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Maxime GASTEUIL soigne son burn out !

Benjamin Demay, le producteur, Maxime Gasteuil, le comédien,
Edouard Pluvieux, le réalisateur

Maxime (Maxime Gasteuil) fils d’un couple qui tient une modeste droguerie (Michel Boujenah et Chantal Lauby), a des ambitions telles qu’il est prêt à tout pour arriver, pour satisfaire son patron (David Salle), dont la fille,  Nadège (Anne Serra) est sa fiancée. Il cache ses parents dont il a honte et fait tout et n’importe quoi, jusqu’à en arriver au burn out. Son futur beau-frère Romain (Romain Lancy), lui propose alors de faire un stage de bien être animé par deux animateurs dits « claivoyants » quelque peu déjantés (Zabou Breitman et Lionel Abelansky). Mais ils n’ont pas l’air d’être les seuls dans ce superbe château, les « malades » étant plutôt dans un équilibre instable. Ainsi va-t-il se retrouver dans ce qu’il croit être une maison de cinglés… Et pourtant…. Ce sont peut-être ces cinglés qui vont lui faire retrouver sa « zenitude » perdue.
« 14 jours pour aller mieux » est un film choral signé Edouard Pluvieux et Maxime Gasteuil, d’une grande drôlerie, avec quelques jolis moments d’émotion, des scènes iconoclastes, et dont le scénario a été vécu par Maxime, Benjamin Demay, leur producteur et Edouard lui-même.
Les dialogues sont percutants, les gags se succèdent à vitesse grand V et Maxime, dont c’est le premier film (Et pour un coup d’essai…), percute l’écran. Cet humoriste s’essaie donc pour la première fois au cinéma avec Edouard, plus que son complice mais plutôt son frère, tant ils ont déjà de vécu ensemble, au théâtre, à la télé et aujourd’hui au cinéma.
Et tous les deux nous font la joie de nous rencontrer au Six N’Etoiles entre deux rires et dix fraises Haribo !
Il sont presque chez eux puisqu’ils nous avouent passer tous leurs étés au Brusc !

« Max, comment est né ce film ?
Il est né d’un stage que j’ai fait avec Benjamin, le producteur de mes spectacles. C’était un moment de ma vie où j’avais des doutes, où je faisais des choses sans jamais savoir si ça allait plaire au public. Ne connaissant jamais notre avenir dans ce métier, il arrive qu’on doute beaucoup. A tel point  que je me demandais si je ne devais pas changer de boulot et trouver un boulot « normal ».
Benjamin, qui connaissait un couple d’amis très calés dans le bien être, m’a proposé d’organiser un stage, une sorte de retraite. Moi qui suis grande gueule, plein de préjugés, qui déteste ce genre de truc, je finis par lui dire OK.
Je viens d’une famille assez ancrée, épicurienne, pragmatique et là, je me retrouve avec des illuminés. Il me semble être dans un sketch. On se retrouve confronté à des gens qui ont des plaies ouvertes et on se rend compte qu’après avoir vu des médecins, des psys, pris des médocs, ces stages sont leur dernière chance. Je dis alors à Ben qu’il faut en faire un film.
Edouard : Mais l’idée est de faire un film sincère, sans tomber dans la caricature. Ces gens semblent être « normaux », avec des métiers classiques mais ils sont en souffrance et on veut faire un film sans faire de mal à personne.
Max : On s’est rendu compte qu’au fil des jours ils allaient mieux, d’où le titre du film. Moi, je n’allais pas si mal en entrant et à la sortie je ne me suis pas senti mieux ! Mais cette expérience m’a fait grandir et j’ai rencontré des gens superbes.
Edouard : Après ça, moi j’y suis allé en observateur en jouant franc jeu et leur disant pourquoi j’étais là. J’ai énormément ri avec eux car ils ont beaucoup d’autodérision. Le maître-mot était la réalisation de ce projet mais c’était vraiment de ne pas faire une parodie mais une comédie où on allait rire ensemble.

Je crois qu’il y a longtemps que vous travaillez ensemble, justement…
Max : Dans ce métier, je suis pourri-gâté car Ben et Edouard sont vraiment des frères. Nous sommes trois mousquetaires et les deux s’évertuent depuis des années à me mettre en valeur. Nous n’avons qu’une envie : continuer à travailler ensemble, on a des idées plein les valises !
Edouard : Nous adorons notre métier et nous ne le faisons pas pour les paillettes mais pour rendre les gens heureux, et continuer à vivre des choses ensemble. Et dans cette tournée d’avant-premières, voir les gens rires, Aimer le film est un grand bonheur de les rencontrer. Ça nous rend fiers et heureux.
Jusque dans les petits rôles, vous avez des pointures !
Edouard : Lorsque j’ai montré le film au festival d’Alpe d’Huez, à Max, Ben et Zabou et que Zabou m’est tombée dans les bras j’étais le plus heureux. C’est ça mon salaire. Zabou est une immense actrice, Je l’avais vue au théâtre deux ans avant dans « Comment vous raconter la partie » de Yasmina Reza, j’avais pris une claque. Deux ans après, je la mets en scène… Normal, non ???
Et puis Michel, Chantal… C’est une chance hallucinante ! On peut se dire qu’on n’a pas fait ce film pour rien.
Justement, avoir Chantal Loby et Michel Boujenah pour trois scènes… Comment fait-on ?
Max : Michel m’a vu un jour sur scène et de ce jour il a été derrière moi. Nous avons développé une relation père-fils, il m’a invité à Ramatuelle.
Je connaissais la fille de Chantal Loby, Jennifer Ayache, chanteuse du groupe Superbus. Elle est venue avec sa mère voir le spectacle. A quelque temps de là, je reçois un message de Chantal, je n’en croyais pas mes yeux ! Elle avait envie de jouer avec moi ! En réunissant un jour Michel et Chantel, je leur ai dit : « Un jour vous serez mes parents dans un film ». Ils m’ont répondu qu’ils étaient prêts à faire n’importe quoi. Et ils ont tenu leur promesse !
Edouard : C’est vrai qu’ils n’ont que trois scènes mais leur personnage est important. Ils sont de modestes artisans qui aiment leur métier et Leur fils, mais lui a de grandes ambitions, il se détourne un temps car il a honte d’eux alors qu’en fait, son bonheur est là, sous ses yeux.
Le reste de la distribution est magnifique …
Edouard : Ma responsabilité et mon plaisir aussi étaient de me mettre à la hauteur de ces grands comédiens. Tous ont été bienveillants et ils nous ont tous portés.
Max, comment passe-t-on d’humoriste à comédien de cinéma ?
J’ai toujours voulu faire du cinéma mais passer de l’un à l’autre risquait d’être casse-gueule. Est-ce que les gens qui me suivent vont me suivre au cinéma car ils s’attendent peut-être à se taper sur les cuisses durant une heure et demie. Mais nous n’avons pas fait « Les Charlots », on a vraiment fait du cinéma et on embarque les gens quelque part.

Et comment passe-t-on d’un BTS commerce à humoriste ?
J’ai un père qui le plus marrant de la planète. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un d’aussi instinctif, avec autant d’esprit et moi petit, je prends ça comme une éponge. Mes dons, mon aisance, viennent de là. Du coup il est fier et il fait une projection sur moi car ma mère m’a dit qu’il aurait voulu faire ce que je fais. J’avais donc le choix de devenir, comme mon père et mon grand-père, compagnon du devoir… ou comédien ! J’ai hésité de 16 à 19 ans puis je suis  parti à Paris. Grâce à mon père qui m’a aidé dans mes galères et à tout fait pour que je réalise mon rêve. Pour moi et pour eux, je n’avais pas le droit de me rater.
Edouard : Lorsque j’ai vu Max pour la première fois sur scène, j’ai tout de suite vu un comédien. Je me suis dit qu’il irait tout droit au cinéma, avec son air à la Belmondo ! Et Dany Boon qui l’a fait jouer a dit qu’il lui faisait penser à Philippe Noiret jeune… Nous avons vu la même chose. C’est un grand acteur en devenir. Ma seule peur était de ne pas rater « son » premier film.
Et toi Edouard, comment es-tu arrivé au cinéma ?
A 8 ans, je savais que je voulais écrire et réaliser des films… Mon premier film, je l’ai réalisé à 36 ans ! J’ai toujours écrit, j’ai été journaliste, j’ai été rédacteur en chef et j’ai commencé à écrire des conneries pour la radio, pour les Guignols. Puis j’ai rencontré Kev Adams et depuis on a écrit ensemble tous ses spectacles. J’ai fait mon premier film grâce à lui.

Les 3 mousquetaires face au public
Et avec Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles

En fait, vous avec tous les deux Kev Adams en commun !
Max : Il faisait un spectacle avec Gad Elmaleh et, me voyant sur scène, il m’a proposé de faire leur première partie. Le public m’a vraiment porté et du coup j’ai décidé de me projeter seul en scène. Et en plus, c’est grâce à lui que j’ai rencontré Edouard. Dix ans plus tard… Nous voilà !
Aujourd’hui, toujours des projets tous les trois ensemble ?
Max : Oui, je termine ma tournée avec mon spectacle « Retour aux sources » et on a des projets.
Edouard : Nous sommes en train de finaliser le prochain tournage qui devrait se tourner en Juin-Juillet. C’est pour ça que Benjamin va arriver en retard pour nous rejoindre car il a des rendez-vous.
On peut en parler ?
Edouard : Oui… et non. Tout ce qu’on peut en dire c’est que ce ne sera pas un film choral, qu’on retrouvera quelques comédiens avec qui on a formé une famille et que ce sera une sorte de… « Maman, j’ai raté l’avion » !
Max : Et puis, on a l’idée d’une pièce de théâtre. Notre rêve ce serait de faire « Un singe en hiver » avec Jean Dujardin. Mais c’est encore un peu loin ! »

