
Nicolas Loth est un homme discret, sympathique, qui ne « se la pète pas » parce qu’il est surfeur. Il est tout simplement passionné par ce sport, après avoir été un champion cycliste et être un chroniqueur sportif, ce qui le faisait déjà rêver tout petit. « Surfeur-chroniqueur », c’est original et c’est ce qu’il dit être.
Il vient de tourner son premier documentaire sur ce sport de glisse, « Demain, ça rentre ? » qu’il a réalisé, produit et distribué. Et il était l’invité du Six N’Etoiles » de Six-Fours, accompagné de deux charmantes jeunes filles : Mallorie et Mélina, qui ont assuré la présentation du réalisateur et le débat après le film.
Toutes deux font partie de l’association « Unis-Cité » dont le but est de donner aux jeunes envie de pouvoir agir, de les rapprocher du monde de l’entreprise, de leur faire vivre une expérience collective et solidaire en étant accompagnés et formés pour apprendre à agir en équipe. Ce qu’elles font dans le domaine du cinéma en allant dans les écoles et de temps en temps venant au cinéma pour animer des soirées.
Rencontre amicale entre les deux animatrices et le réalisateur.
Et rencontre avec moi pour en apprendre plus de ce surfeur-chroniqueur !
« Nicolas, vous êtes à la fois journaliste et surfeur. Qu’est-ce qui est arrivé en premier ?
Le journalisme. Par ailleurs, je viens du monde de la glisse ; étant plus jeune, je faisais du skate, donc j’avais déjà quelque chose avec les sports de glisse. Par contre, j’ai fait du vélo à haut niveau. Après ma petite carrière de cycliste, j’ai commencé à m’intéresser aux sports de la glisse.
Et le journalisme ?
Je suis plutôt commentateur sportif et j’ai commencé en faisant des chroniques sur le vélo pour une chaîne de télévision…
Laquelle ?
La chaîne de « L’Equipe ». Au début j’étais pigiste aux sports. J’avais envoyé des CV, on m’a pris et j’ai dû me familiariser avec le micro t me retrouver sur des courses de vélo par chez moi en tant qu’animateur. Et puis… J’ai dû enfoncer des portes pour commenter à la télévision. Je suis resté aux sports quelques années parce qu’il y avait une opportunité.
Et le journalisme a toujours été une passion ?
Je préfère dire : le commentaire. Ce qui me plaisait, c’était de parler dans un micro et cette envie est arrivée assez tôt dans ma vie, vers cinq/six ans. Sans doute un besoin de m’exprimer ! Je n’étais peut-être pas très sûr de moi au début.
Vous êtes varois ?
D’adoption, car je suis né à Paris mais j’ai grandi à Saint-Raphaël et aujourd’hui j’habite à Lamartre, un petit village varois
Où pratiquez-vous le surf ?
J’ai commencé à le pratiquer – je le pratique toujours – à Antibes, car mes beaux-parents y habitent. Mon beau-frère, que vous voyez faire du paddle dans le film, habite lui aussi à Antibes. Mais je me déplace sur de nombreux spots où il y a de la houle…
Vous suivez les vagues ?
(Il rit) Exactement. Il y a aussi un spot à Saint-Aygulf. Ca dépend de l’entrée de houle !
Dans le film, vous comparez la Méditerranée à l’Atlantique…
Oui, car il y a effectivement des différences. Tout est différent. En fait pour moi, ce n’est pas le même sport, ce n’est pas la même pratique. Il n’y a pas le même rapport au temps. On vient beaucoup plus fréquemment sur l’Atlantique, car il y a souvent de plus grosses vagues qui peuvent atteindre jusqu’à six mètres. Chez nous c’est un hymne à la patience, à l’attente et c’est cette singularité que j’ai voulu filmer car c’est très rare en Méditerranée, même si parfois il y a de grosses houles. C’est aussi beaucoup moins dangereux.
Pourquoi ?
Parce qu’il n’y a pas cet effet de marée, il n’y a pas non plus ce qu’on appelle ces fameuses baïnes, ces courants qui vous emmènent vers le large. Ce sont en fait deux façons différentes de surfer.
Et vous préférez surfer chez vous ?
Oui, même si j’aimerais que ce soit un peu plus fréquent. Il y a aussi le fait que j’ai grandi sur les bords de la Méditerranée, cette mer qui est très parlante pour moi. L’Atlantique, c’est magnifique, j’y vais assez souvent mais ce n’est pas pareil. Ici, je me sens chez moi.
