Lucas B Masson… la passion cinéma
Notes de lectures
VARDA par Agnès (Ed de la Martinière – 2 tomes)
C’est un énorme pavé en deux tomes, qui regroupe tous les écrits d’Agnès Varda, décédée en 2019, personnalité hors norme du cinéma, à la fois écrivaine, scénariste, réalisatrice, monteuse, photographe… Cette femme à la coiffure de playmobil avait tous les talents et son œuvre posthume nous raconte sa vie, sa carrière, d’une richesse incroyable. Une vie qu’elle a partagé avec le réalisateur Jacques Demy car, s’ils ont des carrières diamétralement opposées, le couple a été fusionnel jusqu’au bout et elle l’admirait tant !
Plus de mille archives et documents issus pour la plupart de sa société de production Ciné-Tamaris qui regroupe sa vie, son œuvre, de son premier film qui date de 1954 « La pointe courte » avec Philippe Noiret et Sylvia Monfort à « Varda par Agnès » son dernier documentaire en 2019.
De films de fictions en documentaires en passant par des expos photo, sa vie et sa carrière sont d’une richesse incroyable.
On se souvient de « Cléo de cinq à sept », « Le bonheur », « Les créatures », « L’une chante, l’autre pas », « Sans toit ni loi » ou encore de ses documentaires « Daguerréotypes », « Jacquot de Nantes » hommage à son mari, « Jane B par Agnès V » portrait de Jane Birkin… Difficile de tout citer, ce qu’elle fait par contre dans ces albums-testaments où elle conte et raconte, dissèque, critique, une œuvre qui marque son talent, son style, son époque
Elle nous offre également un abécédaire qui va d’Agnès à Demy évidemment, de Deneuve à Bertolucci, de Calder à Fellini, sans oublier Gérard Philippe dont elle a fait cet admirable portrait du « Prince de Hambourg » qui fut un temps l’affiche du festival de Ramatuelle.
Le livre démarre sur des synonymes d’introduction, passant de préambule à prologue en passant par bande-annonce, avant-propos, préface, poème, avertissement et même… prolégomène !
C’est une lecture passionnante, qu’on ne peut lire en une soirée tant la source d’informations est énorme… et pesante !!!
Mais c’est tout un pan de l’histoire du cinéma Français qu’elle nous raconte avec talent, humour et émotion.
Albert DUCLAZ : Les toiles de la discorde (Ed de Borée -260 pages)
L’histoire se situe dans la campagne en Haute Loire au cours de l’année 1954.
François, jeune lycéen de 19 ans, aux résultats scolaires très moyens est par contre doué pour le dessin. Son professeur parvient à convaincre les parents qui l’inscrivent à l’école d’art du Puy en Velay. Peu après François facilite l’admission dans la même école d’Emelyne sa voisine et amie d’enfance qui partage la même passion.
Le jeune homme tombe fou amoureux d’Emelyne 17 ans.
Tout se passe bien jusqu’au moment où François prend la décision audacieuse pour l’époque, de peindre nue, sa belle avec son accord. A la découverte du tableau, les parents en colère le détruisent et leur demandent de ne plus poursuivre cet enseignement.
Les deux jeunes gens se réfugient auprès de leur professeur et de son épouse Clara, pour peindre dans le secret.
François, en présence d’Emelyne et de son professeur, peint Clara, nue à sa demande et en accord avec tout l’ensemble du groupe.
Amour, jalousie,…et art se mêlent …..dans ce roman.
Roman divertissant à l’écriture simple et fluide. Les situations ne sont pas toujours crédibles. François réussit tout ce qu’il entreprend.
L’auteur s’attache à nous montrer de très beaux paysages et mêle dans ce roman la description des premiers émois d’un jeune couple en 1954 à travers l’art .
Laurent MALOT : Monsieur Antoine ( XO Editions – 269 pages)
Monsieur Antoine, qui a 70 ans, achète une maison où il veut passer sa retraite. Il vend son imprimerie à Orsay, près de Paris et s’installe à St Ambroise, petit village dans le Jura.
Il y a beaucoup de personnes âgées dans cette campagne, qui veulent toutes s’en aller car il n’y a plus rien ; reste seulement la brasserie de Suzy qui apporte encore un peu de vie.
Antoine va rencontrer des gens de son âge, aider les uns et les autres qui, d’ailleurs le lui rendent bien ! On se rend compte que monsieur Antoine a aussi des soucis, il cache des douleurs que le lecteur va deviner peu à peu. Dans ce petit bourg, Il n’y a qu’une personne qui soit jeune, une jeune fille, incomprise de ses parents et que monsieur Antoine va aider énergiquement.
C’est une très jolie histoire qui nous parle de regrets, d’amitiés, d’espérance et du temps qui passe très vite. Il n’est jamais trop tard pour l’amour et l’amitié.
Le style est simple, direct, Un très bon et agréable moment de lecture.
Elisa SHUA DUSAPIN : Le vieil incendie (Ed Zoé – 140 pages)
Née en 1992 en Dordogne d’un père français et d’une mère sur coréenne, l’auteure dédie ce troisième roman à ses sœurs. Très certainement parce qu’elle y imagine les relations de deux sœurs Agathe et Véra. Un soir de novembre, sous une pluie battante, Agathe arrive des États-
Unis où elle travaille comme scénariste et se rend prés de Norton dans le Périgord vert. C’est là que se trouve la maison de son enfance, toujours occupée par sa jeune sœur Véra, qui y réside seule depuis que leur père est décédé cinq ans plus tôt.
Elles ont quelques jours pour vider la maison avant qu’elle ne soit rasée et que les pierres restantes servent à reconstruire le pigeonnier du château voisin détruit par un incendie.
Les deux sœurs ne se sont pas vues depuis quinze ans car quoique Agathe ait promis à Véra, qui est aphasique depuis qu’elle a six ans, de toujours veiller sur elle, elle est partie aux États-Unis pour fuir cette charge qu’elle ne supportait plus alors que leur mère avait quitté le domicile conjugal et que le père élevait seul ses deux filles.
L’auteure relate avec une écriture fine et fluide les étranges relations entre ces deux jeunes femmes et le difficile chemin que chacune suit pour vivre avec les blessures de leur enfance et de leur séparation.
Un court roman plein de délicatesse.
Stefano MASSINI : Manhattan Project ( Ed du Globe – 348 pages) traduit de l’italien par Nathalie Bauer
« Manhattan project », un titre qui implique aussitôt dans l’imaginaire du lecteur la première bombe atomique et le lecteur aura raison, c’est bien le sujet traité par ce génial écrivain Stefano Massini, mais de quelle manière !
Il commence par présenter le quatuor de savants hongrois ayant fui leur pays dès l’arrivée du nazisme. Ils ont trouvé refuge aux États-Unis et vont en effet avec Oppenheimer trouver et réaliser ce fameux Manhattan Project, la bombe atomique.
Et pour cela, il aura fallu la participation de Leo Szilard, l’homme qui n’a jamais ouvert sa valise, qui ôte ses lunettes, en nettoie les verres, sa façon de gagner du temps depuis toujours. Jeno Wigner, autre physicien, qui possédait le don du calme intérieur appris au sanatorium à onze ans. Paul Erdos, vraiment insupportable et le molosse Ed Teller, juif en fuite, hongrois également, spécialiste « du dedans du dedans de dedans », jusqu’à l’arrivée d’Oppenheimer qui résoudra le grand problème des effets de la réaction nucléaire.
Formidable, joyeuse, gargantuesque fresque de ces savants hongrois ayant fui leur pays et permis aux États-Unis d’offrir la bonne formule de ce Manhattan Project à la barbe des allemands.
Sur un mode joyeux, musical, dansant, rythmé, l’auteur offre une lecture très réjouissante en vers libres sur un sujet tellement grave.
Franck MEDIONI : Michel Petrucciani, le pianiste pressé (Ed l’Archipel – 407 pages)
Le pianiste de jazz Michel Petrucciani fut une étoile brillante et malheureusement filante.
