Archives mensuelles : juillet 2016

JAZZ A TOULON
du 15 au 24 Juillet 2016

Bannière-Didier-Lockwood-big1
Didier Lockwood

Malgré les réductions budgétaires qui s’accumulent d’année en année, Jazz à Toulon reprend la route avec 16 concerts et ses animations habituelles. Voilà 27 ans que cela dure ! Et avec un programme de grand cru ! A ne pas rater ! Et toujours tout gratuit, en itinérance sur différentes places de la ville!
Alors, revue de détails :
Ouverture le 15 juillet sur la place de La Liberté avec un habitué du festival, le célèbre violoniste Didier Lockwood, en compagnie du groupe « Les Violons Barbares » et du joueur d’erhu (sorte de vièle chinoise). Ce ne sera certainement pas du jazz pur et dur, mais un voyage parmi diverses cultures musicales en mélange contemporain.
Le 16 juillet, Géraldine Laurent 4tet dans sa prestation « Looking for Parker ». La saxophoniste joue parmi les grands du saxophone. Elle a trouvé son style dans une maîtrise absolue de l’alto et du jazz, avec toujours un ancrage dans le blues. Elle sera en compagnie de Manu Codja, l’un des meilleurs guitaristes d’aujourd’hui, de Jérôme Regard à la contrebasse et Christophe Marguet à la batterie : une rythmique de luxe. Gageons que ce sera un grand concert.
Le 18 juillet, les Boclé Brothers, Gilda à la contrebasse et Jean–Baptiste à l’orgue Hammond et au vibraphone dans leur « Keltic Project », avec Loïc Blejean à la cornemuse irlandaise et Marcello Pellitteri à la batterie. La cornemuse est très rare dans le jazz. Cela fait 15 ans qu’ils pratiquent cette forme de musique très séduisante, et qui reste du jazz.
Le 19 juillet, le guitariste Sylvain Luc avec le batteur André Ceccarelli et le contrebassiste Rémi Vignolo, trois incontournables du festival, avec le guitariste argentin Luis Salinas. Nul doute que la rencontre des deux guitaristes va être explosive.
Le 20 juillet, le pianiste Philippe Duchemin, lui aussi bien connu des Toulonnais, sera là avec Cristophe Le Van à la contrebasse et son frère Philippe à la batterie, des habitués de l’aire toulonnaise ; ils joueront avec le Quatuor à cordes de Provence pour une prestation « Swing and Strings » (String, pas le slip mais les cordes !). On appelle ce genre de rencontre « la transversalité ». Je veux bien, mais finalement on n’est ni dans le classique, ni dans le jazz, ils sont à côté, et se partagent les genres. A voir…

P1020086 P1100246
P1170431 Steps Ahead
China Moses – Sylvain Luc, André Ceccarelli, Rémi Vignolo –
Olivier Ker Ourio – No Limi Jazz Quartet

Le 21 juillet, retour de la chanteuse américaine Robin McKelle, qui avait fait un concert remarqué en 2008. C’est une chanteuse dans la tradition. Elle a du feeling, une belle diction, une voix grave et chaude, et scatte façon Ella. De plus elle est douée d’une présence charismatique. Elle est également pianiste.
Le 22 juillet, retour aussi de China Moses, la fille swingueuse de Dee Dee Bridgewater, c’est dire qu’elle est née dans le jazz. Très scénique, comme sa mère, elle a beaucoup de présence et de punch.
Le 23 juillet, rencontre au sommet avec un « Guitar Hero » Mike Stern, qui avait enflammé la foule en 2005, et l’orchestre du saxophoniste Bill Evans (à ne pas confondre avec le mythique pianiste). Les deux musiciens s’étaient déjà trouvés ensemble chez Miles Davis, c’est dire…Bill Evans est de la race des raffinés et des subtils, Mike Stern plonge ses racines aussi bien dans le blues, le rock que le jazz : c’est un musicien fougueux capable de toutes les audaces. Un concert qui devrait faire danser même les chaises.
Le 24 juillet, le traditionnel coup de cœur avec Olivier Ker Ourio 4tet. Ker Ourio est l’un des meilleurs harmonistes chromatiques d’aujourd’hui. Il a fait merveille l’an dernier en compagnie de Virgnie Teychené et du groupe de Gérard Maurin. De quoi repartir de la musique plein les oreilles et le cœur.

