Archives mensuelles : décembre 2015

NOTES de LECTURES
Par les Plumes d’Azur

Kaddour

Hédi KADDOUR : Les prépondérants (Ed Gallimard)
Quel bouleversement à Nahbès, petite ville du Maghreb lorsque débarque une équipe américaine pour tourner un film. La communauté s’interroge, s’insurge, s’émerveille selon sa culture, ses origines, ses idées politiques ou sociales. La France est toute présente avec l’arrogance, les exigences, les craintes de ses colons après une première guerre mondiale sauvée par les Américains, ces Américains qui révolutionnent le petit monde des prépondérants. Un club très fermé, où la hiérarchie permet l’ascension sociale, où se concluent les meilleures affaires et où évoluent les notables.
La jeune actrice, Katryn, apporte le trouble dans un monde réglé par la tradition, un monde où la femme se tient en retrait et ne dévoile pas son corps. Une cohorte de personnages comme le caïd, son fils Raouf, brillant élève de dix-sept ans séduit par l’Occident, le colon traditionaliste Ganthier, la jeune veuve Rania réfugiée à la campagne pour mieux étudier et vivre son amour secret, Gabrielle, la jeune et très indépendante journaliste jusqu’à l’être trop longtemps, tous ces personnages se croisent, s’épient, s’aiment, se jalousent. C’est une mini société où les prépondérants entendent bien rester à la manœuvre et garder tous leurs droits.
Ce petit monde évolue sur deux ans et l’auteur distille avec justesse et saveur une radiographie réjouissante de l’époque ; nous sommes en 1922, rien de plus dangereux que ces idées communistes, ces sursauts d’indépendance.
C’est brillamment qu’Hédi Kaddour pénètre dans l’intimité de ses personnages, rien ne lui est étranger des avancées, reculades, réflexions , filouteries des plus malins. Mais l’histoire ressent les premiers grondements d’un monde qui change, un certain Hitler tient de drôles de discours, la Russie exerce une forte attractivité auprès des intellectuels.
Décryptage savant à savourer à chaque page car le club des prépondérants vacille sur ses bases, l’Amérique n’est pas la seule en cause, la tradition et la modernité peuvent se télescoper et le drame fera exploser une communauté apparemment soudée.

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Jean d’AILLON : Les aventures de Guillem d’Ussel, chevalier troubadour
L’évasion de Richard Cœur de lion et autres aventures (Ed Flammarion)

Jean d’Aillon éminent médiéviste a choisi parmi les aventures de Guillem d’Ussel entre 1182 et 1201 afin d’illustrer les faits et gestes du chevalier troubadour qui vient en aide aux faibles comme aux puissants et déjoue les injustices et les traquenards toujours sur un fond de vielle et de poésie. Sa profonde connaissance des mœurs de cette époque nous permet de visualiser et d’imaginer tant la vie de château que de bourgs de manants. De l’action, du suspense, de la psychologie, une fine description des personnages qui émaillent ces nouvelles où le héros tire toujours son épingle du jeu nous tiennent en haleine et nous révulsent par la cruauté et la barbarie de la vie à cette époque.
Pour des fans d’histoires et de réalisme historique

Célia ANFRAY : Le Censeur (Ed Gallimard)
Inspirée d’une histoire vraie, l’auteur nous propulse avec érudition dans la vie littéraire et mondaine du XIXème siècle à Paris. Nous sommes en pleine Restauration, le héros de ce roman est riche, élégant, il mène une vie mondaine, a écrit une pièce de théâtre qui a eu du succès, est entré à l’Académie. Cependant, soucieux de plaire à Charles X, il accepte un portefeuille de censeur des théâtres. Le répertoire du Théâtre Français tout entier doit lui être soumis, à lui de décider si rien dans le sujet ne peut déplaire au roi et s’il va ou non envoyer une pièce aux oubliettes !
Il est à la fois très fier et angoissé, d’autant plus qu’on lui adjoint un secrétaire pour le moins bizarre et inquiétant .
Le texte brillant, d’une grande qualité d’écriture, fourmille d’anecdotes, d’exemples de censure savoureux et de rencontres avec les grands écrivains de l’époque ,Victor Hugo entre autres. Beaucoup d’érudition donc, un peu de mystères, une amourette et aussi une vraie réflexion sur les limites de la censure, ce roman ne manque pas d’intérêt.

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Maryline DESBIOLLES : Le beau temps (Ed Seuil)
Ce roman fait rencontrer le lecteur avec Maurice Jaubert qui a donné son nom à un lycée d’un quartier de Nice. Intriguée par ce nom qui lui était inconnu, Maryline Desbiolles a fait des recherches et nous livre le parcours étonnant de ce jeune niçois.
Né en 1900 et mort en 1940, Maurice Jaubert a fait des études de droit pour devenir avocat, mais son intérêt croissant pour la musique et son mariage avec une jeune cantatrice lui feront très vite évoluer dans le monde artistique. Il fréquente les milieux de jazz et se révèle bientôt un personnage incontournable pour la composition des musiques de films car le cinéma, de muet, devient parlant. C’est un univers nouveau où Maurice Jaubert rencontre des figures aujourd’hui reconnues telles que Jean Vigo, Julien Duvivier ou Marcel Carné pour le cinéma, mais aussi Olivier Maessian ou Honneger pour la musique et Jean Giono pour la littérature.
Maryline Desbiolles décrit avec passion et talent une fresque culturelle des années suivant la première guerre mondiale, des années riches, prometteuses malheureusement interrompues par la deuxième guerre mondiale qui sera fatale à Maurice Jaubert.
L’auteur a eu raison de chercher à savoir qui était cet inconnu.
Page après page, l’intérêt croît et le lecteur est ravi d’avoir découvert ce jeune talent enthousiaste, curieux, travailleur et très doué.

David GROSSMAN : Un cheval entre dans un bar (Ed Seuil)
Dans une atmosphère faussement gaie, le comique Dovalé débite ses plus ou moins bonnes plaisanteries devant un public hétéroclite en Israël, à Netanya. Il y a pourtant dans l’assistance un juge invité, plutôt, convoqué par Dovalé, un juge qui a été son ami mais a disparu dans les tourbillons de la vie et qui a répondu en acceptant d’assister à son spectacle.
C’est une interrogation tragique que Dovalé pose au milieu de ses pitreries, ses claques, ses cris, ses rires, ses sanglots secs. Fils d’immigrés, avec un père coiffeur assez brutal mais travailleur et une mère murée dans le silence après les sévices subis pendant sa captivité en Pologne, Dovalé a été un petit garçon gai qui attire l’attention avec sa peau toute blanche constellée de taches de rousseur. Dans un camp à quatorze ans, il reconnait son ami, le futur juge, ils ont suivi les mêmes cours et attendu le bus ensemble ; Dovalé , souffre-douleur de la chambrée préfère rire que pleurer, et pourquoi pas marcher sur les mains, histoire de voir la vie à l’envers, empêcher les coups. Dovalé pressent la fin de son enfance lorsqu’il est convoqué pour aller aux obsèques, mais aux obsèques de qui, lui qui n’a pour famille qu’un père et une mère. Personne ne le lui a dit, le chauffeur qui le ramène à Jérusalem ne saura que lui offrir un concours de blagues pour reculer le plus longtemps possible la terrible vérité, une vérité qui sera au bout du chemin, et fuir sur les mains n’inversera pas le regard du parent qui reste, le parent qui a compris le choc de l’enfant qui avait choisi « son parent mort ».
Les gesticulations, les rires, les sifflements, les départs des clients furieux du spectacle n’empêcheront pas Dovalé de courir vers un dénouement tragique, une course, une fuite qui rappelle celle de la femme fuyant l’annonce, précédent roman de David Grossman
Le lecteur ne saura jamais la fin de l’histoire du cheval qui entre dans un bar et si comme quelques spectateurs il ne se lasse pas des mauvaises blagues de l’auteur et ne ferme pas le livre, exaspéré, il sera anéanti par la douleur des hommes, leur incompréhension, leur manque de communication et d’amour.

