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Festival « Femmes ! »… Promis, jurés !

Depuis l’an dernier, le festival « Femmes ! » a innové en créant, hormis le prix du public, le prix du jury et le prix de la meilleure actrice.
Ce qui donnait un peu plus de poids à ce festival dédié à la femme.
Le sujet choisi, cette année est le duo, quel qu’il soit et le jury doit voter autour de sept films.
Et le jury choisi est composé de deux femmes, deux hommes, pour la parité et une présidente, ce qui était la moindre des choses dans un tel festival.
Ce sont tous des professionnels et ils ont l’avantage d’être régionaux. J’ai déjà rencontré certains dans le cadre d’une rencontre et tous ont un point commun : la passion du cinéma.
Comme le chantait Christophe, je vais, je vais vous les présenter ! Et bien sûr, nous commençons par la présidente : Michèle JEAN.
« Qui suis-je ? Grand problème philosophique !
Je suis d’abord une femme, je travaille pour un festival de femmes, je défends la cause des femmes et je suis cinéphile. Ça te va, Jacques ?
Oui mais pas que… Le festival dont tu parles est bien sûr celui-ci ?
Oui, j’en suis la vice-présidente,  responsable de tout ce qui est artistique, dont la programmation. Avec Mireille Vercellino et Martine Patentreger, nous visionnons beaucoup de films, nous allons dansquelques festivals, les réalisateurs nous envoient aussi des liens et nous voyons ainsi les films en avant-première.
Combien de films avez-vous vus toutes les trois ?
Pour un choix de 46 on en voit plus d’une centaine. Nous les choisissons en fonction de la thématique qui est cette année les duos. Ce pouvait donc être une sœur, une amie, une fille, un mari… Toujours des couples ou des duos. Des films d’une certaine profondeur car nous voulons faire passer un message. C’est ce que veut dire le cinéma. Le cinéma est là pour quelque chose, comme faire réfléchir les gens.
Je voudrais préciser que nous travaillons avec Noémie Dumas, la directrice du Six N’Etoiles, et qu’elle fait un magnifique travail dans ce cinéma.
Choukri BEN MERIEM
Je suis acteur, réalisateur, producteur. Je viens, avec mon équipe, de présenter un pilote d’une série qui porte sur la légende des deux frères que nous avons tourné sur la plage des Sablettes en septembre dernier. Nous l’avons présenté à Toulon fin novembre,  dans un festival à Londres et nous continuons afin de trouver un financement pour les prochains épisodes.
Tu connais donc la région ?
Oui, puisque j’ai grandi à la Seyne-sur-mer, j’ai travaillé une dizaine d’années sur Paris, deux ans à Londres et je suis revenu à cause du covid. Je ne pensais pas rester mais j’ai trouvé un projet sur cette légende locale. Et je suis resté !
Comment es-tu venu au cinéma ?
Je suis tombé dedans lorsque j’étais petit, j’ai toujours aimé le cinéma, les westerns en noir et blanc et cette passion s’est développée au fur et à mesure. Je me suis intéressé au cinéma indépendant, la technique, la musique qui va avec, les bruitages…
Toujours dans la réalisation ?
J’en suis à ma troisième réalisation. Je suis aussi acteur mais j’ai voulu diversifier mes activités.
En tant qu’acteur où a-t-on pu te voir ?
Dans des courts métrages français et anglais.
Comment te retrouves-tu dans le jury ?
Parce qu’on me l’a proposé ! Dans les années précédentes j’étais festivalier et du coup, cette année, on m’a demandé d’y venir en tant que juré.

Michèle Jean
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Justine Foulani

Justine FOULANI
Justine, on se connaît car c’est toi qui nous accueilles au Six N’Etoiles, avec Noémie Dumas. Comment viens-tu au cinéma ?
Je suis originaire d’Occitanie, d’Ales, Nîmes, exactement et il y a un an que je travaille au Six N’Etoiles. Depuis que je suis enfant j’aime voir des films. Ça m’a suivi jusqu’à mon adolescence, puis, dans mes études, je me suis orientée dans le secteur du cinéma, j’ai entre autre découvert la diffusion. Essayer de montrer au public des films qui ne sont pas des blockbusters , souvent des films qui ne sont pas particulièrement grand public, comment les amener justement au public et c’est un vrai travail et c’est ce qui m’a passionnée. Puis j’ai travaillé aussi dans la distribution de documentaires qui ont du mal à trouver leur public, en les programmant justement dans des cinémas. C’est comme ça que je suis entrée en contact avec le Six N’Etoiles en tant qu’animatrice, pour mettre en place des animations pour le jeune public, organiser des débats, trouver des partenariats avec des associations locales pour faire connaître ces films.
Es-tu intéressée de devenir toi-même distributrice ?
Pas vraiment car je me suis rendu compte que j’étais surtout en contact avec les exploitants et pas assez avec le public, ce que je n’ai pas retrouvé dans la distribution. J’aime le contact avec le public. Nous organisons avec Noémie des petites projections que nous recevons, que nous voyons en amont afin de voir ce que nous pouvons faire comme animation à travers ces films. J’essaie d’aller dans quelques festivals, comme Cannes et le festival « Itinérances » d’Alès qui est un chouette festival et je fais aussi en sorte de découvrir les locaux.
Nicolas PABAN
Difficile de te faire « re » parler puisqu’on a eu l’occasion de se rencontrer ! Tu es venu comment au cinéma ?
En voiture ! Pas de loin puisque je suis toulonnais ! Plus sérieusement, c’est un rêve d’enfant mais j’ai mis du temps à passe à l’action. Je n’ai pas fait d’école de cinéma mais un jour j’ai eu la maturité de me dire que si j’avais cette envie, il fallait la réaliser, sans se poser de questions. A partir de là, j’ai fait beaucoup de courts métrages, j’ai appris sur le tas, en faisant des erreurs, j’ai appris de film en film et je n’ai jamais arrêté en restant à Toulon.
Fier d’être toulonnais ?
Non. On n’a pas à être fièr d’être né quelque part, d’être né tout court ! Mais j’aime ma région.
Tu as fait combien de courts métrages ?
Difficile de les compter, car en fait,  j’en faisais déjà tout gamin mais je ne peux pas les compter dans ma filmographie. Disons une quinzaine qui ont été vus dans des festivalss, des salles de cinéma.
N’es-tu pas tenté par un long métrage ?
Peut-être mais je considère que ce n’est pas une fin en soi. Il faut beaucoup d’aides, de financements conséquents. Mais je suis très heureux de faire des courts métrages parce que c’est du cinéma et qu’en priorité j’ai envie de faire du cinéma.
Et peut-on en vivre ?
Oui, j’en vis, sinon je serais malheureux… C’est ce qui fait que je me sens vivant.

Nicolas Paban
Carla Lauzier
Choukri Ben Meriem

Carla LAUZIER
Je suis six-fournaise. J’habite à Six-Fours mais je travaille à Aubagne, je suis monteuse de courts métrages, j’ai fait des études de cinéma et je travaille à l’école de La Satis à Aubagne, qui est une école de cinéma. J’y enseigne le montage et la post production.
Comment es-tu venue à ce métier ?
Tardivement car j’ai d’abord fait des études de langue étrangère (Anglais, Italien, Arabe…) Je voulais devenir interprète.Finalement j’ai changé de voie car pour bien gagner sa vie il faut faire du droit travailler au sein de l’ONU par exemple et ce n’était pas une voie qui me correspondait. J’ai décidé d’arrêter et de me poser la question : Qu’est-ce que tu veux faire ?
Ce que j’aime par-dessus tout, c’est regarder des films, les analyser. Je me suis alors lancée dans une licence de cinéma sans vraiment savoir dans quelle discipline je voulais aller. J’en ai découvert tous les aspects et en découvrant le montage, c’est une passion qui s’est débloquée. J’ai commencé à faire des montages de films…
Quels films ?
J’ai été en stage sur plusieurs séries comme « Plus belle la vie », sur Amazon avec Jean Dujardin, Charlotte Gainsbourg, ensuite, j’ai commencé à avoir des contacts, des rencontres et monter des courts métrages.
N’as-tu pas essayé d’aller sur Paris ?
Non, c’est un choix, Paris ça n’était pas une vie qui me correspondait pas et je suis très heureuse de pouvoir travailler dans la région et entre autres dans l’école où j’ai été formée.
A côté je travaille en free-lance et ça me convient très bien. L’école m’ouvre beaucoup de contacte car on travaille avec beaucoup de partenaires. Les réseaux marchent bien.
Comment es-tu devenue juré sur ce festival ?
En fait, je connais Mireille Vercellino qui a été présidente de l’association « Lumières du Sud », avant que ma mère, Michèle Attard ne lui succède et je faisais partie de l’association. Du coup, elle m’a proposé d’être juré ».

Le club des cinq réuni, comment vont-ils travailler ?
D’abord, me disent-ile, en se découvrant puisqu’ils ne se connaissaient pas. Et je suis heureux que cette rencontre les fasse se découvrir l’un l’autre. Ensuite bien sûr, il y a les projections, l’analyse du film, les différentes techniques du tournage et surtout et avant tout le ressenti, l’émotion que le film a suscité chez chacun. Puis, il faudra choisir la meilleure actrice et là, ils ont l’embarras du choix !

