Archives mensuelles : décembre 2014

CD Coups de coeur

En cette période de fêtes, réjouissons-nous de voir arriver des CD, des talents, des chanteurs français qui chantent des nouveautés (enfin !) des voix hors du commun
Entre autres deux voix exceptionnelles dont l’une nous enchante depuis 50 ans et l’autre nous a été révélée voici peu de temps.
Ce sont Michèle Torr, qui fête ses 50 ans de carrière – Eh oui, déjà ! – et Vincent Niclo un petit nouveau qui, depuis deux, trois ans, nous amène de surprises en bonheurs.

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Vincent NICLO « Ce que je suis » (TF1 Musique)
Après un disque avec les chœurs de l’Armée Rouge, un hommage à Luis Mariano et un passage sur scène avec, s’il vous plaît, Nathalie Dessay pour la reprise de la comédie musicale « Les parapluies de Cherbourg ». il nous offre cet album dont il est en grande partie auteur et compositeur mais avec, accolés à son nom, des pointures comme Serge Lama, Lionel Florence, Davide Esposito, Romano Mussumara, Eddie Marnay et quelques autres, ceux-ci habitués à des succès quelquefois planétaires.
Douze chansons magnifiques, superbement orchestrées, mettant en valeur sa voix exceptionnelle.
Lama et Esposito lui offrent deux chansons : « L’amour est enfant du poème » et surtout « Jusqu’à l’ivresse », son premier single qui a aussitôt pris la première place des hits et des ventes. On vous avez prévenus lors de notre précédente chronique !
Après, difficile de choisir une chanson plutôt qu’une autre car son choix est parfait et il n’y a rien à jeter !
« Divino », qu’il signe avec Florent Bidoyen, nous fait penser à la musique de Vangelis pour le film « Christophe Colomb » , superbe en puissance. « Je ne suis qu’un homme » de Lionel Florence et lui-même, en dehors du fait que c’est une performance vocale, est une chanson chargée d’émotion. La voix d’Anggun s’harmonise superbement à sa voix pour une chanson signée Mussumara et Florence : « Pour une fois ». « Vivre d’espoir » qu’il signe encore avec Bidoyen et Eristoff, n’est pas sans rappeler « Le temps des cathédrales » de « Notre Dame de Paris », partant du plus grave et montant au moins de trois octaves »…
« Amore puro »  d’Esposito et Pacifico est une pure merveille, sa voix en italien frôle les grandes chansons d’opéras et devrait lui ouvrir les portes de nos voisins qui savent apprécier les grandes voix.
Je terminerai par « Le temps », dans la grande tradition des chansons à voix françaises. C’est signé Eddie Marnay qui, entre Céline Dion et Mike Brant, sait ce qu’est une belle voix.
« Ce que je suis » est le titre de l’album… Ce qu’il est ? Un diamant à l’état pur !
On pourra l’applaudir au Pasino d’Aix-en-Provence le 8 avril et au Théâtre Galli de Sanary le 21 avril.

Michèle TORR « Diva »
« Diva », signé superbement par Alice Dona, est un nom qui va bien à notre petite Française née en Provence et dont la voix est couleur de son soleil. C’est certainement l’une de nos plus belles voix françaises, « La voix de l’amour » m’avait dit Jean-Claude Brialy en parlant d’elle.
50 ans de carrière et elle est radieuse. Et si elle n’est hélas pas souvent mise en valeur à la télé où on la fait sempiternellement chanter « Emmène-moi danser ce soir » comme si, en 50 ans, elle n’avait fait qu’une chanson, elle continue avec bonheur une carrière magnifique. Toujours belle, toujours cette voix puissante qui, au temps des « yéyés », des voix flûtées de Gall, Hardy, Vartan, surprenait tout le monde et même Claude François qui l’adorait mais prévenait les techniciens qu’elle faisait saturer la sono ! A l’époque, ça n’était pas habituel !
Elle a chanté Brel à merveille, et Piaf aussi dont elle est une des plus belles interprètes, à qui elle a consacré un disque, même si, quand on rend hommage à la grande dame, on oublie de la faire venir alors qu’on en invite d’autres qui ne devraient même pas s’y essayer !
D’ailleurs, Charles Dumont, qui a écrit ses plus belles chansons à Piaf, ne s’y est pas trompé, lui, en lui offrant cette superbe chanson écrite avec sa complice Sophie Makhno « Il se peut que je t’aime ».  Mais il lui en avait déjà écrit une : « J’ai donné ».
Aznavour… Il y avait longtemps qu’il voulait lui offrir des chansons. Voilà qui est fait et il y en a trois, reconnaissables entre toutes, et tout aussi belles les unes que les autres, portées par cette voix qui vient du cœur, des tripes : « Je ne veux que toi » et « Quand tu m’aimes », d’abord.
Alice Dona et Georges Chelon, ses complices de la tournée « Age Tendre » lui ont également fait ce joli cadeau qui est le titre de ce bel album « Diva » et qui la définit si bien.
A quand Dona-Lama ?
N’oublions pas Guy Mattéoni, son orchestrateur, son pianiste, son ami qui lui a écrit « Tout l’amour du monde », « Je ne veux chanter que l’amour », « Ils s’aiment et alors ? » avec la complicité de Michèle et de David Lelay, belle leçon de tolérance. Enfin Patrick Loiseau lui offre « Haute fidélité ».
50 ans, ça se fête et Michèle nous sort le grand jeu avec quatre spectacles différents. A Paris :
le 11 janvier à l’Olympia, le 4 juin au Casino de Paris, le 18 octobre au Trianon et… au Circus de Las Vegas (mais oui !) le 18 mai. Ce n’est pas pour rien qu’elle chante sur cet album : une chanson d’Aznavour, la troisième : « All I want is you »… Dommage qu’elle n’ait pas fait le grand saut américain avant !
En tout cas, elle non plus n’a pas lésiné sur les grandes signatures mais ces artistes savent que, défendues par une telle voix, leurs chansons seront bien placées !
Maintenant je vais faire un vœu en cette nouvelle année : se pourrait-il qu’un jour notre belle blonde lumineuse et notre beau ténébreux mêlent leur voix pour un duo ? Je crois que ce serait à tomber par terre !
Je vais voir ce que je peux faire !!!

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Il DIVO « A musical affair » (Sony)
Après une diva…  quatre  « divo » !
Ils sont italiens, tous quatre issus de l’Opéra et ils ont eu un jour envie de faire autre chose. De la variété ? Pourquoi pas ? Et les voici choisissant de belles grandes chansons de célèbres comédies musicales dont les mélodies sont déjà superbes. Avec leur voix en prime et de splendides orchestrations, ce n’est pas vraiment de la variété qu’ils nous offrent mais une oeuvre rare.
Avec en prime d’autres sublimes voix qui s’adjoignent à eux comme Barbra Sterisand avec « Le fantôme d’Opéra » avec qui ils chantent en live, la voix de cristal d’Hélène Sagara pour un autre titre de Streisand « Memory » qui a fait le tour du monde et puis Niclo, Pagny, St Pier, Anggun et quelques autres avec qui ils reprennent des chansons qui ont été jouées sur toutes les scènes du monde
A voix exceptionnelles, disque exceptionnel, c’est vraiment l’un des plus beaux de cette année 2014 qui s’achève en beauté pour eux et qui nous transporte de plaisir.

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 Autres divas dans leur genre, deux amies que j’ai toujours plaisir à entendre et à rencontrer : Annie Cordy et Alice Dona. Deux belles chanteuses aussi dont l’une a fêter ses 80 ans et l’autre ses 50 ans de carrière.

Annie CORDY chante Noël (Wagram)
Depuis 1998, Annie Cordy n’avait plus mis les pieds dans un studio.
Il est vrai qu’avec notre Nini, on est loin de la petite mémé qui se réchauffe en charentaises au coin du feu car c’est une boule d’énergie qui a rayé de son vocabulaire les mots retraite, arrêt, repos… Ca n’existe pas !
Entre une tournée-récital de deux heures par soir, une tournée « Age Tendre » de deux passages sur scène par jour, un film tourné avec Jean(Paul Rouve qui va sortir (Les souvenirs) où les pros qui l’on déjà visionné la voient très bien césarisée, et une série télé « Chef » qui va passer en janvier sur France 2, où elle partage la vedette avec Clovis Cornillac, voilà qu’elle nous offre un disque de Noëls. Un événement, un beau cadeau, d’autant plus beau que d’abord la pochette est superbe, signée Olivier et Marc-Antoine Coulon et puis parce qu’à part l’incontournable « Petit Papa Noël » mais revu « sauce Nini », nous n’avons pas droit aux traditionnels même chants de Noël.
Des inédits signés Loiseau-Bisciglia (Noël chez moi), Lemesle-Montagné (C’est Noël), Barzotti (Buon natale), quelques traductions de standars américains comme le fameux « Let it snow » de Dean Martin qu’on entend beaucoup dans une pub TV et qu’a également repris Garou… Bref, ce disque est plein de joie, de bonheur, d’émotion, d’énergie et nous donne la pêche.
Une pêche dont notre Nini ne se départit jamais.

