Archives mensuelles : mai 2016

69ème édition du Festival de Cannes

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La Palme d’or de la 69ème édition du Festival de Cannes va pour la deuxième fois à Ken Loach pour son Moi, Daniel Blake comme ses précédents films très engagé. « Un autre monde est possible, même nécessaire », a dit Ken Loach lors de la remise des prix. Nombreux étaient d’ailleurs cette année les films anticapitalistes, dont l’hilarant Toni Erdman de Maren Ade, en compétition officielle, et Captain Fantastic pour Un certain regard. Un feel good movie de l’américain Matt Ross où une famille de cinq enfants élevés dans les bois par un superbe Viggo Mortensen (nu !) se confronte à la société de consommation.
Toujours en compétition officielle, l’atypique Ma loute de Bruno Dumont a retenu notre attention. Un film cocasse et burlesque où domine la lutte des classes, avec, dans les rôles des nantis, un Fabrice Luchini méconnaissable, une très bonne Valeria Bruni-Tedeschi et une Juliette Binoche que l’on n’avait jamais vue dans un rôle comique. Les stars sont toutefois moins bonnes que les seconds rôles, véritables « types » qui ont réjoui les spectateurs. Dans un superbe paysage de plages du nord, dominent crissements et grincements de sable, de meubles qui se cassent, de vêtements dans lesquels les acteurs sont engoncés. Si dans la première moitié du film, les personnages passent leur temps à tomber, ils lévitent ensuite, tels Laura Betti dans Teorema de Pier Paolo Pasolini. Comme dans le Porcile de Pasolini également, une famille de cannibale décime les touristes.
A noter également, en séance spéciale, le superbe huitième film de Karim Dridi, Chouf, qui revient à Cannes vingt ans après Bye bye. Gomorra marseillais, « Chouf », « regarde » en arabe, se penche sur le trafic de drogue dans la banlieue nord de Marseille filmée en scope comme un western. Superbe casting dont tous, excepté Sofian Khammes du Conservatoire, jouent pour la première fois.
En séance de minuit, le film de zombies sud-coréen Sang-Ho Yeon, Train to Busan, a fait beaucoup de bruit sur la Croisette. Réalisé presque entièrement dans un train à grande vitesse, le film se focalise, comme c’est souvent le cas dans le genre, sur le comportement humain ou pas des « non-infectés ». Contrairement aux morts-vivants de The Walking Dead ou de ses spin-off, ceux-ci y sont très rapides, à la façon des vampires modernes.

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L’équipe de « Chouf » – Le Mal de Pierres
Le cinéma roumain à l’honneur
Le cinéma roumain était très présent cette année à Cannes avec deux films en compétition officielle : un au début, Sieranevada de Cristi Puiu, et un à la fin, Bacalauréat de Mungiu, Palme d’or en 2007. Dans Câini (Dogs) d’Un certain regard, Bogdan Mirica filme magnifiquement une campagne vide, comme un désert de western d’où émergent parfois policiers et mafieux. Malheureusement, le cinéma roumain reste dominé, depuis La reconstitution de 1968 de Lucian Pintilie, par de longs plans séquences dans lesquels les personnages sont parfois coupés par le cadre et ne font ni ne disent pas grand-chose…
La Quinzaine des réalisateurs
La quinzaine des réalisateurs a été ébranlée cette année par Anurag Kashyap, le Tarantino indien. Après les Gangs de Wasseypur partie I et partie II en 2012, Anurag Kashyap revient avec Raman Raghav 2.0 (Psycho Raman) qui, comme il est indiqué au début du film, « n’est pas » sur le tueur en série Raman Raghav, qui terrorisa Bombay dans les années soixante. La version moderne de cette fascination entre un inspecteur drogué et un psychopathe aux yeux dorés nous donne à voir les bidonvilles de Bombay à travers les poursuites effrénées sur musiques indiennes actuelles et traditionnelles.
C’est la première année qu’Israël a un pavillon au Village international et deux films israéliens étaient sélectionnés pour Un certain regard. Celui de la Quinzaine des réalisateurs, Une semaine et un jour, relate la journée d’un couple qui vient de perdre un fils après la semaine traditionnelle de deuil. Contrairement à ce que le sujet pourrait laisser croire, le premier film de l’Asaph Polonsky est plein d’humour et d’irrévérence.
Cherchez la femme
Cette année encore, peu de femmes réalisateurs dans la sélection officielle, 3 sur 21 films en compétition : la française Nicole Garcia (Mal de Pierres), l’allemande Maren Ade (Tony Erdman) et l’anglaise Andrea Arnold (Amercian honey), prix du Jury.
Hors compétition, Money Monster de Jodie Foster s’attaque justement à la présence des femmes derrière la caméra. Julia Roberts n’est pas choisie cette fois pour sa beauté, mais incarne la productrice d’une émission de télé sur la bourse. C’est elle qui dirige et rassure un George Clooney pris en otage, personnage lâche et peu sûr de lui.

George Clooney, Jodie Foster et Julia Roberts au photocall de "Money Monster" au 69ème Festival international du film de Cannes le 12 mai 2016. © Cyril Moreau / Olivier Borde / Bestimage

George Clooney, Jodie Foster et Julia Roberts au photocall de « Money Monster » au 69ème Festival international du film de Cannes le 12 mai 2016. © Cyril Moreau / Olivier Borde / Bestimage

Encore un plaidoyer contre le capitalisme donc, mais pas que. Jodie Foster, venue pour la première fois à Cannes il y a 40 ans avec Taxi driver, alterne scènes en studio et d’action, preuve qu’une femme gère un film à gros budget aussi bien que les réalisateurs.e Foster a également ouvert Talks Women in Motion, série d’entretiens cannois sur la place des femmes dans l’industrie lancée en 2015. Women in Motion a décerné cette année trois prix pour aider des projets de jeunes réalisatrices.
Dans la même veine, un documentaire de Cannes Classics a révélé un pan inconnu de l’histoire du cinéma. Et la femme créa Hollywood (Women who run Hollywwod) de Clara et Julia Kuperberg montre que les femmes ont eu des rôles clefs à Hollywood tant que le cinéma n’a pas été pris au sérieux, quand les films étaient montrés à l’entracte des variétés pendant que l’on balayait les salles. On oublie souvent que le premier film parlant a été réalisé par Alice Guy et le premier film en couleur par Lois Weber, qui a tourné plus de 300 films en 10 ans. Frances Marion écrivait des scénarios pour la star Mary Pickford et gagné deux Oscars. Depuis, il a fallu attendre 2010 pour qu’une femme, Kathryn Bigelow, remporte le premier Oscar de la réalisation.
L’histoire est écrite par les vainqueurs. Quand le cinéma a commencé à rapporter gros, les femmes ont disparu des commandes et des livres d’histoire. Lors de la projection du documentaire aux Etats-Unis, une cinquantaine d’étudiantes de cinéma se sont étonnées qu’on ne leur ait rien appris dans leurs écoles sur le rôle des femmes dans l’histoire du septième art.
Osons espérer que le Festival de Cannes donne l’exemple l’année prochaine en sélectionnant davantage de réalisatrices et peut-être même une douzième présidente du jury (sur 69 !)…

Myrto Konstantarakos

Toulon – Caves des Lices
Jazz au Studio 11

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Le saxophoniste Sylvain Beuf va quitter son poste au Conservatoire (CNNR) de Toulon. Le COFs (Comité officiel des fêtes et du sport de la ville de Toulon) avait à cœur d’inviter cet éminent saxophoniste qui pour la circonstance avait réuni trois de ses amis musiciens, pour cet Acoustic Quartet, qui tous ont joué les uns avec les autres, mais jamais les quatre ensemble. C’était donc une grande première, et disons-le tout de suite une grande réussite.
Au saxophone ténor, dans la descendance de Stan Getz, Sylvain Beuf s’est forgé un jeu qui ne doit plus qu’à lui-même ; une musique dans laquelle prévaut la mélodie, le swing, la maîtrise du discours, avec parfois des emportements, une véhémence digne de John Coltrane. Il fit merveille, tant le plaisir de jouer avec ses amis était patent. Le bonheur se lisait sur son visage, si bien que le concert dura pratiquement une heure de plus que prévu.
Henri Florens est un pianiste de la même veine jazzistique, il y a un peu toute l’histoire du piano jazz dans son jeu ; lui aussi est un mélodiste qui sait aussi se jouer des subtilités harmoniques. Il est également un compositeur intéressant, comme le démontra son morceau « Missing Chass » en mémoire du trompettiste niçois François Chassagnite qui nous a quittés en 2011. Grand moment d’émotion, avec ce morceau dans un arrangement très monkien.