A suivre donc !
Jacques Brachet

Six-Fours – Festival « Femmes ! » : Ouverture en majeur

Jamais on n’aura vu autant d’invités pour l’ouverture du festival « Femmes ! » à Six-Fours.
Luc Patentreger, président du festival, avait bien fait les choses en démarrant sur une rencontre exceptionnelle : Une master class avec une partie de l’équipe de la série télévisée de France 3 « Plus belle la vie ». Il devait y avoir quatre actrices et plusieurs sont venus en renfort ! Inutile de vous dire que les fans ont rempli une partie de la salle, heureux de voir leurs comédiens préférés quitter le Mistral à Marseille, pour être là « en vrai » !
Cette série de plusieurs milliers d’épisodes, créé en 2004. S’est arrêtée en 2022 mais le public a été tellement nombreux à s’en plaindre, que revoici revenu en 2024, une sorte de suite ou de continuité « Plus belle la vie, encore plus belle », même si elle n’est pas toujours belle car il s’en passe des événements, aussi drôles que dramatiques !
Mais ce n’était pas tout puisque démarrait aussi le prix du jury et le prix du public, avec un film signé Nathan Ambrosioni, en sa présence, qui présentait un film « Les enfants vont bien ». L’histoire de deux sœurs, Suzanne et Jeanne, qui, à peine retrouvées, sont aussitôt séparées car dans la nuit de leurs retrouvailles, Suzanne disparaît.
Nathan Ambrosioni  est un « voisin » puisque né à Grasse en 1999. Fou de cinéma, il réalise à 15 ans son premier film « Hostile », un film d’horreur !
Aujourd’hui « Les enfants vont bien » est son cinquième film et déjà, chacun de ses films a obtenu des prix divers et nombreux. C’est le nouveau petit génie du cinéma et pour ce cinquième film, il a réuni deux magnifiques comédiennes : Camille Cottin, l’une nos comédiennes française les plus douées, que l’Amérique nous envie et ne se gêne pas pour nous l’emprunter et à ses côtés, une chanteuse qui est en train de se faire un nom dans le cinéma : Juliette Armanet.

Le lendemain, mardi donc, c’est au tour de Béatrice Métayer, ambassadrice du festival, d’animer un débat autour du film norvégien de Lija Ingolfsdottir « Loveable ».
Maria (Helga Guren), divorcée, deux enfants. Remariée, deux autres enfants. Si, au départ, c’est l’amour fou avec Sigmund (Oddgeir Thune), très vite, le couple vacille. Lui, musicien, doit souvent partir en tournée. Elle, se retrouve avec quatre enfants à gérer. A chacun de ses retours, Sigmund se retrouve avec une femme épuisée, seule la moitié du temps, en colère tout le temps et subit ses reproches. A tel point qu’il demande le divorce à son tour.
A partir de là, Maria, va aller voir sa mère, une mère qui, à son tour, lui reproche bien des choses et la met devant le fait qu’elle a toujours été centrée sur elle-même et devrait penser aux autres Entre les mots de sa mère et les mots d’une psy qui va, elle aussi, la mettre devant ses attitudes, Maria, qui est à bout de force, va revoir toute sa vie et se rendre compte de ce qui ne va pas chez elle.

Suite à ce film terriblement émouvant et oppressant, mené par une comédienne magnifique, Béatrice avait réuni quatre femmes pour un débat autour de la santé mentale : Le Docteur Stéphanie Guillaume, le Docteur Eugénie Beaucourt, médecins généralistes,  Laurence Flez-Renaudin, psy et auteure et Cécile Limier professeure d’arts martiaux et créatrice de l’association « Sport adapté, santé ».
Toutes étaient d’accord que la santé mentale doit aller de pair avec la santé physique, que le meilleur moyen de ne pas y succomber et l’échange et la communication, et aussi de ne pas être dans le déni lorsqu’on voit que tout va mal.
Magnifique début de festival à Six-Fours, qui va se dérouler jusqu’au 15 novembre et se terminera par la remise du prix du jury et de la meilleure actrice.
Le festival continuera à se dérouler au casino Joa et au Centre Tisot, avec également des séances scolaires, des soirées événements, des soirées musicales à la Seyne ainsi que la nuit du court métrage  qui réunira 24 films à partir de 19 heures le 21 novembre au Centre Tisot avec une remise de prix .La soirée de clôture se déroulera le 23 novembre.
Plein de beaux films, plein de magnifiques actrices, plein de beaux réalisateurs et réalisatrices, un festival mené de main de maître par Luc et son équipe, qui augure bien pour le 25ème anniversaire l’an prochain !

Jacques Brachet

Philippe VAÏSSE, un repéreur heureux.

Qu’est-ce qu’un repéreur, me direz-vous ? C’est quelqu’un qui fait… des repérages !
Mais pas n’importe lesquels puisqu’il s’agit de cinéma.
C’est lui qui, pour les besoins d’un tournage, recherche le site, la maison, le paysage dont a besoin le réalisateur.
C’est ainsi qu’il vadrouille un peu partout dans le Var et ses environs pour trouver le coin de mer ou de montagne, la maison, l’appartement dont a besoin le réalisateur pour y installer ses comédiens.
Seynois d’origine et n’ayant jamais voulu quitter la Seyne d’où il est enraciné, il a fait un parcours sans faute pour trouver enfin le métier qu’il aime et dont le titre n’est pas encore dans le dictionnaire : repéreur.
Et Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumière(s) du Sud, l’a… repéré et invité à nous parler de ce métier original et, on pourrait dire, ancestral puisqu’il existe depuis qu’est né le cinéma.
Garçon passionné et volubile, c’est un plaisir que de discuter avec lui et de comprendre combien, ce métier est important dans la construction d’un film.

« Philippe, commençons par le commencement : D’où venez-vous ?
De la Seyne-sur-mer ! Je suis née il y a longtemps… En 77 ! A Ollioules, à la clinique Malartic, j’ai fait mes études au lycée Beaussier à la Seyne, où je vis toujours, puis au collège Paul Eluard…
Et comment êtes-vous venu au cinéma ?
Par une anecdote qui a marqué mon histoire d’amour avec le cinéma. J’avais alors une quinzaine d’années, nous avions eu une petite embrouille avec ma bande de copains, nous étions fâchés et du coup, nous sommes allés au cinéma voir « Star Gate . Ce n’est pas le film du siècle mais je suis transporté, ça m’a emmené ailleurs, tout comme mes copains et à la sortie nous ne sommes plus du tout fâchés ! C’est là que je me suis dit que le cinéma c’était magique et que j’aimerais un jour mettre des étoiles dans les yeux des gens.
Par quoi ça a commencé ?
Par l’écriture. A partir de 19 ans j’ai commencé à écrire des histoires que j’envisageais d’adapter en film.

Le cinéma fait déjà partie de votre ambiance familiale?
Je dois dire qu’au départ mes parents sont un peu inquiets de me voir aller vers ce milieu mais ils m’ont toujours soutenu. Il faut dire qu’ils ont une vision très ouverte sur la culture,  ma mère est à la fois prof de Français et d’arts plastiques, mon père est un fan de littérature et de musique. Je baignais déjà dans ce milieu culturel et artistique. Ils m’ont alors dit, comme nombre de parents : « Le cinéma c’est bien mais… si d’abord tu peux faire quelques études classiques histoire d’avoir un bagage si ça ne marche pas » ! J’ai donc fait des études d’économie-gestion, je suis allé jusqu’à la maîtrise mais je me suis arrêté au milieu de la quatrième année car je savais que ce n’était pas mon truc.
Et alors ?
J’avais déjà écrit plusieurs histoires pour des courts-métrages et il y avait une frustration. J’ai alors commencé des études  cinéma-photo en arts du spectacle à la fac de Lyon. C’est là que j’ai travaillé ma culture cinématographique que je ne connaissais que grâce à mon père à travers les films qu’il aimait comme « Soleil vert », « Little big man », « La horde sauvage ». .. Ces films ont marqué mon enfance. C’est aussi à la fac que j’ai découvert la photographie.. J’ai réalisé des premiers courts-métrages d’études, je me suis spécialisé dans le montage. A la fin  de ma troisième année, je suis revenu chez moi et avec des amis, nous avons monté une télé sur Internet. C’était en 2003, la web TV n’existait pas encore et nous l’avons appelée « Baboite TV ». Nous proposions des reportages sur l’activité culturelle de Toulon et ses environs, pour montrer qu’il se passait beaucoup de choses sur notre région.

Ça a duré longtemps ?
Jusqu’en 2008. Pour moi, c’était une première approche de l’audio-visuel mais j’avais toujours en moi cette envie de créer des films. Un jour, en 2007, mon père me raconte un rêve absurde qu’il a fait et ça a été le déclic qui me fait écrire un court-métrage de cette histoire. Grâce à ce scénario, j’obtiens une bourse du ministère de l’éducation et de la culture dans une sction qui s’appelait « Envie d’agir ». Je tourne ce court-métrage qui s’appellera « De passage », avec des professionnels du cinéma de Marseille. C’est une semaine de rêve et une révélation. La concrétisation de ce que j’ai envie de faire. Ce court-métrage de 13 minutes sort un an après, sans dialogue et en couleur. Il sera suivi  d’un second court-métrage en 16 mm, en une journée, développée à l’ancienne.
Et c’est quoi ?
« Hors champ ». Une toute petite comédie burlesque de 3 minutes car nous n’avions qu’une bobine ! On le tourne avec la même équipe dont Jérôme Carle mon chef opérateur, qui était un professionnel et qui m’a poussé à suivre la route. A partir de là, on est en, 2009, je commence à envoyer des CV. Un mois après on m’appelle et on me propose un renfort sur une publicité pour la Poste qui se tourne à Venelle, au-dessus d’Aix-en-Provence. Il faut être sur le plateau à 5 heures ! Je venais d’avoir un enfant avec, comme souvent, des nuits compliquées mais je ne pouvais pas rater ça ! Ça a été mon premier contrat de régisseur.
Depuis ça ne s’est jamais arrêté.

