Archives mensuelles : mars 2014

Toulon – Théâtre Liberté : « Inconnu à cette adresse »

Deux amis qui ont fait leurs études en Allemagne au début du XX° siècle puis ont fondé une galerie d’art à San Francisco (USA). Nous sommes en 1932. Martin Schulse est revenu vivre en Allemagne. Max Eisenstein, Juif, est resté à San Francisco d’où il gère leur affaire. Sur scène deux bureaux, l’un à gauche de style américain, l’autre à droite de style germanique, tous deux années 20/30. Les deux amis entretiennent une correspondance fournie. Michel Boujenah est Max Eisenstein, Charles Berling est Martin Schulse. D’entrée on sait qui est qui par l’aspect physique. Boujenah décontracté à l’américaine, mais classe ; Berling, Allemand raide, austère, classe lui aussi. Chacun lit à tour de rôle les lettres qu’il reçoit. Mise en scène très simple mais diablement efficace. Ce n’est pas une simple lecture mais bien une pièce de théâtre, car les deux acteurs, époustouflants, jouent le texte, avec sobriété, conviction et engagement total. On vit l’Histoire en même temps qu’eux. Car à travers une amitié qui va se transformer en haine, jusqu’à la mort de l’Allemand, c’est l’Histoire de la montée du nazisme en Allemagne jusqu’à la concrétisation de l’horreur dans la Deuxième Guerre Mondiale.
Aux débuts les lettres sont nostalgiques : le passé commun, la sœur de Max, Griselle, jeune actrice ; transparaît aussi l’affection entre ces deux hommes. Puis Max demande qui est cet Hitler, dont on commence à parler, si elles sont vraies ces attaques contre les Juifs. Alors Martin dit qu’il faut qu’ils cessent de s’écrire, et le voilà qui s’affirme antisémite, nazi, admirant Hitler, son fils est même entré aux jeunesses hitlériennes. Il approuve tout ce qui se passe. Il va même devenir un personnage important du régime. La force de Kathrine Kressmann Taylor, l’auteure de la pièce, est d’avoir su, en quelques phrases, résumer les causes de cette montée du nazisme et de l’emprise d’Adolf Hitler sur le peuple allemand : le trop lourd prix à payer après la défaite de 14-18, la pauvreté endémique, l’anarchie ; et soudain apparaît un homme qui redonne l’honneur à son peuple, lui fait relever la tête, affirme qu’il va lui faire retrouver sa grandeur. L’Allemagne va le suivre pour le pire.

Serge Baudot

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Griselle, juive, est en péril au théâtre de Berlin, elle réussit à fuir, arrive chez Martin. Celui-ci ne lui ouvre pas sa porte et la laisse aux mains des S.A. Max verra sa lettre à Griselle retournée avec la mention : inconnue à cette adresse. Ils l’ont tuée. A partir de là Max va fourbir sa vengeance, il envahit Martin de lettres à son adresse, sachant qu’elles seront lues par la censure. Ces lettres qui sont des commandes de tableaux avec dimensions et couleurs peuvent faire croire à des messages secrets. Martin supplie son ex-ami de ne plus lui écrire. Mais ce dernier continue, jusqu’à ce qu’il reçoive un retour avec la mention : inconnu à cette adresse. Vengeance inéluctable accomplie. C’est très dur. Martin ne s’en remettra pas.
Michel Boujenah est magnifique et bouleversant dans son rôle, on sent qu’il le joue avec ses tripes. Charles Berling joue à merveille le désarroi, la descente aux enfers, de ce nazi qui se sent perdu. Tous deux jouent parfaitement leur transformation de vieux amis pleins d’affection en ennemi d’autant plus implacables qu’ils souffrent de cette haine qui s’est implantée en eux.
Voilà une pièce qui confirme ma conviction que le théâtre, c’est d’abord un texte, qui offre des personnages emblématiques de certains côtés de la condition humaine. Et quand ils sont joués par des acteurs sublimes, comme ici, le bonheur suprême est au rendez-vous.
Je ne résiste pas à faire remarquer que les thèmes de cette pièce viennent à point nommé nous rappeler les dangers de cet antisémitisme qui reprend force en France puisque l’on voit des milliers de personnes se rendre à des spectacles antisémites.
Cette pièce devrait être jouée devant tous les écoliers, collégiens, lycéens et étudiants de France et d’ailleurs pour aider à éradiquer cette Peste Brune qui ne cesse de se réactiver.
La pièce est aussi propice à la prise de conscience que le poème de Martin Niemöller : « Quand ils sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste… Quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour m’aider.»

Serge Baudot

Kathrine Kressmann Taylor (1903-1997) a publié « Inconnu à cette adresse » en 1938. En 1995, alors qu’elle a 92 ans Story Press réédite ce livre pour fêter le 50e anniversaire de la libération des camps de concentration. nouvelle est traduite en 20 langues. Le livre sort en France en 1999 et se vend à 600 000 exemplaires. Elle est finalement publiée en Allemagne en 2001, et rééditée en Grande-Bretagne en 2002. En Israël, la traduction en hébreu est un best-seller et est adaptée pour le théâtre. Plus de 100 représentations ont lieu, et la pièce est filmée et diffusée à l’occasion du jour de commémoration de la Shoah. (Wikipedia)

Toulon – Théâtre de la Chilière… Un étrange voyage

Le Théâtre de la Chilière, que dirige avec passion et depuis quelques décennies, Chantal Ustache, nous propose une nouvelle création dont la première a eu lieu au CREP des Lices de Toulon ce 14 février 2014 : ‘Le voyage de Pénazar », de François Cervantès, sur une mise en scène de Michel Bayard.
Pièce étrange et presque mystique puisque, au Moyen Âge,  Pénazar, serviteur du Prince Gelgel qui décède, va vouloir, au cours des siècles, garder intact et éternel, le souvenir de son maître.
Il va vivre une quête d’amour et d’éternité avec foi et naïveté, à la fois plein de force et de fragilité, contre vents et marées, sarcasmes, brutalités et enfermements.

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Michel Bayard et Chantal Ustache reprennent la belle idée de l’auteur, François Cervantès, de faire jouer Pénazar, personnage masculin par une comédienne.