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Sam Favreau est un contrebassiste remarquable. Pas d’esbroufe, une pompe déliée, chaleureuse qui booste la rythmique dans le swing ; des notes pures, une attaque nette et ronde à la fois, de l’inspiration dans les impros : que demander de plus.
Le plus ébouriffant de la soirée fut le batteur Thierry Larosa, vraiment de la trempe des grands de la batterie. Je ne l’avais jamais entendu jouer aussi diaboliquement. Une décontraction absolue pour un swing radical, de l’élégance, de l’inspiration, déroulant un tapis de luxe au saxophoniste. Il fut sublime aux balais, tout de délicatesse et de force à la fois ; on sait que rares sont les batteurs qui triomphent dans cet accompagnement.
La première partie fut dédiée à des grands standards propres à libérer les musiciens, puis on attaqua des démarcages de Mingus, Horace SIlver, etc…ainsi que des compostions du leader.
Voilà un Quartet qui mord à fond dans le jazz, dès la première note ; ça joue à fond, et pourtant ce n’est pas de la musique simpliste, ça joue, ça swingue, et il y a le plaisir du partage, entre les musiciens tout heureux d’être là ensemble, et avec nous les auditeurs-spectateurs. Et puis ce petit caveau qu’est le studio 11 est le lieu idéal pour ce genre de prestation. Un Quartet d’un soir, mais on en gardera un long souvenir.

Serge Baudot

Seillon Source d’Argens
Jeane Manson en apesanteur avec Cirkadance

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Le clip « Bandonéon » qu’avait tourné Jeane Manson avec le Cirkadance qu’ont créé Gaby et Jean-Claude dans ce petit village varois de Seillon source d’Argens où ils se sont installés, nous avait donné un avant-goût de ce que pourrait être le spectacle qu’ils avaient décidé de monter ensemble.
Nous attendions ce moment avec impatience et nous n’avons pas été déçus.
Nous avons littéralement été sous le charme et l’admiration, entre le talent, la beauté, la voix de Jeane Manson et les prouesses de ce couple et des autres artistes de la troupe qui nous ont projetés dans les étoiles.
Ce fut un spectacle magique où chansons, musiques, poésie, humour et numéros dignes du Cirque du Soleil dont est issu ce jeune couple, se mêlèrent avec un bonheur infini, aussi bien pour eux que pour le public.

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Jeanne, tour à tour, chanta ses grands succès, comme « La Chapelle de Harlem » ou « Avant de nous dire adieu », accompagnée par les spectateurs, nous offrit de nouvelles chansons issues de son tout nouveau disque, dont ce fameux « Bandonéon » que lui a offert Claude Barzotti et qu’elle dansa avec fougue et passion avec Jean-Claude. Elle se prêta à des numéros de jonglerie avec beaucoup d’humour, et finit par s’envoler dans les cintres tout en chantant, en hommage à sont ami Joe Dassin « L’été indien », joli moment d’émotion et de pure poésie.
Ce fut un spectacle total où chacun présentait, seul ou ensemble, des numéros superbes. Un vrai spectacle où l’on ne savait qui ou quoi admirer le plus tant tout était beau et magnifiquement monté.
Ce projet est né du fait, d’abord de ce nouveau disque de Jeane, intitulé « Amour », qui porte bien son nom puisque toutes les chansons en parlent, reprenant quelques incontournables mais aussi de nouvelles chansons signées Barzotti ente autres, qu’elle chante seule ou avec justement Barzotti, sa fille Shirel à la voix aussi belle que celle de sa mère, Jean-Jacques Lafon, notre « Géant de papier » toulousain, Mathieu Sempéré, autre voix d’or, issu du groupe les Stentors et une sublime interprétation de l’Ave Maria de Gounod, accompagné à la trompette par Richard Gardet.

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L’on retrouve donc ce « Bandonéon » dont elle a voulu faire un clip et, adorant le cirque et découvrant Cirkadance, elle a eu envie de le tourner avec celui-ci.
De fil en aiguille, l’idée est venue à Jeane que, pour fêter ses 40 ans de chanson, il lui fallait quelque chose de plus original qu’un simple tour de chant. Et voilà comment est né ce spectacle qui mériterait de tourner, tant il est superbement monté.
Le public a totalement été subjugué d’autant qu’une autre belle voix démarrait le spectacle : notre petite Brignolaire Morgane Solignac que Jeane a félicité chaleureusement.
Jeane qui, après ce spectacle, se prêta avec joie à la séance de dédicaces, aux photos et selfies que chacun voulait emporter en souvenir.
« Amour », quel beau nom pour un album pour celle qui le pratique comme un art de vivre, qui nous en donne mais en a reçu beaucoup ce soir-là, qui restera un des plus jolis souvenirs de spectacle de la saison.

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Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

La Motte en Provence
1.500 demoiselles ont couru !

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Pour la deuxième année consécutive, le Domaine des Demoiselles recevait la Foulée des… Demoiselles !
Organisée par Grégory Catus, président de l’association »Athl’Hetic », cette course a pour but de récolter de l’argent en faveur de la lutte du cancer du sein dont huit femmes sur dix sont encore touchées.
Grâce à Aurélie Bertin, propriétaire du Domaine des Demoiselles à la Motte en Provence, Grégory a trouvé une alliée et un lieu idyllique pour organiser cette course pas comme les autres, puisque dédiée aux femmes, même si leur copain, leur compagnon, leur mari peut les aider à parcourir les dix kilomètres à travers les vignes et les bois de la propriété.
L’an dernier mille femmes sont venues courir, cette année l’on en attendait un peu plus… et ce fut le cas puisque ce sont mille cinq cents femmes qui s’y sont inscrites !

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Inutile de dire l’ambiance qu’il y avait, ce dimanche 22 mai au domaine, d’autant que le soleil était de la partie.
Beaucoup d’animations pour tous les âges, dégustation obligée des vins du domaine… Bref, ce fut une magnifique journée faite de sport, de rires, d’émulations et surtout de soutien pour toutes ces femmes qui sont frappées de cette maladie.
L’association « Athl’Ethique » a aujourd’hui 16 ans d’existence et sensibilise aux sports et aux activités liées au sport. Et Grégory s’y donne à fond . En créant cette manifestation il veut aider les femmes bien sûr mais aussi tous les organismes et association qui luttent contre cette maladie.
« L’on sait – nous dit-il – combien est grande la souffrance physique et aussi morale de ces femmes et si on peut les aider à garder l’espoir, notre but sera atteint.