Et vous avez fait quoi ?
D’abord régisseur sur des renforts puis j’ai fait un film en entier, des choses récurrentes dans la région, j’intègre des équipes avec qui je travaille régulièrement. D’assistant régisseur je passe adjoint. Vers 2O14 je commence à développer des tournages sur le Var et l’aire toulonnaise. Et en 2016, on me propose d’être repéreur sur le film de Gérard Jugnot « C’est beau la vie quand on y pense » dont une parie est tournée à Toulon. C’est donc mon premier film en tant que responsable des repérages. Le travail était de trouver les différents décors qui allaient servir au tournage.
Commencer avec Gérard Jugnot, c’est pas mal !
Oui, l’expérience se passe super bien, Gérard Jugnot est un gars adorable très à l’écoute de ce qu’on peut lui proposer, très conscient du fait qu’un bon film se fait de façon collégiale, chacun ayant quelque chose à amener. Ce n’est pas le mec qui sait tout, qui fait mieux que tout le monde. C’est un type très ouvert.
Du coup, vous arrêtez d’être régisseur ?
Non, car ce sont deux métiers complémentaires et après avoir trouvé les décors du film, j’organise la logistique  autour des décors que j’ai trouvé.
Je deviens d’ailleurs régisseur général sur un film tourné à Cherbourg « Les cadors » avec Jean-Paul Rouve, Michel Blanc, Marie Gillain…. C’était en 2022 et ce sera mon dernier film en tant que régisseur.

Pourquoi arrêter ?
C’est un métier très prenant car on est de la préparation du film jusqu’au tournage, on doit régler tous les problèmes, vingt-quatre sur vingt-quatre, même les week-ends. Pour ce film je suis parti trois mois et-demi de chez moi et pour la vie de famille c’est très compliqué.
Repéreur c’est moins compliqué !
En repérage, on me donne un scénario, la description des décors à trouver et à moi de me débrouiller, contacter, chercher, fouiller, me perdre quelquefois et aussi aller à la découverte de gens que je rencontre, qui m’ouvrent leurs maisons. Ce peuvent être des décors naturels, institutionnels, privés.
Vous n’êtes pas en concurrence de la Commission du Film du Var ?
Pas du tout car elle accompagne les productions de films qui viennent tourner dans la région ou le département, ils ont une base de données de décors très centralisée sur l’Est varois, la région de Saint-Tropez, le bassin de Fréjus, ils sont moins actifs sur la partie toulonnaise. Il y a aussi le bureau des tournages de TPM mais nous travaillons tous main dans la main, chacun fait appel à l’autre, on s’échange des informations. C’est un vrai travail de partage. C’est un métier de réseaux. C’est comme ça que j’ai travaillé sur des séries comme « Cimetière Indien » ou « Tom et Lola »
Pas de frustration de ne plus être scénariste et réalisateur ?
Depuis deux ans et demi, je me suis mis à l’écriture littéraire. J’ai sorti un premier roman « L’arbre et la colline » (Ed Presses du Midi), je suis sur un second roman et j’ai trouvé dans l’écriture littéraire une liberté sans limites. Lorsqu’on écrit un scénario et qu’on veut l’adapter, il y a toujours un moment où se fait un arbitrage entre l’artistique et l’argent et c’est souvent là qu’on est frustré car il faut couper, retailler enlever des trucs qui coûtent trop cher. Mais dans l’écriture littéraire, jamais personne ne va me dire que mon décor est trop cher ! Mon prochain roman se passe en Islande où je suis allé. Je n’aurai pas une production qui me dira « Trop loin, trop cher ». Aujourd’hui, cette liberté compense largement le fait de ne plus être derrière la caméra. Même si ça a été une expérience superbe…. Et il ne faut pas dire jamais mais je n’ai aucune frustration.
Romancier et repéreur sont des métiers de solitaire. Et ça, ça me plait ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet

La Seyne – Expo Festival
« Femmes ! » Des femmes et des océans

Rarement, au Casino Joa,  on avait vu autant de monde au vernissage d’une exposition, en l’occurrence celle des Chantiers du Cinéma, dans le cadre du festival « Femmes » dont le président est Luc Patentreger.
Il faut dire que l’on y rencontrait une belle brochette d’aspirants maires de la Seyne ! Les élections approchant, c’était une occasion de se faire voir.
Que des mecs, pas une seule femme pour prendre la succession de l’ex maire et du coup, Luc devait préciser qu’après presque vingt-cinq ans d’existences (Vingt-cinq l’an prochain), le festival avait pu tenir le coup grâce à des aides extérieures, les anciennes mairies n’ayant pas trop fait le forcing pour que ce festival se développe, même l’ex maire qui alors était une femme !
Et pourtant aujourd’hui, on peut dire que ce festival a tenu le coup, a grimpé les échelons de la connaissance, de la qualité, sur un sujet important, sur un sujet crucial : la femme, mise à l’honneur dans tous ses états, présentant des films de qualité, quelquefois drôles, quelquefois dramatiques, sur des sujets, portés par des comédiennes, des réalisatrices et réalisateurs de grand talent, engagés, défendant les droits, la liberté, la créativité.
Ce festival s’est hissé au premier plan des festivals de cinéma de France et Luc profita donc de voir réunis tous ceux qui ont l’ambition de devenir maires d’ici quelques mois pour les exhorter à penser à aider ce festival qui est une cause nationale et même internationale : la femme.

Cette année le choix des films s’est porté sur le thème du duo, quel qu’il soit, et sera présenté à la Seyne (Casino Joa, Centre Tisot), à Toulon (Cinéma le Royal, Théâtre Liberté), à Six-Fours (Six N’Etoiles), à la Garde (Théâtre du Rocher) et du 5 au 22 novembre 44 films de 16 pays, dont 9 avant-premières, vous seront proposés avec, en point d’orgue six jours de projections au Six N’Etoiles avec à la clef, un prix du jury (que nous vous présenterons) et un prix de la meilleure actrice féminine.
Des soirées à thèmes, des débats, des rencontres, agrémenteront ces projections, que vous pourrez retrouver sur le site femmesfestival.fr.
Mais revenons à cette exposition intitulée « Veilleuses d’océans » justement proposée par un duo bien connu de deux photographes : Emilie Delamarinière et Pascal Scatera, duo transformé en trio puisqu’ils ont invité une plasticienne dont les racines sont seynoises : Leni Whitford, qui a conçu un magnifique kimono qui a habillé les femmes que nos deux artistes ont photographiées.
Nous les avons rencontrés.

« D’abord, parlez-moi de votre rencontre…
Emilie : Notre rencontre avec Leni remonte à quelques années déjà. On suit Leni et ses œuvres, son travail, nous avons déjà collaboré ensemble au studio,  soit pour la reproduction de ses œuvres, soit pour des photos d’inspiration, c’est-à-dire que, à partir d’une photo,qu’elle puisse après réaliser en  peinture. C’est le départ de notre rencontre artistique et cette année c’est un peu particulier puisque Leni nous a proposé un sujet original…
Racontez-nous, Leni
Ce kimono qui trône au milieu de l’exposition sert de fil conducteur à l’exposition. Je précise que je ne l’ai pas fait pour l’exposition mais pour une de mes œuvres et j’ai collaboré avec Emilie et Pascal. Je crée des peintures à l’aquarelle où à l’huile, très figuratives, très réalistes mais c’est surtout très symbolique.
Dites-moi en quoi ce kimono est symbolique ?
Il s’agit de la souffrance de l’océan et ça aurait pu se terminer là, mais c’est aussi un vêtement. Et l’intérêt d’un vêtement est d’être porté. Mais qui pourrait endosser la souffrance de l’océan ?  Des gens qui travaillent réellement pour améliorer les choses, qui ont une réelle sensibilité. D’où le but de l’expo qui est de mettre en lumière des actions poétiques, mais aussi angoissantes et par ailleurs, tout en parlant d’un sujet grave, lorsqu’on regarde ces images, c’est positif, éclatant, c’est un hommage à l’océan
On veut donner du plaisir à se promener et à lire des textes forts pour prouver que nous avons tous des responsabilités, des choix à faire. Et ça fait du bien d’être là et de se poser des questions.
Alors, l’ami Pascal seul homme entre ces deux femmes ?
Il aurait pu y avoir des hommes mais l’exposition va de pair avec le thème du festival et donc le fait de mettre à l’honneur des femmes qui font beaucoup d’efforts pour protéger les océans est le lien qui relie le festival. Nous n’avons donc choisi que des veilleuses, des femmes qui se battent pour la survie des océans.
Emilie : Chaque année, nous mettons en lumière des parcours de femmes avec, chaque année, un thème différent. Nous avons parlé l’an dernier des métiers essentiels et cette année ce sujet s’impose à nous. Il suffit de chercher des parcours de femmes inspirantes pour remplir la mission que l’on nous a confiée.

