Le photographe Élian Bachini nous a quittés à 78 ans dans la nuit du 19 au 20 novembre 2023. Élian Bachini est né en Toscane (Italie). Il avait la prestance, l’élégance et la douceur toscane. Il vous accueillait le sourire aux lèvres, les yeux pétillant, et vous saluait de sa voix charmeuse. Affable, toujours prêt à aider, à rendre service, à organiser quelque chose. C’est ainsi qu’en 1990 il cofonda l’association « Minos, Photographes en Méditerranée » qui regroupait 10 photographes de l’aire toulonnaise, et qui font une belle carrière. Élian Bachini se passionne très tôt pour la peinture ; il dessine, peint, tout en suivant des études de Lettres Italiennes à Aix-en-Provence. Mais c’est la photographie qui va devenir sa passion, sa raison de vivre. Fasciné par la danse et le théâtre il deviendra en 1980 le photographe officiel pour la danse à Châteauvallon, jusqu’en 2000. Il ira jusqu’à faire des stages de danse afin d’être mieux à même d’anticiper, de capter les mouvements des danseurs et des danseuses. C’est là, à partir de 1997, qu’il aura l’idée de tirer ses photographies sur des toiles de jute ou de lin, ou sur papier aquarelle, se rapprochant ainsi de la peinture. Vont naître les séries « Picturales de danse et Silence écrits de danse ». Nous pensons qu’il atteint ici le grand art. Captation des attitudes, des ombres et de la lumière, mouvement piégé par le déclic et qui pourtant reste toujours miraculeusement mouvement.
Ne se contentant jamais de l’acquis il va multiplier les expériences, presque toujours avec succès. Il tire des photos sur la pierre, qu’on a vues à l’exposition « Pierre(S) ». Il utilise le numérique pour « Osmoses minérales ». Il travaille sur les fontaines de Brignoles pour en tirer des photos compétemment surréalistes et très drôles : les « Fantastiques Fontaines de Brignoles ». Il produira une série très facétieuse pour les toilettes d’Auchan à La Seyne sur Mer ; ce qui permet à un très grand nombre d’admirer les œuvres. On peut encore citer « Incrustations », un jeu avec l‘homme de la préhistoire. Parfois il lui arrive même d’intervenir graphiquement sur la photo. Il franchit encore un pas avec « Osmoses minérales II », photographies dans lesquelles matières minérales et autres s’unissent au corps, aux visages. Un rendu époustouflant par l’utilisation des couleurs, de la lumière, et la superposition d’éléments divers : tout cela crée un envoûtement qui vous emmène ailleurs. Élian Bachini est aussi le photographe de la femme, révélée mais toujours énigme, élément subliminal et poétique qui transcende les ambiances, fleur et lumière de la nuit, graphème de l’amour. On retrouve toujours les mêmes qualités de dévoilement du réel et de questionnement, que ce soit dans les personnages, les paysages, ou les objets.
Il sera souvent invité aux « Hivernales d’Avignon » et enchaînera les expositions en France et à l’Étranger, jusqu’à son dernier souffle. On peut encore admirer ses « Métamorphoses » jusqu’au 8 décembre à la Galerie d’Art Le Moulin à La Valette, et d’autres œuvres à la Galerie Cravéro au Pradet jusqu’au 25 novembre. En plus de l’éblouissement de son œuvre, nous n’oublierons pas les fêtes partagées, ses spaghetti bolognese, son lapin à la moutarde et son escalope milanaise. Une foule immense est venue rendre un dernier hommage à notre ami, parmi laquelle les photographes d’ex-Minos, compagnons des débuts. Au revoir Élian Bachini. Pourquoi nous as-tu quittés si tôt en ce triste mois de novembre ? Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa fille Gwendaline, à sa compagne Karine, et à sa famille.
Elle est, comme nombre de métiers du théâtre et du cinéma, une femme de l’ombre puisqu’elle est créatrice de costumes. Véritable artiste elle-même, elle habille comédiens et comédiennes mais elle a sa manière bien à elle de le faire puisqu’elle les vêt des impressions que lui donnent les mots, les histoires, selon leur rôle, leur personnalité, selon l’histoire personnelle que lui inspire le personnage. Avec la tête, avec le cœur comme l’aurait dit un chanteur mal aimé ! Elle fut la complice de réalisateurs comme Jean-Michel Ribes, Patrick Timsit, Jean-Luc Moreau, Didier long au théâtre… Aucinéma avec Pierre Granier-Deferre, Robert Guédéguian, Mathieu Amalric, Bruno Podalydès, Charlotte de Turkheim… Et c’est grâce à la présidente de « Lumières du sud » Pascale Parodi, que Juliette Chanaud est venue nous parler de sa passion… Même si aujourd’hui elle est en train de passer à autre chose. Sa passion, elle nous l’a communiquée et j’ai passé un moment magnifique avec cette artiste volubile qui a mille anecdotes à raconter, ce dont les adhérents de « Lumières du Sud » ont bien profité !
« Juliette, comment vous est venue cette passion du costume ? J’ai d’abord travaillé dans la mode, la haute couture, le prêt-à-porter. Mais en fait, ça ne me plaisait pas du tout. Alors, pourquoi y être allée ? J’ai passé un bac publicitaire, passé le concours des Beaux-Arts de Paris. J’avais alors 18 ans et plutôt envie de faire la fête. Mais comme nous n’avions pas beaucoup d’argent, je faisais moi-même mes robes. Mon père qui, voyant que j’allais de moins en moins aux Beaux-Arts et de plus en plus dans des fêtes, m’a inscrit à l’école de la Chambre de haute couture parisienne. De ce fait, j’ai dû retourner à l’école et je suis entrée dans ce métier que je n’avais pas réellement choisi. Mais je pleurais tout le temps car ça ne me plaisait pas. Et le théâtre est venu comment ? J’ai commencé à aider de petites troupes qui avaient peu de moyens. Grâce à elles j’ai appris le métier. Je n’ai pas fait d’école du costume, même si, après ça m’a manqué. Mais j’avais alors 35 ans et j’étais déjà dans le métier. Qu’est-ce qui vous a plu ? Je me suis très vite rendu compte qu’en fait la mode, c’est une industrie et je n’étais pas faite pour ça. Ce que j’aimais, c’était les textes, les mots et créer autour d’eux. Je pouvais alors mettre mon savoir-faire au service de quelque chose que j’aimais. Parallèlement à mon métier de styliste, je pouvais m’exprimer grâce aux textes, aux comédiens. Je me sentais à ma place. Je commençais à avoir des contacts. Un jour, il a fallu choisir… Et j’ai choisi !
Et vous avez rencontré Jean-Michel Ribes ! Oui, c’est lui qui m’a donné ma chance professionnellement en travaillant sur des textes. C’étaient ceux des « Brèves de comptoir » de Jean-Marie Gouriou. J’ai fait trois spectacles avec eux et créé 130 costumes pour six comédiens. J’ai trouvé ça très amusant d’habiller ces petites phrases, chacun des comédiens devant se changer en trente secondes. Comment travailliez-vous avec lui ? En toute liberté et avec la chance d’avoir des idées qui arrivaient malgré moi. Je créais, j’achetais, je modifiais à ma convenance et ça marchait. Puis j’ai travaillais sur un film de Jean Benguigui à qui j’avais fait des costumes pour « Brèves de comptoir ». C’était « Hôtel des Caraïbes » avec Didier Boudon. Et le cinéma ? Encore grâce à Jean-Michel Ribes. J’ai un ami d’enfance qui est le frère de Charlotte de Turkheim. Elle m’a proposé de travailler sur son film mais en même temps Jean-Michel me proposait de travailler sur « Bataille », une pièce de Topor. J’ai choisi ce dernier mais un jour, je dis à Jean-Michel : « Tu sais que j’ai raté mon entrée au cinéma à cause de toi ? ». Il me répond alors : « Je ne savais pas que ça t’intéressait. Je fais un film en septembre. Fais-le ! ». Et là, c’était dingue. Le film était « Chacun pour toi » avec Jean Yanne et Dupontel, il y avait mille figurants à habiller, on a tourné en France, en Allemagne, en Tchécoslovaquie et partout j’amenais des tonnes de costumes ! Pour mes débuts au cinéma, j’étais gâtée ! Mais ça a été une chance et tout a démarré. Et il y a eu entre autre votre rencontre avec Robert Guédéguian. Oui, j’ai travaillé sur un film avec Ariane Ascaride et elle me racontait en riant que son mari voulait tout faire sur ses films, même trouver les costumes. Et elle m’a proposé de travailler avec lui. La première fois, ça a été épique, c’était pour « Mon père est ingénieur » : Je suis allée aux Galeries Lafayette où j’avais repéré quelques costumes. Robert me propose de venir avec moi, ce qui était rare pour un réalisateur. D’autant plus rare qu’il est arrivé avec Ariane, Darroussin et Meylan ! On aurait dit une maman qui venait habiller sa famille ! Comment travaillez-vous avec le réalisateur et les comédiens ? D’abord, je lis le scénario, puis je rencontre le réalisateur, je lui fais des propositions, il me dit ce qu’il aime, ce qu’il n’aime pas et lorsque nous sommes tombés d’accord, je rencontre les comédiens avec qui, en général, ça se passe bien. J’ai eu quelques problèmes avec certains qui n’aimaient mon choix ou qui ne voulaient pas essayer le costume. Mais en général c’est sans problème.
