Archives mensuelles : janvier 2016

« Joséphine s’arrondit » :
une Marilou Berry survoltée !

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Joséphine est enceinte.
A partir de cet état physiologique, elle ne va plus supporter quoi et qui que ce soit : son compagnon d’abord, brave mec un peu à côté de la plaque, amoureux fou, dépassé par les événements, on ne peut plus conciliant et quelque peu naïf. Sa meilleure amie, indépendante et refusant une situation stable avec un homme… mais tombant amoureuse et se refermant (dans tout le sens du terme) à l’amour qui se présente. Sa sœur, sans boulot, qui squatte leur appartement. Ses parents couple snob et vieille France, qui rêvent d’un grandiose mariage.
Elle ne se supporte même plus, inactive et prenant de jour en jour des kilos qu’elle a eu un mal fou à perdre.
On va donc vivre ces neuf mois avec elle, dans une hystérie communicative et le film va devenir une immense crise de nefs qui durera une heure et demi, dans les cris, les hurlements, les événements qui s’enchaînent à 200 à l »heure.
Le quart d’heure final est digne d' »Ellzapoppin », burlesque à souhait, et enfin, lorsqu’elle expulse le bébé… le calme revient… Ouf, il était temps !

F E

Vous l’aurez compris, c’est un film totalement déjanté signé Marilou Berry, une Marilou déchaînée à l’extrême qui crie, hurle, vitupère et c’est on ne peut plus réjouissant.
A ses côtés Sarah Suco, la copine libre, sans attache, jusqu’au jour où elle est prise à son propre piège, amoureuse et en repoussant tellement l’idée qu’elle en est touchante.
Et surtout, Mehdi Nebbou joue à la perfection ce mec un peu lunaire et foncièrement gentil et délicat. Il est drôle et attachant, entre une femme surexcitée et de futurs beaux parents qui l’ignorent superbement et l’on compatit à sa situation, jusqu’à la fin où il ingurgite une substance hallucinogène qui le rend aussi dingue que les autres. Et qui va le libérer et lui permettre de s’affirmer.
S’il fallait trouver un adjectif pour définir ce film : jubilatoire.

B A C

Et l’on retrouve Marilou, Sarah et Mehdi au Six N’étoiles de Six-Fours pour l’avant première de ce film qui sortira le 10 février.
Une Marilou qu’on reconnaît à peine, d’abord physiquement amincie (Eh, elle a accouché !!!), les cheveux courts et blonds (la même coiffure que sa mère !), ce qui lui va à ravir et surtout d’un grand calme, presque intimidée. Après cette heure et demi de folie, ce n’est plus la même… heureusement.
Sarah est jolie comme un cœur et Mehdi adorable, drôle, plein d’humour. Un casting de rêve.

Pourquoi passer à la réalisation, Marilou ?
Je pense que de comédienne, passer à scénariste, réalisatrice est dans une continuité logique. Imaginez un cuisinier qui ne fait que préparer le plat des autres. A un moment, il a envie de faire sa propre cuisine !
C’est un accomplissement supplémentaire et quel plaisir de créer un univers tel qu’on le voit, tel qu’on le désire. J’avais également envie de travailler avec les différentes équipes d’un film.
Le film a-t-il été dur… à accoucher ?!
Avec Samantha Mazeras, nous avons travaillé un an et demi sur le scénario. Le film porte des thèmes universels : l’amour, le couple, le chômage, l’arrivée d’un enfant et tous les changements que ça apporte. Ça parle à tout le monde et ce peut être un sujet de comédie.
Comment s’est fait le choix des comédiens ?
– Mehdi : Elle m’a forcé, et comme je suis gentil…
– Marilou : Il était déjà dans « Joséphine ». Il était donc normal qu’il soit encore là !
Mais pour Sophie, j’avoue qu’à une semaine du tournage, je ne l’avais pas encore trouvée. Et je suis tombée sur Sarah. J’ai tout de suite su que c’était elle… Et je ne l’ai pas regretté.
Le choix de la comédie ?
Je voulais faire passer mes idées, retrouver un univers proche du mien mais sous la forme d’une vraie comédie en me permettant des choses très « cartoonesques », en allant très loin dans la drôlerie. Ce qui pouvait paraître difficile car dans une comédie, il ne faut pas se tromper. Il suffit parfois d’un mot pour que l’équilibre se rompe. Donc on ne peut pas improviser.
Il n’y a pas de temps mort et d’ailleurs je me suis inspirée de dessins animés de Pixar, des films de Jim Carrey, de « Un jour sans fin »… Des films qui m’ont beaucoup marquée.
Sarah : Nous avons eu une grande liberté de jeu même si le texte était très écrit. Nous avons eu de nombreuses heures de travail en amont, nous avons beaucoup parlé des situations, des dialogues. Ces discussions nous ont été précieuses car nous sommes arrivés prêts au tournage. En fait, nous ne pouvions que très peu improviser. On n’avait qu’à suivre le fil.