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Cette année, donc, la participation a rapporté 3.000 €. Ils seront employés à installer à l’hôpital de Draguignan, une cabine d’esthétique, « car – nous dit encore Grégory – ce n’est pas parce qu’on est malade qu’on ne doit pas prendre soin de soi. Et être chouchoutés, et recevoir des soins esthétiques durant les longues journées d’hôpital, ne peut que redonner le moral à toutes ces femmes ».
Ainsi donc 400 femmes étaient au départ de la course chronométrée alors que 1.100 avaient choisi l’allure libre, l’important étant de participer et d’apporter son concours à une belle et grande cause.

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Aurélie Bertin, qui organise nombre d’activités sur ses deux domaines, les Demoiselles et le château Ste Roseline aux Arcs, est très attachée, depuis l’an dernier, à celle-ci en particulier. Elle y prend même part en courant… et en arrivant dans les premières !
Cette manifestation, essentiellement familiale, s’est donc déroulée dans les rires et la bonne humeur, même si certaines concurrentes sont arrivées un peu fatiguées, le soleil ne facilitant pas les choses. Mais toutes ont atteint l’arrivée !

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Le pique-nique fit s’éparpiller le public et les concurrents sur ce lieu magique qu’est de domaine des Demoiselles, qui ce jour-là, portait bien son nom.
Aurélie, qui fait toujours très bien les choses, avait prévu un quad… pour les photographes fatigués d’avance, qui ont pu suivre les courses brinquebalés dans ce tout terrain !
Notre équipe en faisait partie !
A la remise des prix étaient présents ou représentées, les Mairies de la Motte, du Muy, de Sillans, de Draguignan.
Ce fut une belle et conviviale journée sous le soleil retrouvé de notre Provence.

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Jacques Brachet
Photos : Monique Scaletta, Gérard Jacques, Philippe Starzomski

 

« Vicky »,
la jolie surprise du printemps

Dossier de Presse Vicky-15

Vicky a près de 30 ans mais, si elle a un nom célèbre, elle n’est pas arrivée à se faire une place entre son célèbre père Albert Bonhomme (François Berléand), comédien et son non moins célèbre frère, Tim (Jonathan Cohen), animateur de radio.
Alors elle mène une vie oisive, passant du sexe à l’alcool. Jusqu’au jour elle découvre sa voie… et sa voix.
C’est une jolie et, en partie vraie, histoire que nous racontent Denis Imbert, réalisateur et Victoria Bedos (fille de…), histoire écrite à quatre mains où se mêlent fiction et vécu dans une belle atmosphère musicale, entre poésie et humour, émotion et bonne humeur.
Tout droits débarqués du marché du film de Cannes où Guy Bedos les a rejoints en découvrant, très ému, le travail de sa fille (« Je suis fier de toi » lui a-t-il dit). Denis, Victoria et Olivier de Closmadeuc, dit « Banjo » (c’est plus simple, d’autant que son vrai nom est … Urvoy de Closmadeuc de Portzampac !), ont fait escale à Toulon pour nous parler de cette très jolie comédie qu’est « Vicky ».

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Denis, comment arrive-t-on à monter un film lorsqu’on n’a encore jamais fait de long métrage et que les deux comédiens principaux… sont des chanteurs ?
Le rôle de Victoria a été déterminant car c’est elle qui a écrit le scénario de « La famille Bélier ». Avant qu’on ne connaisse le succès de ce film, des producteurs en avaient vu des teasers, qui les avaient rassurés sur le fait de son talent d’écriture. Quant à moi, j’ai été longtemps premier assistant réalisateur et j’ai aussi réalisé la série « Platane » avec Eric Judor (Eric et Ramzy) qui avait bien marché.
Votre rencontre avec Victoria ?
Elle date de l’époque de « La famille Bélier ». Je voulais écrire un film autour d’une femme, dans l’univers de la femme et la rencontrant, nous avons eu envie d’écrire ensemble, d’autant que si ce n’est pas biographique, il y a des choses qu’elle a vécu évidemment, entre son père et son frère. Quant à lui faire jouer le rôle de Vicky, le sujet étant très proche d’elle, je n’ai jamais envisagé quelqu’un d’autre, tant je trouvais qu’elle y était légitime.
Victoria, comment avez-vous sauté le pas, étant scénariste et chanteuse mais pas comédienne ?
Je crois que, enfouie en moi, devait être cette envie de devenir comédienne. Mais, sans être frustrée, je ne me voyais pas être la troisième Bedos à venir devant la scène. Pouvais-je me le permettre ? Voilà près de huit ans que je chante, que j’écris mes chansons et que le duo avec Olivier « Vicky Banjo » existe. Finalement, avec Denis, ça m’a semblé naturel. Notre rencontre a été magique et j’ai eu beaucoup de facilité à me livrer à lui car il n’avait aucun jugement sur moi.
J’étais alors en pleine transition dans ma vie, j’avais 30 ans, et j’ai tout de suite accepté.
Denis, est alors venu le choix du partenaire de Victoria.
Là aussi, ça a semblé une évidence lorsque je les ai vus ensemble. Il y avait la complicité, la sensualité (alors qu’ils ne sont pas ensemble !), la connivence. C’est vrai, il n’était pas comédien non plus mais il est plus facile de faire jouer un chanteur que de faire chanter un comédien ! Malgré tout c’était un risque et je n’ai vraiment été rassuré qu’aux premiers rushes !
Olivier, pour vous, jouer a été quelque chose de difficile ou de naturel ?
Ça a été très naturel dans la mesure où, depuis huit ans, avec Victoria, nous sommes sur scène et nous ne faisons pas que chanter. Nous jouons, nous parlons, nous faisons de petits sketches entre deux chansons. Ce n’est pas une suite de chansons mais un vrai spectacle musical. Donc, j’ai l’habitude de jouer. Malgré tout, j’ai quand même été coaché.

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Denis, Victoria, comment avez-vous travaillé sur ce scénario ?
– Victoria : J’ai toujours eu une vision d’enfant sur le monde, un regard candide. J’ai grandi très doucement, je suis devenue adulte très tard, à tous les points de vue mais j’ai toujours eu cette liberté de dire et de faire ce que je voulais. Je voulais, comme pour « La famille Bélier », pouvoir écrire des choses graves avec légèreté. Mais je ne voulais surtout pas que ce soit un brûlot sur ma famille, que j’adore.
– Denis : Je voulais écrire une comédie universelle, un peu « à l’italienne », où les sentiments se mêlent, où la comédie fonctionne lorsqu’on est dans l’opposition. Nous avons tous des histoires de famille, nous nous sommes raconté les notres et peu à peu nos histoires se sont imbriquées. Nous avons partagé des choses très fortes.
– Victoria : Denis m’a permis de me canaliser car j’ai une nature très forte. Et puis, il m’a aussi permis de sortir de ma torpeur. Le chant m’avait déjà sorti de cette torpeur, devenir comédienne a fait le reste.
Les seconds rôles sont quand même interprétés par deux beaux premiers rôles !
Oui, il me fallait quelques noms afin de rassurer les producteurs ! Pour le rôle du père, je voulais un comédien de théâtre, investi dans son travail. Je le voulais tendre, protecteur. Quelqu’un dans le style de Michel Bouquet ou… François Berléand qui est un boulimique et dit oui à tout ce qui passe, qui joue et tourne beaucoup et par chance, il était libre. Il a beaucoup de recul et d’humour mais je suis allé le chercher sur le terrain de l’émotion. Et je trouve qu’il est touchant.
Quant à Chantal Lauby, elle a très vite dit oui, d’autant qu’elle a une fille qui chante, Jennifer Ayache (Superbus) et qu’elle connaît bien cette situation, étant très complice avec sa propre fille. Ce qui a été le cas sur le tournage
– Victoria : Lorsqu’elle a vu le film, elle a été très émue car elle s’est retrouvée dans les mêmes situations qu’avec sa fille..
Victoria, justement, comment joue-t-on ces scènes d’amour assez torrides ?
(Elle rit) Si je suis très timide, très pudique dans mes sentiments, je n’ai aucun problème avec la nudité et entre deux scènes je me baladais à poil sans problème. J’ai une « pudeur inversée », je me sens protégée quand je suis à poil ! De plus, je jouais avec des copains de mon frère qui sont aussi les miens, comme Benjamin Biolay, Michel Cohen. Mais je pense qu’ils étaient plus flippés que moi… par rapport à mon frère ! quant aux gémissements, ils n’étaient pas feints car j’avais une côte cassée et j’avais mal !!!
A la limite, j’ai plus été gêne par le baiser avec Olivier car on est copains depuis des années et nous n’avons jamais été dans cette situation !
Olivier – dit Banjo ! – vous formez donc ce duo « Vicky Banjo » avec Victotria. Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a proposé le rôle ?
Ça a été très bizarre car lorsqu’on se retrouvait avec Victoria, on parlait du scénrio qu’elle écrivait, on blaguait, et au fur et à mesure, je retrouvais des situations qu’on avait vécues, des choses dont on parlait. En fait, j’étais très heureux qu’on me permette de participer à l’aventure car c’est finalement notre parcours à tout les deux en dehors du fait qu’il n’y a jamais eu d’histoire d’amour entre nous. D’ailleurs, c’est vrai, le plus difficile pour moi a été ce baiser car il me semblait que j’embrassais ma sœur ! On a mis longtemps à ce que ça paraisse naturel, on ne faisait que rigoler car on était aussi embarrassé l’un que l’autre !