Né à Orange en 1962 et décédé à New York en 1999, il savait ses jours comptés car il était atteint de la maladie des os de verre qui empêcha sa croissance. Il mesurait 99 cm et il arrivait qu’il se casse un doigt en jouant.
Voici une biographie hagiographique, assez bavarde, mais qui ne cache pas le côté sombre du personnage. Tout est passé en revue, les débuts à la batterie, puis les huit ans d’études du piano, la formation très dure mais efficace par le père, guitariste, des trois frères, Michel, pianiste, Louis (contrebasse) et Stéphane (guitare). Sans oublier le rôle consolateur et apaisant d’Anne, la mère.
La venue dans le Var, l’école de musique d’Yvan Belmondo à Solliès-Pont, la rencontre à Big Sur avec Charles Lloyd, le succès, l’installation aux USA, les grands concerts, les enregistrements, etc. Toute la carrière musicale défile, sans oublier la vie privée, ses épouses, ses deux garçons.
L’auteur se perd quand même dans trop de détails, à chaque musicien ou personnage cité on a droit à une notice, si bien qu’on perd de vue le pianiste. Mais enfin l’essentiel, et même plus, de la vie de musicien de Michel Petrucciani, se trouve dans les 407 pages de cette biographie.
Vincent DELECROIX : Naufrage (Ed Gallimard – 136 pages)
Une femme raconte, ou plutôt se remémore le déroulement des faits.
Que s’est-il vraiment passé lors de sa nuit de garde, durant le sauvetage en mer de cette embarcation contenant vingt-sept personnes dont une petite fille ? La mer est cruelle pour les migrants qui affrontent la traversée d’une mer qu’ils ne connaissent pas, à bord de ce qu’un passeur a pu leur fournir, et ce soir-là, le vent ne cesse de pousser cette embarcation des eaux françaises aux eaux anglaises et les secours doivent venir du pays responsable.
Ce soir fatidique, les secours tardent et le « please » du migrant à la dérive résonne dans la tête de cette femme. Interrogée par la gendarmerie maritime de Cherbourg, elle répondra aux questions et pendant toutes ces interrogations de plus en plus agressives elle se rebellera contre ces migrants qui arrivent en masse. Pourquoi ne restent-ils pas dans leur pays ? Pourquoi les millions distribués ne leur suffisent-ils pas ? Que viennent-ils faire ici quand le travail manque aussi dans notre pays ?
C’est un long et poignant témoignage d’une femme embarquée malgré elle dans ce complexe traitement des migrants. Oui, elle aurait pu, dû sauver ces gens mais c’était aux anglais de le faire n’est-ce pas ?
Un court roman qui plonge le lecteur dans la réalité et l’impossibilité de répondre honnêtement aux problèmes qu’occasionnent ces milliers de migrants, des hommes, des femmes, des enfants parfois même des nouveau-nés qui ont quitté leurs terres, personne ne les a invités mais ils sont là.
Toutes les questions sont posées dans ce court roman extrêmement poignant de Vincent Delecroix, un roman à faire lire ceux qui refusent de voir une réalité qui dérange.
Comment parler de responsabilité quand le problème vous dépasse ?
C’est le cas de cette opératrice désespérée mais aussi très en colère.
Un très beau livre.
Loïc NICOLOFF : Un Marseillais qui tourne bien !
Il a le regard bleu Méditerranée… Normal, il est né à Marseille !
Illustrateur, scénariste, réalisateur, bientôt écrivain, Loïc Nicoloff est né dans le cinéma tout petit. Exactement à 6 ans, lorsqu’il découvre le film « L’empire contre-attaque » avec son grand-père.
De ce jour le cinéma lui est resté chevillé au cœur et au corps et aujourd’hui il en a fait son métier.
Belle idée qu’a eue Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », de l’inviter pour deux jours au Six N’Etoiles pour une carte blanche, choisissant pour le public, trois films totalement différents et venus de pays différents : La France, l’Argentine, le Japon.
Installé à Aix-en-Provence où il enseigne l’écriture de scénario, ça ne l’empêche pas de tourner des films, d’écrire des BD et un roman qui ne saurait tarder de voir le jour.
Le sourire avenant et le rire sonore, il nous raconte tout sur sa vie liée au cinéma.
« D’abord, je suis né à la maternité de la Belle de Mai… devenue la Maison du Cinéma… C’était prémonitoire, non ? nous dit-il en riant !
Alors cette révélation cinématographique à 6 ans ?
Ça a été le choc visuel, après avoir vu un ou deux Walt Disney avant… Je me rappelle de la grande salle sur la Canebière, en plus, le film finit mal, ça a remué plein de choses en moi et j’ai été tout de suite accro. Tous les lundis, journée du tarif réduit, ma mère m’y amenait. J’ai vraiment bouffé du cinéma et c’est ça qui a tout déclenché.
Tu te disais déjà que tu serais réalisateur, comédien ?
Comédien jamais, réalisateur oui, mais alors je ne pensais pas en faire et je suis tombé un jour dans une librairie à Saint-Tropez sur un hors-série de « Starfix » consacré aux effets spéciaux. D’un coup j’ai eu la vision qu’on fabriquait un film et que c’était de l’illusion. Et j’ai eu envie de faire des effets spéciaux, de raconter des histoires mais c’était un rêve, comme on rêve d’aller sur la lune. J’ai fait un diplôme d’informatique et de comptabilité mais j’ai eu la chance d’aller au premier festival des scénaristes de la Ciotat en 98. Je me suis présenté, on devait écrire un scénario de court-métrage en 24 heures et j’ai gagné ! Le prix m’a été remis par Jean-Claude Iso et c’est ça qui m’a permis d’entrer dans le milieu du cinéma.
Et alors ?
Alors j’ai commencé à rencontrer des producteurs, des réalisateurs, j’ai bossé six ans, j’ai fait tous les métiers du cinéma sur le tas… La seule chose que je n’ai pas faite est… maquilleuse ! J’ai même fait costumier ! Je me suis retrouvé en 2004 sur une énorme série télé et c’est là que je me suis dit que je voulais être réalisateur.
C’était quoi cette série ?
Elle s’appelait « Bin’o Bin ». C’était tourné à Marseille pour Canal Algérie. J’étais premier assistant, ce qui était loin de ce que je res mais ce qui m’a permis de me dire que je voulais être réalisateur et à l’origine de projets. J’ai alors fait beaucoup de courts-métrages, quinze autoproduits et cinq produits dont mon dernier « Rocambolesque » en 2016 avec Amaury de Crayencourt et Nicolas Marié. Budget de 135.000 euros, cinq jours de tournage, des effets spéciaux, des cascades, des animaux exotiques… Le pied absolu ! On a fait 70 festivals, on a eu dix prix… surtout à l’étranger. Depuis, je me consacre à mon long-métrage, on part en financement avec un producteur.
Tout ça à Marseille ?
Non, j’ai fait une parenthèse de dix ans à Paris car il faut avoir les réseaux et ils sont à Paris. Donc j’y suis parti en 2008, j’ai créé mes réseaux, j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, qui était d’Aix-en-Provence et je suis redescendu en 2018. Je fais toujours des allers-retours mais depuis le Covid, on fait beaucoup de réunions en zoom.
J’ai vu que tu avais été sur la série « Nos chers voisins »…
Non, j’ai fait la BD de « Nos chers voisins ». Il y a eu quatre tomes que j’ai écrits en tant que scénariste. Et je bosse aussi sur la série « Vestiaires » depuis six ans
comment s’est fait cette BD de « Nos chers voisins » ? ?
C’était une commande très particulière : je devais m’inspirer de la série sans la copier, inventant de nouveaux gags tenant sur une planche, avec un dessinateur, les gags devant être validés par la production, les agents les comédiens. C’était quelquefois compliqué à cause de l’égo de certains comédiens. Et puis il y a eu « Léo Loden » que j’ai co-écrit avec Aleston, le créateur, à partir du tome 16. Depuis cinq ans j’écris seul les scénarios. Nous sommes sur le tome 30 qui se passe pendant la peste à Marseille en 1720.