H I J

Sarah, Mehdi… travailler avec Marilou, ça donne quoi ?
Sarah : Au départ, il y avait un peu de stress mais je me suis très vite sentie bien et en confiance. Etre comédienne, Marilou sait ce que c’est. Elle était donc très près de nous, très complice car elle savait ce qu’on pouvait ressentir. Il y avait des évidences et elle nous a fait totalement confiance car elle nous a choisis pour ce qu’on était et ça, c’est rassurant.
Mehdi : Par la force des choses, c’est une réalisatrice qui n’a pas peur des comédiens, ce qui arrive quelquefois avec certains réalisateurs, ce qui peut créer une distance… et ce qui a été loin d’être le cas sur ce tournage. Il y avait une grande complicité. Et quand on se sent aimé, ça va tout seul.
Il y a beaucoup de « guests » dans le film… Patrick Braoudé, Victoria Abril, Catherine Jacob, Josiane Balasko, votre mère…
C’est vrai mais je voulais surtout que ce ne soient pas des apparitions gratuites, que chacun résonne avec quelque chose, avec des films qui leur font référence. Et pour ma mère, quoi de plus normal qu’elle joue… ma mère ? Je n’aurais vu personne d’autre !
Justement… l’avis de maman ?
Important bien sûr. Elle a été ravie de jouer dans mon film et fière du résultat. Elle avait déjà beaucoup aimé le scénario.
Mehdi : Elle était là le premier jour du tournage. Pour nous c’était un peu stressant et en même temps très touchant. Durant la préparation, je les observais du coin de l’œil et c’était joli à voir.

Nos trois mousquetaires sont partis pour une grande promo à travers la France, et les premières réactions sont très positives, nous avons pu le voir à Six-Fours. Le grand moment sera la sortie du film le 10 février… quatre jours avant la St Valentin !
Mais déjà, Marilou est sur un autre scénario :
« Ce ne sera pas un troisième épisode de « Joséphine »… Je vais laisser le temps au couple de mûrir et au bébé de grandir ! Je suis sur une comédie d’aventure.
Toujours la comédie ?
C’est ce que j’aime car, même si je fais un film plus dramatique, je pense qu’il y aura toujours de la drôlerie. Comme dans la vie ou comme dans les films italiens où les deux se mêlent. »

Quant à Mehdi, il attend la sortie de « Homeland », série américaine dans laquelle il joue et une autre série, française : « Le bureau des légendes » d’Eric Rochant avec une pléiade de stars comme Alexandre Brasseur, Mathieu Kassovitz, Léa Drucker, Jean-Pierre Darroussin…
Sarah, elle, est en train de terminer d’écrire un scénario dont elle réalisera le film. Un sujet assez grave dont elle nous réserve la surprise mais dans lequel elle ne jouera pas.

Jacques Brachet

« Les Saisons »
de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud

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L’hiver durait depuis 80 000 ans lorsque, en un temps très bref, une forêt immense recouvre tout le continent. Le cycle des saisons se met en place, le paysage se métamorphose, la faune et la flore évoluent. L’histoire commence… À un interminable âge de glace succède une forêt profonde et riche puis, sous l’impulsion d’hommes nouveaux, une campagne riante. Les Saisons est une épopée sensible et inédite qui relate la longue et tumultueuse histoire commune qui lie l’homme aux animaux.

