Archives mensuelles : juillet 2015

Lectures pour l’été

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ROMANS
Isabelle AUTISSIER : Soudain, seuls ( Ed Stock)

Un couple de trentenaires, elle alpiniste chevronnée et lui marin aguerri, décident de vivre une aventure exceptionnelle Départ à la voile de Cherbourg sur le Jason pour les Canaries, les Antilles, le Brésil, l’Argentine jusqu’aux cinquantièmes sud. Après quelques mois idylliques ces nouveaux argonautes sont attirés par une île déserte australe, ancienne base baleinière entourée d’icebergs et devenue réserve naturelle. Dès lors tout bascule, une tempête les surprend et leur voilier disparaît. Ils se retrouvent « soudain, seuls », sans contact avec l’extérieur et désormais réduits à leurs seules forces. La lutte pour la vie ou plutôt la survie va les révéler à eux-mêmes.
Survivront-ils ? Leur couple tiendra t-il le choc ? Et s’il y avait un retour possible comment le vivre ?
Ce roman très bien écrit tient le lecteur en haleine. De nombreuses questions se posent : comment survivre dans un univers hostile ? Le couple peut-il résister à pareille situation ? Mais au-delà de l’histoire de ces nouveaux Robinsons, Isabelle Autissier veut nous rappeler que notre société confortable nous a fait oublier « que la bonne santé de la nature est la donnée de bases de toute humanité »
Or, comme nous, face à cette nature sauvage, Louise et Ludovic « n’ont plus les codes ».
Enfin c’’est aussi un roman d’apprentissage : l’héroïne baptisée « la petite » par ses parents va évoluer, découvrir au fond d’elle-même ce qu’elle est vraiment et s’accepter. En un mot, grandir.
En résumé des personnages attachants, des interrogations sur notre rapport à la nature, une réflexion sur notre part obscure en font un excellent roman qui se lit d’une traite.

Grégoire DELACOURT : Les quatre saisons de l’amour (Ed J.C.Lattès)
Comment raconter des histoires d’amour sans paraitre mièvre ? C’est le pari gagné du roman de Grégoire Delacourt sous ce titre d’une grande banalité.
Nous sommes au Touquet, sur la plage, au cours de l’été 1999 alors que Nostradamus a annoncé la fin du monde. On écoute « Hors saison » de Francis Cabrel et on rêve d’aimer pour toujours.
Quatre couples, aux quatre âges de la vie, quinze, trente-cinq, cinquante-cinq, et soixante-quinze ans, sans jamais se rencontrer, vont vivre une histoire d’amour dans laquelle chacun déterminera le destin des autres.
Roman choral donc, construit autour d’une unité de temps et de lieu.
De cette construction savante jailliront les questions que nous nous posons sur les rencontres, ce que nous en faisons ainsi que sur les hasards de nos destinées.
A chaque âge de la vie, Grégoire Delacourt examine et décortique le sentiment amoureux avec justesse et délicatesse. Dans l’ordre, avec ses personnages, il nous fait revivre les chagrins, les déceptions, les lassitudes et les renaissances.
En amour, toutes les étapes sont possibles. Il laisse la part belle au langage des fleurs, ces fleurs que l’on choisit pour qu’elles parlent à notre place.
L’auscultation est brillante, l’écriture belle, les mots justes et efficaces; le roman nous touche par son humanité et son harmonie avec l’environnement et l’époque choisis.
Encore une réussite !

Ron RASH : Incandescences (Ed Seuil)
Traduction : Isabelle Reinhard.
Particulièrement à l’aise dans l’écriture de ces douze nouvelles, Ron Rash nous livre ici une formidable vision d’un des états les plus pauvres des États Unis d’Amérique : la Caroline du Sud.
Conçu en deux parties égales, le recueil raconte d’abord les gestes de survie et la solitude désespérante ainsi que les exigences morales des habitants de cet état, puis il relate ce qui subsiste de cet esprit confronté au monde actuel. Que reste-t-il du sens de la famille, de la pugnacité au travail, de la compassion, de l’orgueil et la dignité des hommes ?
Les histoires rapportées sont celles d’un pays de neige et d’hiver, les Appalaches.
Que les personnages surgissent de la guerre de sécession, qu’ils soient préteurs sur gage, rescapés de la guerre du Pacifique, consommateurs de Galax, simples paysans ou porteurs de superstitions, tous sont ancrés dans leur terroir à l’écoute du monde végétal ; ils véhiculent mythes et croyances.
Les tranches de vie qui nous sont proposées reflètent la misère et le désespoir rural. Le texte est incisif, l’humour noir. La violence y est de règle, banalisée par la pauvreté. La contrée est imperméable au progrès, la modernité n’a fait qu’accentuer le délitement des valeurs morales.
Une écriture touchante, une lecture fascinante, celle d’une Amérique aux décors sauvages, loin des poncifs du capitalisme, où seules les lumières d’un poêle à gaz, d’une cigarette, ou des phares de voiture sont « Incandescences ».
Un auteur à suivre résolument !

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BIOS
Helmut BERGER : Autoportrait (Ed Séguier)

C’est un artiste hors du commun, aussi célèbre pour sa beauté que pour son talent et ses frasques.
Car si l’artiste a joué avec les plus grands avec un talent indéniable, il était plus connu pour le personnage sulfureux qu’il représentait et la vie dissolue qu’il menait entre sexe de tous bords, drogue, rock’n roll…
Que pouvait-on attendre de cet autoportrait ? Une bio cinématographique riche évidemment mais en fait, s’il parcourt sa carrière, ou plutôt la survole, il est surtout question de ses histoires de fesses, du fric qu’il a dépensé à foison, des maisons qu’il a décorées comme un château, de ragots de coulisses car tous « ses amis » y passent !
Il a pu s’offrir ce qu’il y a de plus cher, c’est tout juste s’il nous en donne pas les prix exorbitants, il nous parle de son histoire d’amour avec Lucchino Visconti qu’il a trompé mille fois avec un mépris éhonté et nous apprend même l’affrontement entre lui et Delon pour avoir les faveurs du maître.
Ce n’est qu’un tissu d’histoires aussi superficielles qu’ambiguës et malsaines, car il a tout essayé, étant « jusqu’auboutiste » et n’épargne personne, même pas ses amis et amies.
Grand acteur à la beauté du Diable (et le Diable ne s’habille pas qu’en Prada ! ), personnage trouble, il est à la fois mégalo, égocentrique, suffisant. pervers et d’un certain côté pathétique car cette vie découle d’une enfance malmenée.
Sera-t-il « damné » pour ça, nul ne peut le dire mais il est difficile d’aller jusqu’au bout de cet étalement d’une vie à la fois décadente et flamboyante.
On aurait préféré en savoir un peu plus sur son métier, sa carrière plutôt que sur ses rapports sexuels qui ne regardent que lui.

