décidé de relancer le Festival, dont Henri Tiscornia devint président jusqu’à sa disparition en novembre 2014. »
Ensuite ce fut au tour de Catherine Tiscornia (fille des fondateurs du Festival) de nous faire revivre la naissance et les heures de gloire du Concours international d’instruments à vents de Toulon qui dura de 1976 à 1996. Catherine Tiscornia nous rappela qu’à l’époque il n’y avait que Munich, Prague et Genève qui offraient de tels concours. Ce concours était ouvert aux instruments à vent suivant : Trompette, trombone, cor, Basson, hautbois et clarinette, et s’adressait aux musiciens âgés entre 18 et 30 ans, pour 60 à 70 participants. Musiciens et jury étaient pris complètement en charge, et les premiers prix étaient un réel pied à l’étrier pour une belle carrière. De plus une œuvre était commandée à un compositeur contemporain pour la clôture du Concours.

c d
Claude Pinet et Catherine Tiscornia – Colette Glück et Yann Tainguy, adjoint à la Culture

Ce concours portait le rayonnement de Toulon dans le monde entier puisqu’il y eut des musiciens de toutes nationalités. Les facteurs d’instruments étaient également partie prenante. Comment ne pas sombrer dans les regrets lorsqu’on sait que pour des raisons matérielles ce genre d’événements n’est plus possible. Catherine Tiscornia a retrouvé des documents et des photos qui sont la mémoire de ce Concours. Avec l’aide de Marie-Christine Bossard (MCB) et de Sébastien Rétali elle a réalisé un tableau mémoire du Concours international d’instruments à vent au centre duquel on peut admirer un éventail bleu avec représentation des instruments en feuille d’or ; bleu et jaune couleurs de Toulon ; l’éventail rappelle l’époque où les femmes en robe du soir s’éventaient à l’opéra.
C’est avec une grande émotion que Catherine Tiscornia rappela quelques anecdotes, et qu’elle donna la parole pour quelques souvenirs à Marie-Jo de la Serraz et à madame Roussel qui fut la pianiste attitrée du Concours.
Dans la deuxième partie de la soirée la musicologue du festival, Monique Dautemer, nous présenta avec sa maestria habituelle et sa culture phénoménale, quelques moments du festival à venir: Les chants de Noëls de différents pays, une sonate de Beethoven jouée par l’admirable Khatia Buniatishvili, avec force anecdotes sur Frantz Liszt et Beethoven.
Et pour fêter les 20 ans, les Amis du Festival, ceux sans qui rien n’arriverait, offraient le partage d’un magnifique gâteau dans la grande salle de La Porte d’Italie.

a
Claude-Henri Bonnet – Monique Dautemer – Claude Pinet

Serge Baudot
Renseignements : www.festivalmusiquetoulon.com – tel : 04 94 18 53 07

 

La Rochelle – Festival de la Fiction TV
Lucie LUCAS et Rayanne BENSETTI
retrouvailles à Jaïpur

a
Sur TF1, mercredi 19 octobre

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils se sont rencontrés sur la série « Clem » où ils sont 1/2 frère et sœur et lui… homo.
Aujourd’hui, toutes les ados se pâment sur son sourire craquant et ses abdominaux avantageux. Quant à elle, ce sont les mecs qui bavent sur sa beauté et son espièglerie.
Lucie Lucas et Rayanne Bensetti sont devenus les idoles des d’jeuns’s et se sont retrouvés en Inde pour une comédie romantique et burlesque signées Arnaud Mercadier « Coup de foudre à Jaïpur ». (TF1)
Si le soleil ne brillait pas le jour où ils sont arrivés à la Rochelle, ils ont illuminé le festival.
C’est une des rares comédies à nous avoir été présentées à ce festival. Oh, ce n’est pas la comédie de l’année mais elle nous a fait penser au cinéma de de Brocca, avec poursuites, gags, coups de théâtre, dans des paysages indiens très photogéniques, tout comme nos deux héros qui nous offrent en prime un ballet très « Bollywoodien » signé Denitsa Ikonomova, la talentueuse coach de Ryanne sur « Danse avec les stars ».
Un très joli moment de comédie romantique suivi d’une rencontre pleine de charme, de rires et d’humour. Les ados vont craquer !
Rencontre à la Rochelle, au Festival de la Fiction TV avec deux adorables comédiens.

