Arthur Leroy a tout pour lui : une femme dévouée, une maîtresse torride, une entreprise florissante et un compte en banque bien rempli.
Mais un jour, ce businessman quarantenaire, opportuniste et sûr de lui, voit débarquer dans sa vie Isadora, la voyante extra-lucide de sa femme qui
lui prédit que tout va s’effondrer : il va faire faillite, sa femme va le quitter, ses amis vont le trahir, et il finira ruiné. Mais Arthur est un cartésien qui ne croit que ce qu’il voit, alors les salades des charlatans, il ne les gobe pas !
Sauf que… Les prévisions d’Isadora vont commencer à se réaliser les unes après les autres et Arthur va assister à l’effondrement de tout son petit monde !
Aidé de Diego, son ami d’enfance maladroit et envahissant, il va tenter d’empêcher la catastrophe.
Va-t-il y arriver ? L’avenir nous le dira… Si vous venez découvrir la comédie désopilante d’Elodie Wallace & Manu Rui Silva « Un avenir radieux », le vendredi 29 mars à 20h30 au Théâtre Galli de Sanary, menée tambour battant par Jérôme Anthony, Géraldine Lapalus, Nicolas Vitiello, Marie-Laure Descoureaux, Manu Rui Silva, dans une mise en scène d’Olivier Macé.
Rires garantis
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Six-Fours – Théâtre Daudet
Benjy DOTTI enflamme la salle !
Bon, d’abord une petite précision : je ne me prénomme pas Michel.
C’est cet enfoiré de Benjy Dotti qui l’a décrété et il a profité que j’étais au premier rang pour que je devienne sa tête de turc !
Ça fait 15 ans ou plus qu’on se connaît et jamais je ne m’y ferai. Alors mon vieux, tu l’auras cherché et si tu m’as pourri la soirée, je vais te pourrir la vie avec un article dont tu ne remettras pas ! Tu vas voir… Tu vas prendre !
Mais voilà… Il est bon ce c.. mec et difficile d’en dire du mal tant dans la vie que sur scène, où il possède une énergie et un humour fous, il embrase la salle qui sort avec les zygomatiques enflammées !
Devenu un habitué du Théâtre Daudet, le revoici donc dans son « Late show à l’Américaine… sans américains et sans budget »
A la manière d’un « live » il nous parle de l’actualité, nous annonce des stars qui ne viendront pas et qui pourtant « Avec le pognon qu’ils touchent »… Lui peut, « en toute simplicité et pour pas cher » faire la même chose.
Et le voilà qui nous embarque sur la croisière « Âge tendre et jambe de bois » avec toutes les mémés qui hurlent autours des stars qui ont leur âge, avec Dave entre autres qui ne sait pas si le bateau est à voile ou à vapeur, puis il repart sur l’émission « Danse avec l’escarre » pour mieux revenir sur « Star 80 » où le public et les chanteurs ont le même âge ! Un peu de « Starmania » avec le fameux « S.O.S d’un médecin en colère ». Il ne peut pas s’empêcher de nous parler de cette belle émission qu’est « Star Ac et demi » qui reçoit une chanteuse qui nous propose « Le dernier jour de mes kilos »…
En pleine émission en direct il demande au technicien de lancer Mike Brant… que l’on voit s’envoler de la fenêtre et il reçoit un appel « niasqué » de Johnny qui veut revenir dans son show. Et ce sont deux heures d’un spectacle iconoclaste, d’une drôlerie incroyable (Hormis qu’il n’arrête pas de m’envoyer des vannes… Mais qu’est-ce que je lui ai fait ?) où il se donne à 100%.
Et il termine par une note d’émotion où il fait revivre « Nos chers disparus », Brel, Piaf, Cloclo, Johnny, Bashung, Gainsbourg… » Et quel imitateur !
Il sait tout faire le bougre. Alors comment le critiquer si ce n’est pour dire qu’aujourd’hui Benjy fait partie des grands showmen. A preuve, sa tournée qui n’arrête pas de s’allonger, on pourra d’ailleurs le retrouver au City Vox à Avignon du 14 au 17 juillet.
Le retrouver est « malgré tout » un vrai plaisir, à la scène comme à la ville, d’autant que chaque fois il s’améliore, son show s’affine, s’affirme car il sait bouger, chanter, imiter et raconter.
Que demander de plus ?
Salut mon Benjy… Et sans rancune !
Jacques Brachet alias Michel
Photos Alain Lafon
Jeanfi JANSSENS… « J’arrive des nuages »
Nous nous étions brièvement rencontrés au Théâtre Galli de Sanary où nous avions rendez-vous pour une interview. Mais les aléas ont fait que, son arrivée retardée nous a empêchés de la faire.
Nous nous étions vus après le spectacle et m’avait fait une promesse : « Lors de mon prochain passage dans la région, on fera l’interview ».
Le temps a passé, le Covid aussi et pourtant, voici Jeanfi durant deux jours à Toulon où il teste son nouveau spectacle au Colbert : « Tombé du ciel ».
Il a tenu sa promesse et nous voilà réunis à son hôtel pour cette interview promise, barbu et toujours aussi simple, souriant, volubile.
« Jeanfi, parlons donc de ce nouveau spectacle !
Je suis très heureux de revenir tout seul sur scène, même si j’ai adoré jouer au théâtre avec Stéphane Plaza et Valérie Mairesse. Là, je me retrouve « moi » !
Ça te manquait ?
Oui, je l’avoue. Dans le premier spectacle, on venait de me découvrir, les gens venaient voir qui j’étais. Ce nouveau spectacle est plus en profondeur. Aujourd’hui j’ai 50 ans…
Déjà ? On dirait un ado !
(Il rit) Je les aurai dans dix jours ! Bien sûr, comme dans le premier spectacle, je parle de ma vie, de mon arrivée dans le show biz, de ce qui a changé pour moi mais aussi pour mes parents, de mes moments de solitude, de la vieillesse, de mes déboires médicaux…
Ça n’est pas très gai tout ça !
Mais c’est dit avec humour et il y a des choses plus drôles comme ma relation avec mon animal et d’être devenu tout ce que je ne voulais pas devenir.
C’est-à-dire ?
Que je suis devenu un vieux pédé avec sa chatte !!!