Alice DONA « L’essentiel » (Wagram)
Deux beaux CD qu’elle a titrés « L’essentiel » mais il y a tant d’autres chansons qu’on pourrait y ajouter ! Enfin, c’est sa première compil’ à part celle des années « yéyé » qu’Alice nous offre.
En effet, après la chanteuse des sixties, il y a eu la compositrice « musclée » comme la surnommait Delanoë et si elle est un jour revenue sur scène, c’est grâce à un certain Lama
avec qui elle adorait « chanter derrière celui qui est devant ». Et il a eu raison de la faire revenir sur scène. Tous deux nous ont offert des chefs d’œuvres comme « Du ventre plat au ventre rond », « La chanteuse a 20 ans », « Je suis malade » qu’elle chante en duo avec lui …
En dehors de Lama, elle a aussi bien écrit pour Dalida que pour Cloclo, Reggiani, Macias, Mouskouri, Mathieu, Vartan et bien d’autres…
Voici donc un florilège de quelques-unes de ses plus belles chansons comme celles citées plus haut et puis ce bel hommage à Bécaud qui avait déjà fait l’objet d’un disque et d’un spectacle. On retrouve donc beaucoup de ces chansons mais deux jolis moments : « L’absent », accompagnée par Jean-Félix Lalanne et un duo virtuel avec Mr 100.000 volts « Ya pas de lapin dans le chapeau ».
Deux regrets. Qu’il n’y ait pas plus de ses chansons, d’autant qu’on peut toujours trouver le CD Bécaud, et qu’il n’y ait pas dans ce CD un petit livret pour y voir le nom des auteurs de toutes ces chansons.
A part ça, c’est un régal et notre chanteuse a toujours 20 ans !

Jacques Brachet

Les Fantaisies Toulonnaises ré attaquent !

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Un mois de janvier désopilant grâce aux Fantaisies Toulonnaises menées tambour battant par Jérôme Leleu. Jérôme a le flair de découvrir des artistes en devenir et de nous les présenter en leur donnant leurs chances. de Mado à Christelle Chollet en passant par Titoff, Aurélie Cabrel ou encore Eric Antoine, Jérôme leur a porté bonheur et ceux-ci ne l’oublient pas.
De one man shows en pièces de théâtre, de comédies musicales en stand up, il versifie les plaisirs et nous les fait partager.
Janvier 2015 va démarrer sur les chapeaux de roues !

 Vendredi 16 Janvier à 20h30Samedi 17 janvier à 20h30
Sanaka – « Indigné presque parfait » – ( One Man show )
Café-théâtre L’Impasse –  Impasse Noel verlaque – La Seyne/Mer
Après avoir assuré les premières parties d’Anne Roumanoff, Elie Semoun ou encore Michel Boujenah, Sanaka présente « Indigné presque parfai » et nous prouve que oui, du divertissement intelligent, fun et subtil, c’est possible… Ses sketches passent actuellement sur Rire & Chansons et sur la chaîne Comédie +

Vendredi 16 janvier à 20h30
« Enfer et contre tout »( Comédie )
Palais Neptune – Place Besagne – Toulon
Mise en scène : Georges Beller
Avec Georges Beller – Severine Ferrer – Eric Collado – Michéle Kern – Loise Dejadaut – Benjamin Isel
Charlotte rêve d’être une actrice internationale, et compte sur la pièce « 100 % Dracula » pour lancer sa carrière comme lui a promis Pierre, son amant, qui se fait passer pour un grand producteur. Mais Gilles, l’auteur et metteur en scène de cette pièce vient leur annoncer une nouvelle qui va mettre ce projet en péril … Au grand désespoir de tous !

Vendredi 23 Janvier à 20h30Samedi 24 janvier à 20h30
Scoumsky – « Au Parloir » – ( One Man show )
Café Théâtre L’Impasse – Impasse Noël vVerlaque – La Seyne/Mer
Premier détenu à tenter de se réinsérer grâce à l’humour, Schoumsky doit désormais vous faire rire grâce au programme « Youpi Cellule » ! Vous seul déciderez de son sort !
Découvrez un huis clos dingue, politiquement incorrect, originalement trash où les personnages y sont drôles, impertinents et complètement déjantés!

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 Jeudi 29 janvier à 20h30
« L’incroyable destin de René Sarvil »( Comédie musicale marseillaise)
Théâtre Toursky – 16, promenade Léo Ferré – Marseille
Après le succès de « Un de la Canebière » en Avignon et à Paris, la troupe des Carboni conte dans ce spectacle, le fabuleux parcours de René Sarvil.
Son nom ne vous dit rien ? Normal. Dans l’ombre d’Alibert et de Scotto, stars de l’opérette, il est peu connu, même à Marseille.
Pourtant, ses livrets recèlent des merveilles qui contribuèrent à la renommée de Fernandel, d’Alibert ou encore de Maurice Chevalier. Un régal.
Interprétation endiablée, textes à l’humour décalé, ce cabaret burlesque nous donne une irrépressible envie de chanter.
Un magnifique hommage mené par l’excellent Ali Bougheraba et ses partenaires tous parfaits.
Émotion, générosité, virtuosité et bonne humeur garanties.

 Samedi 31 Janvier à 20h30
« Entre Ils et Elle »  – ( Comédie « presque » 100% masculine ! )
De et avec Stéphane Floch, avec Michaël Nacass et Stéphane Pivi

Casino des Palmiers  – 1, rue Ambroise Thomas – Hyères
La nouvelle comédie à succès !
Liés depuis l’enfance ils vivent maintenant en colocation. Jusqu’au jour où une nouvelle va bouleverser leur relation..
Une comédie où l’on rit, mais pas que…
Dans un appart’ très coloré, mais pas que…

06 64 38 18 97 ou points de vente habituels
www.fantaisie-prod.com –contact@fantaisie-prod.com

Toulon – Le Théâtre Liberté en croisière

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Lorsque vous entrez au Théâtre Liberté, vous êtes de plain-pied dans un autre monde : celui de la mer et des croisières.
Une grande fresque signée Geneviève Morgan, aidée par Alice Perotti et Laetitia Verchere-Landtsheere, quelques transats, des vidéos qui vous invitent au voyage et le tour est joué : vous êtes sur le paquebot Liberté et vous pouvez même vous faire prendre en photo sur le pont, avec au dessus de votre tête, la lune et Orion.
C’est donc sur ce nouveau »Thema » que nous allons voyager jusqu’au 31 janvier au moyen de films, d’expos, de vidéos, de débats, de rencontres, de créations sonores.

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Voyages extrêmes, voyages sans retour, voyages plaisir, voyages art de vivre, grâce à nombre d’artistes et d’intervenants, qui sont venus s’associer à ce nouveau « Thema » : Frédéric Lecloux, photographe, qui nous présente ses oeuvres, Snow Flow, un trio hyérois qui  nous offre une création sonore, François Lejault , Alain Bourges et Ange Leccia qui nous proposent leurs vidéos, sans compter les soirées cinéma dont on a eu un aperçu lors d’une première soirée burlesque avec Charlie Chaplin et Buster Keaton et des soirées « noslalgie » avec le film « Ship of fools » le 6 janvier, et « horreur » avec « Triangle » le 20 janvier, des films pour enfants comme le dessin animé « Moi, moche et méchant » le 14 janvier toutes évidemment sur le thème de la mer et des bateaux.

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Du 18 décembre au 21 janvier, l’on pourra également découvrir le film de Hans Op de Beeck « Sea of tranquilité, un film-métaphore très particulier, poétique, onirique qui se passe sur un paquebot fictif créé par ce bel artiste belge, cinéaste, photographe, plasticien où se mêlent les rapports humains entre le travail, le plaisir, la mort, réflexion sur le sens de la condition humaine.
Deux spectacles théâtraux seront proposés autour de ce thème Le premier, « Mataroa, la mémoire trouée », une création collective initiée par de jeunes artistes grecs émanant du Théâtre du Soleil, nous parle de l’espoir d’une vie meilleure ailleurs, loin de la dictature. Le second, « Novecento », d’Alessandro Baricco, avec André Dussolier, évoque le luxe des transatlantiques d’autrefois, chaises longues et rencontres en première classe.
Alors, il ne vous reste plus qu’à embarquer sur le paquebot Liberté !