Leni : Le festival choisit souvent des femmes locales et nous avions déjà une liste e femmes qui étaient dans le thème. Je vis à Paris et j’ai travaillé à distance avec les deux photographes.
Je suis originaire de la région et je trouvais intéressant de faire venir des femmes des quatre coins de la France sur des sujets différents : On voulait des femmes issues de la recherche scientifique, de la sagesse, de la jeunesse , des personnes qui ont un fort impact médiatique, ses sportives de haut niveau…
Et alors que nous sommes sur un festival de cinéma, pas de femmes venant du 7ème Art ?
Il y a plein de femmes qu’on aimerait avoir : des femmes politiques, des scientifiques, des femmes qui utilisent la mer dans leur quotidien. Et pourquoi pas, bien sûr, des comédiennes, des réalisatrices ?
Emilie : J’en ai sollicité quelques-unes mais il n’y a pas eu de suite.
Cette année, le thème du festival est le duo… Y avez-vous pensé 
Pascal : Déjà, le duo… C’est Emilie et moi ! C’est vrai qu’avec Leni c’est devenu un trio mais le duo est en fait l’océan et la photographie et je suis entre un duo de femmes !
Cette exposition va-t-elle tourner après la Seyne ?
Emilie : On l’espère, en y ajoutant d’autres portraits de femmes inspirantes, l’agrandir mais il faut trouver des lieux et les portes ont du mal à s’ouvrir. Là, elle est calibrée pour la salle du Casino Joa mais on aimerait trouver plus grand car si l’on ajoute des femmes, ça ne peut pas rentrer dans toutes les salles.
Pascal : Par exemple, nous aimerions que la Villa Tamaris Pacha nous reçoive mais c’est très difficile, il faut être adoubé.
Leni : J’ai d’ailleurs envoyé un message à Jacqueline Franjou et je serais très heureuse, en tant que seynoise, qu’elle puisse nous faire entrer dans ce lieu superbe. »
Le message est envoyé… Jacqueline, si tu l’entends !!!

ropos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Hommage à Paris
Roger CORBEAU, un photographe hors du commun

Tous les ans au festival de Cannes, Jean-Claude Brialy organisait l’exposition d’un photographe de plateau. Cette année-là, en 1986, il rendait hommage à Roger Corbeau. Je ne le connaissais pas, ses photos étaient plus connues que lui, sauf dans le milieu du cinéma où les réalisateurs se l’arrachaient.
Jean-Claude avait organisé un repas après l’exposition qu’il lui dédiait et je me retrouvai à sa table.
C’était un homme au physique impressionnant dont le nom lui allait à merveille !
C’est au cours du repas que Jean-Claude me suggéra de faire un papier sur lui. Ce qu’il accepta en me donnant rendez-vous le lendemain à son hôtel.
Là, je découvrais un homme souriant, d’une grande simplicité, plein d’humour et j’allais passer deux heures sous le charme de cet homme volubile, en découvrant une carrière incroyable.
Voici 30 ans qu’il nous a quitté.

Arletty
Brigitte Bardot
« La femme et le pantin »

Roger Corbeau, comment vous est venue cette vocation de photographe ?
Je n’ai pas eu la vocation de photographe, jamais. En fait, ce devait être en 23 ou en 24, mon père m’avait offert un petit Kodak. Je l’utilisais pour photographier la famille le dimanche, tous ces dimanches où l’on allait en voiture du côté de Lembach et où, je m’en souviens, on mangeait tout le temps la même chose. Non. Ce que je voulais, c’était faire du cinéma. Une idée qui m’était venue tout jeune. Il faut vous dire que j’allais très souvent au ciné, la semaine à Haguenau – il y avait deux salles – et, les jours de vacances, à Strasbourg.
Et que pensaient vos parents d’une telle carrière ?
Mon père voulait me transformer en homme d’affaires. C’est d’autant plus curieux que lui-même était un intellectuel, bibliophile avisé, collectionneur d’objets d’art. Mais il ne voulait pas, mais alors pas du tout, que je devienne artiste. Par contre, je dois dire que je bénéficiais du soutien inconditionnel de ma mère qui, elle, trouvait cela très bien. Il faut vous dire qu’elle était une vraie fan de cinéma. Elle y allait beaucoup et voyait surtout des films allemands. C’était l’époque de la gloire d’Henny Porten. C’était au temps du cinéma muet…
Une enfance heureuse en somme ?
Une enfance très, très heureuse. J’avais la chance d’avoir pour père un homme généreux. Je me souviens que tous les samedis, nous recevions, ma sœur et moi, notre argent de poche. Le mien – et le sien, parce que je le lui empruntais à fonds perdus – passait dans les magazines de cinéma et ces merveilleuses cartes postales d’acteurs que je faisais venir d’Angleterre. En secret de mon père, bien entendu, qui ne mit quand même pas longtemps à découvrir le pot aux roses…

Rencontre à Cannes
Romy Schneider « Le procès »

Mais le cinéma, le vrai, c’est Paris. Donc, vous partez ?
Oui. En 32. J’avais 24 ans et me voilà décidé à « monter » – si l’on peut dire, vu la position géographique de Haguenau –  à Paris. J’avais obtenu l’accord passif de mon père et ma sœur m’avait donné ses économies. Je partais pour faire du cinéma. Mais attention : pas comme acteur. Cela, je n’y ai jamais pensé. Ce que je voulais, c’était entrer dans le rêve, y participer, le faire. Parce que c’était cela, le cinéma autrefois. Aujourd’hui, tout est dit. Il y a trop de sang, de sexe, de violence… Mais à l’époque, quelle merveille.
Mais comment avez-vous fait pour pénétrer ce monde du cinéma? Vous aviez des relations  ?
Ah ! Mais non, pas du tout. J’ai tout bonnement acheté la Cinématographie française : il y avait toutes les adresses pour les films qui étaient en train de se tourner. Et j’y suis allé, tout bonnement. J’avais repéré un remake de « Violettes impériales » Oh ! J’adorais… Je me suis présenté rue Anatole-de-la-Forge, près de la Grande-Armée, où ce film était annoncé.
Et là, vous trouvez du, travail ?
Eh là ! Doucement ! Je suis tombé sur une jeune fille, une secrétaire. Elle était absolument charmante, moi aussi je présume. Nous sommes devenus copains. Comme elle était amie avec le costumier, qui était un homme très gentil, je me suis retrouvé aide-costumier. Et voilà ! J’avais fait mon entrée, ma toute petite entrée, dans le cinéma : je passais mon temps à ranger.
Un temps qui n’a pas été très long…
Non. Grâce à ma rencontre avec Marcel Pagnol. Il était aux studios de Billancourt pour terminer « Fanny », qui était mis en scène par Marc Allégret. C’était juste avant qu’il ne décide de tourner ses films lui-même pour ne pas être trahi. Un beau jour, voilà qu’il me remarque. J’ai toujours eu le goût d’être soigné, je m’habillais le mieux possible. Cela l’a frappé. Et hop ! Me voilà bombardé accessoiriste. Je n’en revenais pas moi-même. Je rentrais dans le rêve… Vous savez, au fond, à Haguenau, je me demandais quand même si les acteurs existaient vraiment ou non…

Marcel Pagnol…
« Angèle »

Et ce fut le rêve d’une vie ?
Il a duré en tout cas, longtemps, et il dure encore. Mais, depuis un an environ, il s’est fendillé. Tout est vraiment devenu trop brutal. Et puis, cette manie du nu. Vous savez, les actrices étaient bien plus désirables quand elles étaient habillées. Maintenant, il n’y a même plus de distance. Les acteurs ressemblent aux gens de la rue, à tout le monde. Oh ! Je ne suis pas contre : c’est l’évolution.
Comment fut votre rencontre avec Pagnol ?
Extraordinaire. C’était au moment du tournage du « Gendre de M. Poirier ». Pour mon plaisir, en souvenir de mes dimanches à Haguenau, j’avais fait des photos. Je m’en souviens très exactement : cent onze négatifs 6×9… Je les donne à un photographe et le jour où je reçois le paquet en retour, pour une raison ou pour une autre, le frère de Marcel Pagnol, René, était près de moi. Il avise les photos, les prend, les regarde et explose : « Formidable, tu viens de sauver la publicité du film ». Deux ou trois jours plus tard, je rencontre Marcel Pagnol qui n’y va pas par quatre chemins : « Vas acheter un appareil, me dit-il, tu es le photographe de mon prochain film. » J’étais sidéré: je n’avais jamais suivi un seul cours de photo. Mais Marcel Pagnol parlait si souvent de « don de Dieu ». Allez savoir, je l’avais peut-être…
Quel accueil vous ont réservé les acteurs ?
Il vous faut essayer d’imaginer ce qu’était le climat de Pagnol. Lui, c’était le soleil. Il ne faut pas oublier le mot d’Orson Welles : « La femme du boulanger », a-t-il dit, c’est LE chef-d’œuvre. » Pagnol, c’était Pagnol. Tenez. Il aimait les travellings, eh bien, il aidait à poser les rails. Il adorait ça, même. Les scènes d’Angèle, il les écrivait au coup par coup et les comédiens apprenaient leurs rôles en mangeant. Et puis on tournait. Parfois jusqu’à quatre, cinq heures du matin. Les jeunes à qui j’ai raconté cela m’ont dit : « Comment ! Mais ce n’est pas syndical. » Pas syndical ! Mais on n’avait rien ! Pas de contrat, pas de syndicat. On était payé à la semaine. Mais c’était merveilleux, fantastique. Et puis, il y avait Pagnol, ce conteur extraordinaire. Tout ce qu’il racontait ! C’était tellement plus beau que la réalité.
Quant aux acteurs, qui ne voyaient que les photos du tournage, souvent ils me demandaient de leur faire des portraits.

Mylène Demongeot
« Les sorcières de Salem
Festival de Cannes avec
Jean-Claude Brialy

Vous avez travaillé longtemps avec Pagnol ?
Oui, mais pas exclusivement. A l’époque, je travaillais en même temps pour Sacha Guitry et Abel Gance. Pagnol n’était pas content, mais moi j’avais aussi mon idée : aller à Paris. C’était cela qui me plaisait et j’ai toujours eu pour habitude de faire ce qui me plaisait.
En somme, vous faisiez la promotion des films.
C’est simple : les photos étaient la vente du film. Parce que ces photos exaltaient la prise de vue. Il fallait toute l’interprétation du thème du film dans la photo. C’était un sacré travail et croyez-moi, on n’y faisait pas fortune ! Mais aussi, que de bonheur !

