Archives mensuelles : mars 2014

SAVEURS DU VAR : DU PRODUCTEUR AU CONSOMMATEUR

Voici quelques semaines avait lieu la première réunion du tout nouveau Groupement Associatif d’Intérêt Economique (GAIE) nommé « Saveurs du Var ».
Cette association a pour but de mettre en rapport les divers producteurs, agriculteurs, maraîchers, viticulteurs, pêcheurs du Var avec les restaurateurs varois  afin de communiquer leur savoir-faire et leurs valeurs, de faire mieux connaître leurs ressources, leurs produits locaux, de les développer et d’offrir aux clients le meilleurs de ce que peut apporter notre terroir.
Chacun dans sa partie sera trié sur le volet afin de pouvoir apposer sinon encore un label, du moins un logo « Saveurs du Var », signe de crédibilité, pour offrir aux clients du sur mesure et le meilleur de ce que peut apporter notre terre varoise et sa mer.
C’est donc un projet fédérateur qui a été initié par  Dominique Blanc, élue du Castellet, très concernée par ces problèmes, qui a mis en relation les divers acteurs de cette association avec les collectivités locales et régionales.
L’association est présidée par Jean-Claude Picot qui a un cursus original puisque ancien aiguilleur du ciel passé directeur technique du circuit Paul Ricard, il devenu président de l’association Amaterasu et donc aujourd’hui président de cette association.
Il est entouré de Denis Bensousan, ingénieur territorial et vice-présideny, de Daniel Vuillon, producteur à Ollioules, qui est l’initiateur des AMAP de France, Yvan Roux, ancien rugbyman reconverti dans la restauration, gérant de Roux Cooking Travel, de Julien Boulange, responsable de l’association d’insertion AMATERASU, de Vincent Baugier, ancien banquier lui aussi reconverti, qui va coordonner le projet, de Mariana Vuosso et Aline Marcarelli.

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« Aujourd’hui – nous explique Daniel Vuillon – les gens ne vivent plus au rythme des saisons et nous-mêmes, producteurs, avons dû nous adapter au marché. C’est une évolution brutale et il faut reconquérir une certaine commercialisation de nos produits sinon notre métier disparaîtra. Dans l’agriculture traditionnelle, nous avons déjà perdu trois paysans sur quatre, quant au consommateur il mange de moins en moins de produits authentique puisque aujourd’hui l’on peut tout manger toute l’année à cause des produits importés d’un peu partout.
Les restaurateurs ont, bien sûr, suivi le mouvement et cette association veut  remettre en relation ceux qui ont la tête dans la terre avec ceux qui ont la tête dans leurs fourneaux ».
Yvan Roux précise que si c’est un projet ambitieux, il ressent déjà un changement :
« En effet – nous dit-il – peu à peu les chefs de cuisine, et moi le premier, s’adaptent au concept et les clients suivent car eux aussi, de plus en plus, veulent identifier les produits et savoir ce qu’ils ont dans leurs assiettes. Cette initiative va resserrer les liens entre deux professions qui dépendent l’une de l’autre ».
Michel Pellegrino, adjoint à la culture et néanmoins à l’agriculture et à l’environnement auprès du maire d’Hyères et qui était l’invité de cette première réunion, se réjouit de cette entreprise qu’il dit remarquable, car, dit-il « Hyères est l’une des dernières grands villes à fort capital agricole et poissonnier et tient à le rester. Nous faisons tout pour cela et nous avons dû freiner l’hémorragie des terres qui disparaissaient pour devenir des terrains à bâtir et qu’elles restent des zones agricoles afin de donner la possibilité aux jeunes qui veulent entrer ou se maintenir dans ces métiers, de s’installer ou aux autres de s’agrandir.. Je tiens à signaler que le vendredi, dans les écoles, on mange bio et que nombre d’élèves sont amenés sur le terrain pour apprendre ce qu’est l’agriculture. Cette association a donc une réelle philosophie puisqu’elle va créer une entre aide, une solidarité producteurs et restaurateurs. Le soutien de la ville est total et je vais plus loin en disant que cette association est vitale pour conserver le bon goût. Notre devoir est de travailler pour ce rapprochement »

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Les pêcheurs sont évidemment également concernés même si aujourd’hui le métier, devient très difficile, se raréfie. Mais, précisent deux jeunes pêcheurs, il faut savoir que de nombreux poissons existent dans nos eaux et qu’ils ont du mal à les faire connaître et accepter par les restaurateurs et le public.
« Depuis vingt ans, à cause des grandes surfaces, il s’est installé un problème de facilité et de goût et le client ne trouve que ce qu’on appelle « les valeurs sûres »,alors,  que certains poissons sont devenus accessoires et invendables. Et pourtant, ils pourraient surprendre bien des palais. Le « vrai » poisson local est aujourd’hui difficile à trouver et nous pouvons, nous, proposer autre chose que les poissons traditionnels. Cela pourrait sauver la production de la pêche qui se débat avec les poissons venus eux aussi d’ailleurs. »
Vincent Baugier a, lui aussi, un parcours original puisque ancien banquier reconverti. Il va donc coordonner ce projet :

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« Notre but est donc de mettre en exergue et en rapport ces professions qui sont complémentaires afin qu’elles aient une approche transversale et créer ainsi une identité à la fois agricole et culinaire. Tous les acteurs choisis et triés sur le volet (car on ne donnera le logo que si l’on sent en eux cette fibre du bien vivre et bien manger et cette notion de qualité) afin de devenir un collectif crédible et fort dans une action durable. Notre but est de promouvoir les produits locaux de qualité en faisant fonctionner l’offre et la demande.
Nous travaillerons également sur des stages de formation, d’intégration avec les restaurants de réinsertion. Et je précise que le but premier est la mise en relation et non la commercialisation à tout prix. »
A propos de restaurants d’insertions, Marie-Rose di Vita a longtemps oeuvré au restaurant « L’Ouragas » au Revest dans le cadre de l’association d’insertion Amaterasu. Aujourd’hui elle se retire pour laisser les rênes à Christophe Verra.