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Jacques Brachet

 

Martine BARBET Le parcours du combattant d’un incroyable talent !

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Lorsque vous regardez à la maison les émissions de télé-réalité comme « The Voice », « Nouvelle star » ou « La France a un incroyable talent », vous pouvez vous dire que ces concurrents à la gloire ont bien de la chance d’avoir pu être sélectionnés parmi des centaines de gens qui se sont présentés au casting.
Mais lorsqu’on sait comment ça se passe, de l’autre côté du petit écran, on se dit alors qu’il faut de la constance, de la patience, la foi et autre qu’un incroyable talent.
Car finalement, les candidats sont jugés sur un instant T, ils ont le stress et avoir ses juges bien en face, ça n’est pas des plus rassurants.
Vous voulez connaître l’envers du décor ?
Eh bien suivez-nous dans l’aventure d’une jeune toulonnaise, Martine Barbet, qui est mime et qui va passer d’ici quelques jours sur M6 dans l’émission « La France a un incroyable talent » dont vous pourrez voir le premier numéro.
Martine Barbet est connue sur la région pour faire des spectacles de mime, ce qui est rare et pour en organiser des stages à la Fédération des Oeuvres Laïques. Elle est issue de l’école de mime du grand Marcel Marceau avec qui elle a travaillé et lorsqu’on est passé dans les mains d’un tel artiste ont peut s’imaginer que, s’il n’est pas incroyable, le talent est bien présent.
Ainsi c’est confiante qu’elle a tenté sa chance en 2013… où elle rate de peu la sélection car il y a trop de concurrents et qu’elle arrive trop tard.
Mais si le temps est passé, elle a toujours dans le coin de sa tête, l’envie de réessayer. Ce qu’elle fait donc fin 2013 et, bingo, elle est sélectionnée !

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Et tout va s’enchaîner comme un feuilleton à suspense avec des épisodes fous, curieux, rigolos, moins rigolos mais épuisants, nous confie-t-elle avec un humour et une joyeuse façon de raconter les choses.
Tout commence par un conte de Noël puisqu’elle apprend qu’elle est sélectionnée le 25 décembre 2013. Elle doit alors envoyer deux clips de deux minutes de son « incroyable » talent.
Elle envoie donc entre autre un mime sur le cirque car, si elle redoute à juste titre le méchant Gilbert Rozon, elle fait confiance à l’indulgence du gentil Dave et surtout à Sophie Eldeinstein, directrice du cirque Pinder et Andrée Deissenberg, directrice du Crazy Horse qui a également travaillé avec le Cirque du Soleil.
Mais voilà : elle apprend que le jury 2014 n’est plus le même, remplacé par la chanteuse Lorie, le comédien Olivier Sitruck, le chorégraphe Giuliano Peparini… et reste, inamovible… le redoutable Gilbert Rozon !
Pré-casting, casting, live, interviewes où on lui pose des questions aussi saugrenues que : « Quelle sera votre réaction si Gilbert Rozon buzze? « , question qui tue ! Mais elle répond sans se décontenancer, que c’est le jeu et qu’elle ne peut que s’y plier. Elle espère cependant qu’il aura la patience d’attendre deux petites minutes, ce qui est déjà court, pour pouvoir juger quelqu’un et surtout pour pouvoir mettre en valeur à la télévision, un art qui y est inexistant.
Le casting se passe au Silo à Marseille dans un tohu-bohu infernal où tout le temps, une caméra apparaît pour filmer les candidats à l’improviste. Rendez-vous à 14h mais passage à 20h30… Heureusement, l’entourage de l’émission, Ashley, Roméo, Axel, Jérôme Anthony, est super-sympa. Elle croise le jury, Lorie pose le temps d’une photo, Rozon ne fait que passer sans calculer les candidats.
Atmosphère, atmosphère…
Toute la journée, les candidats discutent entre eux, repassent leur numéro, toujours sous le feu des projecteurs. Tout juste si on ne les filme pas allant aux toilettes !
Par ailleurs, on les coache pour savoir ce qu’ils peuvent dire aux jurés afin de les flatter et qu’ils aient un regard favorable à leur égard… Comédiante, tragédiante ! Comme quoi le talent dépend quelquefois de pas grand chose !
Bref, tout ce cinéma pour arriver enfin à passer devant ces quatre regards qui vont en deux minutes décider du sort de ces pauvres artistes stressés que personne ne calcule. Pas le temps de se concentrer, ils sont à la queue leu leu et partent pour une longue aventure ou un arrêt de mort.

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Mais avant de passer, quelques petites questions pour se présenter et Martine dit qu’elle a travaillé avec Marcel Marceau, ce qui semble déjà être un a priori pour Gilbert Rozon…
Le numéro commence, la musique ne part pas comme prévu et en quelques secondes… Rozon buzze ! Ca met tout de suite à l’aise, d’autant qu’évidemment, le grand chef ayant sonné l’hallali, les autres, tout nouveaux, tout timides, vont le suivre. Disons qu’à son corps défendant, c’est Olivier Sitruck qui a buzzé le premier… Il ne se souvient peut-être pas combien un casting peut-être stressant !
Et voilà, c’est terminé… ou presque puisque Rozon, toujours lui, dit qu’il est déçu qu’elle n’ait pas fait « du Marceau », ce qui n’était pas le but du jeu puisque Martine a sa personnalité et se sert de ses bases pour faire un travail personnel et ne pas faire du copié-collé. Ce qu’elle lui explique. Et il se permet, certainement pour faire un bon mot, de lui lancer : « Vous feriez mieux de parler plutôt que de faire du mime ! ».
Grande classe le Rozon !
Comment peut-on humilier gratuitement un artiste qui n’est pas aguerri à ce genre de prestation et qui est déjà dans un état de stress important ? Comment peut-on appeler cette façon de faire ?
Bien entendu, tout cela a été coupé au montage.
L’aventure s’est donc arrêtée là pour Martine qui, avec le recul, nous en parle aujourd’hui en riant et en jugeant simplement que ça été une expérience, une péripétie, un souvenir hors du commun.
Quant à nous, qui connaissons le travail de Martine, nous pouvons vous dire qu’elle un… grand talent dans une discipline qui n’est pas vraiment connue ni médiatisée.
Si elle se produit dans les environs, courez-y et, dans la foulée, vous pouvez écrire à Monsieur Rozon, tout d’abord qu’il n’a pas la science infuse et surtout, qu’il prenne quelques leçons d’élégance et de délicatesse car de ce côté, il n’a pas vraiment le talent mais il est d’une incroyable muflerie !!!

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Jacques Brachet

La Seyne sur Mer : Jazz au Fort Napoléon

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L’association Art Bop continue sa programmation en 2015. Il faut aller à ses concerts courageux au Fort Napoléon, car avec la disparition de nombreux festivals il n’y aura plus beaucoup de lieux propres à un jazz de qualité. Et pour ce premier semestre on verra du beau monde et de nouvelles têtes, accompagnés par les piliers d’Art Bop, qui comptent aussi parmi les meilleurs jazzmen tournant dans le coin :

16 janvier 2015 Laurence Allison Quartet
Laurence Allison : chant – Claude Basso : guitare – Fabien Giacchi : contrebasse – Thierry Larosa : batterie
Après 15 ans dans la chanson  (elle a commencé à l’âge de 10 ans) elle signe son premier disque “Secrets” pour lequel elle a écrit la musique et les paroles des 13 titres, avec pour accompagnateurs Alain Jean-Marie, Benoît Sourisse et Niels Lan Doky, plus quelques autres dont Didier Lockwood. Il est donc temps de la découvrir.

13 fevrier 2015 Ahmet Gulbay trio
Ahmet Gulbay : piano – Christophe Le Van : contrebasse – Philippe Le Van : batterie
Ahmet Gulbay n’est pas un inconnu, il est le pianiste du Duc des Lombards et autres clubs parisiens. Il est aussi à l’aise dans le jazz classique que hard bop. On ne devrait pas s’ennuyer avec lui.

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13 mars 2015 Nicola Sabato Quartet
Nicola Sabato : contrebasse / leader – Dano Haider : guitare – Florent Gac : piano – Sylvain Glévarec : batterie
Un quartette qui en est à son deuxième disque, de tendance swing/hard bop. Ils sont dans la tradition d’une des plus belles périodes du jazz.

