Archives mensuelles : janvier 2015

Ahmed DRAME… L’amour en héritage

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« Les héritiers », film de Marie-Castille Mention-Schaar, fait un carton. Déjà plus de 500.000 spectateurs l’ont vu et aujourd’hui, voici que son comédien, co-scénariste également, Ahmed Dramé est nommé aux César pour la révélation masculine. Le bonheur sur toute la ligne.
Grâce à Noémie Dumas, qui préside aux destinées du Six n’étoiles de Six-Fours, nous avons eu la chance de voir arriver ce tout jeune nominé de 21 ans pour présenter ce film qui, à juste titre, lui tient tellement à cœur.
J’ai eu la chance de l’avoir une heure en tête à tête et, en plus d’être un talent plein de promesse, j’ai rencontré un être à la fois lumineux, bien dans sa tête, sensé, posé et volubile quant à la passion qu’il a pour ce métier qu’il a toujours voulu faire, jouer et écrire étant ses buts déjà tout jeune, et qui s’exprime avec délicatesse et sincérité.

Alors Ahmed, quel effet ça fait d’être « nominé » ?
Nominé seulement… pas encore nommé ! Mais c’est un sentiment émerveillé de voir déjà la reconnaissance du métier.
Il faut passer parfois par beaucoup de sacrifices pour en arriver là et là, le métier me dit que j’ai eu raison. Bien sûr que j’en ai rêvé mais justement, ça n’était qu’un rêve sans imaginer que ça viendrait si vite. Je pensais que ça n’appartenait qu’à quelques élus… Et aujourd’hui je le suis !
Déjà, lorsque j’ai tourné « Les petits princes », je trouvais que j’avais de la chance mais tout s’est enchaîné si vite…
Ça ne te fait pas peur  justement ?
Tu sais, je suis quelqu’un de très discret et j’ai la chance d’avoir rencontré des gens extraordinaires comme Anne Anglès, ma prof, grâce à qui tout  a commencé, puis Marie-Castille qui m’a fait confiance tout de suite, au-delà de ce que je pouvais espérer, Ariane Ascaride et son humanité et Léon Zyguel qui m’a ouvert aux réalités du monde et dont j’ai appris la mort aujourd’hui. J’ai beaucoup de peine.
Avec tout ce que ces personnes m’ont apporté, je ne peux que garder la tête froide.

B

Que t’ont-elles apporté ?
Les réelles valeurs du travail bien fait, le respect des autres et de soi, l’amour des autres… Je comprends l’importance de tout cela et il n’y a donc pas de quoi s’enflammer pour des honneurs, même si c’est appréciable.
Je n’ai que 21 ans, j’ai encore plein de choses à prouver, à apprendre.
Dans ce milieu du cinéma, rien n’est jamais acquis, on reste étudiant à l’infini, on est sans cesse à la recherche d’un rôle, d’une histoire, d’un univers…
Comment es-tu venu à ce métier ?
J’ai toujours aimé le cinéma, j’ai toujours aimé écrire. Déjà, lors de mes premiers castings, je lisais les scénarios en m’intéressant à leur écriture, à leur construction. Je me suis alors dit : pourquoi ne pas essayer ?
Mais pour cela, il me fallait une histoire et pourquoi pas ne pas partir sur du vécu, sur quelque chose qui avait marqué ma vie ? Alors j’ai pensé à cette année de classe qui restait une de mes plus belles expériences.
En as-tu parlé à tes camarades ?
Non, tout d’abord parce que je les avais perdus de vue, puis parce que je ne savais pas où ça allait me mener et enfin, dans la vie je suis très pudique, je ne raconte pas ce que je fais. Seules ma maman et ma sœur étaient au courant. Ce n’est qu’à deux semaine de tournage que je l’ai dit à certains. Ils étaient à la fois surpris, curieux et heureux.
Tu t’es donc écrit ton propre personnage ?
Oui mais je ne l’ai pas du tout fait dans ce but. J’écrivais ce que j’avais vécu et au départ, je voulais surtout fixer par écrit cette histoire importante pour moi. Je voulais aussi honorer certains profs qui oeuvrent souvent avec des moyens limités et des ados pas faciles. Enfin je voulais rendre hommage à ces gens comme Léon Zyguel, qui ont vécu des choses abominables. Mon but était de rassembler et toucher un maximum de personnes.
Comment en es-tu arrivé à cette finalité ?
Ça a été le parcours du combattant. J’ai tapé à tellement de portes pour pouvoir montrer mon scénario ! Ça a été très compliqué, très frustrant… On m’a donné tellement d’excuses, de refus, qu’à un moment, j’ai décidé d’abandonner. Ça a duré cinq mois mais il y avait des gens autour de moi qui me disait qu’il fallait y croire, qu’il ne fallait pas baisser les bras, à tel point que j’ai eu un sentiment de honte et que j’ai relancé la machine. Je me suis dit qu’il était normal qu’on se méfie d’un ado de 17 ans 1/2 qui n’avait même pas fait un court métrage et qu’il fallait que je m’accroche.