Une Chantal Ustache sublime dans ce rôle ambigu, pour la plupart du temps cachée sous le masque d’un arlequin balinais défendant avec talent un soliloque par instants émouvant et poignant, par instants drôle et tonique et oh combien magnifique qu’elle supporte de bout en bout, ne quittant la scène que de très courts instants.
Une approche originale et intelligente de la mort et de l’immortalité, de la fidélité et de l’amour, qui nous fait participer à cet étrange voyage à travers le temps, à travers le monde, puisque se déroulant du XIIIème siècle à nos jours en passant par l’Europe, l’Asie, l’Occident et l’Orient, le Caucase et l’Inde …
Une mise en scène épurée, tout en finesse, un décor sobre et esthétique, un magnifique jeu de lumières ajoutent mystère et mysticisme au jeu superbe de Chantal Ustache, grâce à qui on se laisse emporter dans cette course folle, cette histoire insolite, étonnante et terriblement humaine.
Elle est bouleversante dans ce très beau conte philosophique et poétique.

Monty : un « sixties-chanteur » très vert !

Il a le culot d’avoir le même prénom que moi. Il va jusqu’à avoir les cheveux blancs et la barbichette… comme moi ! Et à l’entrée des artistes du Nikaïa de Nice, asur la tournée « Age Tendre », voilà qu’on vient me demander des autographes !
Ca ne peut pas durer et je le dis tout de go à Monty… qui se marre bien !
Monty, c’est, à partir de 1964, des tubes qui s’enchaînent : « Même si je suis fou », « Ce n’est pas vrai », « Un verre de whisky », « Bientôt les vacances », « Mes rêves d’enfant », « Brasilia » et en 1970 le fameux et devenu mythique « Allez les Verts ».
Et puis plus rien. Le chanteur disparaît en pleine gloire même s’il continue d’être sur les pochettes de disques, en tant qu’auteur compositeur, des copains : Sheila (Petite fille de Français moyen), Dallda (Mama), Eric Charden (Le monde est gris, le monde est bleu), Pétula Clark (Si tu prenais le temps), Jeane Manson (Fais-moi danser) et puis Mitchell, Gall, Vartan, Vilard, Alamo… Tous sont passés à la méthode Monty… Avant qu’il ne parte s’exiler quinze ans aux USA.
Il est le tout dernier chanteur – dans tout le sens du terme ! – de la dernière tournée « Âge Tendre ».

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acques Bulostin, comment es-tu devenu Monty ?
Tout à fait par hasard. D’abord parce que, lorsque en 1963, je vais voir Eddie Barclay, c’est pour lui proposer des chansons pour ses propres artistes. J’en écris et compose depuis l’âge de 14 ans mais je n’ai pas une seconde des velléités de les chanter… Bien trop timide ! Lorsqu’il écoute mes chansons, il me dit que c’est ma voix qui lui plaît et qu’il me veut comme chanteur. Hésitations, angoisse… Je mets du temps à dire oui. Arrive alors la question du nom : il n’aime pas le mien et comme la mode est à la consonance anglaise, il me propose… Jack Kennedy ! Que je refuse aussitôt et pour cause ! Comme j’adorais Montgomery Clift qu’on appelait Monty, je lui propose Jacques Monty qu’il accepte et lorsque le premier disque sort… Jacques a disparu. Voilà mon cher Monsieur, comment l’auteur compositeur Jacques Bulostin est devenu Monty le chanteur ! Bien m’a pris de refuser son pseudo puisque le jour de ma première télé… Kennedy est mort !!!

Tu as alors pu vaincre ta timidité ?
Ca a été long et difficile mais ça m’a passé lorsque j’ai vu le plaisir que je donnais aux gens et surtout les yeux brillants de mon père, fier que je réussisse. J’ai chanté pour lui jusqu’à sa disparition.

Alors, pourquoi cet arrêt brusque quand tout marchait ?
Je préférais écrire des chansons que chanter et puis j’avais envie d’autre chose. J’ai voulu tâter de la production et je suis parti aux USA. Arrivant avec mon succès « Allez les Verts », je suis allé avec mon disque frapper à la porte d’un des plus grands producteurs, Ahmet Artegun, qui avait fondé l’équipe de foot de New-York, le Cosmos. Je lui ai fait passer mon disque, il m’a aussitôt ouvert la porte et j’ai travaillé pour lui. Il m’a tout appris et m’a fait travailler avec Stevie Wonder, La Toya Jackson et j’ai travaillé sur la prod’ de « Trhiller »… Des dieux pour moi ! C’est à l’époque où Nougaro s’est fait virer de Polygram. Je l’ai fait reprendre chez Warner… et il a fait « Nougayork » !

Après quinze ans d’Amérique, pourquoi revenir ?
Parce que la France me manquait, comme ma famille et mes amis. Car aux USA, si tu travailles, tu peux réussir mais tu ne te fais pas d’amis. J’ai donc décidé de rentrer.

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Et de redevenir chanteur en rejoignant « Age Tendre » !
Oh non, pas directement : j’ai mis quatre ans pour dire oui à Michel Algay. Je n’avais pas tu tout envie de revenir sur scène. Mais il a insisté et on a fait un deal : « Si ça me gonfle, j’arrête ». Il a été OK… et je n’ai pas arrêté car de voir chaque soir cette foule chanter et danser avec moi, c’est un vrai plaisir.

Tu vas donc remonter sur scène tout seul ?
Que non ! Ce n’est pas un come back, je suis lucide, « Age Tendre » ça marche parce qu’on est nombreux sur scène. Mais tout seul, je ne remplis rien et je ne veux pas me ridiculiser. Par contre, j’ai retrouvé des tas d’amis chanteurs et j’ai des projets de chansons pour Michèle Torr, Herbert Léonard. Je continue d’écrire, j’ai des chansons plein les tiroirs et je vais essayer de les placer.

C’est toi qui proposes ?
Oui bien sûr, ou on me demande aussi. Un jour que j’étais chez Jeane Manson, elle me demande si je n’ai pas une chanson pour elle. Je lui dis oui, me mets au piano et lui joue une mélodie. Elle me dis : « OK, je prends ». Le problème est que je venais de l’inventer ! Sitôt dans l’ascenseur je l’ai écrite sur un bout de papier… C’était « Fais-moi danser » !

Que penses-tu de la nouvelle génération ?
J’adore Zaz, je trouve qu’elle a une voix et une personnalité extraordinaires. Par contre, je n’arrive pas à me faire au rap. A part I Am car ils ont des textes fabuleux.