P1040720
Robin Mc Kelle

Nous retrouverons les concerts d’après-midi :
Le 18 un concert off avec The Calamity Sisters dans la tradition de la chanson swing des années 40, genre Andrew Sisters.
Puis les concerts dès 17h30 place Camille Ledeau ou Puget :
Le 15 : Faut pas pousser band – Le 16 : César Swing, la tradition Django – Le19 : Quartet Pure Getz, du jazz qui sent bon la grande époque – Le 20 : King Didou Blues Harp. Didier Francisci dispense le blues depuis plusieurs décennies dans la région, et ailleurs. Forcément un grand moment avec son quartette – Le 21 : The Krakens : une fanfare de tradition nouvelle-orléans. Ça devrait faire bouger les pieds – Le 22 : place aux « héros » qui animent tant de prestations de Jazz à Toulon, le No Limit Jazz Quartet : Michel Gagliolo (p), Marc Tosello (b), Lucien Chassin (g) avec la chanteuse Alice Martinez, qui présenteront un hommage à Peggy Lee. A découvrir.

Autres manifestations Off :
Jazz On du 19 au 21 sur des places du Centre ville. Pour ceux qui ont envie de jouer avec une rythmique et s’enrichir de conseils.
Le 21 : Parade du Jazz du Cours Lafayette à Saint Jean du Var avec « The Krakens » de 9h30 à 12h30

Serge Baudot
04 94 09 71 00 _ www.jazzatoulon.com –

Le collectif TESTE
agitateur en poésie à Toulon, et ailleurs

B

Cédric Lerible, grand agitateur en poésie devant l’éternel, participe à un collectif réuni dans l’association Parole d’Auteur, et qui produit la revue « Teste », mot énigmatique mais qu’on peut référer au Monsieur Teste de Paul Valéry, au test, à texte en provençal ; mais surtout à tête et à témoin. En fait cette revue a pris le relai de la revue « Testament » fondée par Emmanuel Rastouil, abrégeant ce titre en Teste, dans le but d’un nouveau départ, d’une renaissance, afin aussi de garder un lien avec le passé.
Autour de Cédric Lerible et Emmanuel Rastouil se sont réunis Paul Antoine, Patrick Sirot, Emmanuelle Malaterre, plus spécialisée dans les collages, et la poète-slameuse Mü. Toutes et tous fondamentalement poètes dans leurs différentes expressions.
Rencontre à la Bibliothèque des Beaux Arts de Toulon avec Cédric Lerible et Paul Antoine, et comme le disent nos deux interlocuteurs : « Le fait que le siège de la revue se trouve dans une école d’art permet d’être en prise directe avec la création contemporaine ».
Donc à l’origine était la revue « Testament » fondée en 2010 et qui réunissait une quinzaine d’auteurs, en relation avec le réseau Encre d’Art, il y avait déjà rencontre entre écriture et arts plastiques.
« Teste » qui a pris le relai au numéro 16 a déposé ses statuts et fait son lieu de résidence à Toulon afin d’être ancré dans la ville où vivent ses membres. Elle se déclare « recueil éphémère, empreinte d’une saison ».
Cette revue reprend le flambeau d’une longue tradition de revues et d’éditions de poésie à Toulon, telles La Chandelle Verte, La Cave, Chemin, Telo Martius, Les Amateurs Maladroits, marquées par les poètes Marcel Spada, Raymond Jardin, Pierre Caminade, André Portal, Michel Flayeux, Pierre Tilman, Marcel Migozzi, Patrick Lorenzini, Michel Costagutto, Gilbert Renouf, et quelques autres, eux-mêmes précédés par Germain Nouveau, François Fabié, Jean Aicard, Léon Vérane pour ne parler que des plus connus… On voit que la chaîne n’est pas rompue.
« Teste » se veut un véhicule poétique, c’est à dire donner à lire la poésie en train de s’écrire, avec l‘éclectisme le plus total : pas d’étiquettes, pas de chapelles, pas de suivisme des modes. Seul critère, la qualité des œuvres, reconnues par le Comité de Lecture, composé des membres du collectif. Le collectif s’en tient à une revue de 80 pages, ce qui donne un cadre et une unité de parution.