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« Le but d’un restaurant d’insertion est d’abord de développer l’aspect économique du terroir à travers la restauration et faire apprécier les produis frais. C’est la condition sine qua non de notre protocole. Quant à l’insertion, c’est de former des hommes et des femmes à une cuisine basée sur ces produits. Dans ces restaurants, on ne propose pas tout et n’importe quoi mais des plats issus d’arrivages du jour, que ce soient fruits, légumes, viandes, poissons.

Si, par exemple, nous n’avons pu avoir que trois dorades, il y a seulement trois personnes qui en mangeront. L’on mange les fruits et légumes de saison exclusivement. En fait, on fait avec ce qu’on a mais il n’y a pas de congélateurs chez nous ! »

Loyauté, traçabilité, transparence sont les mots clés de cette association qui veut permettre aux acteurs de mieux vivre de leurs métiers qui sont souvent des passions qu’il faut soutenir et aider, tout en proposant aux clients une alimentation saine qui leur fera retrouver le vrai goût des choses.

Et de notre terroir.

Jacques Brachet
Photos :
1. L’équipe au complet – 2.Michel Pellegrino, Dominique Blanc, Jean-Claude Picot – 3.Vincent Baugier – 4.Yvan Roux – Daniel Vuillon et Denis Bensimon

 

 

L’OPERA DE TOULON SE MET A L’AUDIODESCRIPTION

Il y a des aveugles et des mal voyants mélomanes et amateurs de théâtre. Ils peuvent évidemment écouter des disques chez eux mais vivre une pièce ou un opéra en direct est quand même un moment privilégié même si le manque d’images gâche quelque peu le plaisir.
Aussi, le Théâtre Liberté l’a fait et l’Opéra le fait aussi.
Mais ils ont fait quoi ?
Tout simplement mis en place l’audiodescription qui est un procédé qui permet à ces personnes de pouvoir suivre un spectacle tout en ayant un casque qui propose en voix off le résumé de l’histoire, la description des décors et des costumes et la traduction du texte.
Jusque là, à l’Opéra de Toulon, l’on pouvait voir défiler en français le texte traduit sur titré. Aujourd’hui, depuis le mois dernier, les aveugles et mal voyants peuvent retourner à l’Opéra et visualiser le spectacle dans leur esprit.
Cela a été fait pour « Ariane à Naxos » de Richard Strauss, cela se fera pour « Macbeth » de Verdi le dimanche 27 avril à 14h30 et pour « Don Giovanni » de Mozart le dimanche 25 mai à 14h30.
Nous devons cette belle initiative à Frédéric le Du qui, en 1990, a créé cette méthode pour le Théâtre de Chaillot à Paris et qui, aujourd’hui avec son association « Accès Culture » oeuvre dans nombre de théâtres et d’opéras de France.
Rencontre avec Frédéric le Du lors de la préparation de ces séances spéciales à l’Opéra de Toulon.

« Frédéric, comment travaillez-vous en amont afin de proposer cette voix off aux spectateurs ?
Nous venons sur les lieux du spectacles afin d’assister aux répétitions et au filage que nous filmons entièrement et nous rencontrons le metteur en scène et les techniciens. Après quoi le travail commence puisque nous devons, avant que le spectacle ne démarre, proposer à ces spectateurs l’histoire de la pièce ou de l’opéra qu’ils vont « voir ». Le spectacle démarrant, nous devons, entre deux blancs, leur expliquer le décor et les costumes. Enfin, nous devons leur donner la traduction la plus proche possible des dialogues. Tout cela sans trop perturber l’écoute de la musique, pour un opéra.

 Il y a quand même peu de « blancs » dans un opéra, pour pouvoir y glisser tout ça !
Détrompez-vous, il y en a plus que ce que vous croyez si vous y prêtez attention. Il y a les déplacements, la respiration des chanteurs, les intros musicales, les changements de scène… Cette diffusion est constituée de milliers de petites séquences qui permettent à ce public de visualiser dans leur tête et de suivre l’action.

 C’est travail de longue haleine !
Et de minutie aussi car il faut doser tout cela afin que le spectateur puisse gérer l’écoute et les images qui s’en dégagent dans sa tête. Qu’il finisse par oublier la voix qui leur parle et qu’elle devienne comme leur pensée. Tout est bien sûr géré par un ordinateur.

 Vous n’intervenez qu’une seule journée ou une seule soirée sur un spectacle. Pourquoi ?
Parce qu’il y heureusement peu de non ou mal voyants qui se déplacent et qu’on les réunit donc sur un seul spectacle. De plus, étant le seul à faire ça, je passe mon temps d’une ville à l’autre et je ne peux pas m’y installer.

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Vous êtes seul ?
Seul à faire ça, oui ! J’ai créé ce procédé en 1990 pour le théâtre et l’association en 1993.. Je travaille en petite structure puisque mon équipe se compose  d’une quinzaine de personnes, avec entre autre cinq régisseurs, un pour le théâtre, quatre pour l’Opéra, des techniciens, des interprètes. Mais aujourd’hui nous travaillons pour cinquante théâtres et opéras. Ce qui fait qu’on est sur les routes à peu près trois cents jours sur trois cent soixante cinq ! Et même si l’on a plaisir à découvrir ces belles salles comme l’Opéra de Toulon, on ne peut pas trop s’y attarder. Le calendrier est chargé et quelquefois, même… ça bouchonne !

C‘est une technique qui reste assez onéreuse, tout de même ?
Oui car il y a le matériel, le travail de traduction et d’enregistrement, la technique à installer, l’apport des casques. Souvent, pour un opéra, l’on travaille en coproduction, le spectacle tournant dans plusieurs lieux, ce qui permet aux salles de partager les frais. »

 Pascal Verdery, responsable des relations extérieures, nous précise que pour chaque spectacle, il doit trouver un sponsor. Ainsi, pour « Ariane à Naxos », c’est le Rotary de Toulon* qui a pris ces frais en charge. Il faut trouver à chaque spectacle un partenaire. L’opéra de Toulon a un volume de trente casques. Aujourd’hui, ils ne sont pas utilisés à 100%.
« Il faut – précise Frédéric le Du – redonner à ces gens l’envie de ressortir car ils ont pris l’habitude d’écouter les opéras chez eux. Si on leur offre ces moyens de participer en « live » à un spectacle, peu à peu ils vont reprendre le chemin des théâtres et des opéras ».
A Toulon cela s’installe à peine et, et l’Opéra a trouvé une grande aide grâce à la Bibliothèque sonore d’Hyères qui est à l’instigation de ce procédé déjà installé au Théâtre Liberté. Et nul doute que très vite, ces personnes handicapées retrouveront le plaisir des sorties dans le confort d’une salle qu’ils ont un peu oublié par la force des choses.
A noter qu’un tarif spécifique est offert à ce public : 15€, l’accompagnateur ne payant que 36€.