Alors, avec ça, la réalisation ?
Je voulais réaliser un film sur Jacques Offenbach dont j’adore la musique. C’est un scénario qui se passe sur un an de sa vie, lorsqu’il crée « La belle Hélène » en 1864 mais c’est un film très, très cher qu’on n’est pas arrivé à financer. C’est un film historique, donc en costumes et en France c’est le genre de film qui ne marche pas du tout. En France, la culture histoire-musique, ça ne marche pas. Du coup j’écris un roman d’après le scénario qui me permettra peut-être de revenir sur le film… si le livre marche !
Pourquoi Offenbach ?
Lorsque j’avais 11 ans, on m’a amené voir « La vie parisienne » au parc Borelli et j’ai été ébloui. Il y avait tout ce que j’aimais : c’était rigolo, il y avait de beaux décors, de beaux costumes, de belles musiques…
Et où en es-tu avec le fantastique, qui est un genre que tu adores ?
En fait aujourd’hui je me consacre au film que j’aimerais tourner, qui est à la lisière du fantastique. Mais le fantastique est compliqué à vendre en France. Je préfère faire un film un peu plus « faisable », avec un budget raisonnable. En France, il y a quelques films fantastique qui se font, peu sont bons, peu fonctionnent. A part « Le règne animal » et « Vermine » peu s’en sont sortis. Aux Etats-Unis, il y a des moyens énormes que nous n’avons pas, le savoir-faire et le public. Notre public a une méfiance sur le fantastique Français.
Alors, parlons des trois films que tu as choisis pour cette « Carte blanche » ?
Déjà, on fait la liste au Père Noël puis il y les contingences qui font qu’on peut avoir un film ou pas.
Ce qui m’intéresse c’est que j’aime les bons films, quel que soit leur genre.
J’aime partir dans un univers, qu’on me propose un voyage. Là, ce sont trois films très différents dans la forme, dans l’expression, les thèmes mais qui m’ont à chaque fois surpris, transporté et qui proposent une vision humaine, humaniste sur trois aspecta différents.
« Ceux qui travaillent » d’Antoine Russbach est un film très simple, très linéaire. La trajectoire d’un personnage joué par Olivier Gourmet qui m’a bluffé.
« Dans ses yeux » de Juan-José Campanella a été un choc pour moi. Une thématique sur la passion déclinée, qui peut rendre heureux ou malheureux. C’est une narration d’une pureté incroyable.
« Past lives – nos vies d’avant de Céline Song c’est une belle surprise. C’est une narration à la manière de « Quand Harry rencontre Sally » une histoire où l’on ne sait jamais où ça va, qui sort des codes. C’est un film qui m’a fasciné »
Après cette parenthèse, qui est sa première carte blanche, Loïc repart sur son roman et sur son film.
C’est une rencontre passionnante avec un homme passionné, qui aime parler de son métier, de ses métiers devrais-je dire et dont j’attends son roman su Offenbach avec curiosité… On en reparlera, on a promis de se revoir.
Propos recueillis par Jacques Brachet
Un avenir radieux pour Jérôme ANTHONY
Arthur Leroy a tout pour lui : une femme dévouée, une maîtresse torride, une entreprise florissante et un compte en banque bien rempli.
Mais un jour, ce businessman quarantenaire, opportuniste et sûr de lui, voit débarquer dans sa vie Isadora, la voyante extra-lucide de sa femme qui
lui prédit que tout va s’effondrer : il va faire faillite, sa femme va le quitter, ses amis vont le trahir, et il finira ruiné. Mais Arthur est un cartésien qui ne croit que ce qu’il voit, alors les salades des charlatans, il ne les gobe pas !
Sauf que… Les prévisions d’Isadora vont commencer à se réaliser les unes après les autres et Arthur va assister à l’effondrement de tout son petit monde !
Aidé de Diego, son ami d’enfance maladroit et envahissant, il va tenter d’empêcher la catastrophe.
Va-t-il y arriver ? L’avenir nous le dira… Si vous venez découvrir la comédie désopilante d’Elodie Wallace & Manu Rui Silva « Un avenir radieux », le vendredi 29 mars à 20h30 au Théâtre Galli de Sanary, menée tambour battant par Jérôme Anthony, Géraldine Lapalus, Nicolas Vitiello, Marie-Laure Descoureaux, Manu Rui Silva, dans une mise en scène d’Olivier Macé.
Rires garantis
Six-Fours : Une mairie pleine de femmes !
En ce vendredi pluvieux, les femmes étaient réunies à la Mairie de Six-Fours, entourant son maire, Jean-Sébastien Vialatte, on ne peut plus heureux de les célébrer comme il se doit en ce jour de fête puisque c’était « leur » jour et qu’il avait réuni certaines autour d’une femme on ne peut plus symbolique : Simone Veil.
L’an dernier, le Maire avait déjà organisé une exposition d’hommes et de femmes représentatifs de la vie de la commune, dans tous les domaines.
Cette année, place aux femmes donc chacune était choisie par une adjointe ou par une conseillère municipale. Étant donné le temps, c’est dans l’Hôtel de Ville qu’elles ont pris place jusqu’au 31 mars prochain.
Des femmes, qui ont été photographiées par Kylian Markowiak, sous le portrait de celle qui a tant fait pour le droit des femmes et qui est encore aujourd’hui à l’honneur grâce à l’interruption volontaire de grossesse loi votée ce 8 mars dont la France peut s’enorgueillir d’être le premier pays au monde à l’entériner.
C’est vrai qu’un jour par an c’est peu, par rapport à tout le chemin que toutes les femmes doivent encore parcourir mais, pierre après pierre, et avec un courage et un optimisme énormes, toutes se battent pour avancer et il est tout à l’honneur du Maire d’avoir pris ce parti de les mettre à leur tour à l’honneur. « Ces femmes qui participent au rayonnement de notre commune où il fait bon vivre ! » comme l’a si bien exprimé Jean-Sébastien Vialatte.
Un apéritif réunissait ces femmes, leurs marraines, leur famille et amis, chacune partant avec une rose qu’il leur offrit.
Malgré la pluie, le soleil était dans tous les cœurs.
Jacques Brachet
Les femmes « accrochées au mur » : Noémie Dumas, directrice du Six N’Etoiles, Paule Zucconi, ancienne gardienne du littoral, Camille Lopez qui a créé le premier bureau d’étude spécialisé dans la transition énergétique des ports, le Dr Sophia Bensedrine, médecin vasculaire, Cécile Limier, professeure de karaté septième dan, Isabelle Lochet, inspectrice de l’Education Nationale, la famille Nan (grand’mère, mère, fille) pour l’économie, Martine Henriot, architecte, Brigitte Filippi responsable du Secours Catholique, Marie-Dominique Marfaing, chef d’état-major de police, Lauriane Pommez, ancienne présidente de l’association des commerçants des Lônes, Brigitte Abraham, directrice du CLSH des Roches Brunes.
Lucas B MASSON… La passion cinéma
A le voir arriver vers moi, souriant, silhouette filiforme, il ressemble à un étudiant. Étudiant de… 33 ans qu’il est loin de faire !
Lucas a un métier peu ordinaire puisqu’il est créateur de bandes annonces de cinéma et c’est une passion qu’il a depuis sa plus tendre enfance et dont il a fait son métier. Aujourd’hui il est un des rares à pratiquer ce métier, ce qui fait qu’en plus de son talent, il est très recherché et a à son actif nombre de bandes annonces comme « 120 battements par minute » de Robin Campillo, « How to have sex » de Molly Manning Walker, « Neuf mois ferme » d’Albert Dupontel, « Chien de casse » de Jean-Baptiste Durand et bien d’autres, la liste est longue.