Le film sort le 8 juin. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Denis : Assez confiant même si c’est toujours un grand moment de doute et d’appréhension. Au marché du film à Cannes, il a été bien accueilli, il y a eu de bons retours mais c’est le public qui va juger.
Victoria : C’est vrai que ce qu’on en a entendu et… l’appréciation de Papa, font qu’on peut être confiants sans être totalement rassurés. Et puis, le même jour, sortira notre disque avec les chansons du film et d’autres chansons que nous avons écrites avec Olivier.
Et écrire pour le papa ou le frère ?
On y a déjà pensé… pourquoi pas, maintenant que j’ai leur caution, même si pour mon frère ça a été un peu plus difficile. Mais pour ce film, je n’ai pas voulu en parler à mon père. Je ne voulais pas qu’il soit dans mes pattes !
Prochaine étape ?
Denis :
Nous avons signé pour deux autres films. Le second est prêt et va bientôt être tourné. Le troisième n’est pas terminé. J’adore travailler avec Victoria mais aujourd’hui, elle démarre aussi une carrière de comédienne et il faudra qu’elle « vole » sans moi !
Victoria : J’aime varier les plaisir, écrire, chanter, jouer. Mais pour ce premier rôle, j’étais très en confiance, très protégée par Denis. Je commence à recevoir des propositions mais est-ce que j’aurai le courage d’aller au-delà de Denis et surtout de jouer avec le scénario de quelqu’un d’autre, pour lequel je n’aurai pas collaboré ? On verra.

Dossier de Presse Vicky-16

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos : Philippe Starzomski
Sortie le 8 juin 2016

NOTES de LECTURES
Par les Plumes d’Azur

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Thomas GLAVINIC : Le plus grand des miracles (Ed Piranha)
Jonas se prépare à escalader l’Everest, lors d’une éclipse totale de soleil.
Le roman relate cette préparation et celle de ceux qui font partie de l’expédition.
Ce moment exceptionnel va permettre à Jonas de replonger dans ses souvenirs d’enfance : on découvre une mère irresponsable, son jumeau autiste (alors que Jonas est d’une intelligence exceptionnelle et Werner, son alter ego. Adoptés par le grand-père richissime de Werner, les garçons reçoivent une éducation originale, n’apprenant que ce qui les passionne, libres de toute contrainte, ce qui coûtera la vie à Werner.
Devenu fabuleusement riche à la mort de son grand-père adoptif, Jonas arpente le monde à la recherche du sens de la vie jusqu’à ce qu’il croise la route de Marie. Désormais il est enfin heureux mais celle-ci souhaite prendre un peu de distance. Dès lors, il erre d’un continent à l’autre, d’une fille à l’autre, achète une gare, s’installe quelque temps à Tchernobyl, découvre le surf et recherche la vague ultime. Enfin, il décide de s’attaquer au prestigieux sommet. Pour lui, ce sera le dernier voyage; arrivé au sommet il y restera …à moins que…
On comprend mal cette éternelle insatisfaction du héros et son pouvoir de séduction est peu crédible, ses voyages sans désir de découverte le lassent très vite comme il lasse le lecteur.
Enfin la préparation à l’ascension est assez longue et répétitive, malgré quelques passages très intéressants sur la psychologie de ces sportifs de l’extrême.
En résumé un roman sur la quête de soi qu’on aurait aimé plus court et plus dense
Catherine POULAIN : Le Grand Marin (Ed de l’Olivier)
« Le Grand Marin », est le récit d’une femme qui rêvait de partir et de prendre le large.
Largement auto biographique, ce roman nous embarque avec Lili, l’héroïne narratrice dans un périple sur l’île de Kodiak, en Alaska, à la recherche d’embarquements pour les saisons de pêche
L’aventure commence, pour elle comme pour le lecteur.
A bord du Rebel, nous nous retrouvons happés par ce désir fou d’en découdre avec l’univers hostile des pêcheurs de l’extrême, au bout du monde, dans la glace, le sel et le sang.
Le tumulte de l’océan, le froid polaire, la morue noire et le flétan nous deviennent familiers ; nous vivons la pêche hauturière dans toute sa beauté et sa sauvagerie.
C’est toujours la mer recommencée mais racontée différemment à chaque sortie.
Dans cet univers d’hommes, ce petit bout de femme, « le moineau » nous transmet son énergie, sa résistance, son agilité, son courage. Elle souffre, se blesse gravement mais résiste !
Farouche dans l’âme, indocile mais adoptée, parce qu’elle a fait ses preuves pour John, Dave, Joey, Simon, Ian, la « Frenchie » va partager son tête à tête avec la mer. Jude, « l’homme lion, le grand marin », le pêcheur absolu, ira même jusqu’à lui avouer son attachement affectif et sensuel.
Nous aimons ces personnages, taillés au pic à glace, farouches, solitaires, à la recherche de « la splendeur brûlante de leurs vies » qui finissent par s’ouvrir à l’humanité.
Le texte est incisif, le phrasé identique à celui de notes prises sur le vif et le récit se nourrit de notre goût de liberté.
Quelle belle, douloureuse et charnelle histoire d’amour pour un univers d’exigence à la recherche de nos certitudes !

