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Marseille – Théâtre Toursky
Richard MARTIN nous aquittés mais l’aventure continue


Il nous a quittés le 16 octobre, suite à une longue maladie.
Richard Martin était un homme on ne peut plus chaleureux, sympathique et passionné. Une grande gueule au cœur tendre.
Comédien et directeur du théâtre Toursky c’était un homme volubile, plein d’humanité dont la passion pour la culture, le théâtre et les gens était sans bornes. Il a passé sa vie à se battre pour eux et entre autres pour ce théâtre qu’il a créé voici plus de cinquante ans, il n’a jamais baissé les bras, il a su élever la voix malgré les coups bas, les baisses de subventions quand ce n’était pas leur suppression pures et simples pour des excuses fallacieuses.
Bref, Richard a toujours été un battant jusqu’à faire des grèves de la faim pour sauver ce superbe espace de culture et de convivialité qui possède trois salles de spectacles et des tas de petits lieux intimes où l’on peut se rencontrer, discuter, boire un coup ou manger. Un vrai lieu de vie qui était à son image.
Son histoire est une véritable épopée qu’il m’a un jour racontée avec humour, tendresse, amour et émotion… Et surtout une volubilité qu’on avait du mal à endiguer !
«C’est vrai – me disait-il dans un de ces petits coins de prédilection en toute intimité – que c’est une longue histoire qui commence à Nice où je suis né, qui continue à Paris pour aboutir à Marseille que je n’ai plus quittée, qui est devenue ma ville, mon pays.
Au départ, mon destin était d’être peintre. A 15 ans je voulais peindre mais au vu des résultats, j’ai très vite compris qu’il fallait prendre un autre chemin. Étant un homme très excessif, j’ai tout laissé tomber et j’ai donc décidé de faire du théâtre. Et comme j’étais un jeune con, (Heureusement la pierre s’est taillée depuis !) je décidai qu’il n’y avait qu’à Paris qu’on pouvait faire le saltimbanque.

Mon père avait fini par dire oui alors que j’avais 18 ans et que la majorité était à 21. Il pensait qu’en étant d’accord, je reviendrais vite au bercail ! Mais j’ai résisté, physiquement et moralement, j’ai commencé par être cascadeur. Le train, les voitures, les chevaux, les ailes d’un moulin, les sauts du haut d’une tour, j’ai été raseteur… J’ai tout fait, j’étais fou. Puis j’ai rencontré Robert Lamoureux, Robert Murzeau, alors de grands comédiens. Murzeau était un vrai humaniste qui m’a beaucoup aidé.
J’ai très vite travaillé dans le théâtre de boulevard. Sans être célèbre je gagnais bien ma vie, surtout que je n’avais pas fait de conservatoire. Mais j’ai très vite compris que c’était une situation de facilité car ce n’était pas le théâtre «sensible» que j’avais envie de faire.
Je l’ai donc quitté pour passer sur la rive gauche où j’ai découvert ce théâtre, même s’il était loin d’être aussi populaire et s’il fallait ramer pour travailler. J’ai même couché sous les ponts !
C’était à quelle époque ?
On n’était pas loin de mai 68 et bien évidemment j’y ai participé. On a occupé l’Odéon où comme les autres, j’ai fait de la résistance «poétique», où j’ai découvert la fraternité… Mais aussi bon nombre de comédiens qui prônaient des convictions qui n’étaient pas les leurs… et qu’ils ont vite abandonnées dès les événements passés !
Mais j’ai compris qu’il fallait que je me batte pour que le théâtre soit pour tout le monde et non pas, comme je le voyais, simplement pour «des privilégiés». Mots que j’ai d’ailleurs retrouvés à Marseille plus tard.

Marseille, justement… Le Toursky
Un jour, dans le quartier de la Belle de Mai, je découvre une sorte de hangar désaffecté et j’ai tout de suite vu ce que je pouvais en faire. Je suis allé voir Gaston Defferre alors maire de Marseille, qui a accepté de me le confier. Il y avait du travail et j’investissais tout ce que je gagnais comme comédien dans ce lieu que j’avais fait insonoriser avec 5000 boîtes d’œufs !
Le jour de l’inauguration un grand poète est mort  Alexandre Toursky. Le soir même j’apposais son nom sur le théâtre.
Savais-tu alors ce que tu voulais en faire ?
Oui. Je voulais travailler avec tous les pays de Méditerranée, proposer du vrai théâtre, de la vraie poésie, de la vraie chanson française. Un copain m’a alors présenté Léo Ferré. De ce jour on ne s’est plus quitté, il a été en quelque sorte le parrain du théâtre où il est venu souvent et où nous avons créé «L’opéra des rats». Sont alors venus Nougaro, Moustaki, Barbara et quelques autres.
Mon objectif aussi était de faire un haut lieu de la culture dans le quartier le plus misérable de Marseille et lui redonner une virginité.
Ça ne s’est pas fait sans mal mais ça va faire 50 ans l’an prochain que ça existe et que ça perdure. C’est devenu un lieu populaire, une belle aventure humaine, théâtrale, citoyenne, un lieu ouvert à tous à qui on propose des spectacles, de la danse, du théâtre, de la musique, des expos, des ateliers, des conférences, des rencontre et même un festival russe qui fête ses 25 ans et est devenu le plus important d’Europe. Nous travaillons avec tous les pays de Méditerranée et le Toursky rayonne partout à travers cette aventure. Nous réunissons quelque 70.000 spectateurs par an.

Mais ça n’a pas été un long fleuve tranquille…
Jamais, même aujourd’hui où je viens encore de faire une grève de la faim pour que la ville me redonne notre subvention. Tout le temps tout est remis en question parce que je gêne certainement quelques personnes. Mais c’est un lieu de culture et de fraternité qui a vu passer tous les artistes du monde. Mon travail est de rester un donneur d’alarme»

Ce jour-là nus nous sommes quittés en nous claquant trois bises. Surpris je lui demande pourquoi, moi qui, Ardéchois en ai l’habitude… Réponse claire : « Liberté, égalité, fraternité » !
De la fraternité, il y en a eu beaucoup ce jour-là… Et plein d’autres jours !
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Frédéric ANDRAU : Un comédien guidé par le hasard


1987. Frédéric Andrau va jouer « par hasard » son premier rôle au Revest. Il sera Roméo dans Roméo et Juliette » de Shakespeare.
De ce jour il n’arrêtera pas entre théâtre, cinéma, télévision, mise en scène…
C’est cette année-là que nous nous sommes connus car je connaissais déjà sa maman qui œuvrait pour Amnesty International.
J’ai donc suivi sa carrière qui pourtant n’avait pas débuté à Toulon mais… à Budapest !
Eh oui, moi qui connaissais tout de lui, j’étais sûr que c’était un Toulonnais pure souche !
Il rit de cette découverte alors qu’il répète à l’Espace Comédia, où il a souvent joué, la pièce de Diastème « Geli » en compagnie de la belle Alienor de la Gorce.