Et ton histoire avec les Verts ?
C’est une histoire d’amour qui dure depuis… quarante ans ! J’étais au stade de France avec eux… Ca a été un grand moment d’émotion !

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Marion Game : Huguette se dévoile

« Alors Huguette…Vous avez laissé Raymond à la maison ?
-Oui, ça me fait des vacances ! »
Cette question, si elle ne pas entendue mille fois, elle ne l’a jamais entendue !
Entre la Rochelle où elle fit un bref passage et la Fête du Livre de Toulon où elle est venue signer son livre « C’est comment votre nom, déjà ? » aux éditions de l’Archipel, pour quatre millions et demi de téléspectateurs elle est devenue Huguette, la femme de Raymond, un couple irascible et méchant dans le programme court de M6, « Scènes de ménages », tous les soirs sur M6  avant les infos.
Elle joue le jeu bien sûr, en riant avec tout le monde mais aussi un petit peu agacée.
J’ai voulu savoir pourquoi et ce, malgré un parcours du combattant, d’abord pour l’approcher tant la foule est dense et pour parler entre deux signatures, trois photos et quelques bises à Huguette !

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« C’est tout le temps comme ça – m’avoue-t-elle – un tel dédoublement de la personnalité, je n’aurais jamais imaginé.

Ça vous agace ?
Pas vraiment car c’est un succès inattendu, les gens sont gentils et je ne vais pas cracher devant tant de ferveur, d’autant que c’est de la vraie émotion, de la vraie joie, de la vraie sincérité de la part du public qui nous fait entrer chez lui tous les soirs…

Alors ?
Alors, Huguette, c’est aujourd’hui quelquefois lourd à porter et ça limite mon champ d’action. D’un côté, c’est gouleyant d’être aussi connue et autant aimée mais d’un autre, c’est réducteur. En fait, ce n’est qu’un rôle comme plein d’autres que j’ai joués. J’ai fait des choses très différentes, plus intéressantes et aujourd’hui je suis réduite à Huguette ! C’est vrai que ça m’a fait revenir au premier plan mais c’est presque trop énorme ! car peu de gens se souviennent que je me nomme Marion Game.

Comment avez-vous eu ce rôle ?
J’ai rencontré un pote avec qui j’avais tourné quelques pubs, quelques petites choses à deux balles. il m’a proposé se programme court qui devait passer avant les infos. Une sorte de truc pour combler un trou en attendant le journal. J’ai donc passé le casting avec Gérard Hernandez qui est un vieux complice et avec qui nous avons fait des choses peu reluisantes car nous avons souffert ensemble ! Tous les deux, on en a sous le capot ! Mais justement, nous sommes tellement complices que l’alchimie a été immédiate ! Jamais on aurait imaginé le succès que ça aurait !

Pas peur de jouer le duo méchant et con ?!
Même pas peur ! Nous avons cherché l’authenticité, l’accent véritable sans entrer dans la caricature mais jouer les vrais méchants qu’on peut rencontrer tous les jours. Quant aux dialogues, ils sont ciselés, précis, bien construits. Ca tient la route… la preuve !

Vous avez votre mot à dire sur les dialogues ?
Non, c’est tellement bien écrit ! A peine si, quelquefois, on ajoute sa petite pastille personnelle, sa petite cerise sur le gâteau. Ensemble avec les auteurs, on lit les textes, on fait le marché ensemble. Si ça nous plaît on prend sinon on jette à la poubelle ou si l’on sent qu’il y a quelque chose ça repart à l’écriture.

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Quant aux costumes, plus flashies et ringards, tu meurs !
Eh bien mon cher, aujourd’hui ils sont, comme on dit, « vintage » ! Les gens veulent nous les acheter. D’ailleurs un jour Gérard est arrivé sur le tournage en slip et marcel : il avait vendu ses affaires dans une brocante !

La télé a souvent fait appel à vous…
Pas tant que ça. Oui, j’ai joué dans quelques beaux films et nombre de séries pour un épisode ou deux, à part « Plus belle la vie » et « Boulevard du Palais » où j’ai tenu huit ans jusqu’à ce que le producteur jette tous les vieux de la série pour faire plus « d’jeun ». Quatre mois après je faisais « Scènes de ménages » et vu le succès il s’est mordu les doigts ! Mais aujourd’hui le métier est géré par des technocrates qui n’y comprennent rien… Voilà le résultat.

Parlons donc de ce livre…
Vu le succès, l’Archipel m’a proposé d’écrire ma bio. J’avoue que je n’étais pas très chaude car lorsqu’on avance dans le succès on n’a pas envie d’ouvrir les fenêtres d’un passé douloureux.

Si douloureux que ça ?
Oui car déjà, petite, j’ai eu des difficultés à exister tout comme plus tard, dans la profession. Lorsqu’on voit la réussite d’acteurs pas plus talentueux que soi alors qu’on stagne, c’est frustrant et difficile à vivre. Mais finalement ,d’écrire ce livre m’a fait du bien, m’a fait avancer et positiver. Un jour j’ai décidé de prendre ma vie dans mes bras, de l’apprivoiser et de l’affronter enfin sans plus penser à rien. J’ai plongé dans la piscine sans état d’âme.

Le résultat ?
Eh bien, finalement, je me dis que ma vie n’a pas été aussi nulle que ce que je pensais, que j’ai quand même vécu de belles choses et que mon existence a été plutôt passionnante.

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Avec cet énorme succès, qu’est-ce qui a changé ?
Dans le métier… rien ! On ne me propose pas plus de choses qu’avant. Mais j’ai le théâtre. J’ai beaucoup joué à Paris et en tournée comme l’an dernier cette tournée avec Geneviève Fontanel « Le squat » qui a été un énorme succès. Le théâtre, c’est ma survie, c’est ce qui me fait avancer… C’est mon schmilblig personnel !

Vous allez donc faire l’émission de Ruquier comme tout « people » qui se respecte ?
Jamais de la vie ! Je ne suis pas maso et je ne vois pas pourquoi, étant populaire, j’irais me faire descendre par deux prétentiards (surtout lui !) qui pensent avoir la science infuse, boursouflés de suffisance, qui crachent sur tout le monde avec une incroyable grossièreté.
Je ne leur ferai pas le plaisir… d’une scène de ménage !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Jean-Hugues Anglade, Caroline Silhol : tournage France 3 à Toulon.