Enfin, je parle plus de moi. Au premier spectacle les gens découvraient l’ancien steward devenu artiste. Je parle plus de ma mère, de mon enfance. J’ai été élevé chez les bonnes sœurs de Ste Thérèse d’Avila parce que mes parents voulaient que j’aie une bonne éducation. Je parle de mes croyances, de mes superstitions qui me pourrissent la vie. Etre superstitieux c’est très contraignant, surtout lorsqu’on est comédien. Je suis capable de faire le tour de la ville pour ne pas passer sous une échelle !
Rassure-moi : ta chatte n’est pas noire ?
Ah non ! Sinon je l’aurais assassinée !
Ta mère est toujours très présente…
Oui, aussi bien dans ma vie que dans mon spectacle. Elle était déjà très contente de m’accompagner dans mes voyages lorsque l’étais steward et aujourd’hui elle est très heureuse de connaître le monde des paillettes. Être assise à côté de Marie Laforêt lors de mon Olympia ça l’a remplie de joie !
Dans ce nouveau spectacle, il est encore question de vol !
« Tombé du ciel », ça veut dire que, depuis sept ans, je me suis amarré au sol. Pour moi le ciel a un côté providentiel. J’aime à dire que le ciel m’a connu avant la terre. Je suis tombé du ciel pour raconter mes histoires du plancher des vaches. J’arrive des nuages. Le ciel reste important dans ma vie.
C’est ton second ou troisième spectacle ?
C’est le second mais le premier a changé de nom en cours de route.
Pourquoi ?
Parce que « Au sol et en vol », c’était lorsque je démarrais. C’était une version « amateur », Et puis, étant plus connu, j’ai changé, adapté des choses… J’ai trouvé que « Jeanfi décolle » était plus adapté à ce qu’était devenu le spectacle. Et ce que j’étais devenu.
Depuis quand aimes-tu faire rire les gens ?
Depuis toujours ! Très jeune ma mère m’a appris l’humour, la dérision. Dans l’avion, durant dix à quinze heures de vol, pour passer le temps, j’aimais faire rire les passagers. Mes collègues me disaient que j’avais un don, de faire du théâtre. Mais au départ, je n’étais pas persuadé que ce que je racontais dans les avions pouvait intéresser et faire rire les gens au sol.
Et alors ?
Alors c’est une copine qui m’a inscrit dans un concours, « Le Printemps du Rire » à Toulouse. Je suis arrivé finaliste, je n’ai pas gagné mais ça m’a donné l’envie d’écrire, mais en dilettante, sans jamais penser en faire un métier.
Mais écrire était quand même dans l’idée de jouer ?
Non, c’était d’abord pour le plaisir, faire rire les copains mais aussi bien sûr, monter sur scène sans jamais penser pouvoir en vivre un jour. C’est un milieu où il n’y a pas de garantie de succès. Les places sont chères. En plus, j’étais très bien à Air France, c’était un métier que j’adorais, j’avais une bonne situation, je gagnais bien ma vie. Je ne me voyais pas tout remettre en cause.
Ce sont les hasards de la vie, l’importance que les choses ont prises. J’ai dû choisir. Et j’ai choisi d’entrer dans le grand bain !
Tout a suivi : la télé, le théâtre, le cinéma… De belles rencontres…
Oui, j’ai fait de très belles rencontres, de Dany Boon à Stéphane Plaza en passant par tous les gens que j’ai pu connaître aux « Grosses Têtes » ou à la télé.
Tu as beaucoup de projets ?
Oui, j’ai envie d’essayer plein de choses. Par contre, je suis mono-tâches : je ne sais pas faire plusieurs choses à la fois. Donc, aujourd’hui c’est ce nouveau spectacle, cette tournée-test, Paris puis une grande tournée. Il n’y a pas de place dans ma tête pour faire plusieurs choses à la fois !
Tu es un vrai ch’ti donc il était évident que tu rencontres Dany Boon ?
Oui, je suis de Maubeuge ! Quant à Dany, c’est Laurent Ruquier qui me l’a présenté aux « Grosses têtes ». Il préparait un film, « La chtite » famille », le contact s’est bien passé et aussitôt il m’a proposé un rôle dans son film… Il l’a rajouté pour moi, il a fait un essai… Et il a gardé la scène !
Et le théâtre, avec entre autre Stéphane Plaza pour la pièce « Un couple magique ».
Grâce encore à Laurent Ruquier qui a écrit la pièce. Ça a été très dense et couronné de succès puisqu’on a rempli des Zéniths. 293 représentations sur un an de tournée ! C’était énorme… et épuisant ! Surtout que les producteurs ne se rendent pas compte de ce qu’ils nous font endurer, un jour à Marseille, le lendemain à Nantes, pour revenir à Toulon ou à Colmar. Il n’y a pas de logique. Heureusement qu’on s’aimait et qu’on s’entendait bien !
Alors, cette mini-tournée ?
Une tournée de rodage en quelque sorte. C’est un spectacle que j’ai écrit et que je teste avec le public. Je vois comment il réagit, ce qui lui plaît ou pas. Du fait de jouer dans de petites salles, j’ai un rapport direct avec lui, je parle avec lui. Ça me donne des fulgurances, c’est créatif. Chaque soir je filme le spectacle. Le lendemain matin je le visionne, je corrige, je rajoute, j’enlève, je réécris. La matière est posée mais je construis de jour en jour. J’ai déjà changé plein de choses, le spectacle a déjà beaucoup bougé. Ce qui me touche c’est que les gens m’écoutent, me parlent. De descends dans la salle. Il me semble qu’aujourd’hui je fais partie de la famille, une famille qui s’agrandit. Il y a aussi une certaine pression car ce n’est pas parce que ça a marché une fois que ça va encore marcher.
Y a-t-il des gens qui t’ont marqué dans ce métier ?
Il y en a beaucoup comme par exemple Pierre Bénichou qui m’a beaucoup impressionné. On a eu du mal au départ à s’apprivoiser car on venait de deux milieux différents. Mais j’ai eu la chance de rencontrer des gens que j’admirais lorsque j’étais plus jeune. Jamais alors je n’aurais pensé à les rencontrer, travailler avec eux. Muriel Rubin avec qui j’ai collaboré, jamais je n’aurais pensé que ça puisse arriver un jour. Mais je suis resté ce gamin admiratif qui se dit aujourd’hui : « Tu te rends compte avec qui tu parles ? »
Tu as aussi écrit un livre « Le carnet de vol de Jeanfi »
Oui mais c’est surtout, comme son nom l’indique, des anecdotes que j’ai vécu durant mes voyages.