A

Et ça a été ta rencontre avec Marie-Castille !
Exactement ! J’aimais ce qu’elle faisait, de plus, elle était scénariste, réalisatrice, productrice et elle ne pouvait m’être que de bon conseil. J’ai trouvé ses coordonnées sur Internet, j’ai appelé et elle m’a donné tout de suite rendez-vous… Je n’en revenais pas !
Alors ?
Elle a tout voulu savoir de moi, d’où je venais, pourquoi j’avais écrit ce scénario, quelles étaient mes ambitions… Nous avons passé l’après-midi ensemble et à la fin elle m’a dit : « Alors, qu’est-ce qu’on fait ? ». J’ai été tellement surpris que je n’ai su que dire. C’était tellement inattendu, si soudain. C’est en sortant de chez elle que j’ai commencé à comprendre ce qui se passait. Nous avons finalement décidé de réécrire ensemble le scénario, qu’elle le réaliserait et que j’y jouerais mon rôle.
11 juillet 2013 :C’est une date que je n’oublierai jamais. Au premier clap, j’ai compris ce qui m’arrivait !
Et il y a eu deux autres rencontres : Ariane Ascaride et Léon Zyguel.
Deux cadeaux énormes.
Ariane, c’est le talent doublé d’humanité, de générosité. Très protectrice, elle a tout fait pour me mettre à l’aise, me mettre en valeur, m’aider au maximum sans ostentation. Ca a été une véritable osmose.
Ma nomination, je la lui dois en grande partie car au cinéma, il faut savoir qu’on ne joue pas tout seul. On dépend d’une équipe pour dégager quelque chose. Et puis, Ariane est une passionnée. Je me souviens de son dernier jour de tournage à Bruxelles. Elle a donné un pot d’adieu et je me suis mis à pleurer devant tout le monde, moi qui n’ai pas l’habitude de montrer mes sentiments en public.
Je prenais alors conscience de son engagement, de sa détermination, de ses implications. C’est une actrice fantastique doublée d’une femme chaleureuse et humaine.
Tu dois être déçu qu’elle ne soit pas nommée aux César ?
C’est vrai, ça a été une déception, j’ai trouvé ça injuste. Mais je crois que ça m’a plus frustré qu’elle. Elle est heureuse pour moi, tout simplement. Et elle, elle n’attend pas ça. Elle a déjà eu un César, elle a déjà tout gagné et tout le métier le sait, le reconnaît. Je sais qu’elle nous surprendra encore.
Et puis il y a eu Léon Zyguel…
Sa mort aujourd’hui, à 87 ans, m’a rendu très triste.
C’était un homme d’une grand humanité. C’est très bizarre car j’ai été tout de suite très proche de lui, comme si nous avions le même âge. Je lui ai dit que si nous avions vécu à la même époque, nous serions certainement devenus les meilleurs amis du monde. Il m’a dit que la différence d’âge n’empêchait pas d’être amis.
Lorsqu’il a évoqué  ses souvenirs dramatiques, je me suis rendu compte qu’il avait alors 15 ans. Et moi j’en avais alors 15 1/2. Quel courage, quelle force, quelle noblesse dans cette vie de combattant. Malgré tout, il croyait en l’avenir de l’Homme. Il est l’une des personnes qui a changé ma vie.

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Revenons à ta prof, Anne Anglès… Comment a-t-elle appréhendé cette aventure ?
Avec surprise et émotion car elle n’imaginait pas un seul instant qu’elle ait été aussi importante pour nous. Marie-Castille l’a rencontrée et, pour en savoir plus sur elle, elle s’est immergée six mois dans sa classe, pour l’observer, la cerner. Entre elles aussi, il y a eu une belle osmose.
Tes camarades ont-ils enfin vu le film ?
Oui, nous avons voulu faire une projection pour eux. J’ai eu un mal fou à les retrouver tous et les réunir mais on y est arrivé. Ils sont passés par tous les sentiments : rire, émotion, frustration, joie mais en fait il y avait en eux beaucoup de fierté.
Ça restera pour nous tous une période inoubliable. »

Propos recueillis par Jacques Brachet

TOULON – Théâtre Liberté
Soirée de soutien à Charlie Hebdo et pour la liberté d’expression

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Le Théâtre Liberté, l’association Les Chantiers du Cinéma et la Ligue de l’enseignement du Var organisaient le mardi 27 janvier 2015 une soirée de soutien à Charlie Hebdo et pour la liberté d’expression avec la projection du documentaire de Stéphanie Valloatto Les Caricaturistes, fantassins de la démocratie, déjà présenté en sélection officielle, hors compétition, au Festival de Cannes en 2014
Ce film a pour meneur de jeu le caricaturiste Plantu, qui nous fait également découvrir comment on invente une caricature. Nous suivons à travers le monde douze dessinateurs de presse engagés et actifs : en plus de Plantu, Slim, Angel Boligan, Baha Boukhari, Jeff Danziger, Michel Kichka, Pi San, Rayma Suprani, Damien Glez, Nadia Khiari (dessinatrice de « Willis from Tunis »), Mikhaïl Zlatkovski et Zoho (Lassane Zohore). Ce sont douze types formidables, drôles et touchants, sympathiques et pacifiques, filmés aux quatre coins du monde, qui défendent la démocratie en faisant semblant de s’amuser, avec pour seule arme, un crayon, au risque de leur vie. Ils sont Français, Tunisienne, Russe, Américain, Burkinabé, Chinois, Algériens, Ivoirien, Vénézuélienne, Israélien et Palestinien. On les suit dans leurs lieux de résidence et de travail, ce qui donne l’occasion d’un magnifique voyage à travers le monde. On partage leurs conditions de vie, leurs difficultés. Ils nous font part avec humour des dangers qui les menacent. Ils sont sereins, tranquilles, souriants, et fortement réconfortants. Des moments forts : la passion avec laquelle  Mikhaïl Zlatkovski parle de la Russie, passée et présente ; la douceur et le sourire de Nadia Khiari, qui lutte avec son chat Willis en Tunisie. Le moment le plus émouvant c’est la rencontre fraternelle de l’Israélien Michel Kichka avec le Palestinien Baha Boukhari qui lui fait visiter la maison de ses ancêtres à Jérusalem. On pense au vers de Prévert : Quelle connerie la guerre !

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Après le film vint le débat présenté, avec sa décontraction coutumière, par Charles Berling et animé par Patrice Maggio (rédacteur en chef de Var Matin) et Dominique Dabin (directeur du Club de la Presse du Var), en présence de Jean-Marie de Peretti (journaliste à Reporters Sans Frontières), Corinne Jaber (comédienne qui présente en ce moment un spectacle sur la situation syrienne), et Loutcha Dassa (présidente de l’association Les Chantiers du Cinéma), à laquelle on devait de voir ce film au Liberté.
A la demande de Charles Berling, et pour lancer le débat, Patrice Maggio raconta sobrement ce qu’il faisait ce jour-là au journal, comment il avait appris le drame, et comment Var Matin avait couvert le phénomène. Jean-Marie de Peretti brossa un tableau des activités de Reporters sans Frontières. Il apprit qu’au classement mondial de la liberté de la presse les pays du Nord de l’Europe étaient en tête, et que sur les 180 pays classés, l’Erythrée, la Chine et l’Iran étaient les derniers.
Corinne Jaber nous informa sur la situation de l’information en Syrie : Il n’y a plus de journalistes ; ce sont les citoyens qui se débrouillent pour filmer, écrire, en faisant passer clandestinement, souvent au risque de leur vie, les cartes Sim dans les pays frontaliers.
Vinrent les questions, les déclarations de nombreuses personnes du public. On se posa la question de « Peut-on rire de tout ? » – Avis partagés. Quelqu’un dit qu’après tout personne n’était obligé de regarder les caricatures, par exemple. Bon débat, enrichissant, sans dérapage, mené fermement par Charles Berling. Les invités ont su répondre sans langue de bois, avec simplicité et honnêteté.