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Alain MABANCKOU : Petit Piment (Ed Seuil)
Nous sommes au Congo dans les années 60, non loin de Pointe Noire, la capitale.
Le héros, un jeune orphelin raconte.
Recueilli par un prêtre, le voilà affublé dès son arrivée à l’orphelinat de Loango, d’un prénom invraisemblable. Traduit, cela donne : « Rendons grâce à Dieu, le Moïse noir est né sur la terre de nos ancêtres ! » Heureusement, pour plus de simplicité, il se verra attribuer le surnom de Petit Piment, suite à une de ses facéties.
Ce petit congolais grandit donc dans cette institution catholique sous l’autorité abusive et corrompue du directeur Dieudonné Ngoulmoumako.
La vie lui sera rendue supportable grâce à son ami Bona, touchant de naïveté et à la venue épisodique de papa Monpelo, prêtre, homme d’espoir et de gaieté, également professeur de danse pygmée à l’occasion.
Le ton est donné, nous sommes bien en Afrique, et le récit de la vie de Petit Piment prend une tournure de conte exotique. La narration est pétillante.
Le récit s’essouffle cependant au fur et à mesure que le jeune garçon se fait homme. C’est aussi l’époque des désillusions avec l’avènement du pouvoir socialiste. Les cours de « conscientisation » ont brisé les rêves des quelques trois cents pensionnaires de l’orphelinat
Petit Piment déserte, fait successivement partie des « moustiques du grand marché », vit de rapines, fréquente des voyous, rallie l’équipe de maman Fiat, la maquerelle aux dix filles. Il finira en établissement pénitentiaire puis où il perdra la raison et la mémoire
La langue vive et inventive du début du texte a disparu.
Le roman reste néanmoins original par le contexte, le regard de l’auteur, perspicace et plein d’humour acide, ainsi que de savoureux dialogues.
Une belle ambiance africaine reconstituée à la hauteur de l’amour que Mabanckou porte à son pays.

Valentin MUSSO : Une vraie famille (Ed Seuil)
La famille Vasseur, lui, professeur d’université, elle, galeriste à Paris, se sont retirés au fin fond de la Bretagne suite à une tuerie qui a eu lieu au sein de l’université. Lui est sorti diminué, elle, l’entoure et le protège. Peu de contact pour ce couple qui vit en retrait, leur fille étant à l’étranger. C’est donc dans un véritable huis-clos que va se dérouler le drame sous les traits d’un jeune individu que l’époux croise dans la campagne et va introduire chez lui pour accomplir quelques travaux de jardinage d’abord puis d’aménagements de la maison jamais terminée.
Construit en trois parties on s’attache d’abord au personnage meurtri du père, puis du jeune inconnu qui se dévoile peu à peu et enfin de la mère, véritable découverte dramatique.
Bien écrit , bien construit, l’ambiance de confinement à la campagne bien campé, le suspense s’installe jusqu’à l’horreur du dénouement.
Mais peut-être, justement, est-il un peu trop énorme ?
Quoique, en fait, que sait on du déroulement possible d’un drame ?

Théâtre Galli : Arnaud DUCRET nous a fait plaisir

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Indubitablement, c’est un comique.
Oui mais c’est aussi un danseur, un comédien car Arnaud Ducret est un artiste hors norme.
Déjà par sa plastique car il est beau gosse à la stature impressionnante et de plus, il sait tout faire. Déjà les beaux gosses comiques, c’est rare mais en plus, savoir chanter et danser (il a été à l’école de a comédie musicale) et faire rire tout en ayant du charme, c’est encore rare en France.
Et le public ne s’est pas trompé, venu en rangs serrés l’applaudir au Théâtre Galli.
« Savoir qu’une salle est pleine pour vous, c’est le bonheur car si je fais ça depuis des années c’est d’abord parce que je n’ai toujours voulu faire que ça : faire rire, je le faisais déjà à l’école où je n’étais pas le meilleur des élèves et puis, voir une salle pleine qui vous aime, c’est le but du jeu ».
Il nous avoue que déjà tout petit, voyant De Funès, Bourvil puis, plus tard, Dupontel, Gad Elmaleh, il savait qu’il ferait « ça ».

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D’ailleurs, dans ce spectacle totalement iconoclaste, on retrouve les attitudes naïves d’un Dupontel, les mimiques accentuées de de Funès, et la façon de bouger d’Elmaleh mais bien sûr avec en plus, une personnalité bien affûtée.
La preuve : il joue sur tous les terrains, du stand up à la comédie musicale, du rire avec « Caméra Café » ou « Parents, mode d’emploi » à la télé, « Profs » au cinéma au plus sérieux en interprétant Jacques Chirac dans « Adieu de Gaulle ».
Transformation à vue sur scène où il est aussi crédible en malabar faisant du Kung Fu qu’en danseur efféminé apprenant un ballet à des papis et mamies d’un centre de gériatrie.
A chaque fois il fait mouche, il fait rire… et il se fait rire car il a, durant le spectacle, il a de nombreux fous-rires.
Désopilant, lorsqu’il fait monter une spectatrice pour refaire la fameuse scène de « Dirty Dancing »… où il prend le rôle de… Bébé, à la grande appréhension de sa partenaire qui le voit s’écraser par terre !

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Et il nous apprend une chose : savez-vous d’où vient la démarche de Charlot ? C’est parce qu’il se faisait faire le maillot !!!
Et puis – chose rarissime aujourd’hui – après le spectacle il vient dédicacer et se faire prendre en photo tout en rigolant avec tous ses fans.
« C’est la moindre des choses – dit-il – ils sont là pour moi, ce que je vis aujourd’hui c’est un rêve de gosse et j’ai besoin de cet amour. Je n’ai jamais voulu faire autre chose que d’être sur une scène et faire rire. Mais je suis aussi comédien et j’aime m’essayer à autre chose, sur scène, au cinéma comme à la télévision ».
En 2016, outre son spectacle qu’il tournera, on le retrouvera dans deux films : « Logement partagé » de François Desagnat et « Les nouvelles aventures de Cendrillon » d’Arthur Benzaquen.
En attendant… Arnaud Ducret nous a vraiment fait plaisir.

