Archives mensuelles : mars 2015

Solliès-Ville : 1er Festival de poésie Solliès
VIP (Ville d’Insurection Politique)
Arts et Poésie

Printemps des poetes 1cm BP

Solliès Ville est un village de poésie. Le voilà déclaré « Ville d’Insurrection Poétique ».

On sait qu’il abrite la tombe du poète Léon Vérane, que l’autre poète varois, Jean Aicard y fut élu maire en 1920. Chaque année, depuis 60 ans, les poètes présents dans la région se réunissent sur la tombe de Léon Vérane le jour de la Saint Léon le 10 novembre. Les jeunes poètes de la revue « Teste » ont repris le flambeau et il était logique qu’ils créent ce premier festival de poésie à Solliès Ville en compagnie des associations Plaine Page et A.LI.EN, du collectif Teste, des Amis de Jean Aicard et Léon Vérane, de l’A.M.S.V.V., des éditions Pluies d’étoiles, des conteurs de Paroles au vent, des élèves des Solliès et de La Farlède, etc
Du 13 au 22 mars…
Il y aura des expositions, des lectures, des échanges de livres, des ateliers pour enfants, des ateliers d’arts visuels, des ventes de livres, des dédicaces par les auteurs, des veillées poétiques, le lancement du numéro 18 de la revue Teste, une balade historique et poétique, de la musique, des visites.

Serge Baudot
Renseignements et réservations : tel : 04 94 33 72 02 – 04 94 33 24 57
culture-solliesville@orange.fr www.solliesville

Le jazz à Baudot

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Emler-Tchamitchian-Echampard – Sad and Beautiful
Andy Emler (p), Claude Tchamitchian (b), Eric Echampard (dm)
La Buissonne RJAL 39/018 (Harmonia Mundi)
Ce trio fut créé en 2003, et le voilà qui sort son troisième disque ; certains diront c’est peu, mais au moins ces trois musiciens prennent le temps de faire mûrir et se développer leur musique.
Le piano d’Emler sonne admirablement, et il a un beau sens des nuances, le tout mû par l’énergie rock qu’on lui connaît dans son Mega Octet. Le batteur est un maître de rigueur et d’à propos, tandis que le contrebassiste est plutôt du côté de la tendresse, de la rêverie, ce qui n’exclut pas la force. Il est remarquable dans « A Journey Through Hope », « Un voyage à travers l’espoir » ce qui résume bien son jeu : après une intro à l’archet sur des harmoniques il passe pizzicato avec de splendides montées crescendo et retour. « Second Chance » est un magnifique chant de la contrebasse. On goûte le côté méditatif du groupe dans « Elegances » (là encore le titre parle) avec un prenant dialogue piano-basse qui se développe ensuite en trio sur un motif répétitif. Et sur « By The Way », (au fait !) ça déménage, le batteur est à son affaire, et les longues tenues à l’archet derrière le piano, c’est un sacré beau moment.
C’est un vrai trio, dans lequel le dialogue, l’interaction entre les trois musiciens, sont  un partage de création, dans lequel il n’y a pas de hiatus entre l’écriture et l’improvisation, ce qui signe justement un réel travail collectif. Le disque est plus « beautiful » que « sad », mais les deux notions se marient très bien, dans l’expression de ce que l’on pourrait appeler un romantisme d’aujourd’hui.

Hot Club Madagascar – Guitares manouches & voix malgaches
Erick Manana (voc, g), Solo Andrianasolo (voc, g solo) Benny Rabenirainy (voc), Dina Rakotomanga (b). Invités : Jenny Furh (vln), Passy Rakotomalala (perc)
Ternaire Bleu 01TBHCM12/1 (www.hot-club-madagascar.com)
Les quatre musiciens du Hot Club de Madagascar se revendiquent arrières petits enfants du grand Andy Razaf (1895-1973) qu’on déclare « Cœur américain, âme malgache », qui est en fait le compositeur de deux fabuleux standards : « Ain’t Misbehavin et Honeysuckle Rose ». Andy Razaf est né à Washington, mais son père était le neveu de la reine Ranavalona III d’Imerina, un royaume de Madagascar. On voit qu’ils placent la barre des origines très haut. Qu’en est-il de la musique ?
Ce sont quatre joyeux drilles qui chantent en groupe, avec un soliste Benny Rabenirainy, assez emphatique. Le côté guitares manouches est bien là, assez simpliste, mais le soliste est bon, bien que ses solos soient très linéaires. Le quartette s’empare aussi de rythmes brésiliens, sambas, bossas, et en donnent leur interprétation.
On est, disons, dans de la variété malgache d’essence plus ou moins jazz ; ce qui n’a rien d’infamant, tant les musiciens sont sincères, plein de joie et de bonhomie. Disque soutenu par l’Institut français de Madagascar qui nous permet ainsi d’entendre un peu de ce qui se fait là-bas.