Et Charlotte alors ? Elle ne m’en a pas voulu et j’ai travaillé avec elle sur « Qui c’est les plus forts ? » avec Audrey Lamy. Vos projets aujourd’hui ? Tourner la page ! C’est-à-dire ? J’ai décidé d’arrêter. J’ai 65 ans et j’ai envie de faire autre chose et peut-être de m’accorder un troisième métier. J’ai plein d’envie dont, depuis longtemps, créer des rideaux ! (elle rit) Et puis, j’ai des petits-enfants dont j’ai envie de m’occuper, d’autant que j’ai perdu mes parents cette année. Par contre, ce qui est étonnant, c’est que du jour où j’ai pris cette décision, j’ai commencé à oublier le nom des gens avec qui j’ai travaillé ! Là, je termine deux pièces de théâtre : « Berlin, Berlin » de Patrick Haudecoeur et « Une idée de génie » de Sébastien Castro, deux gros succès. Après, je me dis que tout peut s’arrêter et que j’ai envie de profiter de la vie. J’ai une maison à Palma de Majorque où j’ai une vue éblouissante et j’ai envie de la retrouver. Je suis d’un naturel optimiste, je suis facile à vivre et je suis heureuse. » Ce sera le mot de la fin… En attendant de découvrir ses rideaux !
Mélusine Marvel est une star française qui a ses coups de cœur, ses coups de gueule, ses caprices mais qui sait que, vieillissante, il va falloir qu’elle se batte avec la profession, avec la caméra pour rester ce qu’elle est. Elle est au tournant de sa carrière et de sa vie et elle sait que ce rôle de Desdémone dans ce film italien, adaptation d’Othello, sera sa gloire ou sa perte. On va donc la suivre dans les dédales de sa carrière, de ses doutes, de ses joies, de ses crises de nerfs, la boisson, le sexe, auxquels elle se raccroche pour pouvoir dire qu’elle existe encore. Très beau portrait de femme par une femme qui connait tous ces sentiments dans ce métier qui ne fait pas de cadeau. Le roman s’intitule « La grille du palazzetto » (Ed l’Archipel L’auteure est Macha Méril, lumineuse comédienne, auteure pleine de finesse et d’humour, même si dans ce roman, elle se consacre plus à l’état d’âme d’une comédienne qui sent que sa jeunesse fout le camp. En plus de ce portrait, elle nous fait entrer dans les coulisses d’un tournage, ce qu’elle connaît bien, et nous guide dans une Venise belle et mystérieuse qu’elle a l’air de connaître aussi.
Avec Macha, c’est une histoire d’amitié qui ne date pas d’hier, puisque voici des décennies qu’on se rencontre, qu’on se parle, qu’on s’écrit, qu’on se téléphone et tout est prétexte à ce qu’on se retrouve. Du coup, ce roman est une aubaine. Macha, tu nous parles de choses que tu connais par cœur : , les comédiens, le tournage d’un vu de l’intérieur et Venise… vu de l’extérieur ! (Elle rit) Il n’y avait personne que moi pour parler de tout cela : le métier d’actrice, mais aussi l’ambiance d’un tournage et de tous les métiers que le spectateur ne voit jamais : les techniciens, producteurs, agents et autres métiers de l’ombre. Mais aussi l’inquiétude d’un tournage, le questionnement de chacun, l’adrénaline, l’ambiance d’un tournage. Tout le monde est plus ou moins inquiet, il y a des affinités, des problèmes et la fin d’un tournage qui est toujours traumatique : On se quitte après être restés ensemble, que va-t-on faire après… Et surtout cet état de star que Mélusine vit quotidiennement ! Oui, Mélusine est à un virage. Elle est une star mais une star vieillissante et elle a peur de ce qui va se passer, comment elle va passer à l’écran et pour combien de temps encore. Ce sont des choses que tu as connues en fréquentant ces actrices. Oui et d’abord, pourquoi devient-on star ? Comment le vit-on ? Beaucoup de stars ont mal tourné comme Marylin Monroe, Romy Schneider, Natalie Wood et même des hommes comme Patrick Dewaere. Beaucoup ont sombré dans l’alcool, la drogue car être star est un poids sur les épaules et si l’on ne vit que par et pour ça, ça peut finir mal. Ça aurait pu t’arriver ? Comme à tout artiste mais il se trouve que j’ai tout fait pour être l’antistar. Je suis née avec la Nouvelle Vague où déjà tout changeait et je n’ai jamais voulu m’enfermer dans ce style de vie. J’ai toujours voulu être libre de mes choix et, quittant un plateau, j’ai toujours eu une vie à côté, je me suis intéressé à la culture, à la lecture, à la cuisine, au jardin, j’ai écrit des livres, j’ai fait du théâtre et tout cela, même si ça ne m’a pas toujours enrichie, a fait que j’ai eu une autre vie que celle d’actrice. Et plus ça va, plus j’ai envie de ne faire que des choses que j’aime. Grâce à Michel Legrand, je suis à l’abri du besoin, même si je n’ai pas de gros besoins et je peux choisir ce que j’ai envie de faire et de tourner ! Je me suis toujours surprotégée et j’ai tout fait pour brouiller les cartes ; je peux dire non quand je le veux. Je n’ai pas à enquiller des films si ça ne m’intéresse pas.
Être star, c’est quoi au fait ? Ce peut être quelque chose de magique au départ. Pourquoi une actrice est choisie plus qu’une autre ? Pas seulement parce qu’elle est belle car toutes ont un défaut particulier mais qui justement peut être photogénique. Mais il ne faut pas que ça et toutes les stars l’ont compris. Après, elles sont souvent brut de décoffrage et il faut qu’elles continuent à être ce qu’elles sont et elles vivent dans la peur de ne pas être autre chose que ce qu’elles sont devenues et surtout de le rester. C’est pour cela que souvent, elles sombrent dans l’alcool, la drogue. Regardez Martine Carol, qui m’a inspirée pour Mélusine, elle était droguée, nymphomane, alcoolique. J’ai rencontré Louis Grospierre qui la suivait vingt-quatre heures sur vingt-quatre et pour lui c’était l’enfer. La notoriété abîme les gens et certains ne tiennent pas le coup quand ils la perdent. C’est toujours pareil aujourd’hui ? Beaucoup moins car être star est aussi garder de mystère et aujourd’hui les artistes veulent être des femmes comme les autres, amener leurs enfants à l’école, étaler leur vie privée sur les réseaux sociaux. A part Catherine Deneuve ou Isabelle Adjani, qui tiennent le coup, qui se préservent Il y a aussi dans ce roman de très belles descriptions de Venise que tu connais bien…
Oui, je suis souvent allée à la Biennale et surtout, j’ai un ami qui vit à Venise, qui me reçoit chez lui… Et à qui je fais la cuisine, chose que j’aime faire, tu le sais. Bien sûr on connaît la place Saint-Marc mais ce n’est pas que cela, et les balades en bateau, Venise. D’ailleurs, les habitants quittent souvent la ville et n’en connaissent pas tout. Quand on vit dans une ville on ne la connait pas en fait. Moi, je suis partie visiter les ruelles, les petites places mon ami m’a amenée dans des lieux mal famés où vit la pègre, les boîtes plus ou moins louches et j’ai trouvé tout cela très amusant ! Alors aujourd’hui, que devient Macha ? Je suis toujours très occupée. En ce moment je suis sur les routes pour présenter et signer mon roman dans les salons du livre. Je serai d’ailleurs à Marseille les 24 et 25 novembre. Je vais reprendre au théâtre Montparnasse « Une étoile » d’Isabel le Nouvel, Je viens de tourner pour France 3 le pilote d’une série « Enquête parallèle » avec Florence Pernel, où je joue sa mère, une mère un peu barrée… J’adore Florence qui est une femme adorable de gentillesse et qui a beaucoup de talent. Si le pilote marche, il y aura une suite… Et puis, j’ai un autre projet qui me tient à cœur : monter une conversation entre Catherine II et Voltaire, d’après leurs échanges épistolaires, Catherine qui s’est insurgée lorsqu’on a guillotiné Marie-Antoinette. On le créera au festival de Grignan en juillet prochain. Et je me vois bien en Catherine… C’est mon sang bleu qui parle !