Michel DELPECH : Vivre (Ed Plon)
Alors que Michel Drucker a annoncé la fin prochaine de ce magnifique chanteur qu’est Michel Delpech, celui-ci nous offre un livre à la fois sombre et lumineux, pour nous parler de sa récidive, du cancer qui le ronge et le fait souffrir mais qu’il espère toujours vaincre.
Michel est passé dans sa vie, des plus grands succès aux plus grandes turpitudes.
Il a su tout vaincre mais le cancer peu à peu l’a rattrapé et de plus, quoi de plus injuste pour un chanteur que d’être atteint dans un organe indispensable pour chanter : la langue.
Je l’avais vu lors de la dernière tournée « Age Tendre » alors que le premier cancer s’annonçait, ce que personne ne savait. Mais il voulait l’oublier, continuer à faire ce pour quoi il vivait : chanter, être devant un public.
La religion l’a beaucoup aidé et d’ailleurs continue de l’aider malgré ce qui semble aujourd’hui inexorable. Il prie, il espère, il souffre avec un courage formidable et nous raconte cette vie loin des projecteurs, dans une chambre d’hôpital où chaque jour nouveau est un jour de gagné, un jour d’espoir.
On ne peut s’empêcher, en le lisant, d’avoir une grande émotion monter en nous et on aimerait l’aider, le soutenir, malgré cette force qu’il a en lui pour lutter et espérer.
C’est un magnifique et poignant témoignage et l’on ne peut être que de tout cœur avec lui dans ce combat qui pourrait être le dernier.

Ingrid CHAUVIN : A cœur ouvert (Plon)
En ce moment, les témoignages ne sont pas d’une gaîté folle puisque la belle Ingrid Chauvin nous fait partager le chemin de croix qu’elle a vécu avec son mari, autour de sa petite Jade qui a disparu comme on le sait.
Quoi de pire que de perdre un enfant ? On ne s’en remet jamais et Ingrid veut faire revivre sa petite fille par ce livre qui est un témoignage on ne peut plus poignant du combat qu’ils ont mené jusqu’au bout pour préserver et sauver leur enfant.
C’est dur, très dur à lire mais là encore, c’est une grande et belle leçon de courage qui peut être aussi pour elle une façon de pouvoir évacuer cette immense peine qu’elle porte en elle.
On suit jour après jour tout ce que ce couple a pu vivre, passant de l’espoir au désespoir, de la joie au plus profond désarroi car devant la maladie, on ne peut qu’espérer.
Très vite elle a repris son travail comme une thérapie mais on imagine mal comment elle a pu donner cette énergie dans une comédie en vivant un drame intime.
Ce livre est bouleversant et quand on aime la comédienne, on ne peut qu’aimer encore plus et admirer la femme, la mère, blessée à tout jamais dans sa chair et son cœur.
Puisse la vie lui offrir la chance d’une autre maternité qui pourrait quelque peu apaiser cette immense douleur.

Francis CABREL sept ans après… Le temps qui passe….

Comme chaque album de Cabrel, c’est toujours une bonne et belle surprise et surtout une surprise que l’on goûte d’autant plus qu’elle est une denrée rare.
Sept ans…
Sept ans de réflexion pour faire en quelque sorte le bilan d’une vie lorsqu’on atteint la soixantaine. Le bonheur, les malheurs, le temps qui passe, les enfants qui s’en vont, le monde qui se dérègle et l’amour.
L’amour plus fort que tout, qui vous réconcilie avec la vie.
C’est un disque à la fois nostalgique et optimiste. Le disque d’un homme qui réfléchit sur la vie, sur sa vie et sur le monde.
Il y a beaucoup d’humanité dans ce disque proposé par cette « force tranquille » qu’est Cabrel et le rencontrer renforce l’idée que Cabrel est une belle âme.

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Francis, comment avez-vous concocté cet album ? Y avait-il une idée directrice ?
Non car je vis au jour le jour et même si j’aime les albums qui suivent une certaine route, ce n’est pas le cas pour moi. Je travaille à l’emporte pièces ! Une idée après l’autre et entre les deux il y a un espace temps. Je travaille donc sur des idées, des sujets divers sans rapport l’un avec l’autre.
Cet album, l’avez-vous écrit avant ou après celui de Dylan ?
Je l’ai écrit en deux fois: six chansons avant, six chansons après. J’ai dû m’arrêter pour Dylan puis j’ai enchaîné avec « Le soldat rose ». Et je me suis remis à l’album.
S’il n’y a pas vraiment de fil conducteur, le disque est marqué par deux personnalités : le Christ et Mandela…
Je pense que Mandela, toutes proportions gardées, est un nouveau Christ car, comme lui, il a eu une vie horrible et n’en a pas tiré rancune, au contraire. Il y avait une grande bonté qui émanait d’eux. Je me suis aussi rendu compte que chacun avait eu deux vies. Ils nous ont aussi tous deux donné une belle leçon d’humanité.
« Dur comme fer » parle d’arnaque à la séduction. A qui pensez-vous ?
Au hommes politiques entre autres qui promettent dans les hautes sphères mais qui, une fois élus, papillonnent plus dans les médias que de faire ce pourquoi ils ont été élus !
« A chaque amour que nous ferons » est une belle chanson d’amour. Est-ce que vous parlez aussi bien d’amour que vous le chantez ?
Ah non, Je le chante plus facilement que je n’en parle dans la vie ! Ce sont des choses que je ne dis jamais dans la vie, dans les yeux. Un excès de pudeur, de timidité peut-être. Je me réserve pour la parole chantée car dans la chanson… j’ose !
Lorsque vous écrivez, vous arrive-t-il de retrouver des chemins déjà pris ?
Mon principe N°1 est justement d’éviter les sentiers sur lesquels je me suis déjà promené. J’essaie toujours de ne plus réécrire ce que j’ai déjà écrit. Où alors, je prends l’idée sous un angle nouveau.
Vous affirmez dans « Partir pour rester » que « le seul remède c’est l’amour »…
Et j’en suis sûr. Je pense que l’amour est plus fort que le temps qui passe et j’avais envie de le dire alors que j’ai largement soixante ans et que je sais de quoi je parle.
« Les tours gratuits » est une chanson assez mélancolique sur les rapports père-fille..
Faire des enfants, c’est formidable mais un jour vient où ils partent et c’est un déchirement. Sans eux, la maison semble vide, mais c’est a vie et on ne peut y échapper. Alors bien sûr, ce ne peut être que mélancolique, même si j’ai essayé d’en faire quelque chose de léger.