Jacques Brachet
Contact Opéra : Pascal Verdery – 04 94 92 58 65 – pverdery@operadetoulon.f

*Le Rotary Club de Toulon, en collaboration étroite avec l’Opéra de Toulon, a souhaité, dans le cadre d’une action exceptionnelle, apporter aux aveugles et mal voyants, la possibilité de mieux apprécier « Ariane à Naxos », l’oeuvre de Richard Strauss présentée le dimanche 16 mars. La Fondation Rotary et notre club, ont financé l’audio-description de cet opéra.
Cette action s’inscrit dans notre volonté « d’agir pour changer des vies ». C’est le thème de notre année rotarienne.

Jean-Yves le Dreff, président 2013/2014

LE MUCEM ENTRE DANS LA DANSE CARNAVALESQUE

En cette période où la morosité s’insinue de plus en plus et de partout, tout ce qui est objet de joies, de rires, de fêtes est recherché par tout le monde.
Et quoi de plus festif qu’un carnaval ?
C’est ce qu’a pensé l’équipe du MUCEM, son président Bruno Suzzarelli en tête, en proposant, jusqu’au 25 août, une superbe et oh combien festive manifestation intitulée « Le monde à l’envers » dédié aux carnavals et mascarades d’Europe et de Méditerranée.

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« La première raison de cette exposition – nous confie-t-il – c’est cet engouement pour la fête, entre autre pour le carnaval, depuis les années 80, partout dans le monde, que ce soit la mascarade rurale ou le carnaval urbain.
C’est un événement qui rassemble toutes les classes sociales, dans une sorte de folie où l’on transporte son identité, ce qui est au cœur de l’interrogation sur les sociétés contemporaines.
La seconde raison est que cette manifestation s’inscrit dans une nouvelle manifestation du propos du MUCEM, qui ouvre ses portes à toutes les formes artistiques. Le MUCEM assume ainsi sa pluralité méditerranéenne, artistique et culturelle. Et le succès nous donne raison puisque, depuis son ouverture en juin 2013, nous avons reçu deux millions 170.000 visiteurs, toutes catégories de publics confondues, y compris les enfants, ce qui dépasse largement nos prévisions. »

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Ce monde à l’envers, donc, vient d’ouvrir ses portes sur une exposition exceptionnelle et chatoyante euro-méditerranéenne, que nous avons eu le privilège de découvrir avant son ouverture au public. Durant presque six mois, cette exposition sera émaillée de rencontres, de conférences, de projections de films, d’invités prestigieux comme François Cervantès, le tout sous la houlette de Marie-Pascale Mallé, conservateur en chef du patrimoine, commissaire générale de la manifestation.

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« Le carnaval – nous explique-t-elle – est quelque chose que nous avons tous un jour connu et gardé en souvenir. Le thème de cette exposition tourne donc autour des pratiques carnavalesques contemporaines mais aussi historiques. On n’imagine pas la dimension de cet événement que l’on retrouve dans le monde entier..
L’ancienneté de cette fête nous permet de découvrir un nombre incroyables de pratiques communes et de symboles comme l’amour, la mort, le sexe, les moissons…. C’est un rite de magie agraire initiatique, un passage d’une vie à une autre. C’est un héritage antique, une fête universelle.
Par ailleurs, le masque permet aux gens de se cacher mais c’est en même temps un révélateur de la personnalité qui dit ce que nous sommes ou voulons être. Le langage carnavalesque est souvent un langage de la contestation. C’est aussi une façon de se rêver autre, de s’évader ailleurs. Voyez la fascination du festival de Venise ou la folie du festival de Rio… »

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 Cette exposition a été montée grâce à de nombreux prêts de musées internationaux et jumelée avec le Musée du Carnaval de Binche, en Belgique, un musée qui fête ses quarante ans et dont l’équipe directrice du musée, dont Christel Deliège qui a beaucoup oeuvré pour cette exposition et qui, en compagnie du député-maire de Binche, a offert au MUCEM un masque rare et une tenue complète du Gilles de Binche, symbole de son carnaval..

Une manifestation qui nous apprend beaucoup de choses sur les mœurs ancestrales des peuples du monde entier et nous offre un voyage ludique autour de ses us et coutumes carnavalesques.

Jacques Brachet
Photos Monique Brachet

 

TOULON – ESPACE CREATION

L’ASSOCIATION ESPACE CRÉATION présente l’exposition temporaire: « états d’arbres »A la galerie Saint Louis  12, place du globe terrestre – Toulon
Avec les peintures de  Valérie DAUMAS et les encres de chine d’Annina SANNA

Valérie DAUMAS
Attirée par l’abstraction, elle peint depuis plusieurs années des carrés qui symbolisent des idées rationnelles avec, en arrière pensée, l’approche règlementée de notre société et de ses codes. Les arbres signifient l’évasion. Un ancrage profond dans le sol, avec racines et origines, et les troncs s’élèvent vers les airs, la spiritualité, vers le désir de contemplation de la vie en élévation, pour flotter un peu au-dessus du réel.
Sa base de travail reste figurative. Vous en trouverez quelques toiles évocatrices sur son site, qui lui permettent d’évoluer plus loin dans l’abstrait.

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Annima SANNA
Dans son enfance Annina a eu les meilleures notes en dessin, après une vie professionnelle, elle a pris les pinceaux pour réaliser son rêve. Il y a quarante ans n’hésitant pas à peindre des paysages entiers, des marines et des merveilleux bouquets, aujourd’hui elle nous présente des arbres à l’encre de chine, un peu poétisés mais aussi torturés, encore figuratifs mais imaginaires dans leurs interprétations, qui nous font penser aux doux parfums de l’enfance. 