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Jacques Brachet

Quand la fille du patron s’en mêle !

314900.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxA la quarantaine, Vital est en plein bouleversement.
Son ménage se désagrège, l’entreprise de tissage dans laquelle il est chef d’atelier bat de l’aile et l’équipe de rugby, composée de tous les copains de l’usine, qu’il dirige, n’est pas sûre d’arriver en finale.
Il est donc dans un espèce de transit et voilà que débarque la fille du patron venue pour une expertise ergonomique.
Et ce qui devait arriver…
Le mariage éclate, son histoire avec la fille du patron met tous ses copains mal à l’aise et le patron décide de vendre.
L’on est donc à la fin d’un cycle, mais au départ de quelque chose qui reste incertain à tous les points de vue.

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C’est le premier film du comédien Olivier Loustau et pour un premier essai, on peut dire, pour rester dans le film, qu’il est transformé. Le sujet est fort, la réalisation maîtrisée, faite de beaucoup de plans serrés qui donnent au film une atmosphère lourde, éclairée par le regard de deux belles comédiennes, Christa Théret et Florence Thomassin, respectivement la fille du Patron, Alix, et l’épouse de Vital, Mado.
Quant à Olivier Loustau, sans conteste, il a un vraie « gueule » : taiseux, le regard ténébreux, le sourire rare et pourtant, lorsqu’il se dessine, il est irrésistible !
Il a eu raison de s’octroyer le rôle, son premier vrai grand rôle… il était temps !
Nous avons eu la chance de le rencontrer au Six N’étoiles de Six-Fours, accompagné de la belle Florence Thomassin.
Le film sortira le 6 janvier.

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Jacques Brachet
Interview filmée par Jean-Louis Blanc

STARS WARS
La guerre est déclarée pour la 7ème fois !

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Cela faisait dix ans que le monde entier attendait que se déclare la septième guerre galactique.
Eh bien, nous y voilà !
Dix ans après le dernier épisode, quarante ans après le premier épisode, nous sommes en pleine guerre des étoiles et ce troisième week-end de décembre a vu déferler dans une grande partie du monde vers le côté obscur des salles de cinéma pour découvrir les nouvelles aventures de « Star Wars : le réveil de la force ».
Au Six n’étoiles comme ailleurs, nous avons vu débouler des princesses Leia, des Han Solo, des Dark Vador, tous armées de ce sabre laser aujourd’hui plus mythique que l’épée du Roi Arthur et de Merlin l’enchanteur, Excalibur.

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Est-ce que cette nouvelle mouture va déboulonner notre autre légendaire James Bond qui est en train de battre des records d’audience… L’avenir nous le dira.
Quand à l’avenir de notre galaxie, il est plutôt mal en point au vu de ce septième épisode fait de bruit et de fureur car jamais un film n’a jamais si bien porté son nom : c’est une guerre de folie où tout éclate, tout explose (aurait dit Cloclo !) durant plus de deux heures car, lorsque la force se réveille, elle fait des dégâts !
Vous raconter l’histoire ? Il n’en est pas question. Tout d’abord parce que la production veut qu’on garde le mystère jusqu’au bout afin que chaque spectateur fasse une vraie découverte du film et… parce que, franchement, moi qui ne suis pas le super fan de la série et qui n’en ai vu que deux ou trois, j’avoue que j’ai eu du mal à suivre l’histoire. J’aurais dû réviser mon petit mémento « Stars Wars » avant de venir voir le film !

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Mais c’est un peu comme James Bond : au bout d’un moment, on se fout de l’histoire et l’on suit les aventures des héros comme dans une BD où les images vont à deux cents à l’heure, où les bagarres et les poursuites se suivent à la vitesse grand V et où, à la fin, on ne sait plus qui est vivant ou mort, qui est le gentil ou le méchant.
Moment d’émotion quand même : le face à face retrouvé de Han Solo (Harrison Ford) et la princesse Leia (Carrie Fisher). Drôlement bizarre de les retrouver avec 40 ans de plus, Leia sans ses mythiques téléphones, Han avec ses cheveux gris et quelques rides en plus.
Bien évidemment, hormis Luke (Mark Hamil lui aussi bien vieilli), il y a la relève avec la belle Daisy Ridley qui est Ray, le sculptural John Boyega qui est Finn, le bel Oscar Isaac dans le rôle de Poe et l’impressionnant Adam Driver qui est Kylo au regard de glace.

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I J
Il est vrai que, même si, pour des néophytes comme moi, l’histoire est quelquefois difficile à suivre, on se laisse porter par la mise en scène et les effets spéciaux somptueux.
George Lucas a, depuis quelques épisodes, abandonné la réalisation de la série dont ce dernier volet est signé J.J Abrams et la production est assurée par Walt Disney qui n’a certainement pas fait une mauvaise affaire en rachetant les droits.
En plus du film, nous avons donc eu droit au Six n’étoiles, au concours de costumes (ne pas dire « déguisements » il paraît que ça froisse les fans !), à une démonstration, hélas un peu brève, de la Ligue Cote d’Azur de Karaté animée par M Guillot qui a ajouté à son club cette section sabre au laser qui est très spectaculaire et à la découverte d’un énorme merchandising qui découle du succès de la série qui, de décennie en décennie, amène un nouveau flot d’admirateurs. Car les parents ont entraîné dans leur sillage étoilé les enfants qui ont abandonné les contes de fée pour s’immerger dans la science-fiction où la force des ténèbres est cent fois plus haletante que la citrouille qui se transforme en carrosse !

L M
Il faut dire que les carrosses de « Stars War » sont bigrement plus sophistiqués !
« James Bond »-« Stars Wars »… « Stars Wars »-« James Bond »… qui va gagner cette guerre cinématographique ?
Rendez-vous dans quelques mois.

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Jacques Brachet

FLASH BACK 80 : Le plein d’énergie

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Ils sont tous jeunes, beaux, talentueux, chanteurs et danseurs varois qui ont créé, grâce à Christiane Grignani, le groupe Flash Back 80.
Souvent, lorsque se monte ce genre de groupes, les danses sont approximatives, les voix plus ou moins justes mais là… c’est de la bombe !
En effet, les filles, qui sont au nombre de 2 ou 4, selon les spectacles, ont une plastique à tomber par terre, de l’énergie à revendre et dansent superbement bien, qu’elles s’appellent Lilie, Roxy, Jenny ou Julie… Que des prénoms en i !
Les mecs, Xavier et Anthony sont jeunes et beaux, leur voix est puissante.
Quant aux deux filles, Nadège et Lillie, elles sont aussi belles à regarder que plaisantes à écouter.