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Mélancolique et léger… Voici une belle définition de cet album intitulé « In extremis » (Sony Music), qui nous offre un Cabrel qui mûrit bien et qui, avec le temps, se bonifie et reste l’un des grands de la chanson française.

Jacques Brachet

NOS FUTURS… Un film plein de nostalgie

Yann (Pierre Rochefort) et Thomas (Pio Marmaï) sont deux amis d’enfance qui se sont perdus de vue.
A la trentaine, Yann a repris l’entreprise de son père, une vie bien rangée, bien ordinaire… Il a vieilli trop vite. Thomas, employé chez Mc Do, est resté à l’âge de l’adolescence, entouré de ses souvenirs dans lesquels il baigne toujours.
Les retrouvailles sont un choc pour tous les deux, chacun voulant faire changer l’autre. Et pour se débarrasser de cette nostalgie qui leur colle à la peau, ils décident de refaire une boum comme du temps de leur adolescence, en réunissant tous « les copains d’avant ».
Les voici partis pour un road movie, retrouvant chacun de leurs copains, allant de surprises en déceptions, chacun étant parti dans des vies différentes….
Si l’on ne guérit pas de son enfance, chante Jean Ferrat, on ne peut pas plus revenir sur son adolescence.
Rémi Bezançon, après nous avoir charmés avec « Le premier jour du reste de ma vie », nous émeut avec ce film tendre et drôle, entre rêve et réalité, à travers des souvenirs d’ado embellis par le temps et auxquels il est quelquefois dangereux de s’accrocher et de vouloir les faire revivre.
Nos deux potes sont superbes, Pierre Rochefort tout en nuances, en regrets refoulés car il parle trop peu, Pio Marmaï en éternel ado qui, lui, parle trop pour mieux se noyer dans ses souvenir et ne pas affronter le présent. Les deux comédiens sont superbes et en totale osmose.
Un beau sujet dans lequel chacun de nous, à des degrés différents, peut se retrouver avec le plaisir de retrouver aussi la lumineuse Mélanie Bernier qui nous avait charmés dans le film de Clovis Cornillac « Un peu, beaucoup, aveuglément ».
Un tendre, un joli moment de cinéma sur les écrans le 22 juillet.

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Rencontre à Toulon avec le réalisateur et ses deux comédiens.
« Difficile de parler de l’idée de départ – nous confie Rémi Bezançon – car tout est dans la fin du film et je ne veux pas la dévoiler. Mais c’est aussi un film sur la découverte de l’amitié, l’amitié la plus pure, les souvenirs des premières fois,
Rémi, comment avez-vous choisi les comédiens ?
Pio, c’était une évidence car je le connaissais, nous avons déjà travaillé ensemble et j’ai aussitôt pensé à lui. Pierre, c’est parce que je l’ai découvert dans le film de sa mère, Nicole Garcia « Un beau dimanche ». J’ai aussitôt pensé qu’avec Pio, il y aurait une cohérence et dès la rencontre, à la lecture du scénario, j’ai senti cette harmonie que je cherchais entre les deux garçons et je savais que ça fonctionnerait.
Et le choix des jeunes comédiens qui jouent Thomas et Yann enfants ?
Lorsque j’ai eu mon duo de comédiens, j’ai fait un casting pour les enfants. Je les voulais les prus proches de Pio et Pierre et je crois avoir, là aussi, trouvé le duo idéal.
– C’est incroyable – ajoute Pio – il a même ajouté au gamin le grain de beauté que j’ai sur la joue… Fallit le faire !
Y a-t-il des souvenirs d’adolescence ?
Bien évidemment, comme celui du beau gosse qui vous pique toutes les filles… Ca, c’est du vécu ! Mais il y a toujours une revanche car ce ne sont pas souvent les beaux gosses qui vieillissent le mieux ! Et le type banal, lui, finalement, vieillit mieux !
Ceci dit, il y a aussi du vécu des deux comédiens car nous sommes tous obligatoirement passés par ce stade de l’adolescence.
C’est aussi l’histoire d’une amitié fusionnelle, une amitié de collège qui a perduré et je pense que ces amitiés-là sont plus fortes que tout lorsqu’on peut les garder !
L’amitié, c’est plus fort que l’amour.
Pierre, comment s’immisce-t-on dans un duo déjà formé ?
Je me suis au départ posé la question: comment entrer dans une complicité, un vécu que moi, je n’avais pas ?
Finalement, tout c’est fait en douceur, le plus naturellement du monde. Rémi a été très bienveillant, il a tout fait pour nous rapprocher, nous a conseillés de nous rencontrer pour mieux nous connaître et avec Pio ça a très vite collé entre nous. Il y a eu, sinon une amitié immédiate, du moins une belle complicité.
Ça a été un beau moment de comédien et de vie.

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Ce film, c’est un peu la réunion des « Césarisés » !
Vous voulez dire : des losers césarisés – coupe Pio – car si l’on a tous été nommés, aucun n’a eu de César.
Et quant à moi, à dix ans d’intervalle, j’ai été nommé comme meilleur espoir masculin !
Par contre, je trouve qu’à chaque film, vous avez une nouvelle tête !
C’est voulu car dans le cinéma français, très vite on vous étiquette. Aussi, depuis le début j’essaie de trouver des films différents, passer du drame à la comédie, trouver des rôles opposés et varier les plaisirs en passant du théâtre au cinéma.
C’est quelquefois difficile, le chemin est rude mais il n’y a qu’en faisant ça qu’on peut y avancer.
Rémi, pourquoi avoir choisi de tourner la fin du film sur l’île du Levant ?
J’ai triché car en fait, nous n’avons pas le droit d’y tourner. Donc ça a été à Porquerolles car, enfant, j’y venais souvent avec mes parents et j’y ai de beaux souvenirs.
La scène finale a été tournée à la Londe car je voulais à la fois la mer, le sable et les arbres… Et il y a de tellement belles plages dans cette région !