Y aura-t-il une suite ?
Je ne pense pas. S’il y a une prochaine fois, ce sera plutôt une sorte de biographie, mon parcours, mes rêves, ce qui s’est passé dans ma vie…
Il y a donc bientôt Paris ?
Oui, ce sera au Point-Virgule, à partir du 18 janvier, dans la grande salle. C’est là que tout a commencé. Pour moi ça a un côté affectif car je me sens bien dans cette salle. Il y a aussi un côté familial. C’est un peu comme à la maison. C’est pour quatre mois, quatre fois par semaine. Et puis il y aura la tournée avec de grandes salles de 1550 à 3000 personnes. » Et l’on a déjà rendez-vous sur la tournée !
En attendant, il a du taf notre « vieux » comédien et dans dix jours… Joyeux anniversaire au quinquagénaire !!!
Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
Marseille – Théâtre Toursky
Richard MARTIN nous aquittés mais l’aventure continue
Il nous a quittés le 16 octobre, suite à une longue maladie.
Richard Martin était un homme on ne peut plus chaleureux, sympathique et passionné. Une grande gueule au cœur tendre.
Comédien et directeur du théâtre Toursky c’était un homme volubile, plein d’humanité dont la passion pour la culture, le théâtre et les gens était sans bornes. Il a passé sa vie à se battre pour eux et entre autres pour ce théâtre qu’il a créé voici plus de cinquante ans, il n’a jamais baissé les bras, il a su élever la voix malgré les coups bas, les baisses de subventions quand ce n’était pas leur suppression pures et simples pour des excuses fallacieuses.
Bref, Richard a toujours été un battant jusqu’à faire des grèves de la faim pour sauver ce superbe espace de culture et de convivialité qui possède trois salles de spectacles et des tas de petits lieux intimes où l’on peut se rencontrer, discuter, boire un coup ou manger. Un vrai lieu de vie qui était à son image.
Son histoire est une véritable épopée qu’il m’a un jour racontée avec humour, tendresse, amour et émotion… Et surtout une volubilité qu’on avait du mal à endiguer !
«C’est vrai – me disait-il dans un de ces petits coins de prédilection en toute intimité – que c’est une longue histoire qui commence à Nice où je suis né, qui continue à Paris pour aboutir à Marseille que je n’ai plus quittée, qui est devenue ma ville, mon pays.
Au départ, mon destin était d’être peintre. A 15 ans je voulais peindre mais au vu des résultats, j’ai très vite compris qu’il fallait prendre un autre chemin. Étant un homme très excessif, j’ai tout laissé tomber et j’ai donc décidé de faire du théâtre. Et comme j’étais un jeune con, (Heureusement la pierre s’est taillée depuis !) je décidai qu’il n’y avait qu’à Paris qu’on pouvait faire le saltimbanque.
Mon père avait fini par dire oui alors que j’avais 18 ans et que la majorité était à 21. Il pensait qu’en étant d’accord, je reviendrais vite au bercail ! Mais j’ai résisté, physiquement et moralement, j’ai commencé par être cascadeur. Le train, les voitures, les chevaux, les ailes d’un moulin, les sauts du haut d’une tour, j’ai été raseteur… J’ai tout fait, j’étais fou. Puis j’ai rencontré Robert Lamoureux, Robert Murzeau, alors de grands comédiens. Murzeau était un vrai humaniste qui m’a beaucoup aidé.
J’ai très vite travaillé dans le théâtre de boulevard. Sans être célèbre je gagnais bien ma vie, surtout que je n’avais pas fait de conservatoire. Mais j’ai très vite compris que c’était une situation de facilité car ce n’était pas le théâtre «sensible» que j’avais envie de faire.
Je l’ai donc quitté pour passer sur la rive gauche où j’ai découvert ce théâtre, même s’il était loin d’être aussi populaire et s’il fallait ramer pour travailler. J’ai même couché sous les ponts !
C’était à quelle époque ?
On n’était pas loin de mai 68 et bien évidemment j’y ai participé. On a occupé l’Odéon où comme les autres, j’ai fait de la résistance «poétique», où j’ai découvert la fraternité… Mais aussi bon nombre de comédiens qui prônaient des convictions qui n’étaient pas les leurs… et qu’ils ont vite abandonnées dès les événements passés !
Mais j’ai compris qu’il fallait que je me batte pour que le théâtre soit pour tout le monde et non pas, comme je le voyais, simplement pour «des privilégiés». Mots que j’ai d’ailleurs retrouvés à Marseille plus tard.
Marseille, justement… Le Toursky
Un jour, dans le quartier de la Belle de Mai, je découvre une sorte de hangar désaffecté et j’ai tout de suite vu ce que je pouvais en faire. Je suis allé voir Gaston Defferre alors maire de Marseille, qui a accepté de me le confier. Il y avait du travail et j’investissais tout ce que je gagnais comme comédien dans ce lieu que j’avais fait insonoriser avec 5000 boîtes d’œufs !
Le jour de l’inauguration un grand poète est mort Alexandre Toursky. Le soir même j’apposais son nom sur le théâtre.
Savais-tu alors ce que tu voulais en faire ?
Oui. Je voulais travailler avec tous les pays de Méditerranée, proposer du vrai théâtre, de la vraie poésie, de la vraie chanson française. Un copain m’a alors présenté Léo Ferré. De ce jour on ne s’est plus quitté, il a été en quelque sorte le parrain du théâtre où il est venu souvent et où nous avons créé «L’opéra des rats». Sont alors venus Nougaro, Moustaki, Barbara et quelques autres.
Mon objectif aussi était de faire un haut lieu de la culture dans le quartier le plus misérable de Marseille et lui redonner une virginité.
Ça ne s’est pas fait sans mal mais ça va faire 50 ans l’an prochain que ça existe et que ça perdure. C’est devenu un lieu populaire, une belle aventure humaine, théâtrale, citoyenne, un lieu ouvert à tous à qui on propose des spectacles, de la danse, du théâtre, de la musique, des expos, des ateliers, des conférences, des rencontre et même un festival russe qui fête ses 25 ans et est devenu le plus important d’Europe. Nous travaillons avec tous les pays de Méditerranée et le Toursky rayonne partout à travers cette aventure. Nous réunissons quelque 70.000 spectateurs par an.