« C’est – me confie-t-il – une pièce que j’ai jouée au festival d’Avignon. Geli était la nièce d’Hitler, qui s’est officiellement suicidée en 1931.Un auteur va essayer d’élucider ce mystère et se met à parler avec elle. Il fouille toutes les pistes avec elle, chacun va apporter quelque chose à l’autre. Lui va la faire exister, elle va l’accompagner.  En essayant de comprendre, il va comprendre des choses sur lui. C’est le directeur du Comédia André Neyton qui a voulu que je vienne jouer cette pièce chez lui. André qui est un ami, un fidèle et qui m’a accompagné sur plusieurs projets. Ici, je me sens chez moi. Puis nous reprendrons la pièce à la Manufacture des Abesses à Paris fin novembre »
C’est donc avec plaisir que je retrouve l’ami Fred dans ce théâtre où depuis des décennies, nous avons vécu et nous vivons toujours de bons moments.
Mais avant tout je veux découvrir les lieux de son enfance. Ce qui le fait rire.

« En fait je suis né en Allemagne, mon père était coopérant et professeur. Puis nous sommes partis en Tunisie, au Maroc et sommes restés sept ans à Budapest. C’est là que j’ai vécu ma première expérience cinématographique.
Raconte …
J’avais dix ans, le réalisateur Gazdaz Gyula tournait un film « Soyez les bienvenus » avec Laszlo Szabo, Bernadette et Pauline Laffont. Quelqu’un est venu à l’école demandant qui serait intéressé pour tourner dans un film. Spontanément j’ai dit « Moi ! ». Ça a été un hasard et surtout le moyen de sortir de l’école ! Je trouvais ça rigolo.
Tu avais déjà cette envie de jouer ?
Pas du tout ! J’étais très branché informatique, sciences physiques, maths… Et je voulais faire des études de commerce.
Et le théâtre alors ?
Je faisais des ateliers de théâtre et c’est à Toulon, où nous sommes venus juste après le tournage, que j’ai rencontré Jeanne Mathis qui faisait partie d’une compagnie « L’insolite traversée ». Ça a été le déclencheur : j’ai revendu mes ordis et j’ai décidé de faire du théâtre.
Et alors ?
Je me suis inscrit aux ateliers de Parvis Khazraï, puis au conservatoire de Toulon… où je n’ai pas fait long feu. Puis j’ai couru dans les pattes de Chateauvallon !  (Où il est venu quelques années plus tard jouer « Electre » de Sophocle avec Jane Birkin en 2006 – NDLA). J’avais une amie homonyme, Frédérique Andrau à qui je donnais des cours de math et de physique. Elle connaissait Cyril Grosse qui travaillait au théâtre du Revest et avait la compagnie « L’insolite traversée ». Hasard encore, je suis allé, sur son invitation, voir les répétitions de « Roméo et Juliette ». Il m’a proposé d’y jouer Benvolio. Puis il m’a demandé de jouer Roméo. C’est avec eux que j’ai vécu un moment le plus fort.
Il y a aussi la rencontre avec Diastème où, pour la seconde fois, j’ai eu cette sensation.

Comment s’est passée la rencontre ?
Encore par hasard ! Je passe un essai pour un de ses courts métrages qui, au départ, devait devenir un long métrage mais qui ne s’est pas fait. Il s’appelait « Même pas mal ». Alors il m’a proposé de jouer dans « La nuit du thermomètre ». Depuis, nous travaillons ensemble.
Combien as-tu fait de pièces avec lui ?
Beaucoup et des films aussi !
A propos, cinéma, télé ont suivi…
Le cinéma m’a fait beaucoup voyager en Corée, en Lituanie, en Suisse, en Irlande, en Inde. Ce sont de belles histoires, de beaux souvenirs. A la télé, j’ai fait quelques séries, j’ai aussi joué dans « Clémenceau », « La malédiction du lys, « L’accident »…
Qu’est-ce qui te plait dans le fait de jouer ?
De m’approprier des histoires qui ne sont pas les miennes, découvrir d’autres façons de penser, passer par un autre prisme que le mien, être en immersion dans un autre univers que le mien. Et au théâtre surtout, d’avoir le public en face. J’adore aussi faire de la mise en scène, construire un monde magique.
Tu as aussi mis en scène des opéras… Hasard encore ?
Oui ! Claude-Henri Bonnet, qui était alors le directeur de l’Opéra de Toulon, vient me voir jouer au Comédia « Un visible Théo » de Renaud le Bas. Il a été bouleversé. Il me propose alors de venir visiter l’Opéra. Ce jour-là soixante choristes répétaient sur scène. J’ai trouvé ça d’autant plus fabuleux qu’aujourd’hui on est souvent deux sur scène sans décor ! Il m’a alors proposé de mettre en scène un opéra. Je n’ai pas réfléchi, j’ai dit tout de suite oui, il m’a alors montré cinq opéras et m’a dit de choisir. J’ai choisi « L’enfance du Christ » un oratorio. Travailler avec un chœur a été quelque chose de fabuleux. Puis j’ai mis en scène « Lohengrin » et « Jules César ».