Et il y a l’œuvre de Michel Legrand ! C’est ce qui me donne le plus de travail car depuis quatre ans j’ai créé dans son manoir un festival consacré aux compositeurs de musiques de film qui ont de plus en plus de problèmes pour imposer leur musique, les droits d’auteurs coûtant paraît-il de plus en plus chers, beaucoup de producteurs veulent s’en passer. Du coup, ce festival est un concours avec un jury et un président. J’ai eu Jacques Perrin, Claude Lelouch, Jean-Jacques Annaud pour les trois premiers. On a rendu hommage à de grands compositeurs comme Nicola Piovani, Gabriel Yared. C’est un travail énorme, il faut trouver de l’argent, des artistes, des musiciens. C’est une grosse organisation qui me prend beaucoup de temps. A propos de Michel, la Poste va créer le 24 février 2024 un timbre pour ce qui aurait dû être ses 92 ans. Il y a plusieurs projets très excitants et il va falloir choisir. Prochain roman ? Laisse-moi respirer ! Mais écrire est toujours pour moi un jeu littéraire, un challenge. J’y ai pris goût et je vais continuer. »
1987. Frédéric Andrau va jouer « par hasard » son premier rôle au Revest. Il sera Roméo dans Roméo et Juliette » de Shakespeare. De ce jour il n’arrêtera pas entre théâtre, cinéma, télévision, mise en scène… C’est cette année-là que nous nous sommes connus car je connaissais déjà sa maman qui œuvrait pour Amnesty International. J’ai donc suivi sa carrière qui pourtant n’avait pas débuté à Toulon mais… à Budapest ! Eh oui, moi qui connaissais tout de lui, j’étais sûr que c’était un Toulonnais pure souche ! Il rit de cette découverte alors qu’il répète à l’Espace Comédia, où il a souvent joué, la pièce de Diastème « Geli » en compagnie de la belle Alienor de la Gorce.
« C’est – me confie-t-il – une pièce que j’ai jouée au festival d’Avignon. Geli était la nièce d’Hitler, qui s’est officiellement suicidée en 1931.Un auteur va essayer d’élucider ce mystère et se met à parler avec elle. Il fouille toutes les pistes avec elle, chacun va apporter quelque chose à l’autre. Lui va la faire exister, elle va l’accompagner. En essayant de comprendre, il va comprendre des choses sur lui. C’est le directeur du Comédia André Neyton qui a voulu que je vienne jouer cette pièce chez lui. André qui est un ami, un fidèle et qui m’a accompagné sur plusieurs projets. Ici, je me sens chez moi. Puis nous reprendrons la pièce à la Manufacture des Abesses à Paris fin novembre » C’est donc avec plaisir que je retrouve l’ami Fred dans ce théâtre où depuis des décennies, nous avons vécu et nous vivons toujours de bons moments. Mais avant tout je veux découvrir les lieux de son enfance. Ce qui le fait rire.
« En fait je suis né en Allemagne, mon père était coopérant et professeur. Puis nous sommes partis en Tunisie, au Maroc et sommes restés sept ans à Budapest. C’est là que j’ai vécu ma première expérience cinématographique. Raconte … J’avais dix ans, le réalisateur Gazdaz Gyula tournait un film « Soyez les bienvenus » avec Laszlo Szabo, Bernadette et Pauline Laffont. Quelqu’un est venu à l’école demandant qui serait intéressé pour tourner dans un film. Spontanément j’ai dit « Moi ! ». Ça a été un hasard et surtout le moyen de sortir de l’école ! Je trouvais ça rigolo. Tu avais déjà cette envie de jouer ? Pas du tout ! J’étais très branché informatique, sciences physiques, maths… Et je voulais faire des études de commerce. Et le théâtre alors ? Je faisais des ateliers de théâtre et c’est à Toulon, où nous sommes venus juste après le tournage, que j’ai rencontré Jeanne Mathis qui faisait partie d’une compagnie « L’insolite traversée ». Ça a été le déclencheur : j’ai revendu mes ordis et j’ai décidé de faire du théâtre. Et alors ? Je me suis inscrit aux ateliers de Parvis Khazraï, puis au conservatoire de Toulon… où je n’ai pas fait long feu. Puis j’ai couru dans les pattes de Chateauvallon ! (Où il est venu quelques années plus tard jouer « Electre » de Sophocle avec Jane Birkin en 2006 – NDLA). J’avais une amie homonyme, Frédérique Andrau à qui je donnais des cours de math et de physique. Elle connaissait Cyril Grosse qui travaillait au théâtre du Revest et avait la compagnie « L’insolite traversée ». Hasard encore, je suis allé, sur son invitation, voir les répétitions de « Roméo et Juliette ». Il m’a proposé d’y jouer Benvolio. Puis il m’a demandé de jouer Roméo. C’est avec eux que j’ai vécu un moment le plus fort. Il y a aussi la rencontre avec Diastème où, pour la seconde fois, j’ai eu cette sensation.
Comment s’est passée la rencontre ? Encore par hasard ! Je passe un essai pour un de ses courts métrages qui, au départ, devait devenir un long métrage mais qui ne s’est pas fait. Il s’appelait « Même pas mal ». Alors il m’a proposé de jouer dans « La nuit du thermomètre ». Depuis, nous travaillons ensemble. Combien as-tu fait de pièces avec lui ? Beaucoup et des films aussi ! A propos, cinéma, télé ont suivi… Le cinéma m’a fait beaucoup voyager en Corée, en Lituanie, en Suisse, en Irlande, en Inde. Ce sont de belles histoires, de beaux souvenirs. A la télé, j’ai fait quelques séries, j’ai aussi joué dans « Clémenceau », « La malédiction du lys, « L’accident »… Qu’est-ce qui te plait dans le fait de jouer ? De m’approprier des histoires qui ne sont pas les miennes, découvrir d’autres façons de penser, passer par un autre prisme que le mien, être en immersion dans un autre univers que le mien. Et au théâtre surtout, d’avoir le public en face. J’adore aussi faire de la mise en scène, construire un monde magique. Tu as aussi mis en scène des opéras… Hasard encore ? Oui ! Claude-Henri Bonnet, qui était alors le directeur de l’Opéra de Toulon, vient me voir jouer au Comédia « Un visible Théo » de Renaud le Bas. Il a été bouleversé. Il me propose alors de venir visiter l’Opéra. Ce jour-là soixante choristes répétaient sur scène. J’ai trouvé ça d’autant plus fabuleux qu’aujourd’hui on est souvent deux sur scène sans décor ! Il m’a alors proposé de mettre en scène un opéra. Je n’ai pas réfléchi, j’ai dit tout de suite oui, il m’a alors montré cinq opéras et m’a dit de choisir. J’ai choisi « L’enfance du Christ » un oratorio. Travailler avec un chœur a été quelque chose de fabuleux. Puis j’ai mis en scène « Lohengrin » et « Jules César ».