Propos recueillis par Jacques Brachet

La Nacelle visite le Var

A
B C

« Ça c’est Palace »
Adaptation de la série télévisée « Palace »
– vendredi 24 juillet à 21h: Fort Balaguier – 924 corniche Bonaparte – la Seyne/Mer
tarif: 12 euros – réservations: 06 87 29 60 68 ou au Musée Balaguier
– samedi 25 juillet à 21h: Domaine de la Pességuière à Rocbaron
tarif: 12 euros – réservations: 06 87 29 60 68 ou au domaine de la Pességuière

« Retour au cabaret »
Création de La Nacelle Théâtre – une suite à notre « petit cabaret »
– samedi 11 juillet à 21h: place Rouget de l’Isle à Collobrières
tarif: 7 euros – réservations: 06 87 29 60 68 ou sur place le soir du spectacle

L’été à Cannes : le Festival des Arts

LaCastreDe juin à fin août, Cannes se transforme en une immense scène qui accueillera 10 festivals, 12 expositions, 25 animations, 7 visites thématiques guidées. Tout ceci animera la Terrasse du Palais des Festivals et des Congrès, centre de toutes les attentions musicales de l’été, à la Villa Domergue, mais aussi sur les plages de la Croisette, au Suquet, sur l’Ile Sainte-Marguerite, à La Bocca… Les 10èmes Plages électroniques et le Festival Pantiero, le Jazz à Domergue, des événements autour du cinéma avec notamment le Musée Ephémère et des concerts classiques avec le quarantième anniversaire des Nuits Musicales du Suquet. La tradition provençale sera mise à l’honneur au travers de joutes et de fêtes patronales. De nombreuses animations, contes, feux d’artifice, cinéma en plein air, balades au gré de nombreuses expositions ou de marchés artisanaux nocturnes.
Coup d’envoi pour les plages électroniques 17 juillet, 8 et 9 août sur la Terrasse du palais des festivals et des congrès.
C’est la dixième édition de ce rendez-vous musical très attendu par les fans. Vendredi 17 juillet les plus belles pointures Deep House du moment, notamment le duo new-yorkais Martinez Brothers et samedi 8 et dimanche 9 août, avec une seconde scène sur la Terrasse du Palais des Festivals. Pendant deux jours, l’ambiance sera hypnotique et groovy grâce à la présence d’artistes majeurs : le producteur niçois The Avener, qui cartonne avec le titre Fade Out Lines, le DJ allemand Loco Dice, réputé depuis plus de vingt ans pour la spontanéité de ses prestations scéniques, Joris Delacoix, le futur petit prince français des dance floors, les deux duos italiens Tale of Us et Mind Against, Paul Ritch et sa deep techno unique, la troupe El Row, after barcelonais légendaire et son ambiance fantasque, le mystérieux Claptone et son masque vénitien…
Autre rendez-vous, celui du Festival Pantiero les 25, 26 juillet et 16 août.
En 2015, le Festival Pantiero se partage entre juillet et août afin de satisfaire un public plus large… Pantiero fait cette année la part belle à la culture pop avec quelques-unes des artistes féminines les plus en vue en France : The Do , Yelle et Christine & The Queens. Du côté des garçons Dream Koala et son électro soul viendront animer la terrasse Riviera le 16 août en compagnie de Superpoze (Photo 1), une des plus belles surprises de l’année avec son magnifique premier album Opening, et enfin Fakear le producteur électro français.
Autre ambiance, avec la Fiesta Flamenca 30 et 31 juillet.
Cette quatrième édition de la « Fiesta Flamenca » inaugure cette année La Terrasse du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes. Pour ouvrir les festivités, carte blanche à Juan Carmona qui invitera dans son nouveau spectacle des artistes de renom : une étoile montante de la danse flamenco en invité surprise et Manolo & ses Gitans, qui feront danser le public avec leurs rumbas catalanes. Pour la deuxième soirée, la danseuse Olga Pericet présentera sa création « De una pieza » inspirée du concept qui nourrit l’art traditionnel du casse-tête chinois, le Tangram. Grand prix de la critique du Festival de Jerez, la Mecque du flamenco, Olga Pericet, est une des artistes les plus innovantes de la scène flamenca.
Ces deux jours de fête seront également rythmés au son des sévillanes avec l’Association Pimienta Flamenco, qui invitera le public à partager cette danse traditionnelle.

Superpoze (c) Nathanne LE CORRE Monkey_Safari

En août nous retrouvons la compétition internationale de breakdance Break The Floor Summer le 6 août sur la Terrasse du Palais des Festivals transformée pour l’occasion en dancefloor.
Cannes accueille d’autres cultures. Le Festival d’Art Chinois du 1er au 7 juillet avec l’Orchestre et l’Ensemble de danse traditionnelle du Julin, Opéra de Sichuan et une grande exposition mettant à l’honneur la finesse de l’art chinois. La culture chinoise, kazakh et russe s’exporte et propose à Cannes un florilège de spectacles. La démonstration de leurs talents artistiques s’exposera au public en quête de nouveautés, de découvertes et de surprises.
Les Journées culturelles du Kazakhstan, du 8 au 11 juillet .
Le Kazakhstan présente pour la première fois à Cannes le meilleur de sa culture musicale, avec l’ensemble folklorique « Sazgen Sazy » ou encore l’orchestre symphonique d’Amalty.
Enfin, le FESTIFestival de l’Art Russedu 23 au 27 août clôturera la saison cannoise en accueillant pour sa 18e édition, du 23 au 27 août, l’ensemble National de Danse « Alan » d’Ossétie du Nord-Alanie, le Théâtre de Marionnettes de Khakassie, les solistes de l’Académie des jeunes chanteurs du théâtre de Mariinski, le Nouveau Ballet du Théâtre de Moscou, la Nuit Russe, la journée cinéma, exposition…
Enfin, la jeunesse russe s’illustrera également du 19 au 23 août, au cours du Festival du Jeune Art Russe. Une pluralité d’expressions artistiques élaborées dans le cadre de l’Année de la Culture de la Fédération de Russie.
En juillet et août, la baie de Cannes accueille le mythique Festival d’Art Pyrotechnique 14, 21, 29 juillet et 7, 15, 24 août. Chaque été, Cannes accueille dans sa baie, l’un des plus prestigieux Festival d’Art Pyrotechnique du monde ou s’affronteront des firmes venues d’Azerbaïdjan, de Pologne, d’Argentine, d’Angleterre et de France, en lice pour la Vestale d’Argent. Très prisé par le public avec 150 000 spectateurs chaque soir, ce Festival connait également une renommée retentissante chez les artificiers. Etre vainqueur à Cannes c’est l’assurance d’une reconnaissance professionnelle. Le Festival 2015 sera présidé par Chris Marquez, danseur, chorégraphe, remarqué lors de l’émission Danse avec les Stars.
Autre rendez-vous incontournable, Les Nuits Musicales du Suquet du 18 au 23 juillet 2015 qui fêtent leur 40e anniversaire.
Les Nuits Musicales du Suquet installées depuis 40 ans au sommet du centre historique de Cannes célèbre du 18 au 23 juillet, la musique classique sous toutes ses formes où mélomanes et artistes de renoms se donnent rendez-vous. Le rideau se lèvera sur le Florilegium de Londres avec une Nuit Blanche sur la Place de la Castre. La programmation s’articulera ensuite autour de grands virtuoses tels Laurent Korcia, Julia Siciliano, François-René Duchâble, Sophie Marin-Degor, Vadim Repin, Alexandre Kniazev, Andreï Korobeinikov portés notamment par l’Orchestre de Cannes Provence Alpes Côte d’Azur. Les passerelles du classique au moderne seront l’apanage des trois concerts de 19h avec de la Tarentelle par un Mascarimiri dévastateur, de la musique « médiévalo-provençale » avec le groupe de Jacques Coquelin et un authentique groupe de rock progressif composé de cannois au talent et à la maîtrise impressionnants.