Alors, aujourd’hui, quel chemins prends-tu ?
J’ai joué « La malédiction du lys » de Philippe Niang qui est passé il y a quelques semaines à la télé. J’ai fait une petite participation dont je suis très fier dans le film de Vanessa Filho « Le consentement ». Nous nous étions connus sur « La paix dans le monde » de Diastème. J’ai participé à une série sur Coco Chanel « The New Look » avec Juliette Binoche. Je vais faire une tournée théâtrale avec « La brève liaison de maman » avec Francine Bergé que j’adore et qui joue ma mère.
Je vais aussi faire une tournée avec la pièce « Marion, 13 ans pour toujours » d’après le superbe roman de Nora Fraisse que j’ai mis en scène et qu’on a joué au festival d’Avignon. A chaque étape il y a des ateliers,  je vais dans une école pour parler du harcèlement scolaire car c’est un sujet important que notre pays ne considère pas assez et à qui on ne donne pas assez de moyens. Je rencontre beaucoup de jeunes et ce sont des rencontres très constructives.
Après ça… A quand des vacances à Toulon ?
 Il rit). Mais j’y suis !
Pour trois jours que tu passes au Comédia !
C’est toujours ça ! »


Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Sanary – Théâtre Galli : Zize se dédouble !


Zize du Panier est, ce qu’on appelle chez nous « Une cagole » qui fut en son temps Miss Marseille. Une femme à la voix qui porte, à l’accent à couper au couteau, un brin caractérielle, à l’humour corrosif n’épargnant personne.
Avec tous ses « atouts », elle est devenue une star : la Grâce Kelly de Marseille… Une lady loin d’être Gaga… Rien que ça !
Aujourd’hui elle fait des tournées internationales, plus dans le Midi qu’ailleurs et malgré tout cela, elle  est une femme seule, à peine divorcée, qui subit en plus, depuis quatre ans, son règlement climatique et biologique.
Du coup, elle cherche un majordome pour s’occuper d’elle et lui tenir compagnie.
Comme sorti d’une boîte, car elle n’a même pas eu le temps de poser une annonce, se présente Jacob, un brin farfelu, fan de la diva et qui profite qu’elle est en tournée pour prendre sa place, ses affaires, ses vêtements. Son rêve : devenir son sosie (en marseillais son sôsy !)

Ce qui met Zize, de retour de tournée, dans une rage folle, hallucinée de voir Jacob dans ses propres robes, dans lesquelles elle ne peut plus rentrer. Et du coup, appelle son producteur avec son téléphone à reconnaissance… anale !
De là, crises de colère, discussions à n’en plus finir, disputes « avé l’assent »… et beaucoup de crises de fous-rires qui ne sont pas dans le texte !
Cette pièce burlesque et truffée d’humour est signée Thierry Wilson… qui n’est autre que Zize dans la vraie vie. Alors qu’elle nous avait habitués à des « seule en scène », la voici encombrée d’un jacob dont elle pense qu’il a « un dérèglement de la fougasse » !
Jacob, c’est Didier Constant, personnage truculent qu’on a pu voir dans des choses plus sérieuses : Guitry, Pagnol, Feydeau, Beaumarchais et quelques grands noms du théâtre. Il a sévi au cinéma, dans des séries TV et là, il trouve un rôle incroyable de folie, d’énergie et forme avec notre Zize un duo digne de « La cage aux folles » où les répliques cinglent, pétillent d’humour et de jeux de mots quelquefois limite licencieux mais tellement drôles !

Tous deux se sont bien trouvés et le théâtre plein à craquer a ri et applaudi à tout rompre.
A noter que les costumes extravagants sont signés Mine Vergès, une grande parmi les grandes qui, depuis  60 ans, habille et déshabille tous les artistes du Moulin Rouge, mais aussi les artistes des shows Carpentier, Dalida, Nana Mouskouri, Mylène Farmer, Juliette Gréco, Line Renaud,  Joséphine Baker, Barbara dont j’ai eu la chance de découvrir la dernière robe qu’elle lui avait confectionné pour une rentrée qui n’a hélas pu se faire. Une très grande dame avec qui j’ai passé une journée de rêve au milieu de ses créations.
Et là, pour nos deux stars, elle leur a offert entre autre un costume de drag-queens incroyables. Qui ajoute au succès de ce nouveau spectacle drôle et chatoyant.
Didier et Thierry ont eu la gentillesse de nous recevoir avant le spectacle pour une petite séance photos, malgré un trac incroyable, le spectacle étant encore tout neuf et le trac était omniprésent.
Que vous dire de plus sinon que l’on a passé une soirée inoubliable.


Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Ghislaine LESEPT, alias Gigi…
Du rire jusqu’au bout des cheveux !


Ghislaine Lesept est un phénomène, une boule d’énergie et de gouaille provençale, avec de l’humour à revendre, ce qui prouve qu’on peut être belle et faire rire les gens.
Elle m’a toujours fait rire, ce qui n’empêche pas d’avoir ensemble des conversations sérieuses mais surtout amicales.
Elle vient à peine de terminer la tournée « Route 83 » qu’elle enchaîne déjà sur d’autres spectacles ! Et la voilà dans ce lieu magique qu’est Clairval à Carqueiranne où elle chauffé à bloc un amphi plein à craquer. Et on avait besoin de chaleur car, malgré la fin août, il faisait frisquet !
Arrivée vers 17 heures, elle va tout étudier du lieu, se faire du soucis pour le vent qui pourrait faire tomber les décors et surtout répéter, avec un débit de mitraillette, le spectacle du soir : « Gigi vous décape la tignasse ».
Le public aussi, elle l’a décapé, avec une voix tonitruante, un à-propos incroyable, même lorsque la sono fait des siennes et qu’elle retourne la situation devant un public hilare  Même lorsqu’elle prend des gens dans le public qui au départ se méfient mais qui très vite entrent dans le jeu !
Mais avant le spectacle, on se retrouve dans l’intimité de la loge pour faire un peu le point car depuis le covid on ne s’était pas revu.

« Gigi, tu viens de terminer une longue tournée avec « La route 83 »…
En fait, pas si longue que ça ! Longue dans la durée puisque ça s’est passé sur deux mois mais avec seulement 12dates alors qu’avant, ce genre de tournées en faisait 40. Manque d’argent des mairies ?  Public qui a changé ses habitudes ? Malgré tout, tout s’est très bien passé pour moi.
Mais tu n’as pas perdu de temps puisque tu es déjà sur scène !
Oui, j’ai repris ce spectacle que j’ai joué en tournée un peu tronqué. Du coup c’est pour ça que tu m’as vu répéter d’un bout à l’autre pour me le remémorer, me le remettre en bouche. Je le reprendrai aussi au Théâtre de la Porte d’Italie le vendredi 23 octobre, ainsi que « Noces de rouille, les débuts de l’embrouille » les 29 et 30 décembre. Avec aussi d’autres dates car on continue à me les demander.
Et puis, entretemps j’ai écrit un nouveau spectacle que je jouerai, toujours à la Porte d’Italie, du 17 au 19 novembre.
Parle-moi de ce spectacle.