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tel : 04 94 22 45 86

 

ISABELLE FORET… LE VIN AU FEMINI

Lorsqu’on on a pour origine lointaine, du sang polonais et du sang bourguignons, automatiquement le vin vient à vous à la naissance. Ce qui est arrivé à Isabelle Forêt que la grand’mère bourguignonne a élevée toute petite avec un sucre teinté de ce breuvage… ou presque !
Elle s’initiera d’abord aux vins moelleux des Pays de Loire puis plus tard aux rouges de Chateauneuf du Pape.
Elle s’éloigne du vin pour devenir mannequin à Paris et, le temps de donner deux fils à un certain Claude François, lui aussi fin palais, dont la cave était renommée, la voici dans le Midi où sa passion pour le vin revient au galop.

 « Etant lui aussi un esthète en la matière, Claude m’a initiée aux Bordeaux alors que je l’initiais aux Bourgogne et aux vins de la vallée du Rhône ».

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 Développant sa passion pour l’œnologie et devenant journaliste spécialisée, elle crée le fameux guide « Fémivin » dédié aux femmes de plus en plus nombreuses, qui oeuvrent dans les vignes, les domaines, les caves. Gros succès du guide qui aura sa version aux Etats-Unis.
C’est donc tout naturellement qu’après mes tournées avec l’idole, je retrouve Isabelle au milieu des vignes, dans les domaines, les salons du vin comme cette journée à Hyères où les vins des Côtes de Provence régnaient en maîtres pour présenter le millésime 2013

 « Pour toi, Isabelle, que représentent ces vins varois ?
Pour moi ce sont d’abord les rosés qui ont fait d’énormes progrès. Le rosé est un vin difficile à réaliser, c’est un art véritable et l’on trouve aujourd’hui dans le Var de grands rosés. La région a beaucoup évolué et sa qualité peut aujourd’hui rivaliser avec les plus grands vins.

Que penses-tu du millésime 2013 ?
Je ne les ai pas encore tous testés mais ce que j’en ai appréhendé me paraît être un bon millésime, un vrai millésime de vignerons qui ont su tirer le meilleur parti du climat qui a été particulier cette année, avec un été sec, un automne humide, des vendanges tardives. Il y a beaucoup de fraîcheur.

 En tant que spécialiste des vins « féminins » quel est celui qui t’a particulièrement étonnée ou intéressée ?
Je dirais d’abord que celui d’Aurélie Bertin du domaine Ste Roseline à la Motte est toujours de grande qualité. Et puis il y a ce Clos de Madame du Château Rasque à Taradeau où Monique et Gérard Biancone ont réalisé un rosé magnifique.

Claude François chantait « Bordeaux Rosé », or aujourd’hui il semble y avoir une polémique autour de celui-ci…
Ce n’est pas vraiment une polémique mais les Bordelais ont décidé de lancer auprès des jeunes des écoles de commerce, un concours qui a pour mission de travailler sur une image nouvelle, jeune, moderne du Rosé de Bordeaux. Pourquoi pas ? D’autant qu’ils ont d’énormes moyens de communication que nous n’avons pas. Mais n’oublions pas que le slogan des Vins de Provence est justement « Le rosé est né en Provence », qu’ils le revendique et qu’ils tiennent à garder ces prérogatives !
Bordeaux veut aller plus loin et peut-être que cette initiative va booster le rosé en général à l’extérieur et que ce peut être bénéfique pour tout le monde et jusqu’en Amérique.

 L’Amérique justement, avec laquelle tu travailles beaucoup. Comment notre vin est-il perçu ?
Le rosé se vend aujourd’hui très bien aux Etats-Unis et je fais en sorte de le promouvoir au maximum car justement, la femme américaine est en train d’en faire son vin de prédilection

Comment t’y prends-tu ?
Je reçois chaque année chez moi des stagiaires américaines qui poursuivent leurs études à Sofia Antipolis. Je les initie aux vins que je leur fais découvrir et associer avec la gastronomie car pour moi, l’un ne va pas sans l’autre. Elles ont un regard très différend du nôtre, nous échangeons beaucoup, elles m’apportent également soutien et connaissances et elles sont un peu mon porte-parole là bas car la communication y est efficace. Elles m’aident à développer ma présence auprès des réseaux sociaux américains.

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Justement, aujourd’hui, où en est « Fémivin » ?
Il est aujourd’hui en ligne sur mon site femivin.com. Il marche très fort et je l’alimente sans cesse. Je suis par ailleurs en train de créer, avec un Anglais et un Américain qui sont venus me chercher, une boutique en ligne ainsi qu’un Ibook. Il se trouve qu’aujourd’hui, au bout de deux ans, j’ai une certaine crédibilité et donc, on vient vers moi.

Oenologue, journaliste spécialisée… Où te situes-tu ?
Je pense être plus journaliste spécialisée qu’œnologue, quoique, avec le temps, tout ça évolue. Je n’ai pas suivi la véritable route pour être oenologue, je n’en ai déjà pas les diplômes mais j’ai tout appris « sur le tas » d’abord avec ma grand-mère, un peu avec Claude et en lisant quelques trois cents bouquins sur ce thème ! C’est ma passion et j’ai appris sur le terrain.

Où en est aujourd’hui le vin dit « féminin » dans le Var ?
Je suis ravie de constater qu’il y a aujourd’hui 28% de domaines féminins chez nous et je travaille beaucoup avec ceux-ci. Je reste leur porte-parole, j’ai avec ces femmes des relations privilégiées et ça me comble de joie car on va vers la parité dans un domaine où jusqu’alors c’était une chasse gardée masculine !
Il y a d’ailleurs une association qui a été créée : les Eléonores de Provence, présidée par Véronique Baccino du domaine des Peirecèdes à Cuers, qui véhicule le savoir-faire et le savoir-vivre du vin à la manière féminine et provençale. Il y a une grande solidarité entre ces vigneronnes et elles donnent une belle image d’elles et de leur travail.
Elles se donnent beaucoup de mal et se sont appropriées le rosé en démystifiant le côté solennel et en mettant en avant le plaisir et l’émotion. »

Le vin est un produit masculin. Mais au féminin, il a de beaux jours devant lui !