Il a également réalisé pas mal de courts métrages dont certains ont été primés.
Pascale Parodi, présidente de l’association « Lumières du Sud », aime nous faire découvrir ces hommes et femmes de l’ombre qui font le cinéma car hormis comédiens et réalisateurs, tous les corps du métier grâce à qui le cinéma existe, sont assez méconnus et sont pourtant indispensables à la réalisation d’un film.
Lucas Masson est l’un d’eux et c’est un vrai plaisir que de le rencontrer.
« Le cinéma est arrivé comment dans ta vie ?
Très tôt, cette passion m’a été transmise par mon père. Il n’était pas du tout dans le cinéma mais c’était un passionné. J’ai donc regardé dès quatre ans des films avec lui… notamment des films fantastiques et des films d’horreur ! Pour certains je n’avais pas le droit de les voir car ma mère veillait au grain ! En fait, on m’autorisait à voir seulement les bandes annonces. Du coup, très jeune j’ai voulu faire du cinéma et bien l’envie de faire des bandes annonces certainement grâce à ça.
Et tu n’avais pas envie de réaliser des films ?
Bien sûr, d’ailleurs j’en faisais avec le caméscope de mon père et je prenais ma petite sœur pour actrice mais j’ai toujours gardé cette passion pour la bande annonce. Ça m’a toujours beaucoup inspiré c’était pour moi très vecteur d’inspiration. Je suis heureux d’en faire et je réalise aussi des courts métrages. Malheureusement (ou heureusement) j’ai été extrêmement accaparé par mon métier et j’avoue que réaliser me manque mais c’était difficile de coupler les deux. C’est pour cela que cette année, j’ai décidé de ralentir la « BA » pour me remettre à la réalisation de mes propres projets.
Quelles études as-tu faites ?
Oui, j’ai fait des études techniques, après mon bac, j’ai fait un BTS des techniques de cinéma et d’audiovisuel durant deux ans puis une licence histoire d’avoir un bac + 3. Mais très tôt j’ai travaillé sur des tournages en tant qu’assistant réalisateur, assistant chef opérateur, J’ai beaucoup appris sur le terrain et parallèlement je faisais beaucoup de montage en autodidacte.
Comment entre-t-on dans ce métier ? Tu avais des relations ?
Je n’avais aucune connaissance, pas de piston ! Il faut, je crois, avoir beaucoup de détermination alors que je suis quelqu’un de relativement réservé. Mais il faut mettre ça de côté et foncer. Ça s’est fait un peu comme ça : je suis parti en vacances aux Etats-Unis à 19 ans mais je suis allé frapper au culot à la porte d’une grosse société de bandes annonces qui faisait celles de Steven Spielberg, JJ Abrams et le directeur de l’époque, Benedict Coulter qui était américain et avait vécu en France, a aimé mon culot car j’ai eu beaucoup de mal avec le vigile et avec sa secrétaire. Lorsque tu arrives à provoquer la rencontre, je pense que c’est plus facile qu’en France où c’est beaucoup plus cloisonné, il y a chez eux ce truc de « méritocratie » où l’on t’écoute.
Tu as donc travaillé avec eux ?
Non parce que j’habitais en France, je n’étais là que pour les vacances. Mais j’ai été « mentoré » par Bénédict Coulter qui m’a recommandé à une boîte française, « Sonia tout court » et durant trois ans j’y ai travaillé comme chef de projet. Je gérais la création de A à Z. Mais j’avais peu de flexibilité sur les choix des films. Du coup je me suis lancé en free lance depuis dix ans.
Ça n’était-il pas risqué?
Oui bien sûr, théoriquement mais j’ai eu cette chance que je n’ai jamais eu besoin de demander du travail, il est toujours venu à moi. Je refuse beaucoup plus de travail que ce que j’accepte. La chance a fait que le bouche à oreille a très vite fonctionné, j’ai eu de plus en plus de demandes. Aujourd’hui 50% des propositions !
Qui te choisit ?
C’est le distributeur à qui incombe la responsabilité du marketing du film et sa promotion et toute la communication du film.
Comment travailles-tu ?
Il faut connaître le film par cœur, le voir absolument et le regarder plusieurs fois. La première fois, je le regarde en spectateur pour recevoir les émotions puis je dissèque le film plan par plan, dialogue par dialogue, j’y reviens souvent dessus pour bien le connaître. Après ça, je travaille en toute liberté et le client vient me voir en toute connaissance de cause, aime avoir des propositions de ma part. J’ai besoin d’avoir cet échange en amont pour qu’il adhère à ma proposition. Le produit fini je le présente et, c’est rare, mais ça peut ne pas plaire et l’on voit les modifications à faire. Il y a des échanges pour que tout le monde soit content.
T’arrive-t-il de travailler sur des films Américains ?
Ça peut se faire lorsque le distributeur français n’aime pas la bande annonce américaine, lorsqu’elle ne s’adapte pas au marché français par exemple Chacun a sa version marketing par rapport à la culture.
Alors, tes courts métrages ?
Le dernier, « Baby sitting » remonte à une dizaine d’années mais il a été présentés dans beaucoup de festivals et a reçu une quinzaine de prix. J’ai décidé d’y revenir cette année. J’ai plusieurs projets dont un sur lequel je travaille en ce moment, qui se tournera entre la France, en Nouvelle Aquitaine et le Portugal, avec justement une grande actrice portugaise. J’ai encore trois autres projets, après il faudra que j’aille sur un long métrage. Du coup je vais ralentir la bande annonce mais je n’arrêterai pas car c’est un métier qui me donne beaucoup de bonheur.
Ne vas-tu pas regretter de rater des films ?
Il y aura certainement des regrets comme j’en ai déjà eu. J’ai dû refuser des films parce que je ne pouvais pas tout faire mais ça ne m’empêche pas de dormir. Ça ne s’est pas fait parce que ça ne devait pas se faire.
Et en ce moment ?
Je travaille sur des bandes annonces pour le festival de Cannes qui approche à grands pas. Mais je ne peux pas en parler.
On peut parler de ces films que tu vas tourner ?
Celui que je vais tourner c’est court métrage… d’épouvante ! Ça se passe dans un hôtel de province en France. Ça met en scène une femme franco-portugaise émigrée d’une soixantaine d’années, jouée par Rita Blanco, grande actrice portugaise… On va lui faire passer une nuit cauchemardesque dans cet hôtel.
Tu reviens à tes premières amours !
Que veux-tu, on ne se refait pas !!! »
Propos recueillis par Jacques Brachet
Six-Fours… La Vague classique 11ème !
Si l’an dernier, entre la Maison du Cygne, la Collégiale, la Maison du Patrimoine et le Parc de la Méditerranée, nous avons fêté avec faste les 10 ans de ce magnifique festival « La Vague Classique », Fabiola Casagrande, adjointe à la Culture et Jean-Sébastien Vialatte, Maire de Six-Fours, nous ont dévoilé cette semaine la onzième mouture qui, comme chaque année, sera encore exceptionnelle avec, cette année, un Parc de la Méditerranée repensé et encore plus beau et un rajout à tous ces rendez-vous : la Villa Simone devenue aujourd’hui un lieu de culture incontournable.
Si nos deux amis étaient heureux de nous dévoiler le programme, une petite ombre au tableau en l’absence de celle qui aurait dû être la marraine et qui, après avoir reporté sa venue l’a définitivement annulée. Il s’agit d’Eve Ruggieri.
Eh bien tant pis pour elle, elle ne sait pas ce qu’elle perd de snober ce festival qui fait aujourd’hui parti des plus grands festivals de musique classique.
Par ailleurs, deux fidèles, qui sont un peu les parrains et qu’on a toujours plaisir à retrouver : les frères Capuçon qui, eux, ne rateraient pas ce rendez-vous.
Les trois coups seront frappés le 18 mai à la Maison du Cygne, par une immense pianiste géorgienne, aujourd’hui installée à Paris : Khatia Buniatishvili.