Mais ça n’a pas été un long fleuve tranquille…
Jamais, même aujourd’hui où je viens encore de faire une grève de la faim pour que la ville me redonne notre subvention. Tout le temps tout est remis en question parce que je gêne certainement quelques personnes. Mais c’est un lieu de culture et de fraternité qui a vu passer tous les artistes du monde. Mon travail est de rester un donneur d’alarme»
Ce jour-là nus nous sommes quittés en nous claquant trois bises. Surpris je lui demande pourquoi, moi qui, Ardéchois en ai l’habitude… Réponse claire : « Liberté, égalité, fraternité » !
De la fraternité, il y en a eu beaucoup ce jour-là… Et plein d’autres jours !
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier
Frédéric ANDRAU : Un comédien guidé par le hasard
1987. Frédéric Andrau va jouer « par hasard » son premier rôle au Revest. Il sera Roméo dans Roméo et Juliette » de Shakespeare.
De ce jour il n’arrêtera pas entre théâtre, cinéma, télévision, mise en scène…
C’est cette année-là que nous nous sommes connus car je connaissais déjà sa maman qui œuvrait pour Amnesty International.
J’ai donc suivi sa carrière qui pourtant n’avait pas débuté à Toulon mais… à Budapest !
Eh oui, moi qui connaissais tout de lui, j’étais sûr que c’était un Toulonnais pure souche !
Il rit de cette découverte alors qu’il répète à l’Espace Comédia, où il a souvent joué, la pièce de Diastème « Geli » en compagnie de la belle Alienor de la Gorce.
« C’est – me confie-t-il – une pièce que j’ai jouée au festival d’Avignon. Geli était la nièce d’Hitler, qui s’est officiellement suicidée en 1931.Un auteur va essayer d’élucider ce mystère et se met à parler avec elle. Il fouille toutes les pistes avec elle, chacun va apporter quelque chose à l’autre. Lui va la faire exister, elle va l’accompagner. En essayant de comprendre, il va comprendre des choses sur lui. C’est le directeur du Comédia André Neyton qui a voulu que je vienne jouer cette pièce chez lui. André qui est un ami, un fidèle et qui m’a accompagné sur plusieurs projets. Ici, je me sens chez moi. Puis nous reprendrons la pièce à la Manufacture des Abesses à Paris fin novembre »
C’est donc avec plaisir que je retrouve l’ami Fred dans ce théâtre où depuis des décennies, nous avons vécu et nous vivons toujours de bons moments.
Mais avant tout je veux découvrir les lieux de son enfance. Ce qui le fait rire.
« En fait je suis né en Allemagne, mon père était coopérant et professeur. Puis nous sommes partis en Tunisie, au Maroc et sommes restés sept ans à Budapest. C’est là que j’ai vécu ma première expérience cinématographique.
Raconte …
J’avais dix ans, le réalisateur Gazdaz Gyula tournait un film « Soyez les bienvenus » avec Laszlo Szabo, Bernadette et Pauline Laffont. Quelqu’un est venu à l’école demandant qui serait intéressé pour tourner dans un film. Spontanément j’ai dit « Moi ! ». Ça a été un hasard et surtout le moyen de sortir de l’école ! Je trouvais ça rigolo.
Tu avais déjà cette envie de jouer ?
Pas du tout ! J’étais très branché informatique, sciences physiques, maths… Et je voulais faire des études de commerce.
Et le théâtre alors ?
Je faisais des ateliers de théâtre et c’est à Toulon, où nous sommes venus juste après le tournage, que j’ai rencontré Jeanne Mathis qui faisait partie d’une compagnie « L’insolite traversée ». Ça a été le déclencheur : j’ai revendu mes ordis et j’ai décidé de faire du théâtre.
Et alors ?
Je me suis inscrit aux ateliers de Parvis Khazraï, puis au conservatoire de Toulon… où je n’ai pas fait long feu. Puis j’ai couru dans les pattes de Chateauvallon ! (Où il est venu quelques années plus tard jouer « Electre » de Sophocle avec Jane Birkin en 2006 – NDLA). J’avais une amie homonyme, Frédérique Andrau à qui je donnais des cours de math et de physique. Elle connaissait Cyril Grosse qui travaillait au théâtre du Revest et avait la compagnie « L’insolite traversée ». Hasard encore, je suis allé, sur son invitation, voir les répétitions de « Roméo et Juliette ». Il m’a proposé d’y jouer Benvolio. Puis il m’a demandé de jouer Roméo. C’est avec eux que j’ai vécu un moment le plus fort.
Il y a aussi la rencontre avec Diastème où, pour la seconde fois, j’ai eu cette sensation.
Comment s’est passée la rencontre ?
Encore par hasard ! Je passe un essai pour un de ses courts métrages qui, au départ, devait devenir un long métrage mais qui ne s’est pas fait. Il s’appelait « Même pas mal ». Alors il m’a proposé de jouer dans « La nuit du thermomètre ». Depuis, nous travaillons ensemble.
Combien as-tu fait de pièces avec lui ?
Beaucoup et des films aussi !
A propos, cinéma, télé ont suivi…
Le cinéma m’a fait beaucoup voyager en Corée, en Lituanie, en Suisse, en Irlande, en Inde. Ce sont de belles histoires, de beaux souvenirs. A la télé, j’ai fait quelques séries, j’ai aussi joué dans « Clémenceau », « La malédiction du lys, « L’accident »…
Qu’est-ce qui te plait dans le fait de jouer ?
De m’approprier des histoires qui ne sont pas les miennes, découvrir d’autres façons de penser, passer par un autre prisme que le mien, être en immersion dans un autre univers que le mien. Et au théâtre surtout, d’avoir le public en face. J’adore aussi faire de la mise en scène, construire un monde magique.
Tu as aussi mis en scène des opéras… Hasard encore ?