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Le show va à cent à l’heure et toutes les chansons, tubes des années 80, y passent sur un rythme de folie avec changements de costumes, strass, paillettes assurés, et solos, duos, trios, quatuor se mêlent dans une belle folie, un plaisir que l’on voit sur leurs sourires et rarement le public attend plus de deux ou trois chansons pour se jeter sur la piste et danser au rythme de ces chansons devenues à la fois culte et intemporelles.
C’est près de deux heures de pur plaisir. Un spectacle avec lequel ils traversent la France avec un beau succès. Dernièrement, la Corse leur a fait une ovation.
Alors, scrutez les programmes de vos villes et si vous les voyez programmés, accourez les voir… Ca vaut le déplacement !

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Jacques Brachet
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STARS WAR… L’aventure continue !

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1977
Un réalisateur nommé George Lucas envisage de tourner un film : « Stars War ».
Peu connu, les producteurs hollywoodiens hésitent à investir de l’argent sur un film de science fiction de plus.
Et pourtant…
40 ans et 7 films après, des millions de fans, toutes générations comprises, continuent d’être pendus à tous ces personnages devenus mythiques. Quant à Harrison Ford et Nathalie Portman, cette série a fait décoller leur carrière.
Et 10 ans après le 6ème épisode, voilà qu’arrive « Le réveil de la force »… qui a fait se réveiller tous les fans au point de passer la nuit de mardi, à Paris, devant le cinéma, pour être les premiers à entrer dans le monde des étoiles.
Quant au Six n’étoiles (qui n’a jamais si bien porté son nom !), dès 8 heures ils « tanquaient » devant la porte pour la séance de 10 heures.
Près de mille places pré vendues pour être les premiers à découvrir le film en 2D ou en 3D et dès le 6 janvier pour « les fans de chez fans » en V.O !

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Du jamais vu, à Six-Fours comme en France et comme dans tous les pays du monde d’ailleurs et ça ne fait que commencer !
Samedi soir sera uns soirée spéciale au Six n’étoiles, intitulée « Le réveil des fans » et Dieu sait si le cinéma affichera complet samedi 19 décembre aux deux séances de 18h45 et 21h15 avec, entre les deux séances la ligue de Karaté Côte d’Azur qui fera dans la salle une démonstration avec des épées au laser, la venue de l’association sanaryenne Stars Toys 83 spécialisée dans les objets collectors de la série où le public pourra découvrir de vrais trésors à acheter.
Et puis, si vous venez costumés – et c’est recommandé ! – un jury et la vox populi désigneront les plus beaux costumes avec des prix aux gagnants.
La force se réveille… l’aventure continue !

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Photo : toute l’équipe du Six n’étoiles et Mme Dominique Ducasse, adjointe aux affaires culturelles qui tenait à être là au réveil de cette force qui envahit les écrans !

Jacques Brachet

Michèle TORR à Aix-en-Provence :
« Chanter c’est prier »

A

Elle a fait de cette phrase une chanson et une profession de foi.
Depuis 50 ans, Michèle Torr, notre belle Provençale aux yeux d’azur et à la voix de soleil, court les routes de France et d’ailleurs en faisant ce qui est sa passion depuis l’enfance : chanter.
Et elle est entrée en chanson comme on entre en religion… En dehors du fait qu’elle a deux enfants qui lui ont donné des petits-enfants et que, sortie de scène, elle les retrouve tous dans son havre de paix à Aix-en-Provence où elle a élu domicile.
Aix, justement, où elle s’est produite voici quelques jours mais pas dans une salle de spectacle : la cathédrale St Sauveur !
C’est là, qu’après des centaines de récitals et de concerts, elle a décidé, pour fêter ses 50 ans de chansons (en dehors des salles qu’elle a faites à Paris), elle a donné le coup d’envoi d’une tournée originale : la tournée des églises.
Inutile de dire qu’en ce soir d’une première pas comme les autres, elle qui est déjà traqueuse, l’était doublement car là, elle n’était pas sur « Le Boulevard du Rock » mais dans une ambiance très particulière, faite de recueillement, d’amour, de ferveur.
D’autant que toute la famille était venue la soutenir !
Il fallait donc un répertoire adéquat au lieu.

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Et dès l’entré dans la nef, une entrée magnifique où Michèle nous est apparue en longue robe noire, elle nous offrait la version chantée du « Notre Père ». Sa voix, toujours ample et belle, monta aussitôt et envahit cette superbe cathédrale, lui offrant un écrin prestigieux.
La cathédrale qui était pleine, dès les premières minutes, fut sous le charme de l’une de nos plus belles voix de France et tout le concert fut ainsi, fait de petits bouts de grâce, avec un répertoire auquel elle ne nous avait pas habitués, passant de l’Ave Maria de Gounod au « Je vous salue Marie » de Brassens, de « Douce nuit » au « Noël de la rue » de Piaf, une chanson peu connue mais terriblement émouvante. Elle nous offrit aussi la version française, signée David Lelait de « Amazing Grâce » devenue « Quand vint la grâce » mais aussi, beau moment « Quand on n’a que l’amour », de Brel, a capella et sans micro…. Et une fois encore sa voix s’envola dans les cieux pour mieux nous revenir avec quelques-uns de ses succès adaptés pour la circonstance : « Un enfant c’est comme ça », « Midnight Blue », « Soeur Emmanuelle », avec, tout à coup, la voix de cette belle sainte qui jeta un frisson dans la salle,… Bref, il faudrait toutes les nommer mis citons encore, son énorme succès qui reste hélas toujours d’actualité « J’en appelle à la tendresse », l’hymne Provençal « Coupe Santo » chanté en provençal évidemment et qui fit lever la salle entière, tout comme la dernière chanson, encore une version française, du célébrissime « Alléluia » de Léonard Cohen avec lequel elle fit chanter la salle entière.

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A noter que pour cette belle et unique soirée, deux de ses trois musiciens nous offrirent en ouverture un moment classique très intime et très beau, les Petits Chanteurs d’Aix-en-Provence, dont elle est la marraine chantèrent quelques chansons dont l’emblématique et de circonstance « Imagine » de John Lennon. On peut d’ailleurs regretter qu’ils n’aient pas chanté avec elle.
Et puis, Michel Monaco vient nous offrir un joli bouquet de chansons, de Ferrat à Mick Micheyl, qui est sa marraine et à laquelle il a rendu un bel hommage, ainsi que des chansons de son nouvel album. Une belle voix pour annoncer Michèle qui d’ailleurs, a décidé de l’emmener en tournée avec elle. Belle idée car il y a à l’évidence, une belle osmose entre eux qui défendent si bien la chanson française.
Ce fut une soirée magnifique de joies et d’émotions mêlées et ce fut un beau cadeau de Noël que Michèle offrit à son public et à ses fans qui s’étaient déplacés nombreux pour partager ce moment de communion avec elle.
G H