17 avril 2015 Andréa Caparros Quartet
Andréa Caparros : chant – Arnaud Pacini : basse – Emile Mélanchon : guitare – Jessie Rkotomanga : batterie
La jeune chanteuse André Caparros est de la famille de l’incontournable trompettiste José Caparros. Elle avait montré sa maîtrise de la scène et ses qualités de chanteuse au festival Jazz à Toulon 2014

22 mai 2015 Claude Basso Quintet
Claude Basso : guitare – Pascal Aignan : sax ténor – Olivier Chaussade : sax ténor – Adrien Coulomp : contrebasse – Thierry Larosa : batterie
Claude Basso invite des musiciens solides. Pascal Aigan est un saxophoniste dans la grande lignée des ténors, de Rollins à Coltrane ; il joue souvent avec le jeune contrebassiste, très bien aussi à la basse électrique. On a pu entendre Olivier Chaussade à Jazz à Porquerolles. Il était dans le concert triomphal d’Archie Shepp à La Villette en 2012

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12 juin 2015 Jazz sous les étoiles : « les années hard bop »
Gérard Maurin : contrebasse, arrangements – Stéphane Bernard : piano, arrangements – José Caparros : trompette – Guy Lopez : sax, flûtes – Thierry Tarosa : batterie  – Virginie Teychené : voix.
Gérard Maurin et Valérie Teychené ont fait l’unanimité dans la presse jazz et pas seulement. Valérie se révèle comme l’une des grandes chanteuse de jazz d’aujourd’hui. Elle sera accompagnée par ses amis, nul doute qu’il y aura de l’émotion et du swing dans l’air. Alors vous savez ce qui vous reste à faire !

Serge Baudot
Ouverture des portes à 21 h, concert à 21h30 – Pas de réservations
04 94 09 47 18 – 06 87 71 59 30 michel.le-gat@orange.fr

TOULON – Noël à la Galerie Saint-Louis

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La galerie Saint Louis est devenue au fil du temps un véritable petit « Musée » d’art singulier à Toulon.
Créée en 2003 par Henry Hermellin, photographe et Jean Louis Salvadori, peintre, d’abord au 6, rue Notre Dame puis transférée au 12, place du Globe en juillet 2009 l’espace s’est très vite consacré à l’art brut, art naïf dit singulier par Jean Dubuffet qui voulut sortir du contexte hospitalier cet art créatif et authentique des malades mentaux.
Et ce sera la tâche à laquelle Henry Hermellin va se colleter avec passion en tant que président bénévole de l’association créée en 2001.
Le journaliste José Lenzini écrira à propos de la galerie :… »Permanents ou pas, ils/elles sont une soixantaine à tonifier les cimaises.
Tous attirent, surprennent, étonnent, sans jamais laisser indifférent. C’est le grand bonheur de la découverte par les formes, les couleurs et les matières qui restent proches du visiteurs, sollicitent l’ailleurs par le dérisoire…une vielle boîte de conserve, un croquis enfantin, quelques couleurs de barbouillage primaire, un bout de ficelle et une marelle…Prévert qui tend la main à Dubuffet pour une grande ronde vers le simple, le beau qui ne se mettent pas en équation, en divagations schizophréniques.
C’est du bonheur à l’état pur…
La galerie présente en décembre 2014 et janvier 2015 l’exposition temporaire de Noël
« Autour du dessin, de l’aquarelle et de la gouache » avec les peintres de l’école toulonnaiseEugène Baboulène, Georges Palmiéri, Henri Pertus, Jacques Bartoli, Daniel Noël, Xavier Etienne, Alex Géraudie, Etienne Blanc, Bernard Reignier, Félix Tisot, Jeane Desvignes, Monique Malfre-Bérutti, Régine Blanc, Jean-Pierre Dubois, Odile Fayon , Charles Louis La Salle, R.Damien Hermellin, Arlette Béal, Françoise Joyeux-Guillemin…
Et en permanence les artistes singuliers autour de Jean-Louis Salvadori  avec Machado-Rico, Claudine Loquen, Monique Le Chapelain, Michèle Caranove, Arlette Delevallée, Marblo, Sylvie Kyral,Lajameux, Nicole Barbe-Hatuel, Bertrand Thomassin, Louis BissièreJean Savourat, Alain Lagathu, François Géhan, Adrien Lombardo, Jean Nicolas Reiner, Nicolas Bénédetti, Silloussoume, Féfède…

Ouvert du mardi au samedi de 10h30 à 12h30 et de 15h à 18h30
Espace Création – Galerie St Louis : 12, Place du Globe, 83000 Toulon
04 94 22 45 86 / 06 77 00 08 52
espace.creation0914@orange.fr www.espacecreation.org

 

Présentation et visite de l’Opéra de Toulon

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Quand on assiste à la représentation d’un opéra on ne sait pas, ou bien même onn’imagine pas tout ce qui se passe en amont; quels sont les moyens humains et matériels nécessaires pour en arriver au spectacle présenté.
C’est pour obtenir des réponses à ces questions que Monsieur Christian Prospérini président de l’AMOPA (Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques), section du Var, avait convié des membres d’associations diverses pour une présentation de « La vie, le fonctionnement, la gestion, les spectacles et la programmation de l’Opéra de Toulon par son Directeur artistique, M. Claude-Henri Bonnet, et la musicologue de l’Opéra Mme Monique Dautemer.
Rappelons que l’Opéra de Toulon a déjà fêté ses 150 ans (inauguré en 1862), et qu’il compte parmi les plus beaux de France, qu’il a aussi été l’un des premiers à se servir du rouge et des ors pour son décor.
Dans la première partie Claude-Henri Bonnet explicita dans le détail toute la hiérarchie administrative de l’Opéra, puis le travail des différents corps de Métier.
Le Directeur artistique est celui qui gère, prévoit le programme, choisit les œuvres, les artistes, etc…
A la direction de l’opéra on trouve un Président, un directeur artistique et général, un directeur adjoint, un directeur musical qui est en même temps le chef d’orchestre, une directrice administrative et financière. Il y a entre 100 et 200 emplois à temps plein.
Pour les moyens artistiques : un orchestre de 32 musiciens qui peut être augmenté selon le besoin des œuvres, un chef de chœur et ses 27 chanteurs, un chef de ballet et ses 10 danseurs.
Pour les moyens techniques : un atelier de costumes/habillement, deux costumières, un chef perruquier, une chef maquilleuse.
Un atelier décor avec un chef décorateur, deux peintres décorateurs, et les ouvriers nécessaires.
Il faut ajouter le personnel de production, la régie, la sécurité, l’accueil, et la communication.
L’opéra de Toulon participe à de nombreuses coproductions avec le réseau lyrique français et européen.
Après avoir présenté son parcours personnel passant par la biologie, la marine nationale, les Opéras de Lyon, puis de Paris, c’est à dire 36 ans consacrés à l’Art Lyrique, Claude-Henri Bonnet, avec sa grande et vaste culture, qu’il émaille d’anecdotes plaisantes épicées à son humour, nous fit vivre toutes les étapes depuis le choix d’une œuvre jusqu’à sa présentation au Public. Le choix se fait parfois deux ans à l’avance.

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Toulon, Marseille et Nice ont une réputation à part quant au public aficionado d’Opéra, qui fait que les programmateurs doivent en tenir compte. Il y a des œuvres qu’on ne peut pas présenter dans ces villes, sous peine de révolution ! Chaque année on nous propose sept opéras dont deux qui n’ont jamais été joué à Toulon.
Le choix de l’œuvre fait, il faut réunir les chanteurs, le metteur en scène, les décors et les lumières, le chef d’orchestre, résoudre 1000 problèmes. Cela fait, le Directeur fait passer une audition aux chanteurs, afin de vérifier s’ils ont bien la voix du rôle. Quant tout est réuni on passe aux répétitions : d‘abord au piano dans le Foyer Campra ; puis sur scène avec le metteur en scène et l’orchestre, pour aboutir à l’Italienne : répétition seulement musicale ; les Scènes et Orchestres : on répète le spectacle scène par scène ; la Pré-Générale : spectacle joué en entier, sans spectateurs ; la Générale : l’ultime répétition, spectacle joué sans interruption, devant le personnel, les familles et quelques invités ; et finalement la Première : Là, c’est parti, succès ou échec, c’est la première représentation publique.
Après la Dernière, on stocke les décors, les costumes, les enregistrements, les dossiers, en vue d’une possible réutilisation.
En deuxième partie, à laide de vidéos de Jean Paul Vasseur , vidéaste de l’opéra, Monique Dautemer nous fit assister à la réalisation du décor, des costumes, des coiffures de la « Cenerentola » de Rossini, avec force explications qui nous firent prendre conscience de l’énorme travail en amont. Puis à l’aide d’un second DVD on put voir des détails des 16 tableaux du Foyer Campra, commandés en 1922 à 16 peintres différents, qui représentent entre autres moult personnages du Toulon du XIX° et du début du XX° siècle, dont Henri Pastoureau, maire de 1897 à 1900, sur un commentaire pointu de Monique Dautemer, nous rendant proches et presque contemporains ces personnages. On admira les détails des becs à gaz d’époque, toujours accrochés aux murs. Et puis les détails du magnifique plafond (sans avoir à se casser le cou) de 15 mètres de diamètre peint par Louis Duveau (1818-1867) et qui représente 123 personnages issus du théâtre et de la mythologie.