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La villa Domergue deviendra jazz du du 2 au 5 août
La Villa bâtie dans les années 30 par deux artistes d’exception, a conservé son âme dédiée à la musique, aux arts et à la fête. Son jardin luxuriant abrite chaque été ce festival très apprécié des amateurs de jazz et recevra cette année deux très belles voix féminines, Champian Fulton et Tricia Evy. Deux autres formations mettront à l’honneur le talentueux Richard Manetti et le jeune prodige Thomas Enhco qui à l’âge de 25 ans affiche déjà 15 ans de carrière.
Du côté des expositions, l’espace Miramar proposel’ l’exposition Erick du 26 juin au 30 août. l’Espace Miramar accueillent les clichés américains que le photographe et cinéaste Erick Ifergan puise lors de ses tournages au cœur de la nuit à Los Angeles. Loin des paillettes, ces portraits pris au détour des rues de la ville font l’effet d’un coup de poing.
Non loin de là, au centre d’art de la Malmaison L’exposition Alberto Magnelli du 26 juin au 25 octobre intitulée La Méditerranée retrouvée » invite les visiteurs à découvrir l’oeuvre de cet autodidacte florentin à travers une rétrospective de près de 200 oeuvres puisées dans la collection de la Galerie Sapone à Nice. Ces peintures et dessins ouvrent la porte sur le travail de ce protagoniste qui inaugure, en son temps, les débuts de l’abstraction.
La villa Domergue accueille l’ exposition César  du 2 juillet au 27 septembre
Elle est composée de plus de cent œuvres inédites du sculpteur César (1921-1998) montrées pour la première fois en Europe (dessins, encres de chine, gouaches, collages, assemblages…). La seconde exposition prend place dans les jardins, à travers la présentation d’un ensemble de sculptures contemporaines rendant hommage à César et aux artistes ayant exposé à la Villa Domergue depuis son ouverture au public en 2000 : Stephan Szczesny, Arman, Erick Ifergan, César, Peter Thumm, Marc Piano, Franta, Moya…
Au musée de la mer, l’exposition Nils-Udodu 4 juillet au 20 septembre.
Les visiteurs pourront découvrir l’installation éphémère sur l’Île Sainte-Marguerite et les prises de vue au Musée de la Mer du célèbre artiste de land art et photographe, Nils-Udo. Il capte en fonction de l’heure du jour et des saisons la trace de ses interventions dans la nature avant qu’elles ne se perdent irrémédiablement. Nils-Udo dit « dessiner avec des fleurs. Peindre avec des nuages. Ecrire avec de l’eau. Enregistrer le vent de mai… ».
Musée éphémère du cinéma, du 11 juillet au 28 août
Événement incontournable de cet été à Cannes, le Musée Éphémère du Cinéma prendra place au Palais des Festivals et des Congrès, lieu mythique et symbolique du septième art. L’Usine de Film Amateur de Michel Gondry mettra à disposition du public des décors de studios, des accessoires et des costumes permettant aux visiteurs de réaliser un film d’une durée de trois heures par groupe de « cinéastes amateurs ». Au sein du Musée Ephémère du Cinéma se tiendra également une exposition temporaire de photographies de stars issue des fonds photographiques de la Ville de Cannes et de l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob. Les visiteurs découvriront aussi des affiches de cinéma d’époque et des empreintes de mains de stars jamais dévoilées au public. Un atelier permettra de réaliser ses propres empreintes de mains telles celles des célébrités scellées au pied des marches du Palais des Festivals et des Congrès.
Cet été, Cannes portera haut les couleurs du cinéma avec plusieurs évènements entièrement dédiés au 7ème art : le Musée Éphémère du Cinéma, mais également Ciné-quartier, Cannes fait le mur, les visites cinéma au sein de la ville, l’exposition César à la Villa Domergue, et l’exposition d’art contemporain d’Erick Ifergan.
Le Suquet des Arts, du 28 au 30 août
Organisé fin août, au coeur du quartier historique de la ville, le Suquet des Arts propose trois journées réservées à l’art sous toutes ses formes. Ce rendez-vous culturel permet de valoriser le travail des artistes cannois dans toute sa diversité : peinture, sculpture, art floral, théâtre, musique. Fort du succès de la première édition, Le Suquet des Arts débutera cette année dès le vendredi soir. De nouveaux espaces d’exposition et de concert, une projection de Ciné-Quartier, des performances artistiques étonnantes, un spectacle de marionnettes ainsi que de nombreuses animations pour petits et grands feront vivre intensément le quartier historique de Cannes et clôtureront l’été dans une ambiance festive et créative.

Davide ESPOSITO, l’Italien de France

Comme « Gigi l’Amoroso », Davide Esposito est napolitain.
Un Napolitain qui vit entre Italie et France, qui enregistre des disques en Italien mais propose des chansons à nombre de chanteurs français, aidé par quelques auteurs comme Plamondon, Lama, Miossek…
Les chanteurs qu’il a chanté sont tous des pointures, de Nolwenn Leroy à Hallyday en passant par Pagny, Pokora, Céline Dion, Hélène Ségara, Vincent Niclo, Grégory Lemarchal et plein d’autres.
En Italie il travaille aussi avec des pointures comme Lucio Battisti, Lucio Dalla, Pino Daniele… La crème italienne comme la crème française.
Davide, comme son comparse Cocciante, joue donc entre deux pays avec bonheur.
Comment est-il venu travailler en France ?