C D
La revue est ouverte aux arts graphiques : dessins, collages, peintures, photos : là aussi le choix est fait en Comité. Dire également que la revue se veut avant tout une aventure humaine et amicale.
Un auteur peut prendre en mains l’organisation d’un numéro de la revue, mettre en parallèle, en résonance, voire en contradiction, les textes et les œuvres graphiques, après justement une réflexion pour les enchaînements des textes et des œuvres graphiques, dans le but d’en faire une œuvre cohérente et pas seulement une juxtaposition aléatoire. C’est aussi dans ce but que la revue n’est pas paginée ; ce qui permet une lecture au hasard des pages.
En ce siècle de revues numériques il faut saluer ce qui est véritablement un acte de résistance : produire une revue papier, et de plus de poésie ! Rien ne remplacera le livre. On peut le consulter partout, sans souci de rupture de batterie, le poser sur une table et le voir chaque fois qu’on passe devant, et le prendre, lire un texte, le conserver sur des rayons, et peut-être le retrouver un jour chez un bouquiniste… Oui, je sais, je le fais, on peut imprimer les textes numériques, mais c’est un autre monde.
La revue paraît tous les trimestres à chaque passage de saison. Le lancement se fait à la librairie « Le Carré des Mots » à Toulon, vraie librairie tenue par de vrais libraires qui savent parler des livres qu’ils vendent et proposent des livres choisis. Ces lancements sont une occasion de conserver la substance des choses par une présence physique entre public et artistes. S’y ajoutent une exposition et une intervention musicale, toujours de haut niveau.
Ce collectif ne se contente pas de la production d’une revue, ce qui est en soit un exploit, mais il participe à nombre d’événements avec par exemple l’association Plaine Page, Les Amis de Léon Vérane à Solliès-Ville, Le festival VIP (Ville d’Intérêt Poétique) dans la Vallée du Gapeau entre la Farlède et Solliès Toucas, qui dure quatre week-ends au printemps, le PASSOC (les anciens de l’école d’art), le PLAC (Petit Lieu d’Art Contemporain).
Le numéro 23 vient de paraître avec un sommaire de textes très riches reflétant bien les tendances et les recherches actuelles en poésie. Et le rappel d’un poète né à Toulon, André Martel (1893-1976), qui se faisait appeler « Papapafol » et le « Martelandre », qui inventa une langue prodigieuse : le paralloïdre. Il faut dire qu’il fut régent du Collège de ‘Pataphysique. Du Paralloïdre au Slam, la chaîne de la poésie continue. Dans ce numéro de remarquables photos d’une très jeune israélienne, Julia Gat ; on peut dire qu’elle a un œil, et un sens du cadrage, pour proposer des personnages émouvants. Dans ce même numéro une poète, israélienne elle aussi, déjà confirmée, Diti Ronen. Ces invitations affirment la volonté de la revue de s’ouvrir aux expressions d’autres pays. Ajoutons que cette revue est un bel objet, avec une couverture nouvelle pour chaque numéro, ce qui ajoute à sa volonté d’être toujours en mouvement.
Les projets : un numéro spécial à propos de Léon Vérane, et pour le numéro 24 une carte blanche est donnée à Hildegarde Laszrak organisatrice du Festival VRRR… au Musée d’Art de Toulon.

A

Serge Baudot
Où se procurer la revue : Librairie le Carré des Mots : 4 place à l’Huile à Toulon
ou bien à <contactparoledauteur@laposte.net

Lucrèce Borgia à Châteauvallon
dans un décor hollywoodien !