Oui ! Claude-Henri Bonnet, qui était alors le directeur de l’Opéra de Toulon, vient me voir jouer au Comédia « Un visible Théo » de Renaud le Bas. Il a été bouleversé. Il me propose alors de venir visiter l’Opéra. Ce jour-là soixante choristes répétaient sur scène. J’ai trouvé ça d’autant plus fabuleux qu’aujourd’hui on est souvent deux sur scène sans décor ! Il m’a alors proposé de mettre en scène un opéra. Je n’ai pas réfléchi, j’ai dit tout de suite oui, il m’a alors montré cinq opéras et m’a dit de choisir. J’ai choisi « L’enfance du Christ » un oratorio. Travailler avec un chœur a été quelque chose de fabuleux. Puis j’ai mis en scène « Lohengrin » et « Jules César ».
Alors, aujourd’hui, quel chemins prends-tu ?
J’ai joué « La malédiction du lys » de Philippe Niang qui est passé il y a quelques semaines à la télé. J’ai fait une petite participation dont je suis très fier dans le film de Vanessa Filho « Le consentement ». Nous nous étions connus sur « La paix dans le monde » de Diastème. J’ai participé à une série sur Coco Chanel « The New Look » avec Juliette Binoche. Je vais faire une tournée théâtrale avec « La brève liaison de maman » avec Francine Bergé que j’adore et qui joue ma mère.
Je vais aussi faire une tournée avec la pièce « Marion, 13 ans pour toujours » d’après le superbe roman de Nora Fraisse que j’ai mis en scène et qu’on a joué au festival d’Avignon. A chaque étape il y a des ateliers, je vais dans une école pour parler du harcèlement scolaire car c’est un sujet important que notre pays ne considère pas assez et à qui on ne donne pas assez de moyens. Je rencontre beaucoup de jeunes et ce sont des rencontres très constructives.
Après ça… A quand des vacances à Toulon ?
Il rit). Mais j’y suis !
Pour trois jours que tu passes au Comédia !
C’est toujours ça ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier
Sanary – Théâtre Galli : Zize se dédouble !
Zize du Panier est, ce qu’on appelle chez nous « Une cagole » qui fut en son temps Miss Marseille. Une femme à la voix qui porte, à l’accent à couper au couteau, un brin caractérielle, à l’humour corrosif n’épargnant personne.
Avec tous ses « atouts », elle est devenue une star : la Grâce Kelly de Marseille… Une lady loin d’être Gaga… Rien que ça !
Aujourd’hui elle fait des tournées internationales, plus dans le Midi qu’ailleurs et malgré tout cela, elle est une femme seule, à peine divorcée, qui subit en plus, depuis quatre ans, son règlement climatique et biologique.
Du coup, elle cherche un majordome pour s’occuper d’elle et lui tenir compagnie.
Comme sorti d’une boîte, car elle n’a même pas eu le temps de poser une annonce, se présente Jacob, un brin farfelu, fan de la diva et qui profite qu’elle est en tournée pour prendre sa place, ses affaires, ses vêtements. Son rêve : devenir son sosie (en marseillais son sôsy !)
Ce qui met Zize, de retour de tournée, dans une rage folle, hallucinée de voir Jacob dans ses propres robes, dans lesquelles elle ne peut plus rentrer. Et du coup, appelle son producteur avec son téléphone à reconnaissance… anale !
De là, crises de colère, discussions à n’en plus finir, disputes « avé l’assent »… et beaucoup de crises de fous-rires qui ne sont pas dans le texte !
Cette pièce burlesque et truffée d’humour est signée Thierry Wilson… qui n’est autre que Zize dans la vraie vie. Alors qu’elle nous avait habitués à des « seule en scène », la voici encombrée d’un jacob dont elle pense qu’il a « un dérèglement de la fougasse » !
Jacob, c’est Didier Constant, personnage truculent qu’on a pu voir dans des choses plus sérieuses : Guitry, Pagnol, Feydeau, Beaumarchais et quelques grands noms du théâtre. Il a sévi au cinéma, dans des séries TV et là, il trouve un rôle incroyable de folie, d’énergie et forme avec notre Zize un duo digne de « La cage aux folles » où les répliques cinglent, pétillent d’humour et de jeux de mots quelquefois limite licencieux mais tellement drôles !
Tous deux se sont bien trouvés et le théâtre plein à craquer a ri et applaudi à tout rompre.
A noter que les costumes extravagants sont signés Mine Vergès, une grande parmi les grandes qui, depuis 60 ans, habille et déshabille tous les artistes du Moulin Rouge, mais aussi les artistes des shows Carpentier, Dalida, Nana Mouskouri, Mylène Farmer, Juliette Gréco, Line Renaud, Joséphine Baker, Barbara dont j’ai eu la chance de découvrir la dernière robe qu’elle lui avait confectionné pour une rentrée qui n’a hélas pu se faire. Une très grande dame avec qui j’ai passé une journée de rêve au milieu de ses créations.
Et là, pour nos deux stars, elle leur a offert entre autre un costume de drag-queens incroyables. Qui ajoute au succès de ce nouveau spectacle drôle et chatoyant.
Didier et Thierry ont eu la gentillesse de nous recevoir avant le spectacle pour une petite séance photos, malgré un trac incroyable, le spectacle étant encore tout neuf et le trac était omniprésent.
Que vous dire de plus sinon que l’on a passé une soirée inoubliable.
Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier
Ghislaine LESEPT, alias Gigi…
Du rire jusqu’au bout des cheveux !
Ghislaine Lesept est un phénomène, une boule d’énergie et de gouaille provençale, avec de l’humour à revendre, ce qui prouve qu’on peut être belle et faire rire les gens.
Elle m’a toujours fait rire, ce qui n’empêche pas d’avoir ensemble des conversations sérieuses mais surtout amicales.
Elle vient à peine de terminer la tournée « Route 83 » qu’elle enchaîne déjà sur d’autres spectacles ! Et la voilà dans ce lieu magique qu’est Clairval à Carqueiranne où elle chauffé à bloc un amphi plein à craquer. Et on avait besoin de chaleur car, malgré la fin août, il faisait frisquet !
Arrivée vers 17 heures, elle va tout étudier du lieu, se faire du soucis pour le vent qui pourrait faire tomber les décors et surtout répéter, avec un débit de mitraillette, le spectacle du soir : « Gigi vous décape la tignasse ».
Le public aussi, elle l’a décapé, avec une voix tonitruante, un à-propos incroyable, même lorsque la sono fait des siennes et qu’elle retourne la situation devant un public hilare Même lorsqu’elle prend des gens dans le public qui au départ se méfient mais qui très vite entrent dans le jeu !