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon

Notes de lectures

Jean-Marie PERIER : « Mes nuits blanches » (Ed Calmann-Levy – 406 pages)
Pour nombre d’entre nous qui avons dépassé la soixante… et plus, Jean-Marie Périer reste le photographe de « Salut les copains » qui emmenait au bout du monde Johnny, Sylvie, Sheila, CloClo, Françoise et les autres pour les photographier dans des lieux superbes, qu’il mettait dans des situations drolatiques. Et qui noud faisait têver.
C’est vrai mais pas que….
Car s’il a eu la chance de rencontrer Daniel Filipacchi alors qu’il n’était pas majeur et qu’il lui a mis un appareil photo dans les mains alors qu’il n’était pas photographe, son talent, son inventivité, sa curiosité ont fait qu’il est aussi devenu le photographe de « Jazz Magazine », de « Télé 7 jours », de » Paris Match » de « Elle »  dont la directrice n’est autre que sa sœur Anne-Marie, épouse de Michel Sardou.
Il nous a déjà offert nombre de livres, souvenirs ou albums photos et voilà qu’il nous offre ce pavé avec une suite de portraits de tous les gens qu’il a rencontrés, et Dieu sait s’il y en a !
Mais comme il le précise, « Ceci n’est pas un livre de photos » même s’il y en a de lui et d’autres mais juste pour illustrer cette série de mini-portraits mais aussi de réflexions qui, quelquefois, n’ont que peu de lien avec la photo qui l’illustre.
Lorsqu’on le connait, on sait qu’il a la parole facile et le lire est l’entendre raconter avec humour, avec nostalgie quelquefois, avec émotion aussi et ces portraits sont électiques, allant de tous ses amis dits « yéyé » à Yves Saint-Laurent en passant par Ella Fitzgerald, Françoise Sagan, Catherine Deneuve, François Périer, son père, Marc Porel, son frères, Jean-Pierre Périer son autre frère Jacqueline Porel, sa mère, Jacques Porel, son grand-père, tous disparus.
Et encore Danielle Darrieux, Pétula Clark, Yvonne Printemps, Barbra Sreisand et des centaines d’autres, rencontrés furtivement, le temps d’une photo, ou ayant fait un bout de route avec eux.
Jean-Marie a fait rêver plusieurs décennies par ses photos, ses aventures qu’il raconte avec intelligence, finesse, tendresse, ses portraits de chanteurs, de musiciens, de comédiens, de gens de la mode, de la danse, de l’écriture, de tous les arts qu’il a côtoyés.
JMP… Un grand témoin du monde artistique d’hier et d’aujourd’hui.

Gaëlle NOHANT : Le bureau d’éclaircissement des destins (Ed Grasset – 411 pages)
Avec beaucoup  de délicatesse et d’habileté, Gaëlle  Nohant propose au lecteur de ce nouveau roman une série d’enquêtes sur des objets rassemblés pour être restitués à leurs propriétaires ou leurs descendants. Ces objets ont appartenu à des hommes, des femmes et des enfants souvent exécutés dans les camps d’extermination d’Allemagne ou de Pologne pendant la seconde guerre mondiale. C’est en 1990 qu’Irène va intégrer l’équipe  de l’ITS, International Tracing Service, un service où s’empilent  des milliers de documents d’archives, un fichier central tenant compte de toutes les variantes possibles, de toutes les langues, des erreurs de prononciation, des diminutifs. La guerre a bouleversé la vie de millions de personnes, celles qui ont fui, celles qui ont été prises, cachées, déplacées ou assassinées, ces personnes ont laissé derrière elles des objets et ces objets devront être restitués à leur propriétaire. Un travail colossal de recherche, de mémoire qui redonnera espoir, bonheur, réconciliation, stupeur ou effroi aux survivants mais aussi à l’équipe de travail.
Irène va prendre à cœur de retrouver les traces d’une enfant, cette quête la mènera en Pologne, lui fera prendre connaissance des milliers d’enfants volés aux parents déportés et adoptés par des familles allemandes. Ce livre est bouleversant car chaque histoire émeut le lecteur et le plonge dans l’horreur, une horreur qui malheureusement ne cesse d’être d’actualité. Les familles décrites par Gaëlle Nohant pourraient bien sûr être de vraies histoires. L’auteur a fait un travail remarquable de recherche, le lecteur suivra page après page comme dans un roman policier les destins de Lazar, Wita et tant d’autres et devra peut-être interrompre sa lecture, trop bouleversé par ces destins broyés par l’histoire.
Certains diront que c’est un roman de plus sur la Shoah. Non, car c’est  un roman où vous trouverez de l’humanité, de l’amour et même de la joie dans cette période de l’histoire très sombre.
Claire BEREST :  L’épaisseur d’un cheveu (Ed Albin Michel – 235 pages)
La romancière a choisi d’écrire sur l’homicide conjugal, en l’occurrence le féminicide.
Dès la première page nous savons qu’Étienne va tuer dans quelques jours Violette, dite Vive, avec qui il est marié depuis dix ans. Sans enfant, ils vivent comme des bobos parisiens alternant expositions, vernissages, concerts hebdomadaires de musique classique, voyage annuel en Italie.
Mais Étienne est un homme angoissé et obsessionnel alors que Vive est plus fantasque et souffre de cette vie réglée. Elle va vouloir s’émanciper ce qui va provoquer la jalousie puis la haine de son époux.
L’auteur décrit avec talent la rage montante de cet homme frustré qui, au fil des heures, va développer une folie meurtrière qui l’amènera à larder son épouse de trente-sept coups de couteaux.
Un roman glaçant qui permet de réfléchir à ce sujet qui fait trop souvent la une des journaux.

 Patrick MODIANO : La danseuse (Ed Gallimard – 96 pages)
Le personnage principal, désœuvré, sans argent, a terminé son premier roman.
Il s’occupe d’un enfant, Pierre dix, ans dont la mère danseuse suit les cours du vrai maître de ballet russe Boris Kniaseff.
Le narrateur se souvient de sa jeunesse et se remémore sa rencontre avec la danseuse dont on ne saura jamais le nom. Le livre dévoile les souvenirs flous d’un passé qui s’efface et qu’il essaie d’arracher à l’oubli.
Les personnages errent de bars en studios dans un Paris que ne reconnait plus beaucoup l’auteur. Certains souvenirs vagues suggèrent un passé tumultueux, voire sulfureux de la danseuse, mais nous n’en saurons pas plus.
Le texte est extrêmement épuré, construit en chapitres très courts et l’écriture simple. A la fois des détails précis mêlés à d’autres, flous, rendent l’atmosphère mystérieuse et aérienne. Le fil conducteur du livre est cette quête d’un passé lointain et nous suivons pas à pas ce travail mental comme un récit policier.
« La danse est une discipline qui vous permet de survivre » dit le maître de ballet et « l’écriture est aussi une discipline » cite l’auteur.
Est-ce à penser que l’on se sauve d’un passé tourmenté grâce à la discipline ?
S’agit-il de l’histoire personnelle de Patrick Modiano ? Est-ce que la danseuse s’apparente à l’écrivain et son travail ?
Un livre touchant et singulier.
Eric REINHARDT :  Sarah, Suzanne et l’écrivain (Edit Gallimard – 417 pages)
Le personnage de ce roman se nomme Sarah, elle se confie à l’écrivain  qu’elle admire pour qu’il fasse un roman de sa vie.
Dans le roman, Sarah devient Suzanne et on assiste à sa métamorphose. Sarah est en rémission d’un cancer ; elle est sculptrice d’œuvres en plein air, elle ne supporte plus que son mari la délaisse, de plus, elle se rend compte qu’il possède 75% de leur domicile conjugal. Elle lui demande de changer tout cela, il promet toujours mais ne fait rien. Sur les conseils d’une amie, elle annonce à son mari qu’elle va aller vivre ailleurs pour quelques temps, cela le fera t-il réagir ? elle spécifie bien que ce n’est que pour quelques temps.
Lui, va lui faire payer très cher cette décision, jusqu’à l’amener vers la folie. Seul, son fils la défendra. La vraie Sarah va reconquérir sa liberté et trouver enfin sa place  mais à quel prix ?
Ce portrait est bien de notre époque,il est très bien écrit, (il a frôlé le prix Goncourt), cette femme nous touche beaucoup dans sa recherche d’elle-même.


Cyril FERAUD : Mission zéro faute ! (Ed Harper Collins – 198 pages)
Cyril Féraud, c’est ce souriant blondinet, mi Tintin, mi-fils de bonne famille, qui sévit sur notre petit écran, bondissant de la carte aux trésors au Grand Slam, du Téléthon au Sidaction, du festival Interceltique au festival de l’Eurovision, des Victoires de la Musique aux duels en familles… Et j’en passe !
C’est un feu follet toujours de bonne humeur et de bon humour qui n’a plus une minute à lui et qui aime ça.
Et le voilà qui écrit ! Oh, un livre pas comme les autres mais, de façon ludique, sur la langue française, mi-cahier de vacances, mi-almanach et nous apprend ou réapprend à conjuguer les verbes, à nous donner les racines de certains mots, à employer les mots justes et les synonymes, les acronymes et les sigles, les solécismes et les barbarismes, les pléonasmes et les antonymes et, entretemps, nous faire jouer en nous apprenant l’origine étrangère des mots, faire des mots croisés.
Ce peut être un livre de vacances, un livre pratique que l’on lit et laisse quand on veut. Cet amoureux des mots et de la langue française nous donne, en toute humilité une mission : que ce soit en parlant ou en écrivant, arriver à faire zéro faute et le faire entre amis, en famille car ce livre concerne tout le monde.
Un joyeux moment de lecture et une belle leçon de Français.
Dominique BARBERIS : Une façon d’aimer (Ed. Gallimard – 202pages)
La narratrice plonge dans ses souvenirs d’enfance.
Une photo s’échappe de vieux papiers qu’elle manipule et la trouble. Il s’agit de Madeleine, la sœur de sa mère, prise en Afrique dans les années cinquante alors qu’elle avait suivi son mari à Douala. Aidée de sa mère et de sa grand-mère elle va faire revivre ces années que la jeune femme a passées dans un monde loin de celui qu’elle avait connu jusque-là à Nantes.
Mariée à un époux qui l’adore, Madeleine, jeune femme effacée et discrète se frotte à l’intelligentzia africaine, plus légère et festive que celle qu’elle a connu en France et qui va l’emmener à se laisser séduire par un homme mi-administrateur, mi-séducteur.
Cèdera, ne cèdera pas ? Nous ne le saurons pas car les choses vont tourner brutalement et Madeleine rentrera à Nantes car l’heure de l’indépendance a sonné.
L’autrice retrace ici l’atmosphère désuète pleine de mélancolie de cette époque  dans un roman nostalgique, belle évocation de cette rencontre en noir et blanc d’une jeune femme effacée, pleine de regrets.
Roman plein de délicatesse sur la fragilité des couples dans une ambiance de souvenirs enfouis.