 Jacques Brachet

 

 

 

LES VINS DE PROVENCE PRIMES

19.700 hectares de vignes. 897.000 hectolitres, ce qui donne l’équivalent de 120 millions de bouteilles, soit une augmentation de 4,9% par rapport au millésime 2012 des Vins de Provence, avec une répartition de 89,5% de rosé, 7% de rouge, 3,5% de blanc sur 372 caves particulières, 83 caves coopératives, 40 sociétés de négoce.
C’est ce que nous a annoncé Jean-Jacques Brébant, Président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence lors du salon du Millésime 2013 qui s’est tenu à l’Espace 3000 d’Hyères le mois dernier.
JEAN-JACQUES BREBANT Président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence
Tout en étant satisfait des résultats, le président reste prudent :

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« Ne nous cachons pas de la morosité ambiante qui plane sur notre métier car, même si nous sommes présents dans la grande distribution, chez les cavistes et les restaurateurs, le marché du vin ne va pas bien, la consommation continue de baisser.
Ce qui nous rassure un peu c’est que nous restons leaders sur le marché et sur l’exportation puisque nous avons fait un bond de 10% en exportant 200.000 hectolitres. La demande fait qu’on augmente les prix mais je crois que dans ce domaine, il faut faire une halte sous peine d’être pénalisés par la baisse des ventes.
Depuis deux ans, nous faisons de gros efforts pour prendre d’autres marchés.
Une nouvelle clientèle vient se greffer : les jeunes qui y viennent nombreux en en faisant leur boisson favorite, de l’apéritif au dessert. C’est un fait de société, le rosé est aujourd’hui présent dans tous les foyers mais qu’on ne s’emballe pas. Soyons vigilants.
Dans ce salon se tenaient 180 producteurs, tous méritant d’être découverts car ils peuvent être fiers de leurs produits.
Notre millésime est meilleur que l’an dernier. Il est d’une excellente qualité. Nous avons eu un hiver humide, un été sec et des vendanges qui ont subi un décalage. Mais en définitive je dirai que nous sommes revenus à une certaine normale. Le raisin était de qualité et les vendanges que nous faisons aujourd’hui en grande majorité de nuit, permet de rentrer des récoltes fraîches qui conservent leurs arômes.
Il faut garder l’idée – qui est aussi notre slogan – que « le rosé est né en Provence » et rester attentif à notre appellation, notre visuel et notre image de Provence, surtout par rapport au Bordeaux qui fait, je dirais, du rosé par défaut !
Chez eux il ne peut être que différent : le terroir et les cépages puisque, pour leur rosé, ils utilisent du Cabernet et du Merlot, ce qui n’est pas notre cas. Ils ne peuvent donc pas faire les mêmes vins que nous. C’est notre force et c’est sur cela que l’on se bat. »

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 Ce à quoi, Mme Josette Pons, vice-présidente du Conseil Général du Var, précise :
« Notre vin de Provence est quelque chose de vrai, c’est un grand moment de partage, avec entre autre notre gastronomie mais c’est aussi une image du Var qui porte nos couleurs haut et loin.
C’est notre Tour Eiffel à nous ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

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LE PALMARÈS DE L’ÉDITION 2014
En 2014, le Concours des Vins de Provence à Saint-Tropez devient « Le Concours des Vins de Provence ». La 1ère édition s’est déroulée en terroir Sainte-Victoire, au Château Grand’Boise (Trets), ce lundi 31 mars. 596 échantillons étaient en lice.
100 dégustateurs professionnels, représentant l’ensemble de la filière du vin, et amateurs du jury d’oenophiles ont composé les différents jurys et ont distingué 150 vins des appellations Côtes de Provence, Coteaux d’Aix-en-Provence et Coteaux Varois en Provence.
Voici la répartition des 150 vins primés (58 médailles d’or, 77 médailles d’argent et 15 médailles de bronze) :
110 vins Côtes de Provence :
22 vins blancs (8 médailles d’or, 11 médailles d’argent et 3 médailles de bronze)
64 vins rosés (20 médailles d’or, 39 médailles d’argent et 5 médailles de bronze)
24 vins rouges (11 médailles d’or, 7 médailles d’argent et 6 médailles de bronze)
14 vins Coteaux d’Aix-en-Provence :
2 vins blancs (1 médaille d’or et 1 médaille d’argent) 9 vins rosés (4 médailles d’or et 5 médailles d’argent) 3 vins rouges (1 médaille d’or et 2 médailles d’argent)
22 vins Coteaux Varois en Provence :
6 vins blancs (3 médailles d’or et 3 médailles d’argent)
11 vins rosés (5 médailles d’or et 6 médailles d’argent)
5 vins rouges (3 médailles d’or et 2 médailles d’argent)
4 vins rosés de garde : Une catégorie « Vins rosés de garde » était inscrite au Concours, ouverte aux vins millésimes 2011 et antérieurs. 2 médailles d’or, 1 médaille d’argent et 1 médaille de bronze ont été attribuées dans cette catégorie.
Le palmarès 2014 est en ligne sur le site www.vinsdeprovence.com. Il sera également diffusé, en partenariat avec GROUPAMA Méditerranée, aux cavistes, restaurateurs et sommeliers de la région PACA. Les entreprises lauréates pourront apposer les médailles sur les bouteilles primées.

TOULON – THEÂTRE LIBERTE : « Comment vous racontez la partie » de Yasmina Reza

Yasmina Reza est devenue célèbre après sa pièce « Art » qui cartonnait, souvent avec justesse, contre certains « foutage de gueule » de l’art contemporain, et mettait aussi à jour l’incompréhension que cet art, même valable, rencontre fréquemment. L’œuvre présentée à Toulon « Comment vous racontez la partie » avait été créée à Berlin en 2012. Pour la reprise en France, dont nous avons eu la première, et pour peaufiner cette pièce, Yasmina Reza a bénéficié d’une résidence au Théâtre Liberté ; résidence qui a ravi toute la production tant les conditions générales étaient meilleures qu’à Paris.
De quoi s’agit-il ? Un écrivain célèbre, Nathalie Oppenheim, a accepté comme ça, sans trop savoir pourquoi, une invitation dans une petite ville pour parler de son œuvre. Pour faire simple disons que la pièce se divise en deux parties. Dans la première on assiste à l’interview de l’écrivain par une journaliste coriace, habile, intelligente et méchante, qui se la joue star, avec le jeune bibliothécaire du lieu, qui semble assez mal dans sa peau et se la joue lui grand présentateur intello et maniéré, très drôle. L’atmosphère va vite devenir tendue, c’est un duel à fleurets mouchetés arbitré par le présentateur qui penche du côté de Nathalie, qui, elle, saura ne pas s’en laisser compter, et imposer sa thèse, que tous les critiques et les publics devraient enfin adopter : Un personnage de roman ou de film n’est pas l’auteur, même s’il y a parfois une part auto-biographique. Ou alors tous les auteurs de romans policiers seraient des criminels de fait.