Il s’intitule « Fromage de chèvre sauce thaï ». Je ne l’ai joué que trois fois au mois de juin et ça été un gros succès. D’habitude je joue avec Fabrice Schewingrober, mon éternel Jeannot marchand d’olive, qui joue mon mari. Mais là je vais jouer avec Mickaël Coinsin qui sera mon fils.

Qui est-il ?
J’ai connu Mickaël à travers les spectacles qu’il est venu jouer au Théâtre de la Porte d’Italie.  Je l’ai remarqué car il est un excellent comédien qui possède un vrai sens du comique et un sens du rythme incroyables. Plusieurs fois je me suis dit « J’aimerais jouer avec lui ». J’ai fini par lui demander si ça l’intéresserait. Il me répond qu’il a vu et aimé tous mes spectacles et qu’il rêve de jouer avec moi. Tu parles que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !
Un jour je l’appelle et je lui demande s’il aimerait être mon fils. Je savais qu’il jouait dans plusieurs compagnies mais il me répond : « Si tu veux de moi, j’arrête tout et je viens ! »
Je me suis empressée de lui envoyer le texte qu’il a adoré  en me disant que c’était le rôle de sa vie. Il avait tout compris de ce que je voulais faire passer. Et on l’a créée au Colbert à Toulon. A la fin du spectacle, la directrice me dit « J’étais très émue, ça m’a fait penser à « Jean de Florette ». Tu imagines comme j’étais heureuse !
« Jean de Florette », c’est un beau compliment mais ce n’est pas que comique !
C’est exactement le cas de cette pièce…
Raconte.
Je dois partir en Thaïlande avec Jeannot, mon mari mais il a une crise d’hémorroïdes et doit entrer en clinique. Du coup je pars avec mon plus jeune fils. Mais tout au long du voyage il me dit « J’ai quelque chose à te dire ». Il est un peu « ensuqué » et s’est toujours senti inférieur à son frère qui réussit tout. Il se dénigre tout le temps.
Il finit par m’annoncer qu’il ne veut plus travailler avec nous au magasin d’olives mais qu’il veut devenir chevrier… avec un certain Momo. Je comprends qu’il m’avoue en même temps être homo. Et là, il y a un passage entre nous où il se sent coupable, où il a peur de nous faire de la peine ou de nous mettre en colère. Je lui explique que les parents veulent avant tout le bonheur de leurs enfants et que si c’est sa vie, il faut qu’il la vive.
Il y a un tel moment d’émotion que l’on finit en larmes… Avant que ça reparte sur le rire !
Et tu sais ce qu’un spectateur m’a dit : « C’est du Pagnol du XXIème siècle » !!!

Ça va pour toi ??
Très bien ! Et on va partir avec la pièce.
Et tu continues la programmation de la Porte d’Italie ?
Oui, je le fais toujours mais moins qu’avant car je ne peux pas tout faire. Tu sais que l’an dernier j’ai fait 103 dates. C’est presque trop car lorsque tu n’es pas au bureau pour trouver des contrats, tu es sur scène, tu es sur la route…  Toulon-Compiègne, ça en fait des kilomètres !
Tu n’as pas un producteur ou un tourneur ?
Écoute, j’ai rencontré deux producteurs l’an dernier à Avignon. Mais quand j’ai vu ce qu’ils prenaient par rapport à ce qu’ils me proposaient, il me semblait que j’allais faire la p…e !
Ils sont juste là pour remplir leurs propres poches et pas pour te faire plaisir. J’aurais dû travailler pour un bol de riz !
Finalement, je préfère travailler seule même si c’est plus difficile et si j’en fais moins. Mais d’abord, aujourd’hui, les théâtres me font confiance et prennent mes spectacles et surtout je suis libre de travailler en toute connaissance de cause.
Je ne suis à la botte de personne ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Sanary – Festival de Théâtre
David Brécourt et sa bande des quatre…


Comme les mousquetaires, ils sont quatre : David Brécourt, Mélanie Page, Clémence Thioli, Benjamin Boyer. Quatre comédiens complices venus à Sanary pour présenter la pièce de  Michaël Sadler « Brexit sentimental », mise en scène par Christophe Lidon.
C’est dans le cadre de ce festival estival de Théâtre dont l’idée est venue de Claudine d’Arco, directrice du Théâtre Galli, qui a proposé à David de monter celui-ci et d’en devenir le parrain. Boris Soulage, de Prométhée Productions a tout de suite aimé l’idée et s’est associé à eux pour présenter, depuis trois ans, des pièces en plein air, dans le cadre de « Sanary sous les étoiles ». Mais le vent en ayant décidé autrement, c’est en fait au théâtre Galli que les pièces ont été jouées. Avec le succès que l’on sait.
Rencontre avec nos quatre complices, qui n’a pas été sans bonne humeur ni rigolade.

David, Philippe, Mélanie et Christian Vadim

« Qui nous raconte l’histoire ?
Mélanie :
C’est moi qui m’y colle ! Il s’agit  d’un couple d’Anglais qui rencontre un couple de Français le soir de l’élection du brexit. Ils vivent en France et c’est le choc des cultures. Ce sont deux couples en crise, en parallèle avec la crise en Angleterre et ils vont vivre des moments savoureux.
Quelle est la genèse de cette pièce ?
David : Le projet vient du metteur en scène, Christophe Lidon, qui a fait son casting. Mélanie était sur le coup depuis longtemps. Quand elle a vu la taille du rôle, elle s’est dit qu’elle ne pouvait pas passer à côté ! (rires). A partir de là, Christophe a choisi de petits comédiens pour l’entourer : Benjamin, Clémence… Et moi ! On a aussitôt formé une belle équipe et la pièce a eu un franc succès. Cet été nous ferons trois étapes : Sanary, Ramatuelle et Eze.
Autre genèse : ce festival.
David : J’en suis le parrain depuis trois ans suite à la proposition de Claudine et de la ville de Sanary… Et ça marche de mieux en mieux. Il faut se donner une ligne de conduite pour fidéliser le public. Avec Boris, nous choisissons les pièces et ici nous sommes plus sur un festival de comédies. Nous travaillons tous ensemble en ce sens. Depuis trois ans nous présentons trois spectacles. Nous espérons pouvoir en présenter quatre ou cinq dans les prochaines années.
David et Mélanie, vous avez tous deux joué dans la série « Sous le soleil ». Vous étiez-vous rencontrés ?
Mélanie : On s’était croisé, on se connaissait mais on n’y jouait pas ensemble. A l’époque, nous n’étions pas amis. Depuis, on s’est rapprochés et c’est notre quatrième pièce ensemble. Maintenant on se connaît très bien et je l’aime fort !