Cécile LIMIER… Karateka Woman !


C’est une femme lumineuse qui porte en elle une grande sérénité.
Cécile Limier enseigne les arts martiaux à Six-Fours, ville dans laquelle elle vit et voici cinquante ans qu’elle les pratique, son professeur ayant été dès le début Louis Wan Der Heyoten. Elle a démarré à l’âge de six ans et n’a jamais arrêté, devenant professeur et montant les marches d’année en année tout en gardant les pieds sur terre dans une vie équilibrée entre son mari et ses deux enfants.
Elle vient – c’est exceptionnel ! – d’obtenir son septième dan, le presque plus haut grade puisqu’il y en a huit et elle est la seule femme en région PACA à l’avoir obtenu.
Elle est donc professeur de karaté mais aussi de Taï Chi, milite pour aider les femmes en difficulté, celles aussi qui ont le cancer, a créé des ateliers d’auto-défense, on la retrouve dans nombre de commissions sportives, des maisons d’enfants, bref elle fait un travail exceptionnel avec une passion magnifique, une grande humanité.
Elle respire la joie de vivre et l’on ne peut que tomber sous son charme, son énergie, son besoin de tendre la main vers les autres.
Elle est aussi partie au Burkina Fasso créer une école pour les femmes africaines « Un dojo pour réo ». Elle est même allée faire un tour dans les prisons de femmes de Grasse, Draguignan, Aix-Luynes et se dépense sans compter pour semer le bonheur autour d’elle.
Un septième dan, donc, bien mérité, qu’elle a fêté avec ses élèves et quelques amis dont Gérard Delcroix qui vient aussi d’obtenir son septième Dan, Louis bien sûr, son mentor et ami depuis tant d’années et André Mercheyer, adjoint aux sports de Six-Fours, qui la suit depuis des années.

Cécile, y aura-t-il un huitième ou un neuvième dan ?
D’abord, ça s’arrête à huit, les autres étant honorifiques, et puis je ne pratique pas dans ce but car pour moi, c’est le chemin que l’on fait qui compte, pas le résultat, même si celui-ci est important mais je trouve que c’est déjà beau d’en arriver là, surtout pour une femme.
Y a-t-il beaucoup de femmes qui en arrivent là, justement ?
Qui arrivent au haut niveau il n’y en a qu’une dizaine en France et je suis la seule en région PACA. Une commission a été créée pour promouvoir le karaté-femme pour aller vers le haut niveau ».
Louis, toujours bon pied bon œil a le sourire de celui qui est fièr de son élève :
« Je suis très heureux de sa réussite, elle est ma fierté. Elle a commencé vers 6 ans, elle en a 56 et malgré sa vie familiale, elle n’a jamais rien lâché, elle tout mené de front et arriver à ce niveau est rare et magnifique. Car il y a très peu de femmes qui atteignent ce niveau-là.
Sais-tu pourquoi ?
Oui, je crois, beaucoup démarrent jeunes mais il y a les études qui les éloignent des salles mais aussi des villes où elles ont commencé. Et puis… elles tombent amoureuses et quand elles rencontrent l’amour, elles choisissent !

Gérard Delcroix, Louis Wan Der Heyoten, André Mercheyer, Cécile Limier

Tu as toujours mêlé le karaté au Taï Chi… La raison ?
Le Taï Chi est au cœur de tout ça. Le karaté est plus fort, plus sec, donne la force physique le Taï Chi est  plus doux mais nous donne la force intérieure, adoucit les mouvements. Ils sont complémentaires et c’est ce qu’a compris Cécile.
André Mercheyer est arrivé à la mairie de Six-Fours en 2008 et dès ce moment, il s’est intéressé au travail de Cécile.
« Lorsque je suis arrivé à la mairie, en 2008, Cécile préparait son projet en Afrique, pour construire une maison pour que les femmes puissent pratiquer le karaté. Et bien entendu, nous avons décidé de l’aider.
Mais je la connais depuis plus longtemps et même avant mon mandat, je la suivais car j’aime les arts martiaux. Jeune, j’ai pratiqué le judo même si je n’y excellais pas !
Pour toi, quelles sont les qualités de Cécile ?
Elle est opiniâtre et d’une grande humanité. Sa qualité première est le partage, ce qui n’est pas étonnant car je crois que c’est le propre de ces sports.
Si elle en est à ce stade aujourd’hui, ce n’est pas dû au hasard mais parce qu’elle est volontaire, passionnée. Ce sport est basé sur la maîtrise, le contrôle de soi et sur l’intériorité. C’est une ambiance qui vient de l’Orient.
Aujourd’hui, ce septième dan nous rend très fiers d’autant qu’il n’y a pas beaucoup de femmes qui atteignent ce niveau ».


Félicitée par le Docteur Stéphanie Guillaume, adjointe à la santé à Six-Fours

Je laisserai le dernier mot à la reine du jour :
« Mon parcours en karaté est un chemin de vie tourné vers les autres. On ne peut donner du bonheur que lorsqu’on est heureux soi-même ».
Dont acte.

Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Monique Scaletta




Jean-Baptiste SHELMERDINE
Cinéma, théâtre, télé, chanson… et bientôt un roman !


Lorsqu’à la télé j’ai vu débouler ce blondinet dégingandé, habillé à l’emporte-pièce, décoiffé et rieur, au regard d’ado prêt à faire une bêtise, j’ai pensé qu’il sortait de l’ordinaire. Ce qu’il faisait déjà dans la série télévisée «Nos chers voisins» qui nous a permis de le découvrir. Et depuis, il n’a pas cessé d’évoluer de la télé au théâtre, de la chanson au cinéma, de l’écriture à la mise en scène.
Il tourne en ce moment dans toute la France avec une pièce désopilante de Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière «Un dîner d’adieu» auprès de Laetitia Milot et de Catman où chaque soir il joue devant des salles combles et où il est totalement déjanté.
Je l’avais rencontré au Festival de la fiction TV à la Rochelle et il n’a pas changé : toujours volubile et sympathique, dont on a envie de faire un ami.Un plaisir de le rencontrer à nouveau.

« Tout d’abord une mise au point : ton nom un peu compliqué. Alors, on dit Shelmerdine ou Shelmerdaïne ?
(Il rit) « Dine ». C’est déjà assez difficile. Il vient de mon arrière arrière grand-père qui était Gallois. Mais le Gallois n’est pas l’Anglais et je garde la version française !
Ceci expliqué, au départ tu te tournes vers la photographie et les arts plastiques. Comment as-tu bifurqué vers la comédie ?
C’est vrai que j’ai démarré par des études d’arts plastiques mais je me suis dit assez tôt que j’aimerais être comédien. C’est peut-être un peu too much de dire ça mais je me suis très vite aperçu que j’avais «une plasticité» pour faire ce métier. Ça a commencé très tôt à 15 ans au collège et tout en continuant mes études, vers 18 ans j’ai commencé à passer des castings. Entre autre pour la pub où je considérais que c’était plus facile. Puis j’ai pris des cours de théâtre et j’ai commencé à tourner. Le théâtre a commencé plus tard.
Pourquoi ?
Au cinéma, à la télé, on est un peu entre nous, dans une bulle, on peut recommence si on se trompe. Sur scène il faut y aller et j’avoue que ça me faisait un peu peur. Après le Covid, j’ai fait des essais et très vite j’y ai  pris goût. Aujourd’hui, lorsqu’on me propose un sujet qui m’intéresse, j’y vais !
Alors, débuts, s’il vous plaît, avec Alain Delon !
Oui, c’était pour un téléfilm «Un train de trop» avec aussi Lorie Pester.
J’avais peu de scènes dont une avec Lorie et trois avec Alain Delon. C’était très court mais c’était marrant et surtout formidable de voir travailler un monument.
Comment était-il ?
Ce n’était pas Alain Delon « hors » plateau mais « sur » un plateau de tournage. C’est incroyable ce qu’il  dégageait. C’est vrai qu’on a dit – et ça continue ! – beaucoup de choses sur lui mais avec moi il a été très sympa. Tout de suite je lui ai dit que j’avais peur de tourner avec lui et je crois qu’il a senti que j’étais sincère car j’avais joué cartes sur table. Après chaque pause il venait me voir et même, à un moment, il s’est trompé. J’ai pensé qu’il l’avait peut-être fait exprès pour me mettre à l’aise ! Il m’a beaucoup rassuré.

Tu exploses avec « Nos chers voisins ». Comment ça s’est fait ?
Au départ, la production avait fait un pilote avec des comédiens dont Gil Alma. Ils ont filmé quelques épisodes après quoi ils ont décidé de changer certains comédiens. Il s’est passé six, huit mois et j’ai été du dernier casting. Au départ ils pensaient que j’étais trop vieux pour le rôle. Ils cherchaient un garçon de 18 ans. Mais j’ai fait des essais avec Issa Doumbia et ça a matché. Après quoi est venue Joy Esther et ça a aussi collé. On a vu que ça passait bien entre nous.
Pourquoi cela s’est-il arrêté ?
Ça marchait très fort, on n’a pas compris, on n’a pas eu d’explication. Peut-être est-ce la personne au pouvoir à ce moment-là, qui l’a décidé. Nous avons été très surpris et déçus et puis chacun est parti vers autre chose. Mais on nous en parle toujours et ça a été un beau tremplin.
Et là on te retrouve aux «Grosses têtes» !
Laurent Ruquier m’a remarqué, je suppose dans la série. Il a parlé de moi à Christophe Beaugrand qui était venu faire un «guest» sur la série et qui lui a dit : «Il est très drôle, tu devrais l’essayer». J’ai reçu un texto, il m’a pris et j’ai fait sept émissions.
C’était inattendu !
Oui, d’autant que je n’y étais pas à l’aise. D’abord c’est de l’impro et l’important est de dire des conneries, des vacheries sur les gens qui sont là. Et je suis trop bien élevé pour balancer des trucs à des gens plus âgés que moi, qui ont tous de belles carrières et que je ne connaissais pas. Je suis comédien avant tout et fait pour créer des personnages et dire des textes, pour jouer des rôles. Je n’avais pas envie de me créer un faux personnage. Et puis je suis timide et j’étais très mal pour balancer.
Théâtre, cinéma, télé, écriture, chanson, mise en scène, auteur… Et puis quoi encore ???
(Il rit) Eh bien… Je viens d’écrire un roman !
J’ai été metteur en scène d’une jeune humoriste, Mélodie Fontaine et je suis co-auteur de son spectacle qui a eu de très bonnes critiques à Avignon.
J’ai beaucoup tourné cette année pour la télé : «Enquête parallèle» avec Florence Pernel, «Tropiques criminels» avec Sonia Rolland et Béatrice de la Boulaye et «Mère indigne» de et avec Anne-Elizabeth Blateau et Eva Darlan entre autres.
Aujourd’hui, je suis plus tourné vers l’écriture. J’ai aussi écrit un scénario, une comédie qui sera réalisée par Stéphanie Pilonca, qui est de la région. J’écris aussi une pièce de théâtre.