d e

 « Jaïpur… il y a pire lieu pour tourner, Lucie !
Et pourtant j’avais très peur d’y aller pour diverses raisons : la chaleur, les castes, la pièce qu’y tient la femme, la pollution, la nourriture… Bref, j’avis un gros malaise et pourtant j’ai été cueillie dès mon arrivée et j’ai pris une grande claque : la gentillesse, le sourire, l’élégance de tous ces gens qui souvent vivent difficilement… J’ai adoré leur côté positif, leur ouverture d’esprit, leur curiosité par rapport à nous. Les échanges que nous avons eu, c’était impressionnant.
Et toi Rayanne ?
C’est vrai que nous sommes très loin de leur façon de vivre, de leur culture. Ce sont des gens très pudiques et, par exemple, de voir Lucie en short ou Cécile Rebboah en deux pièces, ou moi encore torse nu, ça les choquait vraiment. Pour eux, c’était très osé et, à la limite, inadmissible. Ils nous ont pris pour des gens aux mœurs étranges. et ils ont le culte des animaux que nous sommes loin d’avoir.
Dans ce cas, comment réagissaient-ils sur les scènes d’amour ?
Rayanne :
La première scène sur un simple bisou… il fallait voir leurs regards qui en disaient long ! Malgré tout, ils ont aujourd’hui tendance à s’ouvrir un peu plus et les premiers jours passés, ça n’a pas posé de problème.
Rayanne, tu parles indien dans le film…
(Il rit) Déjà que je parle très mal anglais, ne me parle pas de parler indien ! C’est une langue très intrigante. J’ai appris les mots essentiels par cassettes interposées, syllabe par syllabe… et lorsque je connaissais bien le texte…Arnaud le changeait ! Du coup on collait un spot it sur le front du comédien face à moi et je le lisais !
Quels effet cela vous a-t-il fait de vous retrouver amoureux après avoir été frères et sœurs ?
Rayanne :
En fait, sur « Clem » nous nous sommes plus croisés que vus car on n’a pas fait énormément de scènes ensemble. Malgré tout, l’embrasser sur la bouche me semblait presque incestueux !
Lucie : J’étais très contente de retravailler avec Ryanne et de pouvoir mieux le connaître mais c’est vrai que notre première scène de baiser m’a semblé très bizarre ! »

f

Arnaud Mercadier, c’est vous qui avez eu l’idée de les réunir ?
Oui, les ayant eu sur « Clem » j’avais très envie de les réunir pour cette comédie car je savais que ça fonctionnerait. Souvent, les comédiens de ce genre de film sont des quadras. Je voulis que ce soit de « vrais » jeunes. Et puis, comme il y avait un ballet « Bollywood » et que j’avais vu Rayanne dans « Danse avec les stars », je savais qu’avec l’aide de Denitsa Ikonomova, qui était son coach, ça serait parfait. C’étaient donc les comédiens rêvés.
Lucie, avez-vous eu, vous, des difficultés pour ce ballet ?
Pas vraiment, même si je suis loin d’être douée comme Rayanne. J’ai quand même eu du mal à apprendre la danse et j’ai souvent improvisé !
Rayanne : Lorsque les Indiens ont découvert le ballet, ils l’ont trouvé très étrange et très loin de ce qu’ils font. Mais ils ont été bluffés de voir ce que des Français pouvaient faire. A tel point qu’ils voulaient que je participe à « Danse avec les stars » version indienne.
Lucie : De plus, nous n’avons eu que trois jours de répétition et nous avion six heures pour tourner la scène. Ca a été un travail de folie.
Rayanne, monter sur un éléphant… facile ?
Au départ l’animal est impressionnant et j’avoue que je n’étais pas plus rassuré que ça. D’autant qu’il paraît qu’il faut deux ans d’apprentissage pour y arriver ! Mais j’ai été super bien coaché et monter sur lui en m’accrochant à sa trompe, si ça fout la trouille la première fois car on a toujours peur qu’il t’envoie en l’air, ce n’est en fait pas si compliqué que ça.
Aujourd’hui, avez-vous envie de retourner en Inde ?
Lucie : J’y suis allée avec toute ma famille : mon compagnon, mes enfants, mes parents et c’est vrai qu’il ont vu beaucoup plus de choses que moi. j’aimerais donc y retourner pour en connaître un peu plus.
Rayanne : D’un côté c’est vrai que travaillant six jours sur sept, il ne nous restait pas beaucoup de temps pour visiter. Mais d’un autre côté, vivant avec quelque 160 Indiens qui composaient l’équipe, nous avons appris beaucoup plus de choses qu’en y venant en simples touristes. Par contre j’aimerais y retourner pour aller voir le Taj Mahal.