Claire Michael Quartet – Trane Steps
Claire Michael (s, fl, voc), Jean-Michel Vallet (clav), Patrick Chartoi (b), Thierry Le Gall (m)
Bue Touch 00314 (Rue Stendhal)
Après les groupes Laeta et After in Paris Claire Michael continue son chemin exemplaire avec son quartette, en s’attaquant, ô inconscience de la jeunesse et c’est tant mieux, aux moments de génie de John Coltrane, il faut tout de suite le dire, avec une réussite remarquable. Contrairement à Raphaël Imbert qui proposait une réécriture de Coltrane, Claire marche carrément dans les pas de Trane (Trane Steps).
Le disque s’ouvre sur « Lonnie’s Lament » par un duo piano-ténor. C’est du grand lyrisme, tout de retenue émotionnelle. Le chant tendu du saxophone s’élève sur un écrin de même tension offert par le pianiste. Du Coltrane à fleur de femme.
Et l’on revêt la même émotion pour un autre somptueux duo piano-sax sur « Naima », recueilli comme une prière à la beauté. Ces deux morceaux justifient à eux seuls l’acquisition du disque. Mais le reste est du même tonneau.
Sur « Hello », de sa composition, on la retrouve à la flûte et au soprano, et cette fois c’est le quartette au complet, dans un beau partage.
Autre facette, Claire la chanteuse sur « Rebel Song » de son cru ; la voix a pris du grain dans le grave, du velours dans l’aigu, elle chante en musicienne. Et son solo de ténor vous emmène au pays des merveilles. Autre morceau vocal « Lovely Blue », plein de charme, avec un beau moment de trio piano-basse batterie, puis le ténor reprend son chant de plénitude.
Encore un beau moment de trio piano-basse-batterie sur « Miles Mode » avec les trois voix qui s’entremêlent. Le batteur est très précis avec des attaques coupantes qui font merveille, dans jeu minimaliste, essentiellement caisse claire, grosse caisse, cymbale. Le bassiste possède un son limpide, chantant, avec des notes tenues, dans la simplicité et l’efficacité des lignes. Ecouter son solo sur « Resonance », dans lequel on entend presque le souffle de la basse.
Jean-Michel Vallet passe au Fender Rhodes (instrument sur lequel il excelle) sur « Blue Planet » de Claire, pour une mélodie genre Piazzola, avec quelques interventions au mélodica. Morceau très doux avec un élégant tricotage basse-batterie.
Si j’osais, je dirais que l’âme musicale de John Coltrane a repris corps dans les saxophones de Claire Michael.

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Kevin Norwood Quartet – Reborn
Kevin Norwood (voc), Vincent Strazzieri (p), Sam Favreau (b), Cédrick Bec (dm)
Ajmiseries AJM 25 (Socadisc-Absilone)
Voici un nouveau chanteur, Kevin Norwood, repéré par David Linx, dont il a la souplesse de voix, et le sens des envolées. Kevin Norwood est né en 1986 à Avignon ; il a fait des études de saxophone au conservatoire du Pontet (84) puis il étudie à Carpentras et Salon de Provence. C’est donc un Sudiste, pas étonnant qu’il ait été repéré par l’AJMI d’Avignon, pépinière de jazzmen. C’est une révélation, car s’il apparaît tous les jours de nouvelles chanteuses, on peut compter les hommes sur les doigts d’une seule main. C’est un chanteur d’une grande sensibilité, d’une belle délicatesse, qui cisèle les paroles, pratique un scat léger très instrumental. Qu’on l’écoute dans « Time Flies », une chose rare, un duo voix-batterie. Pas d’esbroufe du côté du batteur, son discours est parfaitement dans la ligne du chanteur. Au jeu des comparaisons, je le mettrais dans la ligne d’Andy Bey, même approche, même sensibilité, subtilité et sens des couleurs, la différence c’est que Kevin Norwood possède une voix aiguë, proche parfois de la haute-contre. Une voix ambiguë, quelque peu androgyne, mais à ne pas comparer à Chet Baker, dont la voix est plus brumeuse, plus confidentielle. Dans le titre éponyme, plein de charme,  sur tempo lent, il tient la note, à la façon d’un trombone crooner. Le bassiste a des attaques à la fois sèches et ouatées, et ses solos sont toujours mélodiques. Le pianiste sait laisser respirer sa musique ; on peut écouter le travail de sa main gauche sur « Half Moon Romance » en répons aux accords de la main droite. Quant au batteur il est celui qu’il fallait à ce groupe. Ce chanteur a su s’entourer d’un trio impeccable, et l’ensemble est un véritable quartette et non pas un trio qui accompagne un chanteur. Les atmosphères des titres sont très variées. On y trouve l’aération du Modern Jazz Quartet avec  la place du silence.
De la musique avant toute chose chez ces moins de 40 ans. Ils jouent un jazz évident et cultivent la beauté.

Annick Tangorra – Springtime
Annick Tangorra (voc), Mario Canonge (p), Thomas Bramerie (b), Alain Jean-Marie (p-8-10), Tony Rabeson (dm), Arnaud Dolmen (dm-3,4,5,9, 10), Adriano Tenorio (perc)
Frémeaux & Associés FA 598 (Socadisc)
Voilà une musique qui sent bon les îles lointaines. La chanteuse Annick Tangorra s’est entourée de musiciens venus de ces parages : Alain-Jean Marie qui vient  de Pointe-à-Pitre, Tony Rabeson de Madagascar, Arnaud Dolmen de la Guadeloupe, Adriano Tenorio du Brésil, et Mario Canonge, qui a réalisé ce disque, de la Martinique ; seul Thomas Bramerie est du Continent, mais il est parfaitement intégré à cette musique qui chante et qui danse.
Annick Tangorra possède une voix chaude et agréable, elle a de la puissance dans les aigus, un scat personnel, et un délicieux accent quand elle chante en français, et qu’elle perd en anglais, plus un certain charme musical. On peut s’en rendre compte sur « Vouvouka » avec une belle idée d’arrangement chromatique à l’unisson voix-basse-batterie. « Cantabile For Lady Day » dont la musique est de Michel Petrucciani est un magnifique pont entre jazz et caraïbe. Une belle cohésion du groupe sur « Destiny Destination », une sorte de samba funk. « Urban Child » est du grand Canonge sur une expression-explosion rythmique. Sur « Melancholia » Alain Jean-Marie est au piano, on peut admirer la richesse harmonique des accords, la profondeur de l’expression, et il pousse la chanteuse vers un lyrisme plus profond. « Little Princess » est un bel arrangement de Canonge, avec de belle envolées du piano, sur une valse ensoleillée. A noter un beau solo de contrebasse chantante sur « Mimosa » de Herbie Hancock dont Canonge s’inspire ici dans son jeu.
Toutes les paroles (qu’on peut lire sur le livret) sont de Annick Tangora. Pour son quatrième disque la chanteuse s’est offert un écrin rutilant pour exprimer son printemps doucement sensuel.