« Par hasard – me confie-t-il avec son bel accent – je bossais en Italie quand un producteur français m’a demandé si j’aimerais travailler pour des chanteurs français. Tout en précisant que je ne maîtrisais pas bien la langue française j’ai accepté de travailler avec des auteurs français. C’est ainsi que j’ai rencontré Plamondon, Miossec, Lama…
Les chansons que j’écris en Italien, je les garde pour moi ou pour des chanteurs italiens. En ce moment je travaille avec de jeunes chanteurs comme Anna-Lisa Scarrone, Giaggio Antonacci, Nina Zilli…
Vous sentez-vous plus auteur-compositeur ou chanteur ?
(Il rit). Pourquoi choisir ? J’aime créer des chansons mais j’aime tout autant me retrouver sur scène et chanter. C’est ce que je fais en Italie et ce que j’espère pouvoir faire en France. J’ai envie de suivre ces deux chemins.
Vous avez enregistré trois CD : « Amore eterno », « Un uomo », « Roma California » qui vient de sortir. Sont-ils sortis dans les deux pays ?
Les deux premiers, oui, le troisième n’est pour le moment sorti qu’en France. Le single que je chante avec Nina Zilli « Amore vero », version italienne de « Guilty » devrait bientôt sortir en Italie.
Alors que vous écrivez des chansons, pourquoi sortir des adaptations de chansons américaines ?
C’est un projet que j’ai depuis longtemps. Lorsque j’étais jeune, j’écoutais dans la voiture de mes parents, ces chansons californiennes. J’adore ce son unique, j’ai trouvé qu’il y avait un lien entre le son napolitain et j’ai eu envie de retrouver ces chansons qui ont bercé ma jeunesse, en les adaptant en Italien. »

B C

C’est ainsi qu’on retrouve les verisons de « Hotel California » devenu « Nell’hotel California », « Sognatore », la version de « Daydreamer », plus connue en France sous le titre de Claude François « Le mal aimé », « Sognando la California » qui n’est autre que « California dreaming », « Amore vero » qu’il chante en duo avec Nina Zilli qui est la version de « Guilty »….
Belles mélodies qui prennent évidemment une autre couleur en Italien. Mais il nous offre tout de même deux inédits : « Tu sei la ragione » et « Insieme », tout aussi réussis.
Sa voix est cassée comme seuls les Italiens en possèdent. Elle enveloppe superbement ces standadrs « italianisés » !

Davide, comment travaillez-vous avec ces artistes français ? Ce sont eux qui vous demandent ou c’est vous qui allez leur proposer des chansons ?
Ce sont les hasard de la vie, tout simplement. Par exemple, j’avais écrit une musique et mis des paroles « en yaourt » dessus. Miossek l’a entendu et a écrit un texte qu’il a proposé à Johnny. C’est devenu « Un nouveau jour ». J’ai un jour rencontré Nolwenn Leroy qui m’a demandé si je pouvais écrire une musique à consonances celtiques. Et c’est devenu « Juste pour me souvenir »… Ce sont ces rencontres qui me donnent des idées, qui m’inspirent.
Il y a aussi eu Grégory Lemarchal dont le producteur a entendu « Io so che tu » que je chante et qui m’a proposé de faire l’adaptation. « Ecris l’histoire » est devenu un énorme succès et ça a été une belle rencontre avec Gregory, hélas trop brève.
Vous avez également fait deux duos, l’un avec Julien Doré « Vi da te », l’autre, « Dolce vita », avec la sublime Claudia Cardinale… Ce n’est pas rien !
(Il rit) Claudia, ça a été une belle rencontre, encore due au hasard. Nous nous sommes rencontrés dans une soirée caritative. J’ai été très impressionné mais j’ai eu le courage de l’aborder. Elle est d’une grande simplicité et je lui ai proposé le texte de « Dolce vita ». Elle a très vite dit oui, nous sommes entrés en studio et la première prise a été la bonne ! Ca a été un moment plein de charme.
Ma rencontre avec Julien Doré s’est aussi faite par hasard dans un studio d’enregistrement. Le courant est aussitôt passé entre nous et nous avons décidé de bosser ensemble et de cette collaboration est née « Via da te » C’est tout simple. Tout est une question de feeling !

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Tout simple en effet et à chaque fois cela donne un succès. Succès qu’aujourd’hui Davide ne compte plus, tant il est demandé et fait mouche à chaque fois.
Car Davide sait très vite capter la personnalité, les envies des artistes. Et ça donne « The day we made God cry » sur le disque « Baryton » de Florent Pagny, « Sans attendre » pour Céline Dion, « La neige en été » pour Sylvie Vartan, « Ce que je suis » pour Vincent Niclo, avec la collaboration de Serge Lama, « Là où je pars » pour Emmanuel Moire et bien d’autres.

Vous avez commencé le piano très tôt. Quand s’est-on aperçu que vous aviez l’oreille absolue ?
(Rires) C’est ce qui se dit mais tout est relatif… Disons que j’ai « presque » l’oreille absolue !
J’ai commencé tout jeune à jouer sur l’orgue de ma grand mère. Il suffisait que j’entende une chanson une fois pour qu’aussitôt je la joue. Stupéfaite, ma mère a décidé de m’acheter un piano. C’est alors devenu très vite une passion. J’ai fait trois ans de piano classique puis je me suis dit que ce n’était pas ça que je voulais faire. Et je suis parti sur la variété. »
Lorsque vous écrivez une chansons, avez-vous du mal à vous en séparer ?
Quelquefois, oui, c’est vrai. Mais si elle m’a été demandée, je la donne volontiers. Je ne peux pas toutes les garder pour moi et lorsqu’elles sont bien interprétées, je suis fier de moi et je ne regrette rien. Au contraire, ça me rend heureux.

A

Heureux nous aussi d’avoir pu bavarder avec un si talentueux artiste, d’avoir apprécié son bel accent ensoleillé et en espérant nous retrouver sur la tournée.