En ces premiers froids de fin d’année,. me voilà sur le port de Toulon, sur le Ferry en partance pour la Corse. Mais j’y resterai à quai car je viens à la rencontre de Jean-Hugues Anglade qui tourne pour France 3 « Les trois silences », réalisé par Laurent Herbiet, sur un scénario de Nicolas Groubé et des dialogues d’Iris Wrong. Jean-Hugues y est entouré de Caroline Sihol, Julie-Marie Parmentier et Pierre Vernier.
Hélas, nous n’irons pas sur le tournage, monsieur le réalisateur ne voulant voir personne… Caroline Sihol tourne et durant cette séquence, nous nous installons avec Jean-Hugues dans le salon, face à la mer et un beau coucher de soleil qui le fascine. En dehors de Toulon, il vient de tourner dans le haut Var, le Verdon et du côté de la Londe.

« J’aime cette région pour plusieurs raisons. D’abord j’ai vécu mon premier amour en vacances à Sanary, je passais aussi des vacances chez mes grands parents à Antibes où j’ai pas mal de souvenirs de jeunesse. C’est vrai que lorsqu’on est au soleil, au bord de la mer, c’est plus agréable que de vivre 365 jours à Paris avec des gens agressifs. Ici les gens sont gentils, de bonne humeur. C’est le dépaysement total.

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Avez-vous eu le temps de visiter Toulon ?
Pas vraiment mais c’est une ville qui m’étonne et je reste très dubitatif quant à son architecture qui me semble assez incohérente. Mais pour moi, ce qui compte avant tout ce sont les relations humaines, où que je sois.

Alors, parlez-nous de ce film.
Il est difficile à raconter sans trop dévoiler l’histoire. Disons que c’est un thriller intimiste. On part d’une situation suspecte qu’on abandonne ensuite au profit d’un rapport, d’un affrontement entre la mère, Olivia (Catherine Sihol) et la fille Olivia (Julie-Marie Parmentier). Le départ du film est la mort de Philippe, mari d’Olivia (que je joue) et je reviens tout au long du film grâce à des flash back qui expliquent progressivement l’histoire.

Ce n’est pas très clair tout ça !
(Rires)… Je ne voudrais pas trop déflorer le sujet… Bon… je suis le second mari d’Olivia et elle me soupçonne de la tromper. Elle me prend en filature alors que je fais une escalade dans le Verdon. Je fais une chute durant la randonnée où je meurs alors que je suis parfaitement entraîné. et elle découvre celle qui est ma maîtresse. Voilà. Vous n’en saurez pas plus !

Vous mourez donc aux premières images…
Oui et je reviens en flash back. C’est un rôle épistolaire mais en fait le rôle principal puisque toute l’histoire tourne autour de moi. J’ai accepté cette participation  parce que c’est un film d’atmosphère où chacun règle ses comptes. Le sujet est intéressant et il m’offre l’opportunité de jouer autre chose qu’un flic, même si j’adore tourner dans la série « Braquo ». C’est un type de narration original, avec une certaine subtilité, un projet sensible et intelligent produit par Jean-Louis Livi, le mari de Catherine.

Connaissiez-vous le travail de Laurent Herbiet ?
Pas du tout mais j’ai beaucoup parlé du film, de mon rôle, avec lui. Par mes années de tournage, je cerne très vite le metteur en scène, le rôle, la scénographie. Ce qui m’intéresse c’est l’attention que le réalisateur porte au personnage.

N’avez-vous pas d’appréhensions lorsque vous ne connaissez pas le travail d’un réalisateur où lorsque c’est un premier film ?
Vous savez, lorsqu’on tourne un film on est toujours un peu inquiet car on n’est jamais sûr du résultat final. Mais aujourd’hui, avec le temps, lorsque j’ai des doutes, je ne m’engage pas, ce qui m’est arrivé récemment. Je n’étais pas confiant à 100%, j’ai préféré refuser. Il est essentiel que l’on croit à ce qu’on va tourner et avec qui.

Vous est-il arrivé de vous tromper ?
Evidemment, comme tout le monde. Mais lorsque je m’engage, je vais jusqu’au bout, j’essaie d’y croire et d’aider à sauver ce qui peut être sauvé. De toutes façons, tourner un film, quel qu’il soit, est toujours une prise de risque, même si l’on n’en meurt pas. C’est un métier compliqué et l’on est obligé d’être relativement souple en passant d’un metteur en scène à l’autre. Chacun a sa personnalité, sa façon de travailler, de voir les choses. C’est tout le paradoxe du métier et c’est pour cela que de temps en temps on est un peu schizophrène !

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La réalisation vous tente-t-elle encore ?
J’avoue que non, ça prend trop de temps, trop d’énergie et j’avoue que je préfère garder ce temps pour mes deux enfants et me concentrer à 100% sur mon métier de comédien.
Aujourd’hui, j’ai bientôt 55 ans, et cette maturité se voit aussi sur mon visage. C’est le moment propice pour jouer des personnages, des rôles que je n’ai pas encore abordé. Je sais ce qui est bien pour moi et je ne veux pas passer à côté de mon métier d’acteur.

Donc pas de regrets ?
Non ! Je n’ai aucun manque par rapport à ce métier, tout comme je n’en ai pas de ne pas avoir fait de théâtre, par exemple car je n’y suis pas attiré. Peut-être essayerai-je un jour, avant de partir, juste pour voir !
Je crois qu’on a tous envie d’être aimé, d’être désiré par un metteur en scène et l’on peut souffrir ponctuellement d’être passé à côté d’un rôle, de ne pas avoir été appelé. Mais ça ne provoque chez moi ni blessure ni jalousie. C’est la vie et le métier qui veulent ça. Aujourd’hui j’ai de belles opportunités et je suis heureux.

Quelle est votre actualité aujourd’hui ?
J’ai repris la série « Braquo » pour la télévision et je viens de tourner deux films : « Amitié sincère » de François Prevôt-Leygonie et Stephan Archimbaud avec Gérard Lanvin et Zabou Breitman et « L’autre vie de Richard Kemp » de Germinal Alvarez avec Mélanie Thierry.

Télé, ciné, quelle est votre préférence ?
Ma préférence va là où il y a un bon scénario, un beau rôle. J’ai eu la chance d’aborder la télé avec Josée Dayan, Benoît Jacquot, Olivier Marchal, avec des partenaires comme Charlotte Rampling ou Jeanne Moreau. Je n’ai donc pas une vision étroite de la télévision à qui je suis redevable de belles aventures, même si ma famille reste quand même le cinéma.