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Par contre, dans le public, on sent bien la peur de s’exprimer sur tout ce qui touche à l’islam et au terrorisme. Là les gens prennent des précautions orales, le langage se fait lisse, on ménage la chèvre et le chou. Sans nommer les choses exactement on flotte dans l’indéterminé, et laisse la place à ceux qui osent, pour le pire.
La foule avait rempli la grande salle Albert Camus, ce qui est le signe que les gens ne sont pas passés à autre chose, qu’ils ont à cœur de défendre la liberté d’expression et la laïcité.
Charles Berling rappela que le Théâtre Liberté avait aussi pour vocation d’être un lieu de parole populaire, et que le théâtre reposait depuis toujours sur la caricature.
La recette sera remise à « Reporters sans Frontières ».

Serge Baudot

TOULON – Galerie Estades
4 expositions

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24 JANVIER – 6 MARS : ŒUVRES SUR PAPIER

Cette exposition réunit une sélection de grands maîtres provençaux , lyonnais et contemporains qui ont travaillé sur le support papier : de nombreuses techniques seront à l’honneur.

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14 MARS – 18 AVRIL : BERNARD BUFFET

La galerie à l’immense honneur d’accueillir des œuvres d’un des plus grands maîtres contemporains du XXème siècle.

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25 AVRIL- 13 JUIN : JEAN-PIERRE MALTESE ( Peintures ) et Sylvie DERELY ( Sculptures )

Cette exposition associe le talent  de deux artistes dont le point commun est incontestablement la poésie.
– Jean-Pierre MALTESE est une des figures majeures de l’école provençale contemporaine : excellent coloriste , son œuvre procure une sensation d’émerveillement.
– Sylvie DERELY crée des personnages aux courbes harmonieuses évoquant l’amour , l’amitié, la famille… tout un univers touchant qui nous bouleverse.

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20 JUIN – 5 SEPTEMBRE : MAITRES PROVENCAUX
– Tout au long de l’été divers peintres maîtres provençaux vont se succéder aux cimaises de la galerie

Galerie Estades – 18, Rue Henri Seillon – Toulon
04 94 89 49 98 – galerie.toulon@estades.comwww.estades.com

 

Jean-Pierre MOCKY :
« Il n’y a plus de grands comédiens… »

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Il y a tout juste un an, Claude Lelouch inaugurait le cinéma Six n’étoiles de Six-Fours. Nous l’y avions rencontré pour l’inauguration d’une salle qui porte son nom.
Il fallait donc, pour fêter l’événement, une personnalité d’aussi grand prestige et c’est Jean-Pierre Mocky qui a été choisi, invité pour un week-end à présenter son dernier film « Je vous trouve jolie » et son précédent film « Le renard jaune ».
Le samedi, en début de soirée, il était venu saluer son public à la brasserie, trinquer avec lui et nous en avons profité pour le rencontrer.
Alors que l’on a tout dit sur ce réalisateur prolifique et talentueux, à propos de son caractère râleur, vindicatif, caractériel même, ce fringant octogénaire nous est apparu d’une belle simplicité, d’un calme olympien, à la fois très communicatif et très abordable. Evidemment, chassez le naturel… et s’il a été un tantinet râleur c’est avec modération !
C’est donc autour d’une bouteille de vin blanc offerte par le patron du lieu, que nous avons pu discuter à bâtons rompus, très souvent coupés par quelques admirateurs qui « tapaient l’incruste ! »

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Dans ce nouveau film, « Je vous trouve très jolie », pour l’une des rares fois de votre filmographie, l’on ne trouve pas de grandes stars…
Parce qu’on n’en a plus en France et que je suis bien obligé de prendre des comédiens qui, aujourd’hui, pour la plupart, viennent de la télé où ils tournent souvent des merdes sans nom, genre « Plus belle la vie », « Nos chers voisins »…
Certains ne sont quand même pas mauvais !
Evidemment mais beaucoup le sont. Bon, j’ai pris le dessus du panier : Thierry Neuvic, Lola Dewaere, Delphine Chaneac, Lionel Abelanski. Mais en dessous du panier, il n’y a pas grand chose !
Pour vous, qu’est-ce que c’est qu’un comédien ?
C’est d’abord quelqu’un qui a des tripes, c’est Gabin, Ventura, Aznavour, Delon. Des gens qui en ont bavé. Pas des gens qui suivent des cours qui coûtent cher et qui vont manger au McDo ! Parmi eux, il y a quelques bûcheurs mais une majorité de planqués.
En fait, le cinéma, hormis pour les techniciens, ça ne s’apprend pas. C’est un métier qu’on apprend sur le tas et encore à condition d’avoir du talent à la base. Ca s’apprend en jouant, en étant sur le terrain, comme au football.
Il faut du talent, du charisme. En France on n’a plus de Bardot, de Deneuve. Quant aux comiques, ils ne sont pas drôles. et j’ai constaté qu’en plus, les bons mouraient relativement jeunes : Bourvil, Fernandel, Coluche… C’est bizarre, non ?
Tourner, pour vous aujourd’hui, est-ce difficile ?
Pour moi ça l’a toujours été car je choisis souvent des sujets qui font polémique, qui dérangent : le terrorisme, les magouilles politiques, la violence dans le sport, les médicaments qui tuent, le bio qui ne l’est pas…
Alors j’ai du mal à trouver du fric. Les mécènes se font rares et le peu qu’il en reste préfèrent créer des fondations humanitaires pour se glorifier eux-mêmes.
Comment faites-vous ?
Comme je peux ! Je continue à me battre pour produire mes films, les faire voir dans des festivals où lorsque je suis invité comme aujourd’hui à Six-Fours où j’ai été magnifiquement accueilli. J’ai aussi mes salles de cinéma mais c’est quand même dur de passer mes films dans des circuits normaux et pourtant, lorsqu’ils passent à la télé, ils sont très regardés. Lorsque « Colère » est passé sur France 3, ça a fait un million et demi de téléspectateurs.
Il faut donc tourner pour la télé !
Alors là, gros problème : elle préfère acheter des séries qui se ressemblent toutes, à moindre frais. Et puis, lorsque j’arrive avec mes sujets, qui sont des sujets graves, essentiels tout le monde refuse de peur de perdre son poste car beaucoup sont tabous. Et on ne donne pas de l’argent à n’importe qui !
Regardez « Charlie Hebdo » :il y a quelques mois, tout le monde a refusé de les aider. Aujourd’hui, avec ces tristes événements, tout le monde veut leur donner de l’argent et même le gouvernement qui leur propose un million d’Euros alors qu’il y a quelques mois, il n’avait pas d’argent… Bizarre comme situation, non ? Pensez-vous vraiment que c’est pour la liberté d’expression ?