Wadada Leo Smith’s Mbira – Dark Lady Of The Sonnets
Wadada Leo Smith (tp, fleh), Min Xiao-Fen (pipa, voc), Pheeroan akLaff (dm)
TUM CD O23 (www.tumrecords.com)
Ce disque est construit comme une suite en différents mouvements. Wadada Leo Smith y joue magnifiquement de la trompette et du bugle, mais constant dans son choix d’instruments peu fréquents il est en compagnie d’un pipa, qui est une sorte de luth chinois qui se tient droit sur les genoux, manche vers le haut, au son aigrelet, avec un jeu qui a la légèreté de la mandoline, dont les cordes peuvent être aussi frappées. C’est un instrument à 4 cordes vieux de plus de 2000 ans : Min Xiao-Fen en est une virtuose, aussi bien pour la musique traditionnelle que pour la musique d’avant-garde. Elle chante et compose également. Voilà qui ne pouvait qu’attirer Wadada. Le mbira dont il est fait référence dans un titre est le piano à pouces africain, beaucoup plus connu chez nous.
Wadada joue souvent avec une grande douceur, surtout au bugle, avec une parfaite maîtrise du souffle et de toutes les techniques. « Sarah Bell Wallace » est une sorte de longue incantation très prenante où domine la trompette. Dans « Blues : Cosmic Beauty » on est dans un débordement façon free, manifestement Min est perdue et gratouille son pipa comme elle peu, mais on passe en tempo lent et le duo pipa-trompette n’est pas mal, après un solo de batterie revigorant on entend quelques étranges vocalises de Min. Et « Zulu Water Festival » révèle un grand et bel échange Min-Wada. Wadada s’empare brillamment de l’ostinato du pipa, et après quelques appels de la trompette le chant de Min s’élève épaulé par la trompette bouchée sur un tempo très lent. Min possède une voix pure de soprano, qui monte facilement dans l’aigu. On est dans la beauté. Dans le titre éponyme Min utilise son pipa en percussion, ce qui fonctionne bien avec la batterie. « Mbira » est pris rubato lent, avec de longues tenues de la trompette et des sons de la voix en écho.
Les compositions et les paroles sont de Wadada lui-même.
C’est un disque qui sort du commun bien sûr, qui est très facile d’écoute, qui reste malgré tout dans la sphère du jazz ; et c’est aussi un vrai trio basé sur le partage à trois voix.

XY Quartet – 05
Nicola Fazzini (as), Saverio Tasca (vib), Alessandro Fedrigo (b), Luca Colussi (dm)
Nusica Org 352 (www.nusica.org/05)
Voici le deuxième disque de cet excellent XY Quartet, après « Idea F », dont nous avions dit les qualités et notre admiration. Ce deuxième opus ne le cède en rien au premier ; on constate une évolution plus mélodique avec une plus grande place laissée au vibraphone, et des arrangements à quatre voix très bien ficelés, comme par exemple « Spazio Angusto » qui ouvre le disque, avec un beau mariage vibraphone/sax. « H2O » est emblématique du style de ce quartette : intro sur une note sax, une note vibraphone, une de la basse, une ponctuation batterie, puis ça se répond d’une façon lancinante, l’échange s’accélère, se développe, s’enrichit ; arrivent les solos, sax, vibraphone aéré sur ponctuation de la basse : du miel mille fleurs. Nicola Fazzini est une sorte de Steve Lacy au sax alto. « Jon Futura » nous vaut une belle intervention de la basse entremêlée dans le trio. « Doppio Sogno » démarre assez jazz classique avec un petit clin d’œil au père des vibraphonistes, Lionel Hampton. Salverio Tasca s’inscrit dans la grande tradition des vibraphonistes, pour preuve son solo sur « Futuritmi », suivi en beauté par la basse.
En plus de la pulse le batteur assure un tapis foisonnant sur lequel baigne le quartette, ou bien il  joue en contrepoint avec toujours la même pulse.
XY quartet est un groupe original qui joue le plaisir et la beauté sur des compositions originales de Nicola Fazzini et Alessandro Fedrigo. Les fruits ont passé la promesse des fleurs de « Idea F ».