CAROLINE SILHOL, COMEDIENNE & PRODUCTRICE
le regard bleu un peu lointain, l’allure hiératique, Caroline Slihol est l’une de nos plus belles comédiennes qui s’est illustrée et continue de le faire surtout au théâtre où elle a visité tous les genres, de Molière à Sagan en passant par Cocteau, Marivaux, Yasmina Reza, Roussin, Tardieu, Fagadau et bien d’autres. Star au théâtre elle a quand même fait beaucoup de cinéma avec quelques réalisateurs et non les moindres : Verneuil, Resnais, Truffaut, Bertrand Blier, Chabrol, Enrico…
Elle a même fait une insertion dans l’opéra e, jouant dans « Perséphore » de Stravinsky, au théâtre de la Fenice à Venise.
Nous la retrouvons à Toulon où elle tourne « Les trois silences », un téléfilm  pour France 3 produit par Jean-Louis  Levi, son époux, auprès de Jean-Hugues Anglade.
C’est sur le port, dans les salons du ferry en partance pour la Corse, qu’elle nous a accordé un moment d’entretien.

Les 3 silences (réal Laurent Herbiet)

« Dans ce film, je suis une femme très actuelle, une battante qui navigue dans les milieux politiques, au Conseil Régional PACA. Elle est sur le point de passer devant des élections, elle croit que tout suit mais il va lui arriver une histoire à la limite de l’incompréhensible :  son second mari meurt alors qu’elle le piste, pensant qu’il a une liaison et là, tous les wagons se détachent.
Elle a des rapports conflictuels avec sa fille, issue de son premier mariage et lorsqu’elle se rend compte de sa trahison, alors là, la mer s’ouvre devant elle. C’est un puits sans fin. Cela se passe en deux jours, j’essaie de nous sauver de la dérive et je passe par toutes les couleurs de l’arc en ciel. C’est d’une grande violence mais malgré tout, elle a ses sentiments de femme, de mère et va essayer de sauver quelque chose de ce naufrage.

Comment se passe ce tournage varois ?
C’est passionnant car c’est une sorte de road movie, à la fois plein de tension et de suspense même si le tournage a été assez difficile car les problèmes se sont intensifiés avec les éléments extérieurs qui se sont déchaînés : tempête, vent, pluie, froid, neige… on a tout eu !
Mais le rythme que nous impose Laurent nous empêche de penser au froid. Moi qui suis une grande frileuse devant l’Eternel, il y a des jours où j’étais transpercée, ce qui ajoutait à la tension du rôle. Heureusement, il y avait une grande douceur apportée par le compagnonnage de toute l’équipe et surtout Julie-Marie Parmentier qui joue ma fille et Jean-Hugues Anglade qui est l’époux que je pourchasse !
C’est la première fois que je travaille avec Laurent Herbiet et je suis prête à récidiver… si l’on tourne au printemps ou en été !

Théâtre, cinéma, télévision… Vous partagez bien votre temps !
(sourire un peu lointain) Oui c’est vrai puisque je suis productrice de la pièce de David Keyes « Des fleurs pour Algernon » qui s’est jouée au Théâtre des Champs-Elysées et au Théâtre du Petit St Martin.
J’ai tourné dans le film d’Alain Resnais, « Aimer, boire et chanter » avec bien sûr Sabine Azéma et une nouvelle équipe autour d’eux : Emmanuelle Devos, Hyppolite Girardot, Michel Vuillermoz.

Et le théâtre ?
A part la production, j’ai beaucoup de difficultés aujourd’hui de trouver une pièce qui va me faire basculer à nouveau dans la vie théâtrale en tant que comédienne. J’avoue qu’en ce moment, j’ai un peu de mal à tomber amoureuse d’une pièce… Mais ce n’est ni désespéré ni définitif ! »

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Reportage Jacques Brachet

 

 

La folie des macarons

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Le macaron est, en quelques années, devenu le nec plus ultra de la pâtisserie.
Salé ou sucré, aux mille couleurs et parfums, aujourd’hui il se décline en dessert, en apéritif ou tout simplement en petite gourmandise suave et délicieuse.
Et pourtant, s’il a beaucoup évolué, il ne date pas d’hier. Les Français le découvrent à la Renaissance, importé d’Italie par Catherine de Médicis. C’est alors un petit cookie à base d’amandes, de sucre et de blancs d’œufs et c’est à Joyeuse, en Ardèche  qu’on le découvre en 1581. Il sera l’une des pâtisseries vedettes au mariage de Louis XIV en 1660 et il prendra le nom de Dalloyau lorsque l’un des ancêtres de cette fameuse maison gastronomique créée en 1802, décide de l’imposer à la cour de Versailles. On a dit que Marie-Antoinette en était très friande.
Le macaron évoluera donc au cours des siècles et des décennies, devenant moins craquant, plus souple, différemment parfumé et c’est la maison Ladurée qui lui donnera ses teintes pastel assorties aux divers parfums. On est aujourd’hui bien loin de ce petit gâteau craquant moyenâgeux et aujourd’hui, outre tous les parfums sucrés, du café au caramel en passant par le chocolat et tous les fruits existants, il se déguste aussi en salé et là, les mariages sont infinis, du roquefort au foie gras en passant par le saumon, mariés à  nombre d’ingrédients, miel, figues, graines et herbes diverses…

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CARREMENT BON*
C’est chez Magali et Nicolas que nous sommes allés prendre un cours de préparation des macarons, dans une ambiance fort sympathique.
Notre charmant couple nous a autorisés à vous donner sa recette :
Il vous faudra : 225 grammes de sucre glace, 125 grammes de poudre d’amandes, 100 grammes de blanc œufs, 25 grammes de sucre en poudre.
Montez les blancs d’œufs au batteur, serrez-les avec 25 grammes de sucre. Mélangez dans un saladier le sucre glace et la poudre d’amandes, incorporez les blancs montés, ajoutez-y une pincée de colorant naturel à votre goût et mélangez le tout jusqu’à ce que la mixture soit brillante et lisse.
Avec la poche à douille, vous couchez en quinconce vos petits ronds de couleurs et vous les faites cuire à 130° durant 13 minutes à four chaud. Il vous faudra surveiller car la cuisson dépend de votre four. Une fois cuits, vous les accouplez, enfoncez délicatement l’intérieur pour y incorporer les ingrédients que vous avez choisis.
Maintenant, si vous n’avez pas de velléités de pâtissier, vous pouvez les acheter tous faits avec un choix infini de parfums et de couleurs.