Avec Florence Pernel « Enquête parallèle« 
Avec Gil Alma, Joy Esther,Isabelle Vitari
à la Rochelle

Et pas de seul en scène ?
Alors là… Jamais ! Surtout pas !
Pourquoi ?
Pour avoir mis en scène Mélodie, je me suis rendu compte de la difficulté d’être seul en scène. Ça demande trop d’égo que de réussir à faire face seul au public… Je pense qu’il faut avoir besoin de revanche pour affronter le public face à face. Ce n’est pas pour moi, c’est trop vertigineux. Je préfère jouer avec des comédiens… Ou alors me cacher pour écrire.
Pour toi ?
Non, pour les autres, je n’écris en principe pas pour moi, ça ne m’intéresse pas. Il faut que je sois obligé. Je préfère découvrir un rôle et l’interpréter à ma sauce !
Parlons donc de ces tournages… «Tropiques criminels»
Ça sortira au printemps et j’ai un rôle particulier de chef d’un camp de naturistes un peu sectaire. Et je joue à poil, avec un pagne !
Difficile de jouer à poil ?
Je l’avais déjà fait dans « Nos chers voisins » Il suffit de lâcher prise et on y va.
«Enquête parallèle» ?
Là je me retrouve un peu en photographe un peu timbré. Avec Florence Pernel ça s’est très bien passé, ça a de plus très bien marché et du coup on va faire deux autres épisodes réalisés par Stéphanie Pilonca.
Quant à «Mère indigne», c’est Anne-Elizabeth Blateau qui m’a appelé sans me faire faire de casting. Elle me voulait et j’ai trouvé drôle qu’on travaille ensemble, moi issu de la série «Nos chers voisins», elle issue de «Scènes de ménages».

Comme on le voit, le jeune ado débraillé et échevelé a bien évolué. C’est un touche à tout qui varie les plaisirs. Et notre plaisir a été de le rencontrer. Et de nous retrouver bientôt avec Stéphanie Pilonca qu’on a déjà rencontrée au Six N’Etoiles.
A bientôt donc !

Jacques brachet
Photos Alain Lafon & Christian Servandier
La pièce se jouera le vendredi 1er mars au Forum du Casino d’Hyères

Fabienne THIBEAULT
La serveuse automate venue du grand froid


Fabienne Thibeault, malgré sa belle carrière franco-québécoise, reste et restera pour toujours la première serveuse automate travaillant à l’Underground Café de « Starmania ».
Et elle reste, depuis ce temps, mon amie, rencontrée juste après le succès de ce rock opéra qui a fait changer les mentalités du show biz français qui pensait qu’en France une comédie musicale ne marcherait jamais.
Ma rencontre avec Fabienne, donc, remonte quelques mois après « Starmania » alors qu’elle venait chanter à Chateauvallon.
Timide alors, derrière ses lunettes de vue et le visage mangé par de longs cheveux, tout de suite ça a collé entre nous et de ce jour, nous nous sommes souvent vus ou appelés, du Midem, ou elle présentait les contes musicaux « Martin de Touraine » écrits avec Jean-Pierre Debarbat, son compagnon d’alors, aux tournées « Age tendre », où elle rencontra son mari Christian Montagnac, alors régisseur de la Cie Créole, en passant par le théâtre, où elle vint jouer à Sanary  « Tout feu, tout femme » avec Pascale Petit et Claudine Coster, l’invitant sur « Stars en cuisine » la manifestation créée à St Raphaël par l’ami Gui Gedda, pour justement cuisiner avec moi, ce qu’elle ne fit pas car elle trouva plus sympa d’aller chanter avec Stone ou encore Julie Piétri que j’avais aussi invitées ! Elle y mit une ambiance de folie.
Je la retrouvai chez moi, à Vals les Bains, en Ardèche, où elle était invitée dans le jury de « Super Mamie » avec d’autres amis comme Alain Turban, Zize, Gilles Dreu…
Bref, avec Fabienne, c’est une longue amitié pleine de rires et d’un grain de folie car la timide Marie-Jeanne a depuis longtemps changé de look et de caractère !
« Starmania » a déjà près de 40 ans et reste une œuvre unique traduite et jouée dans le monde entier Et il y a eu pléthore de Marie-Jeanne. Mais Fabienne reste la première.
Et aujourd’hui elle nous raconte « son Starmania » (Ed Pigmalion) plein d’anecdotes, de souvenirs et nous replonge dans le monde de Monopolis avec délectation.

« Fabienne, qu’est-ce qui t’a donné l’envie d’écrire ce livre ?
Il y a eu beaucoup de livres parus sur « Starmania » mais la plupart, écrits par des journalistes qui parlaient de notre aventure de l’extérieur, avec quelques interviews. Mais personne ne l’a écrite de l’intérieur, personne n’a vécu ce que nous avons vécu de l’intérieur, l’envers du décor, nos rapports entre artistes, danseurs, techniciens, toutes les anecdotes, les problèmes, les joies que nous avons vécus « Les uns avec les autres » !
Aujourd’hui, alors que nombre d’entre nous ont quittés, que d’autres, comme Diane Dufresne ou Nanette Workman sont reparties au Québec, j’ai eu envie de retrouver quelques compagnons et évoquer notre vie durant ces semaines qui n’ont pas toujours été faciles mais que nous avons vécu intensément. J’ai voulu témoigner.
L’aventure, je pense, a été exceptionnelle ?
Evidemment, d’autant que, pour moi, tout a démarré avec « Starmania », grâce à Michel  Berger et Luc Plamondon. Nous avons vécu une aventure unique où se mêlaient Français, Québécois, Américains. Nous nous côtoyons sans toujours parler la langue de l’autre. Nous avons vécu des moments de joie, de stress, de doutes, de colères, de fous-rires  dans une ambiance souvent électrique car nous n’avions alors pas la technologie d’aujourd’hui, certaines choses étaient compliquées. Le système débrouille était journalier, par moments on ne savait pas où on allait ni si l’on pourrait aller jusqu’au bout.


Donc ce rôle de Marie-Jeanne a été important pour toi !
Je lui dois tout. Rends-toi compte que je chantais quatre chans qui sont devenus des tubes et que l’on chante encore aujourd’hui : « Le monde est stone, « « Les uns contre les autres », « La complainte de la serveuse automate », « Un garçon pas comme les autres (Ziggy)
Dans ton livre, il y a un flou avec ta rencontre avec Luc…
On est d’accord sur la première rencontre : elle a eu lieu à Montréal lors du festival «  chantAoût » en 75. Luc était là et est venu me voir avec Gilles Talbot qui allait être le producteur de « Starmania ». Et alors je suis sûre qu’il m’a proposé d’être de l’aventure alors que lui affirme qu’il n’était pas encore sur le projet. Cela me paraît illogique car en 77 « Starmania était prêt ». Ça n’aurait pas pu se faire si vite s’il n’en avait pas déjà été question !
Par contre avec Michel, pas de flou !
Michel est venu à Montréal en plein hiver, nous nous sommes retrouvés chez Luc et il m’a joué au piano « Le monde est stone ». Je l’ai écoutée deux ou trois fois, je l’ai chantée et tout de suite il a dit que ça allait.
Comment cela s’est passé avec les deux acolytes ?
Sans problème. Quoique stressé, Luc était toujours charmant, nous sommes devenus très proches. D’ailleurs, après « Starmania », il m’a écrit d’autres chansons dont « Ma mère chantait » qui a été un gros succès au Québec. Michel, lui, était un garçon très organisé, toujours dans sa bulle, partout à la fois mais très agréable et pudique. Il était tout autant compétant musicalement et en tant qu’organisateur.

Avec Stone à « Stars en cuisine »
Avec Julie Piétri à « Stars en cuisine »

Et avec France Gall ?
Elle était très particulière, très dirigiste avec tout le monde, remettait tout en question on l’appelait « Le petit caporal »
Tu dis dans ton livre ne pas avoir pleuré lorsqu’elle a disparu…
On perdait une belle chanteuse, ses fans étaient éplorés mais ce n’était pas une amie proche, nous n’avons pas eu vraiment d’atomes crochus. Elle pouvait être drôle et charmante mais elle était imprévisible et voulait s’occuper de tout. Mais tu sais, dans une telle aventure, on ne peut pas être proche de tout le monde même si l’on s’entendait bien.
A part toi qui a été tout de suite Marie-Jeanne, on a cherché des artistes entre autres pour Stella Spotlight et pour Cristal.
Pour Stella, il a été question d’Anna Prucnal mais on lui a trouvé un accent trop polonais. Puis il y a eu Armande Altaï mais elle avait une personnalité trop marquée.  Et pourtant elle était surprenante dans « Les adieux d’un sex-symbol ». Pour Cristal, on a pensé à Sabrina Lory mais sa maison de disques a refusé car elle venait de faire un tube et son producteur a voulu continuer sur ce succès Puis ils ont pensé à Patsy Gallant. C’est alors que j’ai suggéré que Diane et France étaient tout indiquées pour ces rôles.