 Serge Baudot

Jazz Azur à La Cadière d’Azur
Espace Culturel Place Charles De Gaulle

Jazz Azur donne un concert de jazz manouche le 13 mars 2015 à 20h30 avec le quartette « Sonia Wintestein et Loïs Coeurdeuil »

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Voici ce qu’en dit Emilie C. :
« Sonia Winterstein est d’origine manouche, elle a su garder les traditions et évoluer vers un jazz plus moderne. Elle nous transporte dans son univers rempli de force et d’émotion où se mêlent roulottes, feu de camp et festival de jazz.
Elle nous fera découvrir un répertoire des plus touchants à travers des chants traditionnels manouches ainsi que des standards américains et français qu’elle interprète magistralement : « J’attendrai », « Kel laila kel », « Take the  train » ou encore « Undicided », accompagnée par le guitariste soliste Loïs Cœurdeuil.
Après s’être produit aux côtés de quelques  grands noms du Jazz : Sylvain Luc, Stochelo Rosenberg, Florin Niculescu… il continue à nous faire rêver dans l’expression de ce  projet en quartette avec la voix puissante de Sonia Winterstein et ses musiciens : Luc Mas (contrebasse) Rémy Gregoraci (guitare rythmique). »
Jacques Jullien, à la tête de Jazz Azur depuis 28 ans, lutte envers et contre tout pour faire vivre le jazz dans notre région. Il faut venir nombreux pour soutenir cet homme qui, comme pas mal d’autres dans le jazz, s’escrime à donner l’occasion aux musiciens de cette musique de s’exprimer en public, et à nous public de pouvoir assister à des concerts qui, hélas, se font de plus en plus rares.

Serge Baudot

 

Réservation : 06 81 82 57 57

OPERA DE TOULON
CONCERT – ZAVARO – SCHUMANN – HOLST – RAVEL

Vendredi 13 mars 2015 – 20h30
Par l’Orchestre Symphonique  de l’Opéra de Toulon, dirigé par Graeme Jenkins.
Piano : Michel Dalberto
La diffusion en direct du concert conclura une journée spéciale consacrée à l’Opéra de Toulon sur Radio Classique

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Graeme Jenkins : direction musicale
Graeme Jenkins a étudié la direction d’orchestre au Royal College of Music de Londres, après avoir commencé sa formation musicale à l’Université de Cambridge. Il a travaillé avec des maîtres comme Sir David Willcocks, Norman Del Mar… Il a été l’assistant de Sir Simon Rattle, Bernard Haitink et Sir Adrian Boult.
Il a dirigé de nombreuses productions d’opéra dans des maisons telles que : Covent Garden, Glyndebourne Festival Opera, English National Opera, Scottish Opera, Opera North, Opéra de Vienne, Opéra de Paris, Deutsche Oper de Berlin, Royal Danish Opera, Opéra Royal de Suède, Australian Opera… Son répertoire très vaste s’étend du baroque à la musique contemporaine.
Graeme Jenkins a été directeur musical du Glyndebourne Touring Opera (1986-1991) et premier chef invité à l’Opéra de Cologne (1997-2002). En 1994, il est nommé directeur musical de l’Opéra de Dallas, où il dirige notamment Le Ring, Wozzeck, Jenufa, Ariodante, Lohengrin, Boris Godounov, La Dame de Pique, Tristan et Isolde, Lucia di Lammermoor, La Flûte Enchantée, Aïda et The Aspern Papers de Dominick Argento… En 2005, Il fait ses débuts à l’Opéra de Vienne avec la célèbre production de Willy Decker de Billy Budd de Britten, avec Simon Keenlyside dans le rôle-titre. Puis, il a été invité pour Jenufa, Der Fliegende Holländer, Cavalleria Rusticana, I Pagliacci… En 2013, il est de retour à Vienne pour Peter Grimes et fait ses débuts au Welsh National Opera avec Maria Stuarda.
Parmi ses engagements avec d’autres maisons européennes, citons : Le Mariage de Figaro au Theater an der Wien et Hansel und Gretel pour ses débuts avec le Bayerische Staatsoper de Munich. Il dirige régulièrement dans les pays scandinaves : La Clemenza di Tito, Don Carlos, Le Mariage de Figaro au Royal Danish Opera ainsi que La Cenerentola et Le Barbier de Séville avec l’Opéra Royal de Suède.
Plus récemment, il a travaillé avec les orchestres du Minnesota, de Dallas, de Houston, d’Utah, de Melbourne et de Perth. En Europe, il a dirigé l’Orchestre Philharmonique de Radio France, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, le Finnish Radio Symphony, le Danish National Symphony, le Danish Opera Orchestra, l’Orchestre Gulbenkian, l’Orchestre National de Porto…

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Michel Dalberto :  piano
Michel Dalberto commence le piano à trois ans… Sa passion pour l’instrument se confirme et le mène au CNSM de Paris où il étudie avec Vlado Perlemuter et Jean Hubeau. Il accumule les récompenses : 1er Prix du CNSM en 1972, lauréat du concours Clara Haskil en 1975, puis du concours International de Piano de Leeds en 1978, et enfin, lauréat du premier concours Mozart de Salzbourg. Sa carrière le mène devant les plus grands orchestres sous la direction notamment de Wolfgang Sawallisch, Charles Dutoit, Kurt Masur et Daniele Gatti. Il est régulièrement invité par les festivals de Lucerne, Aix-en-Provence, Vienne, et la Roque d’Anthéron. Il accompagne, en récital, Barbara Hendricks, Jessye Norman, Stephen Genz, et s’associe, dans le répertoire de musique de chambre, avec Henryk Szeryng, les frères Capuçon, Vadim Repin, Alexandre Tharaud, et Henri Demarquette.
Michel Dalberto mène aussi une carrière de directeur artistique : codirecteur artistique de l’Académie-Festival des Arcs, directeur du Festival de piano de Crans-Montana. Il préside aussi le jury du concours Clara Haskil. En 2006, il entame une carrière de chef d’orchestre en France, en Chine, au Japon et en Hongrie. Il donne des master classes en Italie, en Angleterre, au Canada, en Corée et en Chine. Depuis 2005, il vient régulièrement à Imola, en Italie, donner des cours à l’Accademia Pianistica. En outre, il est professeur de piano au CNSM de Paris depuis 2011.
Son répertoire tourne autour de Mozart, Schubert, Schumann, Liszt, Debussy et Ravel. Son intégrale de l’oeuvre pour piano de Schubert fait date dans l’histoire de la discographie.