Un autre grand pianiste lui succèdera le 25 mai : l’Argentin Nelson Goerner.
Du piano toujours, le 31 mai, Alexandre Kantorow qui, comme son nom ne l’indique pas, est Français, né à Clermont Ferrand !
Piano toujours mais à quatre mains, le 1er juin : les jeunes virtuoses néerlandais Lucas & Arthur Jussen.
Avant de rejoindre les frères Capuçon, petit arrêt à la Collégiale le 2 juin avec le clarinettiste Pierre Genisson qui, avec le quatuor Métamorphoses, inaugurera les nouveaux et somptueux éclairages qui vont totalement changer l’atmosphère de ce lieu.
Et voici que le 5 juin arrive le premier frère : le violoniste Renaud Capuçon, qui sera accompagné de son complice pianistique, Guillaume Bellom mais aussi de Paul Zientara, alto et Yan Levionnois, violoncelliste.
Autre violoncelliste qui s’installera le 8 juin, accompagné au piano par Sélim Mazari dans les jardins du Cygne : Aurélien Pascal, révélation des Victoires de la Musique 2023.
Et voici qu’arrive Gautier Capuçon le 10 juin, accompagné de Lucas et Léo Ispir, respectivement violon et violoncelle, lauréats de sa fondation et bien sûr Jérôme Ducros, qui l’accompagne au piano depuis des années. Un concert particulier puisque, issu de son dernier album « Destination Paris », il mêlera musiques classique et populaire, Piaf et Ravel, Legrand et Brassens, Morricone et Renaud, Dassin et Lai, Cocciante et Brahms… Et quelques autres artistes issus de musiques et de styles différents.
Le lendemain, on retrouve Gautier accompagné de deux pianistes : Frank Braley et Karen Kuronuma, lauréate de sa fondation : Au programme, les intégrales des sonates pour violon et piano de Beethoven.
Et voilà qu’on va faire une pose à la Villa Simone le 6 juillet, avec le pianiste couvert de prix, Paul Lay, qui sera accompagné par le contrebassiste Simon Tailleu et le batteur Donald Kantomanou.
On y reviendra le 23 juillet avec le chanteur et trompettiste Nicolas Folmer pour un concer thommage à Michel Legrand, accompagné de Tony Sgro, bassiste, Luc Fenoli, guitariste et Jérôme Achat, batteur.
Et voilà qu’on rejoint la Collégiale Saint-Pierre où nous attend le maître de lieux Jean-Christophe Spinosi qui nous a encore concocté, avec l’ensemble Matheus, de magnifiques soirées :
Le 16 juillet accompagnant la mezzo-soprano Marina Viotti, Victoire de la musique 2023
Le 18 juillet, accompagnant le contre-ténor Rémy Bres-Feuillet
Le 20 juillet, avec son ensemble pour deux œuvres de Haendel « Watermusic » et « Fireworks »
Le dernier épisode de la saga musicale estivale, direction la Maison du Patrimoine, où nous pourrons découvrir le 31 août la pianiste Shani Dikula pour une soirée romantique, une autre jeune pianiste le 7 septembre, Nour Ayadi, lauréate de la fondation Gautier Capuçon et nommée aux Victoires de la musique. Et enfin l’ultime pianiste et non la moindre puisqu’elle est la plus jeune pianiste de la saison : Arielle Beck, prodige de 15 ans.
Et un autre grand moment de ce festival : l’inauguration de l’agrandissement et de l’embellissement du Parc de la Méditerranée le 8 septembre avec l’orchestre de l’Opéra de Toulon, dirigé par Victorien Vanoosten, Adriana Gonzàlez, soprano et Freddie de Tommaso, ténor qui nous offriront des duos d’opéras célèbres. Le spectacle sera suivi d’un feu d’artifice.
Feu d’artifice tout au long de cet été qui nous emmènera de vague en vague, à travers toutes les musiques, tous les pays et grâce à des artistes de haut niveau international.
Le dernier mot reste à Jean-Sébastien Vialatte : « La Culture, c’est le sel de la vie »
N’oublions pas l’exposition qui, du 6 juillet au 15 septembre, s’installera à la Villa Simone, en partenariat avec le festival de Ramatuelle : « L’âge d’or du Studio Harcourt »
Jacques Brachet
Pour tous renseignements inscriptions :
https://www.sixfoursvagueclassique.fr/
Gérald Lerda, responsable de « La Vague Classique »
gerald.lerda@mairie-six-fours.fr – 04 94 34 93 69
Brigitte FOSSEY, toujours aussi rayonnante
Brigitte Fossey est arrivée sur le grand écran alors qu’elle avait 6 ans, jolie poupée aux yeux bleus sous une mousse de cheveux blonds C’était dans « Les jeux interdits » de René Clément.
Depuis, comme le chante Michèle Torr, elle a toujours les cheveux blonds et les yeux bleu horizon et elle n’arrête pas d’aller du théâtre au cinéma en passant par la télévision et les festivals… de musique !
En ce moment, elle se partage entre le théâtre de poche Montparnasse où elle nous raconte « La Fontaine en fables et en notes » accompagnées au piano par Danielle Laval et on peut la voir depuis quelques semaines sur TF1 dans la série « Léo Mattei » où elle a fait son apparition dans le rôle de Claude, la mère de Léo, au bout de 50 ans de silence pour retrouver ce fils qu’elle avait abandonné.
Sans compter tous les projets qu’elle a, riches, variés et nombreux.
C’est en 1967, au Festival du Jeune Cinéma d’Hyères que nous nous sommes rencontrés… et plus jamais quittés, de théâtres et tournages et surtout, tous les étés à Ramatuelle autour de notre ami commun Jean-Claude Brialy.
« Brigitte, comment es-tu venue à ce rôle original ?
Tu sais, je fais souvent confiance à mon instinct ! D’abord, je dois t’avouer que, n’ayant pas le temps de regarder la télévision, je ne connaissais pas la série ! Lorsqu’on m’a proposé ce rôle de mère un peu farfelue auprès de Jean-Luc Reichman, j’ai dit oui tout de suite. Sans compter que ça se tournait à Marseille, ville que j’aime beaucoup. Souviens-toi, j’avais joué dans un téléfilm « Jusqu’au dernier » et j’avais trouvé un petit hôtel magnifique au bout du port. Pour « Léo », j’y suis retournée et tu te croirais en Grèce, c’est sauvage et très beau.
Alors, ce rôle ?
C’est une femme apparemment déjantée mais en fait, c’est un style qu’elle se donne. Elle a choisi sa vie, la liberté, elle a abandonné son fils, elle est très fantaisiste, vit en en colocation avec deux jeunes et pourtant, elle n’est pas si dingue que ça. Si elle est à Marseille c’est pour une raison… Mais tu le sauras dans les deux prochains épisodes !
Ça a été un tournage très gai, avec Jean-Luc, nous nous sommes beaucoup amusés. C’est un garçon adorable. Je me suis très bien entendu avec tout le monde dont la réalisatrice Nathalie Lecoultre qui m’a donné plein d’informations et de conseils.
Je me suis ainsi partagée entre Marseille où je tournais trois jours et Paris où je jouais au Petit Montparnasse. Ça a été un peu la folie et j’avais toujours peur de rater mon train et d’être en retard à Paris ! J’étais obsédée par les grèves !
Ma vie était 1/3 travail, 1/3 téléphone, 1/3 théâtre… Les trois T !
Parlons donc de ce duo que tu formes avec la pianiste Danièle Laval au Petit Montparnasse
Je dis donc les fables de la Fontaine et Danièle m’accompagne au piano. Mais chaque musique choisie est en rapport avec la fable que je dis. Nous les avons choisies minutieusement, chaque musique étant en écho avec les mots. Par exemple, pour « Les animaux malades de la peste » qui est l’une des fables les plus dramatiques, nous avons choisi une fugue de Bach. Nous nous sommes beaucoup amusées à construire ce spectacle que nous jouons jusqu’au 25 mars. J’adore ce théâtre où j’ai débuté et m’y retrouver est très émouvant.