David : Moi aussi !
Mélanie : Redis-le plus fort !
Dans cette pièce, il joue mon mari mais il a tendance, comme tous les Français – c’est ce qu’on dit ! – à draguer sur tout ce qui bouge.
Clémence : Et il a bon goût puisqu’il est attiré par moi qui suis une femme très pétillante (dans la pièce !), très extravertie, ce qui va créer des fictions entre les deux couples.
Mélanie : Et comme je m’ennuie un peu, je vais aller vers son mari.
Et vous, Benjamin ?
Je suis un auteur qui a un peu de mal à écrire. Ma femme, qui est très exubérante, m’empêche quelque part de créer. Je cherche l’inspiration que je vais peut-être trouver en me rapprochant de cette jolie Française qui m’apporte un peu d’imprévu.
Mélanie et Benjamin, vous avez dû prendre un accent anglais. C’était difficile ?
Benjamin : Yes ! On essaie de parler le français comme des anglais mais comme je suis un intellectuel, je m’adapte et j’essaie de me faire comprendre.
Mélanie : J’ai la chance d’être franco-anglaise, donc ça m’a été plus facile. Je me suis inspiré de l’accent de ma mère et je parle le français à la façon de Jane Birkin.
Mélanie, à vos tout débuts vous avez démarré avec Shakespeare et Molière, excusez du peu !
Pui, j’avoue que ce n’est pas mal pour des débuts. J’ai joué « Roméo et Juliette » puis « l’avare » avec Francis Perrin. C’est beau de jouer des classiques. J’aimerais y revenir d’ailleurs. Justement, nous avons un petit projet tous les quatre. J’espère qu’il se réalisera.
Benjamin, parlez-nous un peu de vous.
J’ai surtout fait beaucoup de théâtre depuis trente ans. Avec David on se connaît depuis longtemps car nous avons tourné ensemble pour la télévision. Cette année j’ai joué « Le menteur » de Corneille au Petit Montparnasse 280 fois… Un beau succès .

Et vous Clémence ?
Moi, je ne joue pas depuis trente ans  mais j’ai aussi fait beaucoup de théâtre. J’ai joué avec Stéphane Freiss « Comédie romantique », justement mise en scène par Stéphane Lidon, puis j’ai participé à l’émission de France Inter « Affaires sensibles » que je reprendrai à la rentrée.
David : Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’elle a plusieurs cordes à son arc !
Clémence : Oui, je suis auteure, metteuse en scène. C’est vrai que j’adore les comédiens et j’aime autant jouer avec eux que les faire jouer ou écrire pour eux.
David, quant à toi, tu es débordé de projets !
Déjà je fais ce festival à Sanary, j’en monte « Les Théâtrales d’Eze » où là, la programmation sera plus diversifiée, nous monterons des spectacles dans lesquels on peut rire, sourire, pleurer, être ému… Je serai à la rentrée aux Mathurins avec « En ce temps-là, l’amour » puis je jouerai un seul en scène à la Madeleine.
Et « The mandalorian » ?
Ah, tu sais ça ?
C’est une série tirée de « Stars War » mais je n’y joue pas, je prête ma voix à un comédien de la série. C’est vrai, c’est inattendu mais j’aime varier les plaisirs. On m’appelle souvent à la télé mais ma passion reste le théâtre, jouer, mettre en scène… Avoir des projets divers, travailler avec des copains, être en osmose avec une équipe.
Mélanie, on parlait tout-à-l ’heure de Molière et Shakespeare mais vous avez aussi joué avec Robert Hossein, Claude Lelouch, Luc Besson… C’est pas mal non plus !
J’avoue, j’avoue ! Ah, Hossein c’est une rencontre magnifique, aussi bien professionnelle qu’humaine. J’ai eu la chance de jouer deux fois avec lui, entant que metteur en scène mais aussi en tant qu’acteur. Il m’a beaucoup appris. Tous les soirs on jouait différemment, on jouait autre chose selon son humeur du jour. On ne savait jamais comment ça allait se passer. Ce pouvait être une comédie, un drame selon comment il avait vécu sa journée. Mais on le suivait avec plaisir car c’était un renouvellement permanent. Ça a été une très bonne école et il me manque beaucoup. J’avais une très grande tendresse pour lui.

Boris Soulage – David Brécourt – Claudine d’Arco

Et pour Besson et Lelouch ?
J’avais un petit rôle dans « Jeanne d’Arc » mais de le voir travailler sur un plateau, c’était fascinant. Il tournait, tournait sans jamais couper puis il en extrayait de petits bouts. J’ai eu la même chose avec Lelouch mais là, il y avait beaucoup d’impro. Il laisse tourner la caméra puis il fait faire autre chose aux acteurs. C’est intéressant de travailler avec ces hommes-là.
David, toi qui es ami avec Philippe Lellouche, as-tu entendu parler de son accident ?
(Il rit) Les  réseaux sociaux ont dit n’importe quoi, il n’y a jamais eu de sortie de route. Tout simplement il mangeait de la fêta allongé et a failli s’étrangler. C’est ça sa sortie de route ! Il était sur le point de s’étouffer. Heureusement, quelqu’un a réussi à lui remonter le plexus et il a pu recracher ! Il adore manger… et être couché comme dans les orgies de l’époque !!!
Mélanie, on vous a vue dans la série « L’école de la vie » où vous avez un regard à faire peur !
Oui, j’ai adoré cette série et je me suis bien marrée, même si je ne souris jamais et je fais peur ! Dans la saison deux on est allé encore plus loin, il y a limite de la magie dans mon personnage. Elle fait peur à tout le monde et Mme Joubert est un rôle que j’ai beaucoup aimé interpréter. Sans compter que le tournage a été très joyeux »
Joyeuse est le qualificatif qui désigne bien cette folle équipe qui a adoré flâner dans les rues de Sanary « une ville apaisante » précise David. Ils ont fait le marché des artisans le soir et David et Benjamin piétinaient pendant que les filles achetaient tout et n’importe quoi mais tout s’est passé dans les rires et la complicité.
On a hâte de les revoir.
Jacques Brachet