Mais avant le spectacle, on se retrouve dans l’intimité de la loge pour faire un peu le point car depuis le covid on ne s’était pas revu.
« Gigi, tu viens de terminer une longue tournée avec « La route 83 »…
En fait, pas si longue que ça ! Longue dans la durée puisque ça s’est passé sur deux mois mais avec seulement 12dates alors qu’avant, ce genre de tournées en faisait 40. Manque d’argent des mairies ? Public qui a changé ses habitudes ? Malgré tout, tout s’est très bien passé pour moi.
Mais tu n’as pas perdu de temps puisque tu es déjà sur scène !
Oui, j’ai repris ce spectacle que j’ai joué en tournée un peu tronqué. Du coup c’est pour ça que tu m’as vu répéter d’un bout à l’autre pour me le remémorer, me le remettre en bouche. Je le reprendrai aussi au Théâtre de la Porte d’Italie le vendredi 23 octobre, ainsi que « Noces de rouille, les débuts de l’embrouille » les 29 et 30 décembre. Avec aussi d’autres dates car on continue à me les demander.
Et puis, entretemps j’ai écrit un nouveau spectacle que je jouerai, toujours à la Porte d’Italie, du 17 au 19 novembre.
Parle-moi de ce spectacle.
Il s’intitule « Fromage de chèvre sauce thaï ». Je ne l’ai joué que trois fois au mois de juin et ça été un gros succès. D’habitude je joue avec Fabrice Schewingrober, mon éternel Jeannot marchand d’olive, qui joue mon mari. Mais là je vais jouer avec Mickaël Coinsin qui sera mon fils.
Qui est-il ?
J’ai connu Mickaël à travers les spectacles qu’il est venu jouer au Théâtre de la Porte d’Italie. Je l’ai remarqué car il est un excellent comédien qui possède un vrai sens du comique et un sens du rythme incroyables. Plusieurs fois je me suis dit « J’aimerais jouer avec lui ». J’ai fini par lui demander si ça l’intéresserait. Il me répond qu’il a vu et aimé tous mes spectacles et qu’il rêve de jouer avec moi. Tu parles que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd !
Un jour je l’appelle et je lui demande s’il aimerait être mon fils. Je savais qu’il jouait dans plusieurs compagnies mais il me répond : « Si tu veux de moi, j’arrête tout et je viens ! »
Je me suis empressée de lui envoyer le texte qu’il a adoré en me disant que c’était le rôle de sa vie. Il avait tout compris de ce que je voulais faire passer. Et on l’a créée au Colbert à Toulon. A la fin du spectacle, la directrice me dit « J’étais très émue, ça m’a fait penser à « Jean de Florette ». Tu imagines comme j’étais heureuse !
« Jean de Florette », c’est un beau compliment mais ce n’est pas que comique !
C’est exactement le cas de cette pièce…
Raconte.
Je dois partir en Thaïlande avec Jeannot, mon mari mais il a une crise d’hémorroïdes et doit entrer en clinique. Du coup je pars avec mon plus jeune fils. Mais tout au long du voyage il me dit « J’ai quelque chose à te dire ». Il est un peu « ensuqué » et s’est toujours senti inférieur à son frère qui réussit tout. Il se dénigre tout le temps.
Il finit par m’annoncer qu’il ne veut plus travailler avec nous au magasin d’olives mais qu’il veut devenir chevrier… avec un certain Momo. Je comprends qu’il m’avoue en même temps être homo. Et là, il y a un passage entre nous où il se sent coupable, où il a peur de nous faire de la peine ou de nous mettre en colère. Je lui explique que les parents veulent avant tout le bonheur de leurs enfants et que si c’est sa vie, il faut qu’il la vive.
Il y a un tel moment d’émotion que l’on finit en larmes… Avant que ça reparte sur le rire !
Et tu sais ce qu’un spectateur m’a dit : « C’est du Pagnol du XXIème siècle » !!!
Ça va pour toi ??
Très bien ! Et on va partir avec la pièce.
Et tu continues la programmation de la Porte d’Italie ?
Oui, je le fais toujours mais moins qu’avant car je ne peux pas tout faire. Tu sais que l’an dernier j’ai fait 103 dates. C’est presque trop car lorsque tu n’es pas au bureau pour trouver des contrats, tu es sur scène, tu es sur la route… Toulon-Compiègne, ça en fait des kilomètres !
Tu n’as pas un producteur ou un tourneur ?
Écoute, j’ai rencontré deux producteurs l’an dernier à Avignon. Mais quand j’ai vu ce qu’ils prenaient par rapport à ce qu’ils me proposaient, il me semblait que j’allais faire la p…e !
Ils sont juste là pour remplir leurs propres poches et pas pour te faire plaisir. J’aurais dû travailler pour un bol de riz !
Finalement, je préfère travailler seule même si c’est plus difficile et si j’en fais moins. Mais d’abord, aujourd’hui, les théâtres me font confiance et prennent mes spectacles et surtout je suis libre de travailler en toute connaissance de cause.
Je ne suis à la botte de personne ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Patrick Carpentier
Sanary – Festival de Théâtre
David Brécourt et sa bande des quatre…
Comme les mousquetaires, ils sont quatre : David Brécourt, Mélanie Page, Clémence Thioli, Benjamin Boyer. Quatre comédiens complices venus à Sanary pour présenter la pièce de Michaël Sadler « Brexit sentimental », mise en scène par Christophe Lidon.
C’est dans le cadre de ce festival estival de Théâtre dont l’idée est venue de Claudine d’Arco, directrice du Théâtre Galli, qui a proposé à David de monter celui-ci et d’en devenir le parrain. Boris Soulage, de Prométhée Productions a tout de suite aimé l’idée et s’est associé à eux pour présenter, depuis trois ans, des pièces en plein air, dans le cadre de « Sanary sous les étoiles ». Mais le vent en ayant décidé autrement, c’est en fait au théâtre Galli que les pièces ont été jouées. Avec le succès que l’on sait.
Rencontre avec nos quatre complices, qui n’a pas été sans bonne humeur ni rigolade.
« Qui nous raconte l’histoire ?
Mélanie : C’est moi qui m’y colle ! Il s’agit d’un couple d’Anglais qui rencontre un couple de Français le soir de l’élection du brexit. Ils vivent en France et c’est le choc des cultures. Ce sont deux couples en crise, en parallèle avec la crise en Angleterre et ils vont vivre des moments savoureux.
