Voici quelques semaines avait lieu la première réunion du tout nouveau Groupement Associatif d’Intérêt Economique (GAIE) nommé « Saveurs du Var ».
Cette association a pour but de mettre en rapport les divers producteurs, agriculteurs, maraîchers, viticulteurs, pêcheurs du Var avec les restaurateurs varois afin de communiquer leur savoir-faire et leurs valeurs, de faire mieux connaître leurs ressources, leurs produits locaux, de les développer et d’offrir aux clients le meilleurs de ce que peut apporter notre terroir.
Chacun dans sa partie sera trié sur le volet afin de pouvoir apposer sinon encore un label, du moins un logo « Saveurs du Var », signe de crédibilité, pour offrir aux clients du sur mesure et le meilleur de ce que peut apporter notre terre varoise et sa mer.
C’est donc un projet fédérateur qui a été initié par Dominique Blanc, élue du Castellet, très concernée par ces problèmes, qui a mis en relation les divers acteurs de cette association avec les collectivités locales et régionales.
L’association est présidée par Jean-Claude Picot qui a un cursus original puisque ancien aiguilleur du ciel passé directeur technique du circuit Paul Ricard, il devenu président de l’association Amaterasu et donc aujourd’hui président de cette association.
Il est entouré de Denis Bensousan, ingénieur territorial et vice-présideny, de Daniel Vuillon, producteur à Ollioules, qui est l’initiateur des AMAP de France, Yvan Roux, ancien rugbyman reconverti dans la restauration, gérant de Roux Cooking Travel, de Julien Boulange, responsable de l’association d’insertion AMATERASU, de Vincent Baugier, ancien banquier lui aussi reconverti, qui va coordonner le projet, de Mariana Vuosso et Aline Marcarelli.
« Aujourd’hui – nous explique Daniel Vuillon – les gens ne vivent plus au rythme des saisons et nous-mêmes, producteurs, avons dû nous adapter au marché. C’est une évolution brutale et il faut reconquérir une certaine commercialisation de nos produits sinon notre métier disparaîtra. Dans l’agriculture traditionnelle, nous avons déjà perdu trois paysans sur quatre, quant au consommateur il mange de moins en moins de produits authentique puisque aujourd’hui l’on peut tout manger toute l’année à cause des produits importés d’un peu partout.
Les restaurateurs ont, bien sûr, suivi le mouvement et cette association veut remettre en relation ceux qui ont la tête dans la terre avec ceux qui ont la tête dans leurs fourneaux ».
Yvan Roux précise que si c’est un projet ambitieux, il ressent déjà un changement :
« En effet – nous dit-il – peu à peu les chefs de cuisine, et moi le premier, s’adaptent au concept et les clients suivent car eux aussi, de plus en plus, veulent identifier les produits et savoir ce qu’ils ont dans leurs assiettes. Cette initiative va resserrer les liens entre deux professions qui dépendent l’une de l’autre ».
Michel Pellegrino, adjoint à la culture et néanmoins à l’agriculture et à l’environnement auprès du maire d’Hyères et qui était l’invité de cette première réunion, se réjouit de cette entreprise qu’il dit remarquable, car, dit-il « Hyères est l’une des dernières grands villes à fort capital agricole et poissonnier et tient à le rester. Nous faisons tout pour cela et nous avons dû freiner l’hémorragie des terres qui disparaissaient pour devenir des terrains à bâtir et qu’elles restent des zones agricoles afin de donner la possibilité aux jeunes qui veulent entrer ou se maintenir dans ces métiers, de s’installer ou aux autres de s’agrandir.. Je tiens à signaler que le vendredi, dans les écoles, on mange bio et que nombre d’élèves sont amenés sur le terrain pour apprendre ce qu’est l’agriculture. Cette association a donc une réelle philosophie puisqu’elle va créer une entre aide, une solidarité producteurs et restaurateurs. Le soutien de la ville est total et je vais plus loin en disant que cette association est vitale pour conserver le bon goût. Notre devoir est de travailler pour ce rapprochement »
Les pêcheurs sont évidemment également concernés même si aujourd’hui le métier, devient très difficile, se raréfie. Mais, précisent deux jeunes pêcheurs, il faut savoir que de nombreux poissons existent dans nos eaux et qu’ils ont du mal à les faire connaître et accepter par les restaurateurs et le public.
« Depuis vingt ans, à cause des grandes surfaces, il s’est installé un problème de facilité et de goût et le client ne trouve que ce qu’on appelle « les valeurs sûres »,alors, que certains poissons sont devenus accessoires et invendables. Et pourtant, ils pourraient surprendre bien des palais. Le « vrai » poisson local est aujourd’hui difficile à trouver et nous pouvons, nous, proposer autre chose que les poissons traditionnels. Cela pourrait sauver la production de la pêche qui se débat avec les poissons venus eux aussi d’ailleurs. »
Vincent Baugier a, lui aussi, un parcours original puisque ancien banquier reconverti. Il va donc coordonner ce projet :
« Notre but est donc de mettre en exergue et en rapport ces professions qui sont complémentaires afin qu’elles aient une approche transversale et créer ainsi une identité à la fois agricole et culinaire. Tous les acteurs choisis et triés sur le volet (car on ne donnera le logo que si l’on sent en eux cette fibre du bien vivre et bien manger et cette notion de qualité) afin de devenir un collectif crédible et fort dans une action durable. Notre but est de promouvoir les produits locaux de qualité en faisant fonctionner l’offre et la demande.
Nous travaillerons également sur des stages de formation, d’intégration avec les restaurants de réinsertion. Et je précise que le but premier est la mise en relation et non la commercialisation à tout prix. »
A propos de restaurants d’insertions, Marie-Rose di Vita a longtemps oeuvré au restaurant « L’Ouragas » au Revest dans le cadre de l’association d’insertion Amaterasu. Aujourd’hui elle se retire pour laisser les rênes à Christophe Verra.
« Le but d’un restaurant d’insertion est d’abord de développer l’aspect économique du terroir à travers la restauration et faire apprécier les produis frais. C’est la condition sine qua non de notre protocole. Quant à l’insertion, c’est de former des hommes et des femmes à une cuisine basée sur ces produits. Dans ces restaurants, on ne propose pas tout et n’importe quoi mais des plats issus d’arrivages du jour, que ce soient fruits, légumes, viandes, poissons.
Si, par exemple, nous n’avons pu avoir que trois dorades, il y a seulement trois personnes qui en mangeront. L’on mange les fruits et légumes de saison exclusivement. En fait, on fait avec ce qu’on a mais il n’y a pas de congélateurs chez nous ! »
Loyauté, traçabilité, transparence sont les mots clés de cette association qui veut permettre aux acteurs de mieux vivre de leurs métiers qui sont souvent des passions qu’il faut soutenir et aider, tout en proposant aux clients une alimentation saine qui leur fera retrouver le vrai goût des choses.
Et de notre terroir.
Jacques Brachet
Photos :
1. L’équipe au complet – 2.Michel Pellegrino, Dominique Blanc, Jean-Claude Picot – 3.Vincent Baugier – 4.Yvan Roux – Daniel Vuillon et Denis Bensimon