Alors, aujourd’hui, quel chemins prends-tu ? J’ai joué « La malédiction du lys » de Philippe Niang qui est passé il y a quelques semaines à la télé. J’ai fait une petite participation dont je suis très fier dans le film de Vanessa Filho « Le consentement ». Nous nous étions connus sur « La paix dans le monde » de Diastème. J’ai participé à une série sur Coco Chanel « The New Look » avec Juliette Binoche. Je vais faire une tournée théâtrale avec « La brève liaison de maman » avec Francine Bergé que j’adore et qui joue ma mère. Je vais aussi faire une tournée avec la pièce « Marion, 13 ans pour toujours » d’après le superbe roman de Nora Fraisse que j’ai mis en scène et qu’on a joué au festival d’Avignon. A chaque étape il y a des ateliers, je vais dans une école pour parler du harcèlement scolaire car c’est un sujet important que notre pays ne considère pas assez et à qui on ne donne pas assez de moyens. Je rencontre beaucoup de jeunes et ce sont des rencontres très constructives. Après ça… A quand des vacances à Toulon ? Il rit). Mais j’y suis ! Pour trois jours que tu passes au Comédia ! C’est toujours ça ! »
Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Patrick Carpentier
Patrick Préjean, alias Jacky, Gérard Hernandez, alias Raymond
Cela fait des décennies que Patrick Préjean et moi entretenons une amitié fidèle… sans scène de ménage ! Que je suis sa carrière foisonnante de théâtres en plateaux de cinéma ou de télévision et jusque dans les vignes provençales, de rôles dramatiques ou comiques, classiques ou modernes, sans parler de ses nombreux doublages de films où sa voix est reconnaissable entre toutes. Bref, une carrière bien remplie. Et voilà qu’aujourd’hui on le retrouve dans la célèbre série de M6 « Scènes de ménages », où, s’il ne remplace pas notre regrettée Huguette, alias Marion Game, il devient le voisin de Raymond, alias Gérard Hernandez. Bien entendu, j’ai voulu en savoir un peu plus sur cette arrivée dans cette série qui n’en finit pas de faire rire le public.
Les vieux copains trinquent à leurs retrouvailles
Rencontre à l’Opéra de Toulon avec Bernard Haller
« Alors Patrick, te voilà embarqué dans « Scènes de ménages » ! (Il rit) oui, avec des scènes mais pas en ménage avec Patrick Hernandez ! D’abord, je retrouve ce vieil ami avec lequel j’ai plaisir à partager l’écran. Nous avions joué ensemble avec Annie Girardot dans « La vie de château » et nous sommes amis depuis longtemps. De plus, j’ai découvert une équipe bienveillante qui m’a très bien accueilli et très vite adopté. Je suis heureux d’être entré dans cette famille. Quel est ton rôle ? Je dois tout de suite préciser que je ne remplace pas Marion Game mais que je suis un vieil ami de Raymond qui vient habiter dans le même immeuble. D’ailleurs, je suis entré dans la série avant que Marion ne disparaisse. Elle était déjà malade mais on espérait qu’elle allait s’en tirer. Hélas, ça n’a pas été le cas. Du coup, mon personnage s’est étoffé. Ce sont deux vieux amis qui se retrouvent, je viens habiter au-dessus de chez Raymond et nous passons notre temps à rigoler et à nous engueuler. Raymond a un caractère plus bougon et ombrageux que moi qui suis plutôt sympa mais je me fais chambrer par lui. Mais rien ne dit que je ne riposterai pas, que je n’aurai pas ma revanche ! En fait ce ont des scènes que l’on retrouve dans des couples comme chez des amis ou en famille. Donc, dans la vraie vie, tout se passe bien entre vous ? Oui, nous sommes très complices, nous aimons nous renvoyer la balle et même si les dialogues sont très précis, nous nous permettons de petites improvisations. Le réalisateur laisse tourner la caméra. Après quoi, il en fait ce qu’il veut ! Lorsque j’ai appris la nouvelle de la disparition de Marion, j’étais en plein tournage.
Dans les vignobles avec Bernard Lecoq, Ken Samuel, Kamel Belghazi et Jennifer Laurent dans « Une famille formidable »
Encore dans les vignobles du Théâtre dans la vigne de Marie-Christine Kemp où il jouait « La nuit des rois » de Shakespeare
Tu tournais quoi ? « Cocorico », un film d’Hervé Julien avec Christian Clavier, Didier Bourdon et Sylvie Testud qui sortira en février 2024. Je dois dire qu’en lisant le scénario j’ai rarement autant ri et qu’on a beaucoup ri en le tournant. Je crois que ça va être très drôle et que ça fera rire le public autant que nous ! Il y a peu, tu as aussi tourné « Le défi de Noël » de Florian Hessique… Oui, c’était l’année dernière et j’avais déjà tourné avec Florian « La légende », présenté à Cannes, en Italie, en Angleterre, à Los Angeles et qui a reçu quelques prix dont le meilleur second rôle… pour moi ! Là, il m’a proposé le rôle du Père Noël… Ça ne se refuse pas ! Je pense que Florian est un réalisateur talentueux qui devrait faire son chemin. Tu fais toujours du doublage ? Oui, j’en fais beaucoup. Les derniers : « Samouraï Academy », « Bugs Bunny », « Le Muppet Rock » et toujours « Titi et Grosminet ». Figure-toi qu’à la convention du dessin animé, des gens sont venus me voir les larmes aux yeux pour me remercier. Et je te jure que je ne mens pas : j’étais ces jours-ci en vacances à Sète, je déjeunais dans un restaurant lorsque des gens se sont retournés et venus me voir pour me dire qu’ils avaient reconnu la voix de Sylvestre, alors qu’ils ne connaissaient pas mon visage ! Ça fait chaud au cœur.
Avec Annie Cordy dans « Les joyeuses commères de Windsor » du même Shakespeare. Retrouvailles après « Envoyez la musique »
Lors d’une de nos nombreuses soirées ensemble. La photo commence à dater… A quand une nouvelle ?
Tu étais à Sète. Sais-tu que trois comédiens de la série « Une famille formidable » jouent dans la série « Demain nous appartient » : Kamel Benghazi, Jennifer Laurent et Alexandre Thibault ? Pour les deux premiers, je le savais. Pour Alexandre je ne le savais pas. Mais je n’ai pas eu le temps d’aller les voir. Bon, en dehors du cinéma, de la télé, des doublages… Et le théâtre ? Figure-toi qu’il m’arrive une chose exceptionnelle. Je suis en train de lire un scénario tiré d’une pièce américaine de Jef Baron : « Visite à Monsieur Green ». La pièce devrait se jouer à Paris mais aujourd’hui… rien n’est signé ! Ce qui veut dire qu’elle risque de ne pas être jouée ou que je n’aie pas le rôle. Mais j’y crois tellement fort que je me suis jeté sur le scénario et que j’apprends le rôle ! C’est une chose qui ne m’est jamais arrivée, d’apprendre un rôle sans savoir si je le jouerais. Mais je prends le risque car le rôle est magnifique. Je croise les doigts ».