c b

Travailler avec presque que des Indiens, est-il facile ?
Arnaud :
Très facile et pourtant, s’ils étaient 160, nous Français, nous étions dix !. Tous venant de Bollywood sont des techniciens aguerris qui travaillent comme des fous. et ils travaillent dans une sérénité totale, ils sont chaleureux. On a vraiment travaillé « avec » eux.
Ils aiment les Français ?
Rayanne : Ils aiment les Européens en général et ce qui est très bizarre c’est qu’ils passent leur temps à te prendre en photos, connus ou inconnus, et te mettent sur leurs réseaux sociaux comme si tu étais Brad Pitt ! J’ai gardé plein d »amis » et ont s’appelle sur face book.
Lucie, comment voyez-vous Ryanne ?
Ce qui nous rapproche c’est que nous sommes tous deux des bosseurs et des affectifs. Mais il est quelquefois tellement fougueux et excité qu’il me semblait être beaucoup plus vieille que lui et que j’avais affaire à un ado de 13 ans ! C’est un décontracté de la vie. Mais on est très complémentaire.
Même question pour toi, Rayanne.
C’est d’abord et avant tout une super partenaire de travail car, comme moi, elle aime le travail bien fait. Et puis, ce que j’aime chez elle c’est qu’elle a de l’humour, elle aime rire et l’on ne s’en est pas privé ! On a beaucoup kiffé. Elle est géniale et on est totalement en phase.
Vos projets ?
Lucie :
Je vais rejoindre la série « Clem » qui continue et bientôt, sortira mon premier film au cinéma « Porto mon amour » de Mati Vargnier avec Anton Yelchin (Star Trek, New York section criminelle ndlr) qui est décédé en juin et qui était un ami.
Rayanne : Moi aussi j’attends la sortie de mon premier film au cinéma, le 26 octobre : « Tamara », d’Alexandre Castagnetti avec Sylvie Testud et Héloïse Martin. Lorsque je vois les scores que je fais à la télé – 3 millions de téléspectateurs – et qu’on me dit que si le film est un succès on fera 600.000 spectateur, ça me paraît bizarre, ça me fait presque flipper. Et puis, est-ce que ceux qui m’aiment à la télé vont venir me voir au cinéma ?
L’avenir nous le dira ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Charles BERLING
De la Rochelle à Strasbourg en passant par Toulon

d

Lorsqu’on le croit à Paris, il est à Toulon, dans son fief du Liberté, théâtre dont il est directeur.
Lorsqu’on le croit à Toulon, il est à la Rochelle, au festival de la fiction télé pour présenter la série dont il est le héros : « Glacé ». Un petit tour à la Rochelle et le revoici à Toulon pour répéter la pièce de Bernard-Marie Koltès « Dans la solitude des champs de coton »… qu’il ira créer au Théâtre National de Strasbourg !
Nous étions à la Rochelle. Nous étions à Toulon.
A la Rochelle donc où nous avons découvert la série de M6 « Glacé », réalisée par Laurent Herbiet, avec, outre l’ami Charles, Julia Piaton, Pascal Greggory, Nina Meurisse, Robert Plagnol… Il y interprète le commandant Servat, appelé dans un village perdu des Pyrénées enneigé et brumeux, pour élucider une série de crimes dont on pense qu’ils sont perpétrés de la prison où est incarcéré un tueur en série.
« Ce qui m’a séduit dans cette histoire, c’est d’abord la qualité du scénario, puis la distribution car j’avais très envie de tourner avec Pascal Greggory et le réalisateur, Pascal Herbiet, que j’apprécie. Et puis, c’est la première fois que je participe à une série, ce qui me permet d’avoir le temps d’installer ce personnage, de le développer.
Mais ce n’est pas que l’histoire d’un flic, c’est aussi l’histoire d’un homme avec ses problèmes, ses faiblesses alors que, par rapport à sa fonction, il doit se montrer fort. Il a ses cassures, ses secrets. Ca a été un tournage passionnant »
Et un film dont le premier épisode nous a donné l’envie de très vite en connaître la suite. D’autant qu’il est rentré à Toulon heureux de l’accueil du premier épisode et fort du prix de la meilleure série que lui a octroyé le jury présidé par Isabelle Carré.