Avec Chritian Montagnac, son mari

Pourquoi, malgré le succès, vous n’avez joué que 33 jours exactement, pas de tournée, pas de « live » ?
Parce que le Palais des Congrès n’était libre qu’un mois et que le décor monumental ne pouvait entrer nulle part ailleurs. Aujourd’hui c’aurait été sans problème. Du coup on n’a pu jouer qu’un mois, impossible de transporter les décors de ville en ville, donc pas de tournée et, à l’époque, on n’enregistrait pas les spectacles comme aujourd’hui. Voilà le fin mot de l’histoire.
Si France Gall, Diane Dufresne et Nanette Workman ont fait faire leurs costumes par leur couturier, rien n’était prévu pour toi !
A trois jours de la première, la production s’est rendu compte que rien n’était prévu pour m’habiller. On m’a proposé un carton où je devais sortir les bras, un tablier de plastique sous lequel l’air s’engouffre et l’on ne voyait plus ma tête… En fait, on trouvera une robe et un tablier chez Laura Ashley… Mon costume a coûté beaucoup moins cher que pour les autres !
Il y a également le problème de la chanson « Les uns contre les autres » que personne ne voulait chanter…
Et que j’ai finalement proposé de chanter sans savoir que c’étaient les radios qui allaient la choisir en premier !

Age Tendre
Avec les Charlots sur « Age Tendre »

Que penses-tu de la nouvelle version qui se joue en ce moment ?
Donne-moi 16 millions d’Euros et je te fais un spectacle ! Ceci dit, le spectacle est très impressionnant par la technique, les lumières, les effets spéciaux… Trop peut-être. Quant aux chanteurs, même s’ils ont de très belles voix, ils font du karaoké. A la note près, ils font exactement ce que nous faisions, même ce que nous avions inventé autour des chansons. Du coup, ils n’impriment pas leurs personnalités comme avait pu le faire la sublime Maurane et d’autres interprètes. Je devrais demande des droits d’auteur !!!
En dehors de ce livre, Fabienne, que nous réserves-tu ?
Je me remets d’un quadruple pontage mais rassure-toi, tout va bien. J’ai été opérée à Clermont Ferrand. Aujourd’hui je prépare un album de chansons qui sortira le 1er mars. Ce sont des chansons que j’ai écrite et j’ai fait appel à des amis : Zize, Alain Turban, Richard Bonnot et quelques autres. Je prépare le spectacle musical avec ces chansons et je pense qu’il tournera en France… Histoire qu’on se retrouve quelque part sur la route ! »

« Tout feu, tout femme » avec entre autre Pascale Petit et Claudine Coster
Stars en cuisine… Moi je cuisine… Elle chante

Propos recueillis par Jacques Brachet

SHEILA… 60 ans d’amour


Sheila est un cas dans ce métier…
Elle est l’une des recordwomans de ventes de disques de ces artistes nés dans les années 60. Le public l’a adulée et l’adule toujours autant, même si la presse n’a pas toujours été sympa – c’est un euphémisme ! – avec elle.
A une époque et durant des années elle fut la reine des hit-parades, du petit écran sans jamais faire une tournée.
Elle en fit une seule à ses débuts, en compagnie des Surfs et de Frank Alamo et ne la termina pas.
Après quoi, il fallut attendre quelques décennies pour qu’enfin elle monte sur scène, toujours avec le même succès et avec des fans toujours fidèles. Elle prit ainsi goût à cette scène dont elle fut privée durant des années et alors que tout lui souriait, la voici qui arrête tout… pour mieux repartir quelques années après.
Allers-retours chaque fois surprenants, entrecoupés de quelques livres qu’elle a écrits et de moments de solitude pour se consacrer à la sculpture…
Je ne la rencontrai donc que très tard par rapport à tous les autres artistes qui, tous, passaient leur temps sur des tournées qui duraient des mois.

Ma vraie première rencontre donc, fut en 95 à la sortie de son livre  » Et si c’était vrai ?  » (Ed Ramsay) où, sous couvert d’un nom d’emprunt, Annette Choubignac, petite fille de Français moyens devenue idole des jeunes, elle réglait ses comptes avec le show biz et quelques personnages qui gravitaient autour d’elle…Chacun y reconnaîtra les siens !
“J’ai trouvé marrant – me confiait-elle – de raconter les dessous du show biz dans les années 60 et de romancer le tout plutôt que de faire la fameuse bio que tout le monde fait. Je voulais parler de cette folie ambiante, cette joie de vivre dont on n’avait pas toujours conscience, du fric que l’on brassait… ou que d’autres brassaient pour nous ! Nous avions 16/18 ans, on voulait chanter, on vous prenait en main, on signait des contrats débiles… Aujourd’hui, les jeunes ont évolué et leurs avocats ne sont jamais très loin
Quelles étaient tes relations avec les autres artistes ?
Johnny, Sylvie, Françoise m’intimidaient un peu cars ils étaient déjà des vedettes. Avec Claude François, on a démarré ensemble donc c’était plus facile. Et on s’est très vite trouvé sur un pied d’égalité. C’est vrai qu’avec Claude il y avait en plus de la tendresse et de la complicité. Il était fidèle et sincère. J’étais aussi très amie avec Dalida qui était une femme intelligente, simple, sentimentale et sensible. Ce qui nous rapprochait c’est qu’elle en avait, comme moi, pris plein la tête. Françoise a été près de moi lorsqu’il y a eu mon « affaire » du Zénith. Sylvie Vartan est aussi restée quelqu’un que j’aime infiniment. Elle est très loin, très souvent mais je crois que lorsqu’on se voit, on a chacune du plaisir à se retrouver. Le problème est que notre entourage essayait souvent de nous monter les unes contre les autres. On nous voulait concurrentes alors que nous, nous n’en avions rien à faire. La preuve : On se retrouvait toujours avec plaisir chez les Carpentier.

As-tu connu la solitude des artistes ?
La vie d’artiste et une chose que, même très entourés par les gens du métier, la presse, les fans, nous vivons seuls. Nous sommes très exposés car nous vivons une histoire d’amour avec des milliers de gens et lorsque les lumières s’éteignent (Claude François l’a très bien chanté) nous nous retrouvons seuls.
Être entouré ne veut pas dire être aimé. Mais la solitude croise tout le monde un jour… « 
Malgré cela à l’époque, elle venait d’avoir 50 ans, avait une pèche d’enfer, plein d’envie et m’avait envoyé en boutade :
«J’ai 50 ans derrière moi et encore 50 ans à vivre»…
Lorsque tu as décidé d’arrêter la scène, le public ne t’a-t-il pas manqué ?
Bien sûr, terriblement mais la décision de m’arrêter, je l’avais prise toute seule et en toute connaissance de cause. J’avais décidé de prendre du recul, de faire autre chose et c’est ce que j’ai fait puisque je me suis mise à la sculpture et à l’écriture.
Donc, si le public me manquait, je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même ! Mais un jour ça a été plus fort que tout, il fallait que je revienne. Le manque était trop grand.
Et ce 28 septembre 1998 à l’Olympia ça a été des retrouvailles d’une force, d’une intensité inouïes… C’était au-delà de tout ce que j’avais pu rêver. Ce fut un grand moment d’amour et la tournée suivit, aussi intense. Tout ça restera l’un des plus grands moments de ma vie. En trente ans de carrière je n’avais jamais vécu ça…
Et je crois qu’il y avait trente ans que j’attendais ça !
Etais-tu inquiète ?
Pas vraiment car j’avais fait de la scène en 88 et je savais que le public serait là, comme il l’a toujours été. Mais je me disais que j’avais peut-être été imprudente de m’être arrêtée. Et je me rendais compte surtout que je m’étais privée de beaucoup de choses. Le public me manquait vraiment et c’est pour cela que je fais la fête avec lui tous les soirs ! La presse, les critiques, ça a été le bonus !
Des regrets ?
Non, pas vraiment puisque la décision venait de moi et de mon plein gré. De plus, j’ai également pris beaucoup de plaisir à sculpter et à écrire, même si c’étaient des plaisirs solitaires ! Mes livres se sont bien vendus, certains sont sortis à l’étranger et je suis très fière de cela».
Après avoir été tellement décriée, « la chanteuse populaire » chante à Ramatuelle et reçoit la légion d’honneur…Quel effet cela fait-il ?
Quelle fierté ! Quelle joie !
Être choisie par Jean-Claude Brialy pour passer sur cette scène mythique et faire partie des privilégiés qui pourront dire « J’y ai chanté », quel bonheur, quel honneur !…
Être décorée par Chirac, quelle reconnaissance ! On a beau se dire au départ qu’on s’en fout et que d’autres le méritent plus que toi, ça fait un drôle d’effet. Et surtout, après tant d’années, être enfin reconnue dans son pays, ça fait chaud au cœur.


C’est une belle revanche ?
Non, je ne prends pas ça pour une revanche. Je le prends tout simplement comme un grand bonheur.
Aujourd’hui, Sheila, c’est qui ?
Une personne qui a beaucoup d’amour à partager, à donner, à recevoir…
C’est une femme qui a une pêche d’enfer et énormément d’énergie…
Et de projets ! ! !
Qu’est-ce qui te gène encore aujourd’hui ?
Plus grand chose à vrai dire sinon, peut-être, certaines personnes qui continuent à me voir avec des couettes… Couettes que je n’ai gardées qu’une année même si aujourd’hui je ne les renie pas !
Quel est le secret de Sheila pour avoir une telle pêche ?
La plus belle machine qui existe, c’est le corps humain. Il faut savoir l’entretenir, avoir de la volonté, et l’énergie nécessaire pour l’entretenir, le faire travailler, pour qu’il réagisse à plein rendement. Il faut savoir souffrir, aimer avoir des courbatures.
La forme du corps est essentielle. Avec lui, le reste suit.
Penses-tu qu’aujourd’hui de jeunes chanteuses peuvent faire la carrière que tu as faite et que tu fais toujours ?
Pourquoi pas ? La chose essentielle est d’y croire très fort, d’avoir des dents qui rayent le parterre, une volonté de fer, une passion à toute épreuve car il faut vraiment y croire de l’intérieur et être vraiment persuadée qu’on est faite pour ça. On ne fait pas ce métier quand on ne sait pas trop quoi faire, qu’on veut tout simplement devenir célèbre ou qu’on veut « essayer ça »… Les producteurs et les maisons de disques vous considèrent avant tout comme un produit. Tous les salamalecs qu’ils font devant vous, ils le font tant que vous rapportez quelque chose. Mais ils partent aussi vite que ce qu’ils viennent. Il faut donc – et ça c’est essentiel – être entouré de gens sincères, qui croient en vous, qui ne vous lâcheront pas dès que ça va moins bien. Car nous, nous parlons musique et eux, ils parlent business. I
Il faut donc un bon entourage et avoir la foi.
Nombre de tes chansons sont  » relookées  » aujourd’hui !
Évidemment !
Je ne pourrais pas offrir aujourd’hui les chansons telles que je les chantais à l’époque ! « Les rois mages », je l’interprète en salsa, sinon, je ne pourrais plus la faire ! Les orchestrations ont été revisitées, les rythmes aussi et ce n’est pas pour rien que CloClo, Dalida ou moi faisons encore les beaux jours des boîtes de nuit. Ça marche toujours !