Grainville Constant

Patrick GRAINVILLE : Le démon de la vie (Ed Seuil)
L’action se situe dans un village du Sud-Est de la France au cœur du pays des Maures où de petites résidences côtoient de riches domaines et où les touristes anglais se plaisent à résider .
Un tigre, élevé discrètement par un milliardaire excentrique, s’échappe et sème la perturbation dans la population.Un spécialiste est dépêché par les gendarmes pour le retrouver et le neutraliser. Deux adolescents qui s’aiment, une jeune beauté qui part en Inde d’où elle envoie des lettres racontant ses découvertes et ses aventures, voilà les principaux protagonistes de cette histoire. L’auteur nous la raconte dans un style puissant et foisonnant. Les superbes descriptions des lieux mais aussi des ravages de l’amour et de la puissance des relations défendues en font un roman très riche et enlevé où on ne s’ennuie jamais même si on se demande quelquefois ce que l’Inde vient faire dans cette histoire
Paule CONSTANT : Des chauves-souris, des singes et des hommes (Ed Gallimard)
Dans le fin fond de l’Afrique, un village perdu.
Une fillette trouve un bébé chauve-souris et l’adopte avec amour. Des jeunes garçons découvrent un énorme singe dans la forêt et le ramènent triomphalement au village comme s’ils l’avaient capturé vivant. Le village en fait un festin. Une femme docteur vient faire une campagne de vaccination contre le virus Ebola, accompagnée en pirogue par un guide africain Voilà tous les ingrédients qui vont générer un drame affreux que Paule Constant nous fait vivre avec son talent habituel. Elle nous plonge au cœur de cette Afrique profonde qu’elle connait bien, il y a peut-être un peu d’humour dans la façon dont elle évoque les comportements humains naïfs ou enfantins, mais très vite cette légèreté fait place à la tragédie, une tragédie vraiment très noire et par moment insoutenable quand elle touche à des enfants .
Roman superbe déconseillé aux âmes sensibles.

lovichi leon

Jacques LOVICHI : Les sources de la nuit (Ed Lucien Souny)
De retour dans son village après de brillantes études, un jeune homme est obligé de commettre un acte de violence terrible. S’il ne l’avait pas fait il aurait été rejeté par les siens.
Il se réfugie dans le maquis de cette île qui n’est jamais nommée par l’auteur. Il fait la connaissance de Saveria, une lointaine cousine, qui bientôt enceinte sera obligée de quitter son île. Elle mettra au monde leur fils Orso et sera obligée de rentrer dans les ordres. Ils ne se verront plus. Entre temps il rencontre dans son « Palais vert » un berger illettré et asocial.
Les deux bannis seront amnistiés s’ils s’engagent dans l’armée. Ce qu’ils font.
C’est la guerre de 14.
A son retour, il rencontrera son fils et reprendra le maquis, ayant besoin de solitude.
C’est une méditation sur la difficulté de vivre, sur la solitude, l’adaptation au silence que l’auteur nous décrit.
L’auteur Corse est romancier, poète. Il a obtenu en 1995 le grand prix du livre corse pour « Le sultan des asphodèles ».
Il fut un temps, il y avait des « bandits d’honneur » qui vivait dans le maquis grâce à la complicité des villageois. Peut-être y en a-t-il encore !!!!!!
Donna LEON : Brunetti entre les lignes (Ed Calmann-Levy)
Venise.
Une bibliothécaire appelle le Commissaire Brunetti, des pages de plusieurs livres anciens de grande valeur ayant été volées. Rapidement il est intrigué par un lecteur « américain » venu à la bibliothèque et disparu depuis, ainsi que par un ancien prêtre, « Tertullien » qui relit sans arrêt « Les pères de l’église ».
L’écriture est fluide, l’enquête intéressante malgré le côté flegmatique du commissaire, avec lequel on flâne, en découvrant la ville côté habitants et non touristes. Mais quand l’un des suspects est retrouvé mort chez lui l’affaire prend une tournure beaucoup plus sinistre.
L’auteure nous fait part de l’inquiétude des Vénitiens sur le devenir de la cité des doges, les grands bateaux de croisières croisant dans la lagune. Dans le cas présent, c’est le pillage des ouvrages anciens et antiques et le marché noir qui en découle. Qui s’en inquiète vraiment ?

Serdan_BD Zellweger

Eliane SERDAN : La ville haute (Ed Serge Safran)
Hiver 1956 dans le sud de la France.
Arrivée en France par un hiver glacé, une petite fille de neuf ans, exilée, découvre une vie triste et étriquée dans une vieille ville aux décors hostiles. Quel changement par rapport au soleil du Liban, à la vie aisée et aux rires complices de son cousin Fabio!
A l’école elle subit les affronts des autres enfants, la différence d’accent, le manque d’argent, les us et coutumes qu’elle ignore, le mépris. En allant en classe elle prospecte les ruelles sombres du village qui n’ont rien d’engageantes. Or un soir d’automne très pluvieux elle s’y égare et se réfugie, par hasard, sous un porche puis entre dans une maison cossue où vit un homme seul, étranger lui aussi. Elle a le cœur gros et va s’épancher en parlant de sa séparation d’avec son ami d’enfance Fabio qu’elle ne reverra plus.
Pour lui c’est le choc car ressurgissent les fantômes d’un passé qu’il a cherché à oublier toute sa vie.. Cette fillette, si ressemblante par le visage et l’âge, rouvre une blessure profonde : à l’âge de neuf ans, en Turquie, il assiste impuissant à l’enlèvement d’Anouche, amie d’enfance, fille de sa nourrice arménienne qui a subi les pire outrages puis a été déportée. La vue du sang et son cri de détresse le hantent encore maintenant
En réponse à la confidence de la petite, il raconte ces moments tragiques sans prendre conscience de la fragilité de l’enfant. Ils demeurent tous deux très choqués par cette visite.
Le père, devenu employé dans l’imprimerie de cet homme, va demander une explication. Touché par sa bonne foi, le sachant seul et émigré lui aussi, il l’invitera à partager le repas de fête.
Texte assez sombre vu le sujet qui évoque aussi le génocide arménien. Ecriture simple, sobre, avec beaucoup de pudeur. Rencontre de deux êtres d’age et de conditions différents qu,i en exil, cachent le même chagrin : le pays leur manque, leurs amis, le soleil et l’insouciance aussi. L’enfant, libanaise, cherchera à échapper à la solitude et l’adulte, arménien, aura la possibilité de se libérer de son lourd passé.
Mark ZELLWEGER : Double jeu (Éd Eaux Troubles)
Troisième volet d’une série de romans d’action et d’espionnage, « Double jeu », nous raconte l’actualité géopolitique, les relations internationales, les enjeux politiques auxquels se greffe la part personnelle d’un héros Mark Walpen, responsable d’un service de renseignements indépendant et neutre, dénommé Sword.
Cet organisme est doté d’unités d’actions, « les Faucons », qui interviennent dans le monde entier.
Nous sommes donc entraînés dans tous les lieux où règnent, instabilité, guerre, menace, enjeux stratégiques : la Syrie, la Russie, l’Ukraine, et l’Afrique.
Fort de son expérience de consultant et conseiller spécial des services de renseignemenst, l’auteur utilise son terrain de jeu pour y organiser l’émergence de plusieurs intrigues à l’intention du lecteur.
Qu’il s’agisse de la livraison d’avions de chasse à Bachar el-Assad, de l’enlèvement d’ingénieurs au Sahel, des pratiques illégales d’un banquier Suisse, des agissements de douteux oligarques Russes, comme de problèmes sanitaires au Congo, toutes les scénarii se rejoindront dans une grande imbrication mondiale.
Les dysfonctionnements sont légions semble-t-il, mais l’auteur ne nous livre aucun détail, n’affiche aucune théorie. Le texte est un ensemble uniquement dialogué entre chaque intervenant où, banalités, incongruités et platitudes constituent l’essentiel de l’action.
En résumé, des commentaires de terrasse de café autour de la rubrique « politique internationale » du journal local !