b

Aussitôt rentré, le voici replongé dans le théâtre où il répète « Dans la solitude des champs de coton » de Koltès auprès de Léonie Simaga, nouveau couple pour cette pièce qui en a connu bien d’autres, de Patrice Cherreau et Pascal Greggory, ce dernier la rejouant avec Laurent Malet qui à son tour l’a jouée plus tard avec Isaak de Bankolé. Puis on retrouve la version « femmes » avec Anne Alvaro et Audrey Bonne et enfin cette nouvelle version mixte avec Charles et Léonie.
Pièce forte, difficile, délicate qui fut considérée comme « intellectuelle » avant de devenir, sinon populaire, du moins reconnue pour sa belle intelligence, Koltès ayant écrit là ce qu’on peut appeler un chef d’œuvre. C’est une pièce qui tourne autour de deux personnage qui n’auraient dû que se croiser, deux personnes solitaires qui cherchent on ne sait trop quoi, qui vont aussi se chercher, se séduire pour mieux s’affronter dans des monologues étourdissants. C’est de la haute voltige et une magnifique performance de deux comédiens qui se transcendent dans cette rencontre qui n’aurait pas dû être, faite de violence, de poésie, une pièce terriblement contemporaine.

c

Bien évidemment, Charles et Léonie viendront la jouer au Liberté du 8 au 11 novembre puis on retrouvera Charles du 1er au 12 mars dans la pièce d’Arthur Miller « Vu du pont ».
Mais bien d’autres projets sont dans la trajectoire de cet artiste passionné qui n’arrête jamais.
A suivre…

Jacques Brachet

Notes de lectures
par les Plumes d’Azur

baricco

Alessandro BARICCO : La Jeune Épouse (Ed Gallimard)
Traduit de l’Italien par Vincent RAYNAUD

Avec le dernier livre d’Alessandro Barrico, nous entrons dans un univers déstabilisant à mi- chemin entre le fantastique et le philosophique, mais totalement libertin et jubilatoire.
Nous sommes en Italie, au début du XXème siècle, dans une riche famille d’aristocrates décadents. Il y a le père, la mère, la fille et l’oncle. Le fils vit à l’étranger.
Tous sont liés les uns aux autres dans un seul but : exorciser leurs peurs, remettre de l’ordre dans le monde et célébrer la vie en partageant des règles teintées de douce folie. Dans cet univers fantastique, apparait soudain une jeune innocente, arrivée le jour de ses dix huit ans, une dénommée « la Jeune épouse », promise au fils absent.
L’initiation de la nouvelle, aux valeurs de cette communauté se fera essentiellement par les corps, puisque depuis toujours, chacun initie l’autre à la sexualité …
Riches d’évocation, les secrets de famille volent en éclat !
Le lecteur, surpris mais charmé, ne sortira pas indemne de toutes ces épreuves. L’auteur se joue de lui. Avec finesse, l’écrivain s’introduit dans le récit ; il est tous les personnages à la fois, il a des apartés, change d’identité, raconte son travail de narrateur. De la complexité de cette structure, il restera néanmoins à la lecture des dernières pages, l’idée d’un hymne à la vie célébré dans la plus grande liberté.
A savourer, mais en cachette !

deghelt foenkinos-david-photo-c-hlie-gallimard-2014-1

Frédérique DEGHELT : Libertango (Ed Actes Sud)
« Libertango » : à l’origine, le titre d’un morceau de musique joué par Astor Piazzolla, ensuite la naissance d’un chef d’orchestre d’exception, au final un roman captivant à la gloire du tango qui donne son rythme au cinquième  livre de Frédérique Deghelt.
Luis Nilta-Bergo, à l’aube de ses quatre-vingts ans, immense personnage de cette œuvre, se révèle au cours d’une série d’interviews filmées, menées par Léa, une jeune et attachante journaliste.
Né en 1935, infirme moteur cérébral, rejeté par son père, écarté par sa mère, et détesté par sa sœur aînée, le futur jeune prodige ne trouve de salut qu’en écoutant le poste transistor de son père qu’il garde collé à l’oreille.
Enfant, Luis supporte ce rejet grâce à la musique. Jeune homme, à partir d’une rencontre de musiciens de rues, un formidable destin va s’ouvrir à lui. Car, si lui n’est pas conscient de ses aptitudes exceptionnelles, les autres décèlent le génie qui sommeille. Astor Piazzolla sera de ceux là. Un déclic au son du bandonéon fera le reste !
On parlera vraiment de révélation, lorsqu’il sera conduit dans la salle d’enregistrement d’un orchestre. Luis décide alors : peu importe le handicap, avec un bras hémiplégique ou pas, il dirigera un orchestre!
Les époques se succèdent alors : de pauvre et candide, quand il quitte sa famille, il finit ovationné quand il dirige l’Orchestre du Monde trente ans plus tard !
Le lecteur suit son parcours fait de persévérance et de volonté. Chacune de ses adresses correspond à une étape de sa vie. Après la chambre minable de Saint Germain, le voilà chef ébloui résident dans le Marais, puis maestro adulé au Champs de Mars et enfin marié à Émilie, violoncelliste, dans une maison d’exception sur une falaise face à l’Atlantique
Captivant, parce que riche de considérations sur la musique avec tout « ce qu’elle apporte de dimension mystique, initiatique, magique et presque surnaturelle » et du regard bienveillant de l’auteur sur le handicap, ce roman à l’écriture fluide nous emporte dans un tango bouleversant au bras d’un très grand chef d’orchestre.
Un grand moment d’humanité et de culture.