Jacques Brachet

Notes de lectures
par les Plumes d’Azur

Lellouche Batuman 2 (c) Carolyn Drake

Annette LELLOUCHE : La clé de l’embrouille (a5éditions)
Annette Lellouche nous a habitués à des romans qui naviguent entre suspense et humour.
Pour ce nouvel opus, elle a un peu mis de côté l’humour pour mieux s’aventurer dans une histoire assez rocambolesque mais qui va nous tenir en haleine jusqu’à la dernière page
Il y a Dolorès qui est femme de ménage chez « Madame », une bien surprenante personne, tantôt joyeuse et amicale, tantôt inquiète et taciturne. Dolorès et elle s’entendent bien mais un jour, Madame laissant son ordinateur ouvert, Dolorès ne peut s’empêcher d’y jeter un coup d’œil. Madame aurait un secret. Prise de curiosité Dolorès va aller dans un cyber café afin de s’initier au maniement d’un ordinateur. Le gérant est un garçon mystérieux et un étrange rapport va se nouer entre eux.
Voilà notre Dolorès au milieu d’intrigues et d’énigmes qu’elle va, sans se douter du danger, essayer de découvrir. Mais tout va s’emballer.
C’est une histoire très compliquée qui, à chaque chapitre rebondit pour mieux nous surprendre en apprenant un nouveau fait, un nouveau mystère.
Ca n’est pas pour rien que ce roman s’appelle « La clé de l’embrouille » et Annette Lelloulche sait à merveille nous embrouiller. A tel point qu’à un moment, on perd le fil et on ne sait plus qui est qui ! De temps en temps il faut faire un « come back » !
L’on sent qu’elle jouit de ces situations qui sortent de son imagination plus que fertile, dans un style très fluide car elle a un belle plume, et sait s’en servir pour… nous embrouiller à souhait !
Dur dur de quitter ce roman avant la fin !

Elif BATUMAN : les Possédés – Mes aventures avec la littérature russe et ceux qui la lisent (Ed de l’Olivier)
Dans ce livre, l’auteure revient sur ses souvenirs d’université, lorsqu’elle apprenait le russe et l’ouzbek. Elle nous conte ainsi : l’organisation d’un congrès à Stanford sur Babel auquel sont invitées les deux filles et la veuve de l’auteur ; un séjour à Saint Petersbourg où elle fait un reportage sur la maison de glace ; un colloque sur Tolstoi ; un sejour à Florence sur les traces de Dostoievki ; et son apprentissage de l’ouzbek à Samarcande.
Très érudite, elle fournit dans ce livre des résumés et des études fouillées d’oeuvres littéraires russes et ouzbek. Très instructif également sur l’Ouzbekistan, ce livre ne se lit pas facilement. Pour en faciliter la lecture, l’auteure insère dans ses récits quelques souvenirs d’étudiante qui n’ont rien d’hilarant comme le promet la quatrième de couverture.

APPANAH Nathacha photo C. H+®lie Gallimard COUL 02 12.14 DSC_3621 Savel

Natacha APPANAH : En attendant demain. (Ed Gallimard)
Dès la première page un drame inquiète le lecteur.
Un soir de réveillon chez des amis, Adam, le landais bientôt diplomé en architecture et peintre du dimanche, rencontre Anita, mauricienne apprentie journaliste et aspirante écrivain. Tous deux traînent leur mal-être d’exilés à Paris. Pleins d’espoirs ils rêvent de vivre leur art en allant s’installer en province, dans les Landes pays d’enfance d’Adam Après vingt ans de vie commune et la routine du quotidien le bonheur s’effrite et la réussite stagne malgré la naissance de leur fille Laura. Arrive une jeune femme, compatriote Adèle, sans papiers, sans attaches nounou parfaite, une vraie perle. Par sa présence chacun trouve son compte. Nimbée de mystères, elle devient la source d’inspiration créatrice pour ce couple d’idéalistes qui l’a phagocytée.
Mais peut-on voler la vie d’un être pour en faire un roman sans déclencher un drame?
Superbe histoire d’emprise d’une femme affirmée dans un couple sur la brèche .Le lecteur retrouve les thèmes préférés de l’auteure : la solitude, le couple, et la sourde mémoire des origines
L’étude des personnages, la subtilité des sentiments, l’écriture fine nous entraînent et nous ravissent sur un fond de nostalgie en nous évitant le pathos d’un drame attendu et assumé.
Très agréable lecture

Tom SAVEL : « Le Rital » (Ed Hélène Jacob)
Nous sommes au début du siècle dernier et, poussés par la famine en Italie, Carlo, pas encore six ans, sa mère et son beau-père, font un long chemin semé d’embûches pour se réfugier en Provence, à la Cadière.
Son beau-père est un alcoolique violent qui frappe femme et enfant. A tel point que Carlo se sauve et est recueilli par une famille qui va lui donner beaucoup d’amour et très vite, encore petit, il devra travailler pour gagner sa vie.
Considéré comme un étranger, il est malmené par la vie mais trouve quand même quelques soutiens. Il grandira tant bien que mal, devenant un jeune homme costaud, travailleur et droit.
Mais voilà que la guerre de va éclater et Carlo est rattrapé par son passé pour aller la faire dans ce qui est resté son pays. Là encore, il n’est plus chez lui et les Italiens le lui font sentir.
Il va malgré tout affronter une guerre abominable où il sera terriblement blessé, vivra l’enfer avant de pouvoir, trois ans après retrouver sa mère, la femme qu’il aime et son enfant qu’il n’a pas vu naître. Il va falloir revivre avec tous ces souvenirs, toutes ces images ineffaçables.
Ce livre est superbement écrit et Tom Savel nous fait vivre la vie d’un émigré comme tant d’autres qui, durant des années, n’étaient chez eux nulle part et vivaient le racisme ordinaire avant d’être intégrés…
Il en aura fallu du temps mais l’humain n’a pas beaucoup évolué depuis !
Il nous dépeint aussi toute une époque dans cette Provence qui est sienne. Il retranscrit magnifiquement la vie de tous les jours dans le monde agricole d’alors qui est en train de mourir, laissant place à l’industrialisation et surtout cette guerre qu’il raconte comme s’il l’avait vécue et qu’il nous fait vivre dans tout ce qu’elle a d’atroce.
Ce livre est fort. Très fort car écrit sans concession. Carlo, son héros, est on ne peut plus attachant et les derniers chapitres sont absolument bouleversants.
« Le Rital » est une grande fresque franco-italienne autour d’un héros ordinaire comme il y en a tant eu hélas.