On connaît ce trublion plein d’énergie qu’est Marc Jolivet. Un trublion génial car il n’est jamais là où on pense le trouver, commençant en duo humoristique avec son frère Pierre, il fera plus tard cavalier seul mais on le retrouve comédien au théâtre, au cinéma, où il est aussi scénariste, réalisateur et retrouver avec son frère dans un des films de celui-ci. Mais il est aussi écrivain puisqu’il a huit livres à son actif, son neuvième venant de sortir. Il a été brièvement dans la politique, puisqu’il s’est présenté aux élections municipales de 86 comme candidat écologiste ! Il faut dire qu’il a de qui tirer puisqu’il est le fils de la comédienne Arlette Thomas et du comédien Jacques Jolivet. Mais là encore, avec son sixième livre « Tueur hors-série » (Ed Plon), il est là où on ne l’entend pas : un thriller sanglant retraçant l’histoire d’un petit garçon rieur, Paul, qui, entre un père incolore et une mère étouffante, suite à une varicelle, va se retrouver criblé de pustules. Là il ne rit plus, devient « le grêlé » et ce qu’on ne sait pas, c’est qu’il possède les gênes MAOH qui en fait un homme violent et CDH13 qui lui occasionne un trouble du contrôle de l’impulsivité. Les deux mêlés sont une bombe qui va très vite exploser et en fera un tueur en série recherché dans toute la France mais jamais pris. Et l’on va suivre, à la fois avec horreur et curiosité, le cheminement de ce monstre, jusqu’au jour où… On n’en dira pas plus mais l’histoire est faite de coups de théâtre, de violence mais aussi de moments de pauses qui font que, malgré ses actes macabres, on s’attache peu à peu à ce Paul… Et on a envie de savoir le mot de la fin ! Un livre qui nous tient en haleine, où, si l’on ne reconnaît pas le Jolivet rieur et plein de drôlerie, on y retrouve des réminiscences d’humour, de jeux de mots et de petites histoires dignes d’un one man show. Et avec sa compagne, Julie Guinard, il nous offre un roman haletant qu’ils ont écrit à quatre mains. On devait se rencontrer à Aix-en-Provence mais rendez-vous manqué et voilà qu’en l’appelant au téléphone il dit être à Hyères, avec « son amoureuse » comme il l’appelle, au bord de l’eau… Où nous les rejoignons au Robinson à l’Almanarre. Et où nous rejoindront quelque amis dont le chef d’orchestre Alain Chiva, chef de l’Harmonie Hyèroise et Fabrice Drouelle journaliste sur France Inter où il anime l’émission « Affaires sensibles » avec qui on va trinquer et grignoter !
Signature à la librairie Goulard d’Aix-en-Provence
Avec son « amoureuse » Julie Guinard
Marc, ton personnage est horrible et pourtant, au fil des pages, on s’y attache ! Mais c’est exactement ce que voulais faire. Je voulais qu’on finisse par l’aimer. Julie : Et moi, je ne voulais pas ! Mais il a eu gain de cause. Quand on te connait, tu es drôle, sympa, plein d’humour et rigolard. Comment peut-on écrire un roman aussi noir ? Je suis venu sur terre pour réaliser le maximum de mes désirs. L’un d’eux était d’écrire un roman policier… Et je l’ai fait à 72 ans ! Je me suis tourné vers mon amoureuse qui est auteure et je lui ai demandé de l’écrire avec moi. Pendant un an, j’ai cherché un sujet. Je suis en admiration devant les films des frères Cohen et j’ai remarqué qu’avec le nombre de séries télé, tout avait été fait. Julie me disais que, tout étant fait, je n’y arriverais pas. J’ai alors décidé de tout arrêter et je suis parti sur un pamphlet sur la gauche « Ma gauche à moi » Et à ce moment là – on était au début septembre – j’allume ma télé et je tombe sur un reportage : « Un ancien policier, tueur en série, vient d’être découvert trente ans après ».Je dis à Julie : « Ca y est, j’ai trouvé mon sujet ! ». Je le dépose à la SACD et décide de romancer cette histoire. Il y a trois temps dans ton roman : l’histoire que toi tu racontes, celle que « Le grêlé » alias Paul raconte, et les cauchemars qu’il en fait. Comment tout s’est-il imbriqué ? J’ai tout de suite pensé à sa rédemption, même si Julie ne voulait pas. Il y avait donc son cheminement psychologique. J’ai bien sûr changé son nom, vu des amis avocats pour savoir ce que je pouvais écrire et j’ai aussi pensé à sa famille et à sa souffrance. Le vrai policier était pédophile. Je n’ai pas voulu en faire un pédophile mais un meurtrier qui opère sur impulsion. Je ne me suis intéressé à sa vie que lorsqu’il devient policier. Une policière va, durant des mois, s’acharner à le retrouver sans jamais penser qu’il était des leurs. Mais l’arrivée de l’ADN va changer la donne. A noter, et c’est important, que Nous avons décidé de partager les droits d’auteur à 50% Avec l’association « France Victimes » Comment travaille-t-on à deux ? Julie : Marc a beaucoup d’idées, ça bouillonne dans sa tête et lorsqu’il les déverse, il faut trier ! Mon métier de traductrice c’est quand même les mots et la transcription de ceux des autres. On est en fait très compatible. Marc : C’est notre quatrième roman qu’on écrit ensemble ! Julie : Du coup, je relis, je réécris certaines choses, je lui dis quelquefois des choses pas très gentilles ! Marc : Lorsque je lui apporte une scène, elle peut me lancer : « C’est du niveau de CM2 » ! Comme j’ai confiance, comme à l’école, je repars travailler ! Julie : Ce qui est bien c’est qu’il n’a jamais peur de se remettre en question ! Marc : C’est ça un travail d’équipe ! Dans ton livre, on retrouve ton humour car tu ajoutes quelques blagues mais surtout on peut imaginer que ce roman fasse l’objet d’un film. France Info m’a dit que c’était digne des frères Cohen ! Ça ne pouvait pas me faire plus plaisir. Mais tu ne crois pas si bien dire puisque ça va d’abord devenir une pièce de théâtre et c’est Fabrice Drouelle qui sera le narrateur. On cherche les comédiens. Ce pourrait être Éric Métayer pour le rôle du grêlé. Pour le film, ce sera plus long et si l’on ne trouve pas de producteur… Je le produirai moi-même !
Avec Alain Chiva & Fabrice Drouelle
En fait, tu sais tout faire ! As-tu des projets avec Pierre, ton frère ? Aucun. Je ne sais pas pourquoi il ne veut pas m’aider pour le film. Peut-être a-t-il peur que je fasse une m…e ou alors que je le surpasse ! Il faudra lui demander. C’est son problème. Et le one man show ? Alors là, note : Le 23 octobre je serai au Casino d’Hyères, le maire me prête la salle, je serai accompagné par l’orchestre d’Alain Chiva et des choristes. Avec aussi quelques invités surprise. La soirée sera dédiée à l’association Doc4Ukraine. Auparavant je serai le 27 septembre à Vitrolles, et le 11 octobre au Mucem de Marseille et là, j’ai convié Poutine à vouloir se mettre à genoux et à demander pardon à Zelinsky… Et grâce à moi la guerre s’arrêtera ! On peut rêver !!! Autre corde à ton arc : tu es écolo à fond ! Aujourd’hui je ne veux plus qu’on me dise ça car l’écologie c’est Sandrine Rousseau, les fascistes verts, le futur quarteron stalinien. Je suis amoureux de ma planète depuis toujours et l’Europe Ecologiste les verts c’est le drame absolu. Je crois qu’ils sont responsables d’une partie du drame de la planète La preuve c’est qu’à chaque élection le meilleur candidat a été Noël Mamère avec… 5% des voix ! C’est bien la preuve qu’ils sont nuls et inadaptés.* Mais il n’empêche que je suis le président d’honneur d’Ecologie sans frontières, ambassadeur de la nouvelle association de Nicolas Hulot et de mon association Rire pour la planète. C’est ce qui t’a amené à te présenter aux législatives en 86 ? Je suis allé me présenter chez les verts sans prendre la carte. Face à Jacques Chirac dans le cinquième arrondissement. Au premier tour j’ai fait le meilleur score mais Tibéri a annoncé « Marc Jolivet, non élu ». J’ai fait un procès que j’ai gagné… Six ans après ! Ainsi s’est terminée ma carrière politique ! Moi qui espérais devenir président des Etats-Unis… C’est raté ! En fait, je ne suis qu’un vieux clown, non pas pathétique mais qui fait les choses à son niveau. Mais la planète mérite mieux que Médine… Tu ne crois pas ?
Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Patrick Carpentier *Avec l’autorisation de l’artiste
« Je déteste mes petits seins, mes grosses fesses, mes dents de cheval, mes jambes maigres… » sans compter son accent à couper au couteau, sa langue française faite de néologismes dont on ne savait s’ils étaient français ou anglais, ses mots d’argot glanés çà et là… C’est ce qu’elle me confiait lors de notre première vraie rencontre aux studios Baobab de Toulon, créés par mon ami d’enfance le photographe Pierre-Jean Rey, qui m’avait pris comme attaché de presse afin de m’occuper de ses artistes. Dont Jane qui venait pour une publicité des laines « Bouton d’Or ».