David FOENKINOS : Le mystère Henri Pick (Ed Gallimard)
Il se trouve à Crozon une petite bibliothèque originale où l’on peut déposer son manuscrit refusé par les éditeurs, condamné à dormir sur une étagère. A moins qu’une jeune éditrice de Grasset s’égare en ce lieu et découvre une pépite qui bouscule le monde littéraire parisien. Qui est cet Henri Pick voué à l’oubli, c’est l’enquête qu’elle va mener auprès de la famille et de l’entourage aidée d’un vieux journaliste sur le déclin qui va remuer les dessous des maisons d’éditions et faire apparaitre la véritable personnalité de cet oublié.
Les fidèles lecteurs de Foenkinos seront ravis de cette comédie littéraire sans prétention, drôle et bien tournée.
Nous sommes là dans une agréable fantaisie.

laclavetine-jean-marie-photo-catherine-hlie_-gallimard_2015-10_7081 shimazaki

Jean-Marie LACLAVETINE : Et j’ai su que ce trésor était pour moi (Ed Gallimard)
Marc, un écrivain célèbre passe ses nuits au chevet de son aimée, Julia enfermée dans un coma profond. Pour la rappeler dans le monde des vivants, il va, avec la complicité d’une infirmière, tisser nuit après nuit un réseau de personnages, de couples, d’amants, dont certains leur ressemblent, d’enfants qu’ils n’auront pas ensemble.
Le premier mot du roman est « Je commence », le dernier aussi, mais que d’émotions entre les deux. La fin est elle-même, le commencement de nouvelles histoires
A travers ces histoires et les réflexions du narrateur, le lecteur devine que ces inventions romanesques sont le reflet de la réalité et éclairent les mystères qui entourent Julia.
Ici la fiction rejoint la vie.
C’est une belle histoire d’amour comme le suggère le titre, écrite dans une langue à la fois riche et précise, c’est aussi une réflexion sur le pouvoir de la littérature, Jean-Marie Laclavetine creuse le sillon déjà exploré dans « Première Ligne »; d’ailleurs on croise des personnages déjà rencontrés dans ce roman tel l’éditeur Cyril Cordouan, on revoit des lieux comme le Caminito, bar sur lequel règne Felipe, ainsi se poursuit la vie des personnages au gré des romans l
En résumé un roman assez complexe, un long monologue du narrateur qui nous livre ses rêves, ses désirs, ses craintes à travers ses histoires et une fin aussi belle qu’inattendue.

Aki SHIMAZAKI : Hôzuki (Ed Actes Sud)
Par petites touches délicates, l’auteur dévoile l’histoire de Mitsuko, mère célibataire et de son jeune fils Taro, métis et sourd-muet. Femme libre, elle a eu de nombreux amants dont Shoji qui lui a donné l’amour de la philosophie, elle qui n’a pas le moindre diplôme mais tient pourtant une librairie réputée pour la qualité et la diversité des ouvrages de philosophie proposés.
La visite inattendue d’une cliente fort élégante et distinguée accompagnée d’une petite fille, à la recherche de quelques titres bien précis pour son mari diplomate, déjà parti à Francfort, va bouleverser le quotidien bien rodé de Mitsuko. Une très forte amitié se noue immédiatement entre les deux enfants qui cherchent par tous les moyens à se retrouver alors que les mères restent très distantes ; Mitsuko entend bien ne rien changer à sa vie bien réglée, sa boutique et son « voyage d’affaires » tous les vendredis pour travailler comme entraîneuse dans un bar huppé et bien fréquenté. La cliente revient, insiste et sa curiosité insolite intrigue Mitsuko. L’imminence du départ de la jeune femme permettra une rencontre décisive, une éblouissante leçon d’amour et la révélation d’un lourd secret.
Court roman, délicat, volontairement lent pour amener le lecteur à savourer l’écriture simple et pleine de pudeur de l’auteur.
Roman moderne aussi car il confronte la tradition du monde ancien et le quotidien, c’est aussi un magnifique portrait de femme qui assume pleinement son fils handicapé ainsi que sa boutique qui peut signifier  « prière », mais aussi cette belle fleur orange qui, dans le langage des fleurs, signifie « mensonge », cette fleur, hôzuki, associée au secret de la naissance de Taro.
Beaucoup d’émotion, de respect et de plaisir de lecture.