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Il ne restait plus qu’à aller voir in situ. Ainsi nous ne verrons plus l’Opéra avec le même œil, et surtout nous aurons en mémoire tout le travail produit pour notre distraction d’un soir.

Serge Baudot

NOTES DE LECTURES par les Plumes d’Azur

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Pierre VENS : La nuit Grecque (Ed Albin Michel)
Vincent aurait tout pour être heureux : une belle situation, une femme aimante un fils qu’il adore.
Mais tout va se détériorer lorsqueson entreprise décline, qu’il fait tout pour rester à flot sans vouloir en parler à sa femme mais peu à peu l’entreprise sombre et lui avec.
C’est au cours d’un voyage à Athènes que sa vie va complètement basculer. Un soir qu’il en prise avec tous ses problèmes, il entre dans une boîte gay alors que jusque là il n’a eu aucun penchant homosexuel et son regard croise Théo, un jeune grec vers lequel il est irrésistiblement attiré. Cela semble  réciproque et il se laisse aller à cette aventure qu’il pense être d’un jour, par dépit, par tristesse, pour oublier ses problèmes…
Mais très vite cette rencontre devient passionnelle. Il découvre son homosexualité, il tombe fou amoureux de ce jeune garçon très ambigu quant aux sentiments qu’il semble partager mais non dénués d’intérêt,  qui va l’entraîner dans une passion dévorante, une spirale infernale de sexe et d’alcool.
Malgré tout l’amour qu’il continue à porter à sa femme et la compréhension de celle-ci, le couple évidemment va éclater. Quant à lui, il prendra le chemin d’une fatale et sordide déchéance jusqu’à la rupture avec ce garçon qu’il a du mal à comprendre et qu’il a dans la peau.
Sept ans plus tard, Vincent s’est reconstruit tant bien que mal. Il n’a plus eu de nouvelles de Théo, jusqu’au jour où il reçoit la lettre d’un avocat qui lui annonce que son fils devient propriétaire d’une maison en Grèce léguée par Théo. Il va retourner sur le chemin de ce qui fut pour lui le paradis et l’enfer et va découvrir des choses…
Ce livre, qui est un premier roman, est bouleversant et vous prend très vite aux tripes. Pour écrire des pages aussi belles et touchantes, il semblerait qu’il y ait du vécu là-dessous tant les sentiments contraires évoqués sont à la fois réalistes et poignants. L’on suit cet homme à la dérive avec toujours l’espoir qu’il va s’en sortir. Pierre Vens écrit avec délicatesse, décrit avec tendresse et violence ces sentiments contraires que vit son héros et l’on se prend à les partager : que ferait-on si cela nous arrivait ?
Rarement ce délicat sujet a été abordé avec tant de rigueur, d’évidente vérité. C’est en quelque sorte un rite, une passerelle entre deux vies, un passage sur une autre rive qui ne peut se réaliser que dans le tumulte. On ne tombe jamais dans le pathos ni dans le graveleux. C’est un grand roman écrit avec une belle plume prometteuse, qui ne peut vous laisser indifférent.

Dominique BONA : Je suis fou de toi – Le grand amour de Paul Valéry (Ed Grasset)
Défendant toujours sa famille et son écriture, malgré de nombreuses maîtresses, personne n’a su prendre possession de Paul Valéry même pas cette encombrante mais brillante Catherine Pozzi dont l’exigence intellectuelle n’avait d’égale que son physique ingrat.
Alors qu’il était au bout du rouleau – soixante-dix ans et une mélancolie chronique – il rencontre Jeanne Loviton-Voilier. Jeune femme moderne, pleine de santé et de dynamisme, ambitieuse, divorcée, elle est avocate et chef d’entreprise.  Lui a besoin de tendresse ce qui le rend vulnérable et amoureux comme un ado plein de sensualité. Elle devient « la muse, le public, le modèle, le thème et ….la récompense ». C’est sa drogue!  Elle cherche une épaule et  est éblouie par ce grand esprit, plein de charme et d’humour. Pour la jeune fille humiliée qui vivait chichement avec sa mère, d’avoir séduit un académicien français, docteur Honoris Causa de plusieurs universités étrangères, professeur de poétique au collège de France, adulé et couvert d’honneurs, quelle revanche éclatante, bien que ce soit une liaison cachée.
Mais Paul Valéry ignore le territoire encombré de cette femme fascinante qui, sans remords, dans la plus grande discrétion, parallèlement collectionne des amants illustres ( Giraudoux, Saint John Perse, Malaparte, une femme très brillante, Yvonne, Robert Denoël etc.)
Ce dernier était le seul prêt à divorcer pour elle. A l’annonce de ce futur mariage Paul Valery se laisse mourir
Dans un très beau style classique, c’est une somptueuse biographie, écrite par une spécialiste du genre qui plonge le lecteur dans la vie intellectuelle de 1937 à 1945. Avec beaucoup de délicatesse, l’auteur fait un portrait sensible et touchant de ce grand homme célèbre et vieillissant, dont elle dissèque les tourments à travers ses nombreuses lettres bien sélectionnées ( quatre cent cinquante deux au total)
C’est la victoire du cœur sur la raison. Tandis que son idole, jeune femme ambitieuse et moderne, a su charmer sans remords nombre d’hommes célèbres dont Paul Valérie pour qui elle a eu un vrai penchant.

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Eric VUILLARD : Tristesse de la terre (Ed Actes Sud)
Ce récit retrace à travers la vie de Buffalo Bill le bien triste destin des indiens d’Amérique et tout particulièrement la tribu des Sioux. Eric Vuillard appuie son histoire sur une sélection de photographies d’indiens en grand apparat ou humiliés, de Buffalo Bill triomphant, de colonels  satisfaits de leur tristes victoires. Des victoires sur un peuple manipulé, précipité par un hiver rigoureux vers une mort certaine, soit de faim et de froid, soit sur le champ de bataille.
Buffalo Bill a utilisé les derniers indiens valides  en créant le premier grand show à travers l’Europe de 1900 à 1913. Même la reine Victoria  a assisté et applaudi les cascades de ces indiens réduits à n’être que des animaux de cirque. Pauvre Sitting Bull, que faisait-il dans ces tournées loin de ses prairies du Wyoming ? Pour malheureusement être lâchement assassiné de retour chez lui. Buffalo Bill est désormais riche, même très riche, l’indianomania de l’époque provoque la ruée vers tout objet ayant appartenu à un indien, parfois même un bébé adopté pour finalement mourir  dans la plus grande tristesse. Avec son Wild West Show, Buffalo Bill a créé le concept du grand spectacle, il est le précurseur de Luna Park, il a aussi créé sa propre ville selon son nom, Cody, actuellement  visitée par les touristes amateurs de rodéo !
Eric Vuillard traduit l’infinie tristesse d’un peuple à qui l’identité a été volée, il ne lui reste que le folklore. Récit émouvant sur un peuple fier anéanti par le mépris, l’insolence l’inhumanité de généraux grossiers et veules.
Eric Vuillard aimerait que le lecteur envisage une autre version des faits, celle qui donne la victoire aux indiens et leur enlèverait ce voile de tristesse permanent.
Oui, pensons-y, l’histoire aurait pu être autre.