Elle arrivait avec Lou Doillon, alors toute petite qui, ravie de rencontrer un monsieur qui se prénommait Jacques, comme son père, ne me quitta plus, toujours accrochée à un grand pantin qu’elle ne quittait pas et qui s’installait sur mes genoux pendant que maman posait. Ce qui fit dire, bien longtemps après à Jane : « Tu la reprendrais bien sur les genoux aujourd’hui ! » Nous avons passé des journées extraordinaires et des soirées fantastiques à l’écouter, autour d’une table, raconter plein de choses, tantôt drôles, tantôt tristes à nous faire venir les larmes. Elle était belle, lumineuse, d’une sincérité désarmante, d’une grand humanité et on ne pouvait que l’aimer. Avec tous les défauts qu’elle m’énumérait, elle est devenue une chanteuse adorée, une comédienne magnifique et malgré son accent, grâce à Patrick Cherreau, elle a eu le cran de jouer sur scène du Marivaux !
Depuis Baobab, le temps a passé mais on n’a jamais cessé de se rencontrer au Midem, au festival de Cannes, à Sanary où elle vint tourner « Daddy nostalgie », à Ramatuelle où nous passâmes avec Jean-Claude Brialy, des soirées qu’on ne peut oublier, les dernières année au théâtre Liberté avec Michel Piccoli et Charles Berling ;. Avant Baobab, je la rencontrais au festival de Cannes où elle présentait avec Jacques Doillon « La pirate » qui fit scandale parce qu’il parlait d’homosexualité ! Et l’on était en 84 ! Lors d’un déjeuner de presse où m’invita Claude Davy, elle défendit le film bec et ongles entre deux sanglots : « La passion est un sentiment fort, violent, que ce soit pour un homme, une femme, un chien, un perroquet… Sans passion la vie ne vaut pas d’être vécue. C’est la plus belle chose au monde », tentait-elle de dire aux journalistes qui, pour la plupart, s’en foutaient pas mal et se concentraient sur leur repas « gratuit » !
Je la rencontrais encore au festival de Cannes avec Serge Gainsbourg et nous passâmes des moments épiques avec le chanteur passablement alcoolisé ! Mais avec Jane ce furent toujours de belles rencontres faites de rires et de larmes tant elle pouvait passer de l’un à l’autre avec une facilité déconcertante. Elle fut toujours fidèle et je passai des moments magiques avec elle. Merci Jane, pour tous ces beaux moments passés ensemble. Good bye…
Si, en ce début d’après-midi, l’on se retrouve sous un chaud soleil à Chateauvallon, c’est pourtant pour parler d’un huis clos dans un décor dépouillé et froid, une atmosphère lourde et oppressante où une fille va voir sa mère en prison, victime d’un mari violent qu’elle a fini par tuer. Histoire d’une violence, hélas aujourd’hui devenue ordinaire mais qui raconte aussi l’indifférence des gens alentour et les failles d’un système judiciaire incapable de protéger les femmes. « Le parloir », que signe et met en scène Delphine Hecquet est à la fois plein de violence contenue et d’amour et de tendresse où la fille va essayer de comprendre le geste de sa mère et découvrir la détresse qu’elle a connu pour en arriver là. C’est aussi une histoire d’amour entre une mère et sa fille. Une histoire poignante que deux merveilleuses comédiennes, Marie Bunel et Mathilde Viseux interprètent tout en nuance, sobriété et à la fois intensité. Elles n’ont qu’une heure pour se dire bien des choses dans ce sinistre parloir. Des choses évidentes mais aussi complexes à se dire en tête à tête, en temps limité. Une belle et émouvante histoire d’amour.
Et une belle rencontre ensoleillé avec ces trois femmes superbes. Parlez-nous toutes trois de cette rencontre magnifique ! Delphine : J’ai écrit cette pièce pour deux personnages : la mère et la fille. J’ai rencontré Mathilde en visio-conférence, ce que je n’aime pas faire habituellement. Mais le confinement l’obligeait. Elle m’a tout de suite bouleversée. Pour la mère, les comédiennes que j’envisageais n’étaient pas libres. C’est mon scénographe qui m’a parlé de Marie. J’ai fait des essais avec elle et Mathilde… Marie : Et ça a été un coup de foudre à trois ! J’aimais déjà le sujet qui est fort et malheureusement tellement d’actualité. C’était très intelligemment écrit, chargé d’amour, d’émotion, de bienveillance… Mathilde : Je trouvais très fort d’aborder aussi bien l’amour que la violence de cette façon. Très émue, je ne trouvais plus mes mots mais j’ai eu tout de suite envie de défendre ceux-là. Lorsque j’ai rencontré Marie et Delphine j’ai rencontré tellement de bienveillance que je me suis sentie capable de jouer ce rôle. Marie : Ce qui est très particulier et qui m’a touchée c’est qu’on parle d’amour alors que c’est un spectacle sur la violence. Amour entre une mère et une fille qui vont grandir, chacune à leur façon, ensemble, l’une enfermée, l’autre en liberté. Elles vont être en résilience et transformer cette violence en vie, de façon excessivement puissante. L’homme est finalement secondaire. Mathilde : Elles ne sont pas là pour juger mais pour comprendre pourquoi elles en sont là aujourd’hui. Delphine : On parle beaucoup de ce sujet aujourd’hui et je me suis demandé ce que je pouvais y apporter. Le conflit ne se situe pas entre elles et je voulais aborder le phénomène de l’emprise, du non-dit et les faire justement se rencontrer dans un parloir, espace dédié à la parole. En sortant du conservatoire de Paris j’avais abordé ce thème entre une journaliste et une prisonnière. La pièce s’appelait « Balakat » qui signifie « bavarder » en russe. J’ai choisi de la reprendre et de faire se rencontrer une mère et sa fille car l’histoire peut les sauver, il peut y avoir un avenir possible.
Marie, vous venez, vous, du cinéma, et quel cinéma : Pinoteau, Chabrol, Amérie, Coline Serreau… mais votre chemin vous a menée aux Etats-Unis ! (Elle rit) J’ai commencé à tourner en France mais je suis passée par l’Amérique, tout simplement parce que j’étais avec un monsieur qui y travaillait. J’étais jeune et je suis allée prendre des cours à l’Actor’Studio. Oh, quelques mois seulement car les cours étaient très chers. Mais j’ai continué cette méthode en France. Ça a été une super expérience. J’ai très vite tourné des films et je ne suis arrivée au théâtre qu’à 30 ans ! Et vous Delphine ? J’ai commencé par la danse puis le conservatoire. Je suis toujours comédienne mais j’ai toujours adoré regarder les autres travailler, j’aimais leur porter conseil et être le regard extérieur ! J’ai toujours écrit, pour moi d’abord mais travailler seule dans son coin n’est pas évident. J’ai donc écrit pour des gens que j’aimais bien. Tout ça participe à mon équilibre. Enfin Mathilde ? J’ai aussi commencé par la danse, puis à 17 ans, je suis allée prendre des cours de théâtre durant deux ans au TNB. C’est durant ces cours que Delphine m’a contactée pour me proposer ce rôle. Ça a été une période assez étrange car c’était durant le confinement mais en fait ça a un sens, « Le parloir » est une sorte de confinement. Rencontrer le regard de Delphine et de Marie et le sujet de la pièce ont été une évidence pour moi. Marie, vous avez une carrière incroyable aussi ben au théâtre où vous avez commencé avec Planchon, Cherreau entre autres, idem pour le cinéma et la télé… C’est vrai que j’ai eu beaucoup de chance et j’espère que ce n’est pas terminé et que je travaillerai avec plein d’autres encore longtemps ! Mais il me semble qu’aujourd’hui j’ai la sensation de commencer une seconde carrière grâce à des gens comme Delphine. J’ai découvert une nouvelle façon de travailler. Ce qui est génial dans ce métier c’est qu’il n’y a jamais rien d’acquis, qu’on a toujours quelque chose à découvrir, des rencontres à faire. On apprend tout le temps et ça me rend heureuse, d’autant qu’aujourd’hui je suis libre de choisir… Je n’ai plus envie de travailler avec des cons ! Et ça, c’est un luxe fou.