Cannes avec Pierre Tchernia

Propos recueillis par Jacques Brachet
Exposition 23 octobre 2025 au 31 janvier 2026
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73 avenue des Gobelins, 75013 Paris
http://www.fondation-jeromeseydoux-pathe.com/

Marc GURUNG nous fait découvrir le Népal

Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumière(s) du Sud » nous offre à chaque soirée des films et des réalisateurs qu’elle va chercher un peu partout, entre autre au Festival de Cannes. Mais en ce lundi, elle n’est pas allée très loin puisque c’est à Toulon qu’elle a ramené deux courts-métrages et un réalisateur : Marc Gurung.
Quand une femme rencontre une autre femme, en l’occurrence Lisa Dora-Fardelli, ça donne une soirée originale avec ce réalisateur qui parle des femmes.
Pour la petite histoire, l’association « Au cœur des Arts » a créé le festival « Cinéma en liberté » que gère Lisa avec maestria depuis 2011. Elle et son équipe nous proposent, le temps d’un week-end, des courts métrages venus du monde entier, sous la houlette d’un jury. Cette année, pour la 14ème édition, ce sont Mathilda May et Sam Bobino qui s’y sont collés. Et c’est ce dernier qui a accordé une mention spéciale au film « Maitighar » de notre invité Marc Gurung, qui est donc venu présenter ce film  ainsi que « La symphonie des marteaux ».
Né à Paris d’un père français et d’une mère népalaise, Marc a donc grandi entre deux cultures très différentes mais qui lui ont permis de s’enrichir entre deux pays car il va souvent se ressourcer dans la famille de sa mère.
Si ses deux premiers courts-métrages étaient axés sur la France, son quatrième est entièrement népalais et son troisième est… corso-népalais !

Maithighar
La symphonie des marteaux

Il nous raconte ce cheminement.
Marc, comment est venu cet amour du cinéma ?
A la base, je suis monteur vidéo, cela fait vingt ans que j’exerce ce métier. J’ai commencé dans le vidéo-clip et la publicité mais j’ai toujours eu une passion pour l’écriture. J’avais envie de raconter des histoires me concernant, le passé de mes parents, l’arrivée en France de ma mère, son pays, c’est une inspiration pour moi. J’avais envie de développer, artistiquement parlant, concrétiser ces écrits-là en passant par l’image. J’ai toujours eu la passion pour l’audio-visuel.
Vos deux premiers films n’avaient pas de rapport à ce que vous me dites…
Non, ce n’étaient pas des films qui avaient sens mais ça me permettait de m’exprimer. Les choses sont venues au fur et à mesure et cette envie de raconter, de garder des traces artistiques de ce que mes parents m’avaient eux-mêmes raconté, des choses qui vraiment me ressemblent.
Vous êtes d’origine népalaise par votre mère et française par votre père…
Oui, mais je suis né en France. Mes parents sont arrivés en France lorsqu’ils avaient une vingtaine d’année et ont passé la majeure partie de leur vie en France mais j’ai toujours baigné dans les deux cultures. J’ai été élevé dans la culture française mais grâce à ma mère, j’ai été imprégné de la culture népalaise.
Vos parents se sont connus au Népal. Pourquoi sont-ils venus en France ?
Mon père avait des contacts en France avec la diaspora népalaise. Pour lui, il n’y avait pas beaucoup d’avenir au Népal à par l’agriculture, le riz. Du coup on lui a dit qu’il pourrait avoir une plus belle vie en France et subvenir aux besoins familiaux. Il est donc arrivé à 15/16 ans en France. Il a d’abord travaillé au noir dans la restauration. Puis il revenu au Népal pour se marier. Un mariage forcé, comme le veut la tradition. Mais quelques mois après, ils sont venus habiter en France.
L’histoire est assez incroyable car, revenu au Népal en 80 pour voir ma famille, on lui a dit de ne pas repartir car son mariage était déjà  programmé. Ma mère venait de passer l’équivalent du bac et on les a mis devant le fait accompli alors qu’ils ne se connaissaient pas.

D’où ce film « Maitighar » qui raconte un peu cette histoire mais la fille se rebiffe malgré tout ce que ça peut supposer de honte pour la famille…
Oui car beaucoup de filles et de garçons comme mes parents se sont retrouvés mariés très jeunes sans qu’ils l’aient décidé car les traditions font que ce sont deux familles qui décident de s’allier.
Bon, du coup vous avez échappé à ça et votre amour du cinéma est venu comment ?
A la base, je voulais devenir comédien. Dès huit ans j’ai fait du théâtre, je passais des castings, j’ai fait de la figuration mais j’avais du mal car à l’époque un asiatique de 10/15 ans était souvent cantonné à des mêmes rôles d’asiatique ! Du coup je me suis dit que mes rêves de comédien, c’était fini.
Et alors ?
Alors, un jour j’ai pris la caméra de mon oncle et je me suis dit que j’allais créer moi-même mes propres histoires. La passion pour l’écriture et la réalisation s’est développée. Etre comédien, pour moi c’était trop difficile et je me suis rendu compte que ma joie était d’être derrière la caméra. Je suis donc devenu technicien. La réalisation, ça se prépare en amont et avec une bonne préparation le tournage se passe bien. Et c’est moi qui fais travailler les comédiens !
On voit que les thèmes de vos deux courts-métrages sont reliés au Népal, même si « La symphonie » des marteaux se passe en Corse avec cette amitié qui se noue entre une népalaise et une corse…
Passé la vingtaine, puis la trentaine, il y a des questionnements qui se posent autour de ses racines. Chez moi, c’est venu tout naturellement. Je me rends compte que, plus je vieillis, plus j’ai envie de me rapprocher de la culture de mes origines, de mes racines. Il y a quelque chose qui m’attire. J’en parle beaucoup avec mes parents et j’ai envie de mêler mes deux cultures.
D’ailleurs « La symphonie des marteaux » raconte l’histoire d’une adolescent népalaise qui se retrouve avec son père en Corse. Sa fille n’ayant pas demandé à venir en France, elle vit mal ce déracinement, ce changement de vie. Comment va-t-elle réussir à s’émanciper dans un pays et une culture qu’elle ne connaît pas ? Elle rencontre une jeune femme corse et par le regard, elles vont se comprendre.

Pourquoi la Corse ?
Je trouvais qu’en Corse ce village s’opposait au village népalais. L’idée était, au départ, de laisser transparaître cette double identité qui a pour point commun ce temps qui passe un peu au ralenti.
Pour « Maitighar », vous avez tourné au Népal. Comment s’est préparé le film ?
J’ai fait toute ma préparation à distance, durant deux/trois mois avec une équipe là-bas puis je suis allé tourner durant deux semaines et demie.
C’était la première fois que vous retrouviez le Népal ?
Non, j’y suis déjà allé une dizaine de fois mais, tourner dans le village de mes parents avec  beaucoup de membres de ma famille que j’ai impliqués, (même ma mère !) c’était quelque chose d’assez dingue, d’émouvant aussi car c’est allé au-delà de ce que j’espérais. Surtout lorsqu’ils ont découvert le film plus tard
Que pensent-ils de ce qu’est devenu ce franco-népalais ?
Ils sont assez fiers et lorsqu’ils se rendent compte que le film fait le tour du monde et que partout on parle de leur village, ils sont très fiers !
Que sera ce premier long-métrage ?
En gros, je déconstruis un peu la culture népalaise à travers le regard d’une jeune adolescente. Le film se passera exclusivement au Népal et j’aimerais aussi impliquer un aspect européen par rapport à un personnage secondaire qui est français. Je ne peux pas encore en dire plus.
Mais j’aimerais mêler la France et le Népal.

Propos recueillis par Jacques Brachet



Les « FEMMES ! »
reviennent en force dans le Var !

Pour la 24ème année, Les Chantiers du Festival s’installent à Toulon (Cinéma le Royal & Théâtre Liberté), à Six-Fours (Six N’Etoiles), à la Seyne (Casino Joa & Centre Culturel Tisot), à la Garde (Cinéma le Rocher) pour nous présenter la femme dans tous ses états.
Un festival, comme son nom l’indique, qui est dédié à la femme avec, cette année, un thème qui double la mise puisque ce sont les duos, quels qu’ils soient.
Il se déroulera du 5 au 22 novembre dans ces six salles varoises et nous offrira quarante-quatre films de seize pays, huit avant-premières, une compétition qui aboutira à un prix du jury (Dont on reparlera) et un prix d’interprétation féminine, six séances scolaires, une master class animé par les comédiens de la série « Plus belle la vie », un atelier cinéma, deux expositions et quatre soirées à thème : Soirée Cabaret, soirée Maroc, Nuit du court métrage, et soirée de clôture avec de la chanson française, dix débats, deux conférences-débats…
On est encore un peu loin de la date d’ouverture et on reviendra sur tous les programmes annoncés évidemment. Mais d’ores et déjà vous pouvez les consulter sur le site www.femmesfestival.fr et déjà réserver vos places.
Pour nous donner l’eau à la bouche, le président Luc Patentreger est venu nous rendre visite au Domaine du Plan de la Mer à Six-Fours, invités par son propriétaire Robert Priolio. Et il était entouré de Gabrielle Priolio, fille du boss, qui est aussi agricultrice auprès de son père, mais aussi Miss France Agricole 2025 et qui sera également l’une des marraines de ce festival et de Valmigot, magnifique artiste qui a réalisé l’affiche de cette année.

« C’est donc – nous dit-il – la vingt-quatrième édition du festival qui met en avant des portraits de femmes qui se trouvent en situation de duo femme-femme, femme-homme, femme-enfant, femme-ascendant traités sur un plan cinématographique, en se posant la question : Comment une femme se construit-elle par rapport à l’autre. Ces films seront répartis et diffusés sur les six salles des quatre villes de la métropole, comme l’an dernier.
Comme chaque année, nous avons apporté des innovations. Nous avons décidé que, comme on est un festival de proximité qui met en avant les valeurs humaines, on a voulu démultiplier les marraines, la première marraine étant Gabrielle Priolio, que nous considérons comme une femme d’exception par rapport à son parcours mais également parce que la famille Piolio organise chaque été dans son domaine des séances de cinéma en plein air.
La seconde innovation, que nous avons inaugurée l’an dernier, est que l’affiche du festival était réalisée par une plasticienne varoise. C’est donc Valmigot qui nous présente sa toile. J’ai beaucoup aimé son travail. L’originalité est que la toile sera mise en vente et que la moitié de la recette, sera versée à l’association des Chantiers du Cinéma.
Sera-t-elle mise aux enchères ?
Valmigot : Nous n’en avons pas encore parlé car, si je suis peintre, je ne suis pas commissaire-priseur … Je manie le pinceau mais pas le marteau !
Luc : L’idée, en priorité, est de permettre à un acquéreur d’avoir cette œuvre exceptionnelle mais aussi d’aider l’artiste et le festival.