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Alors, comment faire ?
Eh bien, j’essaie de faire des comédies ou des polars afin de ne froisser personne mais surtout pour continuer à faire mon métier, pour plaire à M Drucker et à ses ménagères !
Un film comme « Les hommes du Président » n’aurait jamais pu se faire en France. Les Américains, les Italiens aussi, osent, ils sont moins frileux.
C’est ça la liberté en France : on peut filmer son cul mais on ne peut pas le montrer !
Et qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas d’argent : il y en a pour Nagui qui fait chanter des cons, pour Sébastien qui fait son cirque !
Alors, comment faire, dites-vous ? Eh bien, se caler devant sa télé et se masturber en avouant son impuissance et regarder des productions sans risques et sans consistance.
Vous arrivez quand même à produire deux, même trois films par an !
Et on me le reproche assez ! Même Drucker m’a reproché d’en faire trop alors qu’il fait 40 émissions par an qui coûtent certainement plus cher que mes films !
Vous avez toujours vos cinémas ?
Oui, le Desperado et le Studio qui marchent bien. Mais j’ai un autre projet : créer un silo au centre de Paris. C’est un grand cercle de tôle surmonté d’un toit pointu dans lequel, au moyen de cloisons en briques je voudrais installer des salles de cinéma, une scène, des loges, des toilettes, où je pourrais organiser des projections, des spectacles, des rencontres, des conférences…
Ça coûte peu cher à monter et depuis pas mal de temps j’essaie d’arracher un terrain à Mme Hidalgo, la maire de Paris… Et ce n’est pas facile.
Sinon, j’ai toujours mille projets et j’en aurai toujours mais le manque d’argent fait que je ne peux pas avoir de coordination, de communication. J’ai quelque 70 films à vendre, à promouvoir… Mais je ne baisserai jamais les bras.
Bon, avec tout ça, j’espère que je ne vous ai pas trop emmerdé ! »

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Propos recueillis par Jacques Brachet.
Photo 2 : Avec Noémie Dumas, directrice du Six n’étoiles

Saint Cyr sur Mer
Au petit théâtre de l’Espace Provence

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Le Petit Théâtre de l’Espace Provence ouvrira l’année 2015 avec « Duel au canif » de Maupassant. Une œuvre férocement drôle interprétée par la Troupe du Brigadier.

L’intrigue
Paris, 1890. Le comte Jean de Sallus, homme mondain et volage, tente de reconquérir sa vertueuse et audacieuse épouse Madeleine, au moment même où celle-ci s’est décidée à prendre un amant, le fougueux Jacques de Randol…
Avec  « ‘Duel au canif », dont le titre définitif sera « La paix du ménage », Guy de Maupassant signe une comédie brillante et avant-gardiste à l’humour à la fois subtil et féroce.
Un portrait au vitriol de la bourgeoisie et des mœurs de l’époque qui nous éclaire sur l’universalité des rapports homme – Femme.
Voici l’occasion unique pour découvrir (ou redécouvrir) que le génial auteur des Contes et Nouvelles était également un formidable auteur de Théâtre.

Mise en scène : Hervé FASSY
Interprètes : Laurence PREVE – Gérard PALU – Hervé FASSY
Costumes : Eliana QUITTARD

La troupe
La Troupe du Brigadier est une troupe professionnelle du Pays d’Aix.
Elle a été créée en 2011 et a monté 3 spectacles qu’elle fait tourner.
A ce jour, ce sont dix comédiens professionnels qui sont régulièrement engagés par la Troupe. Ce nombre est susceptible d’augmenter au gré des nouvelles créations.

Billetterie et Renseignements au Centre d’art Sébastien :
12 boulevard Jean Jaurès –  Saint-Cyr-sur-mer
Ouvert du lundi au vendredi , de 9h à 12h et de 14h à 18h
Réservations possibles par téléphone au 04 94 26 19 20

 

Toulon – Théâtre Liberté
Mardi-Liberté avec OTTILIE(B)

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Il est toujours heureux de faire des découvertes artistiques. Je ne connaissais pas la chanteuse  OTTiLiE (B) et ce fut une magnifique rencontre. Une présence scénique indubitable, toute de simplicité et de naturel. Elle se présente entourée de ses instruments : un ordinateur, une guitare, un grand tambourin, un accordéon. Elle utilise aussi une bande sons parfaite, et un pédalier pour commander le tout. On se dit qu‘on a affaire à une musicienne. Dès la première chanson c’est confirmé. Une attitude simple, une voix qui charme, et une étendue de registres incroyable. Une belle tessiture allant du grave à l’extrême aigu, avec une puissance dans le médium digne d’Edith Piaf. Une voix fraîche et pure. C’est une vraie chanteuse, de la trempe des grandes. Elle introduit souvent ses chansons par des diphonies (émettre deux sons de fréquences différentes), chant pratiqué par différents peuples : Mongols, tibétains, Indiens, africains du sud. Ottilie a surtout étudié les chants mongols et sud-africains. Cette technique, associée aux bourdons de l’accordéon par exemple, est d’un effet très prenant. Ottilie a l’intelligence de n’en pas abuser, mais de s’en servir comme de couleurs dans sa prestation. Et quand elle chante, disons de la façon traditionnelle de nos contrées, elle prend sa place dans le gotha des vraies chanteuses. La diversité de ses accompagnements ajoute encore à la force et au plaisir de son tour de chant. Une belle utilisation de « Skype » pour un duo avec André Manoukian sur l’écran de son ordinateur. A noter une splendide chanson qui avaient des échos avec les tristes événements du 7 janvier, particulièrement ressentie par le public. Elle finira son tour de chant en s’accompagnant à la guimbarde, sous les applaudissements nourris des spectateurs.
Toutes les chansons étaient de sa composition, paroles et musiques, sauf « Madame rêve » de Bashung. Elle chante le temps qui passe, l’amour, la vie, les grands thèmes éternels. Sa musique est éminemment belle et personnelle, et les paroles, très fortes, avec des trouvailles qui touchent à la poésie : Va pleuvoir ailleurs si j’y suis – Soupe de grimaces et de poison – Crayons de couleur pour barbouiller les feuilles des jours – Seule, je déborde de la cage que je me forge. Et ceci sur une valse musette : J’ai pris mes crayons de couleurs, blanc sur rouge, rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp, j’ai pris mes crayons de colère.
Il faut absolument qu’elle se produise sur une grande scène. Voilà la saveur des Mardis Liberté, nous plonger dans l’inconnu pour y trouver du nouveau, et du beau.