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Voici un nouveau chef d’œuvre du maître Jacques Perrin qui est selon moi un des hommes de cinéma les plus importants et talentueux de France. Il fut un acteur magnifique (La 317ème section, Cinéma paradiso, Le désert des Tartares), un producteur avisé (Les Choristes, Microcosmos) et un réalisateur génial (Le peuple migrateur, Océan). Tous ces titres sont extraits d’une filmographie bien plus vaste.
Dans ce nouvel opus, Jacques Perrin et son complice Jacques Cluzaud, nous emmènent au plus profond de la forêt européenne, où se trament conflits, amours et tragédies, dans le monde animal, bien sûr! A ce sujet je trouve que les réalisateurs sont de merveilleux directeurs…d’animaux! On assiste parfois à des raccords de regards entre animaux, dignes de Howard Hawks!
Comme ils jouent bien, tous! Comme ils sont justes! Parfois certains frisent le cabotinage, mais diantre! Ils battent à plate couture tous nos acteurs et actrices! J’espère qu’ils ne seront pas oubliés lors de la remise des Césars!

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Revenons un peu au thème du film : il s’agit d’une histoire de la forêt européenne depuis 20.000 ans. Donc, une reconstitution habile (et artificielle) de toutes ces péripéties. Magnifique travail de scénario, de repérages, et de tournage. Jacques Perrin est un pionner, un inventeur, à l’instar de Walt Disney. Il a suscité des techniques de caméra pour ses précédents documentaires. Ici un procédé qui permet de suivre en travelling, entre les arbres la course d’un animal. C’est époustouflant d’efficacité et d’audace.
Enfin, comme dans ses autres films, le dosage entre sons, ambiances, musique et commentaire est parfait. Classique et moderne, Les Saisons offrent humour, drames, suspens, le tout avec beaucoup d’élégance. Quelle intelligence et quelle sensibilité! Merci les Jacques…

Paul-Louis Martin

Six-Fours – Maison du Patrimoine
La photographie dans tous ses états

Frechet evasion

La photo est à l’honneur jusqu’au 21 février à la Maison du Patrimoine.
Deux étages pour découvrir cinq styles, cinq personnalités, autour d’un thème commun : la ville, la rue, l’espace urbain.
Une exposition qui s’intitule « Urban Blues », titre qui n’est pas anodin puisque ces deux mots accolés parlent de la ville et de la musique et que ce fut aussi le nom d’un groupe musical dans lequel s’illustra l’un des cinq artistes : Pierre Diez, qui revient d’ailleurs exposer en ce lieu pour la seconde fois.
Le blues est d’ailleurs bien présent dans ses œuvres où il pose la note bleue sur des lieux insolites où la nuit donne une atmosphère mystérieuse. Cette nuit qu’apprécient nombre d’artistes après un concert.
Kris-K elle, a choisi des couleurs explosives, pleines d’énergie donnant à ses vues, des paysages à la limite de l’imaginaire et de l’utopie. Des villes qui bougent, qui respirent la joie, comme on aimerait en voir plus souvent. Peinture ? Photo ? On peut se poser la question.
Gil Frechet, on vous a déjà parlé de son coup de foudre pour notre région, qu’il a photographiée à satiété. Il n’en n’oublie pas pour autant ses origines parisiennes dont il aime photographier les monuments emblématiques qui font l’Histoire de la capitale. Tout comme Doinot, le noir et blanc lui va bien lorsqu’il en photographie des personnages.
Michel Lecocq est plutôt attiré par l’architecture moderne, les tags et graffitis dont il distord les couleurs donnant une oeuvre moderne très actuelle. C’est en quelque sorte le yin et le yang de nos paysages urbains d’aujourd’hui.

Kris K Martin
Michel Lecocq Pierre Diez

Enfin, Agnès Martin nous propose un tour du monde en noir et blanc et en bleu grâce à une ancienne technique appelée cyanotype, Le cyanotype est un procédé photographique monochrome négatif ancien, par le biais duquel on obtient un tirage photographique bleu de Prusse, bleu cyan. A noter qu’on retrouve également Agnès Martin jusqu’au 27 février au Fort Napoléon de la Seyne-sur-Mer.
Cette technique a été mise au point en 1842 par le scientifique et astronome anglais John Frederick William Herschel qui utilise le Citrate d’ammonium ferrique et le Ferricyanure de potassium (rouge), procédé monochrome négatif qui donne des tirages de ce bleu particulier qu’est le cyan, et une atmosphère feutrée sur des lieux quelquefois déshumanisés.Sensibilités différentes, visions personnelles, techniques éloignées les unes des autres mais un qualificatif qui réunit ces cinq artistes : le talent.