avt_isabelle-siac_1671 adam-thirlwell-por_2634135b

Isabelle SIAC : Le talent ou la vertu. (Ed Belfond)
Dans ce récit romancé et palpitant, l’auteure, très documentée nous offre une réflexion sur tout ce que le théâtre réveille de passions alors que la France se déchire au cœur de la Révolution. Nous sommes en 1789 et c’est à travers la vie de François Talma , l’un des plus talentueux acteurs de la Comédie française que l’on voit se rencontrer les plus grandes figures de la Révolution comme Danton, Robespierre ou le jeune Napoléon, un peu comme si on regardait l’histoire depuis les coulisses des théâtres nationaux. Les protagonistes s’aiment, se déchirent, se trahissent et le sang et la cruauté coulent partout
Le style est nerveux, précis, très enlevé, émaillé d’anecdotes qui rendent le récit vivant mais très touffu et parfois un peu trop documenté pour le néophyte.
Un excellent travail de divulgation romanesque.

Adam THIRLWELL : Candide et lubrique  (Ed L’Olivier )
Tout d’abord le titre n’a pas de rapport avec le contenu du livre.
Quant à la couverture…
Le héros de « Candide et lubrique » est un jeune homme bien sous tous rapports. Marié à une jeune femme qu’il aime, ce garçon rêveur vit oisif chez ses parents et cultive l’image d’ex enfant prodige. Il se réveille un matin inconscient, nu après ce qu’il comprend une nuit de débauche auprès de sa meilleure amie ensanglantée, dans un hôtel inconnu et sans aucun souvenir. C’est là que l’histoire commence.
Libertinage, abus d’alcool, de drogue, tentative d’assassinat peut être, c’est le cauchemar !. Comment expliquer cette situation à sa femme, à sa famille ? Quelle suite donner pour ne pas être accusé de tentative de meurtre ?cS’en suivent une série de situations grotesques et irréelles où se côtoient la farce et le réalisme le plus noir.
Nous voilà en plein dans les pensées du narrateur qui divague d’une idée à l’autre, saute du coq à l’âne, nous étourdit de paroles confuses, d’états morbides et absolument irréels. Difficile de le suivre dans ses élucubrations afin de tout expliciter et de ne jamais étonner les siens qu’il manipule à son gré afin de faire passer son oisiveté, sa décadence, sa perte des normes pour des actions géniales. On est en plein délire et ce n’est qu’assauts grotesques. Tout nous sera servi, hold-up au pistolet à eau, frasques sexuelles, on ne comprend pas grand-chose à un tel état d’esprit !
Néanmoins nous dirons que l’écriture est dithyrambique, que l’auteur est prolixe, que rien ne lui fait peur pour être original et vouloir épater son lecteur. Épater ou au contraire l’inciter à s’extraire de ce cauchemar.
A recommander à des lecteurs qui s’ennuient ou amateurs de farfelu et de pantalonnade lourdingue

geneve avt_bernhard-schlink_1739

Max GENEVE : Le voyage de Monsieur de Balzac à Turin : (Ed Safran)
Ce roman est une courte parenthèse dans la vie de Balzac et met en scène l’écrivain ruiné qui s’apprête à partir pour Turin afin de rendre service à des amis en rencontrant les Visconti  dans le but de régler un problème d’héritage. Voilà notre homme lancé sur les routes du sud à bord de sa calèche, accompagné d’un jeune page, en fait une jeune femme Caroline Malbouty, abandonnée par son mari et qui a écrit pour sa gazette. Belle aubaine pour lui pour passer d’agréables moments en espérant ses faveurs sinon son cœur..
Nous profitons donc du voyage, du passage des Alpes, de la visite des palais et jardins, des rencontres princières et des relations singulières des deux héros. Peu d’intrigues mais une vision de l’époque très réelle entre jeu et sérieux, et en fait, du rôle primordial de la jeune femme en train de s’affranchir
C’est un roman, bien qu’on se demande au départ s’il s’agit de l’histoire ou d’une fiction. Bien bâti, avec plein de retours sur la vie tumultueuse de Balzac et un aperçu très authentique sur les débuts de l’émancipation de la femme qui ouvre bien des perspectives sur ce XIX° siècle en évolution.