Passons donc au cinéma, avec « Mon héroïne » de Noémie Lefort…
C’est un film de femmes, les principales comédiennes étant Chloé Jouannet, Firmine Richard, Pascale Arbillot… Et deux hommes : Fred Testot et le chorégraphe Chris Marquès. C’est l’histoire d’une jeune femme qui rêve d’être réalisatrice et, n’y arrivant pas à Paris, part à New-York pour proposer son scénario à… Julia Roberts !
Et puis, je viens de tourner « Mon nom est Marianne » de Michaël Bond.
En 1944, Marianne est une résistante qui rencontre un enfant. Elle s’y attache mais il la trahira. Elle revient en 1989 pour retrouver le petit traitre d’alors. Elle l’a recherché toute sa vie et 50 ans plus tard elle vient pour se venger. C’est un film très dramatique, très fort, très dur qui pose la question de la vengeance et du pardon.
Et c’est tout ??
(Rires) Pas tout à fait puisque je vais venir deux jours à Avignon, les 22 et 23 avril pour présenter un festival qui se déroulera durant dix jours, juste avant le Festival d’Avignon. Il s’intitulera « Parole sacrée, sacrées paroles ». J’en suis la marraine et il se pourrait que le parrain soit Robin Renucci. Ce qui serait drôle car il a dit « Le carnaval des animaux » de Saint-Saëns accompagné d’un quatuor et je vais le faire à mon tour. Avec Robin, nous aimons mêler le texte avec la musique.
J’ai d’ailleurs joué, l’été dernier « Love letters » au théâtre de Nice avec Jean Sorel, puis j’ai lu des extraits de « Gatsby le magnifique » deF.Scott Fitzgerald sur une musique de Gershwin, à la villa et les jardins Ephrussi des Rothschild.
Ça te va ?? » Un grand éclat de rire clôt notre conversation car Brigitte est une femme heureuse et épanouie, toujours prête à de nouvelles aventures, que j’ai plaisir à partager avec elle.
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Christian Servandier – Sébastien Toubon – Jean-Pierre Baltel
ATEF : Marseille, une histoire d’amour…
Voilà 12 ans, l’on découvrait à la télé l’émission « TheVoice »
Voilà 12 ans, l’on découvrait ce lui qu’on allait appeler « Le chanteur à la voix d’ange ».
Voilà 10 ans, il sortait son premier album « Perfect stranger », enregistré à Londres.
Il y a dix ans enfin qu’on se rencontrait pas très loin de Toulon, sa ville natale : la Garde.
Et ça fait dix ans qu’on s’aime d’une belle amitié, que si l’on se voit peu on s’appelle souvent et qu’à chaque fois qu’il passe dans son nid d’aigle du Revest, on se revoit pour de longues conversations.
Le regard rieur, la simplicité et la sagesse font partie intégrante de ce garçon qui se partage entre le Var et Paris, le Revest étant son havre de paix où il retrouve ses trois enfants.
Et une fois de plus, nous revoilà dans ce qui est un peu devenu son village pour nous annoncer de bien belles choses.
Et d’abord, avant un album qui sortira en septembre, intitulé « Les mots qui unissent », qu’il est en train d’enregistrer et dont il est l’auteur, le compositeur, le producteur, avec en attendant, un single intitulé tout simplement « Marseille ».
« Atef, explique-moi : Toi qui es toulonnais, qui vit entre Paris et le Revest, pourquoi une chanson sur Marseille ?
En fait, d’abord, Marseille, c’était la sortie du week-end et c’est la ville où mon père est arrivé lorsqu’il a quitté la Tunisie. C’était en 56. Son arrivée a changé son destin… Et il a changé le mien aussi puisque je suis né à Toulon. Pour moi, Marseille est restée « la sortie du week-end ». De plus, j’ai fait mes études à Aix-en-Provence et j’y allais régulièrement. Les docks des Suds, le Théâtre du Moulin, tous ces endroits où passaient alors les grands artistes nationaux. Il n’y avait pas de Zénith à Toulon.
Qu’est ce qui t’attire à Marseille ?
C’est une ville qui a une activité culturelle incroyable et je voulais faire un hymne à cette ville et surtout la défendre car on nous vend tout le temps une ville qui fait peur. Et il n’y a pas que ça : c’est une ville où il y a un million d’habitants et pas un million de délinquants ! Il y a des gens, il y a des vies et c’est ce que je montre dans mon clip, des visages humains, souriants, vivants, amicaux, il y a de belles histoires, de beaux lieux. C’est une immense ville formée de plein de villages, de Cassis à Septèmes-les-Vallons. Bien sûr que, comme toutes les grandes villes, de France et du monde il y a des quartiers où il y a de la délinquance. Ça a toujours existé, les quartiers mal famés. C’est trop facile de dénigrer une ville entière. Stop à ça ! Il y a plein de belles choses à Marseille.
Et Toulon dans tout ça ?
C’est une ville que j’aime, où je suis né. Mais en fait, j’ai plus vécu ailleurs dans le monde, j’ai beaucoup voyagé et je me suis aperçu que lorsque je parlais de Toulon, ça ne leur disait rien. Si j’ajoutais « à côté de Marseille », ils savaient !
Quand, dans ma chanson, je dis « Grande porte ouverte au Sud » c’est aussi le Nord d’une nouvelle vie et ça a toujours été le cas depuis la nuit des temps. On ne parle pas de l’émigration qui va de France en Afrique parce que celle-là rapporte des sous et du bien, toutes les richesses du sol africain. Cette émigration-là n’embête personne… à part les africains ! Il faut être juste.
Donc Marseille reste « ta » ville !
Non, ce n’est pas « ma « ville mais ma vile de cœur.
J’aime autant Toulon, Paris, Londres où j’ai vécu et travaillé, New-York, Dakar, Tunis, Bizerte, New Delhi, de nombreuses villes où je suis allé. Je pourrais faire une chanson sur chaque ville que je t’ai cité.
Tu pourrais même en faire un album !
(Il rit) Justement, « Marseille entre dans le cadre de l’album que je vais sortir « Les mots qui unissent »
Pourquoi ce titre ?
Je trouve qu’on est trop tourné par les mots qui divisent. Lorsque je parle de Marseille multiculturelle avec des gens qui sont bien intégrés, et qu’on ne fait la pub que sur les problèmes, ça m’énerve ! Il y a plein de gens avec qui ça se passe très bien et c’est la majorité. Et j’avais besoin de parler de ça.
Alors, parle-moi de ton album.
C’est mon premier album en Français et chaque chanson a un arrangement des musiques du monde car pour moi celles-ci ont aussi importantes que ma propre culture. Lorsque j’écoute Césaria Evora, pour moi elle est aussi fondamentale que Mickaël Jackson, Jacques Brel, Stevie Wonder, Georges Brassens. Il ’y a pas de différence d’importance dans mon cœur. Ma musique est influencée par tous ces gens et leur culture. D’ailleurs l’arrangement de « Marseille » est un arrangement capverdien qui se rapproche de Césaria Evora. Mais chanté en Français.
Alors, justement, pourquoi aujourd’hui chanter en Français ?
Tu étais là lorsque j’ai fait la première partie de Christophe Mae et dans le public, certains m’avaient reproché de chanter en Anglais. Ça m’avait un peu blessé mais je me suis rendu compte qu’ils avaient raison. A l’époque je n’avais pas « mon » son pour chanter en langue française. Je savais très bien utiliser l’anglais, les musiques du monde puisque j’avais créé un groupe M’Source dans le but de montrer l’unité dans la diversité. Puis je suis parti à Londres, il y a l’épisode Elton John que tu connais, puis je rentre en France… Et on m’inscrit à « The Voice » ! C’est là que je chante pour la première fois en Français « Lettre à France » de Polnareff. La « battle » est pour moi un mauvais souvenir car la chanson n’était pas dans mon style, j’ai eu du mal à me l’approprier. Je n’étais pas sûr de moi, à tel point que j’étais sûr qu’à partir de là je sortirais, j’étais sûr de perdre, d’autant que j’avais en face de moi la gagnante de l’Académie Marocaine. Pour moi, je m’en allais et du coup j’ai abordé la chanson très détendu mais j’ai mis trois semaines à trouver mon son ! Et j’ai continué !