Jacques Brachet
Photos : 1. Gil Frechet – 2. Kris-K – 3. Agnès Martin – 4. Michel Lecocq – 5.Pierre Diez

ENCORE HEUREUX !
Sandrine Kiberlain & Edouard Baer, un couple inattendu

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BC

Marie (Sandrine Kiberlain) est une femme forte, libre, courageuse qui mène la maison, s’occupant de ses enfants et son mari, Sam (Edouard Baer) au chômage depuis deux ans.
Mais elle commence à fatiguer de traîner tout le monde et le manque d’argent se fait sentir.
Que faire ? S’en aller ? vivre libre, d’autant qu’un riche et beau ténébreux (Benjamin Biolay) se trouve sur son chemin ?
Un événement va chambouler leur vie lorsque l’antipathique voisine meurt et qu’un magot est à portée de leur main.
Vont-ils se laisser tenter, laissant leur moralité de côté, sous le regard sévère de leurs enfants ?
Vous aurez compris que derrière cette situation dramatique se cache une comédie où Sandrine Kiberlain explose de drôlerie et d’énergie, Edouard Baer est ce personnage décalé, naïf, lunaire, qu’il est souvent… Un couple au départ improbable mais qui fait mouche dans ce drame de tous les jours revu et corrigé par Nicolas Bedos qui signe des dialogues percutants, sur cette histoire imaginée par Déborah Saïad et Mika Tard. Le réalisateur Benoït Grafin joue sur du velours et a eu une belle inspiration en réunissant la plus lumineuse de nos comédiennes et le plus insolite de nos comédiens.
Avec en prime, apparition du mystérieux Benjamin Biolay et de Bulle Ogier quelque peu déjantée.

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Qu’est-ce qui vous a donné envie de tourner ce film ?
Sandrine : C’est une comédie sentimentale et drôle sur un couple d’aujourd’hui. Il y a aussi du suspense et une réflexion sociale de la vie que mènent nombre de couples de nos jours avec un chômage omniprésent.
Et c’est un beau rôle de femme énergique et sensible, qui se trouve à la croisée de sa vie : continuer avec ce mari qui n’est pas à la hauteur mais qu’elle aime, succomber à un bel inconnu qui a tout ce qu’elle désire et aussi être tentée de s’approprier pas très honnêtement un bien qui ne lui appartient pas. Elle est loin d’être une sainte et si elle cède à certaines tentations, c’est qu’elle est simplement acculée à une situation qui semble inextricable.
Edouard : Je pense que par certains côtés, ce personnage me ressemble. Etant donné la situation, il pourrait être effondré, dépressif mais il est d’un naturel optimiste, un peu inconscient. Même si sa perte de travail l’a ébranlé, cassé peut-être et qu’il se rend compte qu’avec sa femme ça ne va plus très bien. Mais il l’aime, comme il aime ses enfants, ce qui lui donne un côté émouvant.
Le film montre une famille comme il y en a beaucoup aujourd’hui, qui se démène dans ses problèmes et doit utiliser le système débrouille dans son parcours accidenté.
C’est un film qui peut paraître amoral mais jamais immoral !

Jacques Brachet
Photos Pascal Chantier

Notes de lectures
par les Plumes d’Azur

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Nathalie AZOULAY : Titus n’aimait pas Bérénice (Ed POL)
Sous prétexte de parler de Titus et Bérénice, deux jeunes gens de notre époque qui affrontent une rupture, l’auteur explore la vie de Jean Racine. Elle nous plonge avec bonheur dans ce siècle brillant, son enfance à Port-Royal puis à Versailles où il devient un favori de Louis XIV, la magie de ses pièces de théâtre, la famille qu’il crée enfin après une vie assez agitée.
Elle analyse ses pièces pour nous parler de sa vie ou au contraire, nous parle de sa vie pour analyser ses pièces. Passant rapidement sur ses inévitables rivalités avec Corneille ou même Molière, elle retrace avec justesse cette période où rien n’était possible sans l’aval de la cour et nous plonge dans ses relations intimes avec son interprète préférée.
On découvre ces épisodes moins connus où il cesse d’écrire ses tragédies pour devenir historiographe du monarque, où il reste fidèle à Port-Royal malgré le roi. C’est donc une magnifique recherche de l’auteur sur la quête de l’alexandrin parfait, sur les passions et les méandres de l’amour et de la rupture, que l’on découvre dans ce roman de 314 pages, riche et enlevé. Très bien écrit, très érudit, ce parcours est un agréable voyage à travers les siècles.
C’est l’occasion de revisiter ce superbe tragédien et bien sûr de relire Bérénice !