Valmigot : L’artiste a besoin de manger et trop souvent on demande à un artiste d’offrir une œuvre. Il y a une démarche, un savoir-faire, on met nos tripes dans une toile mais après ça, il faut en vivre. Il est important, à un moment, d’être partenaire. D’être… Duo ! Et que chacun y trouve son compte.
Parlez-nous de votre rencontre…
Luc : C’est Robert Priolio qui en est l’auteur ! J’assiste quelquefois à des vernissages, avec Robert, nous nous connaissons depuis longtemps car nous habitons à côté l’un de l’autre, nous nous rencontrons donc souvent et un jour je vois à ses côtés, cette femme…
Valmigot : je précise que cette première fois, j’ai pris un vent et comme excuse tu m’as dit que tu n’avais pas osé me parler. Tu parlais à Robert… Mais pas à moi !
Tu es parti et j’ai demandé à Robert qui tu étais…
Luc (qui rit). Bref Peut-être que je suis malpoli mais je crois surtout que je suis timide et respectueux. Je n’ose pas déranger et être le lourdaud.
Valmigot : En fait, c’est un sketch… Duo !
Robert : Moi, j’aime bien faire rencontrer les gens et je pensais qu’il serait intéressant qu’ils se connaissent.
La toile était-elle déjà faite ?
Luc. Non. Nous avons eu l’occasion de nous retrouver l’an dernier lors de la venue d’ Emmanuelle Béart. Je  trouve que Valmigot met du sens dans son travail, il y a chez elle une grande intelligence et pour l’affiche de cette année j’ai immédiatement pensé à elle après avoir vu son travail.
Valmigot : Je pense que nous sommes dans une chronologie linéaire dans laquelle on ne peut revenir en arrière. Il faut faire avec ce qu’on a fait, recueillir de la sagesse. Je suis dans l’idée du bonheur. J’aime sentir l’humain. On a tous été fracassé un jour mais il faut garder l’espoir chevillé au corps et voir la beauté en chaque chose.
« L’art pour apaiser les blessures invisibles », tel pourrait être le point de départ de cette œuvre conçue comme un geste réparateur, un espace de reconnaissance pour celles et ceux dont les voix cherchent le voies d’accès de l’autre.

Et toi, Gabrielle… Pas encore fracassée j’espère ! Tu es arrivée comment sur ce festival ?
Ça s’est fait sous forme d’une discussion, Luc m’a proposé de venir et j’ai dit oui instantanément, naturellement Il m’a expliqué qu’il voulait mettre en valeur des femmes d’exception. J’étais à la fois surprise et ravie mais j’ai dit oui parce que je connaissais le festival, que l’on suit avec mon mari et je n’ai pas vraiment réfléchi. En tant que Miss Agricole, c’est évidemment pour la promouvoir mais en tant qu’agricultrice je représente aussi la femme en elle-même et c’est quelque chose que j’avais envie de soutenir. Et si je peux être sur des événements féminins, je trouve important d’y être. Pour aussi un peu casser les clichés de l’agricultrice qui a toujours la tête dans les champs. Je veux montrer que je m’intéresse à beaucoup d’autres choses ».
Voilà ce qu’on pouvait dévoiler de cette première rencontre… Qui sera suivie d’autres rencontres pour dévoiler peu à peu ce festival qui mérite d’être suivi et le faire développer, tant aussi qu’aujourd’hui maintenir un festival n’est pas de tout repos…N’est-ce pas Luc ?
Luc qui est passionné et se donne pour qu’un tel festival puisse continuer son chemin avec de beaux films et de belles rencontres dont la femme est le centre de la manifestation.
A suivre, donc !

Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta

Mes belles rencontres avec Claudia CARDINALE

Nous sommes en janvier 77 et je suis au MIDEM à Cannes.
J’apprends que Claudia Cardinale et Michel Piccoli tournent à la Victorine, à Nice, « La petite fille de velours bleu » d’Alan Bridges.
Tout à mon festival je me renseigne quand même et je finis par avoir, par les studios, l’adresse de son hôtel… à Cannes.
On est à la fin du MIDEM, je rentre chez moi et j’appelle aussitôt l’hôtel en demandant le secrétariat de la star. Quelques secondes plus tard j’entends un « allo », je me présente et demande si je peux lui parler. Et la réponse me coupe la respiration : « C’est moi ! ».
Je n’osais croire avoir si vite et en direct, une artiste internationale alors qu’avec les Français c’est difficile !
Et la réponse est encore plus incroyable : « Vous savez, je tourne toute la journée et le soir je suis fatiguée. Mais j’ai un jour de relâche et si vous êtes libre, pourquoi pas ? »
Et comment, je suis libre !
Le rendez-vous est pris et nous partons, ma femme et moi, à la rencontre d’une des plus grandes actrices du monde. Arrivés à l’hôtel, je me présente à l’accueil et on me répond aussitôt qu’on est au courant et qu’on l’avertit.

deuxième rencontre à Nice
quatrième rencontre à Cannes

Cinq minutes plus tard, la voici qui sort de l’ascenseur, sourire éblouissant, chevelure toute frisée, lunettes de soleil et on s’installe dans un coin discret du bar, à l’abri des regards.
Je lui présente ma femme, lui précise que sa famille est italienne et que, comme elle, elle vient d’avoir un enfant. Julien pour le nôtre, Claudia pour la sienne.
Et voilà qu’elle commence à parler, mi-français, mi-italien , couches, biberons et autres… Et moi qui suis là pour interviewer ma première grande star !
Nous passons deux heures avec la plus simple et la plus sympathique des femmes qui nous avoue, que je suis étonné d’avoir pu la contacter aussi facilement alors qu’il faut souvent passer par plein de gens afin d’atteindre une artiste loin de son envergure !
Elle rit et me dit qu’elle en a eu asse d’être traitée comme un objet avec cinquante personnes autour d’elle et la mettre dans une bulle où elle ne peut rien faire d’elle-même. Elle a donc tout envoyé balader et c’est elle qui décide de tout.
Bref, deux belles heures exceptionnelles… Mais qui ne le seront pas tant, même si ce ne sera que vingt ans après. Un jour, l’attachée de presse du Palais des Festival de Cannes avec qui je travaille, m’invite à une grande exposition en hommage à Claudia. Des photos signées Chiara Samugheo, une italienne qui vit à Nice et qui fut photographe de plateau à Hollywood, à Cinecitta et est devenue la photographe officielle et amie de Claudia.
Me revoici donc à Cannes où tout le gratin cannois est de sortie. Chiara est déjà là et l’on attend Claudia qui arrive de Paris… Et qui a raté l’avion.
En attendant, on visite l’expo qui est absolument magnifique et je peux bavarder avec Chiara qui m’invite à venir un jour voir ses photos entassées chez elle. Ce que je ferai. Plus tard.

première rencontre à Nice
deuxième rencontre à Nice

Le cocktail est près de se terminer, sans Claudia et tout ce beau monde s’éparpille.
Au moment où les derniers invités partent, Claudia arrive, belle comme toujours et on a la chance de pouvoir revisiter l’expo en buvant du champagne. Tous les journalistes sont partis, sauf un italien et moi et nous sommes invités au repas intime qui suit. La soirée est belle, pleine de charme et de rires et je lui rappelle notre première rencontre. Elle se souvient de nos bébés et me dit : « Vous auriez dû venir avec votre femme, on aurait pu parler de nos enfants qui ont bien grandi ! »
A quelques temps de là, Chiara nous invite chez elle et là… C’est la caverne d’Ali Baba car, si Claudia est en bonne place, on retrouve Fellini et Hitchcock, Gary Cooper et Anna Magnani, Cary Grant et Grâce Kelly… Il y en a des centaines !
Nous occupant du festival du premier film de la Ciotat, je lui propose de faire partie de notre jury  de 2006 et d’organiser une exposition. Elle est d’accord pour l’expo de Claudia qui, hélas ne pourra venir à cause d’un tournage.
C’est à cette époque que l’Eden, premier cinéma du monde, rénové, va rouvrir ses portes et on cherche une marraine. Je propose Claudia, qui m’a donné ses coordonnées et qui accepte. Mais il lui est difficile de se déplacer, toujours entre deux films, et nous propose que toute l’équipe du festival vienne la voir au Festival de Cannes.
Et nous voilà tous partis à Cannes où elle nous reçoit en toute simplicité autour d’un cocktail fort sympathique.
Nous ne nous sommes, hélas, plus revus mais de temps en temps je l’appelais et elle m’avait donné le téléphone de sa fille Claudia, au cas où nous aurions besoin de quelque chose, si elle n’était pas joignable.
Aujourd’hui elle a disparu et je garde le souvenir d’une étoile lumineuse et sublime de simplicité, malgré le statut de star dont elle ne voulait plus entendre parler.

Jacques Brachet

Au Six N’Etoiles, des filles, du désir, du plaisir !