Quelle est la genèse de cette pièce ?
David : Le projet vient du metteur en scène, Christophe Lidon, qui a fait son casting. Mélanie était sur le coup depuis longtemps. Quand elle a vu la taille du rôle, elle s’est dit qu’elle ne pouvait pas passer à côté ! (rires). A partir de là, Christophe a choisi de petits comédiens pour l’entourer : Benjamin, Clémence… Et moi ! On a aussitôt formé une belle équipe et la pièce a eu un franc succès. Cet été nous ferons trois étapes : Sanary, Ramatuelle et Eze.
Autre genèse : ce festival.
David : J’en suis le parrain depuis trois ans suite à la proposition de Claudine et de la ville de Sanary… Et ça marche de mieux en mieux. Il faut se donner une ligne de conduite pour fidéliser le public. Avec Boris, nous choisissons les pièces et ici nous sommes plus sur un festival de comédies. Nous travaillons tous ensemble en ce sens. Depuis trois ans nous présentons trois spectacles. Nous espérons pouvoir en présenter quatre ou cinq dans les prochaines années.
David et Mélanie, vous avez tous deux joué dans la série « Sous le soleil ». Vous étiez-vous rencontrés ?
Mélanie : On s’était croisé, on se connaissait mais on n’y jouait pas ensemble. A l’époque, nous n’étions pas amis. Depuis, on s’est rapprochés et c’est notre quatrième pièce ensemble. Maintenant on se connaît très bien et je l’aime fort !
David : Moi aussi !
Mélanie : Redis-le plus fort !
Dans cette pièce, il joue mon mari mais il a tendance, comme tous les Français – c’est ce qu’on dit ! – à draguer sur tout ce qui bouge.
Clémence : Et il a bon goût puisqu’il est attiré par moi qui suis une femme très pétillante (dans la pièce !), très extravertie, ce qui va créer des fictions entre les deux couples.
Mélanie : Et comme je m’ennuie un peu, je vais aller vers son mari.
Et vous, Benjamin ?
Je suis un auteur qui a un peu de mal à écrire. Ma femme, qui est très exubérante, m’empêche quelque part de créer. Je cherche l’inspiration que je vais peut-être trouver en me rapprochant de cette jolie Française qui m’apporte un peu d’imprévu.
Mélanie et Benjamin, vous avez dû prendre un accent anglais. C’était difficile ?
Benjamin : Yes ! On essaie de parler le français comme des anglais mais comme je suis un intellectuel, je m’adapte et j’essaie de me faire comprendre.
Mélanie : J’ai la chance d’être franco-anglaise, donc ça m’a été plus facile. Je me suis inspiré de l’accent de ma mère et je parle le français à la façon de Jane Birkin.
Mélanie, à vos tout débuts vous avez démarré avec Shakespeare et Molière, excusez du peu !
Pui, j’avoue que ce n’est pas mal pour des débuts. J’ai joué « Roméo et Juliette » puis « l’avare » avec Francis Perrin. C’est beau de jouer des classiques. J’aimerais y revenir d’ailleurs. Justement, nous avons un petit projet tous les quatre. J’espère qu’il se réalisera.
Benjamin, parlez-nous un peu de vous.
J’ai surtout fait beaucoup de théâtre depuis trente ans. Avec David on se connaît depuis longtemps car nous avons tourné ensemble pour la télévision. Cette année j’ai joué « Le menteur » de Corneille au Petit Montparnasse 280 fois… Un beau succès .
Et vous Clémence ?
Moi, je ne joue pas depuis trente ans mais j’ai aussi fait beaucoup de théâtre. J’ai joué avec Stéphane Freiss « Comédie romantique », justement mise en scène par Stéphane Lidon, puis j’ai participé à l’émission de France Inter « Affaires sensibles » que je reprendrai à la rentrée.
David : Ce qu’elle ne dit pas c’est qu’elle a plusieurs cordes à son arc !
Clémence : Oui, je suis auteure, metteuse en scène. C’est vrai que j’adore les comédiens et j’aime autant jouer avec eux que les faire jouer ou écrire pour eux.
David, quant à toi, tu es débordé de projets !
Déjà je fais ce festival à Sanary, j’en monte « Les Théâtrales d’Eze » où là, la programmation sera plus diversifiée, nous monterons des spectacles dans lesquels on peut rire, sourire, pleurer, être ému… Je serai à la rentrée aux Mathurins avec « En ce temps-là, l’amour » puis je jouerai un seul en scène à la Madeleine.
Et « The mandalorian » ?
Ah, tu sais ça ?
C’est une série tirée de « Stars War » mais je n’y joue pas, je prête ma voix à un comédien de la série. C’est vrai, c’est inattendu mais j’aime varier les plaisirs. On m’appelle souvent à la télé mais ma passion reste le théâtre, jouer, mettre en scène… Avoir des projets divers, travailler avec des copains, être en osmose avec une équipe.
Mélanie, on parlait tout-à-l ’heure de Molière et Shakespeare mais vous avez aussi joué avec Robert Hossein, Claude Lelouch, Luc Besson… C’est pas mal non plus !
J’avoue, j’avoue ! Ah, Hossein c’est une rencontre magnifique, aussi bien professionnelle qu’humaine. J’ai eu la chance de jouer deux fois avec lui, entant que metteur en scène mais aussi en tant qu’acteur. Il m’a beaucoup appris. Tous les soirs on jouait différemment, on jouait autre chose selon son humeur du jour. On ne savait jamais comment ça allait se passer. Ce pouvait être une comédie, un drame selon comment il avait vécu sa journée. Mais on le suivait avec plaisir car c’était un renouvellement permanent. Ça a été une très bonne école et il me manque beaucoup. J’avais une très grande tendresse pour lui.
Et pour Besson et Lelouch ?
J’avais un petit rôle dans « Jeanne d’Arc » mais de le voir travailler sur un plateau, c’était fascinant. Il tournait, tournait sans jamais couper puis il en extrayait de petits bouts. J’ai eu la même chose avec Lelouch mais là, il y avait beaucoup d’impro. Il laisse tourner la caméra puis il fait faire autre chose aux acteurs. C’est intéressant de travailler avec ces hommes-là.