Ce n’est qu’en 2019 que j’ai sorti ma première chanson en Français : « Le soleil se lève »… Sur un arrangement du Mali !
Alors qu’est-ce qu’on va trouver comme sons et comme arrangements dans cet album ?
Des arrangements de Nouvelle Calédonie, d’Afrique du Sud, d’Ouganda, mais ce sera de la chanson française, ce que j’ai voulu faire en tant que producteur. J’ai voulu montrer une fois de plus qu’on pouvait trouver l’unité dans la diversité, en musique.
Ce sera en fait un album universel chanté en français !
Exactement ! C’est un album qui est de la chanson française avec des arrangements venus de tous les coins du monde.
Il y aura d’ailleurs un autre single « Je le vois, je le sens, je le sais » qui a une belle histoire. C’est une chanson brésilienne de Vinicius de Moraes et Tom Jobbins que j’ai adaptée. J’ai donc contacté l’éditeur qui représentait les héritières des deux artistes et qui m’a dit qu’elles ne voudraient pas. Je l’ai supplié de la leur faire écouter… En fait elles ont trouvé ça super et nous ont donné l’autorisation. Je suis le seul et j’en suis très fier !
En tant que producteur, tu vas produire d’autres artistes ?
Oui, je vais m’y essayer, le prochain va être un trio, puis il y un chanteur que j’ai d’ailleurs repéré dans « The Voice ». C’est Goulam. Il est venu un mois ici et l’on a travaillé ensemble. Il vient de Nouvelle Calédonie ».
Il s’est mis à pleuvoir sur le Revest, pendant que sa fille fait la cuisine, que son fils arrive et que les chats se pelotonnent à l’intérieur. Au-dessus le lac du Revest, un aigle plane et notre conversation se fait feutrée, la voix d’ange d’Atef nous parle d’amour, d’amitié, de communion et de musique bien sûr, la passion de sa vie. On resterait bien calfeutré adns ce cocon face à une nature qui est si belle… Même si ce n’est pas Marseille !
Mais Atef nous fait voyager et on est bien
Jacques Brachet
Photos Alain Lafon
Six-Fours – Théâtre Daudet
Benjy DOTTI enflamme la salle !
Bon, d’abord une petite précision : je ne me prénomme pas Michel.
C’est cet enfoiré de Benjy Dotti qui l’a décrété et il a profité que j’étais au premier rang pour que je devienne sa tête de turc !
Ça fait 15 ans ou plus qu’on se connaît et jamais je ne m’y ferai. Alors mon vieux, tu l’auras cherché et si tu m’as pourri la soirée, je vais te pourrir la vie avec un article dont tu ne remettras pas ! Tu vas voir… Tu vas prendre !
Mais voilà… Il est bon ce c.. mec et difficile d’en dire du mal tant dans la vie que sur scène, où il possède une énergie et un humour fous, il embrase la salle qui sort avec les zygomatiques enflammées !
Devenu un habitué du Théâtre Daudet, le revoici donc dans son « Late show à l’Américaine… sans américains et sans budget »
A la manière d’un « live » il nous parle de l’actualité, nous annonce des stars qui ne viendront pas et qui pourtant « Avec le pognon qu’ils touchent »… Lui peut, « en toute simplicité et pour pas cher » faire la même chose.
Et le voilà qui nous embarque sur la croisière « Âge tendre et jambe de bois » avec toutes les mémés qui hurlent autours des stars qui ont leur âge, avec Dave entre autres qui ne sait pas si le bateau est à voile ou à vapeur, puis il repart sur l’émission « Danse avec l’escarre » pour mieux revenir sur « Star 80 » où le public et les chanteurs ont le même âge ! Un peu de « Starmania » avec le fameux « S.O.S d’un médecin en colère ». Il ne peut pas s’empêcher de nous parler de cette belle émission qu’est « Star Ac et demi » qui reçoit une chanteuse qui nous propose « Le dernier jour de mes kilos »…
En pleine émission en direct il demande au technicien de lancer Mike Brant… que l’on voit s’envoler de la fenêtre et il reçoit un appel « niasqué » de Johnny qui veut revenir dans son show. Et ce sont deux heures d’un spectacle iconoclaste, d’une drôlerie incroyable (Hormis qu’il n’arrête pas de m’envoyer des vannes… Mais qu’est-ce que je lui ai fait ?) où il se donne à 100%.
Et il termine par une note d’émotion où il fait revivre « Nos chers disparus », Brel, Piaf, Cloclo, Johnny, Bashung, Gainsbourg… » Et quel imitateur !
Il sait tout faire le bougre. Alors comment le critiquer si ce n’est pour dire qu’aujourd’hui Benjy fait partie des grands showmen. A preuve, sa tournée qui n’arrête pas de s’allonger, on pourra d’ailleurs le retrouver au City Vox à Avignon du 14 au 17 juillet.
Le retrouver est « malgré tout » un vrai plaisir, à la scène comme à la ville, d’autant que chaque fois il s’améliore, son show s’affine, s’affirme car il sait bouger, chanter, imiter et raconter.
Que demander de plus ?
Salut mon Benjy… Et sans rancune !
Jacques Brachet alias Michel
Photos Alain Lafon
Six-Fours – Six N’Etoiles
Alexandra LAMY : La première salle à son nom !
Nous avions deux hommes : Claude Lelouch et Clovis Cornillac. Le troisième homme… est une femme : Alexandra Lamy !
Venue, avec le réalisateur Edouard Bourgeon présenter en avant-première leur film « La promesse verte », La direction du Six N’Etoiles, Noémie Dumas en tête, a décidé qu’une femme serait la marraine de la troisième salle. Et tout cela s’est fait dans la joie, la bonne humeur et un brin de folie.
Nous avions pu voir le film le matin en projection où Alexandra est d’une force dramatique intense et l’on retrouvait, après une rencontre presse en toute intimité la comédienne, accompagnée de son réalisateur, une femme pétillante, lumineuse et pleine d’humour heureuse qu’on lui ait offert sa première salle de cinéma.
C’est accompagnée de nombre d’élus, d’invités et de Jean-Sébastien Vialatte, maire de Six-Fours que le champagne coula. Le maire dit sa joie qu’elle ait accepté d’être l’une des marraines de ce cinéma, son plaisir aussi de voir le succès non démenti de ces quatre salles, succès qui invite à penser à une… cinquième salle ! L’idée d’installer ce cinéma en cœur de ville et à proximité des spectateurs, fait que son succès va grandissant.
Le film
Quant à Alexandra, qu’on a souvent vue dans des comédies pétillantes, elle porte là sur ses épaules un drame à la fois humain, écologique et politique : la déforestation des forêts d’Indonésie afin d’exploiter l’huile de palme.
Martin (Félix Moati), étudiant qui fait une thèse sur ce sujet, y part pour enregistrer des preuves… Ce qui ne plait pas à beaucoup de gens qui en font fortune. Un complot est monté contre lui, on cache de la drogue dans son sac, il est arrêté et suite à un procès bidon, le voici condamné à mort.
Sa mère, Carole (Alexandra Lamy), qui vit à Paris, va monter au créneau et tout faire pour qu’il sorte de ce cauchemar. La route sera longue car elle va avoir à se battre contre les exploitants d’huile de palme, la police indonésienne, les milices, et les gouvernements, dont la France, qui profitent tous de cette industrie.