Serge Baudot

J’ai appris qu’elle était soutenue par France Inter ; espérons que cela aidera à la propulser dans les médias, qu’on puisse l’entendre.
Elle a publié un disque en 2013: « Histoires d’O2 » – (Internexterne-L’autre Distribution)

« LE DERNIER LOUP » de Jean-Jacques ANNAUD
Une fresque somptueuse

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Un film de Jean-Jacques Annaud est toujours un événement, de « La guerre du feu » au « Nom de la rose », de « La victoire en chantant » en passant par « L’amant », de « L’ours » en passant par « Sept ans au Tibet »…
Tous ont eu un énorme succès, césarisés, oscarisés, et, hormis les animaux dont il s’est un peu fait une spécialité, il a tourné avec les plus grandes stars, de Brad Pitt à Sean Connery en passant par Antonio Banderas, Jude Law…
Outre son immense talent de réalisateur, Jean-Jacques Annaud est un homme délicieux de gentillesse, de passion de son métier, d’humanité. Simple, jovial, volubile, à chaque rencontre on est sous le charme de cet homme qui nous offre des films originaux et à chaque fois, il sait nous surprendre, nous séduire, nous émouvoir avec des sujets pas toujours faciles mais dont il fait une oeuvre universelle.
J’avais gardé un magnifique souvenir de notre dernière rencontre et, nous nous retrouvons au Pathé Grand Ciel de la Garde avec le même plaisir, pour la présentation de son nouveau film « Le dernier loup » qui sortira le 16 février. Il était accompagné de son producteur, et néanmoins complice et ami de 28 ans, Xavier Castano.

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 Le film
Nous sommes en 1969. Deux jeunes étudiants de Pékin, Chen et Yang sont envoyés en Mongolie pour instruire une tribu de bergers nomades. Ils se retrouvent dans des lieux désertiques, au milieu de nulle part. Au milieu d’une communauté qui vit une vie précaire avec à la fois la vénération et la peur du loup qui vient tuer leurs troupeaux. Chen est fasciné par les loups et décide – alors qu’il faut tuer les bébés – d’en sauver un, allant à l’encontre de toutes les règles de la tribu.
Il fera ainsi l’apprentissage de la vie en communauté, sur la liberté, la responsabilité. Un parcours initiatique dont il ne sortira pas indemne.
C’est un film d’une grande simplicité tourné dans un écrin somptueux et sauvage, où la vie des hommes et suspendue à la vie des animaux et de la nature environnante. fait d’un questionnement sur les loups qui tuent, les loups qu’on tue, pour chacun le leit motiv étant la survie de l’autre.
Le comédien principal de ce film nous est inconnu : Il se nomme Shaofeng Feng, magnifique et charismatique acteur chargé d’une belle émotion, d’une grande sensibilité et d’un regard  d’une incroyable expression.
Tout est beau dans ce film, de l’histoire (tirée d’un roman de Jiang Rong « Le totem du loup » qui, en Chine, est aussi mythique et plus vendu que le livre rouge de Mao), aux personnages, en passant par les paysages grandioses et toujours, dans les films d’Annaud, cette constante de filiation de don de soi pour les autres, de compréhension, de partage, d’amour des autres et de la terre, et surtout de cette beauté mise en danger par l’Homme.
On trouve tout cela dans ce film, sans parler des scènes époustouflantes tournées avec des loups sauvages.

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Rencontre

A ce propos, lorsqu’on lui en parle et qu’on lui demande quelles sont les difficultés de tourner avec des animaux, il nous dit en riant :
« Les même qu’avec des comédiens car ils sont aussi susceptibles, inattendus, capricieux mais l’avantage est qu’ils n’ont pas d’agent qui vient toutes les cinq minutes nous exprimer les états d’âme et les desiderata de leur vedette ! »

Comment êtes-vous venu à ce projet en Chine justement où, depuis votre film « Sept ans au Tibet », vous n’étiez pas vraiment en odeur de sainteté ?
Je connaissais ce roman et c’est vrai que j’avais très envie de m’y attaquer. Mais, curieusement, ce sont les Chinois qui sont eux-mêmes venus me chercher. Ils ont un jour déboulé dans mon bureau en me disant : « On a besoin de vous ». Ils voulaient que j’adapte ce roman et que je le réalise. J’ai été très surpris, d’autant que, si certains de mes films sont connus là-bas, « L’amant », par exemple, y est toujours interdit ! Mais j’ai été reçu avec les honneurs par le maire de Pékin et je suis parti aussitôt pour les terres de Mongolie, avec Xavier et l’auteur du livre. J’ai alors découvert des paysages incroyablement vierges alors qu’on est sur les terres de la république de Chine. Nous y sommes allés plusieurs fois, nous tapant des milliers d’heures de 4X4. Nous avons dû bien réfléchir aux dates de tournage car les loups naissent en avril et que le film devait évoluer avec le louveteau que nous avions choisi.
En fait, en tout et pour tout, nous avons vécu près de quatre ans en Chine entre la préparation, les repérages et les 160 jours de tournage répartis sur 15 mois.
Comment avez-vous travaillé avec tous ces animaux ?
Tout d’abord nous avions un dresseur : Andrew Simpson, avec qui nous étions très proches, ce qui était indispensable car ce sont des animaux très inattendus, très fragiles et que la psychologie adaptée était importante. Nous les avons traités comme des vedettes : ils avaient leurs lieux de repos, leurs bases, la base faisant la superficie de deux terrains de foot ! Il faut savoir qu’avec les animaux, on ne peut pas faire deux prises. Si la première n’est pas bonne, c’est fichu car, surtout les loups, ce sont des animaux imprévisibles, au fort caractère, à qui on ne fait pas refaire deux fois la même chose. Ce sont des instinctifs. Mais lorsque je travaille avec des animaux, je les aime, je les respecte autant qu’une star et s’ils le sentent, ils sont naturels. J’ai même fait ami-ami avec le chef de troupe qui venait sauter dans mes bras chaque matin, condition sine qua non pour qu’il ait envie de travailler !
Autre problème : comment dirige-ton une troupe essentiellement chinoise ?
Il est vrai que nous étions 9 Français pour 480 Chinois ! D’abord, au niveau de la langue, l’on a des interprètes et surtout – et ça, pour moi, c’est primordial – je suis toujours très proche de mes équipes. J’ai travaillé avec des gens de tous pays et je me considère avant tout au service de mon film et de mon équipe. Le tournage doit être un partage. Nous avons travaillé dans le respect et la confiance. Les Chinois sont des gens très attachants et ils avaient sans cesse de petites attentions à notre égard. Je garde un souvenir très ému de ce tournage car il y a eu entre nous une fusion très puissante. Je n’ai jamais rencontré ça sur aucun tournage, dans aucun autre pays.