Yael carlier-web

Yaël NEEMAN : Nous étions l’avenir (Ed Actes Sud)
Traduit de l’hébreu par Josette Azoulay, le dernier livre de Yaël Neeman nous plonge dans la mythologie des Kibboutz des années soixante. Ce texte, particulièrement intéressant mêlant travail d’historien et récit intime nous permet d’intégrer le quotidien d’un village pionnier en terre d’Israël.
L’auteure revisite ses souvenirs et raconte son expérience de vie socialiste. Née dans le kibboutz d’Yehi’am, de parents hongrois, la petite fille évolue dans une communauté laïque où, soumise à la pression des décisions collectives et radicales, elle prend peu a peu conscience de l’utopie et de l’audace de l’expérience.
Un nouveau monde juste et égalitaire devait naître, les individus allaient se mettre au service de la collectivité, l’avenir semblait pur puisqu’il partait d’un idéal.
Si il est possible de parler de réussite agricole et économique – du désert sont nés des champs d’arbres fruitiers de légumes et de plants de tabac- la réalité sera toute autre pour la jeune fille élevée sans l’amour des siens, livrée sans réponse à ses questionnements, ses sentiments et sa sexualité. Plus tard alors que dans la même logique, elle effectuera son service militaire, elle « rendra le barda d’une vie qui n’était pas la » sienne ! Démobilisée, à vingt ans elle regagnera Tel Aviv pour y poursuivre des études de philosophie
L’évocation de cette enfance séduit par sa sincérité, son humour, son acceptation. Aucune révolte, pas de plainte, juste un long monologue avec des images de la vie de tous les jours au rythme d’un enfermement. L’écriture est rapide, le ton monocorde, pas le temps de juger, les images défilent et nous initient à ce qui fut la plus audacieuse expérience du vingtième siècle.

Guy CARLIER : Chapelle Sixties (Ed Cherche Midi)
On ne peut pas vraiment parler de biographie avec ce livre de Guy Carlier car, s’il nous parle de lui, de son enfance, de son adolescence il nous parle surtout de ces mythiques années 60 qui n’en finissent pas de rappeler à toute une génération des souvenirs impérissables mais aussi une certaine nostalgie.
C’est une période charnière car il y a eu un avant et un après, ça c’est sûr et ce furent des explosions de toutes sortes : de la modernité, de la sexualité, de la musique, du confort .
On était encore près de la dernière guerre et chacun revivait à sa manière une seconde vie pendant que les ados des années « baby boom » découvraient une autre façon de vivre dans l’insouciance, l’absence de privations, la joie de vivre tout simplement.
Qui a connu ces années se retrempe avec émotion dans les souvenirs que Guy évoque. On était ados, premiers émois, premières boums, nouvelles musiques, ouverture vers l’Amérique, Eldorado de toute une jeunesse en découvrant les Beatles (même s’ils étaient Anglais !) les Stones, le Flower Power, le rock… la drogue aussi… Les premiers boulots faciles à trouver, avec ou sans diplôme, la télé « noir et blanc, une chaîne »…
On a l’habitude de dire « c’était mieux avant » mais c’est indéniable que la jeunesse d’alors voyait son avenir plus rose que celle d’aujourd’hui.
Bref, une parenthèse enchantée que nous conte Carlier à sa manière, avec beaucoup d’humour, quelque peu acéré de temps en temps, avec des digressions à n’en plus finir et des phrases à rallonge (il écrit comme il parle !) où quelquefois il faut revenir en arrière pour se souvenir du sujet qu’il aborde !
Mais on revit avec lui des choses que l’on a automatiquement vécues lorsqu’on avait 15 ans dans ces années-là.
En fait… la nostalgie est toujours ce qu’elle était !

Franceschini Nathalie rheims

Patrice FRANCESCHI : Première personne du singulier ( Ed Points )
L’auteur nous propose quatre nouvelles dont le personnage principal voit sa vie basculer dans l’horreur parce qu’il est obligé de faire un choix dramatique.
Deux officiers de marine marchande, un jeune lieutenant pendant la débâcle de 1940 , un père et une mère sont respectivement confrontés à une tragédie qui ne peut que détruire leur vie. Chacun d’eux doit affronter ce choix seul, à la première personne du singulier comme le suggère le titre de l’ouvrage.
Malgré le tragique de ces situations, ces nouvelles se lisent d’une traite et avec plaisir, on tremble avec ces héros en partageant leur angoisse et en adhérant pleinement à leur choix.
Le style est sobre et concis sans aucun mélo, les circonstances extrêmes sont décrites avec autant de clarté que de sobriété.
On comprend très bien pourquoi ce petit livre superbe de 197 pages a obtenu le prix Goncourt de la nouvelle
Nathalie RHEIMS : Place Colette (Ed Léo Scheer)
Nathalie Rheims fait partie des grandes auteures françaises.
Apparentée aux Rotchild, filleule de Yul Brynner, épouse de Léo Scheer, compagne de Claude Berri, elle a « en plus », tous les talents car elle fut actrice, chanteuse, productrice.
Mais sa passion reste l’écriture et ce nouveau roman « Place Colette » nous amène dans une histoire dont on peut se demander s’il n’y aurait pas de l’autobiographie dans l’air, tant son écriture y est intime.
Clouée dans une coquille à l’âge de 9 ans et ce, pedant trois ans et surtout pour rien, à cause d’une erreur de diagnostic, durant ces années galères, Elle (son nom n’est jamais cité) se passionne pour la littérature et surtout le théâtre dont elle apprend les textes de pièces classiques par coeur. Délivrée de ces trois ans de calvaire, elle reprend vie et rencontre en Corse un voisin qui vient déjeuner chez ses parents avec Dalida. Nullement fascinée par la star, elle tombe amoureuse de son compagnon, comédien du Français. Elle a treize ans alors, il en a trente de plus et décide alors qu’il sera son amant, malgré l’énorme différence d’âge qui les sépare.
De rencontres en visites dans sa loge après les spectacles dans lesquels il joue, le comédien ne restera pas insensible au charme de cette adolescente. Une liaison évidemment secrête s’installe, elle devient comédienne et approche l’âge de la majorité. Sa passion pour cet homme va-t-il résister à sa passion du théâtre et aux hommes de son âge qui tournent autour d’elle ?
Le sujet pourrait choquer quelques lecteurs bien-pensant et pourtant la narratrice raconte cette histoire avec simplicité, quelquefois même avec naïveté, mais, toute à ses deux passions, sans jamais se poser la question du bien ou du mal.
Elle fonce dans son histoire, trace un chemin rectiligne et l’enfant, au cours de ce parcours initiatique, devient une femme, une actrice aussi, le tout étroitement lié.
C’est magnifiquement et très simplement écrit, avec quelques scènes, charnelles mais dépeintes avec beaucoup de sobriété, de tact. C’est l’éveil d’une passion amoureuse et artistique à la fois et c’est très joliment dépeint.