La remise en question, tu connais ?
Je crois que je l’ai prouvé ! Je fais le plus beau métier du monde, j’en vis et je n’ai pas le droit de m’asseoir en me disant, satisfaite : « Bon Dieu que tu es bonne ! ».
Mis à part ça, si j’existe encore après 60 ans de carrière, ce n’est pas anodin.
Après ça, je ne passe pas ma vie à regarder ce que j’ai fait et ce qui m’intéresse, c’est ce que je vais faire.
Tes espoirs, tes envies ?
Que certains me voient autrement… Sheila a évolué et j’aimerais qu’on me voie telle que je suis aujourd’hui et qu’on prenne cela en considération. Après ça, que veux-tu…. Je ne peux obliger personne à aimer Sheila et ceux qui m’aiment savent pourquoi. Et c’est pour eux que je continue.Je devais la retrouver sur les tournées «Age Tendre» mais là, fini la complicité. Pourquoi ? Je ne sais pas. Qu’elle ne me reconnaisse pas, je le conçois, elle en a vu des journalistes et je ne fais pas partie des intimes. Mais là, elle resta lointaine, froide, refusa plusieurs fois un entretien évoquant le manque de temps… et allant jouer aux cartes avec son équipe ! Pourtant, entre les deux spectacles, Dieu sait si les artistes avaient un quart d’heure à donner aux journalistes qui d’ailleurs n’étaient pas nombreux… Il fallut que j’insiste lourdement pour pouvoir faire une photo d’elle avec ses danseurs.
Mais bon, ce n’est pas grave. On se retrouvera peut-être un jour…

Jacques Brachet

Notes de musiques :
Trois musiciens dans les cordes

Paul Zientara, Stéphanie Huang, Renaud Capuçon, Guillaume Bellom

Ils sont trois musiciens hors normes. Ils ont choisi de faire vibrer les cordes… Excellent choix  puisque cela leur a permis de faire partie des meilleurs instrumentistes dans le monde.
Et nous avons eu la joie de les rencontrer à Six-Fours, lors du festival de musique qui, tous les ans, nous permet de découvrir ou retrouver le nec plus ultra de la musique dite « classique », même s’ils se promènent dans d’autres musiques, que ce soit la variété ou la musique du monde.
Les deux frères Capuçon, Gautier et Renaud, y sont venus maintes fois, chaque année étant un rendez-vous qu’on ne manquerait pas. Quant à Nemanja Radulovic, nous l’avons découvert avec joie l’an dernier.
Les voilà tous les trois qui, chacun, nous offrent un disque en cette fin d’année 2023.

Renaud CAPUCON : « Cycle Mozart – The violin concertos » (Deutsche Grammophon)
Renaud a décidé de dédier cette année à Mozart.
Il nous avait déjà proposé en juin « Sonatas for piano & violin » avec le pianiste Kit Amstrong.
Il nous propose aujourd’hui « The violin concertos avec l’orchestre de chambre de Lausanne.
Il nous propose en même temps un troisième album – un e-album – où il met en valeur trois artistes montants : l’altiste Paul Zentaria, la violoncelliste Stéphanie Huang, le pianiste Guillaume Bellom, trois artistes qu’il nous avait fait découvrir l’été dernier lors de son concert à Six-Fours et qui interprètent des extraits de « Don Giovanni » et des « Noces de Figaro »
Pour en revenir à l’album, Renaud y interprètes les concertos 1-3, 4 & 5, le Rondo K 373 et l’adagio K 261. Les concertos, il les avait déjà interprétés avec l’orchestre de chambre de Lausanne et avait depuis longtemps envie de les enregistrer avec celui-ci.
Voilà qui est fait… Et bien fait !

Gautier CAPUCON : « Destination Paris » (Erato)
Alors que son frère Renaud nous avait offert « Un violon à Paris », voici que Gautier nous emmène « Destination Paris ». Un CD très particulier puisque, lui aussi, mêle des styles, passant de Rameau à Legrand, d’Aznavour à Debussy, de Morricone à Offenbach, De Brassens à Gounod, de Goldman à Fauré et j’en oublie !
A Six-Fours, il nous avait déjà proposé de mélange des genres qui avait électrisé une foule qui avait envahi le Parc de la Méditerranée. 
Sur ce CD, où il est accompagné de son fidèle pianiste Jérôme Ducros, avec qui il a réalisé arrangements et transcription, il s’est entouré de la Maîtrise de Radio France, de l’Orchestre à l’Ecole et de l’orchestre de chambre de Paris dirigé par Lionel Bringuier. Même Vladimir Cosma est venu en renfort pour « Reality », le fameux tube de « La boum ».
22 morceaux superbes qui nous font balader dans des genres très différents, avec son violoncelle magique.
A noter que Gautier se produira à l’Olympia le 26 février.

Nemanja RADULOVIC : Beethoven ((Warner Classics)
Il nous vient de Serbie où il a commencé le violon à 7 ans. A 15 ans il entrait au Conservatoire de Paris où son professeur était Patrice Fontanarosa. Il a aujourd’hui la double nationalité. Ses goûts vont vers Mozart et Beethoven, ce qui ne l’a pas empêché de nous offrir l’an passé un disque magnifiques de musiques traditionnelles « Roots », où il nous avait fait faire un beau voyage, du Brésil à la Chine en passant par tous les pays nordiques, l’Inde, le Japon… Et la France. Ce CD, pensé et enregistré durant le Covid. On retrouve l’ensemble « Double sens » qui l’accompagnait dans « Roots » dans ce nouvel opus consacré à Beethoven, avec le concerto in D op 61 et la sonate N°9 in A op47, la fameuse « Sonate à Kreutzer ».
Ce concerto lui tient à cœur depuis longtemps et s’il l’a beaucoup joué, il ne l’avait non plus jamais enregistré. Quant à « La sonate à Kreutze », elle fait aussi partie depuis longtemps de son répertoire. Il a joué la carte de la différence avec cet ensemble sans chef d’orchestre, en apportant une nouvelle approche à ces deux œuvres qu’il nous offre aujourd’hui.

Jacques Brachet

Six-Fours : Noël en orange et vert

Les Gardes Nature sont en vert.
Le Comité Communal des Feux de Forêts (CCFF) sont en orange
C’est donc dans cette ambiance bicolore que Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours, les avaient réunis pour les remercier de leur travail bénévole qu’ils font à longueur d’années pour protéger nos forêts des imprudents (pour ne pas dire des inconscients) qui, malgré les panneaux, les avertissements, les interdictions, se croient chez eux, allument des feux ou des cigarettes dans des lieux de plus en plus fragilisés l’été par le manque de pluie, le vent et, comme le chantait Johnny, « il suffirait d’une étincelle » pour que notre beau patrimoine disparaisse en fumée.
Ces hommes et ces femmes, tout au long des jours, observent de leur mirador la moindre fumée, sont aux aguets et donnent de leur temps pour que nous puissions profiter de ces paysages méditerranéens.

« Aujourd’hui – nous confie Guy Berjot, actuel président du CCFF – en plus des promeneurs à pied, de plus en plus de gens viennent à vélo et même en trottinette pour pique-niquer, sans se rendre compte du danger que peut entraîner un feu de camp, ou un mégot ».
Du coup, tous se réunissent tout au long de l’année, bénévolement, par brigade, pour protéger cette forêt de plus en plus en danger pour cause de la pénurie d’eau qui augmente à chaque été.
En dehors du fait que tous ces bénévoles, hommes et femmes font un travail de protection admirable, ils proposent des stages à ceux qui voudraient se joindre à eux, dans une ambiance fraternelle, heureux de pouvoir apporter leur savoir et leur amour de la nature de plus en plus fragilisée.
Le maire et nombre de ses élus sont dont venus fêter Noël , les remercier de ce qu’ils font pour leur commune et trinquer avec eux en espérant que l’été prochain soit plus clément en eau que cette année particulièrement difficile et sèche.
C’est dans une belle fraternité que tous ont partagé ce moment de communion, emportant avec eux un joli cadeau pour fêter l’événement en famille.

Guy Berjot, actuel président du CCFF, présente à Jean-Sébastien Vialate, celui qui, au printemps, lui succèdera, Jean-Michel Bertrand

Jacques Brachet

Notes de musiques

Perrine MANSUY – Murmures – Piano solo – EM23/1 (Inouïes distributions)- 12 Titres.
Pour son quinzième album depuis Maneggio en 2000, la voici pour la première fois en piano solo, sauf trois morceaux avec la présence d’un compagnon des premiers jours, Jean-Luc Difraya, très minimaliste à la batterie et aux percussions, qui sait s’insérer subtilement dans ces chants d’amour.
Dès les premières notes l’âme est prise dans les filets de la pianiste. Un son clair, un toucher soyeux, des attaques nettes, une précision à tous les niveaux, une main gauche chatoyante qui fait un tapis à la mélodie, par exemple « Murmures #1 » ; c’est le son Perrine Mansuy.C’est une musique qui vient de l’intérieur, apaisée, qui vous murmure à l’oreille des choses tendres. « Depuis toujours, des paroles murmurées près de moi me plongent instantanément dans une état de transe, comme si j’entrais en vibration », nous confie-t-elle sur la pochette.
« First light in muskota » qui ouvre le disque, sur un tempo très lent, qui laisse respirer les notes, nous met tout de suite dans l’ambiance de ces murmures-rêveries, ce qui n’exclut pas la force d’expression.
J’ai retrouvé dans ce disque les mêmes impressions, les mêmes sentiments, les mêmes aurores diaphanes, que dans le disque du retour à la musique, donc à la vie, de Keith Jarrett, « The Melody at Night, with you ».
Musique fragile et forte à la fois. Tous les thèmes sont des compositions de la pianiste, sauf trois « Murmures » entièrement improvisés.
L’art du piano solo en jazz est un art difficile, surtout quand on ne bombarde pas la musique d’une multitude de notes. Perrine Mansuy y réussit merveilleusement.