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Le « petit loup » du départ a grandi. En avez-vous utilisé plusieurs au fur et à mesure que le tournage avançait.
Non, c’est le même d’un bout à l’autre du film car un loup est difficilement apprivoisable. Il s’est donc attaché à nous comme nous nous sommes attachés à lui. Et ce qui est bizarre c’est qu’au fur et à mesure qu’il grandissait, il s’éclaircissait jusqu’à devenir presque blanc, alors que les autres loups gardaient leur couleur foncée.
Avez-vous eu des problèmes avec le froid ?
Quelques-uns car nous avons tourné jusqu’à -30/40° !… Par moments je me disais qu’on était un peu cinglé ! Mais nous étions très protégés même si Xavier y a laissé un pouce.
Explication de Xavier : Mon zoom était bloqué par le froid et avec les gants, je ne pouvais pas faire la mise au point. J’ai enlevé un gant mais le temps que je fasse mon travail, je n’ai plus senti mon pouce. Un an et demi après, mon pouce est toujours insensible. Et un technicien a eu la même chose avec un orteil ! Ce sont les risque du métier ! Le matériel, lui, était protégé afin qu’il n’y ait pas de choc thermique entre le chaud et le froid.
Par contre – reprend Jean-Jacques – nous avons eu d’énormes problèmes avec des essaims de moustiques, des nuées de milliers de moustiques qui nous ont obligés de travailler avec les mêmes costumes qu’utilisent les éleveurs d’abeilles pour récupérer le miel.
Votre plus grosse difficulté ?
La scène de l’attaque des chevaux avec la nuit, le froid, la neige. Nous avons mis un mois et demi pour la tourner.
Le cinéma est aujourd’hui devenu une industrie importante en Chine ?
Oui, en six ans, le nombre de salles est passé de 6.000 à 28.000 et ce sont des salles magnifiques, gigantesques avec une technique incroyablement en pointe. Ce qui est fou c’est que dans certaines villes, il n’y a pas de cinéma. Tous les Chinois ont des vidéos, des Iphones mais certains ne sont jamais allés au cinéma. Aujourd’hui ils le découvrent et la production de films est l’une des plus importantes du monde.

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Comment faisiez-vous pour vous loger ?
Là encore, c’était très contrasté. Nous passions d’une petite ville qui nous accueillait dans des hôtels super luxueux alors que quelquefois, nous avons eut des lieux précaires dans ee plus grandes villes. Là bas, vous poussez la porte d’un magasin et vous vous retrouvez dans une galerie marchande française d’un luxe inouï comme on n’en trouve pas en France.
C’est aussi ça la Chine
Votre plus beau souvenir ?
Le tournage par lui-même avec cette superbe équipe qui nous a laissé une liberté stupéfiante, qui était totalement en osmose avec nous, sachant que ce livre leur tenait tellement à cœur qu’ils voulaient que le film soit une réussite. Nous avons eu énormément de difficultés mais nous avons formé une telle famille que ça va rester l’un de mes plus beaux souvenirs de tournage dont j’ai du mal à m’éloigner. Je garde un amour formidable pour la Chine, pour ses artistes, ses comédiens. J’aime dire qu’il y a eu une véritable affection, une filiation.
Çà restera pour moi une tranche de vie inoubliable.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos avec Xavier Castano (à gauche) et Alain Poujol, directeur du Pathé Grand Ciel (Photos Monique Scaletta)

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Jean-Jacques Annaud, varois de coeur
En aparté, j’ai fait découvrir à Jean-Jaques Annaud des photos que j’avais prises lors d’une ballade entre la place de l Liberté et du port de Toulon. Il rit, heureux de voir ces photos.
« J’avais déjà une belle tignasse, même si elle était alors moins blanche !
J’aime déjà la France et surtout la province car j’y rencontre des gens merveilleux, un public qui m’aime et ça fait chaud au cœur. Toulon Hyères, ça fait d’autant plus partie de mes escales que j’y viens souventparce que j’y ai de la famille, entre autre ma belle-mère ! J’adore le plaisir de vivre qu’ont les Varois et franchement, lorsqu’on descend d’avion après un voyage gris et pluvieux, y retrouver ce soleil, cette douceur… on n’a plus envie d’en partir !

« Noces de sang » au Théâtre Liberté à Toulon

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On connaît l’intrigue de ces « Noces de sang » de Federico Garcia Lorca. C’est une tragédie de la passion amoureuse qui submerge deux êtres contre leur volonté, et de la vendetta dans deux familles paysannes andalouses rivales. Il faut que le sang coule pour trouver la paix. Cette pièce est basée sur un fait divers de 1928 près d’Almeria.
La Mère du Fiancé rumine la mort de son mari et de son fils aîné. Son fils cadet est fiancé à une belle et riche héritière, qui en fait se marie par dépit, et parce qu’il faut bien avoir un « homme » dans cette société-là.  Elle a été amoureuse de Leonardo il y a quelques années, qui n’a pas pu l’épouser parce qu’il n’était pas assez riche. Celui-ci, qui est marié à la cousine de la Fiancée, resurgit dans sa vie : tous deux essaient de se fuir : en vain. Emportés par la force irrépressible de leur amour, ils s’enfuient après le mariage, laissant famille et invités en plan. Selon l’honneur andalou de l’époque, le fiancé ne peut qu’aller tuer son rival. S’ensuit une longue traque la nuit dans la forêt. Leonardo et le Novio mourront chacun par le couteau de l’autre. La Fiancée revient et offre sa vie à la Madre. Celle-ci sera touchée par la confession de la Fiancée, et pardonnera.