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Dans la deuxième partie les trois personnages auxquels s’est joint le maire, se retrouvent dans une grande salle autour d’une sangria en attendant le départ. On ne joue plus, les personnages redeviennent tels qu’en eux-mêmes ils sont. Le maire, qui joue son rôle de maire au début avec un discours emblématique de tout ce qu’on entend dans une campagne municipale, n’est pas l’imbécile qu’il semblait être ; petit à petit la cuirasse se fend, il a de la culture, et il revient au naturel : personnage attachant. Finalement, sangria aidant, on fait la fête, on danse, on chante, avec à-propos, « Nathalie » de Bécaud, puis chacun va reprendre sa vie après cette courte interruption. Une belle trouvaille de la fin, la romancière lit, malgré le bruit et l’indifférence des autres, un poème, fort réussi, du bibliothécaire.
Les personnages sont riches, parce que complexes, comme dans la vie. Les acteurs sont époustouflants : Zabou Breitman est une Nathalie  de haut vol, Dominique Reymond est une journaliste renversante, Romain Cottard est fabuleux en bibliothécaire mal dans sa peau, et André Marcon est un maire plus vrai que nature, et pas seulement ! C’est ce qu’on appelle une distribution de luxe. La mise en scène, aérée, minimaliste, parfaite, au service du projet, est de Yasmina Reza. Et les décors, d’une influence Hopper-Mallet Stevens, sont pile-poil dans le droit fil de l’écriture. On a affaire à du théâtre que je qualifierais de réaliste, en ce sens qu’il est le reflet au premier degré de la réalité. Pièce parfaitement grand public, avec seulement un petit bémol, la deuxième partie m’a semblé un peu trop longue.

Serge Baudot

 

LA SEYNE SUR MER – ASSOCIATION ART BOP-JAZZ AU FORT NAPOLEON

4 AVRIL :   « SOUVENIR DE JIM HALL »
PAUL PIOLI : guitare – CLAUDE BASSO : guitare
Jim Hall, qui nous as quittés en décembre 2013, a été dans toutes les expériences du jazz depuis les années 50. C’est un des grands guitaristes de l’histoire du jazz, et il fut aussi un remarquable pédagogue. Pratiquement tous les guitaristes d’aujourd’hui lui doivent quelque chose. Gageons que Pioli et Basso sauront lui rendre un hommage au sommet.

sergebaudot

16 MAI :   HENRI  FLORENS solo de piano  « FLORENS joue BILL EVANS »
En 2° partie, duo avec JOSE CAPARROS (tp).
Bill Evans, bien que très discuté chez les puristes, fut un pianiste majeur de son époque. Rappelons que c’est lui qui tenait le piano auprès de Miles Davis pour ce qu’on considère comme l’un des plus grands disques de l’histoire du jazz « Kind of Blue ». Il fut un très grand créateur. Là aussi nous pouvons faire confiance à Henri Florens pour rendre un grand hommage.
Les duos piano-trompette ne sont pas fréquents, même s’il y a de brillants exemples, comme Armstrong-Earl Hines. Là encore le défi est de taille.

13 JUIN: « A DUKE ELLINGTON SOUND OF LOVE »   
NONET “ WORKSHOP EXPERIENCE”

GERARD MAURIN : arrangements, contrebasse – JOSE CAPARROS : trompette – GUY LOPEZ : sax ténor flûte – PASCAL AIGNAN : sax alto ténor – HENRI GNERI : sax baryton – PHILIPPE FARABET : trombone – JEAN-CLAUDE ROCAILLEUX : trombone – STEPHANE BERNARD: piano –  THIERRY LAROSA:  batterie
Invitée : VIRGINIE TEYCHENE chant
La crème des musiciens de la region. Ils se connaissent bien, c’est ce qu’il faut pour la cohésion d’un big band. Et en plus ils invitent Virginie Teychené, une des grandes chanteuses d’aujourd’hui. Alors, accourez nombreux…

Serge Baudot

Concerts à 21h30
Renseignements : 04 94 09 47 18 – 06 87 71 59 30

                                                                                             

 

 

MACHA MERIL : Le théâtre, le cinéma, la cuisine… et l’amour !

Mes rencontres avec Macha Méril ont toujours été sous le signe le l’humour et du soleil.
Même si nous nous sommes souvent vus à Paris ou à la Rochelle, Toulon, St Tropez, la Ciotat, Sanary, Ste Maxime, Bendor ont toujours été des points de rencontre pour un tournage, un festival, un livre, et c’est toujours avec le même plaisir que – comme dirait Mimie Mathy ! – l’on papote, on fait le point sur sa vie d’artiste car elle a toujours un tournage, une pièce de Théâtre, un livre en préparation…
Macha c’est la beauté et le charme incarnés, l’intelligence à fleur de peau, l’élégance, aussi bien physique que morale. C’est une belle femme dans tout le sens du terme.
Un nouveau livre sur l’amour, une prochaine émission de télé sur la cuisine… et un mariage inattendu… Il n’en fallait pas plus pour qu’on se retrouve pour parler de tout cela au soleil.
Et comme elle est d’une incroyable volubilité, il n’est pas difficile de se laisser porter par ses propos.

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« Alors, Macha, ce mariage avec Michel Legrand cinquante ans après votre aventure de trois jours !!!
Incroyable non ? C’est un cadeau que j’ai fait à Drucker en annonçant ce scoop et depuis, c’est la folie. Je reçois des appels de la terre entière et tous les gens sont heureux pour nous. Mais aussi pour eux car ça leur donne de l’espoir : Alors, ça existe ? me disent-ils ! Et oui, ça peut arriver à tout âge !

