Archives mensuelles : août 2016

Six-Fours, Collégiale St Pierre
Jean-Christophe SPINOSI : D’enthousiasme et de passion

A

Assister à un concert de l’ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi est, pour les mélomanes, un grand plaisir et je dirais même, un grand privilège, tant l’orchestre est superbe et son chef, immense violoniste de surcroît est plein de fougue, d’enthousiasme.
Mais le privilège est encore plus grand lorsqu’on est invité, non pas au concert mais à la répétition générale.
C’est ce à quoi nous avons été invités à la Collégiale pour les deux concerts que l’orchestre et son chef ont donné alors que, pour la troisième année, ils étaient en résidence.
Jean-Christophe, nous l’avons déjà écrit, n’est pas seulement un musicien d’exception, c’est aussi un homme fait de passion mais aussi d’un humour incroyable, d’une volubilité et d’une énergie hors pair et assister à cette générale décuple notre plaisir car, malgré le travail et la concentration qu’ils ont tous pour que le concert soit parfait, Jean-Christophe prend le temps, entre chaque morceau, de nous expliquer les intentions du compositeur, l’histoire de celui-ci ou de l’opéra dont il est tiré. Et il le fait avec une jubilation incroyable, en toute simplicité, avec cet humour qui le caractérise, nous faisant encore plus aimer et comprendre cette musique dite « classique » mais qui pour lui est de la Musique avec un grand M, tout simplement, et la mettant à la portée de tous.

B C

Pour le premier concert sous l’égide des amitiés franco-coréennes, il avait amené avec lui deux sublimes voix : le contre-ténor DQ Lee et la soprano Sumi Hwang, qui ont interprété des oeuvres de Haendel, Rameau, Mozart, Haydn.
Le second concert était consacré à l’œuvre universelle de Vivaldi « Les quatre saisons ».
Ce fut un régal de voir naître ces concerts, explications à la clef et de partager cet amour de la musique avec ce grand virtuose et ses superbes musiciens et chanteurs.
Merci à Jean-Sébastien Vialatte, député-maire et vice-président du Conseil Départemental, ainsi qu’à son adjointe déléguée à la Culture, Dominique Ducasse, de maintenir pour la troisième fois la résidence d’un tel maestro et de continuer, malgré les difficultés financières, à défendre et à maintenir ces grands moments culturels comme ce Festival de Musique dans ce lieu magique qu’est la Collégiale St Pierre.

Jacques Brachet

Château de Solliès-Pont :
Festival de piano à la cour

B

Un lieu sublime : le château de Solliès-Pont
Un brillant directeur artistique : Frédéric Bernard
Une marraine prestigieuse : Racha Arodaky
Quatre pianistes solistes : Maciej Pikulski (18 août) – Iddo Bar-Shai (19 août) – Mara Dobresco (20 août) – Edna Stern (21 août).
Voilà les superbes et indispensables éléments pour un festival de musique classique de grande envolée, dans ce cadre magnifique qui respire le romantisme qu’est le Cjhâteau de Solliès-Pont qui se déroulera du 18 au 21 août.
Nul doute qu’après la folie du festival qui a réuni Polnareff, Mika, Brigitte, Girac et les Chevaliers du Fiel, les soirées seront plus calmes et nous inviteront à l’écoute des plus grands compositeurs du monde, servis par ce quatuor de pianistes réunis par Frédéric Bernard.

Arodaki Dir art

Racha Arodaky
Pianiste française, Racha Rochady étudie au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris.  Elle obtient son premier prix à 16 ans et part se confronter trois ans plus tard, à la mythique école russe au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou. Exceptionnellement douée, elle a su se construire une expérience unique, au sein des écoles les plus prestigieuses de son instrument. Sa rencontre avec Murray Perahia. , dont elle devient pendant plusieurs années une des rares élèves, parachève son cheminement vers les grandes traditions pianistiques.
Si Racha Arodaky est aujourd’hui une valeur confirmée de la jeune génération des pianistes français, elle le doit non seulement à sa maîtrise technique, mais également à l’authenticité de sa personnalité. La musique n’est pas que l’art des sons, elle est avant tout une affaire humaine. Accomplie sur un plan technique et mature dans ses choix artistiques, Racha Arodaky oriente son répertoire vers le romantisme sans délaisser pour autant les autres tendances, Racha Arodaky mène une carrière internationale de récitaliste et son écoute unique et son sens du style en font également une partenaire appréciée par de prestigieux orchestres (Orchestre National de France, Orchestre Colonne, l’Orchestre Pasdeloup, l’Orchestre Symphonique de Belgrade, Les Solistes de Moscou, l’Orchestre de Prague…)

Frédéric Bernard
Musicien de formation, Frédéric Bernard a débuté très jeune sa carrière artistique sur scène dans des rôles d’opérettes, de comédies musicales puis sur les scènes d’opéra. Après une formation théâtrale au conservatoire de Dijon, il enchaîne les rôles sur scène et rapidement sur les plateaux de télévision.
Sa polyvalence lui permet d’aborder des domaines très différents (musique ancienne, musique contemporaine, théâtre musical, cinéma…).
Il devient rapidement directeur artistique de plusieurs structures en particulier « Entre Cour et Jardin » et y développe le pôle animation et événementiel. Il est directeur artistique du pôle de formation artistique de l’école « A Vous de Jouer ». Il enchaîne aujourd’hui une activité artistique de comédien-chanteur et des responsabilités d’organisation au sein de structures événementielles.

