Alors que tout le collège Reynier de Six-Fours est en ébullition parce que, ce samedi, c’est la journée portes ouvertes et que tous les élèves font visiter leur collège à leurs parents, dans une salle de classe, il semble qu’on soit remonté à des siècles en arrière : des filles et des garçons qui se baladent en toge, lancent des imprécations, un sphinx aux larges ailes essaie tant bien que mal de maintenir sa coiffe sur sa tête, mais quand même deux femmes en tenue « normale » s’affairent autour de ces adolescents : Marie-Pierre Martinetti et Rose-Marie Cartier.
Sacré duo que ces deux-là, toutes deux prof de Français, la seconde, à la retraite, qui, voici dix ans, ont décidé de monter au sein du collège un atelier de théâtre.
Et, avec toute leur passion et leur énergie, elles rassemblent autour d’elles des élèves venus de leur propre volonté, de toutes les classes, pour suivre ces cours qui n’engendrent pas la mélancolie.
Car si nos deux prof leur enseigne rigueur et respect de l’autre, leur apprend à dire des textes et à s’exprimer devant les copains, puis devant un public, cela se fait dans les rires et la bonne humeur. Car à la fin de l’année – le 16 juin exactement – ils se retrouveront sur la scène du Théâtre Daudet devant copains et familles réunies. Et chaque année, le théâtre fait le plein.
Certains sont déjà des « vétérans », d’autres en sont à leurs balbutiements, car chaque année, des nouveaux viennent remplacer ceux qui vont continuer leurs études ailleurs.
Nos deux professeurs se complètent admirablement, l’une, Marie-Pierre, ne restant pas une minute en place, allant de l’un à l’autre, lançant des appels, faisant répéter le texte tout en remettant un pli en place où en attachant tant bien que mal les ailes du Sphinx; l’autre, d’un calme olympien – ce qui s’accorde très bien au sujet du jour ! – calmant le jeu et s’affairant en toute discrétion. Le yin et le yang !
Chacun, selon son tempérament, s’affole, s’angoisse, se marre, gesticule, se concentre et répète, avant que la troupe prenne la direction de l’auditorium où une foule, assise et debout, attend de découvrir l’un des sketches qui sera représenté cette année.
« Cette année, nous ne présenterons pas une pièce de théâtre – nous confie Marie-Pierre – mais une série de sketches avec pour thème les héros. D’ailleurs, la pièce s’intitule « Un héros, des zéros » !
« Ceshéros » sont donc Ulysse, qui revient cette année mais pour une seule séquence avec un texte remanié, l’on retrouvera Roméo et Juliette dans une scène que Rostand n’aurait pas pu imaginer, les trois mousquetaires, plus un, seront de la partie ainsi que Ben-Hur et Messala puis un héros plus moderne viendra clore cette série de portraits : James Bond « in person ».
Bien entendu, le spectacle, qui durera une heure et demi, n’engendrera pas la tristesse et, comme à l’accoutumée, les rires seront de la partie.
Chaque année l’on découvre de vrais talents, de vraies natures et l’on est surpris de la justesse du jeu, de l’aplomb de ces jeunes, alors qu’ils entrent à peine dans l’adolescence et du véritable plaisir qu’ils prennent à entrer dans leurs personnages, car certains en jouent plusieurs.
Première sortie, première ovation en cette journée. Il y a encore du travail, des mises au point à faire, surtout au niveau technique, car il faut savoir que tout est fait par les élèves : lumière, sono, décor… Sacré boulot mais qui se déroule comme une récréation, même si chacun est assidu et prend son rôle au sérieux.
Laissons donc nos héros, non pas se reposer mais continuer leur apprentissage des planches.
On va suivre leur évolution et l’on a déjà hâte de découvrir ce nouveau spectacle.
Balade dans l’imaginaire
L’anamorphisme est la déformation d’une image, qui se veut réversible si l’on l’observe à partir d’un certain angle ou grâce à un système optique (surface réfléchissante courbe). En peinture, cette technique est particulièrement populaire dans l’Angleterre des Tudor. Plusieurs artistes connus s’y intéressent de près, dont Léonard de Vinci, Dürer et, plus près de nous, Vasarely.
c’est une science difficile à expliquer car elle est quelque peu magique.
Mais certains petits génies s’y sont essayé au Collège Rynier en décomposant un rubik’s cub
qui, du haut, représente une forme géographique plate mais qui d’en bas, à travers une focale redevient une forme en trois D où lorsque quelqu’un passe dessus semble y monter !
C’est surprenant et chacun a voulu s’essayer, devant ou derrière cette vitre miraculeuse.
C’est bluffant !
Jacques Brachet