Tu fais quand même un sacré grand écart car on t’a très souvent connue avec des hommes plus jeunes que toi !
Mais tu sais, ce n’est pas une question d’âge ni d’arithmétique. OK, Michel a 82 ans mais dans sa tête, il est beaucoup plus jeune. Tout comme moi d’ailleurs. Nous sommes deux créateurs, deux personnes très différentes et l’on restera ce que l’on est. On n’a rien à se prouver sinon notre amour.

Je suppose que le mariage va être quelque chose d’extraordinaire ?
A tous les niveaux, d’abord parce que nous allons nous marier à l’église orthodoxe avec une chorale arménienne, fusionnant ainsi tout ce qui nous constitue. Quant à la mairie, c’est le maire socialiste du 4ème arrondissement,Christophe Girard, qui nous unira !
Étant donné notre notoriété c’est quelque mille cinq cents personnes à inviter. Il va donc falloir tout inventer et… trouver des sponsors ! Nous pensons faire ça dans un théâtre dans une grande soirée animée par Michel Drucker où nombre d’artistes viendraient se produire comme Nathalie Dessay, Gérard Depardieu, toute l’équipe des Grosses Têtes et beaucoup d’autres. Nous allons composer un spectacle en recevant des amis du monde entier. Il faut savoir que Michel est l’un des plus grands compositeurs au monde, il connaît la terre entière et tout le monde veut venir !
Ce sera une grande fête… la victoire de l’amour !

Comme un fait exprès, tu sors un livre intitulé « L’amour dans tous ses états » (‘Ed Flammarion)
Ce livre, je l’ai écrit chez moi dans le Gers, durant le printemps et, chose prémonitoire, il ne parle que d’amour. Pour moi, l’amour est aujourd’hui le seul espace de liberté qui nous reste. Et je suis pour toutes les formes d’amour qui existent lorsqu’elles sont sincères. Je les comprends et les respecte. J’ai toujours été du côté de ceux qui s’aiment même si, quelquefois, ce peut être « border line ». L’amour nous révèle à nous-mêmes, même dans les conflits qui sont par moments nécessaires. C’est pour ça que j’ai voulu écrire ce livre. car, si l’on est honnête et qu’on est à l’écoute de ses pulsions, il y a souvent de belles surprises.

C’est un livre de nouvelles…
Oui, ce qui devient rare car aujourd’hui les Français ne prisent pas tant que ça ce genre de lecture. C’est aussi pour cela que je l’ai fait mais aussi pour prouver qu’aujourd’hui je ne suis pas « une femme qui écrit » mais un écrivain à part entière. De plus c’est un exercice de style car aucune nouvelle ne se ressemble et chacune est écrite différemment.

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 Finis les livres de cuisine ?
Non, j’y reviendrai, mais pour le moment je me concentre sur quelque chose d’encore nouveau pour moi : le producteur Stéphane Simon est venu me chercher pour animer en binôme une émission de cuisine sur une chaîne de la TNT « Chérie 25 ». On s’est dit qu’il y en avait marre de toutes ces émissions de cuisine qui deviennent des émissions où la décoration l’emporte sur ce qu’il y a à manger, en principe pas grand chose, d’ailleurs. On voulait que ce soit une cuisine familiale sans esbroufe et que je transmette ces recettes. Et quoi de mieux que de les transmettre à mon fils ? Du coup le binôme a été trouvé et avec mon fils, on s’est bien marré en enregistrant les deux émissions pilotes.

Et le théâtre dans tout ça ?
Après le succès de « Feu sacré » où je dis des textes de George Sand accompagnée au piano par Jean-Marc Luisada, une seconde tournée à travers la France se prépare.

D’autres projets ?
Certainement un tome deux de « L’amour dans tous ses états » car il y a des nouvelles que je n’ai pas pu mettre dans le livre et j’ai d’autres idées…  Mais surtout, je pars au Brésil où Michel  est invité pour une série de concerts de jazz. Ce sera avant notre mariage, donc un voyage de noces avant la lettre mais très symbolique car nous irons sur le rivage où nous avons vécu trois journées fulgurantes avant de nous dire adieu car chacun était pris de son côté. Cinquante ans après on s’y retrouvera…

Tu sais que je l’avais invité à la Ciotat l’année où je t’ai invitée et qu’il n’a pas pu venir…
Dommage… On aurait gagné dix ans ! Tu sais qu’en cinquante ans, on ne s’est jamais revu. Il a fallu qu’il vienne me voir au théâtre dans « Rapport intime » de Didier Van Cauwelaert.J’avais d’ailleurs la loge de Jean-Claude Brialy ! A la fin du spectacle il est venu me voir et m’a dit : « Tu es la femme de ma vie, épouse-moi » ! J’ai demandé à réfléchir… trois jours et c’est reparti comme en 40… plutôt comme en 64 !!!
Et c’est le bonheur absolu ! »

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Il est dit qu’on se retrouvera toujours dans le Midi puisque Michel Legrand viendra diriger la comédie musicale qu’il a écrite d’après la pièce de Didier Van Cauwelaert sur l’affaire Dreyfus, le 14 mai à Nice. Puis ils se retrouveront au festival de Cannes pour présenter, peut-être en compétition, le nouveau film de Xavier Beauvois « La rançon de la gloire » dont Michel a écrit la musique.
Il y aura donc de nouvelles rencontres avec Macha !

Propos recueillis par Jacques Brachet

 

 

Propos recueillis par Jacques Brachet

 

MATHILDA MAY: « Ecrire est pour moi jubilatoire »

C’est par la danse et la musique que Mathilda May est passée avant de devenir comédienne. Et comme en France on aime ranger les artistes par petites cases, on a occulté ses dons et elle a mis du temps à revenir à ses premières amours, qu’aujourd’hui elle pratique avec bonheur, selon ses envies et en se payant le luxe d’écrire ses propres spectacles.
On n’est tellement jamais si bien servi que par soi-même, qu’elle a d’abord écrit un roman, puis une pièce de théâtre qu’elle a joué durant trois ans à Paris et en province à guichets fermés, avec un certain Pascal Légitimus « Et plus si affinités ». Et il y a eu affinités avec le public !
Et voilà qu’aujourd’hui elle s’attaque à un projet on ne peut plus original, totalement fou et qui est parti pour avoir le même succès que sa pièce. Elle a appelé ça « Open Space » et en signe le scénario, la musique, la mise en scène, la bande-son, les dialogues – disons plutôt les bruitages et borborygmes ! – la seule chose qu’elle ne fasse pas, c’est d’y jouer !
Rencontre avec la belle dame au Gymnase de Marseille où nous avons eu le privilège de découvrir ce spectacle avant qu’il ne soit donné au Théâtre du Rond-Point à Paris, à la rentrée prochaine, en septembre-octobre.