Mais j’ai vécu dans l’Atlantique des cessions incroyables.
Pourquoi ce film ? Est-il le premier ?
J’en ai fait plusieurs sur le monde du vélo. J’ai créé une association qui s’appelle « La Bordure » parce que j’avais beaucoup de mal avec les documentaires qui étaient faits sur le fait que c’était très manichéen. Il y avait d’un ôté les bons, de l’autre, les méchants. Et moi, je m’intéressais beaucoup aux méchants, ceux qui s’étaient faits prendre pour dopage, qui avaient des histoires singulières. Mais comme je sentais que ces histoires étaient difficiles à présenter en télé, on a créé cette association avec un ami journaliste.
Comment les présentez-vous s’ils ne passent pas à la télé ?
Sous forme de soirées-débats, de rencontres où l’on veut bien nous recevoir. Comme ce soir au Six N’Etoiles. C’est pour nous un modèle économique. Nous sommes nos propres producteurs, nos propres distributeurs. Aujourd’hui j’aimerais que ça prenne une autre forme. Je commence un peu à m’épuiser de toute cette énergie que ça implique.
Donc c’est le premier film sur le surf ?
Oui et c’est le plus personnel parce que là, je parle vraiment de mon addiction, mon rapport au surf par le prisme de ces quatre personnages et c’est vraiment moi… Qui est venu parler de moi !
Ce qui m’a surpris, c’est qu’il y a beaucoup d’interviewes et de portraits pour peu d’images du surf…
Ce qui m’intéressait, c’était la psychologie des personnages, ce qu’ils cherchaient dans ce sport. Je voulais emmener les gens avec moi en leur montrant cette attente de la houle, comment on peut être aussi addict, aussi frustré parfois lorsque la vague ne vient pas mais aussi si « jouasse » lorsqu’elle est là, aussi gamin… C’est tout cela que je voulais montrer à travers ces quatre personnages.
Cette addiction peut poser des problèmes avec la famille, l’entourage… La femme attend souvent à la maison…
(Il rit) Bien sûr mais il se trouve que ma femme surfe aussi, ce qui est encore plus difficile car si elle m’attendait à la maison, il est fort probable qu’on se serait plus ensemble ! Mais comme le dit Yann, dans le film, il faut pouvoir et savoir dompter son égoïsme. C’est un vrai travail d’introspection pour moi. Comment est-on ou veut-on être avec son entourage ?
Est-ce qu’on veut laisser sa femme, ses enfants ? Mais quelquefois, on a vraiment envie d’être un gros égoïste car les belles cessions sont tellement rares qu’on a envie d’y aller. C’est le petit garçon qui parle, qui dit « laissez-moi faire ce que je veux ».
Vous avez des enfants ?
Oui et du coup c’est quelquefois compliqué de les faire garder ! Aller à l’eau ensemble n’est pas si facile.
Quel âge ont-ils ?
Ma fille a deux ans, mon fils sept ans et demi.
Et ils aiment le surf ?
Ma fille est encore trop petite. J’ai emmené mon fils sur une planche mais il n’est pas très téméraire. Il est assez craintif pour l’instant mais je ne le bouscule pas. Il est plutôt dans la création, le dessin. Il a beaucoup moins le besoin de se dépenser que moi.
De « kiffer » comme vous aimez dire ?
Comme le disent les jeunes ! Mais j’ai 38 ans et je le dis !
Les quatre personnes que vous avez filmées sont des copains ?
Ce sont des amis, vraiment. Dont mon beau-frère. Ce sont eux qui m’ont initié au surf en Méditerranée, qui m’ont accueilli, montré comment faire, qui m’ont vraiment fait découvrir la sensation de la vague.
A propos : quelle est la signification du titre du film ? »
C’est sous-entendu : « Est-ce qu’il y a des vagues ? », « Est-ce que la houle rentre ? »
Vous êtes en tournée ?
Si l’on veut. J’ai quelques dates à Cassis, à Marseille, à la Ciotat puis je vais aller présenter le film en Bretagne. J’ai quelques dates.
Vous faites des compétitions ?
Non. Je fais juste ça par plaisir, pour me challenger, pour être meilleur. Mais ça reste avant tout un plaisir ».

Propos recueillis par Jacques Brachet