ASSOULINE Pierre photo C. H+®lie Gallimard COUL 1 09.06 orban

Pierre ASSOULINE : Golem (Ed Gallimard)
Gustave Meyer, grand maître d’échecs à la mémoire phénoménale, est suivi par son ami le docteur Kaplan pour des problèmes migraineux d’origine épileptique. Soupçonné d’avoir assassiné son ex-femme mystérieusement décédée au volant de sa voiture, il comprend que les propos qu’elle tenait sur son blog mettant en cause les dérives éthiques des neurosciences, cachent un guetapens qui l’incite à fuir. Une fuite qui le mènera de bibliothèques en monastères et le fera traverser l’Europe. Son parcours, tel le fou de l’échiquier le plongera dans l’étude de la Kabbale, version vulgarisée du livre de la tradition mystique et ésotérique du judaïsme. Golem, gardant le souvenir du golem anthropoïde du Maharal de Prague, il s’enfonce dans le silence de sa race, respectant la tradition.
Ce roman surprend car le lecteur imagine un roman policier. C’est mal connaitre Pierre Assouline qui aborde une critique sévère des recherches médicales sur un néo-cortex artificiel branché sur nos synapses et connecté au web dans le secret des laboratoires.
Polar philosophique alliant l’action et la science, un roman qui fait froid dans le dos car l’humain devient humanoïde. Ne reste que l’espoir.
Christine ORBAN : Charmer, s’égarer et mourir (Ed Albin Michel)
En regardant la couverture de ce livre et en découvrant le début ,on prend tout de suite conscience que ce n’est pas un roman mais pas non plus une biographie de Marie-Antoinette mais plutôt d’épisodes de la vie de son héroïne que l’auteur nous expose sans ordre chronologique, s’aidant d’un épisode pour en expliquer un autre et s’impliquant fortement elle-même dans le déroulement des joies, le charme, les faux-pas, les égarements et le drame de sa mort qui la montret dans toute l’horreur de sa fin tragique. Tout est respecté mais on rentre au plus près de ses sentiments, on suit son évolution en arrivant à Versailles, si différent de la cour d’Autriche et on comprend le grand malentendu entre une reine attendue, acclamée, aimée, qui n’a pas compris ce qu’on attendait d’elle, paralysée par sa propre mère et son regard implacable sur ses moindres faits et gestes, par son jeune âge et son éducation chaleureuse glacée par un époux distant. Tout y est mais c’est presque une psychanalyse tant l’auteure est attachée à son personnage, et met en valeur ses pensées, nous laissant entrevoir les côtés futuristes de la souveraine. qui est déjà proche de Voltaire.
C’est le roman de l’incompréhension, du fossé qui existait entre ces deux mondes la royauté et le peuple de la misère.
Très bien documenté, très bien écrit, ce n’est pas un roman historique mais bien une approche psychologique que l’auteure a parfaitement partagé et qu’elle a rendu dans un style vif et nuancé.

Toulon Vendredi 27 mai 20h30
Concert de l’orchestre symphonique de l’Opéra

Direction musicale : Jean-Christophe Spinosi
Violon : Simone Lamsma

Simone Lamsma - Copie SPINOSI  Jean Christophe Photo-®Jean-Baptiste Millot - Copie - Copie

SIMONE LAMSMA violon
Originaire des Pays-Bas, Simone Lamsma commence l’étude du violon dès l’âge de 5 ans, dans son pays. Elle étudie ensuite au Royaume-Uni à la Yehudi Menuhin School auprès de Hu Kun et à la Royal Academy of Music auprès de Maurice Masson. Elle est lauréate de concours internationaux : Indianapolis (2006), Concours International de Violon de Chine (2005), Concours Benjamin Britten (2004), Concours National des Pays-Bas (2003).
En tant que soliste Simone Lamsma a travaillé avec nombre de chefs de renom tels que apparaissant avec de nombreux orchestres prestigieuxParmi ses partenaires de musique de chambre citons, les pianistes Robert Kulek et Valentina Lisitsa, le violoncelliste Andreas Brantelid…
Elle joue le Stradivarius « ex Chanot-Chardon » (Cremona 1718).

JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI direction musicale
Violoniste passionné par de nombreuses formes d’expression musicale, Jean-Christophe Spinosi étudie très jeune la direction d’orchestre. Egalement passionné de musique de chambre et de musique d’ensemble, il fonde en 1991 « le Quatuor Matheus » qui deviendra « l’Ensemble Matheus ». Les concerts sont organisés avec un mélange des genres souvent iconoclaste dans lequel Herbie Hancock côtoie Freddie Mercury, Telemann ou John Cage. En 2005, ses recherches sur les répertoires originaux le poussent à réaliser avec « l’Ensemble Matheus » une série d’enregistrements consacrés à Vivaldi. Plusieurs albums et quatre opéras seront produits. Différentes productions permettront à Jean-Christophe Spinosi de nouer des amitiés musicales privilégiées avec des artistes de premier plan. Citons parmi eux Cecilia Bartoli, Marie-Nicole Lemieux, Natalie Dessay et Philippe Jaroussky, avec lequel il enregistre l’album «Heroes» (double disque d’or). Avec son orchestre, il dirige fréquemment de nouvelles productions au Théâtre du Châtelet.
Il est à la tête du Deutsches Symphonie Orchester de Berlin, du Rundfunk-Sinfonieorchester de Berlin, et du Royal Stockholm Philharmonic Orchestra… Il a dirigé plusieurs fois l’Orchestre de l’Opéra de Toulon.

« La loi de Christophe »
selon Jacques MALATERRE et Richard ANCONINA

Depuis quelques mois, une série est née sur France 3 : « La loi de… »
C’est en fait à chaque fois un unitaire qui met en scène une affaire et un avocat.
Il y a eu « La Loi de Barbara » avec Josiane Balasko, « La loi d’Alexandre » avec Gérard Jugnot, « La loi de Simon » avec Daniel Prévost et voici que se tourne à Marseille « La loi de Christophe », Christophe étant interprété par Richard Anconina, réalisé par Jacques Malaterre.

B

Par une belle journée de Mai, nous voici à Marseille, au Palais du Pharo, où nous on donné rendez-vous les deux protagonistes. Les deux complices devrais-je dire car à les voir tous les deux, l’on sent aussitôt que ça ne peut pas se passer mieux entre eux :
« C’est – nous confie Jacques – une vraie rencontre qui va bien au-delà de la relation professionnelle. Au départ, nous ne nous sommes pas choisis. Il se trouve que j’ai aimé le scénario qu’on m’a proposé et lorsque j’ai su que c’était Richard Anconina qui devait tenir le rôle, j’ai tenu, comme je le fais à chaque fois, à le rencontrer et c’est vrai qu’aussitôt nous nous sommes reconnus, nous étions surla même longueur d’onde ».
Jacques est un réalisateur de grand talent dont on a pu apprécier le travail très souvent à la télévision sur des fictions comme « Boulevard du Palais » « Commissariat Bastille » où le superbe « Carmen », d’après la nouvelle de Prosper Mérimée, dont il a écrit le scénario, tourné en Camargue.
Sur le plateau à ciel ouvert, devant la belle bâtisse du Pharo, le staff s’active dans une sereine atmosphère, le soleil aidant, la séquence se tournant au milieu de la sculpture monumentale.
Jacques est très concentré, est très attentif à la lumière, au son, aux bruits environnants. Il tourne et retourne la scène, toujours avec patience et s’adresse à tous avec respect. Richard Anconina est accompagné de Virginie Desarnauts, qu’on a beaucoup vue à la télévision (« Premiers baisers », « Joséphine ange gardien » « RIS », « Section de recherche »… Au cinéma entre autre dans le film d’Agnès Jaoui « Comme une image »)
Richard très décontracté, pose avec des étudiants pour des selfies entre deux séquences. J’ai rarement vu comédien aussi souriant et gentil….