Vous avez eu aussi quelques prix… (Elle rit) oui mais à Sydney, en Australie mais jamais en France ! Vous allez toutes les trois retravailler ensemble ? Delphine : Oui, dans une pièce que j’ai écrite intitulée « Requiem pour les vivants ». C’est l’histoire sept copains qui s’amusent à sauter des rochers dans la mer à Marseille. Jusqu’au jour où l’un deux fait une chute mortelle. La mère est Marie, Mathilde est une des copines de la bande. C’est à la fois une aventure et un drame très éprouvant et fondamental : comment œuvrer pour rester vivant et faire un travail de deuil. Il y a huit personnes sur la scène et de la danse chorégraphiée par Angel Martinez-Hernandez et Vito Giotta, deux danseurs de la Horde, issus du Ballet National de Marseille, qui sont d’ailleurs venus danser à Chateauvallon. D’ailleurs on aimerait bien y venir en résidence ! Nous créerons cette pièce au mois de mai de l’année prochaine. Et avant ça ? Marie : Le 5 juillet je serai au festival de jazz à Eygalières où je dirai des textes en compagnie de Charlotte de Turkheim et de sa fille Julia Piaton avec qui j’ai joué dans le film « Petites victoires » de Mélanie Auffret (Rencontrée au Six N’étoiles NDLR), je viens de tourner « Loulou » d’Emile Noblot, « Sexygénaires » de Robin Sykes avec Patrick Timsit et Thierry Lhermitte, et va sortir « Noël au balcon » de Jeanne Gottesdiener avec Didier Bourdon. Enfin, je vais tourner une série TV en costume dont je ne me souviens plus du titre ! Delphine : Avant de commencer à travailler sur cette nouvelle pièce, je reprends la route en tant que comédienne avec la pièce « Entre Chien et loup » qui m’amènera jusqu’au Brésil ! Elle est tirée du film de Lars Von Trier « Dogville » Mathilde : Je prépare pour la rentrée une pièce qui sera présentée dans les lycées « Corps à vif », avec Pauline Haudepin, autour de laquelle seront montées des rencontres avec les jeunes élèves, des ateliers. Puis je jouerai une pièce de Ramsus Linberg « Dandodandog » à Paris puis en tournée.
Comme on le voit, nos belles dames auront des mois chargés ! Jacques Brachet Photos Patrick Carpentier
Magalie Vaé, gagnante de la « Star Academy » 5 (c’était en 2005 !) j’ai eu l’occasion de la « croiser » sur la tournée qui a suivi. Mais il y avait autour des jeunes artistes, un cerbère qui nous empêchait de les approcher… D’où pas d’interview. Et voilà qu’enfin – 17 ans après ! – nous pouvons discuter et c’est pour une belle actualité : la sortie d’un LP de cinq nouvelles et très belles chanson, qu’elle interprète avec cette voix ample, belle, pleine d’émotion. L’occasion de revenir sur tout ce qui s’est passé depuis ce temps où elle n’a pas arrêté de travailler, faisant entretemps un enfant ! Vous pourrez voir son premier clip à la mi-mai.« Magalie, voici donc cinq chansons toutes fraîches, moment qu’on attendait ! Moi aussi, d’autant le Covid a retardé la sortie du disque. Mais ce retard m’a permis de revenir sur ces chansons, de les peaufiner et de les adapter à ce que je suis car, le temps passant j’avais une autre vision et je voulais ce qu’elle me corresponde aujourd’hui. Avec qui avez-vous travaillé ? Trois d’entre elles « Devenir fou », « Est-ce que tu m’aimerais ? » et « Plus fort » sont signées Franck Cotti. « On a tous » est de Gérard Capaldi et Julia Czerneski » et la cinquième « Des pleurs » est de Sébastien Dujardin et de… moi pour les paroles ! Vous avez laissé travailler les autres ! (Elle rit) Vous savez, je suis une petite locomotive, je mets beaucoup de temps à écrire, je suis plus interprète qu’auteure alors je laisse faire les autres, effectivement !
Comment travaillez-vous avec eux ? Il y a différentes manières, chacun ayant les siennes. A certains, je donne un thème, un univers auquel je pense, quelquefois ce peuvent être quelques phrases, quelquefois je leur raconte l’histoire que l’aimerais raconter comme par exemple pour « Est-ce que tu m’aimeras ? » Aller vous tourner avec ces chansons ? Oui, nous allons avec Tihyad*, faire, comme nous l’avons fait, la tournée des « Camping Paradis ». Une grande tournée « Paradis des stars » avec celui qui est mon complice depuis plus de dix ans. Avec Tihyad, on a déjà enregistré deux duos : « Tu es mon autre » en hommage à Maurane, en 2018 et « Sous le vent » de Céline Dion que nous adorons, en 2021. Nous avons beaucoup travaillé ensemble, à un moment on s’était un peu perdu de vue et on s’est retrouvé. Il est devenu mon producteur et mon « collègue ». Il fait partie de mes meilleurs amis. Parlez-moi de ces tournées « Camping Paradis » Nous réitérons cette année en allant dans tous les Camping Paradis. L’an dernier c’était sur la Bretagne et le centre, cette année c’est du côté du Périgord et jusqu’à la limite de la Suisse. C’est génial car nous visitons plein de coins de France magnifiques, nous sommes reçus par des équipes sympathiques et le public est là tous les soirs. C’est une belle expérience. Et de belles rencontres. En parlant de rencontres, il y en a une, assez inattendue : celle avec Frédéric François ! Ça a été aussi inattendu pour moi ! Une grosse surprise lorsque Frédéric François m’a appelée pour faire un duo avec lui sur l’album où il reprenait ses chansons avec des artistes aussi divers que Laurent Voulzy, Liane Foly, Roberto Alagna… et moi entre autres !
Le choix de la chanson ? On m’a proposé un panel de plusieurs chansons et j’ai choisi « Pour toi » qui n’est certainement pas la plus connue de Frédéric mais elle me parlait car ça s’adresse à une mère et je suis maman. Donc ça me touchait. Maman, parlons-en. Quel âge a votre fille ? 11 ans et demi… Déjà ! Elle s’intéresse à votre carrière ? Et comment ! Elle est la première à écouter mes chansons et elle na la franchise d’une enfant qui me dit si ça lui plaît ou non. Elle suit tout ça de près, s’intéresse à tout, jusqu’à mes tenues vestimentaires. Ça me touche et ça m’amuse. On va parler tournage puisque vous êtes aussi comédienne aujourd’hui ! Comment est-ce arrivé ? Tout simplement parce qu’en 2014 on m’a proposé de faire un casting et j’ai été prise pour le tournage de « Dream, un rêve, deux vies » produit par Jean-Luc Azoulay avec des acteurs de télé-réalités comme Thomas Vitiello, Elsa Esnout (Qui a fait un duo avec Frédéric François), Alice Raucoule, Tonya Kinsinger et même Julie Piétri… Nous avons tourné deux mois à Saint-Martin avec une super équipe, aussi bien comédiens que technicien. Ça a été une aventure magnifique. Du coup vous avez récidivé ? Oui, l’an dernier avec Mathieu Grillon qui est réalisateur, scénariste et comédien , avec aussi Alexandre Pesle, Nolan Gresle et Alex Guéry. Le film s’intitule « Ne m’oublie pas » Et ça va continuer ? Oui puisque je vais à nouveau tourner avec Mathieu Grillon. Jouer la comédie, ça me plait énormément. Je pense que ça fait partie de mon métier même si ce n’est pas encore aussi courant qu’aux Etats-Unis. J’aime tout ce qui est artistique et je vais, si l’on m’appelle, pouvoir jouer sur les deux disciplines, même si la chanson reste ma priorité. Pourtant, vos débuts avec votre maison de disques a été assez houleuse !