Yasmine (Leïla Haïdour) vit une histoire d’amour avec Omar (Housam Mohamed). Ils vivent à Marseille et travaillent avec une équipe dans un centre aéré. Une bande de jeunes qui aide les jeunes à s’insérer dans la vie et qui ont tous une idée bien précise des femmes : Ou on les b…se ou on les épouse.
Omar veut épouser Yasmine qui, à 17 ans, sort à peine de l’adolescence. La mère d’Omar met Yasmine en garde, évoquant son rôle de femme et ses obligations alors qu’elle n’a encore rien vécu.
Arrive Carmen (Lou Anna Hamon), qui revient chez elle après s’être prostituée quelques années, qui veut changer de vie et qui retrouve Omar avec qui elle était très liée.
Qu’adviendra-t-il du couple à l’arrivée de « l’intruse » ?  Yasmine va ouvrir les yeux et peut-être que sa vie va changer.
Prïncia Car, la réalisatrice pose un regard à la fois  lucide et émouvant sur cette équipe de jeunes qui essaie de s’en sortir alors qu’au départ, ils n’ont rien pour le faire. Malgré leurs airs bravaches, ils sont plein d’incertitudes, d’envies, de questionnements qu’ils cachent derrière cette façade. Surtout les hommes qui jouent les gros machos !
Et leurs idées bien arrêtées sur les femmes, viennent de vieilles traditions : Où l’on est celle avec qui l’on couche et celle qui va être la femme au foyer avec tout ce que ça comporte de servitudes, d’aliénation, à l’homme.
Avec le retour de Carmen, Omar et Yasmine vont se remettre en question et leur vie va en être perturbée.
Prïncia, et sa coscénariste Léna Mardi, signent là un film très actuel qui se passe dans les quartiers Nord de Marseille ? Prïncia les connaît bien pour y avoir vécu, Léna, la parisienne du groupe, moins, mais s’est vite insérée au groupe.
C’est un premier film et bing… Le voici au festival de Cannes où il a esprits. Avec d’autant plus de bonheur qu’il n’y a aucun professionnel au générique ! ET tous s’en sortent formidablement bien.
Une fois de plus l’événement vient du Six N’Etoiles qui reçoit la réalisatrice, la coscénariste et la révélation du film Leïla Haïdour. Trois femmes magnifiques qui ont fait un peu l’ouverture du festival « Femmes », qui se déroulera du 29 octobre au 23 novembre dans la région et donc à Six-Fours. Du coup, une partie de l’équipe, Luc Patentreger le président en tête, était venue saluer nos trois invitées.

« Prîncia, c’est votre premier film. Comment êtes-vous venue au cinéma ?
J’ai grandi avec des parents qui avaient une compagnie théâtrale. Mon père est metteur en scène, ma mère comédienne. J’y suis donc née dedans, je les ai toujours suivis dans leurs processus de création. Ils adaptaient, ils créaient des pièces, j’ai appris tous les métiers du théâtre, de l’écriture aux décors, de la mise en scène aux recherches de costumes, de rôles… J’ai donc eu la chance d’avoir naturellement une formation artistique, entre autres aux jeux d’acteurs. Parallèlement, j’ai fait des études littéraires mais je ne savais pas trop quoi faire. Et c’est mon père qui m’a conseillé d’entrer dans une école de cinéma. Il a eu une espèce d’intuition et lorsqu’on a la chance de naître dans une famille d’artistes, c’est presque naturel de suivre le mouvement. J’ai donc fait une école de cinéma en Belgique, à Paris. Au départ, je savais que je voulais mettre en scène et raconter des histoires, mais, venant du théâtre,  pas particulièrement au cinéma.
Et ce retour à Marseille ?
Je suis revenue chez moi et l’on m’a proposé d’animer un atelier de lecture-écriture par hasard, dans les quartiers Nord. Ils étaient une quinzaine de jeunes avec un éducateur qui un jour a disparu. Le but du jeu : On avait trois mois, à raison de deux heures par semaine, pour faire un film ensemble sans vraiment un budget. Je me suis servi de mon bagage théâtral, je leur ai proposé d’inventer de petites histoires, de faire des improvisations que je filmais. C’est comme ça qu’on a créé un premier film « Barcelona », qui a été sélectionné en compétition nationale à Clermont-Ferrand. A partir de là, nous avons décidé de faire d’autres films ensemble, nous avons créé une école alternative de cours du soir, nous avons fait une dizaine de courts métrages jusqu’au jour où nous avons décidé d’écrire un long métrage.. C’est là que Léna la parisienne est arrivée, elle a été séduite par cette boule d’énergie qui régnait dans le groupe, elle nous a permis de prendre du recul, ne nous structurer, de nous ramener dans la fiction pure, de faire des choix. Ensemble nous avons écrit la trame du scénario, les dialogues qu’on leur faisait jouer pour voir si ça fonctionnait.
Donc, grosse aventure collective depuis dix ans qui se poursuit… au festival de Cannes !
C’est énorme, pour un film dans lequel il n’y a aucun professionnel !
Lorsque nous avons appris que nous allions à Cannes, c’était un rêve et nous y croyions sans vraiment y croire. Il y beaucoup de films qui y vont mais avec des professionnels et nous, au départ, n’avions pas beaucoup de chance.
Nous allons y revenir mais avant, Léna, comment êtes-vous arrivée à vous immiscer dans ce groupe ?
En fait, avec Prïncia, nous nous sommes rencontrées, lors de sa venue à Paris où nous faisions chacune des stages. J’étais à l’école de la FEMIS en scénario. Nous sommes devenues amies, j’ai visionné leurs courts métrages mais au départ j’étais là en observatrice, en conseillère et puis tout s’est développé et je suis entrée dans l’équipe.
Prîncia, comment arrive-t-on à monter un film sans connaissances, sans argent et avec des amateurs ?
Plein de gens nous ont dit que ce serait très difficile, presque impossible. Mais nous avons rencontré une productrice de génie qui a décidé de défendre notre scénario. En quelques mois, elle a réussi à le produire. En fait, tout s’est aligné avec une sorte de facilité. Nous avons  aussi été soutenus par la Région Sud. Nous avons eu beaucoup de chance. Même si c’est un film 100% marseillais, il y avait peu de premiers films marseillais et puis la prod est parisienne.

Revenons à Cannes ! Lorsqu’on vous annonce que le film y est sélectionné…
Je l’ai appris dans le train. Nous attendions le verdict mais nous avons eu du mal à réaliser, j’ai appelé tout le monde et tout le monde a pleuré de savoir qu’on était sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs. Nous y avons été très bien accueillis et comme nous avions une super attachée de presse, Lou Blum… Nous avons pu monter les marches ! C’est quelque chose !
Alors Leïla, parlez-nous de votre aventure ?
Lorsque Prïncia a commencé à écrire le scénario, on savait de quoi le film allait parler car nous en avions discuté avec toute l’équipe. Un jour on voit placardé au mur cinq personnages avec des prénoms, aucune  caractéristique physique et elle nous dit : « J’ai mis ça au hasard ». On se regarde tous et on commence à se demander si on est dans les cinq mais… Elle, elle le savait déjà ! Il n’y a que le personnage de Carmen qui, au départ devait être joué par Malou Khebizi qui faisait partie de notre équipe,* mais elle était  en promo de »Diamant brut » et devait poursuivre sur la série  « Millionnaire » et c’est Lou Anna Hamon qui a eu le rôle. Avec elle, j’ai beaucoup travaillé car nous avions des scènes ensemble.
Comment travaille-ton à deux sur un scénario ?
Prïncia : Cela fait très longtemps qu’on travaille ensemble, nous avons appris à nous apprivoiser en faisant des ateliers et nous travaillons ensemble avec une grande facilité, c’est en fait un travail « en famille », on se comprend très vite sans avoir besoin de beaucoup parler.
Léna : Même si on a beaucoup tâtonné au départ, à savoir ce qu’on devait écrire entre la fiction et le vécu de ces jeunes, car il y a beaucoup d’eux dans le film. On a essayé beaucoup de pistes. Il y a aussi toute une notion d’imprévu qui va donner une direction différente. C’était très intéressant. En fait c’est un peu l’histoire de notre groupe. C’est un sujet sociétal.

comédienne ?
Déjà, l’envie de faire mon métier n’est venue que très tard : Au moment du tournage seulement. Avant ça, ce n’était que pour le plaisir. C’est vrai que j’ai réalisé assez tard que j’aimais jouer. Avant ça, même lorsqu’on a tourné « Barcelona », ce que j’aimais alors c’était l’ambiance d’un tournage, le fait qu’on était tous ensemble, en train de réaliser quelque chose avec les potes. C’était aussi agréable que lorsqu’on allait tous à la plage ! Je n’avais pas capté qu’en fait, j’aimais jouer Je l’ai compris plus tard sur le tournage d’un clip où j’avais beaucoup plus de jeu, des scènes basées sur moi et je me suis rendu compte que j’aimais trop ça, malgré la pression avec les gens qui me regardaient. J’aimais que ça dépende de moi et j’ai kiffé ! Au moment du tournage du film j’ai compris que ce n’était pas qu’un plaisir mais que c’était ça que je voulais faire toute ma vie ! »

Voilà comment se créent des vocations : Grâce à une réalisatrice pleine d’énergie et de passion, et surtout grâce à une poignée de jeunes talentueux qui, pour leur premier « vrai »« rôle, ont prouvé qu’ils pouvaient aller plus. La preuve : Un nouveau film se dessine, avec exactement la même équipe… Et toujours à Marseille !
On attend donc la suite !

Propos recueillis par Jacques Brachet
Malou Khebizi a reçu le prix d’interprétation féminine l’an dernier au festival « Femmes »

l’équipe du festival « Femmes ! », nos trois artistes et Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles

Idir AZOUGLI, le loser Magnifique !