Bernhard SCHLINK : La femme sur l’escalier (Ed Gallimard)
Quand un grand avocat allemand découvre par hasard en Australie, le tableau d’un grand peintre, montrant une femme nue sur un escalier, il annule son retour, décide d’entreprendre des recherches, de comprendre pourquoi le tableau se trouve dans ce musée et d’en retrouver le modèle .
Dans sa jeunesse il s’était trouvé mêlé à une guerre d’ego entre un puissant industriel et un peintre de grand renom à propos de ce tableau représentant la femme de l’industriel. Il en était évidemment tombé amoureux .
Apprenant qu’elle vit sur une île quasiment déserte, il part aussitôt à sa recherche et la redécouvre vivant dans la plus grande sobriété, dévouée auprès des plus démunis de son île.
C’est un roman à deux voix et un portrait de femme fondamentalement indépendante, libre de ses gestes, qui n’a aucune illusion sur les ambitions des hommes et leur besoin de domination .
Il n’y a pas de cadavre mais c’est pourtant un vrai roman policier par les recherches engagées, les mystères rencontrés, les interrogations posées, le suspense que l’auteur laisse planer avec talent tout au long de l’histoire .
Bernhard Schlink écrit un roman de 255 pages sur la mesure du temps, les hasards et les petites défaites de la vie, ses échecs et ses illusions .
C’est surtout un très beau portrait de femme

Georges BRAU ;  Entre deux feux  (Ed Eaux Troubles)
L’auteur nous emmène au cœur du conflit qui frappe la Syrie depuis le début de la décennie.
Paul, agent de la DSGE se lance dans une odyssée effarante, dans un pays en ruines où plus aucune règle que celle du plus fort ne s’applique et démonte les contradictions des parties prenantes y compris son pays. Il a pour mission de ramener des preuves irréfutables de l’utilisation d’armes chimiques par le gouvernement de Bachar el Assad.
Arrivé au Liban en sous- marin, il accoste sur une plage en compagnie de commandos marines français. Puis il est pris en charge par Zora, jeune chrétienne, qui lui fait traverser le Chouf, région du Liban. Périple sous haute tension qui conduira l’ancien para à cohabiter avec l’armée de Libération et ses alliés djihadistes, puis avec les forces gouvernementales et leurs conseillers russes. Rencontres périlleuses avec toutes sortes de personnes, réfugiés, voleurs, assassins jusqu’au trafiquant de gaz sarin.
Même si cet ouvrage est une fiction, on sait que l’auteur de par ses expériences et ses relations a apporté beaucoup d’éléments réels : l’actualité de la guerre en Syrie, le djihad, les attentats sont des sujets quasi quotidiens. Bien qu’en retraite, l’auteur semble être plus que jamais au fait de cette terrible actualité.
Ce roman-témoignage, qui fait écho à l’actualité, ce qui le rend poignant, nous plonge dans les nébuleuses interventions de la DGSE et les imbroglios géopolitiques auxquels les hommes de l’ombre sont confrontés.

aserdan

Eliane SERDAN; La ville haute (Ed Serge Safran)
Arrivée dans le sud de la France, par un hiver glacé en 1956, une petite fille de neuf ans découvre une vie triste et étriquée dans une ville vieille, aux abords hostiles. Quel changement par rapport au soleil du Liban, à la vie aisée et aux rires complices de son cousin Fabio. Revenant de l’école un soir d’automne pluvieux  elle s’égare et se réfugie sous un porche puis entre dans une maison cossue où vit un homme seul, étranger lui aussi. Le cœur gros elle va s’épancher en parlant de son ami d’enfance Fabio qu’elle sait ne plus revoir.
Pour l’homme c’est le choc car la fillette ressemble aussi bien par le visage que par l’âge à la petite Anouche, fille de sa nourrice arménienne. Il a assisté, impuissant, à l’enlèvement de son amie d’enfance ; la vue du sang et son cri de détresse le hantent encore. En réponse aux confidences de la petite, il raconte ces moments tragiques sans prendre conscience de la fragilité de l’enfant.
Le texte est assez sombre vu le sujet qui évoque aussi le génocide arménien. Ecriture facile, sobre avec beaucoup de pudeur. Rencontre de deux êtres d’age et de condition différents qui en exil cachent le même chagrin: le pays leur manque, les amis ,l’insouciance aussi.
L’enfant, libanaise, cherchera à échapper à la solitude et l’adulte, arménien, aura la possibilité de se libérer de son lourd passé.