Mais ce que femme veut…
Félix Moati, qui a une déjà belle carrière débutée par « LOL » en 2009 y est son fils, beau, émouvant, ne sachant comment il va finir. Quant à Alexandra Lamy, elle est prodigieuse dans ce rôle de femme blessée qui va devenir une lionne pour défendre son « petit ».
Le film est violent, comme ce qui se passe dans ce pays et Edouard Bergeon signe là un film d’une force et d’une intensité inouïes, qui dénonce ce qui se passe vraiment, non seulement en Indonésie mais partout dans le monde, pour le profit, soutenu hélas par nombre de pays qui y trouvent leur compte au passage. Un drame humain, un drame écologique qui met le doigt sur ce que va devenir l’univers si l’on n’y prend garde.
Un film coup de poing, tout à la fois fiction, docu et thriller mené de main de maître par de superbes comédiens.
La rencontre
C’est encore autour de ces petits bonbons multicolores et ces petites fraises (contiennent-ils de l’huile de palme ??) que nous retrouvons donc ce duo magnifique et volubile.
« D’où est parti ce scénario, Edouard ?
D’une manif d’agriculteurs. Dans mon film « Au nom de la terre », je racontai mon père, l’histoire que j’ai vécu à la ferme car je suis fils et petit-fils d’agriculteurs, très ancré dans ma terre et j’ai déjà produit quelques docs comme « Les fils de la terre », « Ferme à vendre », « Du miel et des hommes » et mon premier film de fiction « Au nom de la terre ». Je suis en train de terminer un doc intitulé « « Les femmes de la terre » qui fera l’objet d’une soirée sur France 2 le 27 février. Le sujet étant le combat des femmes qui sont passées de statut d’invisibilité à, aujourd’hui, actrices de la transition écologique.
Et le sujet du film donc ?
Des gens comme mon père avaient été encouragés à faire dans la culture du colza pour le transformer en diesel. Aujourd’hui on importe de l’huile de palme de Malaisie ou d’Indonésie qu’on retrouve un peu partout. Et pour cela, on tue le poumon de la vie, on déforeste, on brûle des villages. Le film est dans l’actualité et je pense qu’il y est pour un bon moment. Je pars donc de cette histoire qui résonne en moi. Etant journaliste et grand reporter, je suis allé au Brésil, en Argentine et j’avais déjà vu cette déforestation. A partir de là, très vite, je tombe sur un scénario dont l’héroïne est une femme.
Et cette femme…
(Rire d’Alexandra) Elle est là !
Comment y êtes-vous arrivée ?
Ce que j’ai aimé dans ce film est qu’au départ, Carole est madame tout le monde et qu’elle va devenir une héroïne. De plus, le scénario était très documenté et ça, c’est très agréable. C’est un sujet très important que le journaliste qu’est Edouard a réussi à en faire un film de fiction, très riche, très juste car tout est vrai.
J’aime aussi ce personnage pour tout un tas de raisons, entre autres parce qu’elle est l’œil du spectateur.
Le spectateur est comme elle, tout de suite en train de découvrir ce qui se passe là-bas. Pour moi comme nombre d’entre nous, l’huile de palme s’arrête à Nutella. Et en fait, on se rend compte qu’elle est partout.
Le personnage aurait aussi pu être un père à la recherche de son fils…
Alexandra : Le fait est qu’elle soit une maman, ça veut dire aussi un sentiment d’impuissance. Comment se retrouver face à un lobbying industriel énorme devant lequel elle ne peut se battre qu’avec ses moyens ? C’est une mère avant tout, c’est viscéral et c’est d’autant plus fort car avec un homme il y aurait eu plus de violence. Elle est à la fois naïve, impuissante et cassée par tout ce qui se passe.
Le fils, Martin, a aussi un grand rôle…
Edouard : Il représente la jeunesse militante qui a beaucoup plus conscience de l’écologie aujourd’hui, qui se bat jusqu’au sacrifice.
Y aurait-il un peu de vous, Edouard ?
Bien sûr, ça me raconte un peu quelque part, pour aller témoigner jusqu’au bout du monde. Mais j’avais envie de raconter une femme au quotidien qui va devenir malgré elle une héroïne, prête à déplacer des montagnes pour aller sauver son fils. Je reste toujours à la hauteur de Carole, écrasée sous le poids de la République, dans un monde de diplomatie, du lobbying. Elle se pose plein de questions : Qui est en face d’elle ? Quel pouvoir a vraiment chacun ? La mène-t-on en bateau ? Peut-elle faire confiance ?
Alexandra : Au milieu de tout ça, elle est bien obligée de faire confiance car elle doit sauver son fils à n’importe quel prix. Une mère est prête à tout, même à l’humiliation totale et à prendre tous les risques. Mais si elle arrive à le sauver elle sait qu’il continuera le combat car on ne peut pas faire taire la jeunesse.
Edouard, n’avez-vous pas eu des problèmes pour tourner en Indonésie et même en France ?
D’abord nous avons tourné en Thaïlande et on a la chance de vivre en démocratie où l’on a encore la liberté d’expression. Nous avons aussi tourné au Quai d’Orsay où nous avons rencontré des gens qui nous ont aidés.
Alexandra : Nous sommes des artistes et l’art permet de pouvoir débattre autour d’une projection. C’est important car on peut en parler avec le public, on a un vrai échange. L’art permet ça, il permet de gagner du temps, de voir mieux les choses et les comprendre et c’est mieux qu’une leçon qu’on pourrait nous donner. Ça permet une réflexion. Dans les pays où il n’y a pas de culture, c’est catastrophique. Nous sommes tous des « consom’acteurs » ! Si tout le monde prend conscience de ça, on est capable d’aller très loin et de faire changer les choses.
Edouard, le choix des comédiens qui entourent Alexandra est parfait : Félix Moati, Julia Chen, Sofian Khammen, David Chin, Antoine Bertrand, Philippe Torreton…
Alexandra est une actrice populaire, dans le bon sens du terme. Il fallait autour d’elle un casting cohérent, tout en nuances car les personnages sont assez ambivalents car pour la plupart, on ne sait jamais quel jeu ils jouent. Avec eux, ça a été une belle aventure, même si les conditions de chaleur et d’humidité ont été quelquefois difficiles à supporter. En février, il fait très chaud en Thaïlande !
Alexandra, vous avez joué presque sans maquillage. Pour une actrice est-ce difficile ?
Pas du tout car c’est le rôle qui veut ça. Que ce soit dans les forêts ou même à Paris ou aux Sables d’Olonne, ce n’est pas sa priorité d’être bien maquillée, bien coiffée. C’est même très loin de sa priorité car elle vit un drame. J’ai joué un rôle où le personnage avait un cancer et là, on était dans un autre monde. Avec la chimio, la femme essaie d’avoir un visage présentable, par des perruques et des maquillages et c’est compréhensible. Mais là, elle n’a qu’une idée en tête, c’est sauver son fils et lorsqu’elle se lève le matin, elle ne pense pas à son physique. Elle pense à son fils.
Vous avez eu une année chargée : quatre films et une série, comédienne, productrice, réalisatrice
Oui, j’ai fait « Alibi.com 2 », « La chambre des merveilles », « Zoch et Tenu », je termine « Louise Violet » qui se passe en 1889 et je joue une ancienne communarde qui part au fin fond de la France pour enseigner… Nous sommes encore dans le monde rural. J’ai aussi un peu produit « La promesse verte ». Et j’ai tourné une série « Killer Coaster » avec ma fille, Chloé Jouannet et ma sœur, Audrey Lamy. Et j’ai d’autres projets !
Et vous Edouard ?
Je continue dans le cinéma agricole et je voudrais réaliser un grand récit assez positif, une grande fresque sur la vie à la campagne mais pas comme on l’idéalise ou on la fantasme, mais dans la réalité.
Mais je ne lâche pas le documentaire ».
Propos recueillis par Jacques Brachet
Photos Alain Lafon