K

Belle initiative que celle de la direction de Châteauvallon de nous inviter à voir l’envers du décor d’un spectacle aussi spectaculaire que « Lucrèce Borgia », d’après l’œuvre de Victor Hugo, la mise en scène étant signée par David Bobée.
David n’est pas un inconnu dans ce lieu puisqu’il y a déjà présenté « Hamlet » en 2012, « Roméo et Juliette » en 2013 et… « Lucrèce Borgia » en 2015.
Le voilà donc qui revient avec cette oeuvre sulfureuse, la légende ayant très maltraité cette femme que l’on a qualifiée d’immorale, d’incestueuse, d’empoisonneuse… Personnage donc haut en couleur qu’interprète Béatrice Dalle, pour la première fois sur une scène. Et c’est dans cet amphithéâtre au décor gigantesque qu’évoluent les comédiens, entre planches et eau puisque, pour le besoins de la mise en scène, a été installé un bassin de 20 m2 sur lequel sont posés des passerelles qui, au fur et à mesure du spectacle, évoluent, changées de place par les comédiens eux-mêmes.

B

Alors en pleine répétition, ce sont Nathalie Anton, directrice adjointe et Stéphane de Belleval, chargé des relations publiques, qui reçoit le petit groupe qui a répondu présent à cette sympathique et originale rencontre qui avait pour but de faire découvrir la préparation d’un spectacle et ce que Nathalie nomme joliment « Le travail de l’invisible ».
En amuse-bouche, ils nous ont proposé – pour ceux qui connaissaient mal le tthéâtre – un petit historique de ce lieu mythique qui a aujourd’hui 50 ans passés et a été créé par deux fous géniaux et utopiques : Gérard Paquet et Henri Komatis, qui, étant tombés amoureux de cette bâtisse et de son environnement, décidèrent d’en faire un lieu de culture et de rencontres, un temple du théâtre, de la musique et de la danse, devenu aujourd’hui scène nationale.

C D
David Bobée

Installés sur les gradins, nous avons pu voir évoluer les artistes dans ce décor digne d’Hollywood, aux côtés d’un metteur en scène aussi passionné et talentueux que volubile pour parler de son métier et de ce spectacle incroyable, avec en prime, un petit coucou de Béatrice Dalle, tout sourire et décontraction.
Ce spectacle qui – nous confie David Bobée – a fait l’objet d’une grande tournée en France et en Asie, qui a été joué 140 fois, réunissant quelque 104.000 spectateurs !
Évidemment, dans chaque lieu où il se joue, le décor s’y adapte et nous avons la chance de le voir revenir en « XXL » nous dit en riant le metteur en scène. Jusque là, il n’a pas été joué à Paris. La boucle sera bouclée à la rentrée puisque les dernières représentations se dérouleront dans la capitale, à la Halle de la Vilette. Mais les Parisiens n’auront pas la chance d’avoir ce gigantesque décor !A Châteauvallon, ce n’est pas moins d’une cinquantaine de techniciens pour s’occuper du son, de la lumière, des décors, du plateau, le tout dirigé par Karim, le régisseur général.

F E G
H
I J

L’an dernier déjà, nous avions eu droit au somptueux spectacle du « Titanic », cette année encore Châteauvallon inaugure l’été avec faste avant de recevoir des pointures de la danse comme Angelin Preljocaj, un habitué des lieux, qui est né sur les planches de Châteauvallon (8 et 9 juillet), le Ballet National de Lorraine (12 juillet) ou encore Benjamin Millepied, au nom prédestiné, danseur étoile qui fut directeur de la danse de l’Opéra de Paris (22 et 23 juillet).
Mais pour l’instant, découvrons Lucrèce, alias Béatrice Dalle, qui a fait une entrée on ne peut plus remarquée sur les planches et qui a trouvé là un rôle à sa démesure dans un spectacle aussi démesuré, installé sur ce lieu mythique de Châteauvallon, en ces deux premiers jours de juillet.

A

Jacques Brachet