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

CD’HIVER

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ANGGUN : « Toujours un ailleurs » (Universal Music)
Anggun, c’est d’abord un physique d’une beauté à couper le souffle.
Mais c’est aussi une voix très particulière qui vient d’un pays qui reste un peu magique malgré tous ses drames : l’Indonésie.
Il y a dans cette voix qui s’envole, toujours un peu de nostalgie de ce qu’elle laisse là-bas puisque vivant entre deux pays. D’ailleurs elle chante « Toujours un ailleurs » car Anggun est toujours tiraillée entre la France et son pays. Heureuse d’être là, triste de na pas être là-bas et vice-versa. « Il suffit » a justement des réminiscences musicales de son pays.
Pourtant, chante-t-elle encore dans « A nos enfants », courir après le vent est difficile, il suffit parfois de voir le bonheur devant sa porte et si nos enfants vont bien, n’est-ce pas l’essentiel ?
Sa voix se pose sur de belles et efficaces mélodies comme « Face au vent (encore lui !) ou « Nos vies parallèles » qu’elle chante en duo avec Florent Pagny. ou encore la reprise, très belles, de la chanson de Le Forestier « Né quelque part » où sa voix s’accorde superbement à celle d’Angelique Kidjo.
Les chansons d’Anggun sont porteuses de messages divers : la liberté, la paix, le bonheur, l’amour et elle est très convaincantes, notre belle Indonésienne.

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Natasha SAINT-PIER « Mon Acadie » (Sony Music)
Nouveau disque de Natasha et devinez quoi ? Des reprises !
Mais là, attention car, en dehors de « Tous les Acadiens » de Fugain (encore lui !) et « Travailler c’est trop » dur, un traditionnel devenu, grâce à Zachary Richard, un énorme succès, elle nous offre des chansons de sa belle province. Donc peu ou pas connues en France.
C’est un disque original de chansons quelquefois surprenantes que la belle voix de Nathasha met en valeur.
Il y a même deux chansons qu’elle chante, nous dit-elle, en « micmac » qui est un dialecte amérindien algonquien, sortes de mélopées indiennes mystérieuses.
Il fallait oser le faire et elle a eu raison de le faire et de nous faire découvrir cette culture si lointaine de nous.
Par ailleurs, il y a de très jolies chansons qu’elle chante en duo avec des compatriotes comme Roch Voisine (Cap enragé) ou Edith Butler (Marie Caissie) mais aussi avec Gégoire (La tempête) ou encore Tony Carreira (Le mal de pays).
Quant à moi, mes préférées vont à « Evangéline » qu’elle chante tout en émotion et en tendresse et en dehors du très dansant « Tous les Acadiens », on retrouve Fugain le chanteur dans la non moins dansante et drolatique version d’un traditionnel : « La bastringue ».
De la belle ouvrage… diraient nos cousins québécois !

Lara FABIAN « Ma vie dans la tienne » (Warner)
Un nouvel opus de Lara Fabian est toujours un événement.
La voix, la sensibilité sont toujours au rende-vous et plus que jamais avec ce nouveau disque qui est un peu la renaissance de Lara, après ses ennuis de santé.
Mais cet arrêt indépendant de sa volonté lui a certainement permis de mûrir, de réfléchir, d’être plus femme et mère que chanteuse. La preuve dans cette profession de foi qu’elle énonce dans la première chanson : « Quand je ne chante pas » où, même si elle dit « Chanter c’est tout ce que je sais faire », elle est, quand justement sa voix se tait, une femme comme tant d’autres.
C’est peut-être l’album le plus intime, le plus personnel qu’elle nous ait donné, à la fois empreint de nostalgie et de sérénité, évoquant la perte d’un amour (le désamour), l’épaule d’un ami (S’il ne reste qu’un ami), la peur constante d’une mère (Le cœur qui tremble) tant il est vrai qu’en devenant mère on n’est jamais tout à fait tranquille tant il peut arriver de choses à un petit être qu’on voit grandir, la maladie d’Alzheimer (L’oubli) qui clôt ce disque qui nous laisse rêveur et l’émotion au bord du cœur.
Mais il y a tout de même la vie, qui reprend toujours le dessus (Relève-toi) et l’amour revenu avec un bel hommage à son homme (L’illusionniste) et peut-être celle qui est teintée de rose (ton désir), joli clin d’œil à l’amour.
C’est un très bel album que nous offre là notre Lara revenue et qu’il nous tarde de retrouver sur scène.

Vincent Niclo - Pochette CD DVD Live au Chatelet COibsp6WUAAHzz1

Vincent NICLO « Premier rendez-vous » (TF1 musique)
Pour ce premier rendez-vous « live » de ce beau ténor qu’est Vincent Niclo, voici le CD et le DVD de son concert au Châtelet.
Un concert qui pourrait être le prolongement de ce « Tournez musette » tant Vincent l’a truffé de vieilles chansons opéra-opérettes, de « La belle de Cadix » à « O sole mio » en passant par « Funiculi funicula » ou encore « Maman la plus belle du monde ».
Alors, avec ce répertoire, l’on pourrait penser que son public soit celui des tournées « Age Tendre » et pourtant, les minettes en folie, dès sa première chanson « La danza » se lève et hurle hystériquement, tout comme au bon vieux temps de Cloclo. Et je ne vous dis pas lorsqu’il apparaît en film et pour quelques secondes nu sous la douche !
Il faut d’ire que le Niclo, il est beau, il a la classe, il a la voix et au milieu de ces anciennes chansons, il arrive à immiscer « Caruso », « Divino », « Ameno » pour le côté italien, « All by myself » que Céline Dion a porté au pinacle et dont il se sort avec honneur, « Jusqu’à l’ivresse », son dernier succès, que lui a offert Serge Lama.
Et puis, un duo virtuel truculent avec Rosy de Palma pour un original « Amor mor » et un duo de charme avec la sublime Anggun « Pour une fois »que l’on entend aussi dans la reprise de « Skyfall ».
Cela donne un tour de chant hors des sentiers battus, même si l’on peut regretter qu’il n’y ait pas plus de chansons nouvelles et originales, ne serait-ce que de son dernier album.
A noter tout de même de somptueuses orchestrations avec beaucoup de violons et de percussions ce qui donne un son à la fois très moderne et… très classique ! Des lumières magiques, des images, beaucoup d’images et lui, superbe et généreux qui sait faire ses effets de voix, tenir la note jusqu’à faire chavirer le cœur de ces dames, changer de tenues, toutes plus chics les unes que les autres… C’est un spectacle très classe et très… chaud !