 

Vincent NICLO : « Aujourd’hui je survole la voie lactée ! »

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Vincent Niclo est un artiste atypique.
Ce beau ténébreux plein de charme et à la voix d’or qui possède 4 octaves 1/2, tout droit sorti de la comédie musicale « Autant en emporte le vent », est arrivé dans la chanson avec les Chœurs de l’Armée Rouge, puis s’est attaqué au répertoire de Luis Mariano, et s’est retrouvé chantant des standards américains des années 50/60 avec les Gentlemen.
Totalement à contresens de notre époque, contre toute attente… ça marche, puisque chacun de ses albums s’est vendu – et se vend encore – à plus de 300.000 exemplaires !
Aujourd’hui en tête des ventes avec son nouveau CD, il remplit tellement les salles qu’il en est à sa troisième tournée après deux Olympia et un Châtelet sold out…
Il va d’ailleurs y retourner !
Vincent Niclo est un chanteur HEU-REUX !

Rencontre
« Ce qui m’arrive aujourd’hui, c’est absolument formidable. C’est le bonheur absolu. Les dates tombent tous les jours, ça m’épate, ça m’émerveille et je n’ai pas encore bien réalisé ce qui m’arrive…
Et pourtant… vous avez failli être comédien !
J’étais jeune et je cherchais… ma voie, faute de n’être pas encore sûr de ma voix ! Enfin, pas vraiment car je savais déjà que j’avais une voix. De plus, j’ai été bercé par Pavarotti et la Callas que ma mère adorait. Mais lorsqu’on est ado, on a envie d’aller vers d’autres musiques. Il a fallu qu’un professeur d’opéra me conseille d’essayer et je m’y suis engouffré. J’ai alors pris des cours.
Alors, le cinéma, la télé…?
Je suis allé un peu au cours Florent puis, pour payer mes cours de chant, j’ai fait des castings. Je me suis ainsi retrouvé dans des petits rôles sur « Sous le soleil » ou « Nestor Burma »
Il y a eu aussi le film de Nicole Garcia « Place Vendôme »…
Oui, un petit rôle mais j’y donnais quand même la réplique à Catherine Deneuve. Il y a pire !
Mais tout cela m’a construit et à chaque fois j’ai connu des expériences qui m’ont permis d’avancer.

A

Et tout à coup, le succès !
Oui, si l’on veut. C’est vrai que tout a d’un coup été très vite depuis trois ans, mais derrière, il y a dix ans de travail et tout ce que j’ai fait ces années-là me sert aujourd’hui.
Nous avons deux amis communs avec qui vous avez travaillé : Jean-Pierre Pasqualini, aujourd’hui patron du magazine « Platine » et Jeff Barnel dont je fus attaché de presse lorsqu’il chantait et avec qui j’ai travaille lorsqu’il produisait Jean-Jacques Lafont !
Ah… C’est drôle. Ils cherchaient quelqu’un qui ait une voix et Jean-Pierre m’a présenté à Jeff. J’ai auditionné et j’ai été pris pour chanter dans le groupe « That’s French ». C’était alors la mode des boys bands et l’originalité de notre groupe, c’est que c’était le seul à avoir une fille !
Après ça, il y a eu un nombre incalculable de comédies musicales !
Oui, et cela, grâce à tout ce que j’avais fait avant. Il y a eu « West Side Story », « Les liaisons dangereuses », « Roméo et Juliette » où j’étais doublure, « Tristan et Yseult », jusqu’à « Autant en emporte le vent » où j’avais le rôle principal.
Et encore « Robin des Bois » et « Les parapluies de Cherbourg »…
Oui, pour « Robin des Bois », il fallait une voix off et on me l’a proposée. J’ai beaucoup aimé faire ça. Quant aux « Parapluies de Cherbourg », je crois que c’est la plus grande joie de ma vie d’artiste.
Déjà, que Michel Legrand, que j’ai toujours admiré, me connaisse et fasse appel à moi… j’ai d’abord cru que c’était une blague ! Et lorsque je me suis retrouvé face à lui et Nathalie Dessay, grande voix de l’opéra, je n’en menais pas large ! Le spectacle a été un triomphe et m’a fait monter une marche supplémentaire. Le succès a été tel que nous allons faire une tournée avec.
Vous avez donc entre temps, enchaîné avec des disques inattendus, loin de la musique d’aujourd’hui… Et ça a cartonné ! Avez-vous analysé ce succès énorme ?
Non, pas vraiment. Il faudrait demander au public ce qu’il en pense. Moi, je suis mon instinct, je ne pense jamais « marketing ». Je fais ce que j’aime, ce que je ressens, ce que j’ai vraiment envie de faire. J’aime prendre des risques et ça a été payant.
Lorsque j’ai parlé de l’Armée Rouge, on m’a dit qu’à la sortie du disque, ma carrière serait morte. Pour Luis Mariano, on m’a dit que j’allais au suicide. A chaque fois ça a été un succès ! Je n’écoute que mon instinct et l’équipe qui m’entoure et si nous sommes tous convaincus, nous fonçons !
En fait… Vous êtes un OVNI !
(Rires). C’est un peu ça car personne ne m’a vu venir et aujourd’hui je survole la voie lactée !