Sanary
Festival de théâtre : Les trois coups ont été frappés

David Brécourt – Arnaud Gidoin – Gaëlle Gauthier

En pleine saison de la programmation « Sanary sous les étoiles », alors qu’il y manquait quelque chose, Claudine d’Arco, directrice du théâtre Galli de Sanary, a décidé d’y ajouter du théâtre.
Il est vrai qu’à part le festival de Ramatuelle et après l’abandon du Théâtre In Situ de Carqueiranne, les amateurs de théâtre étaient quelque peu frustrés.
C’est ainsi que Claudine a demandé à un comédien d’organiser un mini-festival.
Ce comédien est connu des téléspectateurs pour avoir, durant quelques années, joué dans la série « Sous le soleil » puis, après quelques beaux rôles à la télé, s’est acoquiné avec l’équipe Lellouche-Vadim-Gélin pour nous offrir une série de pièces à succès ; « Le Jeu de la vérité, « L’appel de Londres », « Boire, fumer et conduire vite », « Le temps qui reste ».

Beau palmarès, et il a très vite été convaincu de venir tous les étés parrainer ce festival et même y jouer.
Le voici donc entre Eze, où il prépare aussi un festival de théâtre et Sanary où il présente trois pièces dont la première a eu lieu mercredi soir : « Pour le meilleur », jouée par ceux qui l’ont écrite : Arnaud Gidoin et Gaëlle Gauthier. En présence du maire, Daniel Alsters, de nombreux élus, Arnaud a présenté la pièce lors d’un très sympathique cocktail, avant de faire rire le théâtre qui, à cause du vent, recevait la pièce impossible à jouer à l’extérieur. Ce qui, entre nous, n’était pas plus mal.

David présenta alors les deux autres pièces, la seconde étant de Michaël Sadler « Brexit sentimental », qu’il interprètera avec Mélanie Page le 31 juillet « sous le soleil » si le vent décide de s’apaiser !
Le 1er août, Manon Gauthier et Mila Michaël entre autres, nous proposeront la pièce « Gazon Maudit », tirée du film de Josiane Balasko.
Toute l’équipe était heureuse de se retrouver pour la troisième saison à Sanary et Claudine et David espèrent faire évoluer ce festival en y ajoutant des dates l’an prochain.
On y sera !

Jacques Brachet

Théâtre de Fortune : Le Cid revu et corrigé !!!

Manon Lazaro, Roxane Pauliac, Nathan Teisseire, Lucy Verdier, Nolan Solari

Le Théâtre de Fortune est une association de jeunes garçons et filles créée par une ex professeur de Français, Marie-Paule Martinetti, qui, depuis pas mal d’années, donne des cours à des étudiants et monte des spectacles avec eux.
Aujourd’hui à la retraite, elle continue avec passion à s’occuper de ces ados à qui elle transmet l’art des mots et du théâtre, en les accompagnant sur scène en fin d’année scolaire et même durant l’année.
Chaque année, sa troupe n’est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre car des élèves quittent le collège Reynier de Six-Fours où tout a commencé, remplacés par d’autres. Et même certains anciens reviennent de temps en temps pas nostalgie et fidélité à une prof qui a su leur inculquer le plaisir des mots, la joie de les dire et de s’exprimer.

Manon Lazzaro
Roxane Pauliac
Nolan Solari

L’an dernier, elle nous avait présenté une version iconoclaste de la fameuse œuvre de Corneille, « Le Cid », revue et corrigée par MPM herself car en plus elle a le talent et l’humour qui font d’un drame cornélien, une comédie molierrene. Car tout y est : la farce, les bons mots, tout en alexandrins ne vous déplaise car elle a ce don de le faire avec esprit, intelligence et gourmandise. Elle vient de remonter ce « Cid 2022 » avec d’autres élèves et des anciens qui ont changé de personnages .
Et ses élèves suivent cette femme volubile, toujours en mouvement et tellement heureuse de mettre en lumière ces jeunes talents.

Nathan Teiisseire

Car ces cinq comédiens qui se sont mis avec plaisir dans la peau des héros cornéliens nous font rire d’un bout à l’autre de ce qui est devenu une pièce en un acte où Nathan Teisseire passe avec une aisance incroyable du rôle d’un Cid à côté de ses pompes à Elvire, la duègne de Chimène ou encore au roi qui n’est pas « fut-fut ».
Chimène (Roxane Pauliac) est sous pression et quelque peu exitée, prise entre son père et Rodrigue, les deux rois sont des bouffons (Nolan Solari et Lucy Verdier) et le récitant… est une récitante toute jeune mais oh combien expressive (Manon Lazaro).


Que dire, sinon qu’on a passé une soirée de franche rigolades, pleine d’humour, de jeux de mots servis par de jeunes comédiens en herbe qui jouent avec un aplomb incroyable.
Si Corneille a dû se retourner dans sa tombe, dans l’autre, Molière a dû bien s’amuser et être satisfait de voir que la relève était assurée !

Et ce n’est pas fini puisque Marie-Paule nous annonce pour la rentrée deux vaudevilles signés Labiche et Feydeau puis plus tard, un spectacle de Baffi, toujours revus et corriges par l’inénarrable prof que tout le monde adore.
On a hâte d’y être !