William SHELLER « Stylus » (Mercury)
J’ai découvert William alors qu’il était dans sa période « baba cool », barbe et cheveux longs, et qu’il venait de sortir un album « Lux aeterna », une messe très belle et très classique qu’il avait écrite pour le mariage d’un couple d’amis.
De ce jour, impressionné par ce merveilleux disque, j’ai suivi William Sheller qui a évolué à tous les niveaux en découvrant les Beatles et le rock n’roll et en devenant bizarrement le plus chic et le plus raffiné des chanteurs, sorte de dandy iclassable de par sa personnalité et sa musique.
Car sa musique n’est ni tout à fait classique ni tout à fait rock n’roll ou alors « classico-rock » ou encore, comme le dit si bien Catherine Lara, qui a suivi le même chemin « rockmantique ».
Ce nouveau disque est dans la lignée de ce magnifique musicien, si bien intitulé « Stylus » car Sheller a toujours du style. Son style, unique et bien à lui.
Il laisse la part belle à cette musique faite de piano et de cordes, sa voix intimiste se pose sur de belles mélodies et les paroles, qu’il écrit aussi, sont de véritables petites perles, étranges, mystérieuses, poétiques.
« Youpylong » ou « Une belle journée » en sont le plus bel exemple, parlant de jardin sur la lune, de libellules, de brume et d’étoiles. Ses chansons ressemblent à de petits tableaux impressionnistes. « Petit Pimpon » est une ode à la paternité, à l’enfance, à la joie d’avoie un enfant. Et tout l’album est fait de poésie musicale.
Un vrai plaisir. Un vrai magnifique disque présenté dans un joli livret.

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TOURNEZ MUSETTE (Tempesti)
C’est un quadruple CD qui regroupe 40 chansons d’une époque « que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître » à moins qu’ils aient des grands parents qui leur chantent leurs souvenirs.
Car ce beau coffret qui a été composé par Evelyne Leclerc, grande star du petit écran et notamment de « tournez manège » (d’où le titre !) qui a réuni quelques amis pour faire la fête, de Christian Delagrange à Michel Pruvost en passant par Jean Sarrus, ex Charlot, Josy Andrieu, Sophie Darel, Bezu et bien d’autres, dont un duo improbable et rigolo : Bernard Menez et Jean Sarrus.
Et quelques gloires oubliées comme Gloria Lasso.
Evidemment on y retrouve « Mon manège à moi » mais on passe de « Pigalle » « A Toulon », on va de « La valse des lilas » à « La valse brune », de « La romance de Paris » à « La java bleues » ou encore du « Dénicheur » à « Domino » en passant par ma pomme.
Ce disque devrait faire le bonheur de nos aînés, des « baletti » du dimanche après-midi. Tous ces grands succès populaires leur apporteront certainement quelque noslalgie de « leur bon vieux temps » et ils prendront un grand plaisir à y tourne virer dessus.
Comme on pend du plaisir à écouter ces vieilles et jolies ritournelles quelque peu « kitchounettes » !

ZAZIE « Encore heureux » (Mercury)
Que dire de ce nouvel opus de Zazie sinon qu’il m’a laissé perplexe.
En effet, elle nous avait habitué à des disques jolis, à des chansons charmantes – ce qui ne veut pas dire mièvres – avec des sujets quelquefois graves mais toujours désamorcés par une pirouette, un clin d’œil, un trait d’humour.
Musicalement, déjà, elle nous surprend par des sortes de mélopées qu’elle chante avec une voix cassée quet déprimée. On sent la rupture de quelque chose chez elle. Des bruits courent sur les turbulences de sa vie privée mais bon, ne cherchons pas à nous y immiscer.
On est loin de la Zazie mutine, pleine d’énergie, de joie de vivre, d’humour, on découvre une Zazie désenchantée, triste, qui nous chante des chansons lourdes qu’elle envoie à froid.
Les textes restent très forts mais ils manquent d’un certain recul et d’un peu d’optimisme.
C’est vrai que l’air du temps ne s’y prête pas et que sa chanson « I love you all », chanson qui fait écho aux événements de ces derniers jours est assez prémonitoire puisque écrite avant ceux-ci pour « Charlie »
Le CD s’ouvre par « Encore heureux » qui n’est pas d’une gaieté folle et se clôt par « Adieu tristesse », ritournelle entêtante, peut-être la seule qui ressort de ce disque uniforme, avec un semblant d’espoir… mais sans trop de conviction.
A noter par contre une pochette fort originale et très soignée. Comme c’est souvent le cas chez Zazie.

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CORSU « Mezu mezu » (Sony Music)
Si, en cette fin d’année, il ne fallait acheter qu’un seul disque, ce serait celui-là.
C’est le rêve d’un Corse : Patrick Fiori qui aime son île de toutes ses forces, qui y est ancré et qui, depuis longtemps, rêvait de ce disque mêlant îliens et métropolitains. Voilà qui est fait et le titre parle de lui-même : moitié moitié.
D’un côté des Corses comme Petru Santu Guelfucci, Antoine Ciosi, Francine Massiani, Surghjenti, A Filetta et quelques autres dont ces magnifiques chœurs corses.
Fiori et Jenifer qui, eux, font le pont entre île et métropole puisque Corses eux-mêmes.
Et puis des invités méditerranéens comme Chico et les Gypsies, Enrico Macias et enfin les voix de Maurane, Claire Keim, Benebar, Bruel bien sûr, le Forestie, Fugain, le Corse de coeur et la belle voix grave de Grand Corps Malade.
« Corsica » ouvre le bal avec Fiori et Bruel et les Chœurs Corses et déjà, vous avez le frisson.
Un frisson que l’on gardera jusqu’à la fin de ces 24 chansons, pas moins, qui chantent, qui glorifient cette Ile de Beauté qui a su garder ses racines; qui nous offre ces voix venues du fin fond de la terre et qui s’élancent pour nous dire que la Corse est un vrai peuple, un peuple vrai, profond., qui chante le pays, l’amour de la terre, les espoirs et les désespoirs, l’amour d’une mère, d’une femme, d’un enfant…
Même si l’on ne parle pas la langue, Antoine Ciosi est là pour nous raconter chaque chanson et l’on se laisse emporter dans la ferveur de ces chants qui traversent les génération.
Frissons garantis d’un bout à l’autre du disque.

Michel LEGRAND & ses amis (Sony Music)
Michel Legrand éternel.
Ses mélodies ont fait le tour du monde et de décennies en décennies, ne prennent pas une ride.
La preuve est qu’elles continuent à être chantées, de génération en génération.
En voici la preuve avec ce nouvel opus où de belles voix le chantent. Et pour le chanter, il faut d’abord de belles voix et surtout savoir maîtriser la note car si les mélodies sont superbes, elles ne sont pas si faciles que ça à interpréter.
Démarrage grandiose avec « Un parfum de fin du monde », issu du film de Lelouch « Les uns et les autres », par celui qui est en ce moment incontournable : Vincent Niclo, qui s’était déjà attaqué à Legrand avec « Les parapluies de Cherbourg ». Magistrale interprétation.
L’aîné de ces chanteurs, Aznavour, se décide enfin à chanter Legrand et il a choisi l’une des plus belles chansons : « Les moulins de mon cœur » dans une version un peu arabisante, très réussie.. Parmi les plus réussies, Hélène Ségara interprète « La valse des lilas » avec beaucoup d’émotion. Elle en fait un superbe petit moment d’intimité avec sa voix de cristal. La plus réussie à mon goût est le duo Mario Pelchat-Claire Barlow qui interprètent « Et si demain ». Joli moment d’humour avec Laurent Gerra qui repend « Ca va ça va » à la façon de nombre d’artistes qu’il imite avec excellence. Autre moment de charme avec Brigitte qui, d’évidence, ont choisi le duo des « Sœurs jumelles » du film « Les demoiselles de Rochefort ». Christophe Willem reprend « On va chez toi ou chez moi », nouvelle et troisième version de cette chanson créée en français par Jean-Pierre Savelli en deux versions : « Un goût de soleil, de pomme et de miel » puis « Pas normal… trop sentimentale ». Chico & The Gypsies ont fait une superbe version de « Nous voyageons de ville en ville » tiré encore des « Demoiselles de Rochefort ». Dutronc fait « Alcatraz » à sa – belle – façon; , Maurane « L’adieu » moins connue mais également réussie. Reste Muriel Robin qui chante « Paris violon » avec quelques faussetés et Michel Legrand qui clot le CD avec « Quand tu reviendras », là aussi avec quelques difficultés.
Mais à part ça, c’est un très beau disque, un hommage mérité à l’un de nos plus grands musiciens (sinon chanteur !) du monde !
Un seul regret : que Nicole Croisille n’apparaisse pas sur ce disque alors qu’elle l’a souvent et tellement bien chanté.