David, toi qui es ami avec Philippe Lellouche, as-tu entendu parler de son accident ?
(Il rit) Les réseaux sociaux ont dit n’importe quoi, il n’y a jamais eu de sortie de route. Tout simplement il mangeait de la fêta allongé et a failli s’étrangler. C’est ça sa sortie de route ! Il était sur le point de s’étouffer. Heureusement, quelqu’un a réussi à lui remonter le plexus et il a pu recracher ! Il adore manger… et être couché comme dans les orgies de l’époque !!!
Mélanie, on vous a vue dans la série « L’école de la vie » où vous avez un regard à faire peur !
Oui, j’ai adoré cette série et je me suis bien marrée, même si je ne souris jamais et je fais peur ! Dans la saison deux on est allé encore plus loin, il y a limite de la magie dans mon personnage. Elle fait peur à tout le monde et Mme Joubert est un rôle que j’ai beaucoup aimé interpréter. Sans compter que le tournage a été très joyeux »
Joyeuse est le qualificatif qui désigne bien cette folle équipe qui a adoré flâner dans les rues de Sanary « une ville apaisante » précise David. Ils ont fait le marché des artisans le soir et David et Benjamin piétinaient pendant que les filles achetaient tout et n’importe quoi mais tout s’est passé dans les rires et la complicité.
On a hâte de les revoir.
Jacques Brachet
Sanary
Festival de théâtre : Les trois coups ont été frappés
En pleine saison de la programmation « Sanary sous les étoiles », alors qu’il y manquait quelque chose, Claudine d’Arco, directrice du théâtre Galli de Sanary, a décidé d’y ajouter du théâtre.
Il est vrai qu’à part le festival de Ramatuelle et après l’abandon du Théâtre In Situ de Carqueiranne, les amateurs de théâtre étaient quelque peu frustrés.
C’est ainsi que Claudine a demandé à un comédien d’organiser un mini-festival.
Ce comédien est connu des téléspectateurs pour avoir, durant quelques années, joué dans la série « Sous le soleil » puis, après quelques beaux rôles à la télé, s’est acoquiné avec l’équipe Lellouche-Vadim-Gélin pour nous offrir une série de pièces à succès ; « Le Jeu de la vérité, « L’appel de Londres », « Boire, fumer et conduire vite », « Le temps qui reste ».
Beau palmarès, et il a très vite été convaincu de venir tous les étés parrainer ce festival et même y jouer.
Le voici donc entre Eze, où il prépare aussi un festival de théâtre et Sanary où il présente trois pièces dont la première a eu lieu mercredi soir : « Pour le meilleur », jouée par ceux qui l’ont écrite : Arnaud Gidoin et Gaëlle Gauthier. En présence du maire, Daniel Alsters, de nombreux élus, Arnaud a présenté la pièce lors d’un très sympathique cocktail, avant de faire rire le théâtre qui, à cause du vent, recevait la pièce impossible à jouer à l’extérieur. Ce qui, entre nous, n’était pas plus mal.
David présenta alors les deux autres pièces, la seconde étant de Michaël Sadler « Brexit sentimental », qu’il interprètera avec Mélanie Page le 31 juillet « sous le soleil » si le vent décide de s’apaiser !
Le 1er août, Manon Gauthier et Mila Michaël entre autres, nous proposeront la pièce « Gazon Maudit », tirée du film de Josiane Balasko.
Toute l’équipe était heureuse de se retrouver pour la troisième saison à Sanary et Claudine et David espèrent faire évoluer ce festival en y ajoutant des dates l’an prochain.
On y sera !
Jacques Brachet
Théâtre de Fortune : Le Cid revu et corrigé !!!
Le Théâtre de Fortune est une association de jeunes garçons et filles créée par une ex professeur de Français, Marie-Paule Martinetti, qui, depuis pas mal d’années, donne des cours à des étudiants et monte des spectacles avec eux.
Aujourd’hui à la retraite, elle continue avec passion à s’occuper de ces ados à qui elle transmet l’art des mots et du théâtre, en les accompagnant sur scène en fin d’année scolaire et même durant l’année.
Chaque année, sa troupe n’est ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre car des élèves quittent le collège Reynier de Six-Fours où tout a commencé, remplacés par d’autres. Et même certains anciens reviennent de temps en temps pas nostalgie et fidélité à une prof qui a su leur inculquer le plaisir des mots, la joie de les dire et de s’exprimer.
L’an dernier, elle nous avait présenté une version iconoclaste de la fameuse œuvre de Corneille, « Le Cid », revue et corrigée par MPM herself car en plus elle a le talent et l’humour qui font d’un drame cornélien, une comédie molierrene. Car tout y est : la farce, les bons mots, tout en alexandrins ne vous déplaise car elle a ce don de le faire avec esprit, intelligence et gourmandise. Elle vient de remonter ce « Cid 2022 » avec d’autres élèves et des anciens qui ont changé de personnages .
Et ses élèves suivent cette femme volubile, toujours en mouvement et tellement heureuse de mettre en lumière ces jeunes talents.
Car ces cinq comédiens qui se sont mis avec plaisir dans la peau des héros cornéliens nous font rire d’un bout à l’autre de ce qui est devenu une pièce en un acte où Nathan Teisseire passe avec une aisance incroyable du rôle d’un Cid à côté de ses pompes à Elvire, la duègne de Chimène ou encore au roi qui n’est pas « fut-fut ».
Chimène (Roxane Pauliac) est sous pression et quelque peu exitée, prise entre son père et Rodrigue, les deux rois sont des bouffons (Nolan Solari et Lucy Verdier) et le récitant… est une récitante toute jeune mais oh combien expressive (Manon Lazaro).
Que dire, sinon qu’on a passé une soirée de franche rigolades, pleine d’humour, de jeux de mots servis par de jeunes comédiens en herbe qui jouent avec un aplomb incroyable.
Si Corneille a dû se retourner dans sa tombe, dans l’autre, Molière a dû bien s’amuser et être satisfait de voir que la relève était assurée !
Et ce n’est pas fini puisque Marie-Paule nous annonce pour la rentrée deux vaudevilles signés Labiche et Feydeau puis plus tard, un spectacle de Baffi, toujours revus et corriges par l’inénarrable prof que tout le monde adore.
On a hâte d’y être !
Jacques Brachet