Jacques Brachet

Liberté-Chateauvallon
Une belle saison 2023/2024 s’annonce

En ce vendredi 16 juin, il y avait foule au Liberté, tant dans une salle blindée que sur scène où mécènes, entreprises, équipes des deux théâtres avaient envahi l’avaient envahie.
Une scène où l’on retrouvait le maître des lieux, Charles Berling « in person » magnifique, au look de patriarche, cheveux et barbe blanche, aux côtés de l’amiral Yann Tainguy, président de l’Union Chateauvallon-Liberté, Françoise Baudisson, présidente de Chateauvallon,, Stéphane de Belleval, directeur de Chateauvallon, Claire Chazal, présidente du Liberté mais aussi, pour la bonne cause présentatrice de la soirée, Jérôme Brunetière, directeur de l’Opéra de Toulon sans théâtre puisque fermé pour travaux durant la saison prochaine et étant accueilli par les deux lieux pour la prochaine saison

Charles Berling
Stéphane de Belleval et Tiphaine Samson
Françoise Baudisson

Bref, une soirée très animée où chacun est allé de son petit discours. Quant à Claire Chazal, aussi brillante et à l’aise qu’à la télévision dans « Le grand échiquier » (qui passait le soir même à la télé !), elle a présenté les artistes qui étaient présents et feront partie de la prochaine programmation : Emmanuelle Bercot qui, aux côtés de Charles Berling, ouvrira la saison (28-30 septembre) avec deux textes d’Ingmar Bergman « Après la répétition » et « Personna », mise en scène d’Ivo van Hove, avec qui Charles avait déjà travaillé. Muriel Mayette-Holtz, qui mettra en scène une « Bérénice » de Racine (15-19 novembre), originale  superbement interprétée par Carole Bouquet, qu’elles avaient proposée à la Comédie Française. Bérangère Warluzel qui viendra interpréter le rôle de Maria Montessori, mise en scène par Charles Berling (14-17 mai). Le journaliste Philippe Colin qui, avec Charles, s’est lancé dans une épopée autour de «Léon Blum « Une vie héroïque », où il faudra garder son souffle… durant près de cinq heures ! (25 mai) Thomas Quillardet qui proposera une autre épopée, celle de TF1 « Une télévision française »  (22-23 mars)… à laquelle a participé Claire Chazal qui lui a reproché de ne pas l’avoir contactée !

Léon Quillardet
Bérangère Warluzel
Emmanuelle Bercot

Comme on le voit, une saison foisonnante où, entre Chateauvallon et le Liberté, se mêleront théâtre, humour, musique, cirque, danse, danse qui reviendra en force à Chateauvallon. De beaux artistes comme Michel Boujenah qui dira adieu aux « Magnifiques » (28 octobre), Latitia Casta, reprenant le rôle de Sophia Loren dans « Une journée particulière » d’Ettore Scola (19-20 janvier), Rhoda Scott qui, avec ses éternels pieds nus, viendra nous offrir un spectacle jazz-soul-gospel (13 avril), la première mise en scène de Nanni Moretti « Diari d’Amore » (12-13 décembre), sans oublier, comme chaque année, trois « thema » présentés par Tiphaine Samson «  Y croire ? », « Couple », « Oh ! Travail… ».
Le choix du roi… Il vous appartient !

Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Marie BUNEL, Mathilde VISEUX, Delphine HECQUET
De l’ombre du parloir au soleil de Chateauvallon

Si, en ce début d’après-midi, l’on se retrouve sous un chaud soleil à Chateauvallon, c’est pourtant pour parler d’un huis clos dans un décor dépouillé et froid, une atmosphère lourde et oppressante où une fille va voir sa mère en prison,  victime d’un mari violent qu’elle a fini par tuer.
Histoire d’une violence, hélas aujourd’hui devenue ordinaire mais qui raconte aussi l’indifférence des gens alentour et les failles d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes.
« Le parloir », que signe et met en scène Delphine Hecquet est  à la fois plein de violence contenue et d’amour et de tendresse où la fille va essayer de comprendre le geste de sa mère et découvrir la détresse qu’elle a connu pour en arriver là. C’est aussi une histoire d’amour entre une mère et sa fille. Une histoire poignante que deux merveilleuses comédiennes, Marie Bunel et Mathilde Viseux interprètent tout en nuance, sobriété et à la fois intensité. Elles n’ont qu’une heure pour se dire bien des choses dans ce sinistre parloir. Des choses évidentes mais aussi complexes à se dire en tête à tête, en temps limité.
Une belle et émouvante histoire d’amour.

Et une belle rencontre ensoleillé avec ces trois femmes superbes.
Parlez-nous toutes trois de cette rencontre magnifique !
Delphine : J’ai écrit cette pièce pour deux personnages : la mère et la fille. J’ai rencontré Mathilde en visio-conférence, ce que je n’aime pas faire habituellement. Mais le confinement l’obligeait. Elle m’a tout de suite bouleversée. Pour la mère, les comédiennes que j’envisageais n’étaient pas libres. C’est mon scénographe qui m’a parlé de Marie. J’ai fait des essais avec elle et Mathilde…
Marie : Et ça a été un coup de foudre à trois ! J’aimais déjà le sujet qui est fort et malheureusement tellement d’actualité. C’était très intelligemment écrit, chargé d’amour, d’émotion, de bienveillance…
Mathilde : Je trouvais très fort d’aborder aussi bien l’amour que la violence de cette façon. Très émue, je ne trouvais plus mes mots mais j’ai eu tout de suite envie de défendre ceux-là.
Lorsque j’ai rencontré Marie et Delphine j’ai rencontré tellement de bienveillance que je me suis sentie capable de jouer ce rôle.
Marie : Ce qui est très particulier et qui m’a touchée c’est qu’on parle d’amour alors que c’est un spectacle sur la violence. Amour entre une mère et une fille qui vont grandir, chacune à leur façon, ensemble, l’une enfermée, l’autre en liberté. Elles vont être en résilience et transformer cette violence en vie, de façon excessivement puissante. L’homme est finalement secondaire.
Mathilde : Elles ne sont pas là pour juger mais pour comprendre pourquoi elles en sont là aujourd’hui.
Delphine : On parle beaucoup de ce sujet aujourd’hui et je me suis demandé ce que je pouvais y apporter. Le conflit ne se situe pas entre elles et je voulais aborder le phénomène de l’emprise, du non-dit et les faire justement se rencontrer dans un parloir, espace dédié à la parole. En sortant du conservatoire de Paris j’avais abordé ce thème entre une journaliste et une prisonnière.  La pièce s’appelait « Balakat » qui signifie « bavarder » en russe. J’ai choisi de la reprendre et de faire se rencontrer une mère et sa fille car l’histoire peut les sauver, il peut y avoir un avenir possible.