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« Mathilda, dur de définir ce spectacle !
Oui car d’abord on ne peut le classer dans aucune catégorie et puis c’est un spectacle fou qui fait appel au théâtre, à la musique et la chanson, à la danse, à l’humour, sans aucun texte puisque les dialogues sont une espèce de langue inconnue sans que cela gêne la compréhension du spectacle.

Et l’histoire alors ?
Cela raconte une journée dans un bureau, qui peut être n’importe quel bureau, où sept personnages vont passer une banale journée en huis clos et où il va se passer des tas d’événements insolites. Dans ce microcosme, tous les sentiments sont exacerbés, la jalousie, la colère, la pression du patron, l’ennui, les fous-rires, les affrontements, les rapprochements, les stratégies… Bref, le quotidien d’une journée de bureau qui pourrait être banale mais, comme ce n’est pas un documentaire, l’humour est omniprésent, les situations sont burlesque…

C’est un spectacle qui a dû être difficile à monter, d’abord parce qu’il sort de l’ordinaire et puis, c’est un travail d’orfèvre pour les comédiens… et pour vous !
Oui, j’ai eu bien sûr du mal à le monter à tous les niveaux, d’abord parce qu’il est difficilement racontable, que je ne pouvais pas fournir un dialogue puisqu’il n’y en a pas. Par ailleurs, je ne voulais pas de comédiens connus mais de vrais artistes multifonctions, qui sachent jouer, chanter, danser, bouger, ce qui est encore assez rare en France.

Comment avez-vous fait pour les trouver ?
Des castings à l’infini. J’ai vu quelque cent cinquante artistes venus de tous les coins de France, de diverses compagnies pour en garder sept et, à part Loup-Denis Elion, le beau black de « Scènes de ménages » plus connu sous le nom de Poussin, mais qui est exceptionnellement doué et a fait du lyrique, les autres ne sont pas des comédiens connus mais il sont super talentueux.

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Comment met-on un tel spectacle en scène ?
Je me suis d’abord attaquée à la bande-son qui est la colonne vertébrale du spectacle. elle est constituée de musique, d’onomatopées, de bruitages et a été montée  avant que ne démarrent les répétitions. J’avais des idées très précises, entre autre au niveau des sons où j’ai été extrêmement pointilleuse, de la sonnerie de téléphone à la chasse d’eau ! J’ai donc écouté le spectacle avant qu’il n’existe et je l’ai visualisé dans ma tête.. Et j’ai travaillé, comme au cinéma, séquence par séquence, avec des arrêts sur image, des gros plans, des plans-séquences, des ellipses, des focus sur un comédien… Donc beaucoup de contraintes pour les comédiens car je voulais éviter le côté « je démontre que je joue quelque chose ». D’avoir été danseuse et musicienne m’a beaucoup aidée et toutes les musiques ont été composées par moi !

A l’arrivée, heureuse ?
Comment ne pas l’être ? J’étais sur tous les terrains, j’ai utilisé tous mes savoir-faire, j’ai tout construit de A à Z, j’ai fait un spectacle riche, dense, rien ne m’a manqué, les comédiens sont entrés dans le jeu avec énergie et plaisir et à l’arrivée, le public rit beaucoup et ovationne les artistes… Que demander de plus ?

Vous vous êtes même payé le luxe d’écrire un gospel, ma foi fort réussi !
Oui et tout est parti de sons répétitifs, psalmodiés, de rythmes basiques et de bruits que font les comédiens avec leur bouche. Je suis très fière car, après l’avoir entendu, Michel Jonasz m’a déclaré : « Tu as illustré la naissance du blues »… Et il s’y connaît !

Au départ, c’était quand même un spectacle improbable !
Tout à fait mais j’ai toujours aimé les mélanges improbables, comme ce couple que je formais avec Pascal Légitimus qui, au départ, semblait incongru.

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Ne jouant pas dans la pièce, vous suivez quand même la tournée ?
Oui, car d’abord c’est mon bébé et puis c’est un spectacle vivant toujours en mouvement et je profite de chaque représentation pour changer, peaufiner, développer. Nous faisons tous les soirs un briefing afin de rectifier un détail tout en sachant qu’il y a une bande-son à suivre et qu’elle ne change pas. C’est une vraie partition, tout est calculé au millimètre, à la note près.

Vous écrivez donc pièces et spectacles, en 2007 vous nous avez offert un roman « Personne ne saura »… L’écriture est aujourd’hui une corde à part entière de votre arc ?
C’est vrai, j’adore écrie. Au départ les idées me viennent et une fois que je tiens le sujet, je sais la forme qu’il va prendre. C’est un bel exercice que j’adore pratiquer.

Il y a aussi la chanson. A quand un second disque ?
Il faudrait que j’en ai le temps car je ne fais pas ça juste pour dire que je suis une comédienne qui chante mais pour vraiment faire de la musique. Par contre, si j’aime écrire, écrire des paroles est une spécificité que je ne maîtrise pas encore. Je ne sais pas si je saurais. Il faut donc que je trouve des auteurs.

Et le cinéma dans tout ça ?
J’ai joué récemment dans « Les infidèles » avec le duo Dujardin-Lellouche mais on ne me propose pas grand chose d’intéressant. Alors, en attendant, je m’éclate en m’écrivant des pièces, en fabricant des spectacles.
Et c’est quelque chose de jubilatoire.

Propos recueillis par Jacques Brachet

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Si vous avez raté la pièce à Marseille, vous pouvez vous rattraper en la découvrant du 2 au 4 avril au Théâtre de Nice.