Delphine de VIGAN : D’après une histoire vraie (Ed J.C.Lattès)
Terminer la lecture de ce huitième et tout dernier roman de Delphine de Vigan, c’est se remettre à respirer normalement après avoir été soumis à une pression tangible pendant presque cinq cents pages.
L’ambiance y est hitchcockienne, les références à Stephen King récurrentes, le tout sous couvert d’une amitié née de la rencontre de la narratrice/auteure et de L. son héroïne. Saura-t-on vraiment si l’histoire est authentique ?
Il sera difficile au lecteur de le discerner car le propos de l’auteur est aussi de flouter la frontière entre la fiction et la réalité. Troublant face à face où imaginaire et réel se répondent !
Écrire c’est aussi cela !
Dès les premières lignes, le cadre est fixé et semble vraisemblable : une écrivaine se dit épuisée, éreintée, fragilisée quelques mois après la parution de son roman. Elle ne peut plus se mettre à son bureau, ni prendre un stylo, ne supporte plus la vue de son ordinateur. Tout effort de rédaction lui paraît impossible.
C’est le moment propice que l’héroïne L.- elle-même écrivaine, « nègre » de personnalités en mal d’écriture et dont le nom ne sera jamais dévoilé- a choisi pour s’immiscer dans la vie de l’auteure. Histoire annoncée d’une manipulation !
Amitié partagée, fascination de l’une pour l’autre, indispensable connivence, leur relation se fait de plus en plus prégnante. L’envoûtement progressif atteindra un niveau de toxicité effrayant.
Le lecteur conscient voit le piège se mettre en place et désespère que les quelques clignotants annonceurs du danger n’alertent pas la proie.
Mais nous sommes dans un vrai roman, le revirement final va nous ravir. Qui a manipulé qui ? L’emprise mentale de l’une a finalement été propice à l’émergence d’une source d’inspiration nouvelle chez l’autre. La liaison dangereuse a comblé le vide.
Belle réussite donc, que ce roman dont l’écriture agréable et maîtrisée explore toute la gamme des émotions et des sentiments qui coulent dans les eaux troubles de l’âme humaine.
Fiction, auto fiction, biographie ou pas, bravo Delphine de Vigan.

index liberati

Felicitas HOPPE : La vie rêvée de Hoppe (Ed Piranha)
Traduit de l’Allemand par M. Ots
Ecrivaine très connue en Allemagne où elle a reçu de nombreux prix pour une œuvre très riche, Félicitas Hoppe veut rétablir une certaine vérité au sujet de ce personnage dont on la soupçonne d’être une imposture. Elle entreprend donc de reconstituer le véritable parcours de Hoppe, fillette douée d’une étonnante propension à l’affabulation jusqu’à une fin de carrière pas vraiment dévoilée.
C’est donc un incessant và et vient entre deux mondes, réel ou fantasmé dans lesquels l’auteur se déplace, prenant ses aises avec les contingences de la réalité.
Des neiges canadiennes où Hoppe a atterri après avoir été enlevée par un père totalement déjanté, et confiée à une famille qui l’élève dans le culte du hockey sur glace et où elle excelle a déjouer tous les traquenards que la vie lui fournit, toujours accompagnée de son incroyable sac à dos-sac à malice qui la conduira après maintes péripéties aux portes du désert australien où elle fera sa vie.
Une écriture foisonnante pour expliquer ces parcours fabuleux où l’on peine souvent à se reconnaître et à croire à ses histoires. Le mystère reste entier, on ne démêle pas plus la vérité du rêve lorsque la fin de livre arrive.
Délirant.