HOT HOUSE – The Complete Jazz at Massey Hall Recordings, Toronto 15 mai 1953– 2 CD
Réédition 2023 Craft Recordings.
Saluons la réédition de ce disque monument, qui est un sommet de l’histoire du jazz avec quelques-uns des plus grands créateurs du Bebop, de ceux qui ont contribué à faire l’histoire du jazz : Charlie Parker (as), Dizzy Gillespie (tp), Bud Powell (p), Charles Mingus (b), Max Roach (dm).
Le déferlement du feu de l’enfer et du souffle de dieu. Body and Soul. Et le tout dans une extrême complexité, technique, rythmique et harmonique. Et presque tout improvisé. Le Quintet s’exprime sur des grands standards: Salt Peanuts, Hot House, A Night in Tunisia… simples prétextes à des envolées bouquet final de feux d’artifice.
On n’a jamais retrouvé le son et la technique d’alto de Charlie Parker (peut-être Cannonball Adderley ?) si chaleureux, si prenant, si envoûtant, d’une urgence enflammée, comme si sa vie en dépendait. Bien sûr certains aujourd’hui ont une plus grande virtuosité que ces gars-là, due à l’évolution de la facture des instruments; mais la musique ce n’est pas que de la technique et des notes. Chez ces boppers chaque note est une bombe qui vous explose au cœur et à la tête.
Pour la petite histoire, l’ingénieur du son était tellement bourré qu’il a oublié d’ouvrir le micro de la contrebasse. Pris d’une rage folle Mingus s’enferma dans le studio et réenregistra toute la partie de basse, et on n’y entend que du feu. Ces deux disques sont un sommet de la musique. Ils devraient trôner à la place d’honneur de toute discothèque, d’amateurs de jazz, ou tout simplement de musique
Christina ROSMINI– Inti – (Couleurs d’orange – l’Autre Distribution CD0233317) – 14 titres.
Christina fait preuve de grandes ambitions. Elle se place d’entrée sous la protection d’Inti, une force divine reconnue par les peuples andins. Elle prétend exprimer « …ses indignations, ses rêves, ses espoirs…Un album photos des nombreux pays qu’elle a visités… Un voyage dans le temps…etc ». De plus chaque chanson dispose d’un texte qui l’explicite, et ça c’est bien on a les paroles. Bigre ! Et la musique dans tout ça.
Christina Rosmini chante et joue de la guitare et de nombreuses percussions. Elle est accompagnée par Bruno Caviglia à la guitare, Sébastien Debard à l’accordéon, au bandonéon et autres claviers, Xavier Sanchez, à la batterie et au cajòn, Bernard Menu à la basse ; plus quelques invités (voir la pochette).
Eh  bien surprise ! On a affaire  à une grande chanteuse, parolière, et compositrice. La voix juvénile, sensuelle et charmeuse s’appuie sur les mots, avec souvent des remontées délicieuses en fin de phrase, les mélodies sont belles et originales, savamment entourées par le groupe, sans esbroufes, sur des rythmes variés. Et chose rare aujourd’hui : une diction parfaite
Voilà un disque qui sort des sempiternelles aventures plus ou moins amoureuses et autres niaiseries intimes.
Christina Rosmini écrit bien, ses textes sont de véritables poèmes : sens des images, du rythme, des sonorités, et expression des sentiments divers. Tous les morceaux sont à citer tant la diversité des inspirations donne envie de tout écouter, et de remettre le disque. Pas étonnant toutes ces qualités, elle se revendique la nièce de Brassens ( cf.Tío Brassens).
Parmi les perles : « Tant de fleurs », un chachacha qui jouent avec malice sur les ambiguïtés sexuelles des termes musicaux, avec un hommage à Django. « Le Konnakol du bon vieux temps » basé sur les konnakols, des duels de percussions vocales contre les tablas. Le tout avec une facilité déconcertante.
Une grande voix de la chanson, de France et d’ailleurs, et un fabuleux voyage en musiques.

Serge baudot

Notes de lectures

Cécile CHABAUD : Indigne (Ed Écriture – 231 pages)
Un titre coup de poing qui peut mettre mal à l’aise car assez peu employé et comme le lecteur le découvrira à la lecture de ce livre sans doute justifié. De nombreux dessins au crayon accompagnent  ce roman, des hommes émaciés entassés sur des châlits, revêtus de tuniques rayées… Oui, tout cela rappelle la seconde guerre mondiale, les camps de concentration et cette sanction très particulière en France, l’indignité nationale.
Georges Despaux, natif de Pau, handicapé après une poliomyélite attrapée dans sa jeunesse est accusé d’avoir collaboré avec les allemands en écrivant des articles dans la revue « Assaut » entre 1941 et 1943. Pourquoi cette condamnation malgré son tatouage bien caractéristique des internements dans les camps de Buchenwald ? Cécile Chabaud est l’arrière petite cousine de Georges Despaux, sa famille vit toujours la honte de compter parmi ses ancêtres  un « collabo » ; aussi avec l’aide de tous les dessins  témoignant de l’enfer des camps et du petit-fils d’un autre détenu, Samuel, sauvé de la barbarie par ce Georges Despaux qui n’est donc pas complètement mauvais, elle redonne vie et éclat à des êtres qui ont connu l’innommable.
Ce livre est un témoignage poignant qui malmène le lecteur lisant la plaidoirie accusatrice lors du procès de ce Georges Delvaux et tous ces dessins d’anciens détenus aujourd’hui disparus. Tout concourrait à faire condamner Delvaux, l’époque cherchait des responsables pour cacher les propres défaillances des juges et, oh surprise, il n’y a pas eu de condamnation : Georges Despaux a été jugé non coupable, mais pire, indigne, un terme peu employé qui définit bien la mise au ban de la société de celui qui en est frappé. Cécile Chabaud a eu le courage  de faire revivre ces évènements du passé, elle le fait avec brio et une sincérité honorable.
Max-Erwann GASTINEAU : L’ère de l’affirmation (Ed Cerf – 197 Pages)
L’auteur est diplômé en histoire et relations internationales. Il a travaillé en chine et aux Nations Unies, à l’Assemblée nationale  puis dans le monde de l’énergie.
Ce livre n’est pas un roman mais une étude géo- politique très documentée et très argumentée par de nombreuses références sur le monde en pleine mutation (internet, émergence de la Chine, de l’Asie…etc)    où l’Occident n’est plus un seul modèle.
Il nous fait part de ses découvertes culturelles, modèles économiques et politiques et de ses pensées lors de ses séjours professionnels ; il s’appuie également sur les crises, les décisions internationales pour démontrer que le monde est pluriel et que l’Occident, la France, l’Europe, propulsés entre 2022 et 2023 dans l’âge de raison se doivent à l’introspection : « Et si le chaos que nous croyons percevoir dans la désoccidentalisation ambiante était en fait un ordre crypté que nous ne savions pas lire. Et si le libéralisme occidental n’était universel que de son ignorance des autres tradition ? »
Et si répondre au défi de la désoccidentalisation était plutôt une opportunité pour nos sociétés qu’une menace ?
Livre fort intéressant par l’idée développée mais la lecture est ardue. 

Guillaume VILLEMOT : L’homme qui osait ses rêves (Ed Baker Street – 187 pages)
Dans ce court ouvrage, Guillaume Villemot présente avec talent l’homme étonnant qu’a été André Malraux.
Aventurier, voleur, menteur, addict à l’alcool et aux drogues certes mais homme engagé, défenseur du rayonnement de la France et de l’accès de tous à la culture ; écrivain autodidacte à succès, primé par le Goncourt pour « La Condition Humaine » il y a quatre-vingt-dix ans. Quelques citations bien choisies par l’auteur permettent de comprendre la personnalité de cet homme: « Les idées ne sont pas faites pour être pensées mais pour être vécues » ; » Je mens mais mes songes deviennent réalité ».
Un être farfelu, au sens du mot italien farfalla qui veut dire papillon, un être qui ne fait rien à moitié. A sa mort, Madeleine sa dernière épouse dira qu’il a eu « une existence brillante, tourmentée, autodestructrice, éminemment destructrice ».
Le lecteur apprendra beaucoup sur cet homme d’exception que l’auteur n’hésite pas à comparer avec Tintin, Corto Maltese et Indiana Jones !
Alain MALRAUX : Au passage des grelots – Dans le secret des Malraux ( Ed.Baker Street – 325 pages)
L’auteur, né en 1944, n’a pas connu son père, mort en déportation pour faits de résistance.
Il sera adopté par son oncle Roland Malraux et sa femme Marie-Madeleine Livroux. Auteur de pièces à succès il a écrit ce « Au passage de ces grelots », vaste chronique le plus souvent mondaine de l’auteur pour ce père inconnu mais plein de gloire. Il utilise ici le milieu artistique, littéraire et mondain qu’il fréquente de par sa famille et ses connaissances, sous la forme de chroniques pleines de témoignages et de vécu.
Il nous familiarise donc avec ce public aux multiples anecdotes personnelles en une grande fresque des années soixante à nos jours. C’est d’une plume souvent très recherchée, parfois trop, que nous suivons cette vaste rétrospective, réveillée par les grelots, comme la petite boule métallique qui s’agite pour capter l’attention du spectateur.
Mais pourquoi trois livres sur Malraux pour cette rentrée littéraire ? Cette année on fête les 90 ans du prix Goncourt remporté par André. Malraux avec « La condition humaine » et qui est l’occasion pour ce fils posthume de réveiller l’homme illustre qui a marqué cette période .