RVB de base

Parlons de ce nouveau CD intitulé « Ce que je suis » (TF1 Musique) : Lama, Davide Esposito, Obispo, Lionel Florence, Musumarra… Du beau monde ! Comment avez-vous fait ?
Au départ, l’idée était de m’assumer enfin en proposant des chansons inédites et en les écrivant. J’en ai écrit pas mal puis les circonstances ont fait que ces grands artistes m’ont proposé des choses au fil des rencontres. Serge Lama aime ma voix, il m’a invité à manger et m’a proposé deux textes. Cela nous a beaucoup rapprochés. Obispo, lors d’une télé, m’a dit « Un jour, je t’écrirai une chanson »… C’est ce qu’il a fait… Peu à peu, d’autres signatures sont venues se greffer, tout s’est imbriqué. Et en prime, Anggun est venue faire un duo avec moi. Elle est sublime, a une voix magnifique, dégage beaucoup de sensibilité… C’est le nouveau single qui sort ces jours-ci.
Avant de nous quitter, j’ai une question qu’une fan absolue m’a dit de vous poser. Textuellement, elle m’a dit : « Il est tellement beau… pourquoi sourit-il si peu ? »
Que répondez-vous à ça ?
(Là, ce n’est pas un sourire mais un éclat de rire). Elle n’a jamais dû me voir sur scène. C’est vrai qu’à la télé, je souris peu car le contexte ne s’y prête pas vraiment. Mais sur scène, peut-être qu’au début j’étais un peu stressé mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui je souris pas mal. J’y suis si heureux et il se passe tellement de belles choses que je ne peux que sourire !
Dites-lui de revenir me voir ! »

Nous aussi nous viendrons vérifier car Vincent se produira au Pasino d’Aix-en-Provence le 8 avril et au Théâtre Galli de Sanary le 21avril…
Qu’on se le dise !

Propos recueillis par Jacques Brachet

 

Marianne JAMES, d’Ulrike à Miss Carpenter

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Marianne James a un jour déboulé sur scène dans le rôle l’Ulrike, diva teutonne extravagante et totalement déjantée, à la voix de rossignol, à l’humour à fleur de peau et à la personnalité hors du commun.
Elle ne passe jamais inaperçue, à tous points de vue, et qu’elle soi juré dans « Nouvelle star », fofolle épouse dans « Rabbi Jacob » sur scène, vieille star hollywoodienne déchue dans « Miss Carpenter » ou très bientôt commentatrice du prochain prix Eurovision, on ne peut que se rappeler du passage de cette femme-bourrasque, à la voix qui porte, à la volubilité pleine de charme et à la tendresse car, derrière cette forte personnalité, il y a une femme lumineuse et adorable.
Avec elle, pas d’interview classique mais une conversation à bâtons rompus, où l’on passe de la musique à la politique, de sa jeunesse à ses souvenirs, et bien sûr à cette pièce « Miss Carpenter » qu’elle jouera au théâtre Galli le samedi 14 mars à 20h30.

Alors Marianne, qui est Miss Carpenter ?
C’est une vieille star de 80 ans qui a eu son heure de gloire mais qui, comme beaucoup de ces grandes actrices, est passée de mode mais croit toujours être une grande star. Ce délicieux rossignol vit à l’aise et au-dessus de ses moyens, dans un très grand appartement à Neuilly, entourée de trois « home boys » qu’elle ne paie pas, qu’elle martyrise et que, telle une Mme Bétencourt, se fait voler par eux. Jusqu’au jour où un certain Monsieur Paul Emploi l’appelle pour lui dire qu’on va lui couper les vivres si elle ne cherche pas de boulot. Elle va alors débuter à nouveau des castings qui, évidemment, échouent. Mais la fin est à découvrir.

Comment t’es venu cette idée ?
J’étais en train de l’écrire lorsque, après avoir lu le premier roman de Sébastien Marnier « Mimi », qui m’a fait très peur car très « Stephen King…ien » m’a donné l’idée de faire de cette charmante et fofolle personne, un personnage plus noir qu’on ne le croit. Je l’ai donc contacté, lui ai expliqué ma démarche, il a lu mes écrits et, très excité et amusé, il a dit banco. Et il a trouvé le personnage, les répliques et la double personnalité de cette bonne femme. C’est en quelque sorte un personnage entre la glamour Marilyn et la teigne Tati Danielle !

Autre idée originale : ces trois « home boys » !
Oui, Pablo Villafranca, Romain Lemire et Bastien Jacquemart sont le fil conducteur, jouant ces trois hommes qui sont à son service, mais qui deviennent aussi tous les gens du métier qu’elle rencontre. Avec eux, on joue la comédie, on chante, on danse. car c’est en fait une sorte de comédie musicale avec des chansons très sixties et seventies des Beatles, des Bee Gees mais aussi, évidemment, de l’opéra. On s’amuse beaucoup et mon but était de divertir le public car, je ne sais pas toi, mais je m’emmmerde tellement, quelquefois, au théâtre !
Et puis, on a truffé la pièce de répliques, de pensées, d’écrits de grandes stars comme Girardot, Marilyn, Bette Davis, Romy Schneider… que les gens reconnaissent d’ailleurs. C’est un peu une ode au cinéma.