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Joe DASSIN & les Chœurs de l’Armée Rouge (Sony Music)
Après qu’Hélène Ségara lui ait rendu hommage de belle façon, voici encore Joe Dassin à la Une et cette fois, le voici qui chante… avec les Chœurs de l’Armée Rouge !
Pari osé car il fallait penser associer les voix martiales de ces militaires russes avec la voix romantique de Joe Dassin.
Et bien, pari réussi en grande partie car, à part quelques chansons un peu limites par leur grandiloquence, la voix de Joe est comme un bijou qu’on aurait mis dans un bel écrin.
Et l’on se rend compte que, pour lui aussi, les belles chansons sont éternelles et de ces duos virtuels, ressortent quelques pépites comme « Dans les yeux d’Emilie », « Il était une fois nous deux », « A toi » dont la musique permet cette montée en puissance. et puis, pour le final Julien, son fils nous propose sa version des « Champs Elysées ».
Joe serait heureux devoir que les années passent et qu’il est toujours aussi présent parmi nous.

IL DIVO « Amor & pasion » (Sony Music)
Après la Corse, voyageons vers l’Espagne et l’Amérique du Sud avec ces chansons que nous offrent les quatre superbes voix qui forment le quatuor Il Divo.
Quatre voix venues de l’Opéra qui aiment prendre les chemins de traverses de la variété internationale.
Dans ce disque on retrouve des noms célèbres comme Carlos Gardel, Gloria Estefan, Julio Iglesias, pour ne citer que les plus célèbres dont ils empruntent les succès.
Des succès comme « Abrazame », « Volver »,  » Quizas, quizas », « Besame mucho », « Historia de un amor » qui prennent une nouvelle dimension grâce à quatre voix superbes et rares, bien enveloppées d’orchestrations qui en font des versions symphoniques.
C’est de la belle ouvrage même si tout cela date un peu et si on aimerait les entendre dans des chansons plus actuelles.
Par contre, leur espagnol est parafait !

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Patrick BRUEL : « Très souvent je pense à vous » (Sony Music)
Qu’allait-il faire dans cette galère ?
Barbara, comme Gréco, sont devenues des icônes intouchables.
Alors, même avec la meilleure volonté du monde, avec le talent le plus éprouvé et l’admiration et l’amour qu’il lui porte, Bruel a-t-il eu raison de faire cet album en hommage à la grande dame brune ?
Difficile d’oublier cette voix qui monte, claire et qui se casse, sa silhouette et cette personnalité éthérée, cette diction parfaite, cette indicible émotion qu’elle nous transmet.
Bruel, de sa voix éraillée, balbutie ces chansons et même avec toute l’émotion du monde, il ne me convainc pas.
Barbara est une personnalité hors du commun, qui de plus, raconte sa vie dans ses chansons. C’est du vécu, des chansons, des mots, des sentiments personnels d’une femme écorchée vive. Et avec la meilleure intention du monde, Bruel ne peut pas restituer tout cela.
Barbara reste Barbara et même lorsque Bruel tente de la chanter, elle est là, omniprésente.
Une chanson, pourquoi pas mais un album, était-ce nécessaire ?
Le point positif c’est qu’avec les fans de Bruel, nombreux et prêts à bénir tout ce qu’il chante, même si c’était le bottin, c’est que peut-être certains auront la curiosité de découvrir cette superbe artiste.

Jacqueline DULAC : 50 ans de chansons (Marianne Mélodie)
On la croyait perdue à tout jamais et voici que Jacqueline Dulac nous donne de ses nouvelles avec un superbe album de 24 chansons dont 4 inédites.
Aujourd’hui âgée de plus de 80 ans, on n’a pas oublié cette voix de velours qui nous faisait entrer de plain pied dans l’intimité des mots et des musiques qu’elle nous offrait.
Et, lorsque ce n’était pas elle ou sa complice Michelle Senlis qui les écrivaient, elle savait choisir ses auteurs et compositeurs.
Pêle-mêle : Francis Lai, Guy Bonnet, Jean Ferrat, Claude Delécluse, Serge Lebrail, Gérard Daguerre, qui fut l’accompagnateur de Barbara, Eddy Marnay…
C’est, ce que j’appelle la vraie, bonne et belle chanson Française.
Débutant presque en même temps que l’époque dite « yéyé », peut-être n’a-t-elle pas eu la vraie place qu’elle méritait, tout comme celle à qui l’on peut la comparer : Isabelle Aubret.
Malgré ce handicap, elle a su faire des succès avec « Lorsqu’on est heureux » de Delécluse et Lai, « Ceux de Varsovie » de Marnay et Adamis, la sublime « L’aube n’est pas qu’un cri » de Senlis et Dulac, « Les chevaux » de Senlis et Ferrat….
Sa voix caresse les chansons mais sait aussi se faire forte, puissante et c’est là tout son talent.
Un émouvant inédit : un superbe hommage à Barbara… mais là, une chanson qu’elle a écrite avec David Hadzis et Michel Bernard : « Le silence se fait ».
Et pour terminer, un duo inattendu avec Claude François et la jolie mélodie yiddish traduite par Vline Buggy « Donna, Donna »
Quel plaisir de retrouver cette belle artiste qui honore la Chanson Française.