Toulon – Théâtre Liberté
Le dernier testament

 p1190869

Pour la reprise du théâtre en septembre le Liberté donnait « Le dernier testament » adapté du roman « Le dernier testament de Ben Zion Avrohom » de James Frey, et mis en scène par l’actrice réalisatrice Mélanie Laurent, dont c’est la première mise en scène théâtrale.
Cette pièce, éminemment d’actualité puisqu’elle traite de la religion, de l’intégrisme, de la croyance en dieu et en un messie ; cela par le biais de la vie d’un personnage étrange qui est perçu comme un messie, ou du moins par un personnage avec des pouvoirs bénéfiques sur les individus, par certains, ou comme un schizophrène par d’autres.
La pièce se déroule dans l’Amérique d’aujourd’hui traversée par la violence, la misère, le racisme, les inégalités. La vaste scène du liberté est fermée côté jardin et côté cour par une rangée de projecteurs sur pied. Au fond un rideau à lamelles qui peut devenir écran. La mise en scène va utiliser tous les moyens du théâtre d’aujourd’hui : effets de lumière, effets en 3D, vidéos, machineries, bande son très illustrative, jusqu’aux déplacements « à l’ancienne » de certains décors par les comédiens eux-mêmes. Tout cela parfaitement maîtrisé.
Dans le prologue un personnage définissant la signification de son nom, mélange de celte pour le prénom et de rwandais pour le patronyme, nous dit qu’il serait donc « Le chevalier blanc généreux qui n’a pas de haine », c’est en somme le portrait de Ben.
Le héros, Ben, est un jeune new-yorkais assez bizarre né à Brooklyn dans une famille juive, enfant battu par son père, il a un frère qui l’a chassé, et une sœur qui le retrouvera à l’hôpital. Il obtient un petit boulot de vigile sur un chantier ; il devient tout de suite la coqueluche des travailleurs par son comportement empathique. Une vitre de 5OO kg lui tombe dessus, et miracle il n’en meurt pas. Après un mois de coma il est « ressuscité ». Il est alors victimes de crises d’épilepsie pendant lesquelles il acquiert une foule de connaissance, dont la bible qu’il est capable de réciter si on lui dit un N° de page ou de verset, alors qu’il ne l’a jamais lue. Le voilà donc sacré Messie millénariste qui prophétise la fin du monde.
Il va alors s’installer dans un ghetto noir du Bronx, y faire le bien et tomber amoureux. On découvrira au fur et à mesure sa puissance sexuelle. Puis il vivra avec une bande patibulaire dans des souterrains, bande qui possède un arsenal militaire, ce qui lui vaudra de graves ennuis avec la justice. Son frère catholique intégriste paie la rançon ; retour à la maison, dans une scène magnifique à table (la Cène ?) le discours sur la croyance tourne mal, le frère somme Ben de faire un miracle, de changer l’eau en vin. Ben refuse et dit qu’il va faire un miracle qui ne va pas lui plaire. Par la force du regard il fait se lever son ami qui vient l’enlacer, l’embrasser sur la bouche et lui frotter le sexe. C’en est trop pour le frère qui fou de rage frappe Ben : quand il est seul l’ami se verse un verre d’eau…et c’est du vin. Finalement après bien d’autres aventures, Ben se retrouvera en hôpital psychiatrique ou on le lobotomisera. Il mourra, mais même sa mort n’est pas « normale »
C’est une fable qui soulève beaucoup de questions sur la condition humaine, et qui heureusement ne donne pas de réponses. La force de la pièce c’est qu’elle nous fait vivre ces dilemmes, qu’on trouve en nous l’écho de ce qui est vécu sur scène. Il y a des moments très prenants, qui sont du grand théâtre, comme la scène du repas, ou encore la scène entre Ben en prison (projeté en grand dans l’espace) et son geôlier (assis sur une chaise) qu’il parvient à rendre humain en lui rappelant son enfant mort. Par contre il y a parfois des redondances, soit avec la bande son : on est heureux, on entend des cloches ; on dit qu’il bouge la main, et on voit la main bouger. Peut-être aussi que les parties qui racontent l’histoire des personnages sont trop longues. Je pense qu’avec disons une demi-heure de moins la pièce aurait encore plus d’impact. Néanmoins cette première mise en scène de Mélanie Laurent est une belle réussite. Sa direction d’acteurs est parfaite, et ils sont sept. Elle a su s’entourer d’une équipe pointue qui sert la pièce absolument.
Mélanie Laurent a déclaré que la lecture du roman l’avait bouleversée et que « l’adapter a été une évidence. Et l’envie de l’adapter au théâtre plutôt qu’au cinéma une intuition : le cinéma contraint à une forme de réalisme, de représentation exhaustive et, dans ce cas, prolifique, tandis que le théâtre offre l’économie et la métaphore, le pouvoir de l’évocation. »

Serge Baudot

Notons que le premier Théma de la nouvelle saison sera « L’Art Brut » du 5 octobre au 26 novembre 2016 avec un vernissage le 4 octobre dans le hall du théâtre.
Renseignements : www.theatre-liberte.fr – tel : 04 98 00 56 76