Ils sont deux copains inséparables : Mika (Paul Kircher) qui travaille à mi-temps dans un fast food et Dan (Idir Azougli), un électron libre, incontrôlable, qui vit de petits larcins, tous deux adicts à l’alcool, au cannabis, à la fête. Ils ont un rêve : partir à la Réunion pour s’occuper d’animaux maltraités.
Mais le rêve est loin de la réalité et une nuit tout déraille. Après le vol d’un chat très rare, ils sont poursuivis, ont un accident, perdent le chat, la voiture et le permis de Mika. Ils risquent la prison mais la justice leur donne six mois pour arrêter drogue, alcool, trouver un boulot table.
Ils se font embaucher par un copain de ripaille, Tony (Salif Cissé) qui travaille à la construction de poubelles nucléaires. Arriveront-ils à s’en sortir et à réaliser leur rêve ?
C’est le nouveau film d’Hubert Charuel (Petit paysan) et Claude Lepape.
Un film poignant et très actuel sur ces jeunes qui dérivent, entraînés dans un cercle infernal de drogue et d’alcool et ont bien du mal à s’en sortir. Deux comédiens tiennent ce film à bout de bras : Idir Azougli, loser intégral qui ne fait rien pour s’en sortir sinon rêver de son voyage, Mika qui lui, est plus stable et va tout faire pour s’en sortir mais a du mal à sortir son ami hors de l’eau.
Présenté à Cannes, l’équipe a eu une standing ovation très méritée tant le film vous prend les tripes à voir ces jeunes tenter de ne pas se noyer dans un monde de plus en plus difficile.
Et le film est venu se poser au Six N’Etoiles grâce à deux femmes qui ne sont pas restées insensibles à celui-ci en le découvrant à Cannes : Noémie Dumas, directrice du cinéma et Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », avec en prime, la venue d’Idir Azougli, qu’on avait déjà pu voir dans « Shéhérazade » et « Diamant brut ».
Un garçon d’une belle simplicité, qui vit le rêve de sa vie en devenant acteur mais qui garde la tête sur les épaules tant il sait qu’on doit remettre le couvert après chaque film. Mais aujourd’hui, il nous fait partager sa joie et l’on a découvert un comédien et un homme magnifique, loin du loser qu’il joue dans le film avec une vérité extraordinaire.

« Idir, comment êtes-vous arrivé sur ce film ?
Tout simplement par un casting classique une première fois puis une seconde fois qui a été décisive… Et j’ai été pris !
Pour le rôle de Dan ?
Au départ oui, puis on a essayé ailleurs mais le réalisateur voulait que je fasse Dan dès le départ. Et moi aussi car c’est un personnage-clé dans le film et parce que c’était pour moi un rôle nécessaire.
C’est un rôle moins intériorisé que Mika ! Peut-être plus intéressant pour vous ?
Oui, je l’ai choisi comme ça car le rôle peut aussi parler à des jeunes qui tombent dans cette maladie car pour moi, l’alcoolisme est une maladie. Mais les deux se complètent car, même si Mika est plus jeune que Dan, il est un peu le grand frère et c’était intéressant de l’aborder ainsi.
C’est vrai qu’entre vous deux, il y a une véritable alchimie… Vous vous connaissiez avant le film ?
Non, nous ne nous connaissions pas mais ce qui a été bien c’est que, chose rare, le réalisateur a mis un point d’honneur sur les répétitions, pour apprendre à se connaître, se toucher, manger ensemble un hamburger, discuter et tout naturellement, on a commencé à se kiffer dans des moments de vie naturels. C’est ce qu’on retrouve dans le film. D’ailleurs, aujourd’hui, nous sommes restés amis. On se voit quasiment tout le temps !
C’est un rôle énergique. N’a-t-il pas été trop épuisant ?
C’était épuisant, bien sûr, mais c’était une bonne fatigue ! C’était d’ailleurs plus épuisant mentalement car lorsque je prends un rôle, je prends le corps, l’âme. J’ai été Dan durant trente jours et même quinze jours après le tournage… Sans l’alcool, bien sûr !
Il a envie de se sortir de tout ça mais n’en a pas la volonté.
Vous êtes un loser intégral : drogue, alcool, vols… Difficile à jouer ?
(Il rit) Non, c’est plus technique peut-être et puis il faut aussi chercher dans le passé de certaines personnes que j’ai pu côtoyer. Alors, c’est quelquefois, c’est un peu dur à jouer mais je suis content du résultat. Je me dis que c’est un film qui va parler aux gens, que même, peut-être, ça va en sauver quelques-uns.
Ensemble ils se détruisent et il faut qu’ils se séparent…
Exactement. On a souvent eu quelqu’un qu’on aime mais à un moment, chacun doit choisir son camp, même si chacun pensera toujours à l’autre.
Mika est quand même patient car Dan est parfois insupportable !
C’est vrai mais c’est l’amour, l’amitié qu’ils ont l’un vers l’autre qui fait que Mika pense qu’ils vont s’en sortir ensemble, même s’il se rend compte de la façon que Dan a de réagir et que ça va être difficile. Mais il a toujours espoir. Souvent, même les amis sont obligés de couper les ponts car l’un entraîne l’autre. J’ai vécu ça et même si j’aime encore certaines personnes, j’ai dû être obligé de ne plus se voir.
C’est d’ailleurs une question de survie pour Mika…
Je pense que chez Dan, il y a un déni et l’alcool c’est sa cachette. Il pense qu’il peut s’en sortir comme Mika mais la vie et l’environnement font qu’il n’y croit pas lui-même et se dit qu’autant qu’il vive comme ça, même si malgré tout il a des rêves. Il veut vraiment partir à la Réunion, mais le problème est qu’il est déjà bien dans le trou.
On ne dévoilera pas la fin du film mais elle est ouverte…
C’est vrai et je pense que c’est le public qui va s’imaginer, choisir sa fin.

Comment avez-vous travaillé avec Albert Charuel ?
La chance qu’on a eue c’est d’avoir pu avoir ces répétitions avec lui qui était toujours présent. C’est un réalisateur qui aime ses acteurs, ce qui n’a pas toujours été évident en sept ans de métier. Il faisait en sorte de nous épargner tous les problèmes qui pouvaient y avoir sur le tournage. La chose la plus importante pour lui était ses acteurs. Il a vraiment un très grand amour pour eux.
Est-ce qu’il y a eu des scènes d’improvisation ?
Tout était écrit, il n’y a pas eu d’improvisation au niveau du texte, mais quelquefois il y a eu  des improvisations au niveau des émotions. On prenait vraiment le temps, on a répété deux semaines sur les décors différents afin de voir comment bouger, comment réagir.
Justement dans cet huis clos où se passent les scènes dans votre appartement, cela semble étroit.
Oui, c’était un peu étouffant, éprouvant même, mais c’était nécessaire car ça ajoute à la dramatisation.
Parlons du chat… Comment a-t-il joué ???
(Rires) D’abord c’est une chatte qui s’appelle Ruby, c’est une vraie chatte de concours de beauté. C’était vraiment une actrice, elle était concentrée, elle était pro, elle n’avait pas peur du tout. Il y a juste eu une petite galère car à un moment elle ne voulait pas sauter mais elle était d’une douceur incroyable et malgré tous les poils qu’elle a, elle n’en perdait pas beaucoup. C’est pour moi une très belle et bonne actrice !
Il y a aussi le troisième larron, Tony, qui va vous donner du travail avec tout de même un danger… Et peu d’argent !
Nous avons appris à nous connaître avant le film car il travaillait dans une radio, « Mouv » et j’ai fait une interview avec lui  avant le tournage ! C’était assez drôle. Il a lui aussi un joli rôle, surtout vers la fin car, même si celui-ci est un peu ambigu, il se dévoile dans cette scène au fast food qui est une des plus émouvantes du film, je pense. Il a mis des années pour arriver où il en est et c’est pour lui un peu compliqué car il sait qu’il fait un boulot qui n’est pas propre.

Pourquoi le titre du film « Météors » ?
A la base, je pense que le réalisateur devait faire un film sur les météorites. Au fil du temps le sujet a totalement changé. Il faut dire que dans la Haute Marne où nous avons tourné, il y a une bière qui cartonne qui s’appelle « Météor ». Du coup il a gardé le titre et l’un des producteurs du film et… La bière  qu’on y voit et qu’on boit ! Mais ça ne nous a pas donné la pression !!!
Comment êtes-vous venu au cinéma ?
En fait, c’est le cinéma qui est venu à moi, j’ai eu un casting sauvage dans la rue pour le film « Shéhérazade », qui a fait un carton, a eu trois César et en voyant tout ça, je me suis dit  que c’était peut-être la seule chose que je sache faire ! Je me suis lancé.
J’ai eu des périodes creuses car après « Shéhérazade » où j’avais un rôle marseillais, je me suis demandé si d’autres réalisateurs feraient appel à moi. Entrer dans le cinéma, c’est facile mais ça devient plus difficile après. J’ai eu quelques périodes de doutes. Comment garder mon authenticité en effaçant mon accent ? Et puis j’ai commencé à passer des castings et au final ça a marché. Pourtant je me dis, après chaque film, que ça peut être le dernier. Mais pour le moment, ça va ! »
Le film a été très bien accueilli à Cannes…
Ca fait chaud au cœur et j’en ai pleuré lorsque j’ai vu la salle debout qui applaudissait. Quand un réalisateur américain comme James Franco vient vous féliciter et vous fait un câlin, ça fait du bien ! Même si ça n’est pas que la première fois que je viens à Cannes, hors compet’, en sélection officielle, à la quinzaine, j’ai fait « Un certain regard avec « Météors ». Tout ça donne la motivation de continuer.
Et monter les marches ?
Quand on voit des gens comme Léonardo di Caprio les monter, on se dit « Pourquoi moi ? »
Mais justement, ça m’a très vite fait basculer dans l’idée que je devais faire attention, car rien n’est acquis, rien ne sera jamais acquis. Il faut sans arrêt se remettre en jeu. »

Un mec qui a la tête sur les épaules mais qui, pour l’instant, a le vent en poupe puisqu’en début d’année il reprend le rôle d’une série d’Olivier Marchal qui a cartonné « Pax Massilia », qu’il va tourner un long métrage avec le réalisateur belge Fabrice de Welz et il y en a un autre en projet mais c’est top secret !
Il faudra attendre !
Propos recueillis par Jacques Brachet