Philippe LANGENIEUX : les derniers jours d’André Malraux. (Ed Baker Street – 277 pages)
André Malraux est devenu célèbre à la parution de son livre « la Condition humaine » en 1933, etl fut Prix Goncourt à l’unanimité. Il est nommé  Ministre d’Etat, chargé des affaires culturelles en 1959, il y reste dix ans. Il est responsable des rayonnements de la politique culturelle en France et hors des frontières. Ce livre comporte plusieurs chapitres très courts, qui relatent sa vie mois par mois, du 25 janvier 1976 au 23 novembre 1976 date de sa mort.
 Malraux s’est réfugié à Verrières-les- Buissons, entouré de sa famille et de ses amis.  Les conversations sont vives et riches en réflexions de toutes sortes, sur un ton parfois drôle et ironique. Il se dit « sur le chemin des morts » et lutte contre la maladie avec dignité. Il raconte ses nombreux et grands voyages (Haïti, Chine …) ses rencontres avec les grands de ce monde ; depuis la mort de Charles de Gaulle, le monde est vide dit il. Il évoque la Birmanie qu’il n’a pas eu le temps d’aller visiter, et le regrette ;  il ajoute encore « j’ai dit tout ce que j’avais à dire », il fait sienne une phrase de Charles de Gaulle « Être vieux, ce n’est pas » d’avoir été » c’est garder toujours la chance « d’être encore », c’est refuser de s’intéresser au monde et aux autres. On se souvient de sa voix vibrante accompagnée de gestes excessifs et désordonnés, en conclusion, il nous dit  « l’Art est une résurrection, la seule qui soit promise ». Ce livre est riche et très intéressant. On y apprend beaucoup de choses dans tous  les domaines.
Marc DUFAUD : Les Musiques Antillaises (Ed Casa – 159 pages)
Voici ce qu’on appelle un beau livre. Grand format, beau papier, belle présentation, iconographie dense et originale.
Marc Dufaud nous emmène en voyage à travers la musique antillaise, depuis sa naissance avec l’esclavage africain dès 1643 jusqu’à nos jours, par des portraits, les évolutions de cette musique, et les données historiques et sociétales dans lesquelles elle s’est épanouie.
L’auteur procède par différentes approches : La naissance et l’évolution – des portraits des grands protagonistes – Le Gwoka Bel Air – Les grandes décennies. Le tout avec une grande richesse d’informations.
Tout part de la biguine originelle de Saint-Pierre pour créer une musique très riche qui se développe principalement en Martinique et en Guadeloupe.
Aux tambours primitifs vont s’ajouter les instruments des blancs : Le violon, le violoncelle, le cornet, la clarinette, le banjo et petit à petit le piano.
Musique créole qui va devenir un art majeur, mais l’éruption de la Montagne Pelée en 1902 par la mort de presque tous les musiciens va mettre un coup d’arrêt à cette musique. Mais elle renaîtra de ses cendres à Fort de France pour finalement envahir Paris, en même temps que le jazz, de 1929 à 1940, et perdurera même pendant la guerre.
Bientôt naîtra le zouk entre 1980 et 2000, une biguine cubaine qui va atteindre une notoriété internationale avec le groupe Kassav.
« Le Gwoka est l’âme de La Guadeloupe ». Le Gwoka combine le chant responsorial en créole, le rythme des tambours Ka, l’improvisation, et la danse jusqu’à la transe. Le livre se termine par un hommage aux chanteuses et chanteurs antillais, et sur ceux qui font perdurer cette musique aujourd’hui.
Il est impossible, dans le cadre de cette chronique, de citer tous les chapitres, tous les noms des artistes (plus d’une centaine).
Alors si vous voulez découvrir la musique antillaise, ce livre unique en son genre, est un must.
Marc Dufaud est cinéaste, écrivain, participe à nombre de magazines dont Rock and Folk.

David HALLYDAY : « Meilleur album » (Ed Cherche Midi – 277 pages)
Évidemment, lorsqu’on dit « Hallyday », on pense automatiquement « Johnny ».
Mais il ne faut pas oublier David, son fils qui fait une belle carrière, carrière qui a débuté à Los Angeles, grâce à Tony Scotti, l’époux de sa mère Sylvie Vartan.
S’il est aujourd’hui un talent reconnu, il a toujours été d’une discrétion, d’une gentillesse, d’une simplicité désarmantes.
On s’en est rendu compte lors du décès de son père où, au milieu d’une folie médiatique malsaine, il est toujours resté en dehors des polémiques, ne s’étalant pas dans ces journaux-poubelles, restant discret, pudique et hors d’atteinte.
Aujourd’hui il nous offre cette biographie, qui n’est ni une revanche, ni un règlement de compte, laissant parler son cœur et ses souvenirs avec beaucoup d’émotion et une certaine nostalgie.
Ses premières années se sont passées entouré de trois femmes : sa mère, sa grand’mère, sa tante et quelquefois son père qui était toujours par monts et par vaux.
Entre deux idoles, il s’est très vite aperçu que ses parents ne lui appartenaient pas et il en a été très peiné et jaloux.
Il faudra qu’il s’installe à Los Angeles pour connaître la vraie vie, la liberté d’un ado comme les autres, ses parents n’étant pas connus là-bas.
Il a toujours été baigné de musique mais très tôt il s’est pris de passion pour la batterie dont il pensait faire son métier si ce n’est Tony Scotti qui l’a pris sous son aile, père de substitution, son deuxième père dit-il qui, dès ses 14 ans,  l’a aidé, conseillé, aimé comme un fils, lui faisant donner des cours et l’incitant à chanter. D’où quelques tournées avec des groupes jusqu’à son premier CD en anglais qui fera un carton  « True cool » sur lequel « High » devient un tube.
Peu à peu il apprend à connaître son vrai père et on se souvient de ce petit blondinet qui prend la place sur scène du batteur pour lui faire une surprise. C’est d’ailleurs Johnny qui lui a demandé de garder le nom de Hallyday. Et puis ce sera l’aventure de « sang pour sang » le disque culte qu’ils font ensemble et les réunit à jamais, qui sera la plus forte vente de la carrière de son père.
Tout étant rentré dans l’ordre, cela n’empêche les traces gardées de ce petit garçon solitaire, secret, même si sa mère a tout fait pour qu’il ait une enfance heureuse.
Aujourd’hui, père de trois enfants, deux filles Ilona et Emma qu’on peut voir tous les soirs dans la série « Demain nous appartient » et Cameron.
Il a aujourd’hui 57 ans et est grand ’père… Qui peut le croire ???
Ce livre est un joli moment d’émotion, admirablement écrit, qui nous livre ses passions, ses doutes, et tout à la fois ses fragilités et sa force.
Eric CHACOUR : Ce que je sais de toi (Ed Philippe Rey – 301 pages)
Ce premier roman est une révélation et un véritable bonheur de lecture.
L’histoire se passe surtout en Égypte, dans un milieu aisé du Caire où la vie est réglementée par  des codes à ne pas transgresser. L’homosexualité est condamnée par la religion, aussi la fuite est parfois la seule solution pour éviter la prison ou pire, la mort.  Ce sera le cas de Tarek, cet homme à qui s’adresse celui qui écrit, un être familier puisqu’il le tutoie.
La suite du roman révèlera les liens jusque là non révélés. Trois parties, Toi, Moi, Nous, qui résument la vie de Tarek, ses souffrances, ses amours, sa fuite vers un autre continent. Mais peut-on fuir indéfiniment ? Il y a parfois des retours au pays réparateurs, des vérités difficiles à entendre mais aussi des vérités réparatrices.
Ce livre est bouleversant par la limpidité de l’écriture, les pages se lisent trop vite, le lecteur en redemandera très vite à Eric Chacour. Il faut aussi remarquer la superbe peinture de Alireza Shajaian, peintre iranien qui a dû fuir lui aussi l’Iran pour cacher et vivre son homosexualité, un parallèle parfait pour ce premier roman d’Eric Chacour, un auteur à suivre absolument.

Raphaëlle GIORDANO : Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière
(Ed Récamier – 307 pages)
Ce roman est quasiment un ouvrage de développement personnel.
S’inspirant de témoignages vrais relatant divers cas de peurs inavouables, Raphaëlle Giordano met en scène des personnes qui ont toutes en elle une peur ou une fragilité née de sa vie d’enfant ou d’adolescent.
Henriette, Auguste, Tony, Kenzo, Claire devront tous arriver à accepter leur part de vulnérabilité pour commencer à révéler leur pleine puissance.
Les lecteurs qui sont de grands anxieux et qui ont du mal à gérer leurs atypismes se décomplexeront : tel est le souhait de l’auteur.
Véronique JANNOT : Le présent est mon refuge (Ed XO – 258 pages)
Elle a le regard pétillant, le sourire lumineux qui respire la gentillesse, la sagesse, la sérénité.
Comédienne au cinéma, au théâtre, à la télé, chanteuse, Véronique Jannot est multi-talents et depuis quelques décennies elle reste l’une des artistes préférées des Français.
Sa carrière est semée de belles rencontres comme Michel Boujenah, Alain Delon, Nicole Croisille, Line Renaud, Laurent Voulzy, Charles Anavour, Johnny Hallyday et beaucoup d’autres. Les dernières en dates étant Solène Hébert et Juliette Tresanini, ses deux filles de la série « Demain nous appartient ». Et sa plus belle rencontre reste celle du Dalaï Lama.
Ce nouveau livre n’est pas du tout une biographie comme pourraient le supposer les images qu’elle nous propose en fin de livre.
Elle nous livre en fait ses réflexions sur la vie, la spiritualité, la méditation, la recherche du bonheur et de la paix. Ce n’est pas du tout une leçon qu’elle nous donne mais une conversation avec ce public qui la suit et l’aime depuis des années et qu’elle nous offre, si l’on peut dire à livre ouvert. On l’a dite militante mais elle précise qu’elle milite « en douceur » !
L’amitié, l’amour, la solidarité sont les ingrédients de sa vie car si elle reçoit beaucoup de son public, elle donne beaucoup de sa personne.
Ce livre est un essai sur le vivre ensemble, le vivre en paix ce qui, pour elle est un espoir et non une utopie. Mais il est vrai que le chemin de la sagesse est encore loin pour l’Homme, la violence et la guerre sont là pour nous le rappeler tous les jours.
Lorsqu’on la connaît un peu (et j’ai cette chance) Véronique est une boule d’amour qui sait marier son métier, qui est quelquefois loin de ses véritables préoccupations, et ce refuge qui la tient droite et sereine.
Que vous dire sinon que Véronique est une belle personne ?