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MACARONS FOLIES**
Franck Boyot est chef des ventes chez Canon… Loin du macaron évidemment mais ce grand garçon a une passion : la pâtisserie, entre autre, le macaron, qu’il réalise d’abord pour son entourage et surtout pour le plaisir. Ce Parisien grand teint en fait donc pour ses amis et il les réussit tellement bien que les commandes affluent !
Voici trois ans, venu voir une amie dans le Midi, celle-ci lui conseille de continuer sur sa lancée, puisque le macaron est devenu une mode parisienne mais pas encore régionale. Du coup il décide de poser ses valises à Six-Fours, 525, avenue Laennec et il se lance, s’inspirant de recettes prises dans divers bouquins puis, peu à peu, en faisant des essais, des recoupements, des affinements… Aujourd’hui, il nous offre une variété de vingt-cinq à trente parfums différents, dont celui qui, en ce moment, est devenu le préféré des six-fournais : caramel, beurre salé.
Salé… Vous avez dit salé ? Et le voici créant le macaron au foie gras, au roquefort, au chèvre-ciboulette… Aujourd’hui il nous propose des macarons à la pièce,  dans des boîtes, des pyramides de 24 à 112 macarons pour les fêtes, les anniversaires, les mariages mais aussi pour les petits, au réglisse, à la barbe à papa… au schtroumpf même !
Il s’est fait une spécialité de cette petite boule de gourmandise multicolore et les gens viennent de loin pour les apprécier.

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Et même, comme Nicolas et Magali, apprendre à réaliser cette gourmandise au cours de stages, car c’est une gourmandise qui est devenue aujourd’hui la joie des papilles number one !

Jacques Brachet

*lecarrementbon@gmail.comwww.lecarrementbon.fr – 04 94 07 43 55
**contact@macaronfolies.fr – 06 09 85 56 00

Tournage France2 à Marseille : « Ca va passer… mais quand ?

Nous sommes à Marseille, en haut de la Canebière où, en ce jour de décembre, les santons se sont donnés rendez-vous, se prélassant sous un soleil printanier. Nous entrons dans un bel immeuble haussmannien habité de médecins et d’avocats mais, au troisième étage, nous arrivons en plein repas. Deux couples parlent de leurs problèmes. Surtout un : Patrick et Sophie qui ont de gros problèmes avec leur adolescente, Paola.
Rassurez-vous, c’est en toute discrétion que nous arrivons sur cette scène concoctée par Céline et Martin Guyot, filmée par Stéphane Kappes et notre couple est en fait Stéphane Freiss et Julie Gayet qui tournent une fiction pour France 2, intitulée « Ca va passer… mais quand ? »
Et nous avons rendez-vous avec eux et Mélusine Mayance, qui joue leur fille.
Chacun nous racontera son rôle, son histoire… Ils nous ont tout dit sauf… quand ça va passer sur France 2 !
Quant à Julie Gayet, vu son actualité, pas d’interview. Mais Christian Servandier a fait de belles photos quand même.

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STEPHANE FREISS : un père dépassé par les événements
Il a une grippe carabinée. Il tousse comme un perdu entre deux scène, se bourre de médicaments pour tenir le coup et pourtant, super professionnel, il est pr^t dès qu’on dit « moteur. Entre deux scènes et trois médicaments, il prend le temps de nous accorder un moment d’entretien. Merci l’ami !

« Stéphane, parle-nous de ce rôle.
C’est un père de famille… je connais ça !
C’est un homme débordé… je connais ça aussi !
C’est un homme inquiet… je connais encore ça !
Ceci dit, c’est un père dépassé par les événements, qui n’a pas de réponses aux questions qu’il se pose tout d’un coup, face à son adolescente de fille. Lui et sa femme sont pris dans la tourmente qui se complique avec tous les excès possibles. Ce sont deux pauvres êtres absolument submergés !
Ce qui est jouissif c’est qu’on vit un drame – une tragédie, même ! – et que c’est traité sur le mode de la comédie. Disons que c’est une tragi-comédie car dans cette situation, beaucoup de gens s’y reconnaîtront.

C’est ce mode d’expression qui t’a plu ?
L’histoire m’a tout de suite plue car elle est magnifiquement écrite. C’est plein d’énergie, ça rebondit très vite, on est pris par l’action sans temps morts, on n’a pas le temps de réfléchir, on y va. Sans prétention, ce sont des rôles d’une grande virtuosité qui nous poussent. C’est à la fois excitant et audacieux.

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Connaissais-tu Stéphane Kappes ?
Pas du tout mais j’ai très vite perçu chez lui sa précision car il a des idées très précises qui sont jubilatoires. C’est un vrai metteur en scène. Il est agréable dans le travail car sa caméra est au service de la situation. Il tourne avec simplicité, sans en rajouter. De plus, on se sent aimé de lui et ça nous galvanise. Notre complicité grandit au fur et à mesure du tournage. C’est un vrai bonheur de se laisser ainsi glisser.
Et puis, c’est un homme de bon goût… enfin, du même que le mien !

Parle-nous de ta fille et de ta femme !
Ma fille c’est Mélusine Mayance qui est, malgré ses 14 ans, non pas une adolescente mais une vraie comédienne inspirée qui joue avec un instinct sûr, qui comprend tout, tout de suite, qui est toujours juste. Elle est d’une vérité confondante. J’avoue qu’il m’est rarement arrivé, même avec des comédiennes chevronnées, d’être dans une telle osmose, une telle confiance au point de m’appuyer quelquefois sur elle. Elle possède une grande concentration, une grande disponibilité et joue avec un naturel désarmant. C’est rare, ça m’enthousiasme… C’est agréable de se laisser ainsi dévorer !