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La pièce « Bodas de sangre » a été retraduite par Clarice Plasteig avec l’intention de tenir compte de l’évolution de la langue et de l’esthétique théâtrale. Je n’ai pas le temps de revenir au texte espagnol pour comparer, mais il m’a semblé que le résultat était probant.
La mise en scène de Guillaume Cantillon est résolument moderne et met en avant le texte. Les différents lieux sont figurés par une table et des chaises qu’on déplace. La direction d’acteur est remarquable. La scénographie est très belle. On dirait parfois des tableaux d’Edward Hopper, par la lumière qui baigne la scène, ou qui dessine des espaces. Les costumes sont simples et métaphoriques. Les acteurs sont très bien, avec en premier plan la Mère, Leonardo et la Fiancée. A noter aussi la dernière scène, la traque dans la forêt, simulée par une guitare saturée et vrombissante, et des effets vidéos. Cette scène quitte le réalisme ; Garcia Lorca qui a fréquenté le surréalisme l’a voulue onirique, il donne la parole à la lune et à la mort. Une belle réussite.
Le seul bémol, c’est l’emploi de trois chansons qui viennent marquer la transition entre les différents moments. Leur texte est assez redondant par rapport aux dialogues, leur musique est assez plate, et je trouve que cela casse la tension.
Retenue mineure par rapport à la qualité de la prestation. Cette pièce était en résidence de création au Théâtre Liberté, également partenaire de la coproduction avec différents autres théâtres. Longue vie à la compagnie « Le cabinet des curiosités », qui est en résidence à La Garde, responsable de cette forte et belle création.

Serge Baudot

Janvier à l’Opéra de Toulon

« Katia Kabanova » Opéra en trois actes de Leoš Janáček (1854-1928)
Livret de Vincence Cervinka (1877-1942) , d’après la pièce L’Orage d’Alexandre Ostrovski
Création : Brno, Théâtre National, 23 novembre 1921
Direction musicale Alexander Briger (photo)  – Mise en scène Nadine Duffaut
Décors Emmanuelle Favre  – Costumes Danièle Barraud  – Lumières Jacques Chatelet
Avec : Christina Carvin (photo), Ladislav Elgr, Marie-Ange Todorovitch , Mikhail Kolelishvili, Zwetan Michailov, Valentine Lemercier, Elmar Gilbertsson, Sébastien Lemoine, Caroline Meng
Orchestre et chœur de l’Opéra de Toulon
Nouvelle production , coproduction Opéra de Toulon et Opéra Grand Avignon

Dimanche 25 janvier 14h30  – Mardi 27 janvier 20h  – Vendredi 30 janvier 20h

Au XIXe siècle, dans une petite ville de Russie au bord de la Volga, Katja Kabanova vit avec son époux Tikhon et sa belle-mère Kabanicha, une femme autoritaire et intolérante qui écrase son fils et méprise sa belle-fille. Katja est secrètement aimée par Boris, le jeune neveu du riche marchand Dikoï. En l’absence de son mari, parti pour quelques jours, Katja, fuyant un instant le climat déplaisant de son foyer, rencontre Boris et se laisse courtiser par lui.Mais une fois Tikhon revenu à la maison, Katja adopte un comportement de plus en plus erratique. Une rencontre inattendue entre Boris et Katia, Tikhon et Kabanicha déclenchera une série d’événements funestes menant au suicide de Katja.

Briger_Photographer_credit_-_Melanie_Moss_-_5 Christina Carvin (3)

Alexander Briger Direction musicale
Pour la première fois à l’Opéra de Toulon
Alexander Briger est né en Australie. Il a étudié à Sydney, puis à Munich et remporté plusieurs concours internationaux notamment en République Tchèque. Il a travaillé en étroite collaboration avec Sir Charles Mackerras sur de nombreux projets et Pierre Boulez à Aix-en-Provence avec l’Ensemble Inter Contemporain.
Alexander Briger a dirigé des orchestres tels que : Philharmonia Orchestra, London Philharmonic, BBC Scottish Symphony, English Chamber Orchestra, Scottish Chamber Orchestra, Academy of Saint- Martin in the Fields, Northern Sinfonia, London Sinfonietta, Hanover Band, Birmingham Contemporary Music Group, City of Birmingham Symphony Orchestra, Royal Liverpool Philharmonic, Bournemouth Symphony Orchestra, Orchestre de la Radio Suédoise, Orchestre du Capitole de Toulouse, Orchestre de Paris, Orchestre Philharmonique de Radio France, Philharmonique de Monte-Carlo, Berliner Sinfonie-Orchester, Orchestre de la Radio de Francfort, Sydney et Melbourne Symphony Orchestra, Südwestrundfunk Sinfonieorchester, Orchestre du Mozarteum de Salzbourg, Camerata de Salzbourg, Rotterdam Philharmonic et Orchestre Symphonique de Göteborg.
Parmi les opéras qu’il a dirigé citons, Jenufa, La Petite Renarde Rusée, Madama Butterfly, Cosi fan Tutte, Le Nozze di Figaro, Le Songe d’une Nuit (Opera Australia), La Petite Renarde Rusée (Festival d’Aix-en-Provence), The Rape of Lucretia (Covent Garden), La Fiancée vendue (Opéra de Stockholm), Die Zauberflöte (Glyndebourne), Rigoletto, L’Affaire Makropoulos (English National Opera), Les Contes d’Hoffmann (Copenhague), De la Maison des Morts (Canadian Opera), Nixon in China ainsi que I was Looking at the Ceiling and Then I Saw the Sky de John Adams (Châtelet)…
En 2011, Alexander Briger a fondé l’Australian World Orchestra à Sydney qui réunit les meilleurs musiciens Australiens.