Pikulski Bar Shai
Maciej Pikulski – Iddo Bar Shaï

Dobesco Stern
Mara Dobresco – Edna Stern

Nicole CROISILLE… Une drôle de maman !

Festival de Ramatuelle : Irma la douce

Festival de Ramatuelle : Irma la douce

Nicole Croisille est une artiste à part dans le monde du spectacle, car elle n’est jamais où l’on imagine qu’elle soit, tantôt comédienne de théâtre, tantôt chanteuse, tantôt héroïne de comédies musicales, elle est l’interprète de belles chansons françaises ou nous offre un disque de jazz, elle a fait du mime avec Marceau, du Music hall avec plumes et strass en Amérique, elle danse, elle chante, elle joue…
Bref, elle aurait pu faire une carrière américaine tant on aime ce type d’artiste « qui sait tout faire » aux Etats-Unis.
Mais voilà, elle a choisi la France et en France, lorsqu’on sait tout faire… c’est qu’il y a un problème car on ne sait pas dans quel tiroir vous mettre.
Aujourd’hui, ça commence à changer : on a vu Liane Foly chanter, jouer, imiter. On a vu Patricia Kaas danser et jouer. On a vu Sylvie Vartan jouer au cinéma et maintenant au théâtre… Il y a eu aussi Jean-Pierre Cassel qui, comme Nicole, a eu longtemps du mal à imposer ses multiples talents…
Mais bon, on les compte sur les doigts de la main et Croisille est de loin la plus spectaculaire, passant d’une scène à l’autre, d’un écran à l’autre, d’un style à l’autre.
Son rêve était bien sûr la comédie musicale. Mais ce ne fut longtemps pas de mode en France. Alors elle a varié les plaisirs et nous a quand même offert une Dolly, dans la comédie musicale éponyme… et en anglais s’il vous plait. Elle a fait aussi partie de l’aventure « Follies », sur des musiques de Stephan Sondheim, comédie musicale créée à l’Opéra de Toulon. Mais elle a également une tenancière d’hôtel « borgne » dans le Berlin des années 40 dans « Cabaret ».
Et la voici dans « Irma la douce », reprise de l’œuvre d’Alexandre Breffort et Marguerite Monnot, qui écrivit tant de chansons pour Piaf. Elle fut créée en 1956 par Colette Renard et a revu le jour grâce à Nicolas Briançon qui l’a mise en scène à Paris puis en tournée.

Festival de Ramatuelle : Irma la douce

Marie-Julie Baup et Lorant Deutsch

Tournée qui s’est arrêtée le 3 août dans le beau théâtre de Ramatuelle et où l’on a pu découvrir la si rayonnante et belle Marie-Julie Baup dans le rôle d’Irma, un Lorant Deutsch dont on a découvert les talents de chanteur et danseur alors qu’on le savait déjà comédien et écrivain. On peut donc l’ajouter à la liste de ceux qui savent tout faire.
Et puis il y « la » Croisille, qui joue le rôle de « Maman » dans un bordel (encore !) et qui est le fil conducteur de l’histoire qu’elle nous conte avec son abattage et sa classe… car on peut travailler dans un bordel et avoir de la classe, la preuve !
Longue jupe noire, fume-cigarette au bec, mèche tombant sur un oeil charbonneux, elle a la gouaille, l’humour et la distance nécessaire pour faire de cette femme un personnage haut en couleur qui ne soit pas une caricature.
Elle est splendide, elle tient la scène durant deux heures et le seul regret que l’on puisse avoir c’est qu’elle ne chante que deux chansons… Mais quelle comédienne !
Nicole peut aujourd’hui s’enorgueillir d’une longue et foisonnante carrière et si elle a suivi de multiples chemins de traverse, elle l’a toujours fait avec talent, avec passion, avec curiosité et son chemin n’est pas fini puisque, après ces deux heures de scène éblouissante, elle me confie qu’elle se lance à la rentrée dans un projet encore original et sortant des sentiers battus : un spectacle produit par l’Adami autour de l’œuvre d’Erick Satie, dont on fêtera les 150 ans. Œuvre on ne peut plus contemporaine, même si ce musicien, né en 1866 est décédé en 1925. Son œuvre à l’époque a été très contestée et ses « Gymnopédies » ont été traitées de surréalistes, d’absurdes, de dissonantes, de répétitives.
Alors qu’il disait lui-même qu’on ne pourrait jamais mettre de paroles sur ses célèbres œuvres, voilà qui ne pourra plus se dire et qui va certainement faire parler d’elles. De nombreux comédiens et chanteurs entoureront Nicole dans une mise en scène de Pierre Notte le – presque ! – bien nommé.
Ce sera en septembre au Théâtre du Rond-Point.
Nous sommes curieux de découvrir ce nouveau challenge de l’amie Croisille qui est loin de décrocher… Et c’est tant mieux !

Festival de Ramatuelle : Irma la douce

Jacques Brachet
Photos Cyril Bruneau