Simon LIBERATI : Eva (Ed Stock)
On aborde le roman par une pré-couverture d’une très jeune fille, très maquillée, fumant une cigarette l’air assez paumé. En fait il s’agit d’une photo de paparazzi d’Eva Ionesco, fille d’Irène Ionesco, photographe connue des années 70 à 80, qui a pris pour modèle sa fille dès son plus jeune âge en la mettant en scène de façon très équivoque, dans des poses très osées et très dénudées.
Celle-ci intentera des procès à sa mère pour l’avoir exploitée et jetée en pâture à un public trouble.
L’auteur nous projette dans ce monde intello-artistico mondain des années 80 où, entre beuveries, fumeries et drogue, il fait connaissance et épouse cette jeune paumée d’Eva dont il va éplucher la vie de galère en galère, de fête en fête.
Cette jeune lolita qu’il aime et qui le lui rend bien à sa façon, est le prétexte à se mettre en scène lui-même et à étaler ses états d’âme avec complaisance
Peu à dire de ce curieux roman plutôt nauséabond si ce n’est qu’il offre un aspect de la mémoire, du passé révolu et des stigmates qui persistent.
Même si on compatit à ce destin dramatisant on a du mal à s’y projeter.

Claudie MESNIER ou l’art d’entrer dans la toile… des autres !

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Elle est à la fois peintre et photographe et Claudie Mesnier a su avec talent accoupler les deux arts puisque ses oeuvres ne sont ni tout à fait photos, ni tout à fait peinture.
Et elle nous le prouve avec cette superbe exposition à la Villa Tamaris Pacha où elle a investi les deux derniers étages.
Sur le premier niveau elle nous offre donc ces oeuvres mixtes qui sont tout à la fois réaliste et surréalistes.

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Explication de l’artiste :
« En premier lieu, j’ai photographié divers endroits de la Villa Tamaris Pacha.
Une fois ces lieux établis, j’incruste sur les murs des toiles d’artistes ayant exposé dans ce lieu, (Giacobazzi, César, Guyemard, Fromanger, Yamada, di Rosa) que j’ai photographiés. Et puis, je les travaille sur photoshop, j’y ajoute les silhouettes de gens venus au vernissage des expositions, avec leur assentiment bien sûr.
Mais elle se permet toutes les fantaisies possible avec une imagination débordante, faisant s’échapper des cadres les oeuvres elles-mêmes, qui dansent sur les murs ou se retrouvent dans les vêtements des personnages, les changeant de couleur, y ajoutant des éléments inattendus, jouant avec les couleurs ou le noir et blanc…
C’est d’une originalité folle, c’est souvent très humoristique mais c’est toujours d’un esthétisme incroyable. Avec humour, elle a intitulé cette période « Mimétisme ».

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Au dernier étage, l’on découvre ses photographies, des portraits de femmes en général, faites à l’argentil. Là encore on entre dans un monde de beauté, de poésie car elle superpose des photos, les triture, y ajoute tout un monde, allant de l’écriture aux fleurs en passant par les animaux, Re-photographiant la photo sous un autre angle, une autre lumière. On y perçoit « les états d’âme » (titre de cette exposition) de ces visages qui nous parlent, nous racontent une histoire.
C’est à la fois très beau, très maîtrisé, très inventif, très coloré.
Claudie Mesnier nous offre là une exposition hors des sentiers battus.
Et ça fait plaisir.

Jacques Brachet

Pignans – Domaine de Rimauresq
France – Ecosse… une love story

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Perdu dans la campagne du centre Var, à Pignans, au pied des Maures, somnole en cet hiver le Domaine de Rimauresq, en sommeil comme tous les vignobles à cette époque.
De vieilles bâtisses du XVIIème siècle abritant une ferme, se délabraient lentement lorsqu’un Ecossais apparût dans le ciel varois.
Nous sommes en 1988 et Andrew Wemyss, une légende écossaise, passe au-dessus de ce domaine en hélicoptère.

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Il faut savoir que ce monsieur fait partie depuis 1400 de la vraie noblesse terrienne, qui a démarré avec l’agriculture et l’exploitation de mines de charbon. Aujourd’hui, la famille a des propriétés disséminées dans le monde : des élevages ovins en Australie, des cultures de thé au Kenya entre autres. En Ecosse, elle possède un château ( qui n’est pas hanté !), plusieurs villages et des milliers d’hectares d’orge utilisé pour leur distillerie artisanale de whisky près du golf de St Andrew, mondialement connu, à Kingsbarns.
L’idée originale d’Andrew Wemyss est alors d’exploiter les vignes et d’y importer ses whiskies.
Depuis, C’est son aîné, William, qui a pris les rennes de tout ce patrimoine et en 2000, il nomme Pierre Duffort directeur qui vient donc s’y installer avec sa charmante épouse, Sophie.
Alors qu’en rugby, la France et l’Ecosse se font la guerre, sur ce domaine neutre de Rimauresq est née cette histoire d’amour entre l’Ecosse et la Provence.
Deux traditions ancestrales, le vin et le whisky, y coulent des jours heureux dans une parfaite entente.