Et ta femme ?
C’est donc Julie Gayet, que je connaissais puisque nous avons tourné ensemble deux courts métrages. Julie est une femme pudique, secrête, réservée, qui s’ouvre dès qu’elle est dans le personnage.
Il y a entre nous une belle complicité, un très bel échange et je crois qu’elle est autant subjuguée que moi devant Mélusine ! »

MELUSINE MAYANCE : la petite peste en crise
Elle ressemble à Alice au pays des merveilles avec son beau regard bleu, son sourire, ses longs cheveux blonds et sa luminosité. 14 ans et déjà une carrière de 15 films derrière elle ! Il faut dire qu’elle a débuté à 9 ans et qu’elle est aujourd’hui une vraie professionnelle
Elle a de qui tirer puisque Chris, son père, a toujours baigné dans le cinéma après un passage de chanteur de rythm’n blues. Il fut affichiste et à à ce titre a travaillé avec les plus grands, de René Château à Georges Lautner, en passant par Belmondo, Audiard et beaucoup d’autres. Puis, tout en restant directeur artistique, il s’est tourné vers le coaching et la direction d’acteurs. Mélusine a toujours baigné dans ce monde et il était normal qu’un jour elle y fasse son trou… tout comme sa petite sœur,.Cassiopée qui, à 8 ans, a déjà tourné trois films ! Des chats ne font pas des chiens !

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« Pourtant – me confie-t-elle – je ne pensais pas devenir actrice. Le hasard a fait que, sortant de l’école, j’ai été approchée pour un casting sauvage. J’en ai parlé à mon père qui m’a simplement dit : « C’est toi qui décides ». J’y suis allée… et je me suis retrouvée dans le film de François Ozon « Ricky »‘
Depuis ça n’a pas arrêté. Mon père est évidemment mon coach, il trie les scénarii qui me parviennent et après, c’est toujours moi qui décide de tourner ou non.

En fonction de quoi les choisis-tu ?
De l’histoire, du scénario. Je ne regarde pas si c’est pour la télé ou le cinéma, ni si c’est un rôle de premier plan ou pas. Il faut que l’histoire et le rôle me plaisent. Bien sûr je regarde aussi qui est le réalisateur. E puis je dis oui ou non.

Et les comédiens ? T’impressionnent-ils ?
Pas du tout, je les fréquente depuis que je suis toute petite. Je suis toujours heureuse de les rencontrer, de travailler avec eux. J’ai fait de super belles rencontres.

Ta plus belle rencontre ?
Toutes sont belles mais peut-être celle de Mads Mikkelsen avec qui j’ai tourné « Michaël Kolhaas » d’Arnaud Des Pasliers. Je l’ai adoré, il est très gentil… Il est génial !

Et ton plus beau souvenir ?
La montée des marches au festival de Cannes avec toute l’équipe de ce film et… ma belle robe rouge ! C’était magique !

Et l’école dans tout ça ?
La DDAS veille à ce que je ne tourne pas sans arrêt. Je fais deux ou trois films par an et je suis dans une école spécialisée où tous les élèves pratique la musique, la comédie, le sport, le cirque… afin de continuer une scolarité normale.

Alors, parle-nous de ton rôle dans ce film…
Je suis Paola; une ado insupportable à qui on a envie de donner des baffes ! Je suis en pleine crise d’adolescence, je suis cyclique, un jour gentille, un jour agressive, je passe du coq à l’âne sans raison et je rends fou mes parents qui, pourtant, sont cools. J’adore ce rôle car il y a une belle palette de sentiments à jouer.

Tu as déjà tourné avec Stéphane Kappes ?
Oui, j’avais 9 ans et c’était pour « Vive les vacances ». Je l’adore et je suis heureuse qu’il ait pensé à moi pour ce rôle. »

Quelle spontanéité, quel naturel et quelle maturité chez cette adorable adolescente pas comme les autres. Et en même temps, quelle passion, quelle énergie et quelle simplicité…
Bref, on est tombé sous le charme de celle nouvelle Alice au pays des merveilles !

Jacques Brachet
Photos Christian Servandier

Passation de pouvoir sur le bâtiment de commandement et de ravitaillement « Var »

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C’est toujours une cérémonie à la fois très militaire et protocolaire mais aussi émouvante lorsque le commandant d’un bâtiment dit adieu à ses marins et accueille son successeur.
C’est ce qui s’est passé voici quelques jours sur le bâtiment de commandement et de ravitaillement Var où le commandant François Pringier quittait le pont pour d’autres fonctions et que le vice-amiral d’escadre Philippe Coindreau passait ses pouvoir au nouveau commandant, le capitaine de frégate Jean-Yves Martin.
Temps incertain mais, sous le protocole battait le cœur des marins qui changeaient de « patron » sur ce bâtiment qui a pour mission principale le soutien logistique des bâtiments à la mer : ravitaillement en combustible, en vivres, en médicaments et armes.

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Durant l’année passé, le Var fut en arrêt technique majeur et le voici reprenant du service avec un nouveau commandement.
Avant de s’éloigner vers une autre mission au large de Toulon-Fréjus, le commandant Pringier a voulu honorer quelques-uns de ses marins en en décorant certains et insistant sur les capacités d’adaptation, de compétence, d’enthousiasme et de professionnalisme de tous ces marins qu’il a accompagnés durant un an et demi.
Après quoi le nouveau commandant est venu saluer la troupe et prendre officiellement ses fonctions en précisant qu’un commandant peut beaucoup à condition qu’il soit suivi par ses hommes et femmes, militaires, marins et techniciens, qu’ils soient solidaires, motivés, heureux de s’accomplir dans leur travail, qu’ils aient toujours besoin d’apprendre, d’aller plus loin  et en se rappelant que la finalité est de partir au combat en vrais professionnels de la mer. Il promit aussi de s’efforcer à réduire les contraintes qui font que, quelquefois ce métier les éloigne souvent de leur famille.

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Aussi sobre que simple, cette passation de pouvoir se termina par une rencontre amicale entre les deux commandants qui partaient chacun pour un nouvel embarquement

Jacques Brachet

48 ans après… Belle et Sébastien reviennent

C’est un duo qui a bercé l’enfance et l’adolescence de beaucoup d’entre nous et puis, grâce aux rediffusions Belle et Sébastien ont traversé quatre décennies avec Medhi El Glaoui, fils de Cécile Aubry, celle qui a créé ces deux amis qu’elle a scénarisés et filmés pour la télé.
Aujourd’hui, Nicolas Vannier, cet aventurier moderne qui a traversé les pays de neige comme le Grand Nord, la Sibérie, la Mongolie, l’Arctique, l’Alaska avec son traîneau et ses chiens et en a ramené de superbes reportages, s’essaye à la fiction en faisant renaître ce duo mythique.
Essai transformé car il nous offre une très belle histoire d’amour : amour d’un enfant et d’un chien, amour d’une montagne qu’il vénère depuis son enfance (même s’il est né au Sénégal !)
dans les paysages de Haute Maurienne filmés sur trois saisons et sublimés par ses images, des personnages vrais et simples dans un début de guerre où les Allemands sont omniprésents. Il y ajoute d’ailleurs un suspense qui vous laisse en haleine tout au long du film. Quant à ses comédiens, ils sont superbes, du petit Félix Bossuet désarmant de naturel à Tcheky Karyo, vieux papy taiseux au grand cœur, en passant par Margaux Chatelier et Dimitri Storoge.
Dimitri, accompagné de Nicolas Vannier, qui sont venus nous faire une petite visite au Pathé Grand Ciel.