Gilles MARTIN-CHAUFFIER :  La femme qui dit non  (Ed Grasset)
En 1938 une jeune Anglaise débarque dans L’Ile aux Moines, elle épouse un fils du pays et y vivra toute sa vie . Elle aura un amant , un fils, fera de la résistance, gagnera sa vie, supportera son insupportable belle-mère, et traversera cette période, des accords de Munich à nos jours , d’une vie riche et bien remplie, refusant comme le sous-entend le titre, de se plier aux impératifs  de l’époque .
Voici un très beau roman qui parle d’amour, d’amitié, de lâcheté, de courage, de trahison, bref du comportement des hommes dans une succession de périodes difficiles . Il nous décrit des personnages intéressants en particulier l’héroïne, un beau portrait de femme…..l’auteur a prétendu retracer le portrait de sa grand-mère…….Dans les paysages magiques des îles bretonnes, il nous fait vivre à travers  ses personnages toute une période de notre histoire, la
dernière guerre, l’Indochine, l’Algérie, De Gaulle ou Mitterand !   Période riche entre toutes qu’il évoque avec talent et ne peut nous laisser insensibles

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François VALLEJO : Fleur et sang (Ed Viviane Hamy)
Les deux noms du titre annoncent le double roman écrit en parallèle, la vie de deux médecins vivant à quatre siècles d’intervalle, réunis par un même nom : Delatour . Fleur c’est  au XVII° siècle Urbain  un jeune étudiant en médecine et herboristerie qui apprend sous la férule de son père chirurgien du petit village  de Neuville   le désert perdu au centre de la France. Le seigneur du lieu veuf et père d’une fille atypique, brutale et déguisée en garçon va s’effacer du panorama pour une quête de traitements dans des villes d’eaux et se laissera dépouiller de toutes ses prérogatives et de sa fortune  par ce médecin retors mais habile et estimé de ses congénères.  Nous le suivons à travers le regard de son fils qui l’admire et lui restera fidèle même dans le mensonge
Sang c’est Etienne, éminent chirurgien cardiologue qui tranche dans les corps et les vies . Coupé du réel  au bénéfice de son art il passe à côté de la vie ,  échoue au travail comme  en amour. Sa passionr bancale pour Irène qui l’attire et le repousse, lui fait perdre le sens des réalités jusqu’à l’effondrement et la chute dans l’alcoolisme.
Ces deux histoires de gloire et de dégringolade traitées en courts chapitres qui alternent, mêlent les destins de ces deux hommes, embrouillent les sentiments mais s’éclairent aussi mutuellement, la réponse de l’un éclairant la situation du l’autre .Ce roman déroutant par l’imbrication des histoires nous fait partir très vite dans un romanesque échevelé pour s’essouffler  dans des situations inachevées .Le style est fleuri et coloré pour Fleur, plus classique et sobre pour Sang  , c’est tout l’art de Vallejo !  C’est une grande histoire écrite avec beaucoup de talent mais qui laisse un peu sur sa faim malgré les révélations finales qui éclairent la trame de l’histoire.

Grégoire DELACOURT : On ne voyait que le bonheur (Ed : JC Lattès)
Après le succès mondial de « La liste de mes envies » et »La première chose qu’on regarde » J-C Delacourt aborde ici un drame familial . Alors que l’image de couverture laisse présager une histoire familiale dans le bonheur du quotidien d’un cadre rassurant, nous basculons au cœur d’un drame. Antoine,  expert en assurance et père comblé bascule soudain dans la faute en ayant voulu compatir aux mésaventures d’un de ses clients et se retrouve sans travail. A partir de là il se penche sur sa vie, ses parents, son épouse, ses enfants en s’attachant non pas à l’image rendue mais en nous faisant pénétrer aux plus intimes de ses sentiments et de ses réflexions. Et ce sera la chute vers l’irréparable, la mort, le suicide, la faute fatale. Dans la deuxième partie de ce triptyque, nous le retrouverons sur la côte ouest du Mexique ou il tente d’être un autre, de se reconstruire, de refaire une nouvelle vie sans jamais oublier. Dans la troisième partie  c’est sa fille qui reprend la narration à travers sa reconstruction et aborde le pardon, la résilience.
Roman intimiste et introspectif, l’auteur aborde tous les problèmes que la vie nous cache ou nous travestit , ce que l’on croit savoir, les peurs enfouies, les égarements, la honte et quand même la rédemption. Une fois de plus lourde charge pour la faute de la mère à travers les générations. Livre fort, très rythmé, dégageant une émotion intense, allant parfois jusqu’au pathos, On peut ne pas aimer et le targuer de déballage sentimental mais on ne peut rester indifférent.

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Julie GOUAZE : Louise (Ed Léo Scheer)
Louise va passer son bac de philo à Lyon. Son cadre familial a éclaté lorsque sa sœur aînée quitte le cocon chaleureux et douillet d’un milieu universitaire, post soixante huitard, donc libre quant à l’éducation des enfants. Louise a quatorze ans de différence avec sa sœur Alice, elle est sa joie, sa raison de vivre dans la famille, elle veut le bonheur de tous, jusqu’au chien. Elle connait le secret d’Alice qui part se marier en Allemagne pendant les vacances des parents, et fidèle à ses principes de silence et de fidélité, elle ne révèle rien à ses parents. Louise voit tout, enregistre tout, fait de son mieux pour que l’équilibre et le bonheur familial soient chaque jour au rendez-vous.
Mais qui peut croire à une telle fiction ? Elle en fait l’amère expérience auprès de son premier compagnon qui l’exploite et la bat. Elle retrouve Alice avec un merveilleux petit garçon, mais Il faut bien admettre l’alcoolisme d’Alice ; la seule bonne volonté de Louise ne suffit pas, il faut des traitements plus radicaux et rien n’est sûr, la rechute n’est jamais loin. Les parents se réfugient dans la cuisine pour la mère, la lecture pour le père, le silence n’exclue pas l’amour des parents mais Louise souffre autant que sa sœur. Elle qui a toujours agi comme une petite mère n’arrive pas à avoir de bébé.
La lumière est toutefois au bout du chemin, Alice surmontera son addiction à l’alcool et Louise sera enfin mère, la mère qui a toujours veillé sur sa grande sœur.
Traité avec maîtrise, des phrases courtes, souvent même très très courtes pour marquer le tempo de ce premier roman, Julie Gaouzé  écrit sérieusement sur ce qui pourrait être du vécu, c’est sensible, mais jamais mièvre, un premier roman prometteur.

Lydie SALVAYRE :  Pas pleurer   (Ed le Seuil)
Dans un récit puissant l’auteur relie la petite histoire à la grande en entrelaçant deux voix, celle de Bernanos « Les cimetières sous la lune » et celle de sa mère, jeune Catalane pauvre et inculte . Celle-ci très âgée a tout oublié de sa vie de « mauvaise pauvre », sauf l’été radieux de 1936 où elle a quinze ans et où l’Espagne est en pleine guerre civile . Elle avait suivi son frère, jeune anarchiste, à Barcelone,et découvert la liberté, la ville joyeuse en pleine ébullition révolutionnaire, le plaisir de lécher une glace, de suivre un bel inconnu français, André, oui pourquoi pas André Malraux, un jeune homme dont elle aura une fille, la sœur aînée de l’auteur . Revenue au village, les choses ont bien changées, nationalistes d’un côté, communistes de l’autre, les assassinats en série sont souvent approuvés ou même orchestrés par l’église elle-même . L’ivresse de la jeune espagnole qui espérait sortir du moyen âge, ne durera pas il faudra s’exiler, se retrouver dans un camp de réfugiés avec un bébé sur les bras . Bernanos lui aussi basculera dans le camp des républicains,
L’auteur utilise un style qui peut indisposer certains lecteurs par un mélange curieux de français et d’espagnol, et un langage souvent très grossier et vulgaire . Par contre si vous êtes quelque peu familier de l’espagnol, vous apprécierez ce langage émouvant de simplicité et de réalisme, inventé par la mère, jeune femme dont la jeunesse n’aura duré que quelques jours  . Elle l’a appelé le  « fragnol »
Ce roman a obtenu le prix Goncourt 2014

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Kamel  DAOUD :  Meursault, contre-enquête  (Ed Actes Sud )
Dans « l’étranger » de Camus le héros est un dénommé Meursault qui tue un Arabe sans raison précise, dans le roman de Daoud, le héros est le jeune frère de l’Arabe en question . Il raconte le drame vécu par sa mère et lui-même, la vaine recherche du corps qui n’a jamais été retrouvé, la difficulté de vivre dans l’ombre d’un mort, son incapacité quand il devient adulte à avoir enfin une vie normale jusqu’au drame final qui arrive presque comme si c’était écrit ! La parution de ce récit nous conduit à nous replonger dans le roman d’Albert Camus, il ne s’agit pas véritablement d’une contre-enquête, mais plutôt de revivre en miroir la trame du roman initial, afin de donner une identité à celui qui est remarquablement absent dans le livre de Camus où il n’apparait  que comme « l’Arabe ». Celui-ci prend vie en sa qualité de frère et fils pleuré d’une mère qui finira par assouvir sa vengeance deux jours après l’indépendance de son pays .Quant au narrateur, après l’enthousiasme déclenché par cette libération, il se retrouve désabusé en colère contre lui-même et les dérives du pouvoir . Ce court et très beau roman remarquablement écrit vous tient en haleine, il vous plonge dans l’Algérie pré et post colonialiste, n’esquive aucun des problèmes actuels, ce qui est assez courageux . C’est aussi un véritable hommage à la langue française .