Marie, vous venez, vous, du cinéma, et quel cinéma : Pinoteau, Chabrol, Amérie, Coline Serreau… mais votre chemin vous a menée aux Etats-Unis !
(Elle rit) J’ai commencé à tourner en France mais je suis passée par l’Amérique, tout simplement parce que j’étais avec un monsieur qui y travaillait. J’étais jeune et je suis allée prendre des cours à l’Actor’Studio. Oh, quelques mois seulement car les cours étaient très chers. Mais j’ai continué cette méthode en France. Ça a été une super expérience. J’ai très vite tourné des films et je ne suis arrivée au théâtre qu’à 30 ans !
Et vous Delphine ?
J’ai commencé par la danse puis le conservatoire. Je suis toujours comédienne mais j’ai toujours adoré regarder les autres travailler, j’aimais leur porter conseil et être le regard extérieur ! J’ai toujours écrit, pour moi d’abord mais travailler seule dans son coin n’est pas évident. J’ai donc écrit pour des gens que j’aimais bien. Tout ça participe à mon équilibre.
Enfin Mathilde ?
J’ai aussi commencé par la danse, puis à 17 ans, je suis allée prendre des cours de théâtre durant deux ans au TNB. C’est durant ces cours que Delphine m’a contactée pour me proposer ce rôle. Ça a été une période assez étrange car c’était durant le confinement mais en fait ça a un sens, « Le parloir » est une sorte de confinement. Rencontrer le regard de Delphine et de Marie et le sujet de la pièce ont été une évidence pour moi.
Marie, vous avez une carrière incroyable aussi ben au théâtre où vous avez commencé avec Planchon, Cherreau entre autres, idem pour le cinéma et la télé…
C’est vrai que j’ai eu beaucoup de chance et j’espère que ce n’est pas terminé et que je travaillerai avec plein d’autres encore longtemps !
Mais il me semble qu’aujourd’hui j’ai la sensation de commencer une seconde carrière grâce à des gens comme Delphine. J’ai découvert une nouvelle façon de travailler. Ce qui est génial dans ce métier c’est qu’il n’y a jamais rien d’acquis, qu’on a toujours quelque chose à découvrir, des rencontres à faire. On apprend tout le temps et ça me rend heureuse, d’autant qu’aujourd’hui je suis libre de choisir… Je n’ai plus envie de travailler avec des cons ! Et ça, c’est un luxe fou.

Vous avez eu aussi quelques prix…
(Elle rit) oui mais à Sydney, en Australie mais jamais en France !
Vous allez toutes les trois retravailler ensemble ?
Delphine : Oui, dans une pièce que j’ai écrite intitulée « Requiem pour les vivants ». C’est l’histoire sept copains qui s’amusent à sauter des rochers dans la mer à Marseille. Jusqu’au jour où l’un deux fait une chute mortelle.
La mère est Marie, Mathilde est une des copines de la bande. C’est à la fois une aventure et un drame très éprouvant et fondamental : comment œuvrer pour rester vivant et faire un travail de deuil. Il y a huit personnes sur la scène et de la danse chorégraphiée par Angel Martinez-Hernandez et Vito Giotta, deux danseurs de la Horde, issus du Ballet National de Marseille, qui sont d’ailleurs venus danser à Chateauvallon. D’ailleurs on aimerait bien y venir en résidence ! Nous créerons cette pièce au mois de mai de l’année prochaine.
Et avant ça ?
Marie : Le 5 juillet je serai au festival de jazz à Eygalières où je dirai des textes en compagnie de Charlotte de Turkheim et de sa fille Julia Piaton avec qui j’ai joué dans le film « Petites victoires » de Mélanie Auffret (Rencontrée au Six N’étoiles NDLR), je viens de tourner  « Loulou » d’Emile Noblot, « Sexygénaires » de Robin Sykes avec Patrick Timsit et Thierry Lhermitte, et va sortir « Noël au balcon » de Jeanne Gottesdiener avec Didier Bourdon. Enfin, je vais tourner une série TV en costume dont je ne me souviens plus du titre !
Delphine : Avant de commencer à travailler sur cette nouvelle pièce, je reprends la route en tant que comédienne avec la pièce « Entre Chien et loup » qui m’amènera jusqu’au Brésil ! Elle est tirée du film de Lars Von Trier « Dogville »
Mathilde : Je prépare pour la rentrée une pièce qui sera présentée dans les lycées « Corps à vif », avec Pauline Haudepin, autour de laquelle seront montées des rencontres avec les jeunes élèves, des ateliers. Puis je jouerai une pièce de Ramsus Linberg « Dandodandog » à Paris puis en tournée.

Comme on le voit, nos belles dames auront des mois chargés !
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier

Chatauvallon :
Marie BUNEL, Mathilde VISEUX & Delphine HECQUET
au parloir

Trois comédiennes se rencontrent à Chateauvallon le mardi 23 mai.
La première est Marie Bunel, qui , après fait ses classes chez Lee Strasberg, a travaillé au théâtre avec Chéreau, Planchon et bien d’autres au cinéma avec Chabrol, Tavernier, Lelouch, Coline Serreau, entre autres, quant à la télé, la liste est longue !
La seconde est Mathilde Viseux, une brestoise qui a dû arrêter la danse suite à un accident, qui découvre le théâtre en entrant au TNB et le cinéma grâce à Xavier Beauvois qui la fait tourner dans « Les gardiennes »
La troisième est Delphine Hecquet, issue du conservatoire national supérieur d’art dramatique, va jouer à Moscou, au Japon, y ramenant à chaque fois une pièce écrite par elle. Elle crée la Cie Magique Circonstancielle et la voici donc auprès de Marie Bunel et Mathilde Viseux pour mettre en scène « Parloir » qu’elle a également écrit.
Aux côtés de Marie Bunel donc, Mathilde Viseux qui interprète sa fille.
Un huis clos dans un décor dépouillé, une atmosphère lourde et oppressante où la fille retrouve sa mère en prison,  victime d’un mari violent qu’elle a fini par tuer.
Histoire d’une violence, hélas aujourd’hui devenue ordinaire mais qui raconte aussi l’indifférence des gens alentour et les failles d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes.
Une pièce dramatique et émouvante qui parle au nom de toutes les femmes qui sont murées dans leur silence.