Christina Carvin Katia (soprano)
Originaire de Sarrebruck, Christina Carvin bénéficie d’une éducation bilingue franco-allemande. Elle s’oriente d’abord vers des études littéraires à l’Université de Strasbourg, avant de se consacrer entièrement au chant. Elle travaille avec d’éminents professeurs tels que Gudrun Bär et Siegmund Niemsgern, et participe aux master classes de Udo Reinemann ainsi que d’Alexander et Julia Hamari. Elle remporte en 2006, 3e prix du Concours de Toulouse, et obtient la même année le 1er Prix au Concours de Bilbao. Elle a aussi reçu le Prix du Jury et le Prix du Public à Marmande. Elle est engagée au sein de l’Opéra Studio d’Amsterdam pour la saison 2007/08. Elle a alors l’occasion d’incarner Proserpine et Eurydice/La Descente d’Orphée aux Enfers et la Prostituée/Reigen de Boesmans, rôle qu’elle reprend la saison suivante à l’Amphithéâtre de l’Opéra Bastille. En 2010/11, on a pu l’entendre dans une Fille-Fleur/Parsifal, Hanna Glawari/Die Lustige Witwe, la 1re Dame/Die Zauberflöte au Deutsche Oper am Rhein. Elle a également repris le rôle de la Première Dame puis celui de Musetta/La Bohème au Capitole, Vitellia/La Clemenza di Tito puis une Fille-Fleur/Parsifal à Düsseldorf. Elle se produit souvent au Staatsoper de Vienne : Donna Elvira/Don Giovanni, Eva/Les Maitres Chanteurs de Nuremberg, une Fille-Fleur/Parsifal. A Séville, elle a interprété le rôle titre de Sárka de Janácek et à l’Opéra d’Avignon celui de Jenufa. Prochainement, elle sera Donna Elvira/Don Giovanni à Anvers puis Amelia/Un Ballo in Maschera à Metz. A Toulon, elle a chanté le compositeur/Ariane à Naxos la saison dernière.

Conf+®rence Katia Kabanova

 « Passions slaves » : Vasks, Tchaïkovski, Dvorak
Valeriy Sokolov violon (photo) – Guillaume Deshayes cor anglais
Antony Hermus direction musicale (photo)
Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon

Vendredi 6 février – 20h30

V sokolov 2 Antony Hermus

Valeriy Sokolov violon
Né à Kharkov, Valeriy Sokolov a été admis à l’âge de neuf ans dans la classe du Professeur Sergueï Evdokimov à l’Ecole Spéciale de Musique de Kharkov. Il se produit pour la première fois en soliste à l’âge de 11 ans. En 1999, à la suite de ses succès en Ukraine et lors de concours internationaux en Europe de l’Est, il remporte le grand Prix du Concours International Pablo Sarasate de Pampelune en Espagne. Financé par Vladimir Spivakov, ce prix permet à Valeriy Sokolov de poursuivre ses études à la Yehudi Menuhin School en Angleterre. De 2001 à 2005, il étudie donc à la Yehudi Menuhin School dans la classe de Natalia Boyarska et apparait dans de nombreux concerts au sein de l’école. En 2005, il est lauréat du Concours International George Enesco de Bucarest. Il participe à des master classes données par Mstislav Rostropovich, Zvi Zeitlin, Dora Schwarzberg, Zakhar Bron, Ruggiero Ricci… En 2006 est paru en DVD, le film-portrait que lui a consacré le réalisateur Bruno Monsaingeon : Un Violon dans l’Âme.
Ces dernières saisons, il a joué notamment avec le Tonhalle Orchester de Zürich sous la direction de David Zinman, avec l’Orchestre Gulbenkian dirigé par Rudolf Barshai, avec le Bournemouth Symphony dirigé par Yan Pascal Tortelier, le Kollegium Winterthur et Howard Griffiths, le Philharmonique de Brême et Stefan Blunier, l’Orchestre Symphonique de Bâle avec Rumon Gamba.
Il a aussi joué avec le Philharmonia Orchestra, le London Philharmonic Orchestra, le Royal Stockholm Philharmonic Orchestra et le China National Symphony Orchestra. Il a notamment enregistré les Concertos de Bartok et Tchaïkovski avec David Zinman, celui de Sibelius avec Vladimir Ashkenzy (DVD), ainsi que la Sonate n°3 de George Enesco avec la pianiste Zvetlana Kosenko.

Antony Hermus direction musicale
Le chef néerlandais Antony Hermus a commencé sa carrière en Allemagne à l’Opéra de Hagen. Depuis la saison 2009/10, il est, à Dessau, le directeur musical de l’Opéra et le chef de l’Orchestre Anhaltische Philharmonie.
Son répertoire comporte déjà plus de 50 Opéras et 200 oeuvres symphoniques. Il a dirigé Carmen, Don Giovanni, Le Nozze di Figaro, Faust, La Bohème, Tosca, Katja Kabanova, L’Enfant et les Sortilèges, Il Barbiere di Siviglia, La Forza del Destino, Der Fliegende Holländer, Tannhäuser, Die tote Stadt, Elektra, Manon, Falstaff et Un Ballo in Maschera, Lohengrin, La Muette de Portici, Turandot et La Kovantchina
En 2010, il fait ses débuts en concert avec l’Orchestre de l’Opéra National de Paris au Palais Garnier. Sa carrière prend alors un essor important, il dirige Der Freischütz, Don Giovanni (Rennes), Cosi fan Tutte (Rennes et Opéra National de Paris), Le Tsar Saltan de Rimsky-Korsakov (Maastricht), Il Matrimonio Segreto (Opéra National de Paris), Le Nozze di Figaro (Komische Oper Berlin)…
Antony Hermus a dirigé tous les orchestres symphoniques de son pays ainsi que le Sonderyilland Orchestra, Norrköping Symphony Orchestra, RTE, National Symphony Orchestra of Ireland, Taipei Symphony Orchestra ; en France, l’Orchestre Symphonique de Mulhouse, l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre de Haute Normandie ; en Allemagne, les Orchestres Philharmoniques de Duisburg, Jena et Freiburg, les Orchestres symphoniques de Bamberg, Bochum et d’Osnabrück, la Norddeutsche Philharmonie, l’Orchestre de la WDR …
Durant la saison 2014/15, Antony Hermus dirigera l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, l’Orchestre de la Suisse Romande, le Nederlands Philharmonisch Orkest, Residentieorkest De Haag, l’Orchestre Philharmonique de la BBC, le NDR Hannover, le Philharmonia Orchestra Londres, l’Orchestre de Göteborg, la Philharmonie Zuid-Nederland… En France, il sera l’invité de l’Orchestre de l’Opéra de Rouen, l’Orchestre Symphonique de l’Opéra de Toulon, l’Orchestre de Bretagne.
Parmi ses projets à l’opéra : Madama Butterfly à Essen, Der Vampyr (Marschner) au Komische Oper de Berlin et dirigera également La Tétralogie de Wagner à Dessau.
En plus du répertoire classique, Antony Hermus a dirigé de nombreuses oeuvres peu abordées telles que Die Königskinder de Humperdinck, Kleider machen Leute de Zemlinsky ou encore des oeuvres contemporaines telles que Where the Wild Things are d’Oliver Knussen, la création de Helle Nächte de Moritz Eggert et la première allemande de Dead Man Walking de Jake Heggie.
A Toulon, il a dirigé Faust en 2011.