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Pierre Duffort est passionné de son domaine et de son vin et lorsqu’il en parle, on sent tout l’amour qu’il en a et qu’il partage avec sa femme. L’ancienne cave est restée en l’état mais une nouvelle cave, vaste et ultra-moderne est venue s’y insérer et aujourd’hui le domaine est l’un des plus importants du Var.
C’est ainsi que nous avons été invités à une journée franco-écossaise, autour d’un repas typiquement écossais concocté par un chef typiquement provençal qui n’était autre que Georges Galanos, chef du très réputé Mas du Lingousto à Cuers.
Chaque met était marié à un vin du domaine et le repas fut on ne peut plus raffiné.
C’est ainsi que pour l’apéritif, un saumon fumé au romarin, un club foie gras et une verrine de crème au fenouil étaient accompagnés du cru classé blanc 2014, cuvée classique.
Suivit un carpaccio de coquilles St Jacques au confit de citron de Menton que l’on dégusta avec un cru classé rosé 2014 Quintessence.
Et voici qu’arriva le fameux haggis qui n’est autre que le plat traditionnel écossais : la fameuse panse de brebis farcie !

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Et alors apparut un magnifique et imposant Ecossais tout de kilt vêtu, qui n’était autre que James Robertson, directeur financier de Wemyss, venu tout droit de son pays pour représenter la famille et nous offrir une ode au haggis écrite par le plus célèbre poète écossais, Robert Burns, poème traduit par Sophie Duffort. Ce moment fut un régal, dans tout le sens du terme !
Mais ce repas était loin d’être termina puisque arriva le tournedos d’Angus, butternut fondant en croûte de céréales, bonbon du mendiant et caramel de mûre à tomber par terre, accompagné évidemment de deux crus classés rouge : 2013 cuvée R et 2013 quintessence. Là encore, nos papilles en prirent un sacré coup.

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Que dire du Cheddar et du Stilton servis avec un cru classé blanc cuvée R, suivis d’un dessert absolument divin, sablé short, dôme au chocolat léger, cœur caramel.
Mais là… pas de vin… car nous attendait alors, pour digérer tout cela, une dégustation de whiskies que nous présenta l’expert du domaine, Christophe Taberner.
Nous eûmes droit aux quatre principaux règnes de whiskies ainsi qu’une spécialité de la maison Wemyss : le New Make, issu tout droit de l’alambic à 63°5, un alcool blanc non rectifié qui, là encore, était à tomber par terre… mais pour d’autres raisons que le tournedos !
Bien évidemment, pour toutes ces dégustations, un crachoir était à notre disposition… que pas tout le monde utilisa !
Qu’ajouter d’autre après ce moment magique que fut ce mariage provenço-écossais qui nous laissera un souvenir impérissable tant tous nos sens étaient en éveil et dont nous nous souviendrons encore longtemps !

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Jacques & Monique Brachet

Domaine Rimauresq – Route de Notre-Dame des Anges – 83790 – Pignans
04 94 48 80 45 – rimauresq@wanadoo.frwww.rimauresq.fr