Tu es vraiment une artiste multi-fonctions : comédienne, chanteuse, danseuse, auteur, animatrice…
Et c’est ce que j’aime dans ce métier, varier les plaisir même si quelquefois, encore en France, ça gêne le métier qui aime classer les gens. Après « L’Ultima Récital », j’ai eu du mal à proposer autre chose. J’ai fait un disque de ballades qui est passé inaperçu. j’aime chanter le jazz comme l’Opéra. L’opéra c’est ma mère qui me l’a fait aimer car elle avait une adoration pour la Callas et lorsque j’ai découvert ma voix j’ai eu envie d’en faire. Avec mon père ça a été Tina Turner, avec mon oncle Dany ça a été la découverte de la guitare et puis, le jazz avec Tony Petrucciani…

Raconte !
Nous habitions Montélimar à côté du magasin de musique de Tony Petrucciani. Il y avait Michel qui avait le même âge que moi et avec qui je suis devenue amie. Et puis, voyant mes dons pour la musique, Tony, durant plusieurs années, m’a donné des cours de musique de la sixième à la terminale et il m’a fait découvrir le jazz et tous les grands jazzmen. Figure-toi que j’étais secrètement amoureuse de Tony qui était aussi mon second papa et qui avait une eau de toilette qui m’enivrait… A quoi ça tient, hein ?
Du coup ,j’aime faire tout ça et au diable la carrière. Je veux avant tout m’amuser, m’éclater.
Nous venons de faire à Paris un concert avec Ibrahim Maalouf , Mathieu Chedid et Grand Corps Malade avec quelque 2400 musiciens au salon Musicora. Ca a été du délire. Voilà, c’est pour ce genre de choses que je vibre.

B

Passons à la jurée de la Nouvelle Star…
Belle expérience encore que de découvrir de nouveaux talents, de les conseiller, d’imaginer ce qu’ils pourront devenir. Et puis, quelle ambiance avec mes trois mousquetaires ! Nous avons passé de bons moments…

Penses-tu avoir été quelquefois blessante ?
Tu crois ? Sévère peut-être mais pas méchante, je pense. C’est vrai que je ne rate pas le plaisir de faire un bon mot mais ça n’est jamais dans le but de blesser, de vexer. Sans compter que ces futurs artistes sont là pour écouter ce que l’on a à dire. J’ai quelquefois eu la dent dure mais je savais avec qui je faisais ça. Par exemple, je savais que Julien Doré avait la solidité à tout entendre. C’était pour eux qu’on disait ce qu’on avait à dire.

Et cette fameuse phrase…
… Oui, je sais « Vous avez de ma merde dans les oreilles ! » Mais c’était tellement vrai quelquefois ! Les premiers à partir étaient à mon avis les meilleurs qui avaient une culture musicale… ce que n’ont pas ces jeunes filles qui utilisent Clearasil et votent non pour le plus talentueux mais pour le plus mignon ! Je me suis donc insurgée, tout comme Manu Katché qui a aussi dit : « Achetez-vous des oreilles ! ». Et ceux qui râlaient étaient ceux qui ne votaient pas ! Du coup, ça a un peu changé la donne et d’autres que les minettes pré-pubères se sont mis à voter !

Nouvelle expérience : tu sera, avec Stéphane Bern, la commentatrice du soixantième prix Eurovision qui aura lieu à Vienne le 23 mai.
Et j’en suis ravie car avec Stéphane on s’entend très bien. Féru d’Histoire, il va nous raconter des anecdotes sur tous les pays, les alliances, les conflits… etc… Quant à moi je commenterai les musiques, les voix, les tenues…. Rassure-toi, je serai très bienveillante… mais non dénuée d’humour et de bonne humeur !
Nous allons passer quatre jours de rêve en Autriche et Stéphane est déjà tout émoustillé de me faire visiter la chambre de Sissi ! Je sens qu’on va beaucoup s’amuser.

Tu connais, bien entendu, la chanson représentant la France ! »
« Noubliez pas » qu’a composée Robert Goldman, le frère de Jean-Jacques et que défendra Lisa Angel. C’est une belle et émouvante chanson et la voix de Lisa est sublime. Et quelle adorable fille… C’est un petit macaron sucré !
La chanson parle des méfaits des guerres, de la démocratie, de cette humanité qui continue ses violences. Elle défend la paix, c’est un sujet grave et il faut y faire attention car, où que l’on soit, elle est toujours en sursis. »

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Propos recueillis par Jacques Brachet

 

NOTES de LECTURES par les Plumes d’Azur

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François CHENG : Et le souffle devient signe  Portrait d’une âme à l’encre de Chine
( Ed l’iconoclaste) – 127 pages