Jean-Marie BLAS de ROBLES : l’île du Point Némo (Ed Zulma)
Un fabuleux diamant a été dérobé, un groupe de personnes dont un richissime aristocrate opiomane, son majordome et un descendant de Sherlock Holmes, partent à la poursuite du présumé voleur qui est aussi un redoutable assassin. Ils vont emprunter le transsibérien, un énorme ballon et enfin un bateau pour aboutir au point de l’océan le plus éloigné de toute habitation humaine autrement dit le Point Némo . Dans un tourbillon permanent de personnages, d’aventures et d’anecdotes, l’auteur situe son histoire de nos jours avec les  techniques actuelles, internet etc. mais il utilise simultanément des références nombreuses aux romans d’aventures des siècles précédents, Hugo, Dumas, Stevenson ou Conan Doyle . On est affolé ou exaspéré dès le départ par le foisonnement permanent de l’imaginaire, par les incessants rebondissements de l’intrigue, par le nombre de personnages . C’est à la fois épuisant et jubilatoire, exaspérant et très accrocheur, souvent plein d’humour. Un véritable monument d’imagination débridée !

Portrait Nancy Houston écrivaine auteure  in Montreal on October 8, 2013. 12

Nancy HUSTON : Bad girl (Ed Actes Sud)
Nancy Huston nous révèle comment  et pourquoi on devient  un  écrivain
Déjà évoqué dans » Désirs et réalité »sparu en 1995 le mythe du héros écrivain nous est ici dévoilé avec une originalité et une sincérité émouvante de la part de cette grande romancière. Elle écrit : « le héros-écrivain pourra puiser à l’infini dans son enfance, tel Homère dans le fonds mythologique  grec réécrivant son histoire à travers  mille transpositions, projections, déplacements et symboles ».
Nous voici donc plongés dans une autobiographie consacrée au thème de l’abandon. La narratrice tutoie dès les premières pages  son héroïne : « Toi, c’est toi, Dorrit, celle qui écrit » Née d’une « éjaculation mal contrôlée », rescapée d’un avortement, expulsée  plus que mise au monde par sa mère : « Allez, ouste, petite, sors toi de là. Bienvenue au monde ».  Dorrit, le fœtus/ Nancy Huston devenu personnage, va se construire et grandir, tout au long des pages. De ce récit singulier, au fil de l’exploration de l’arbre généalogique de l’écrivaine, nous apprenons à connaître et comprendre Nancy Huston. « Personne n’est libre et souverain, nous ne tombons pas du ciel mais poussons  sur un arbre généalogique ».
L’auteure fait défiler ses années de jeunesse et tire ainsi les fils de ses inspirations littéraires : sources, images, passions musicales, apprentissages culturels. Autant de « classes de littérature »  comme le souligne le sous-titre. « La bad girl » s’accroche ! Sa mère Alison n’a pas voulu d’elle, son père Kenneth est dépressif, son aïeul fou, un autre pasteur, sa grand-mère pionnière  féministe, sa belle-mère allemande. « Tous les « souvenirs sont bons, même les mauvais ».  Dorrit se sent coupable, d’être née, d’être femme,  certes, mais elle raconte et tellement bien !
Les souvenirs fragmentés, les moments figés, les anecdotes datées, les textes courts, le style extrêmement dynamique, font de ce récit un hymne à la vie et à la littérature
L’écriture de soi ici, loin d’être l’étalage malsain d’un quelconque ego, permet d’assister à la naissance d’un grand auteur. Bravo Madame !

Alexandra VARRIN : Une semaine dans la vie de Stephen King (Ed Léo Scheer)
Bien qu’annoncé comme « Une semaine dans la vie de Stephen King » le dernier ouvrage d’Alexandra Varrin n’est pas uniquement le compte rendu d’une visite à Paris de l’auteur américain. Venu pour la première fois en Europe pour une semaine de promotion de  « Docteur Sleep », ce dernier est certes présent dans le texte, mais c’est d’avantage de l’auteure du livre dont il s’agit.
Fil rouge de ce reportage annoncé- d’avantage document/biographie- Alexandra Varrin nous livre sa fascination pour Stephen King. Elevée sans vrais repères la petite fille s’est réfugiée dans les romans de l’américain et a grandi avec ses personnages .Elle insinue même, se référant  à « La Tour Sombre« , « Cela fait plus de quinze ans que je me demande ce que ferait Roland  dès que je suis confrontée à une situation pénible ou délicate ». S’ensuit une liste exhaustive de tous les romans publiés et références aux personnages. Le compte rendu des cinq grands moments de la visite de l’auteur fétiche se transforme en quête identitaire et introspective.
Nous assistons à la conférence de presse à la bibliothèque MK2, à une séance de dédicaces, à une émission de radio, à une soirée au Grand Rex et même à un direct TV de La Grande Librairie. L’important semble-t-il  réside surtout  dans l’empathie affichée de la française et sa reconnaissance éternelle de  groupie envers celui qui lui a procuré « l’évasion, la possibilité de sortir de son quotidien et d’apprendre le monde à travers des modèles à suivre ou à ne pas suivre».
Si l’analyse est franche, façon séance de thérapie, le style direct et brutal, se voulant humoristique, de la narratrice ne semble pas convaincre sur son statut d’écrivain. A la lecture il s’agit plus.de la peinture d’une génération rock en quête de repères. Difficile alors d’intégrer le cercle de la littérature !

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Catherine LOCANDRO : Histoire d’un amour (Ed Heloïse d’Ormesson)
Que voilà un livre étrange, magnifique et particulier que celui que nous offre Catherine Locandro.
Car ce qui est singulier, c’est qu’elle est partie d’un moment de vie d’une certaine Dalida.
Après le décès de celle-ci, son frère Orlando, confie l’écriture de sa biographie à Catherine Rihoit et pour cela, il lui ouvre les carnets intimes, les courriers, les cassette que la chanteuse avait mis dans un coffre « à n’ouvrir qu’après ma mort ».
Entre autres raconte-telle qu’après son suicice dû à la mort du chanteur italien, Luigi Tenco, elle avait rencontré une jeune étudiant avec lequel elle eut une histoire d’amour. Assez brêve lorsque’elle s’est rendu compte de leur différence d’âge et surtout lorsqu’elle s’est rendue compte qu’elle était enceinte. Ne voulant pas pas faire porter ce poids au jeune homme, elle avortera dans des conditions pénibles, la privant d’avoir d’autres enfants et rompra avec ce jeune garçon à qui elle ouvrira un compte pour qu’il puisse continuer ses études.
Cette histoire restée secrète n’a donc été révélée que lors de la sortie de la biographie et elle a beaucoup marqué Catherine Locandro. Assez pour imaginer comment ce jeune homme avair vécu son histoire d’amour, sa rupture et, marié et père, découvert huit ans plus tard par un article, qu’il aurait pu avoir un enfant à ce moment là.
Elle suit donc le cheminement de ce garçon devenu un homme 50 ans, professeur, qui a gardé durant tout ce temps ce secret pour lui tout seul, respectant ainsi les voeux de « la chanteuse », car Dalida n’est jamais nommée et lui se prénomme Luca. Avec des retours en arrière l’on découvre cet amour intense, exclusif qu’il avait pour elle et c’est d’une émotion incroyable car tout lui revient en plein visage, en plein coeur.
Et lorsqu’on sait d’où est issu ce roman, on ne peut s’empêcher d’avoir le visage de Dalida en surimpression.
L’histoire est belle, écrite avec délicatesse, c’est chargé d’émotion et la fin est poignante.
Un superbe roman dont le titre et le sous-titre ( J’avais oublié simplement que j’avais deux fois 18 ans » sont des chansons de Dalida.