 A

« Je joue – me dit-il – un avocat du droit des affaires qui travaille pour une grosse boîte dans laquelle l’un des employés a été assassiné et l’on soupçonne quelqu’un de la boîte. L’on me demande, alors que ce n’est pas mon travail, de m’occuper de l’affaire afin d’avoir accès au dossier.
Vous avez rarement joué un avocat ?
Je l’étais dans « Police » de Maurice Pialat, auprès de Sophie Marceau.
Marseille… vous connaissez !
C’est une ville à laquelle je suis très attaché. Tout comme cette région. Je connais toutes les calanques, j’aime aller à Carro, les Lecques, Sanary… c’est toute mon enfance et je continue à y venir très souvent car j’y ai des amis, de la famille.
On vous a très peu vu dans un film à la télé.
C’est vrai mais je pense que je vais en faire de plus en plus parce que c’est devenu une vraie fenêtre populaire. La preuve c’est que des jeunes viennent me parler de ‘Tchao pantin » ou « L’itinéraire d’un enfant gâté » alors qu’ils n’étaient pas nés lorsque j’ai tourné ces films !
Et ça, c’est grâce à la télé. Pour les gens, c’est plus facile, surtout aujourd’hui, de regarder les films à la télé. Le cinéma est relativement cher et là, on s’impose à eux, ils n’ont pas à aller vers nous.
Sans compter qu’aujourd’hui, il y a plus de projets intéressants à la télé qu’au cinéma. Et lorsque le télé-film marche moyennement, il est vu par quatre millions de téléspectateurs, alors qu’en salle, si le film marche bien, il est vu par 700.000 personnes ! Le choix est vite fait !
Y a-t-il toujours ce cloisonnement entre télé et cinéma ?
Ca a tendance à changer mais il est plus facile pour un comédien de cinéma de passer à la télévision plutôt que l’inverse. Mais ça vient des producteurs qui ont besoin de « vedettes » pour monter un film. A la télé, il n’y a pas cet effet vedette.
Après « La loi de Christophe », avez-vous un projet ?
Je suis sur le tournage de « Stars 80, 2 ». Nous en avons déjà tourné une partie. On a dû s’arrêter à cause de la tournée mais on terminera le film cet été. Il y aura des vedettes surprises !
Sinon, j’ai un autre projet qui me tient beaucoup à cœur mais j’ai des difficultés à le monter, ce qui me navre. Mais je ne veux pas en parler.
Passer à la réalisation, est-ce c’est quelque chose que vous avez déjà envisagé ?
Non car ce n’est pas mon métier, je ne le sens pas. Je préfère me faire diriger et avoir l’esprit libre. Peut-être qu’un jour, inspiré par un sujet fort, pourrais-je essayer. Mais ce n’est pas d’actualité ! »

C D

C’est en toute simplicité que Richard Anconina nous a accordé ce moment entre deux scènes et l’on reste avec Jacques Malaterre qui, lui, à la coupure de midi, préfère s’installer sur un banc pour préparer les prochaines scènes. Mais c’est bien volontiers qu’il nous invite à nous joindre près de lui, sur un banc, en plein soleil.
« Jacques, comment êtes-vous venu sur cette production ?
Comme très souvent, parce qu’on m’a proposé le scénario que j’ai beaucoup aimé. Par ailleurs, ne connaissant pas Richard, j’ai voulu le rencontrer avant de m’aventurer. J’aime savoir si le courant va passer. Ça a été le cas.
Alors, comment, l’Avignonnais que vous êtes, qui plus est éducateur, est passé à la réalisation ?
Vous avez du temps et de la place ??? (Rires). Bon, pour être bref, j’ai été éducateur durant douze ans et, pour mon boulot, je me servais beaucoup de la vidéo. Au fur et à mesure, c’est devenu une passion et un jour ça a basculé. J’ai commencé par réaliser des documentaires, ce que je fais toujours d’ailleurs puisque je viens dé réaliser pour Arte une série de douze portraits « Les oubliés de l’Histoire », des gens qui, au XXème siècle, ont été dans la lumière et que la mémoire collective a oubliés dans cette société devenue très conventionnelle et politiquement correcte. Des gens épris de liberté, comme le torero Manolette, ou Gala, la femme de Dali…

F G
Et la fiction ?
J’aime raconter des histoires. j’ai toujours aimé les aventures humaines, vivre, travailler avec les gens et en ce sens, mon métier d’éducateur me sert énormément. J’ai été à bonne école et j’aime travailler avec une équipe. La fiction est une autre approche, une autre façon de travailler et j’ai la liberté de pouvoir faire les deux.
Une rencontre qui a beaucoup compté : Patrick Sébastien.
C’est plus qu’une rencontre. Patrick, c’est un ami, un frère. La première fois que nous nous sommes rencontrés, d’un seul regard nous nous sommes reconnus. Ca a été très animal, très fort. C’était une évidence. C’est une rencontre hors du commun.
En 2014, nous avons tourné « Monsieur Max et la rumeur », en janvier dernier nous avons tournée à Aix « L’affaire de Maître Lefort » et nous allons nous retrouver cet été à Nice et Cannes pour un troisième film.
Comment travaillez-vous ensemble ?
Il écrit lui-même le scénario que nous adaptons ensemble. Il écrit de vrais drames, de vrais thrillers avec un réel talent. Au-delà du personnage populaire qu’il est, il est d’une intelligence redoutable et d’une liberté totale. Et il crée des personnages extraordinaires, de plus en plus difficiles à interpréter !!
Vous avez fait une magnifique réalisation de « Carmen »…
Je suis heureux que vous disiez cela car c’est un film, dont j’ai écrit le scénario, qui me tient très à sœur pour diverses raisons. Etant Avignonnais, j’ai un jour découvert la Camargue dont je suis tombé amoureux. C’est une terre de liberté. Là-bas, c’est une autre vie, une vie libre et j’y retrouve mes amis les Gitans. Je me suis d’ailleurs marié au milieu d’eux. Ils font partie de ma famille. Et puis il y a ce portrait de femme magnifique, écrit par Prosper Mérimée, une femme belle, sauvage, une femme libre…
Les mots « libre » et « liberté », reviennent très souvent dans notre conversation…
La liberté, c’est très important pour moi. Mais être libre ne veut pas dire faire forcément ce qu’on veut mais ce que l’on doit faire, tout en respectant la liberté des autres. Pour moi, ça englobe la liberté de l’âme, de l’esprit, du corps. Mais c’est vrai qu’être libre dans son travail est quelque chose d’essentiel, tout en étant exigeant, aller jusqu’au bout d’une histoire. Et à propos d’histoires, finalement, je ne suis qu’un griot, un passeur d’histoires.
Je suis né avec le Mistral. Je suis un fils du vent ».

E

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

 

Marie PISELLI : Se débarrasser du « prêt à penser »

Marie Piselli devant affiche - Copie

Marie Piselli est ce qu’on peut appeler une artiste multiforme.
Curieuse et passionnée, elle aime s’essayer à de nouveaux arts, à de nouvelles techniques, passant de la peinture à la sculpture, du dessin à l’écriture…
Vivant à Paris, elle est native de Draguignan, ville qu’elle n’a jamais vraiment quittée puisqu’elle y a gardé son atelier… et sa famille !
C’est en 2014 qu’en promenant avec son amie Leila Voight, mécène et organisatrice d’événements, elle découvre dans sa ville, dans un quartier qui a été dévasté par la tempête de 2010, la prison aujourd’hui désaffectée. Il y reste quelques meubles, quelques objets. Elle est aussi tôt fascinée par ce lieu et imagine très vite un projet…
En premier lieu, elle y réalise des photos, un film, avec son ami Jean-Claude Honorat et cela va être les prémices d’une grande aventure qui va prendre des mois à voir le jour. D’abord, pour avoir l’autorisation de récupérer ces meubles et objets, ce qui ne s’est jusque là jamais fait et puis pour monter cet événement dont elle a trouvé le thème : « La sortie joyeuse de l’enfermement ». De tous les enfermements, qu’ils soient physiques, mentaux, psychologiques et même, aujourd’hui hélas, technologiques.