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NICOLAS VANNIER
« Nicolas, filmer dans la neige, le vent, la brume… Ce n’est pas un film de tout repos ?
Il rit : On ne fait pas ce métier pour se reposer ! Mais c’est vrai que, malgré mon habitude de tourner dans des tourmentes neigeuses, j’ai accumulé les difficultés : tourner avec un enfant et un chien et avec une montagne qui est ce qu’elle est, avec une météo détestable. Mais ça a aussi servi le film même si quelquefois, ça a été compliqué car il fallait souvent changer l’ordre du tournage. En plus, nous avons travaillé à -55° et nous vivions dans un village sans électricité !

Vous avez quand même avoué que pour vous c’était un défi !
Évidemment, parce qu’à ce jour, je n’avais jamais tourné une histoire avec des comédiens. Mais je réunissais toutes mes passions : la montagne, la neige, l’amour des enfants et des chiens… Nous avons tourné dans la Haute Maurienne que je connais bien et dans un charmant village nommé l’Ecot.

Comment vous est venu ce projet ?
Par hasard car il n’a pas été initié par moi. Après le décès de Cécile Aubry, qui avait écrit et réalisé la série, les droits se sont retrouvés chez Gaumont qui cherchait un spécialiste pour en tirer un film. La production a pensé à moi pour faire revivre ces personnages et c’est un véritable cadeau qu’elle m’a fait. J’avoue que j’aurais été frustré et très jaloux que quelqu’un d’autre le fasse. Je voulais m’adresser à la fois à ceux qui ont connu le feuilleton à sa création et le faire découvrir à une nouvelle génération.;

Et la musique ?
Je trouvais évident, même essentiel, qu’on retrouve ces musiques qui sont tellement liées à cette série. « L’enfant et l’oiseau » fait totalement partie de l’histoire. C’est le petit Félix qui la chante puis il a une autre version et l’autre chanson  qui sont interprétées par Zaz.

Et Medhi dans tout ça ?
Évidemmentil avait son mot à dire et s’il n’avait pas été d’accord je pense que j’aurais abandonné le projet. Au départ il était mitigé mais après avoir lu le scénario il a très vite dit oui et accepté le rôle que je lui proposais : il joue un bûcheron qui se fait mordre par « la bête » et c’est bien sûr un clin d’œil. Et bien qu’il ait beaucoup changé en quarante ans, les femmes reconnaissent son regard et son sourire !

Le casting dans tout ça ?
Pour Sébastien, j’ai rencontré 2400 enfants ! Félix Bossuet m’a très vite conquis par son naturel, sa maturité. Tous les comédiens ont été choisis sur castings sauf Tchéky Karyo auquel, sans le connaître, j’ai tout de suite pensé. Après notre rencontre et la lecture du scénario, il a aussitôt dit oui. Il est magnifique, il fait une composition saisissante.

On sent, à votre façon de filmer la montagne, qu’il y a une grande histoire d’amour entre elle et vous…
C’est vrai, je la connais bien et je l’aime et je tenais à lui rendre hommage ».

Il aime d’ailleurs tellement bien sa montagne, que ce magnifique aventurier repartira dès la sortie du film, le 16 décembre, avec ses chiens et son traîneau. Et puis il reviendra tourner un film. Un projet tournant autour de la ruée vers l’or en Alaska, dont il a écrit le scénario.

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DIMITRI STOROGE
Dimitri joue le médecin du village qui, en ces temps de guerre, aide des familles à passer clandestinement en Suisse, avec tout ce que cela comporte de difficultés, de dangers, ayant toujours à ses trousses les Allemands qui veulent l’arrêter.

Dimitri, comment avez-vous eu ce rôle ?
Promis… sans coucher ! Bon, comme tous les acteurs du film, j’ai passé un casting. Puis j’ai rencontré Nicolas Vannier, j’ai lu le scénario et j’ai immédiatement dit oui.

Tourner avec un enfant, ne vous a-t-il pas fait peur ?
On dit toujours que lorsqu’on joue avec un enfant, il vous enlève la vedette. Il se trouve que là… c’est lui la vedette ! Mais il avait un tel sérieux, une telle écoute, une telle compréhension de ce qu’il devait faire et dire que j’ai très vite oublié que c’était un enfant. J’ai joué avec lui comme avec un partenaire ordinaire. il a très vite compris que le film était sur ses épaules. De plus, il avait des journées longues et épuisantes et il ne s’est jamais plaint. Malgré le temps, malgré les exploits physiques qu’il devait accomplir, jusqu’à nager dans l’eau glacée et se pendre dans le vide sans se faire doubler. Et le soir en rentrant, il suivait ses cours !
C’est un petit garçon super courageux.

Vous venez de tourner dans la série « No Limit » avec Tchéky Kario, avec qui vous aviez aussi tourné « Les Lyonnais » d’Olivier Marchal… Vous ne vous quittez pas !
C’est vrai mais ce n’est que le fait du hasard. Nous nous entendons très bien mais nous ne nous sommes jamais concertés pour jouer ensemble. Peut-être que, quelque part, les producteurs ou les réalisateurs nous imaginent dans une même famille d’acteurs. C’est une sorte de cousinage. D’ailleurs je le retrouverai au printemps pour la suite de la série « No limit ».

Avez-vous d’autres projets ?
Je viens de tourner un film de Mathieu Delaporte : « Un illustre inconnu » et un autre d’Olivier Panchat « De guerre lasse » et dès le mois de janvier je serai au théâtre de la Porte St Martin à Paris. Je jouerai Mercurio dans « Roméo et Juliette » de Shakespeare mis en scène par Nicolas Briançon. »

D’un Nicolas à l’autre, ce jeune comédien commence à avoir un joli palmarès derrière lui !

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Propos recueillis par Jacques Brachet