Dreams
C’est-à-dire que nous avions des vues très différentes et du coup elle a fait le strict minimum du côté communication alors que d’autres gagnants en ont eu un maximum et le disque c’est mal vendu. Du coup, nous nous sommes séparés et j’ai monté une maison de production Dong Eden Production. En dehors de tout ce que vous faites, vous vous intéressez beaucoup aux associations humanitaires… C’est la moindre des choses et je réponds toujours oui lorsqu’on m’appelle pour des associations contre le cancer du sein, la maladie d’Alzheimer, les pièces jaunes ou la fondation Grégory Lemarchal. Je suis toujours là si l’on a besoin de moi. Finalement, que vous reste-t-il de « Star Academy » ? J’en ai tellement parlé que je n’ai plus grand-chose à dire sinon que c’est un beau souvenir, une belle expérience et surtout que c’est grâce à cette émission que je peux faire aujourd’hui ce que j’aime. »
Propos recueillis par Jacques Brachet Photos Pulsart in Atris *Tihyad, auteur, compositeur, chanteur. A écrit, avec Yves Gilbert, des chansons à Serge Lama, a chanté avec Hélène Ségara et joue dans la série « Les mystères de l’amour ».
Guillaume Levil est un homme de contrastes : Il a passé son enfance à la Réunion avant d’arriver à Digne. Il navigue donc entre deux cultures. I Il partage ses goûts entre Capra et Pagnol, « La femme du boulanger » et « Beethoven » (le chien !!) et notre jeune scénariste-réalisateur-producteur qui vit aujourd’hui àNice, ce qu’i ne l’empêche pas de retourner tourner à la Réunion, était l’invité de Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud ». Il est venu nous présenter quatre courts-métrages avec toute la passion et l’humour qu’il possède, tout auréolé d’une nomination… aux Oscars s’il vous plaît pour son court-métrage « La valise rouge », réalisé par Cyrus Neshvad, dont il a signé le scénario. Et qu’il nous a bien sûr présenté au Théâtre Daudet de Six-Fours ainsi que trois de ses autres films dont il est scénariste et réalisateur : « Un tour de cheville », « Arthur Rambo », « Courir toute nue dans l’univers », avec des histoires à chaque fois très différentes qu’elles soient drôles ou plus dramatiques.
« Guillaume, tu es en fait construit sur deux cultures C’est exact, jusqu’à 12/13 ans la Réunion a fait ma construction. J’en suis imprégné. Mon père étant provençal, nous nous sommes retrouvés à Digne où je suis allé au collège. J’ai eu les deux cultures, les deux langues et je suis fait d’elles. Le cinéma est venu comment ? Tout jeune, ma mère m’a amené très souvent au cinéma où je voyais aussi bien les films pour enfants mais aussi d’autres films peut-être un peu moins réservés aux enfants. Mon second film a été « Les liaisons dangereuses » ! C’est pour cela que tu es éclectique, jusqu’à aimer « La femme du boulanger » ET « Beethoven » ? Non, pas ET. C’est-à-dire que ce sont les deux exemples de ce qu’il faut faire et ne pas faire. Chez Pagnol c’est au mot près, c’est une histoire qui, même si elle est quelquefois exagérée, tient la route et nous emmène au bout de l’histoire. Pour « Beethoven » (pas le musicien… le chien ! », c’est pour moi tout ce qu’il ne faut pas faire et quant à la fin elle est on ne peut plus mauvaise. Après avoir vu le film j’ai imaginé plusieurs fins plus intéressantes. J’ai commencé à les écrire en fait, c’est le film qui m’a donné envie d’écrire des scénarios ! Donc merci Beethoven ! Tu t’es spécialisé dans le court-métrage, le documentaire… Et la fiction ! J’ai commencé à écrire des scénarios pour les autres, puis pour moi, puis je suis passé à la réalisation. Mais tout se fait à partir de rencontres comme celles avec Cyrus Neshvad, réalisateur iranien vivant au Luxembourg pour qui j’ai écrit « La valise rouge » ou encore Nicolas Paban, qui est toulonnais et pour qui j’ai co-écrit « Princesse de Jérusalem ». Coment s’est fait le passage aux longs métrages ? C’est plus difficile encore que de monter des courts-métrages. Il faut trouver de l’argent et puis les vendre après. C’est quelquefois plusieurs années d’attente, d’acceptation… ou pas ! C’est un métier aléatoire où il faut toujours avoir dix projets pour quatre qui aboutiront. Il faut pouvoir rebondir et ce n’est pas toujours facile.
C’est certainement parois frustrant et en plus entre deux films il faut pouvoir vivre Frustrant, peut-être quelquefois mais comme je suis toujours sur plusieurs projets, je pars sur un autre. Mais malgré le temps qui court entre deux réalisations on peut très bien vivre une vie entière après un film. Et puis, dès le départ on est prévenu que ce que l’on fait risque de ne pas être accepté. Il y a deux films que nous n’avons pas vus ce soir : « Le problème du pantalon » et « Les vénérables dessous ». Tu es très… textile ! (Il rit) C’est un diptyque qui d’ailleurs devrait devenir un triptyque car j’ai encore une idée. « Le problème du pantalon » parle de la contraception chez l’homme : la vasectomie, l’injection d’hormones, le slip chauffant. Sujet tabou que je traite avec humour. « Les vénérables dessous » traite, lui, de la menstruation, des sous-vêtements féminins qui sont de l’ordre du fantasme et de la liberté des femmes. Là encore, sujets tabous. Et j’ai déjà un troisième sujet… Mais je préfère ne pas t’en parler ! Bon, venons-en à « La valise rouge », qui t’a emmené jusqu’à Hollywood ! C’est un scénario que j’ai co-écrit avec Cyrus Neshad qui l’a réalisé. Nous l‘avons tourné au Luxembourg où il vit. Nous avons découvert Nawelle Evad, jeune comédienne sur un casting. C’est l’histoire d’une jeune iranienne de 15 ans qui vient au Luxembourg, envoyée par son père, épouser un homme qu’on lui a imposé et qu’elle ne connait pas. Elle récupère sa valise rouge et déambule dans la gare autour de cet homme sans qu’il la voie et, après un long moment d’hésitation, décide de s’enfuir. Nous l’avons présenté dans divers festivals car ce sont les seuls lieux où l’on peut vraiment les faire voir et il se trouve que nous avons reçu quatre grands prix dans quatre festivals, dont Paris et le Mans. Du coup, il a été sélectionné pour l’oscar du court-métrage. Pourquoi dis-tu « du coup » ? Parce que, différemment aux César, le court métrage n’est pas choisi comme chez nous. Aux USA, il est sélectionné par rapport aux prix qu’ils ont reçus dans leur pays. C’est ainsi qu’après plusieurs votes, cent, puis15, puis cinq sont restés en lice… dont le nôtre ! Nous ne sommes arrivés que second, derrière un film, dont la vedette était un handicapé mais nous sommes fiers d’être passés devant le troisième, produit par Disney ! Et même second, ça marque sur un CV !
Quel effet ça fait d’être au milieu des stars hollywoodiennes ? C’est très impressionnant de se retrouver sur le tapis rouge au même titre que ces stars internationales… Et de se retrouver aux toilettes avec Hugh Grant !!! C’est aussi une grande satisfaction d’un petit français côtoyant le nec plus ultra du cinéma international. Tu parles anglais ? Of course, avec l’accent français qui plait beaucoup… aux américaines ! Il n’a été primé ni à Cannes, ni aux César ? Non, pour la bonne raison qu’à Cannes nous serions arrivés avec déjà trop de prix quant aux César, il n’y a que des films français et le nôtre luxembourgeois. Tu disais qu’il n’y a que dans les festivals qu’on peut communiquer sur les courts-métrages ? Oui parce qu’en France, ils passent toujours très tard et le public est restreint. Donc on ne peut faire voir nos films que dans les festivals. D’ailleurs je vais partir au Festival de Cannes, non pas pour voir des films, mais pour faire des rencontres car c’est à 80% là que tout se joue. Les autres 20% dans les autres festivals. C’est d’ailleurs à Cannes que j’ai rencontré Cyrus Neshvad et Nicolas Paban. Comme j’ai plusieurs projets, dont un long métrage coréalisé avec Nicolas, je vais avoir de longues journées. Un rêve ? Réaliser un long-métrage fantastique dans la lignée de « SOS fantômes » !