Jacques Brachet

Opéra de Toulon : « Les Mousquetaires au couvent »

DIMANCHE 27 DÉCEMBRE 14H30 – MARDI 29 DÉCEMBRE 20H00 – JEUDI 31 DÉCEMBRE 20H00

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Opérette en trois actes de Louis Varney – Livret de Jules Prével et Paul Ferrier
Direction musicale Jean-Pierre Haeck – Mise en scène Jérôme Deschamps
Chorégraphie Glyslein Lefever – Décors Laurent Peduzzi
Costumes Vanessa Sannino – Lumières Marie-Christine Soma
Avec Laurence Guillod, Eléanore Pancrazi, Carole Meyer, Cécile Galois, Nicole Monestier, Sébastien Guèze, Marc Canturri, Frédéric Goncalves
Orchestre et chœur de l’Opéra de Toulon
Coproduction de l’Opéra de Toulon, l’Opéra Comique et de l’Opéra de Lausanne

L’action se passe en Touraine, sous le règne de Louis XIII
Pour servir la politique du Cardinal de Richelieu, les nièces du Gouverneur de Touraine, Marie et Louise, actuellement pensionnaires au Convent des Ursulines devront prendre le voile. Or Marie est amoureuse – amour partagé – de Gontran, officier des Mousquetaires du Roy de son état…

Les Mousqutaires au Couvent-2

Louis Varney, né en 1844 à La Nouvelle-Orléans, est un compositeur français spécialisé dans le registre de l’opérette.
Il est fils du chef d’orchestre, Alphonse Varney, qui dirigeait aux Bouffes-Parisiens et au Grand Théâtre de Bordeaux, ainsi qu’à La Nouvelle-Orléans, la saison d’opéra français, ce qui explique la naissance de Louis dans cette ville. Alphonse Varney fut également l’auteur de la musique du Chant des Girondins (parole d’Alexandre Dumas), hymne national français sous la Seconde République.
Louis Varney étudia avec son père et, comme lui, devint chef d’orchestre. Il commença à composer tout en dirigeant au petit Théâtre L’Athénée-Comique, où il réussit à faire produire avec succès une de ses compositions, Il Signor Pulcinella, en 1876. Louis Cantin, le directeur des Bouffes-Parisiens, lui propose alors de composer une opérette sur un livret de Paul Ferrier et Jules Prével, pris d’un vaudeville de St-Hilaire et Dupont, intitulé L’habit ne fait pas le Moine. Sous un nouveau titre Les Mousquetaires au Couvent, l’opérette est présentée aux Bouffes-Parisiens, le 16 mars 1880, et connaît un grand succès.
Varney continua à composer jusqu’en 1905, une quarantaine d’opérettes, toutes d’une grande élégance dans l’écriture vocale, et témoignant d’un sens du théâtre de bon goût, s’apparentant parfois plus à l’opéra-comique dont La Femme de Narcisse (1892), Les Forains (1894), La Belle Épicière (1895), Les Petites Barnett (1898)…
Il est mort en 1908. De toutes ses oeuvres, seule Les Mousquetaires au Couvent, s’est maintenue au répertoire.

TOULON – Bibliothèque centrale
Lecture théâtre de la compagnie du « Bruit des Hommes »

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La compagnie « Le Bruit des Hommes » présentait sa lecture-théâtre, c’est à dire une lecture mise en scène et jouée, intitulée « Les amours de la muse et de l’homme plume », à propos des lettres échangées entre Gustave Flaubert et Louise Colet.

Louise Colet naquit Révoli de Servannes à Aix en Provence en 1810 et mourut à Paris en 1876. Elle est connue d’abord par un scandale : En 1840 le journaliste Alphonse Karr révèle sa liaison adultère ; elle lui plante un couteau de cuisine dans le dos ; il s’en tire avec une égratignure et ne porte pas plainte. On voit là une femme de caractère ! Et dans ses écrits on peut y voir un engagement féministe. Elle sera plusieurs fois distinguée par des prix littéraires dont le Prix de l’Académie française pour « Le musée de Versailles » en 1839. Sa poésie est très datée, marquée bien sûr par le romantisme, et quelque peu ampoulée ; c’est une excellente versificatrice.
De nos jours elle est surtout connue pour son histoire d’amour avec Gustave Flaubert qu’elle rencontre chez le sculpteur Pradier, pour qui elle pose comme modèle. Elle était, paraît-il, très belle. S’ensuit un amour fou, absolu, qui va les dévorer. Elle sera un temps la muse de Flaubert. Elle était femme volage, comme on disait à l’époque; après Flaubert elle aura pas mal d’amants, et parmi les plus célèbres, Alfred de Vigny, Alfred de Musset, Victor Hugo, Abel Villemain; on reste dans la littérature !
A leur rencontre en 1846, Flaubert a 25 ans. A la mort de ses parents, ayant hérité d’une belle fortune, il quitte Paris et s’installe dans la maison familiale au Croisset en Normandie, où il commence à écrire « L’Education sentimentale ». D’où cette correspondance car Louise est à Paris.
Leur liaison va durer environ 10 ans puisque la dernière lettre, celle de la rupture définitive, date du 6 mars 1855.

C B

La compagnie « Le Bruit des Hommes » a donc judicieusement monté une lecture théâtre sur cette correspondance d’après « Louise et Gustave » de Philippe Jussiaux. Les lettres de Flaubert sont restées à la postérité mais la correspondance de Louise Colet a disparu, exceptés quelques fragments et trois lettres. Philipe Jussiaux reconstitue ces lettres disparues. Disons tout de suite qu’elles semblent réellement être de la plume de Louise Colet. Yves Borrini en a assuré la dramaturgie et la mise en espace.
Maryse Courbet et Yves Borrini s’emparent de cette correspondance avec un tel engagement, tant physique qu’intellectuel et sentimental, qu’on croit être en présence des deux écrivains.
La scène se passe au milieu des livres de la bibliothèque. D’un côté une sorte de bureau éclairé par des sculptures lumineuses d’ Ivan Mathis, de l’autre une chaise sur une sorte de podium, éclairée de la même façon. Pendant la première partie Maryse Courbet sur son podium lit des lettres aussi bien de Louise Colet que de Flaubert, les mettant dans un sac de cuir, aussitôt lues. Puis Yves Borrini prend le relai. Ensuite les lettres se répondront face à face, nous donnant ainsi à vivre cette passion, cet échange tumultueux. Yves utilisera le lieu, s’y déplaçant. Puis les personnages redeviendront assez statiques pour les lettres de la rupture. Ajoutons un travail de sons évocateurs mais très discret de Zidane Boussouf.

Le choix des missives est chronologique. Défilent l’échange des sentiments, l’érotisme, voire une certaine tendresse de la part de Louise, mais aussi les soucis d’écriture, l’angoisse de ne pas arriver à écrire ce qu’on veut, la peur de l’échec, du mauvais texte, de la critique, mais aussi la position de la femme (Maryse lira un poème de Louise Colet très révélateur), la politique, et puis la fin de l’amour du côté de Flaubert, la souffrance de Louise, et finalement la rupture, la dernière lettre.
Au fond on assiste à une véritable pièce de théâtre. Et à la toute fin du spectacle, belle idée des protagonistes : donner à quelques spectateurs un carton sur lequel est écrit une fin de lettre, pour que chacun la lise à tour de rôle, afin d’entrer un peu plus intimement dans la vie de ce couple littéraire, et surtout de rester dans l’histoire d’amour, sachant que Flaubert fut certainement le seul vrai et grand amour de Louise.

Serge Baudot