PRIX JEAN GIONO 2014
Chaque année un jury présidé par Pierre Berger et composé de Syvie Giono-Durbet, accompagnée d’écrivains  et de libraires, choisit un ouvrage de langue française, roman ,récit ou nouvelles, paru dans l’année et faisant une large part à l’imagination .Le prix est offert par la fondation Yves Saint Laurent et remis généralement à l’hôtel Lutétia à Paris en Octobre . En raison de la fermeture actuelle de l’établissement pour travaux , il a été décerné cette année à l’l’hôtel du Louvre .
L’heureux élu est Fouad Laroui  pour son septième roman  « Les tribulations du dernier Sijilmassi » (Ed Julliard)
L’auteur est marocain, professeur d’université à Amsterdam, il écrit en Français depuis 1996 et a déjà été remarqué plusieurs fois pour l’un ou l’autre de ses ouvrages . En particulier, son roman « une année chez les Français »obtient quatre prix en 2010 et le prix Goncourt de la nouvelle lui est attribué pour « L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine » en 2012 . Dans le roman primé cette année, édité par Julliard, il est question d’un ingénieur de haut niveau qui réalise brusquement que sa vie n’a plus rien à voir avec celle de ses ancêtres, il désire faire un break pour se rapprocher du rythme de vie que menait son père et son grand père  .Ce livre remarquablement ècrit traite de sujets sérieux avec un humour savoureux, la famille, la langue maternelle, la religion . Que l’on connaisse ou non le Maroc c’est un vrai plaisir de lecture , nous en avions déjà parlé dans ce journal .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toulon – Théâtre Liberté
« Philosophie, Aérobic et Chansons de Geste »

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Voici un titre qui a de quoi surprendre et questionner. Le spectacle commence par une première partie consacrée à la vison, sur un grand écran, de vidéos de Pascal Lièvre, Celui-ci, mince, grand, élégant, un long visage toujours souriant ; un corps qui n’a rien de numérique, et qui respire le bonheur de vivre. Il va nous présenter en toute décontraction le contenu de ses clips. L’idée n’est pas banale, prendre des chansons connues de grands interprètes célèbres, et puis y mettre des paroles extraites de textes de philosophes, de monuments juridiques. Par exemple Mao Zedong sur « Money, money, money » d’Abba ; du Lacan sur une chanson de Dalida ; du Badiou sur un extrait de King Arthur : « The cold song » de Purcell ; le Patriotic Act : Axis of Evil de Bush sur « My Heart will go on » de Céline Dion ; ou encore Johnny Halliday qui chante « Mary » sur le Christ du Greco : celui-ci remuant la bouche au fil des paroles avec un réalisme à couper le souffle, ce qui rend le Christ vivant, et les paroles collent à merveille à la scène peinte.

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Les rôles sont interprétés par Pascal Lièvre et d’autres acteurs et chanteurs. Tout cela est très fort, exprimé avec un humour dévastateur. Il s’agit de véritables créations qui vont loin au delà du jeu gratuit qu’on voit trop souvent sur des clips bardés d’effets techniques. Ici les effets sont mis au service d’une expression qui trouble, dérange, et fait réfléchir, en plus du divertissement. C’est aussi un spectacle qui vous rend heureux.
Un dernier clip présente ce que va être la deuxième partie : l’aérobic philosophique. Pascal Lièvre montre à une spectatrice des mouvements simples de gymnastique qu’il faut effectuer par séries de quatre (somme nécessaire pour le travail des muscles), non pas en comptant traditionnellement : 1-2-3-etc…mais en récitant des phrases de philosophes ; pour cette démonstration c’est une phrase de Catherine Malabou.

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Le public se débarrasse des manteaux et vient prendre place dans le hall du Liberté en formation aérobic, on y voit même le staff du théâtre participer. Donc en suivant les indication et les gestes du « maître » il faudra faire des séries d’exercices complètes mettant en jeu les muscles et articulations des corps volontaires ; chaque série se pratique sur un mot d’une phrase en latin :  « Habemus corpus ergo sum numerus clausus nemo sum corpus numerus – Super Boum ! » Pascal Lièvre conclut cet exercice joyeux par cette déclaration : C’est une nouvelle possibilité d’être, et d’être plusieurs à la fois. Après cette déclaration hautement philosophique il ne restait plus aux participants qu’à se rendre au buffet traditionnel des Mardis Liberté.
Pascal Lièvre est un artiste vidéo, plasticien, performeur et professeur de gymnastique philosophique. Son travail se veut « un questionnement incessant, répété, asséné, des ressorts de la culture dominante, questionnement dont il entend faire émerger la possibilité d’une émancipation par l’art ».
Nous avons eu la chance d’apprécier les œuvres de ce baladin occidental  après Hong Kong, Ramallah, Marseille, Casablanca, Lisbonne et Malakoff.

Serge Baudot

Prochain mardi : le 13 janvier 2015 : OTTILIE (B) = une musicienne pas comme les autres.

Toulon – Théâtre Liberté
Regards sur les Arts Numériques
du 8 au 14 décembre 2014
« Le corps numérique : suite »

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Retour aux Arts Numériques pour le vernissage de nouvelles installations dans le hall du Liberté et même dans la rue où l’on peut se voir transformer en regardant un écran fixé sur la façade du théâtre : « Gleaming Frame », ou une autre vision des « selfies ».
Jean-Paul Fargier, le commissaire de toutes ces expositions (voir le précédent article sur <evasionmag.com>) présentait les nouvelles installations en compagnie de trois artistes invités, qui chacun à leur tour dirent quelques mots sur leur travail : Esmeralda Da Costa pour « Gleaming Frame, Mariana Carranza pour « Constellations » et Pascal Lièvre pour « Philosophie, Aérobic et chansons de gestes ».
Pascale Boeglin, Philippe Berling et Barbara Perraud présentèrent ensuite les diverses productions sur ce thème du corps numériques.
Un élégant dépliant donne le plan du parcours fléché sur le sol du hall pour regarder toutes les œuvres exposées, depuis la rue jusqu’au fond du hall ; mais, à l’image de l’art numérique, dans lequel tout peut arriver et tout se mélanger, disparaître et renaître, on peut suivre le parcours dans le sens le plus aléatoire possible et en toute liberté : le but de ce parcours fléché et numéroté étant de nous éviter d’oublier quelques stations :
– 1-« Le led », autoportrait de Bernar Venet.
– 2-« Gleaming Frame » pour l’envers de votre image, de Esmeralda Da Costa.
– 3-TAG : installation interactive de l’équipe du Liberté : on dessine sur du sable posé sur un petit écran et des images apparaissent sur un grand écran.
– 4-« Les corps numériques : 11 clips vidéos de différents artistes, qu’on peut regarder depuis une chaise longue.
– 5-« La mort en VHS » film d’Alain Longuet de 1983 qui montre que du temps de l’analogique on pouvait déjà faire des choses surprenantes (confer Jean-Christophe Averty à la télé de l’époque).
– 6-« Une femme entre deux hommes » : 3 vidéos sur un triple écran.
– 7-« Constellations » : votre corps devient une formation céleste inédite.
– 8-« Le Vidéomaton » : là vous pouvez raconter votre voyage dans cet univers numérique.
Il faut saluer ces animations haut de gamme qui ont le mérite de faire vivre  quotidiennement et gratuitement une vie artistique au centre de Toulon, habituant ainsi des gens, qui n’y viendraient peut-être pas ordinairement, à se rendre dans un théâtre.

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Après le verre traditionnel en place pour une production musicale et visuelle de TLN-Festival :
« ONYX : Optimist x Displaying »
« ONYX : Optimist x Displaying » est un concert numérique, de et avec, pour la musique Sébastien Muller alias Optimist formé à la techno minimale à Berlin avec des références punk, dico, eighties, et des influences Cold and minimal Waves, en compagnie de Yann Laserre alias Displaying (avec la collaboration de Elise Cervetti) pour la vidéo. Vjng et projection mapping leur permettent de lier la vidéo, la musique, et le graphisme.
Dans un coin d’une salle plongée dans l’obscurité trône un cube transparent qui va servir d’écran pour les effets lumineux, cube semblant flotter dans l’espace, un peu à l’image de ceux de Sol Lewitt. A l’intérieur, les deux artistes aux manettes, éclairés seulement par les leds de leurs machines. S’élève bientôt la musique d’une bande son  d’essence essentiellement techno, basée sur des rythmes binaires ad hoc et des basses à décrocher tous les organes de l’intérieur du corps. Sébastien Muller peut modifier les sons de cette bande à volonté selon son inspiration du moment. Posé sur les ambiances de la musique, Yann Lasserre peut faire jouer les impressions lumineuses pures, c’est à dire blanches ou légèrement jaunâtres, sur les parois du cube : des lignes mouvantes, des formes diverses, des impressions oniriques. Tandis qu’à l’intérieur du cube les deux artistes se devinent en silhouettes mouvantes, ou apparaissent en ombres chinoises sur les parois. Tout cet ensemble crée un envoûtement certain, et le public, très jeune dans l’ensemble, a salué ce spectacle d’une ovation tonitruante.

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Serge Baudot