Microsoft Word - DP Marie Piselli.docx Microsoft Word - DP Marie Piselli.docx

L’aventure est en marche.
Les photos et films réalisés vont évidemment s’incorporer à ses propres oeuvres et elle propose à quelques artistes et personnalités à se joindre à elle, Leila Voight, la décoratrice Florence Marquès, le président de la Galry, le commissaire priseur Pierre Cornette de Saint-Cyr… D’autres artistes, comédiens, musiciens, metteurs en scène, écriront des textes que l’on retrouvera dans cette exposition.
Mais pour réaliser ce grand projet, il y faut un ou des lieux adéquat. Ce seront la Chapelle de l’Observance et le Musée d’Arts et d’Histoire.
Peu à peu le projet prend forme, tel un puzzle, les différents éléments s’imbriquant au fur et à mesure. Mais il faudra deux ans pour en arriver là.
L’exposition s’intitulera « Hop… e », symbolique de l’espoir.
« Créer – nous dit-elle – me donne une réponse à cette imagination fertile qui m’habite, à mon mental qui grouille.
Je veux que le public entre à l’intérieur de ma tête et l’emmener à l’art contemporain. Je me définis comme artiste – pèlerin – pédagogue et je veux que le public trouve son chemin et se débarrasse du « prêt à penser ».
Elle aime encore à dire qu’elle a les pieds dans le XXième siècle… mais la tête, où est-elle ?
A noter que notre artiste a également une solide formation littéraire puisqu’elle a étudié les lettres durant cinq ans à Nice, bases aujourd’hui essentielles de son travail.
Vous pourrez donc découvrir cette originale exposition dès le 20 mai et jusqu’au 16 juillet dans ces deux lieux emblématiques dracénois. Et le 21 mai à partir de 18h, le public pourra participer à une performance.

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La ville de Draguignan est prête à recevoir comme il se doit son enfant prodigue !

Jacques brachet

« Vendeur », le premier long métrage de Sylvain DESCLOUS

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Serge (Gilbert Melki) est, ce que l’on peut appeler un homme qui a réussi.
Meilleur vendeur de sa catégorie dans une entreprise de cuisine, appartement et voitures de luxe, escort girls… Ca, c’est pour les apparences.
Mais tout va basculer lorsque son fils Gérarld (Pio Marmai), qu’il n’a pas vu grandir, cherche un boulot. Après hésitation il le fera engager dans l’entreprise et il va le voir très vite évoluer, devenant entreprenant, arriviste, cynique, avide d’argent et de réussite. Il devient le miroir de sa propre vie et se rend compte alors que, s’il a réussi dans la vie, il a raté sa propre vie, passant à côté de tas de choses et se retrouvant seul.

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C’est le premier long métrage de Sylvain Desclous, film superbement maîtrisé, créant, dès le départ, une atmosphère oppressante et ce, jusqu’à la dernière image, ou peu s’en faut.
Gilbert Melki est magistral, tout en retenue, en intériorité, peu loquace mais faisant tout passer par le regard, loin des rôles déjantés qui ont fait sa renommée (Rappelez-vous « La vérité si je mens »), prouvant qu’il est un grand comédien.
Tous les autres comédiens, judicieusement choisis par la directrice de castings Hoang Xuan Lan, sont parfaits. Tout comme Pio Marmai qui passe, tout en nuances, d’un garçon un peu timoré à un « tueur » dans son métier. Et n’oublions pas Pascal Elso, qui est toujours parfait, quoiqu’il joue (Et Dieu sait s’il a joué au théâtre, au cinéma, à la télévision !) véritable Frégoli.

B C

Pascal et Sylvain, accompagnés de la directrice de casting Hoang Xuan Lan, ont rendu visite au Six N’étoiles pour présenter le film et on a appris que ce dernier avait vécu à Toulon de la maternelle au bac et qu’il était même dans l’équipe de tennis… de Six-Fours !
Ceci dit, nous entrons dans le vif du sujet :

« Sylvain, il semble que, depuis vos courts métrages, l’on retrouve un thème récurrent dans vos films : parler de gens qui ne semblent pas à leur place, dans leur métier, dans leur vie…
Je suis heureux que vous ayez ressenti ça car en fait, c’est le fil rouge de mon travail. Je ne m’en suis pas tout de suite rendu compte mais j’ai toujours été interrogatif sur la place qu’occupe chacun de nous, ce qu’on fait, ce qu’on aurait voulu faire et la question qui revient est : « Est-ce que j’ai le bon costume, quelle est la place que j’occupe » ?
J’en parle en connaissance de cause car, avant de savoir que je voulais faire du cinéma, j’ai fait quelques jobs, j’ai entre autre travaillé aux hôpitaux de Toulon et de la Seyne, en me posant la question : « Qu’est-ce que je veux faire » ?
A un moment, j’animais des séminaires dans de grande entreprises et, à huis clos, on peut cerner les gens : sont-ils heureux ou non ? Font-il un métier choisi ou subi ?… Cela me passionne.
Pascal, votre rôle et votre look sont encore différents de ce qu’on a l’habitude de voir chez vous… et Dieu sait si l’on vous voit partout !
C’est vrai, j’ai cette chance de jouer et de tourner beaucoup et j’aime varier les plaisirs et changer de rôles et de physique. Là, c’est Sylvain qui m’a trouvé ce look du parfait chef d’entreprise. C’est le meilleur pote de Serge mais il se rend compte que celui-ci est en train de changer alors que son fils commence à être opérationnel. Il voit les problèmes de son ami mais il mise sans état d’âme sur l’avenir. Il a cette phrase terrible : « Si je fais dans le social, je suis foutu »… Il choisit donc le fils.

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Le choix des comédiens, Sylvain ?
Pour Gilbert, ça a été une évidence dès l’écriture terminée. Gilbert est un acteur qui a un double potentiel, une double carrière. On l’a vu dans des comédies mais aussi dans des films d’auteur où il est tout à fait différent. Pascal a une formation théâtrale et peut tout jouer. En plus, c’est une gueule. Il a un supplément d’âme. Chez Pio Marmai, j’ai tout de suite ressenti cette fragilité, cette sensibilité et à la fois le fait que, tout à coup, il pouvait devenir un autre.
Pascal, comment est Sylvain en tant que réalisateur ?
C’est un directeur d’acteurs rare car il est toujours à l’écoute, il nous fait confiance, il nous accompagne et surtout, là où il est très fort, c’est qu’il arrive toujours à nous amener là où il veut en nous faisant croire que ça vient de nous !
Hoang, comment avez-vous travaillé avec Sylvain ?
Comme avec les autres réalisateurs. C’était la première fois que nous travaillions ensemble.
Je lis le scénario, j’essaie de savoir ce que veut le réalisateur et surtout j’essaie de connaître tout ce qu’il y a « sur le marché » en tant que comédiens. Nous discutons ensemble et je propose alors des noms. Bien évidemment, c’est lui qui fait le choix final. Je propose, il dispose !
– Je n’entre pas -précise Sylvain – dans le côté psychologique des personnages, je ne suis pas trop pointilleux sur la technique. Il y a beaucoup d’intuition dans mes choix.
– En fait -rajoute Pascal – il aime les bons comédiens pas connus ! (rires)
Sylvain, après ce premier film, allez-vous récidiver ?
Evidemment, c’est le but du jeu ! Et j’ai plein d’histoires à raconter, plein d’envies, plein de bons acteur à faire tourner.
Je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin ! »

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Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Philippe Starzomski