Dans ce petit livre, l’auteur présente quelques unes des calligraphies qu’il a réalisées.
Après quelques pages d’éloges sur cet art chinois qui lui procure la sérénité, il reproduit certaines de ses œuvres et les accompagne de commentaires pour en décrire le contenu du texte, les conditions de la réalisation et les bienfaits que l’exercice lui a apporté.
Livre de réflexion qui révèle un peu à  nos esprits occidentaux ce que recouvre la calligraphie d’idéogrammes chinois.
Michel  HOUELLEBECQ : Soumission  (Ed Flammarion) – 300 pages
L’auteur se situe en 2020 , l’élection présidentielle met en présence le front national et le représentant de la fraternité musulmane, c’est ce dernier qui est élu avec le concours des socialistes .
Voilà donc la France avec un président musulman , intelligent et cultivé, soucieux de présenter l’Islam comme la forme achevée d’un humanisme nouveau réunificateur, l’idée générale serait de créer un empire arabo-européen . Le nouveau gouvernement concède quelques ministères importants aux socialistes par exemple les Finances mais se réserve l’Education nationale, ne pourront accéder à l’Université que les professeurs convertis à l’Islam . L’auteur nous propose un de ces professeurs d’université comme personnage principal de son roman . Celui-ci analyse la situation en même temps qu’il nous fait part de ses besoins sexuels avec force détails qui pourront choquer certains lecteurs
Le sujet peut paraître farfelu ou improbable mais il est traité avec le talent habituel de Houellebecq et on ne s’ennuie pas une minute en lisant cette fable pétrie à la fois de vraisemblances et d’invraisemblances . Dans les années 70 Raspail avait écrit «le camp des saints » qui sous une autre forme abordait déjà le problème de l’inertie des populations devant un envahissement de hordes africaines ou plus exactement une incapacité à réagir devant certains problèmes …..Ce roman n’est pas un brulot de fanatisme mais une lente descente vers l’indifférence et le confort , triste roman de l’abdication et de l’usure . SI le ton n’en est pas provocateur, le sujet l’est évidemment, il n’en reste pas moins que les analyses proposées restent cohérentes et font réfléchir

DUTEURTRE Beno+«t photo C. H+®lie Gallimard COUL 1 06.08 Hustvedt Siri HD RED-®ArnaudMeyer
Benoit  DUTEURTE : L’ordinateur du Paradis  (Ed Gallimard ) – 211 pages
Le roman est divisé en courts chapitres où alternent deux voix mêle avec bonheur fantaisie et réflexion .
Celle de Simon Laroche :il vient de mourir et attend de rentrer au Paradis , il a vu un avocat, un psychologue, assis dans une salle d’attente, un ticket avec un numéro dans la main. Il est dans une zone de tri où il fait la connaissance du Grand Saint-Pierre face à plusieurs écrans d’ordinateurs.
L’autre voix est celle d’un narrateur extérieur qui relate la réussite professionnelle  puis la chute de Simon Laroche jusqu’à sa mort, victime avec ses contemporains du « grand dérèglement » révélant à tous la vie privée de chacun, via internet. Le cloud déversant les données informatiques qu’il est censé  protéger de toute intrusion.
Fable drôle et corrosive, où l’auteur dénonce avec humour les dérives de notre société, et en particulier, celles d’internet , des nouvelles technologies que les humains croient maîtriser et qui, soudain, peuvent prendre le pouvoir.
Siri HUSTDVET : Un monde flamboyant (Ed Actes Sud) –  400pages
Comment être reconnue comme artiste lorsque vous êtes la femme de Felix Lord, directeur d’une galerie d’art à New York, que votre physique déconcerte car vous mesurez un mètre quatre- vingt- huit, que votre immense culture rebute plus qu’elle n’attire ?
Harriet que tout le monde appelle Harry, déjà un pas vers l’ambiguïté du sexe, est sculpteur, peintre, sa conception de l’art moderne est gentiment appréciée dans le milieu mais sans plus. Très douée, Harry est séduite par la figure de Margaret Cavendish, aristocrate du dix-septième siècle qui a écrit un brillant Blazing World, œuvre littéraire de science-fiction défendant les droits des femmes contre le rôle de genre stéréotypé.  Harry se révèle après la mort de Felix, elle peut enfin se mesurer au monde des critiques d’art  qui aiment avoir l’impression de dominer l’œuvre d’art.  Elle utilise la mystification pour plus tard exposer et humilier ce petit monde clos qui exclut les femmes. Elle utilise alors  trois artistes masculins qui en trois expositions endosseront la paternité de ses œuvres, le dernière devant faire éclater la vérité aux yeux de tous. Contrat secret qui satisfait Anton Tish(anagramme de shit), Phineas Eldridge charmant homosexuel métisse, et Rune ambitieux créateur qui séduit grâce à son propre pouvoir de séduction.
Harry imagine la reconnaissance sous la forme d’un conte cruel, elle se cache sous trois identités, trois masques de teinte et d’allure différentes afin que l’histoire ait sa forme parfaite. Elle joue à l’apprenti sorcier et sera brisée par Rune, son brillant alter ego qui s’appropriera la paternité de ses œuvres.
Siri Ustdvet écrit un brillant roman à plusieurs voix, ses enfants, son amant fidèle, sa meilleure amie, les critiques d’art, les journalistes et surtout le carnet intime de Harriet. Page après page, un puzzle très subtil se dévoile, maintient toutefois le suspense tout en n’interdisant pas l’émotion notamment dans les pages très émouvantes de l’accompagnement de Harry jusqu’à sa mort avec l’aide des chakras et du pouvoir des auras et des cristaux guérisseurs.
Remarquablement documenté, ce roman fouille l’âme humaine, les forces du bien et du mal ; cela reste toutefois un roman pour les newyorkais et surtout une certaine élite, celle de l’art contemporain.