OPIO : A tribute to Nat King Cole

TASKINI

Profitons de la belle programmation de l’association Jazz up pour découvrir des talents et apprécier les concerts de la saison. Jazz up rassemble des passionnés de jazz et de musiques du monde tous amis et bénévoles. Soutenue par la mairie d’Opio et par Bl@st (conseil et multimédia) l’association a pour objectif de faire la promotion d’artistes locaux et nationaux. Les concerts ont lieu une fois par mois et se déroulent dans la salle polyvalente d’Opio et dès les beaux jours au Théâtre de Verdure du parc de loisirs de la municipalité. Pas de programmation en été car les musiciens ont des dates de concert. Un concert gratuit est organisé début juillet A chaque prestation, un DVD est donné aux musiciens pour leur promotion. Pour trouver les groupes, les membres de l’association se rendent une fois par semaine dans un club de jazz un peu partout dans le monde au gré de leurs voyages. . Samedi 23 janvier un hommage est rendu à Nat King Cole disparu en 1965 et dont la fille, la grande chanteuse Nathalie Cole nous a quitté tout récemment. Le concert rassemble Franck Taschini ( saxophones), Benjamin Prischi (piano), Fabrizio Bruzzone (contrebasse), Stu Ritchie (batterie). Une soirée qui promet des ambiances musicales variées : médium swing, le latin, fast swing, la balade, le boléro etc … Le swing extraordinaire du français Benjamin Prischi, s’accorde parfaitement avec le drive énergique de l’écossais Stu Ritchie, le walking explosif de l’italien Fabrizio Bruzzone, et le lyrisme passionné du monégasque Franck Taschini. Ce concert sera suivi d’une deuxième prestation. Nous retrouverons Thomas Galliano quartet avec Frédéric D’Oelsnitz ( Piano), Kevin Tardevet ( Basse), Linus Olsson ( Guitare), Thomas Galliano (Batterie). Avec la passion et l’énergie vibrante de la scène jazz new-yorkaise, le niçois Thomas Galliano vient d’enregistrer son premier album en quintet intitulé « WalkingTowards The Unknown » aux cotés de Myron Walden, Jeremy Pelt, Luques Curtis et Victor Gould. Thomas Galliano s’efforce d’être sincère et expressif tout au long de sa musique, en utilisant la créativité a son maximum, faisant passe une énergie qui est nécessaire pour transmettre son intention.
Une belle soirée en perspective !

Marleyne Mati
Samedi 23 janvier à 20h30
Salle polyvalente d’Opio, 4, route de Nice – 06650 – Opio
Réservation recommandée :
0612166847
Mail: jazzup06@gmail.com

Toulon – Six-Fours
La Barjaque fête ses noces de rouille !

A

C’est la rencontre de Gigi et Peppone.
Explication : Gigi, c’est l’irrésistible Ghislaine Lesept. Peppone, c’est l’inénarrable Fabrice Schwingrouber (Avos souhaits !).
Chacun présentant leur one man-woman show, rencontre l’autre et c’est le coup de foudre. Un coup de foudre qui va se solder par une gigantesque scène de ménage.
Nouvelle explication : Leur comique, leur façon de jouer se rapprochant, il a suffi d’une rencontre pour qu’ils aient envie de jouer ensemble.
Et voilà donc qu’ils concrétisent leur rencontre par ces « Noces de rouille » qu’ils viennent de créer au Théâtre de la Porte d’Italie.
Car on rit beaucoup à cette « hénaurme scène de ménage avé l’assent ». Que dis-je, le public a hurlé de rire et la pièce affiche partout complet partout où elle est annoncée.*
Tous deux ont cette faconde méridionale que Pagnol avait su exploiter et, l’une venant de Midi, l’autre du Languedoc, cela ne pouvait que faire mouche, abordant des sujets concernant tous les couples qui prennent de la bouteille, où les non-dits un jour explosent, même s’ils s’aiment toujours.
A découvrir sans attendre !

B C

Jacques Brachet
* »Noces de rouille, les débuts de l’embrouille »
Vendredi 22, samedi 23 janvier 20h30, dimanche 24 janvier 15h30, Théâtre Daudet, Six-Fours.
Dimanche 14 février 18h et 20h30, Théâtre de la Porte d’Italie, Toulon
labarjaque@aliceads.fr – 06 65 62 59 69

TOULON-Oméga Live : Le retour de Patrick COTTET-MOINE

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Samedi 30 janvier à 20H30

Aprés une tournée triomphale à travers le monde, ( spectacle joué + de 900 fois dans 26 pays ) et créer des milliers de rires , le varois est de retour à la maison ! Ce farfelu sort des sentiers où il s’est battu pour refaire le monde, le sien, aussi vaste que son imagination. D’un rien, il dessine des univers entiers avec un art consommé du mouvement et de l’acuité du regard. C’est un adroit qui se plait à jouer les maladroits, un magicien de la gestuelle qui peut transformer un tabouret en ange, un drap en cheval…
Un artiste inclassable, un poète, un spectacle hilarant !

06 11 33 24 43 ou points de vente habituels
www.fantaisie-prod.comMail – contact@fantaisie-prod.com